(Dix heures trois minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour,
tout le monde. On est ici ce matin pour faire le bilan de la première année du
gouvernement de la Coalition avenir Québec de François Legault. En
campagne, François Legault avait promis un gouvernement du gros bon sens, un
gouvernement pragmatique, mais depuis quelque temps, ce que les Québécois et
les Québécoises sont en train de découvrir, c'est tout le contraire, un
gouvernement qui est obsédé par des projets qui n'ont en fait aucun bon sens.
Depuis un an, la CAQ travaille au service
de ses obsessions idéologiques : obsession pour le troisième lien, malgré
que tous les experts reconnaissent qu'un tunnel routier, ce n'est pas du
développement durable; obsession pour les maternelles quatre ans, une lubie
coûteuse, de plus en plus coûteuse qui mène le Québec tout droit dans le mur; et
obsession pour GNL Québec, pour le gaz naturel, que la CAQ s'obstine,
malgré toutes les évidences, à nous présenter comme une énergie verte.
On va se le dire, le troisième lien, ce
n'est pas pragmatique. Les maternelles quatre ans, ce n'est pas pragmatique.
GNL Québec, ce n'est pas un projet pragmatique. Ce sont des projets coûteux,
des projets ruineux pour le Québec, des projets auxquels s'opposent la majorité
des experts. Pourtant, ce sont des projets que la CAQ s'obstine à mettre en
place parce que ces projets-là sont devenus pour elle de véritables obsessions.
Non seulement la CAQ, donc, s'obstine avec
des projets qui sont casse-cou, mais c'est également un gouvernement qui fait
la sourde oreille à tous ceux qui ne sont pas d'accord avec lui, les experts,
les scientifiques, les partis d'opposition et, pas plus tard que vendredi
dernier, les jeunes.
Être pragmatique, c'est s'assurer que le
geste qu'on pose a les effets qu'on recherche avant d'engloutir des milliards
de dollars dans ce projet-là. Le gros bon sens, comme aime bien le dire le
premier ministre, bien, c'est écouter les experts quand ils nous disent que
notre projet va avoir les effets contraires à ceux qu'on recherche. Dans le cas
du troisième lien, dans le cas du projet des maternelles quatre ans, dans le
cas de GNL Québec, la CAQ fait exactement l'inverse. Elle s'apprête à émettre
des milliards de dollars, alors que, dans les trois cas, elle est à peu près la
seule à y croire.
Mme Massé : Alors, c'est sûr
qu'après un an, ce qu'on remarque, c'est l'absence totale d'actions importantes
pour lutter contre les changements climatiques. Sur ce dossier-là, le
gouvernement de la CAQ aurait dû, au contraire... M. Legault, M. Charette, les
différents ministres au niveau de l'Économie, de l'Énergie auraient dû avoir
sur leurs tables de chevet ce dossier-là pour réagir au quotidien parce que
chaque minute qu'on attend, c'est une minute de trop pour l'avenir.
Alors, c'est sûr qu'à Québec
solidaire on a poussé la CAQ, on les a poussés à se préoccuper de
cette question-là, à ouvrir le dossier et se dire : Qu'est-ce qu'on
pourrait faire? On les a poussés, pas juste eux, les gens des oppositions aussi.
C'est fou comment, durant la campagne 2018, nous étions les seuls sérieusement
sur cette patinoire. Et là, enfin, ces partis-là arrivent et disent : Ah!
il faut agir. Mais qui a les rênes entre les mains actuellement? C'est le
gouvernement caquiste, et là-dessus, sa réponse n'est pas satisfaisante du
tout.
Je vous dirais qu'aujourd'hui c'est le 1er octobre,
la journée où on a fait élire 10 députés solidaires, l'an dernier, mais
surtout une année avant le compte à rebours de l'ultimatum qu'a lancé Québec
solidaire au gouvernement de la CAQ. Il doit bouger, il doit être
actif, pas juste d'écrire des plans, mais de s'assurer que ces plans-là sont
validés par des gens indépendants, des experts indépendants, qu'ils vont nous
permettre d'atteindre les objectifs du GIEC et aussi d'interdire toute
exploration et exploitation pétrolière et gazière.
Et donc, à partir d'aujourd'hui, il ne
reste plus qu'une année avant que le gouvernement voie les solidaires, voie la
population du Québec agir pour les forcer à agir pour lutter contre les
changements climatiques.
Alors, vendredi, plusieurs milliers de
personnes, centaines de milliers à Montréal, mais partout à travers le Québec...
Le compte à rebours fera en sorte que le barrage parlementaire et populaire que
nous ferons dans un an, s'il n'y a pas d'autre geste, s'il y a encore le
troisième lien à l'ordre du jour, s'il y a encore GNL de Québec à
l'ordre du jour... Québec solidaire sera là pour rappeler au
gouvernement Legault qu'on l'avait avisé.
La Modératrice
: Merci.
On passe à la période des questions. Puisqu'il y a un autre point de presse
après, je vous invite à vous en tenir à une question et une sous-question, s'il
vous plaît. Alex Boissonneault.
M. Boissonneault (Alex) :
J'aurais aimé savoir, vous avez fait un peu le bilan de la première année du
gouvernement Legault, il semble, selon les sondages, en tout cas, que la lune
de miel semble continuer, qu'il est quand même apprécié par une part importante
de Québécois, qu'il aurait peut-être augmenté ses appuis : Comment vous
expliquez ça?
Mme Massé : Bien, c'est-à-dire
que M. Legault, voyez-vous, il est déjà en train de demander un deuxième
mandat. Ça fait que lui-même n'est pas sûr qu'il est capable de réaliser ses
choses. Et je vous dirais qu'il y a une forme d'arrogance là-dedans, et les
gens vont découvrir que, comme le disait Gabriel, lorsque le gouvernement
dit : Troisième lien à tout prix — on va voir combien va coûter
ce troisième lien là — les gens vont probablement se rendre compte
que ce gouvernement-là vend plutôt de l'idéologie que ce qui est bon pour le
peuple québécois.
M. Boissonneault
(Alex) : Justement, comment vous qualifieriez son style dans
la dernière année, au gouvernement, dans ce cas là? Si vous aviez un mot qui
vous venait en tête pour qualifier le style du gouvernement Legault.
Mme Massé : En as-tu un?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
c'est un gouvernement qui est dogmatique. Oui. C'est un gouvernement qui est
obsédé par certains projets, auxquels M. Legault semble tenir personnellement,
alors que, dans les faits, les experts et les gens sur le terrain disent unanimement :
Ce sont des mauvaises idées. Et je pense que cette obsession à marteler
certains projets va finir par coûter cher au gouvernement Legault. Je pense que
le vernis commence déjà à craquer et je pense que c'est ce qu'on va voir, dans
les prochaines années puis dans les prochains mois, des gens qui commencent à
trouver que les obsessions de François Legault coûtent cher au Québec.
La Modératrice
: Martin
Croteau.
M. Croteau
(Martin) : Bonjour. M. Bonnardel et la Caisse de dépôt
nous disent ce matin que le REM va bien être livré dans les délais. Les
croyez-vous?
Mme Massé : Bien,
écoutez, je n'ai pas tout ce que ça prend en main pour avoir... ils ont plus
d'informations que moi. Mais déjà on apprend qu'en matière du tunnel Mont-Royal
c'est plus compliqué. Alors, je ne sais pas où est-ce qu'ils prennent leur
information, mais on n'a pas publiquement la même information qu'eux.
M. Croteau
(Martin) : Qu'est-ce que vous pensez, là, de ce qu'on apprend
ce matin sur les complications dans le tracé du REM, entre autres, là, le
tunnel Mont-Royal? Qu'est-ce que ça vous inspire, ça?
Mme Massé : Bien, voyez-vous,
ce projet-là a été fait en toute vitesse. Ce projet-là, là, rappelez-vous,
adopté sous les libéraux, il fallait que ça se réalise rapidement, maintenant.
L'échéancier était bon, le montage financier était bon, tout était correct. On
commence juste à voir exactement ce qu'on vous disait : Ça va trop vite,
il faut mettre un frein à ça, il faut faire en sorte de prendre le temps
d'avoir l'ensemble des informations. Et là, voyez-vous, on vit avec cette
réalité-là. Puis, en bout de ligne, c'est parce que c'est les gens qui paient
un prix pour ça.
M. Nadeau-Dubois : Puis
je rappellerais que c'est un énième exemple d'un projet en PPP qui
nous a été vendu comme allant être exceptionnellement efficace et rapide, alors
qu'on le voit, ce n'est pas vrai. Puis c'est encore démontré ce matin que le
PPP est une formule qui permet à tout coup de construire des infrastructures
plus rapidement puis plus efficacement. C'est juste invalidé par les faits.
M. Croteau
(Martin) : ...permettez. Vous avez la lutte aux changements
climatiques à coeur. Est-ce que c'est une bonne idée de couper plus d'arbres
pour réduire les GES, comme le propose le ministre Dufour?
Mme Massé : Bien,
écoutez, on va regarder ça attentivement, comment il arrive à cette conclusion-là.
Il y a une chose qui est sûre, c'est que le carbone qui est capté par les
arbres... Nous, on vous l'a dit souvent, une des propositions n'est pas d'en
couper plus, mais c'est de s'assurer que le bois qui est coupé, que le bois
d'oeuvre qui est fait serve à changer de matériaux, notamment pour la
construction des bâtiments commerciaux. Alors, dans ce sens-là, est-ce que
c'est d'en couper plus? On va le regarder attentivement, là, mais il faut absolument
que ce soit... Nous, on va le regarder, mais une étude qui a été faite par l'industrie,
nous, on préférerait, et vous n'en doutez pas, que ce soit validé par des
experts externes et non pas par des scientifiques internes à l'industrie.
La Modératrice
: Alain
Laforest...
M. Croteau (Martin) :
...coupes va réduire les GES?
Mme Massé : Écoutez, je vous le
dis, il faut que ce soit validé par un expert externe, là, indépendant. Parce
qu'actuellement c'est l'industrie qui dit ça. Moi, j'ai besoin... Mais nous, on
doit continuer à approfondir l'analyse de ce projet-là.
M. Nadeau-Dubois :
J'ajouterais que c'est aussi réducteur que de penser l'exploitation de la forêt
seulement sous la lorgnette de la captation de GES. C'est-à-dire que comment on
gère la forêt québécoise, ça a aussi un impact sur la biodiversité, ça a aussi
un impact sur les habitats, par exemple, du caribou forestier. Donc, de prendre
seulement la lorgnette de la captation de GES pour gérer la forêt québécoise
est extrêmement réducteur, c'est extrêmement simpliste, comme raisonnement. Et
la CAQ n'a pas démontré dans le passé sa grande sensibilité aux enjeux de
biodiversité, bien au contraire.
La Modératrice
: Merci.
Alain Laforest.
M. Laforest (Alain) :
J'ai deux questions, une pour vous, Mme Massé, et une pour monsieur... Je vais
commencer par vous, Mme Massé. C'est un sujet qui vous préoccupe, qui vous
touche énormément. Dans 24 heures, le premier ministre fera une déclaration
concernant le rapport Viens. Est-ce que des excuses, ce sera
suffisant, selon vous?
Mme Massé : Ah non! absolument
pas. Ça prend de l'action. Il y a là 142 recommandations, dont la très
grande majorité sont connues depuis de quelques mois à plusieurs années. Il
faut que mercredi soit le moment tournant où un gouvernement du Québec
dit : On n'a pas rien fait, maintenant, on va agir et voici comment on va
le faire. C'est ça, mes attentes par rapport à M. Legault.
M. Laforest (Alain) :
M. Nadeau-Dubois, vous avez entendu l'histoire de l'UPAC, l'histoire de M.
Zampino. Qu'est-ce que vous en pensez, là, du fait qu'on ait fait les
choses... je n'oserais pas dire le mot.
M. Nadeau-Dubois : Oui. Moi,
ça fait longtemps que mon répertoire pourtant vaste de superlatifs a été épuisé
par cette situation-là. Ça fait longtemps que je cherche les mots pour
qualifier l'incapacité systémique de notre système de justice et de notre
appareil policier à donner des résultats en matière de lutte à la corruption.
On cherche des mots, puis je ne sais plus lesquels utiliser, là.
Quand on parle d'enregistrer une
conversation entre un accusé et son client, là, n'importe qui qui a écouté District 31
sait que ça ne se fait pas, là. C'est une erreur de pee-wee. Et je ne comprends
pas qu'on en soit encore là, au Québec, à échapper le ballon dans des
situations où ça devrait être aussi simple d'arriver à des résultats.
Moi, je me mets dans la tête des gens qui
ont été tannés, écoeurés par les scandales de corruption, et je vois notre
appareil de justice et notre appareil policier être incapables systémiquement
de donner des résultats, et ça me renverse. Je ne comprends pas qu'on en soit
encore là.
Et je pense que la balle est dans le camp
des ministres ici, là, la ministre de la Justice, la ministre de la
Sécurité publique, qui doivent nous expliquer c'est quoi, leur plan de
match pour que le fameux changement qu'ils ont promis en campagne électorale se
réalise au Québec et qu'enfin les gens qui ont été responsables des phénomènes
de corruption qu'on connaît au Québec soient mis derrière les barreaux.
La Modératrice
: Merci.
Louis Lacroix.
M. Lacroix (Louis) :
Mme Massé, M. Nadeau-Dubois, vous n'avez pas répondu à la question de mon
collègue, tout à l'heure, sauf votre respect, là. Alex Boissonneault
demandait : Comment vous expliquez le fait que, malgré toutes les
critiques que vous adressez au gouvernement Legault, qu'il soit toujours aussi
populaire dans les sondages et même davantage qu'avant la dernière élection?
Alors, comment vous expliquez ça, malgré tout ce que vous dites, malgré le...
Le gouvernement Legault est extrêmement populaire en ce moment. Vous expliquez
ça comment, sa popularité?
Mme Massé : Écoutez, moi, ce
que j'essaie de vous dire, c'est qu'actuellement, là, il y a comme des éléments
qui nous «poppent» dans la face. Je vous donne l'exemple du troisième lien. Ça
fait bien plaisir. Quand on va réussir à savoir combien ça va coûter et que ce
ne sera pas juste les gens de Québec qui vont le payer, ça va être l'ensemble
des Québécois, peut-être que, là, le monde vont réagir. Actuellement, on n'a
pas de chiffre. On a beau les demander, on a beau insister, on n'a pas les
chiffres. Mais vous savez quoi? Ça, à un moment donné, ça va finir par détruire
cette... Quand Gabriel disait : Ce vernis qui est là, ça va finir par
l'user, la réalité, le test de réalité va finir par l'user. Moi, c'est ça que
je vous exprime. Mais vous dites que je ne suis pas claire puis je ne réponds
pas.
M. Lacroix (Louis) :
Non, mais c'est parce que tantôt vous n'avez pas répondu. Là, vous avez une
base de... C'est parce que j'essaie de décoder ce que vous dites, là. Le
gouvernement Legault est toujours aussi populaire en ce moment parce qu'il ne
dit pas tout aux Québécois. C'est ça? C'est ça que vous voulez dire? Il ne dit
pas la vérité aux Québécois? Pourquoi il est toujours aussi populaire?
Mme Massé : Je pense que le
gouvernement de la CAQ met de l'avant ses obsessions. Là, je vous ai donné
l'exemple du troisième lien; je vais vous donner l'exemple des maternelles
quatre ans. Les maternelles quatre ans, beau projet, intéressant. Oups! entre
ce que ça devait coûter et ça commence à coûter, il y a une grosse différence.
Entre le fait que ça devait amener, offrir une offre de service différente aux
parents et que finalement on se rend compte que ça va juste chercher les
enfants qui sont déjà en CPE, une autre différence.
Alors, moi, je pense qu'un an, là, c'est
court, dans un mandat de quatre ans. On verra au fil du temps quand ces
éléments-là vont être mis à jour de plus en plus.
M. Lacroix (Louis) :
Donc, si je traduis bien ce que vous dites, là, puis j'essaie de comprendre, le
gouvernement Legault est aussi populaire en ce moment parce qu'il présente des
mauvais projets au gouvernement... à la population. C'est ça? C'est parce que
j'essaie de décoder ce que vous dites, là. Moi, je vous pose une question qui
est assez simple, là : Pourquoi vous pensez que le gouvernement Legault,
un an après son élection, est encore plus populaire qu'il l'était à la dernière
élection? Je vous pose cette question-là. Il doit y avoir une raison, là. Quand
vous êtes installés avec des think tank, à QS, dans des salles
obscures, vous devez vous dire : Il doit y avoir une raison pour laquelle
ça marche, là. Alors, c'est quoi, la raison?
Mme Massé : Bien, j'ai envie
de vous dire : Si ce que je vous amène, hein, ne répond pas à votre
question, bien, vous devez vous-même avoir une analyse de ça. Si, moi, je vous
dis...
M. Lacroix (Louis) :
Moi, mon analyse, je la comprends, je la connais. Je vous demande la vôtre. Si
je voulais me fier à mon analyse, je me fierais à ça puis ce serait tout. Mais
je vous demande votre analyse à vous.
Mme Massé : Je vous ai
répondu, M. Lacroix.
M. Lacroix (Louis) :
D'accord. Merci.
Mme Massé : Je ne sais pas si
je ne peux être plus claire. Je ne sais pas. Je regarde mon «partner» — privilège
d'être deux, là — mais, ceci étant dit...
M. Nadeau-Dubois : Bien, moi,
je pense que c'est impossible de faire pire que les libéraux et qu'à force
d'avoir été habitués à des gouvernements aussi pas à l'écoute, bien, il y a
peut-être une petite différence. Mais je pense que c'est une impression bien
temporaire, et que, déjà, elle commence à se dissiper, et que chaque jour qu'on
va se rapprocher de la prochaine élection elle va se dissiper davantage, cette
impression de renouveau.
La Modératrice
: Une
autre question en français. Caroline Plante.
Mme Plante (Caroline) :
...sur la réforme du mode de scrutin, donc, Jean-Pierre Charbonneau
dénonçait aujourd'hui qu'on aurait inclus dans le projet de loi une prime au
vainqueur. Qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Nadeau-Dubois : Bien, ce
qu'on a découvert en étudiant le projet de loi, en fin de semaine, c'est qu'il
y avait un vice caché dans le projet de loi sur la réforme du mode de scrutin.
Il y a une clause, dans ce projet de loi là, qui vient considérablement
diminuer le niveau de proportionnalité du nouveau mode de scrutin. Autrement
dit, là, un des principaux avantages d'un mode de scrutin renouvelé, ce serait
que le nombre de voix exprimées soit plus proche du pourcentage de sièges qu'on
a ici à l'Assemblée nationale. Ce vice caché là, il vient tronquer la
proportionnalité puis il vient affaiblir le niveau de proportionnalité du projet
de loi.
Ce sont des technicalités. Peut-être qu'on
espérait, du côté du gouvernement, qu'on ne s'en rende pas compte. Mais on l'a
bien vu, dans le projet de loi, et ce sera une des batailles qu'on va mener en commission
parlementaire avec beaucoup d'intensité. Parce qu'on ne peut pas respecter à
moitié une promesse électorale, comme ils le font, et en plus venir tronquer la
logique de la proportionnalité dans le projet de loi. Donc, oui, on va mener
cette bataille-là en commission parlementaire.
Mme Plante (Caroline) :
Donc, il n'y a personne qui a proposé ça, si je comprends bien, avant le dépôt
du projet de loi. Et pourquoi vous pensez qu'ils font ça, qu'ils incluent
cette...
M. Nadeau-Dubois : Bien, en
fait, pour... Parce qu'on pourrait rentrer dans les... Parce que c'est un enjeu
de calcul, hein c'est un enjeu de comment on calcule l'attribution des sièges
de compensation dans les régions. Mais, bon, je ne veux pas trop rentrer dans
les technicalités, on va juste perdre tout le monde qui nous écoute. Mais
disons que pour l'essentiel, là, ce qu'il y a dans ce projet de loi là, là,
c'est une clause qui vient favoriser les partis qui sont déjà favorisés par le
mode de scrutin actuel. Donc, ça, c'est un problème. Et la manière que la CAQ
le fait dans le projet de loi, c'est une manière qui n'existe nulle part ailleurs
dans le monde.
Il y a plusieurs modèles, là, il y a plein
de modèles de modes de scrutin mixte proportionnel, à travers le monde, et là
on s'aligne au Québec, si la CAQ ne change pas son projet de loi, pour avoir le
seul qui soit patenté comme ça, patenté de manière à favoriser les partis qui
ont plus de votes par rapport à ceux qui en ont le moins, alors que tout le
principe de la proportionnelle, c'est de favoriser les partis qui ont moins de
votes dans les circonscriptions. Donc, c'est un vice caché, c'est un tour de
passe-passe qu'a fait la CAQ, et, en commission parlementaire, comptez sur moi
pour mener cette bataille-là puis aller faire modifier cet article-là du projet
de loi.
Mme Plante (Caroline) :
J'ai une dernière question sur la santé : Dans les bilans, on parle très
peu de santé. Dans la dernière année, on n'a pas parlé beaucoup de santé.
Pourtant, c'est une priorité des Québécois, hein? S'il y en a une, c'est bien
elle. J'ai un collègue de LaPresse, en fin de semaine, qui
parlait des indicateurs de... il les prenait un à un. Tous les indicateurs ou à
peu près, selon lui, avaient augmenté — donc, le temps d'attente dans
les urgences, etc. Quel bilan faites-vous, donc, de la première année de la CAQ
en santé? Est-ce que c'est normal que les indicateurs augmentent?
M. Nadeau-Dubois : Je ne veux
pas dire que le bilan est inexistant parce qu'il y a eu quelques gestes, notamment
le soutien aux enfants handicapés. Mais globalement, là, il n'y a pas de
changement en santé. La promesse phare de François Legault en santé, c'était
d'aller chercher le milliard de dollars qu'on a donné de trop aux médecins
spécialistes, et cette promesse-là, elle reste entièrement en suspens pour le
moment. C'est le premier gros test de François Legault en matière de santé.
Mme Plante (Caroline) :
...évoque une loi spéciale là-dessus?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
vais le croire quand je vais le voir. Parce qu'en ce moment tout reste à faire
en matière de santé. Puis, dans le réseau de la santé, ce qu'on voit, c'est du
«business as usual». Demandez aux gens qui travaillent sur le plancher si la
situation s'est améliorée. Ils vont vous dire non. Demandez aux usagers si la
situation s'est améliorée. Ils vont vous dire non. Donc, pour le moment, c'est
la continuité totale avec les libéraux.
Alors, jusqu'à maintenant, le bilan, il
est extrêmement mince en santé pour la CAQ. On attend de voir les soi-disant
grands changements promis par François Legault. Pour le moment, il n'y en a pas.
Pour le moment, c'est du «business as usual», c'est la continuité des libéraux.
La Modératrice
: On va
passer en anglais...
M. Nadeau-Dubois : Et je
dirais même plus, ils vont faire en éducation les erreurs que les libéraux ont
fait en santé. Ce qui est encore pire.
La Modératrice
:
Merci. Cathy Senay.
Mme Senay
(Cathy) : Good morning. Two
questions. Regarding the CAQ, one year after, for you, your understanding why
this Government is so popular within opinion polls is because it's the first
year, it's all new, it's a young government?
M.
Nadeau-Dubois : Yes.
Mme Senay
(Cathy) : That's it?
M. Nadeau-Dubois : Well, I think it's difficult to be a worse government than the previous, Liberal Government. So I think there is an impression of renewal. I think this
impression is completely temporary, I think it's already beginning to fade out
and I think each step we're taking towards the next election, it's going to
continue to fade out.
Mme Senay
(Cathy) : School boards. I was
listening to an interview with Mr. Fortier from the federation of the
school boards... Francophone school boards. They say : Wait a second,
board members and elected commissioners, it's not the same thing. So what's
your take about the fact that there is no more school elections and we'll have
service centers, no more school elections, but Anglophones will keep them?
M.
Nadeau-Dubois : Yes. Well, I think what the Government is doing right now in education is
precisely the opposite of what they should be doing. We are proposing, at Québec solidaire, to take things in
the right order, which is, first, do what we should have done years ago, which
is a new «commission
Parent» to really look into what is happening into our education
system, and then, reform the structures, how they should be reformed.
But to do a massive
centralization of the education system, just like the bill that will be tabled today will put forward,
which is repeating the same mistakes we did in the healthcare system and the
education system, is the worse thing to do. It is the worse thing to do because
we will lose democratic participation in our education
system. Parents, on the ground, will lose their spokesperson inside the school
system, and that is not a good news for families in Québec. It's precisely the
opposite.
Mme Senay
(Cathy) : And the fact that it
creates a different system? You'll have school elections, 12 members of the Anglophone
communities for each service center will be elected...
M.
Nadeau-Dubois : We don't need to have a Ph.
D., you know, in politics to
understand its a strategic move by the Minister to make sure that they do not hurt that much the Anglophone community, which is very attached to
its school boards. But I think it is only a strategic move, and the real issue will
still be there after that reform. I will still ask the question, and that's the
people at home... that's the question people at home should ask themselves this
morning.
Une voix
:
Merci...
M. Nadeau-Dubois :
The Barrette reform, in education, was it a success? Did it help people in
their relationship to the healthcare system? I don't think so. And the Roberge
reform in education will have the same effect.
La Modératrice
:
Maya Johnson.
Mme Johnson
(Maya) : Good morning. You talked
earlier about ideological obsessions. Can you highlight a few of the key
examples in your view?
M. Nadeau-Dubois :
Well, what Mr. Legault sold during the election campaign is a pragmatic
government. What the Quebeckers are discovering, since a few months now, is
precisely the opposite, a Government that is completely obsessed with a few
ideological propositions, just as the «troisième lien», here, in Québec, where
all experts say it's a bad idea, it will have the opposite effect of the
supposed intention of the Government. But they're still willing to put billions
and billions of dollars in that project without listening to anyone.
We can talk about the
project of the four years old day-care, where, in that issue also, you have a Government
that is completely obsessed with that, even if, on the ground, real people
working with real children keep saying: It is not going to solve any of our
real problems. It's become an obsession for them, and they are going through
with it whatever the cost.
And the same thing is
true with the GNL Québec project. All experts say, you know, natural gas is not
a green energy, it is not a renewable energy. But still, the Government is
listening to no one, is going forward, and he is repeating the talking points
of the industry, instead of listening to the experts on the ground that say
that that project is not a renewable energy project.
So, it's ideological
obsessions, and this Government is... that what we can say, after one year, is
obsessed with a few projects and he is forgetting everything else.
Mme Johnson
(Maya) : You also talked about the,
quote, total absence of important actions to fight against climate changes. As
we saw last week, the Premier wrote a letter to you
saying that, you know, he acknowledges the movement and what they're feeling.
And we've been told again and again that there will be a plan presented by the
Government in the new year. Do you have any faith that perhaps there has been a
shift in their thinking, based on the mobilization that we are seeing right now?
M.
Nadeau-Dubois : And it is the second time that Mr. Legault says that,
from now on, he will really take in consideration climate change. He did it,
first, at his inauguration speech, here. Now he does it for a second time. The
first time, he did nothing after saying that. Will he do something now? I hope.
And the only thing we can do is hope that he will do something. But let me tell
you something, the people that were in the streets last Friday will not be
satisfied by empty promises. They want action and they will hold Mr. Legault
accountable if he does not act.
Mme Massé :
And if he does not have any idea, we suggested him, in the last year, almost...
maybe 10 or 12 ideas. So he can pick it.
M.
Nadeau-Dubois : Yes.
La Modératrice
:
Merci.
M.
Nadeau-Dubois : Thank you.
Mme Massé :
Thank you.
(Fin à 10 h 31)