(Douze heures vingt-sept minutes)
M. Fortin :Bien, merci d'être là. Discussion intéressante avec la ministre
de la Santé ce matin, lors de l'interpellation, mais qui nous laisse trois
enjeux, disons, toujours préoccupants encore, particulièrement préoccupants.
D'abord, la question de l'entente avec les
chirurgiens pour s'assurer qu'il n'y ait pas de découverture comme celle qui a
lieu ce week-end à La Pocatière. On a toujours compris de la part de la
ministre de la Santé qu'elle était proche d'en arriver à une entente. Elle nous
avait dit ça mot pour mot à la période des questions en mars. Mais là on est
sept mois plus tard et on n'a aucune garantie, aucune assurance, aucun progrès
qui ont été faits. En fait, ce que j'ai retiré de notre discussion ce matin,
c'est qu'on semble même avoir régressé, qu'on n'a aucune indication à savoir
quand ce sera réglé. Et pourtant ces découvertures-là continuent. Ça occasionne
des réels enjeux pour des citoyens en région au Québec. Ça occasionne un réel
stress pour les familles au Québec. Et, s'il y a un moment qui ne devrait pas
être stressant dans une vie, là, ça devrait être tout ce qui mène à
l'accouchement. Ça devrait être un moment heureux. Puis, en ce moment, il y a
trop de gens qui vivent à travers ce stress-là.
Notre deuxième enjeu, c'est celui de la
pénurie de main-d'oeuvre de façon générale. Vous avez vu, au cours de la
semaine, on en a discuté ici, des situations plus que problématiques, des
situations dont on ne devrait jamais vouloir dans certains de nos CHSLD, des
gens qui vivent dans des conditions qui ne sont pas acceptables pour une
société comme la nôtre. Et l'enjeu de la pénurie de main-d'oeuvre, il est vrai,
il est réel, il est concret, et ça paraît dans les soins qu'on peut donner aux
patients. Et aujourd'hui on a entendu beaucoup de chiffres, mais je ne suis pas
certain qu'il y a quelqu'un qui a réellement compris si on progresse ou non,
s'il y a plus de gens qui travaillent dans le réseau qu'auparavant.
Et le troisième enjeu, c'est celui qu'on a
soulevé autour de la question des lunettes pour les enfants, un bon programme,
un programme qui devrait être en place, qu'on appuie. Mais, en même temps, la
façon que le programme est utilisé et décliné en ce moment ne fait aucun sens.
Quelqu'un qui soumet une facture pour 200 $, qui soumet une réclamation
pour 200 $, bien, devrait recevoir 200 $ et non 250 $. On ne
comprend simplement pas comment la ministre en arrive à nous dire que ça
coûterait plus cher de faire un chèque de 200 $ à quelqu'un que de faire
un chèque de 250 $. Il me semble que c'est simple, là, le chèque, c'est le
nom et le montant. On soumet déjà la facture. Ça nous semble de la très
mauvaise utilisation des fonds publics.
Mme Richer (Jocelyne) : La
CAQ avait promis beaucoup en campagne électorale en matière de santé. Après une
année, est-ce que vous estimez que les résultats sont lents à venir?
M. Fortin :
Oui. C'est un peu le point qu'on faisait ce matin, c'est que, pour beaucoup
d'enjeux, les résultats ne sont pas au rendez-vous ou, du moins, on n'a pas
confirmation que ces résultats-là sont au rendez-vous. Quand on parle de la pénurie
de main-d'oeuvre, à chaque fois que la ministre avance des chiffres, elle nous
dit : Bien, on embauche, on embauche. Mais est-ce qu'on embauche
uniquement pour remplacer des gens qui quittent vers la retraite? Est-ce qu'on
embauche pour combler des postes qui étaient inexistants? On a beau dire :
On embauche, mais est-ce qu'on sait réellement si le système s'améliore, si on
donne des soins supplémentaires? Elle est là, toute la question, et on n'a pas
été rassurés par ce qu'on a entendu ce matin.
Mme Richer (Jocelyne) : Le
problème des bris de services, selon vous, il est, comment dire, anecdotique,
accessoire, ou si c'est un problème systémique, structurel et important?
M. Fortin :
Non, c'est un grand problème si on habite en région. Et, si c'était uniquement
une région, deux régions, trois régions qui avaient vécu des bris de service au
cours des dernières semaines, des derniers mois, peut-être que ce serait un
problème ponctuel. Mais en ce moment on a vécu des bris de service en Gaspésie,
à Sainte-Anne-des-Monts, à Gaspé, dans le Bas-du-Fleuve, à La Pocatière, en
Abitibi, à La Sarre, à Amos, à Val-d'Or, en Outaouais, à Maniwaki, à Shawville.
On a vécu des bris de service à Charlevoix. On a vécu des bris de service un
peu partout en région. Et donc c'est un problème qui est structurel.
Il y a deux enjeux. Il y a l'enjeu de la
pénurie d'infirmières, qui, en ce moment... En ce moment, au Québec, là, il y a
deux bris de service dans les hôpitaux, en chirurgie et en obstétrique, à
Shawville, dans le Pontiac, où il manque d'infirmières en ce moment, et donc on
a fermé le service d'obstétrique, et à La Pocatière, tout le week-end, où il n'y
a pas de chirurgien. Et, puisque l'entente avec les chirurgiens n'est toujours
pas signée, celle que la ministre nous avait dit, en mars, qu'elle signerait
dans quelques jours, bien, il n'y a pas de chirurgien ce week-end à La
Pocatière. Alors, si on a un accident, on a besoin d'une chirurgie, il faut
aller vers Rivière-du-Loup. Si on est enceinte et qu'on a besoin du service
d'obstétrique au cours de la fin de semaine, malheureusement, il faut aller
soit à Rivière-du-Loup ou à Lévis.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Avez-vous la conviction, M. Fortin, que le réseau de la santé se porterait
mieux si Mme Bourdon était ministre de la Santé?
M. Fortin :
Bien, quelques enjeux à discuter à ce sujet-là. D'abord, il y avait des
éléments de la réforme qui devaient progresser, notamment l'entente avec les
chirurgiens. L'entente avec les anesthésistes avait déjà été signée au cours de
l'année 2018. La prochaine à signer, c'était celle avec les chirurgiens, et
c'était vers ça que l'attention du ministre de la Santé était tournée à ce
moment-là. Et donc il y avait une progression pour signer toutes ces
ententes-là. Et on dirait que ça ne semble pas être une priorité pour la ministre
de la Santé. Alors, il y a des enjeux comme ceux-là, là, que moi, j'ai bon
espoir qui auraient été réglés rapidement.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Donc, la réponse courte, c'est oui?
M. Fortin :
La réponse courte, c'est oui.
M. Larin (Vincent) : Selon
vous, M. Fortin, si les libéraux étaient restés au pouvoir, le système de santé
s'en porterait mieux aujourd'hui?
M. Fortin :
Bien, il y a nécessairement des éléments, là, auxquels on porterait beaucoup
plus attention que ce que Mme McCann démontre en ce moment. La question des
bris de service en région en est un. Pour nous, c'est absolument inacceptable.
Je ne peux pas concevoir qu'un gouvernement accepte qu'en région les services
soient à ce point-là amoindris, que les citoyens et citoyennes ne savent pas
s'ils vont pouvoir accoucher à leur hôpital de région par pénurie de main-d'oeuvre,
par manque de chirurgiens.
C'est des enjeux qu'on doit régler parce
que c'est des services de base. Et je ne peux pas croire qu'à chaque fois qu'il
y a un enjeu qui arrive en ce moment, là... Et, moi, de mémoire d'homme, là, ce
n'était pas ce qui se passait au cours des quatre dernières années, mais aujourd'hui
il semble qu'on n'a pas un gouvernement qui agit de façon proactive. On a un gouvernement
qui réagit. On a parlé de Villa-Bonheur, cette semaine, ici, à l'Assemblée
nationale. Ah! là, tout à coup, lundi, il y a des équipes qui vont se déplacer
vers Villa-Bonheur pour savoir ce qui se passe. On a parlé de l'hôpital de
Pontiac ici, à l'Assemblée nationale. Bien, tout à coup, on envoie deux infirmières
supplémentaires à l'hôpital de Pontiac. À chaque fois qu'on parle d'un enjeu
ici, à chaque fois que c'est soulevé par vous, les médias, bien là on réagit.
Mais il ne semble pas y avoir de mesures proactives qui sont prises pour régler
tous ces dossiers-là avant que ça arrive ici.
M. Chouinard (Tommy) : Est-ce
que c'est, pour vous, une fierté que Mme Bourdon se présente dans
Jean-Talon?
M. Fortin :
Écoutez, moi, les candidatures pour notre parti, là, pour la partielle seront
confirmées au cours des prochains jours, j'en suis sûr. Mais, pour l'instant,
ce n'est pas à moi de faire une telle avancée.
M. Chouinard (Tommy) : Je
comprends, mais disons que c'est comme assez connu, là, sur la place publique.
M. Fortin :
Moi, je laisse ces choses-là au chef du parti. On a un chef de parti pour une
raison.
M. Dion (Mathieu) : Qu'est-ce
que ça vous dit quand Québec solidaire vous attaque, les libéraux, avant
d'attaquer la CAQ?
M. Fortin :
Bien, je trouve ça particulier de la part de Québec solidaire. Moi, je n'ai pas
vu nulle part dans le programme de Québec solidaire, que ce soit, en fait, le programme
de Québec solidaire, le programme du Parti québécois, le programme de la Coalition
avenir Québec, qu'ils voulaient défaire une réforme. Je n'ai pas vu nulle part
dans le programme de Québec solidaire qu'ils voulaient embaucher
1 000 fonctionnaires supplémentaires dans le réseau de la santé.
Alors, je comprends mal le point du député de Jean-Lesage.
M. Larin (Vincent) : Quand il
dit que vous êtes un pyromane qui attaque les pompiers, qu'est-ce que vous
répondez à ça?
M. Fortin :
Wow! Moi, je trouve que c'est un... Un prof de philo, ça sait utiliser des
belles images, là. Ça sait bien débattre en Chambre. Mais honnêtement moi, j'ai
été réélu le 1er octobre 2018 et j'ai des citoyens qui s'attendent à ce
que je travaille à l'amélioration du réseau de la santé. C'est ça, mon travail.
Mon travail, c'est d'en parler et de voir comment on peut l'améliorer, de soulever
des enjeux comme on l'a fait ce matin, et, ça, je vais continuer à le faire.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Qu'est-ce que vous proposez pour revoir le programme de remboursement des
lunettes, en clair, sans qu'il y ait des coûts de bureaucratie supérieurs?
M. Fortin :
Oui, bien, on a un montant, j'imagine, là, que le gouvernement a un montant
bien établi qu'il était prêt à utiliser pour ce programme-là. Écoutez, le programme,
comme il est là, ça ne fait aucun sens. Ça ne fait aucun sens qu'une famille
reçoive de l'argent qu'elle n'a pas dépensé. Alors, est-ce qu'on devrait revoir
le montant à la hausse? Si je comprends que le montant moyen qui est dépensé, c'est
300 $, est-ce qu'on devrait le revoir à la hausse? Peut-être, mais la
situation actuelle ne peut pas continuer. On ne peut pas envoyer des chèques à
des gens pour de l'argent qu'ils n'ont pas dépensé. Ce n'est pas de la bonne utilisation
de fonds publics.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, mais la ministre dit que, par exemple, quelqu'un qui a soumis une facture
de 225 $, elle a le droit à 250 $ pour deux ans. Elle va recevoir,
oui, peut-être 25 $ de plus, mais sinon le 25 $ serait allé en frais
administratifs dans la machine gouvernementale.
M. Fortin :Bien, voyons, il y a deux choses à écrire sur un chèque. On
écrit le nom de la personne qui reçoit le chèque puis on écrit le montant qui a
été déboursé. Il faut déjà écrire le nom de la personne sur le chèque. Il me
semble que ce n'est pas bien, bien plus compliqué de changer le montant qui est
écrit sur le chèque.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Donc, ce n'était pas trop... ça, sa réponse?
M. Fortin :
Bien, honnêtement, la ministre m'a semblé un peu dépourvue lors de sa réponse
initiale. Elle ne semblait pas s'attendre à la question. Mais qu'elle
maintienne sa position ici avec vous après y avoir réfléchi, je trouve ça un
peu particulier. C'est un programme qui est mal écrit. Si on a une facture de
225 $ pour des lunettes, le gouvernement devrait nous rembourser
225 $ et pas 250 $.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce que c'est un scandale, selon vous?
M. Fortin :
C'est peut-être un peu fort. C'est un programme qui est mal écrit. C'est un
programme qui est mal ficelé. C'est une mauvaise utilisation des fonds publics.
La ministre de la Santé nous dit : Le président du Conseil du trésor est d'accord
avec ça. Pour nous, c'est une utilisation inappropriée de fonds publics. Je le
répète, le programme, à la base, il est bon. Pour des enfants de moins de 18
ans, on devrait rembourser le coût des lunettes. Mais on ne devrait pas donner
de l'argent qui n'a jamais été dépensé par les familles.
La Modératrice
: En
anglais.
Mme Fletcher (Raquel) :What was your objective in calling for this «interpellation» this
morning?
M. Fortin : Yes. Well, we were hoping to get some answers. To be quite honest,
we were looking at the answers that we got in question period over the last few
days, and that's why we started the discussion that we had that way, and it was
void of any real reasoning. It was void of any real answers. It seemed like prerehearsed
lines that really, actually, didn't give any answers as to what the Minister
intended to do, how she intended to do it. So that's really what we were hoping.
It's to get some actual answers.
And there's really three
main points today that we're taking away from the discussion we had with the
Health Minister. It's that, on the staff shortage, which is very real and which
is having real effects on patients across the province, there seems to be no
plan. We had a very long discussion about the shortage of nurses across the
province and how it's leading to issues like the one at the CHSLD in Granby right now, like it's leading to
issues that were happening in Verdun where you have one nurse for 169 patients.
And I don't know about you, but I didn't get the sense that there was a real
action plan behind it. And, if I combine that, the fact that we didn't get an
answer on an action plan today from the Minister, the fact that she says she's
not going to put forward a bill on ratios to ensure a proper ratio of nurses to
patients and the fact that the Premier is going out of his way to tell nurses
today that they won't get a cent more than inflation on their salary, that
tells me that the problem is going to continue and
that's not what I was hoping here today.
Mme Fletcher (Raquel) : But a lot of these problems also existed under the previous Liberal
Government. You know, we talked a lot about CHSLDs not
being able to give a second bath to patients. So, you know, Québec solidaire says you guys are accusing
this new Government, who has
only been in place for a year, of not fixing the problems that you've created.
M. Fortin : Well, we were talking about giving a second bath to patients in
CHSLDs. But what we heard this week is that they are getting no bath, that they're
using a washcloth to wash some parts of the body of the patients that are
living in CHSLDs. To me, that is not acceptable. It seems to me that we're
going backwards. There may have been issues before like the ones you mentioned,
but it seems to me that they're getting worse and worse. I don't remember
having breaks in services across hospitals in the regions of Québec because of staff shortages. This
seems to be a new phenomenon. There didn't use to be breaks in obstetrics. There
didn't use to be families that had to go to the city to give birth not because
they had a complicated pregnancy, but just because their hospital was closed, their
obstetrics unit, their natality unit was closed. Those are all new issues that
we raised today and for which we got zero answer from the Minister.
Mme Fletcher (Raquel) : But isn't it a problem that originated under the Liberal Government, was inherited by the CAQ, and, yes, maybe it's festered
and growing, but it was an inherited problem?
M. Fortin :
Well, let's look at the issue of nurses, for example, right? Every party in the
last campaign came with a plan to say: We want to address the nurse shortage
before it gets worse, right, we need to do more now so that it doesn't get
worse. Every party said they wanted to abolish forced overtime. The Health
Minister, right now, the CAQ, in that campaign, a year ago, said: I will
abolish this in a year. She said it again in the spring. In the spring, she
said: I'll abolish it in the fall. And right now we are nowhere near abolishing
forced overtime. But that's really one of the issues that is causing all of
this stress, that is discouraging people from going into nursing, that is
making people retire earlier than they really should. And those promises were
CAQ promises. Everybody acknowledged the issue. Everybody said: Here is what I
propose to do. But at this time the Minister is not living up to the promise
that she made to the people of Québec.
Mme Fletcher (Raquel) : The bill on nurse practitioners and giving pharmacists more
autonomy, are those good measures?
M. Fortin :
Yes. There are good measures, absolutely. Some of those are great measures. To
give pharmacists the power, the ability to offer vaccines is a great measure.
We don't understand why the Minister hasn't or the Government hasn't called
that bill to be studied yet. We had consultations. They were done three weeks
ago. And the Minister said all along: I want those vaccinations to take place
this fall in pharmacies. The pharmacists got ready. They got trained up. So
they are ready to do it, but the Minister, the Government, the House Leader
haven't called the bill.
We wish they would move
quicker on this. We don't understand what the holdup is. We're ready to have
the debate. Why is nobody else ready to have the debate? Why are we not
moving when they do have positive items like that? Why are we taking our time?
This is something that should be front and center. And instead the Government
chose to go ahead with cannabis first, a bill that was completely against their
compaign promises on healthcare in the Mauricie. And now they seem to be slow playing
this one on pharmacists, which is actually a good bill and which needs to go
through quickly so that the vaccines can be given this fall.
Mme Fletcher (Raquel) : Thank
you.
M. Fortin :Thank you.
(Fin à 12 h 43)