(Seize heures trois minutes)
M. Arseneau : Alors,
bonjour. Merci d'être là. En fait, ce qu'on veut aujourd'hui, comme formation
politique représentée à l'Assemblée nationale, c'est déplorer et dénoncer la
décision d'Immigration Canada de refuser, finalement, l'accès au Canada, au
territoire, à Carles Puigdemont, l'ancien président de la Catalogne. Depuis
des mois qu'on le faisait languir sans donner d'explications, aujourd'hui, la
décision est tombée, curieusement, une semaine après l'élection fédérale, et la
décision est négative.
On souhaite que le Canada s'explique. On
ne peut pas accepter une décision comme celle-là. Les raisons qui sont
invoquées n'ont pas été révélées. Ce qu'on souhaite, c'est que le gouvernement
fasse preuve de transparence, qu'il revoie la décision, révise sa décision et
qu'il permette à l'ancien élu de la Catalogne, démocratiquement, de façon tout
à fait légitime, qu'il puisse, donc, venir, à l'invitation de la Société
Saint-Jean-Baptiste, s'entretenir avec les Québécois de ce qui se passe chez
lui et qu'il puisse le faire en toute liberté. En fait, ce qu'on défend aussi,
c'est la liberté d'expression d'un ex-élu de la Catalogne.
Je pense qu'il est important aussi que les
députés qui sont présents ici, à l'Assemblée nationale, et qui viennent
d'adopter une motion unanime pour déplorer les violences en Catalogne, pour
réclamer une solution démocratique et pacifique à ce qui se passe là-bas, bien,
qu'ils demandent aussi... en fait, ce qu'on souhaite, c'est qu'ils demandent
aussi des explications au gouvernement fédéral, en commençant, bien évidemment,
avec la ministre des Relations internationales. Qu'on demande des explications,
c'est la moindre des choses.
Alors, je suis prêt à entendre vos questions
si vous en avez.
Mme Crête (Mylène) :
L'avocat de M. Puigdemont nous a confirmé que la demande avait été refusée
en raison des accusations criminelles que la justice espagnole a déposées à l'endroit
de M. Puigdemont. Qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Arseneau : Bien, en
fait, ces accusations-là, nous, on estime qu'elles ne sont pas fondées. On
estime également que la seule chose qu'on a à reprocher à
Carles Puigdemont, c'est d'avoir rempli un engagement envers son peuple de
les consulter sur leur avenir. C'est en fait le droit à l'autodétermination des
peuples qui est en jeu et qui est contesté par le gouvernement central
espagnol. Mais c'est aussi un principe qui est reconnu, l'autodétermination des
peuples, par de très nombreux signataires d'une déclaration des Nations unies,
dont le Canada.
Alors, je pense qu'il ne faut pas
s'ingérer dans la politique espagnole, mais défendre les principes qui
dépassent, là, ceux qui sont invoqués par le gouvernement espagnol et la cour
de justice, et se mettre au-dessus de la mêlée, et d'accepter que
M. Puigdemont puisse venir ici et entrer en dialogue avec les Québécois
qui souhaitent en connaître davantage sur la situation qui se passe chez lui.
Mme Crête (Mylène) :
Est-ce que vous y voyez une forme d'ingérence politique de la part du
gouvernement libéral de M. Trudeau?
M. Arseneau : Bien, en
fait, on peut soupçonner qu'il y ait ingérence politique, et c'est au
gouvernement de Justin Trudeau de se justifier là-dessus. On remarque une
certaine sympathie pour le gouvernement central espagnol, et très peu d'écoute,
et très peu d'empathie pour les indépendantistes catalans. Alors, de là à
conclure qu'il y a eu ingérence, évidemment, on ne peut pas le prouver, mais le
délai indu exceptionnel avec lequel on a traité le dossier nous donne à penser
effectivement que la procédure régulière n'a pas été suivie, et on aimerait
avoir des explications là-dessus.
Mme Crête (Mylène) :Quel message ça envoie? Quel message le Canada envoie, par
cette décision, aux autres?
M. Arseneau : Bien, en
fait, ce message du Canada est très négatif dans la mesure où on semble prendre
le parti de la justice espagnole qui dépose des accusations, en vertu de la
constitution espagnole, contre un ancien président démocratiquement élu qui n'a
fait que permettre à ses citoyens, à ses concitoyens un exercice démocratique.
De tenir un référendum, à ce que je sache,
au Québec et au Canada, ce n'est pas illégal. C'est même le paroxysme de la
démocratie. On l'a fait déjà dans le passé, à deux reprises, au Québec, et le
gouvernement fédéral, même s'il s'opposait à la volonté des gouvernements du
Québec de procéder et d'aller de l'avant avec la souveraineté, acceptait de
facto le processus qui avait lieu.
Je pense qu'aujourd'hui le premier
ministre Trudeau devrait se prononcer à savoir s'il reconnaît toujours qu'un
exercice référendaire démocratique sur l'avenir constitutionnel des Québécois,
c'est toujours possible, c'est toujours valide, ce n'est pas à réprimer, et,
s'il défend le principe, comme nous, du droit à l'autodétermination des
peuples, bien, qu'il l'exerce aussi lorsqu'il est question d'un pays étranger,
d'une nation étrangère comme la Catalogne.
Mme Crête (Mylène) :
Merci beaucoup.
M. Arseneau : Merci.
(Fin à 16 h 9)