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Point de presse de Mme Christine Labrie, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de condition féminine, Mme Méganne Perry Mélançon, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de condition féminine, et Mme Monique Sauvé, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’emploi et de solidarité sociale

Version finale

Le mardi 26 novembre 2019, 9 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures)

La Modératrice : Bonjour. Bienvenue à ce point de presse conjoint sur l'équité salariale. Prendront la parole, tout d'abord, Sonia Éthier, présidente de la CSQ; Christine Labrie, porte-parole de QS en matière de condition féminine; Méganne Perry Mélançon, porte-parole du Parti québécois en matière de condition féminine; Monique Sauvé, porte-parole du PLQ, en matière d'emploi et de solidarité sociale. Sont également présents, mais ne prendront pas la parole, Louise Michaud, de la FTQ; Isabelle Daigle,de la CSD; Christian Daigle, du SFPQ; Diane Guilbault, Pour les droits des femmes du Québec; Jessica Bourque, de la SPGQ; et quatre représentantes du YWCA. À vous, madame.

Mme Éthier (Sonia) : Alors, merci d'être ici. Je veux remercier tout d'abord les partenaires qui sont à nos côtés aujourd'hui, qu'on vient de nommer, et je salue aussi les nombreux partenaires qui participent à l'opération que nous lançons, mais qui n'ont pas pu être présentes aujourd'hui. Et la liste est mentionnée, là, dans le communiqué de presse.

Donc, au Québec, ça fait près de 25 ans que la Loi sur l'équité salariale a été adoptée, et les femmes font encore l'objet d'une discrimination systémique fondée sur le sexe. Pour moi, comme pour tous nos partenaires réunis ici ce matin, cette situation est vraiment inadmissible.

Donc, avant la mise en vigueur de la loi, en 1997, l'écart salarial horaire moyen était de 15,8 %; aujourd'hui, en 2019, encore au-dessus de la barre de 10 %. C'est donc quelque chose qui est inadmissible. À ce rythme-là, est-ce qu'on va attendre encore 40 ans avant que l'équité soit enfin devenue réalité?

Donc, pour une société comme la nôtre, pour qui l'égalité entre les femmes et les hommes constitue une valeur, une valeur fondamentale, une telle situation est incompréhensible et inacceptable.

Donc, la dernière modification législative apportée en avril 2019 n'a pas réglé les problèmes de fond. Les préjudices demeurent, les nombreuses femmes qui ont porté plainte, en 2010 et en 2015, ne pourront pas recevoir la pleine correction de l'équité salariale. C'est vraiment inacceptable. Elles doivent encore attendre pour récupérer les sommes qui leur sont dues, une situation qui est aussi choquante qu'injuste.

Donc, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale a répété à maintes reprises qu'il y aurait une autre occasion pour apporter une réforme plus substantielle à la Loi sur l'équité salariale. Nous donnons aujourd'hui l'occasion au ministre que ça se fasse rapidement.

Aujourd'hui, soutenue par les députées marraines et par tous nos partenaires qui croient comme nous en cette cause qui est juste, une pétition est lancée pour que la Loi sur l'équité salariale soit revue, corrigée et donne enfin justice aux femmes du Québec. Nous invitons donc les Québécoises et les Québécois à la signer et à la partager.

Et pour nous aider à marteler notre message sur tous les fronts, nous annonçons aussi le lancement d'une campagne vidéo mettant en vedette les personnalités québécoises Marie Turgeon, Louise Richer et Sophie Prégent. Dans les courtes capsules qui sont actuellement disponibles en ligne, sur nos sites Web, ces trois femmes abordent de front les enjeux liés à l'équité salariale en 2019, et nous souhaitons que leur message soit partagé et diffusé le plus largement possible.

À l'instar de toutes ces femmes qui ont mené la première lutte pour l'équité salariale, en 95, l'heure est venue de faire entendre à nouveau nos voix pour réparer les injustices et faire en sorte que l'équité salariale soit enfin vraie. Je vous remercie.

Mme Labrie : En m'en venant ici, ce matin, je me disais : Je ne peux pas croire qu'en 2019 je m'en vais faire un point de presse pour annoncer une pétition qui demande l'équité salariale. Parce que ça fait déjà plus de 20 ans qu'on a une loi qui devrait encadrer ça, et, encore pire, cette année même, cette loi-là a été révisée, et elle ne permet toujours pas de réparer les injustices en ce qui concerne les iniquités salariales entre les hommes et les femmes.

Ça a été nommé tout à l'heure, plus de 10 % d'écart encore aujourd'hui. Les femmes qui entrent sur le marché du travail, en ce moment, elles sont nées au XXIe siècle. Elles sont en droit de s'attendre à l'équité salariale. Et ce qu'on demande au ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale, aujourd'hui, c'est de vraiment être à l'écoute de cette revendication-là de très longue date pour qu'on puisse enfin passer à autre chose.

Et surtout, je pense que ce qu'il est important d'entendre aussi, c'est que l'État a une grosse part de responsabilité dans ces inéquités-là. Au sein même de la fonction publique, il y a encore beaucoup d'inéquités salariales. L'IRIS publiait une étude, au début de l'année, qui chiffrait les investissements à la hauteur de 7 milliards par année que ça prendrait pour que la fonction publique réussisse à combler les écarts salariaux entre les hommes et les femmes. Il y a plus de 10 000 plaintes qui ne sont toujours pas traitées à la CNESST.

Donc, je pense que c'est clair ici que ce droit-là n'est pas respecté, et ça presse d'y remédier parce que, sincèrement, on a beaucoup d'autres combats à mener pour l'équité entre les hommes et les femmes, et j'aimerais vraiment que celui-là soit derrière nous le plus rapidement possible après déjà des décennies de combats et de législations qui sont en vigueur. Merci.

Mme Perry Mélançon : Alors, bonjour tout le monde, c'est vraiment un reel plaisir, là, d'être entourée de tous ces groupes qui oeuvrent, bon, pour l'équité entre les hommes et les femmes, mais on a aussi des groupes syndicaux, on a des groupes de société civile. Bref, plusieurs personnes réunies pour le lancement de la pétition. Ce n'est pas le dépôt, mais bien le lancement, donc première étape d'une démarche très importante.

La Loi sur l'équité salariale, qui a 25 ans, est sans contredit la somme du travail colossal et d'une forte solidarité des femmes autour d'une seule et même vision commune, améliorer les conditions de vie des Québécoises. Même 25 ans après son adoption par le Parti québécois, les disparités entre les hommes et les femmes demeurent, et notre travail est toujours d'actualité.

L'équité salariale est un dossier d'importance majeure pour toutes les femmes du Québec, et on se doit, nous, les parlementaires, d'être les chiens de garde de l'application de ce principe fondamental.

Alors, oui, le maintien de l'équité salariale, l'application, mais également, ce qui est demandé ici, après beaucoup de travail qui a été fait... Même, on a parlé de la révision de la loi en 2009, par exemple, ma collègue d'Hochelaga-Maisonneuve avait parlé du caractère rétroactif qui était super important. On le retrouve encore dans la pétition. Donc, c'est ce genre d'éléments là qui n'est pas encore appliqué dans la loi. Et puis, tant que ce ne sera pas fait, ces éléments-là vont devoir être défendus, finalement, là, auprès des partis d'opposition et des groupes pour que le gouvernement se penche réellement sur ces cas-là.

Alors, le ministre, je crois qu'il disait qu'on attendait un rapport pour évaluer, là, les 10 dernières années, là, tout ce qui est en matière d'inéquité salariale. Donc, je pense qu'en ce moment on s'inscrit toujours dans une démarche de sensibilisation et qu'on est à un point, là, crucial pour que ce soit bien appliqué dans la prochaine révision de la loi.

Alors, ce lancement-là, on espère qu'il aura beaucoup de résonnance auprès de la population québécoise. On invite tout le monde à la signer, bien entendu, je marraine cette pétition-là pour le Parti québécois, et... bon, il y a des technicalités... donc, la version par écrit. Mais on sera toujours là pour lutter contre les inégalités sociales entre femmes et hommes. Et là on parle du salaire. Alors, pour nous, c'est extrêmement important de faire partie de cette démarche-là. Merci.

Mme Sauvé : Bonjour. J'aimerais, dans un premier temps, vous dire à quel point je suis fière d'être une femme ce matin et d'être dans cette mobilisation avec tous les groupes. Donc, je vais vous remercier... et se dire que ce geste de mobilisation là transpartisane, il est important, toujours, pour assurer la réalité des femmes et la justice sociale pour les femmes.

Alors, l'une des valeurs fondamentales de la société québécoise, c'est l'équité. L'égalité entre les hommes et les femmes s'est enchâssée dans notre Charte des droits et libertés, et elle doit se refléter dans la société québécoise, dans les services, dans l'éducation, dans la justice, dans l'éducation, mais aussi au travail.

L'équité salariale touche toutes les femmes, mais elle est d'autant plus cruelle, et il faut retenir cela, car elle affecte plus durement les femmes chefs de famille monoparentale, des femmes en situation de vulnérabilité, des femmes seules, des femmes immigrantes ou encore des femmes autochtones. Toutes ont droit à une rémunération juste et équitable.

Parce qu'il n'est plus acceptable de constater encore, en 2019 — c'est vrai que ce n'est plus acceptable — qu'il y a un écart salarial horaire moyen de 10 % entre les femmes et les hommes. Ce n'est plus acceptable d'avoir des écarts salariaux engendrés sur la discrimination systémique basée sur le sexe des personnes qui occupent des catégories d'emplois à prédominance féminine. Ce n'est plus acceptable non plus de porter préjudice aux femmes en matière d'emploi.

Depuis l'adoption de la loi, la Loi sur l'équité salariale, en 96, oui, il y a eu des avancées, il faut le reconnaître, mais il ne faut surtout pas s'arrêter là. Parce que, trop souvent, on a la perception que c'est acquis, que le problème est réglé, alors que dans les faits, on s'étonne qu'il reste encore tellement de chemin à faire. Il faut donc rester vigilants, garder à l'esprit les assises de notre société, qui se retrouvent dans les chartes québécoise et canadienne, sur l'égalité et la non-discrimination.

Comme vous pouvez le constater, c'est un enjeu auquel je suis évidemment fort, fort sensible. Nous sommes toutes et tous concernés de près et nous nous devons d'agir afin de résoudre cette problématique, car cette injustice affecte encore beaucoup trop de femmes au Québec. L'histoire nous prouve que ce n'est pas un combat facile. Il y a eu des grandes femmes pionnières. Il faut suivre l'exemple, il faut continuer.

Mais je suis convaincue que l'ingrédient fondamental de la réussite, c'est notre volonté collective à tous. Je sens qu'elle est au rendez-vous, et c'est tant mieux. Nous avons fait des grands pas depuis 96, mais nous nous devons de continuer jusqu'à l'atteinte de l'équité et de l'égalité pleine et entière de toutes les femmes au Québec. Je nous invite à continuer. Merci.

La Modératrice : Merci beaucoup. Alors, on va prendre les questions sur le sujet, donc sur l'équité salariale. Pour les questions d'actualité, je vous demanderais de contacter les attachés de presse des partis.

Mme Richer (Jocelyne) : Oui. Bonjour à toutes et tous. Jocelyne Richer, La Presse canadienne. J'aimerais savoir, d'abord, est-ce qu'il y a des contacts qui ont été faits, soit avec des députés de la CAQ, le ministre du Travail ou la ministre de la Condition féminine, pour savoir dans quelle mesure votre démarche est accueillie?

Mme Éthier (Sonia) : Écoutez, <on a... >la démarche qu'on a fait, c'est en commission parlementaire, lorsque... le dépôt de loi sur l'équité salariale en avril dernier. On a fait valoir notre mémoire, nos prétentions, et le ministre a... La loi a été adoptée telle quelle, mais il y a encore de nombreux irritants. Mais, par rapport à cette pétition, cette opération qu'on fait avec l'ensemble des femmes du Québec, nous avons fait ce geste sans en parler à la CAQ évidemment.

Mme Richer (Jocelyne) : Donc, vous ne savez pas de quelle façon ce sera accueilli pour l'instant?

Mme Éthier (Sonia) : On ne sait pas de quelle façon ça sera accueilli, mais je pense que le gouvernement comprend très bien que c'est inacceptable, que les femmes qui ont porté des plaintes en 2010 et 2015, qui ont été à l'origine de toute cette question, ce mouvement, réagissent et demandent des changements parce que les correctifs ne sont pas applicables pour ces femmes qui avaient déposé... Les correctifs ne sont pas rétroactifs à cette date. Donc, je pense que le gouvernement s'y attend. D'ailleurs, il y a déjà des organisations qui ont annoncé la contestation de la loi qui a été adoptée. Je pense que ce n'est pas une surprise pour le gouvernement, là.

Mme Richer (Jocelyne) : Donc, si on résume vos revendications, est-ce que c'est adopter des amendements législatifs pour abolir le délai de prescription qui est dans la loi? C'est un peu ça?

Mme Éthier (Sonia) : On veut revoir la loi. Au fond, ce qu'on demande, c'est qu'il y ait une révision de cette loi, que soit versée rétroactivement la date de l'événement discriminatoire, tous les ajustements, et on a aussi des points particulièrement techniques, là, pour que les salariées, quand il y a l'opération maintien, qu'elles aient un poids décisionnel auprès de leur employeur.

On demande aussi que tous les employeurs soient visés, hein, par la Loi sur l'équité salariale. Présentement, ce sont les entreprises qui ont 10 employés et plus qui sont visées. Ce qui fait en sorte que, si on le prend en pourcentage, il y a quand même seulement 70 % des entreprises qui ont réalisé les opérations d'équité salariale. Il y a donc 30 % des entreprises qui n'ont encore rien fait au Québec, et ça, c'est inadmissible. Puis il nous semble, comme organisation et comme mouvement féministe, que ça doit être changé et pour réaliser la pleine équité salariale au Québec.

La Modératrice : Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le sujet? En anglais? Merci beaucoup.

(Fin à 9 h 15)