(Neuf heures)
La Modératrice
:
Bonjour. Bienvenue à ce point de presse conjoint sur l'équité salariale.
Prendront la parole, tout d'abord, Sonia Éthier, présidente de la CSQ; Christine
Labrie, porte-parole de QS en matière de condition féminine; Méganne Perry
Mélançon, porte-parole du Parti québécois en matière de condition féminine; Monique
Sauvé, porte-parole du PLQ, en matière d'emploi et de solidarité sociale. Sont
également présents, mais ne prendront pas la parole, Louise Michaud, de la FTQ;
Isabelle Daigle,de la CSD; Christian Daigle, du SFPQ; Diane Guilbault, Pour les
droits des femmes du Québec; Jessica Bourque, de la SPGQ; et quatre
représentantes du YWCA. À vous, madame.
Mme Éthier (Sonia) :
Alors, merci d'être ici. Je veux remercier tout d'abord les partenaires qui
sont à nos côtés aujourd'hui, qu'on vient de nommer, et je salue aussi les
nombreux partenaires qui participent à l'opération que nous lançons, mais qui
n'ont pas pu être présentes aujourd'hui. Et la liste est mentionnée, là, dans
le communiqué de presse.
Donc, au Québec, ça fait près de 25 ans
que la Loi sur l'équité salariale a été adoptée, et les femmes font encore
l'objet d'une discrimination systémique fondée sur le sexe. Pour moi, comme
pour tous nos partenaires réunis ici ce matin, cette situation est vraiment
inadmissible.
Donc, avant la mise en vigueur de la loi,
en 1997, l'écart salarial horaire moyen était de 15,8 %; aujourd'hui, en
2019, encore au-dessus de la barre de 10 %. C'est donc quelque chose qui
est inadmissible. À ce rythme-là, est-ce qu'on va attendre encore 40 ans
avant que l'équité soit enfin devenue réalité?
Donc, pour une société comme la nôtre,
pour qui l'égalité entre les femmes et les hommes constitue une valeur, une
valeur fondamentale, une telle situation est incompréhensible et inacceptable.
Donc, la dernière modification législative
apportée en avril 2019 n'a pas réglé les problèmes de fond. Les préjudices
demeurent, les nombreuses femmes qui ont porté plainte, en 2010 et en 2015, ne
pourront pas recevoir la pleine correction de l'équité salariale. C'est vraiment
inacceptable. Elles doivent encore attendre pour récupérer les sommes qui leur
sont dues, une situation qui est aussi choquante qu'injuste.
Donc, le ministre du Travail, de l'Emploi et
de la Solidarité sociale a répété à maintes reprises qu'il y aurait une autre
occasion pour apporter une réforme plus substantielle à la Loi sur l'équité
salariale. Nous donnons aujourd'hui l'occasion au ministre que ça se fasse rapidement.
Aujourd'hui, soutenue par les députées
marraines et par tous nos partenaires qui croient comme nous en cette cause qui
est juste, une pétition est lancée pour que la Loi sur l'équité salariale soit
revue, corrigée et donne enfin justice aux femmes du Québec. Nous invitons donc
les Québécoises et les Québécois à la signer et à la partager.
Et pour nous aider à marteler notre
message sur tous les fronts, nous annonçons aussi le lancement d'une campagne
vidéo mettant en vedette les personnalités québécoises Marie Turgeon, Louise
Richer et Sophie Prégent. Dans les courtes capsules qui sont actuellement
disponibles en ligne, sur nos sites Web, ces trois femmes abordent de front les
enjeux liés à l'équité salariale en 2019, et nous souhaitons que leur message
soit partagé et diffusé le plus largement possible.
À l'instar de toutes ces femmes qui ont
mené la première lutte pour l'équité salariale, en 95, l'heure est venue de
faire entendre à nouveau nos voix pour réparer les injustices et faire en sorte
que l'équité salariale soit enfin vraie. Je vous remercie.
Mme Labrie : En m'en venant
ici, ce matin, je me disais : Je ne peux pas croire qu'en 2019 je m'en
vais faire un point de presse pour annoncer une pétition qui demande l'équité
salariale. Parce que ça fait déjà plus de 20 ans qu'on a une loi qui
devrait encadrer ça, et, encore pire, cette année même, cette loi-là a été
révisée, et elle ne permet toujours pas de réparer les injustices en ce qui
concerne les iniquités salariales entre les hommes et les femmes.
Ça a été nommé tout à l'heure, plus de
10 % d'écart encore aujourd'hui. Les femmes qui entrent sur le marché du
travail, en ce moment, elles sont nées au XXIe siècle. Elles sont en droit
de s'attendre à l'équité salariale. Et ce qu'on demande au ministère de
l'Emploi et de la Solidarité sociale, aujourd'hui, c'est de vraiment être à
l'écoute de cette revendication-là de très longue date pour qu'on puisse enfin
passer à autre chose.
Et surtout, je pense que ce qu'il est
important d'entendre aussi, c'est que l'État a une grosse part de
responsabilité dans ces inéquités-là. Au sein même de la fonction publique, il
y a encore beaucoup d'inéquités salariales. L'IRIS publiait une étude, au début
de l'année, qui chiffrait les investissements à la hauteur de 7 milliards
par année que ça prendrait pour que la fonction publique réussisse à combler
les écarts salariaux entre les hommes et les femmes. Il y a plus de
10 000 plaintes qui ne sont toujours pas traitées à la CNESST.
Donc, je pense que c'est clair ici que ce
droit-là n'est pas respecté, et ça presse d'y remédier parce que, sincèrement,
on a beaucoup d'autres combats à mener pour l'équité entre les hommes et les
femmes, et j'aimerais vraiment que celui-là soit derrière nous le plus
rapidement possible après déjà des décennies de combats et de législations qui
sont en vigueur. Merci.
Mme Perry Mélançon :
Alors, bonjour tout le monde, c'est vraiment un reel plaisir, là, d'être
entourée de tous ces groupes qui oeuvrent, bon, pour l'équité entre les hommes
et les femmes, mais on a aussi des groupes syndicaux, on a des groupes de société
civile. Bref, plusieurs personnes réunies pour le lancement de la pétition. Ce
n'est pas le dépôt, mais bien le lancement, donc première étape d'une démarche
très importante.
La Loi sur l'équité salariale, qui a
25 ans, est sans contredit la somme du travail colossal et d'une forte
solidarité des femmes autour d'une seule et même vision commune, améliorer les
conditions de vie des Québécoises. Même 25 ans après son adoption par le
Parti québécois, les disparités entre les hommes et les femmes demeurent, et
notre travail est toujours d'actualité.
L'équité salariale est un dossier
d'importance majeure pour toutes les femmes du Québec, et on se doit, nous, les
parlementaires, d'être les chiens de garde de l'application de ce principe
fondamental.
Alors, oui, le maintien de l'équité
salariale, l'application, mais également, ce qui est demandé ici, après
beaucoup de travail qui a été fait... Même, on a parlé de la révision de la loi
en 2009, par exemple, ma collègue d'Hochelaga-Maisonneuve avait parlé du caractère
rétroactif qui était super important. On le retrouve encore dans la pétition.
Donc, c'est ce genre d'éléments là qui n'est pas encore appliqué dans la loi.
Et puis, tant que ce ne sera pas fait, ces éléments-là vont devoir être
défendus, finalement, là, auprès des partis d'opposition et des groupes pour
que le gouvernement se penche réellement sur ces cas-là.
Alors, le ministre, je crois qu'il disait
qu'on attendait un rapport pour évaluer, là, les 10 dernières années, là,
tout ce qui est en matière d'inéquité salariale. Donc, je pense qu'en ce moment
on s'inscrit toujours dans une démarche de sensibilisation et qu'on est à un
point, là, crucial pour que ce soit bien appliqué dans la prochaine révision de
la loi.
Alors, ce lancement-là, on espère qu'il
aura beaucoup de résonnance auprès de la population québécoise. On invite tout
le monde à la signer, bien entendu, je marraine cette pétition-là pour le Parti
québécois, et... bon, il y a des technicalités... donc, la version par écrit. Mais
on sera toujours là pour lutter contre les inégalités sociales entre femmes et
hommes. Et là on parle du salaire. Alors, pour nous, c'est extrêmement
important de faire partie de cette démarche-là. Merci.
Mme Sauvé : Bonjour.
J'aimerais, dans un premier temps, vous dire à quel point je suis fière d'être
une femme ce matin et d'être dans cette mobilisation avec tous les groupes. Donc,
je vais vous remercier... et se dire que ce geste de mobilisation là
transpartisane, il est important, toujours, pour assurer la réalité des femmes
et la justice sociale pour les femmes.
Alors, l'une des valeurs fondamentales de
la société québécoise, c'est l'équité. L'égalité entre les hommes et les femmes
s'est enchâssée dans notre Charte des droits et libertés, et elle doit se
refléter dans la société québécoise, dans les services, dans l'éducation, dans
la justice, dans l'éducation, mais aussi au travail.
L'équité salariale touche toutes les
femmes, mais elle est d'autant plus cruelle, et il faut retenir cela, car elle
affecte plus durement les femmes chefs de famille monoparentale, des femmes en
situation de vulnérabilité, des femmes seules, des femmes immigrantes ou encore
des femmes autochtones. Toutes ont droit à une rémunération juste et équitable.
Parce qu'il n'est plus acceptable de
constater encore, en 2019 — c'est vrai que ce n'est plus acceptable — qu'il
y a un écart salarial horaire moyen de 10 % entre les femmes et les
hommes. Ce n'est plus acceptable d'avoir des écarts salariaux engendrés sur la
discrimination systémique basée sur le sexe des personnes qui occupent des
catégories d'emplois à prédominance féminine. Ce n'est plus acceptable non plus
de porter préjudice aux femmes en matière d'emploi.
Depuis l'adoption de la loi, la Loi sur l'équité
salariale, en 96, oui, il y a eu des avancées, il faut le reconnaître, mais il
ne faut surtout pas s'arrêter là. Parce que, trop souvent, on a la perception
que c'est acquis, que le problème est réglé, alors que dans les faits, on s'étonne
qu'il reste encore tellement de chemin à faire. Il faut donc rester vigilants,
garder à l'esprit les assises de notre société, qui se retrouvent dans les
chartes québécoise et canadienne, sur l'égalité et la non-discrimination.
Comme vous pouvez le constater, c'est un
enjeu auquel je suis évidemment fort, fort sensible. Nous sommes toutes et tous
concernés de près et nous nous devons d'agir afin de résoudre cette
problématique, car cette injustice affecte encore beaucoup trop de femmes au
Québec. L'histoire nous prouve que ce n'est pas un combat facile. Il y a eu des
grandes femmes pionnières. Il faut suivre l'exemple, il faut continuer.
Mais je suis convaincue que l'ingrédient
fondamental de la réussite, c'est notre volonté collective à tous. Je sens
qu'elle est au rendez-vous, et c'est tant mieux. Nous avons fait des grands pas
depuis 96, mais nous nous devons de continuer jusqu'à l'atteinte de l'équité et
de l'égalité pleine et entière de toutes les femmes au Québec. Je nous invite à
continuer. Merci.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Alors, on va prendre les questions sur le sujet, donc sur l'équité
salariale. Pour les questions d'actualité, je vous demanderais de contacter les
attachés de presse des partis.
Mme Richer (Jocelyne) : Oui. Bonjour
à toutes et tous. Jocelyne Richer, La Presse canadienne. J'aimerais
savoir, d'abord, est-ce qu'il y a des contacts qui ont été faits, soit avec des
députés de la CAQ, le ministre du Travail ou la ministre de la Condition
féminine, pour savoir dans quelle mesure votre démarche est accueillie?
Mme Éthier (Sonia) :
Écoutez, <on a... >la démarche qu'on a fait, c'est en commission
parlementaire, lorsque... le dépôt de loi sur l'équité salariale en avril
dernier. On a fait valoir notre mémoire, nos prétentions, et le ministre a... La
loi a été adoptée telle quelle, mais il y a encore de nombreux irritants. Mais,
par rapport à cette pétition, cette opération qu'on fait avec l'ensemble des
femmes du Québec, nous avons fait ce geste sans en parler à la CAQ évidemment.
Mme Richer (Jocelyne) : Donc,
vous ne savez pas de quelle façon ce sera accueilli pour l'instant?
Mme Éthier (Sonia) :
On ne sait pas de quelle façon ça sera accueilli, mais je pense que le gouvernement
comprend très bien que c'est inacceptable, que les femmes qui ont porté des
plaintes en 2010 et 2015, qui ont été à l'origine de toute cette question, ce
mouvement, réagissent et demandent des changements parce que les correctifs ne
sont pas applicables pour ces femmes qui avaient déposé... Les correctifs ne
sont pas rétroactifs à cette date. Donc, je pense que le gouvernement s'y
attend. D'ailleurs, il y a déjà des organisations qui ont annoncé la
contestation de la loi qui a été adoptée. Je pense que ce n'est pas une
surprise pour le gouvernement, là.
Mme Richer (Jocelyne) : Donc,
si on résume vos revendications, est-ce que c'est adopter des amendements
législatifs pour abolir le délai de prescription qui est dans la loi? C'est un
peu ça?
Mme Éthier (Sonia) :
On veut revoir la loi. Au fond, ce qu'on demande, c'est qu'il y ait une
révision de cette loi, que soit versée rétroactivement la date de l'événement
discriminatoire, tous les ajustements, et on a aussi des points
particulièrement techniques, là, pour que les salariées, quand il y a
l'opération maintien, qu'elles aient un poids décisionnel auprès de leur
employeur.
On demande aussi que tous les employeurs
soient visés, hein, par la Loi sur l'équité salariale. Présentement, ce sont
les entreprises qui ont 10 employés et plus qui sont visées. Ce qui fait
en sorte que, si on le prend en pourcentage, il y a quand même seulement
70 % des entreprises qui ont réalisé les opérations d'équité salariale. Il
y a donc 30 % des entreprises qui n'ont encore rien fait au Québec, et ça,
c'est inadmissible. Puis il nous semble, comme organisation et comme mouvement
féministe, que ça doit être changé et pour réaliser la pleine équité salariale
au Québec.
La Modératrice
: Est-ce
qu'il y a d'autres questions sur le sujet? En anglais? Merci beaucoup.
(Fin à 9 h 15)