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Point de presse de Mme Manon Massé, cheffe du deuxième groupe d’opposition, et M. Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementaire du deuxième groupe d’opposition

Version finale

Le vendredi 6 décembre 2019, 8 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures vingt-trois minutes)

Mme Massé : Alors, bonjour, tout le monde. L'automne tire à sa fin, je pense qu'on a hâte de retrouver nos familles, de nous retrouver dans nos circonscriptions pour finir cette année avec nos concitoyens, concitoyennes, nos enfants, nous amoureux, nos amoureuses. Bref, grosse année 2020. Mais, avant de vous souhaiter un joyeux temps des fêtes, je voulais prendre un moment pour revenir sur l'automne.

Je vous dis ce que j'ai dit à mon caucus cette semaine, je suis particulièrement fière de l'automne qu'on a connu à Québec solidaire. Grâce au sérieux et à la pertinence de notre travail, nous avons fait la preuve de notre leadership.

C'est Québec solidaire qui a mené l'Assemblée nationale à déclarer formellement l'état d'urgence climatique.

C'est Québec solidaire qui a mené le Québec à adopter enfin la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, une avancée majeure dans nos relations avec les Premières Nations et les Inuits.

C'est Québec solidaire qui a forcé le gouvernement à faire ses angles morts en matière d'environnement, de logement, d'inégalités économiques, de patrimoine, de démocratie.

Je veux prendre un moment pour souligner le travail exceptionnel de chaque député cet automne.

Émilise Lessard-Therrien a braqué les projecteurs sur le scandale de l'arsenic à Rouyn-Noranda. Face à des ministres qui ne voulaient rien savoir, elle a refusé de lâcher le morceau et, avec la ville de Rouyn-Noranda, elle a finalement obtenu un comité interministériel pour prendre enfin en main le dossier. Elle a mis la CAQ dans l'eau chaude plus d'une fois en luttant sur la question du transport collectif interrégional.

Tout le monde de Sherbrooke la connaissait déjà, mais, cet automne, le Québec a découvert Christine Labrie. La pertinence de ses interventions sur les commissions scolaires et les maternelles quatre ans font la vie dure au ministre Roberge. Je veux la remercier particulièrement de sa franchise sur l'intimidation vécue par les femmes en politique. Elle a parlé pour nous toutes.

Vincent Marissal a passé l'automne à défendre les 4 millions, les victimes de la fuite chez Desjardins. Vincent est l'un des rares parlementaires à comprendre exactement l'importance de la protection des données personnelles. Il a aussi présenté son premier projet de loi, je crois... oui, hein?, son premier projet de loi pour instaurer un directeur parlementaire du budget. Comme ça serait utile! Avec Vincent à l'Assemblée, les contribuables sont bien défendus.

Alexandre Leduc a joué un rôle de premier plan pour s'assurer que la nouvelle direction de l'UPAC soit consensuelle. Il a forcé le ministre Boulet à admettre que la CAQ n'allait rien faire pour les petits travailleurs, travailleuses. Dans son comté, il travaille le terrain et il a réussi à obtenir le prolongement du SRB Pie-IX jusqu'à la rue Notre-Dame. Ce n'est pas rien.

Les étudiants étrangers touchés par la réforme désastreuse du PEQ ont pu compter sur un allié indéfectible, Andrés Fontecilla. Andrés s'est imposé comme la voix des locataires au Québec, il a tiré la sonnette d'alarme sur l'augmentation des rénovictions. À Montréal, c'est un fléau. Et il a réussi... et il a forcé, pardon, le gouvernement du Québec à reconnaître qu'il y avait une crise du logement au Québec. Son dévouement à la cause des enfants fait de lui un ajout essentiel à la commission Laurent aussi.

Ruba Ghazal ne se laisse pas impressionner, vous l'avez vu, et elle ne se laisse pas impressionner, notamment, par l'écoblanchiment de la CAQ. On parle de consigne du verre, depuis que je suis au Parlement, mais c'est grâce à Ruba et sa détermination si nous avons enfin un réel espoir de voir consigner le verre au Québec. Je veux aussi rappeler que Ruba a obtenu des gains concrets pour les chauffeurs de taxi. Elle s'est battue jusqu'à la fin. Elle va aussi nous représenter à la COP25, la semaine prochaine, et honnêtement, si j'étais Benoit Charette, je ferais attention avant de vanter le bilan du Québec.

Les gens de Taschereau ont de quoi être fiers de leur députée, Catherine Dorion. Ses propositions audacieuses sur la protection du patrimoine, le rôle du Québec dans le monde et les GAFAM ont été ses dossiers majeurs à l'automne dernier. Sa campagne pour la qualité de l'information et la diversité de presse trouve écho dans le modèle coopératif adopté par les journaux Capitales Médias. La franchise de Catherine est un vent de fraîcheur à l'Assemblée nationale.

Et le dernier, et non le moindre, Sol Zanetti, qui a habilement montré, toute la session, qu'en santé rien n'a changé depuis le temps des libéraux. Hier encore, il faisait une démonstration éloquente, mais inquiétante, de l'omerta dans le réseau de la santé. Sol démasque avec autant d'aplomb le faux nationalisme de la CAQ. Dans Jean-Lesage, il a mené une mobilisation pour sauver les terres des Soeurs de la Charité et défendre le droit du Québec de protéger les citoyens face au port de Québec.

Je vais laisser mon co-porte-parole compléter le bilan, mais, avant de lui passer la parole, je veux le remercier pour son travail acharné. D'ailleurs, Paul Larocque a dit de Gabriel qu'il était peut-être le plus jeune des leaders parlementaires, mais le plus mature. Et là-dessus, je suis bien d'accord avec lui. L'automne dernier, on l'a vu aller.

M. Nadeau-Dubois : Merci, Manon. On pourrait parler très longtemps, on pourrait parler des heures ce matin du bilan de la session parlementaire du gouvernement de la Coalition avenir Québec. On pourrait parler longtemps de leur absence totale de sérieux en matière de lutte aux changements climatiques, de la désastreuse réforme du PEQ, de leur nationalisme de façade, et ainsi de suite. Mais moi, comme leader parlementaire, ce qui m'a le plus marqué, c'est la manière. On a l'impression que le Parlement, les institutions démocratiques, le pouvoir législatif, que tout ça, ça dérange la Coalition avenir Québec.

Simon Jolin-Barrette se comporte comme si le salon bleu, c'était son salon. Il bouscule, il impose, il fonce. Et la saga Desjardins en est l'exemple le plus spectaculaire. Après avoir refusé trois fois les demandes des oppositions d'entendre Desjardins en commission parlementaire, il a décrété une commission-minute expéditive, dont il a dicté les règles et les invités. Le résultat était prévisible : un rapport sans recommandation, sans dent.

Plus tard, cette semaine, c'est Benoit Charette qui a eu le même manque de considération pour les parlementaires. Il a commis un outrage au Parlement en prenant neuf mois pour déposer le rapport stratégique du Conseil de gestion du Fonds vert, un organisme qui, ça tombe bien... il souhaite justement abolir. À ce jour, il refuse toujours de s'excuser pour ce manque de respect à l'égard des députés de l'Assemblée nationale du Québec.

Mercredi, c'était le ministre Lacombe, le ministre de la Famille, qui nous a annoncé, dans une belle publicité dans un journal local, que le projet de loi sur les commissions scolaires était déjà adopté alors qu'on vient à peine d'en commencer l'étude détaillée.

En bon français, tout ça, ça s'appelle un pattern. Les ministres de la CAQ n'écoutent personne, pas les oppositions, pas les experts, pas le public, personne. Et pour que personne ne puisse, justement, les contredire, bien, ils ont déclaré la guerre au contre-pouvoir.

Le projet de loi n° 34 va mettre la Régie de l'énergie sur la touche. L'élimination de la démocratie scolaire va concentrer les pouvoirs entre les mains du ministre de l'Éducation. La réforme de la gouvernance du Fonds vert va permettre à Benoit Charette de traiter le Fonds vert comme M. Fitzgibbon traite déjà Investissement Québec, c'est-à-dire comme sa petite caisse personnelle.

Ça, c'est un pattern et c'est un pattern qui devrait nous inquiéter. En démocratie, les contre-pouvoirs, ce n'est pas des décorations. En démocratie, les contre-pouvoirs, ce n'est pas là pour faire joli, c'est pour freiner les mauvais réflexes des politiciens, c'est pour empêcher les abus, c'est pour garder le public informé.

Il y a un mot qui revient souvent chez les analystes pour décrire l'automne de la CAQ. Ce mot-là qui revient beaucoup, c'est «improvisation». Moi, je trouve que c'est donner trop de crédit à la CAQ que de parler d'improvisation. Je pense que ce gouvernement-là a les deux mains sur le volant, il sait très bien où il s'en va et il tourne à droite. Ce qu'on voit comme de l'improvisation, c'est en fait de l'idéologie, une idéologie conservatrice, et les Québécois, plus le temps va passer, vont découvrir cette idéologie-là, et, on en est convaincus, ils vont finir par décrocher. Merci.

La Modératrice : ...on va passer à la période de questions. On vous demanderait, évidemment, de vous concentrer à une question, une sous-question, puisque vous êtes nombreux. M. Laforest.

M. Laforest (Alain) : Messieurs, dames, bonjour. Je n'aurais peut-être pas de sous-question, ça va dépendre de la réponse.

Mme Massé : Réservez-vous ce droit-là.

M. Laforest (Alain) : Un bon coup, un mauvais coup.

Mme Massé : Un bon coup. Bien, je pense que la déclaration que l'Assemblée nationale déclare l'urgence climatique, je pense que c'est vraiment un bon coup pour Québec solidaire. Plusieurs citoyens à travers la planète nous envient d'avoir réussi à créer l'unanimité ici, au Parlement, autour de l'urgence climatique.

Un mauvais coup. Je vous dirais, fort probablement, ma grande déception, qu'on n'ait pas réussi à faire bouger le ministre Roberge d'un iota concernant les maternelles quatre ans, malgré le fait... malgré le travail acharné, je dirais, de nos députés et particulièrement de Christine Labrie. Je trouve que là-dessus on aurait aimé «scorer» mieux, comme on dit.

M. Laforest (Alain) : Je vais me réserver le droit de ma sous-question. Est-ce que tout le débat entourant l'habillement n'a pas nui un peu à faire passer votre message?

Mme Massé : Vous savez, M. Laforest, Québec solidaire dérange, a dérangé et va continuer de déranger. C'est dans notre ADN de bousculer, et Catherine est une, aussi, de nos députés qui bousculent. Mais, ceci étant dit, à travers l'année, ça ne nous a pas empêchés de faire notre travail. Au contraire, on a continué à rappeler nos priorités, les gens nous ont entendus. Moi, je pense qu'à la longue, là, on va se rendre compte que Québec solidaire marche toujours dans le même sens.

Mme Crête (Mylène) : Bonjour. Vous décrivez le gouvernement Legault comme étant un gouvernement qui suit un pattern, qui n'a pas tendance à respecter les contre-pouvoirs. En même temps, on peut difficilement lui reprocher d'être inactif.

M. Nadeau-Dubois : Je pense qu'en démocratie on peut être actif et démocrate en même temps. Trois bâillons en six mois, là, ce n'est ni de l'activité ni de l'hyperactivité, c'est un mépris du Parlement puis des oppositions. Livrer la marchandise, respecter ses promesses, comme aime dire François Legault, là, c'est une qualité jusqu'à tant que ça se fasse au détriment de la démocratie. Et là ce n'est plus une qualité, ça devient un défaut, ça devient de l'entêtement, ça devient un mépris des institutions.

Mme Crête (Mylène) : Et vous dites que, bon, on sait où s'en va la CAQ, bon, ils tournent à droite. En même temps, avec le projet de loi que le ministre Girard a déposé hier, bon, il propose de réglementer les agences de crédit. La droite n'a pas tendance à suggérer davantage de réglementation.

M. Nadeau-Dubois : En effet, c'est ce qu'on a vu notamment dans le domaine du taxi. Ça, c'était exactement dans la lignée d'une droite qui n'a à la bouche que les mots «libre-marché» et «déréglementation».

Sur la question des agences de crédit, le projet de loi, c'est un pas dans la bonne direction, il faut le reconnaître. Mais il y a un énorme trou, dans ce projet de loi là, et c'est l'encadrement des entreprises qui peuvent inscrire des notes négatives sur les dossiers de crédit des gens.

En ce moment, les cotes de crédit, c'est une boîte noire. Personne ne sait vraiment comment ça marche, et les principaux concernés, les citoyens, citoyennes, souvent, ne sont pas informés et ne comprennent pas pourquoi certaines entreprises inscrivent des notes négatives sur leurs dossiers. Et ça, le projet de loi est complètement silencieux sur cette question-là. Donc, oui, c'est un pas dans la bonne direction, le projet de loi du ministre Girard, mais il est incomplet, et il y aura beaucoup de travail à faire en commission parlementaire pour l'améliorer.

Ceci étant dit, encore une fois, parlons de la manière. De quelle manière le gouvernement a mené le débat sur Desjardins? Il l'a mené de la même manière qu'il mène tous les débats, c'est-à-dire : mépris des oppositions, refus d'un travail transpartisan, commission-minute expéditive pour ensuite arriver avec un rapport sans recommandation et dire : Nous, on a nos projets de loi, nos intentions, puis les autres parlementaires, bien, ils seront spectateurs de notre action. Je pense que la manière de procéder, dans le dossier Desjardins, c'est la même manière de procéder que dans l'ensemble des dossiers de la part du gouvernement.

Mme Gamache (Valérie) : Bonjour. Moi, je ne veux pas aller dans le passé, je vais aller dans l'avenir. Comme vous l'avez dit, la manière de gérer l'Assemblée nationale, les travaux au salon bleu... Est-ce que vous souhaitez que la prochaine session parlementaire débute, justement, peut-être par une autre rencontre entre les leaders pour qu'on établisse peut-être un meilleur climat à l'Assemblée nationale pour le bénéfice des débats?

M. Nadeau-Dubois : Bien, je pense que vous nous avez vus aller, je pense que vous m'avez vu aller aussi comme leader parlementaire, cette session-ci, nous, on est les premiers à souhaiter un débat qui soit respectueux puis qui soit productif, c'est-à-dire qu'on ait des débats passionnés, voire houleux, mais que ça se fasse de manière à ce qu'on ait des débats de fond. Ce n'est pas ça, l'automne qu'on a eu.

Une autre rencontre des leaders? Pourquoi pas? Moi, je vais y être s'il y en a une. Par contre, ce qu'on a besoin, c'est moins de se rencontrer que de transformer nos manières de faire. Puis ça, ce n'est pas les rencontres qui vont le faire, c'est les partis eux-mêmes qui peuvent évoluer. Et la balle, elle est, avant tout, dans le camp du gouvernement.

Le leader du gouvernement, là, c'est lui qui donne le la en matière de climat ici à l'Assemblée nationale. Si le leader du gouvernement continue à avoir la même arrogance, la même difficulté... en fait, non, pardon, la même incapacité chronique à générer des consensus, on aura beau, nous, les oppositions, travailler bien fort pour être de bonne humeur, si le climat qui est donné par le leader du gouvernement, c'est un climat d'affrontement puis de non-collaboration avec les oppositions, nos efforts, comme oppositions, vont être vains malheureusement.

Mme Gamache (Valérie) : Et qu'est-ce qu'on souhaite à Québec solidaire sous le sapin?

Mme Massé : Merci de poser la question, parce que... Noël s'en venant. Je vous dirais, très sincèrement, que j'aimerais voir, en 2020, un plan réel qui va nous permettre d'atteindre les objectifs de diminution de gaz à effet de serre qu'on doit atteindre et l'interdiction des hydrocarbures, tant de l'exploitation que de l'exploration. Je pense que ça serait les deux meilleurs cadeaux. Parce que, comme ça, on ne serait pas obligés de se rendre à notre ultimatum, le 1er octobre 2020, parce que notre travail aura résonné, et le gouvernement de la CAQ aura compris qu'il doit agir dans un réel sens de contrer l'urgence climatique.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour. Question pour Mme Dorion, si vous permettez.

La Modératrice : On va le prendre en aparté par la suite. Ça va être juste...

M. Bellerose (Patrick) : Bien, en fait, c'est une question... C'est comme un bilan sur la session?

La Modératrice : Oui, c'est ça, c'est les porte-parole qui s'en occupent pour ce matin.

M. Bellerose (Patrick) : Est-ce que Mme Dorion va être disponible par après?

M. Nadeau-Dubois : Elle sera disponible après, ne vous inquiétez pas, oui, oui, tout le monde est disponible après.

M. Bellerose (Patrick) : Juste savoir, peut-être, M. Nadeau-Dubois, qu'est-ce que vous pensez du style de gestion de François Legault, qui agit par un troisième bâillon, demain, et qui menace de loi spéciale pour obtenir ce qu'il veut avec les médecins?

M. Nadeau-Dubois : C'est un mode... Comment dire? C'est une manière de gouverner qui est typique des gouvernements conservateurs. Il y a un mépris de la délibération, il y a un mépris du travail parlementaire, parce que c'est vu comme une perte de temps, c'est vu comme un obstacle à son action gouvernementale, alors que ça devrait être un des ingrédients d'une bonne action gouvernementale. Et ça, ce mépris de la délibération, le fait de voir la délibération et le débat comme une perte de temps puis une inutilité, c'est typique de la mentalité conservatrice.

Et M. Legault ne s'en défend même pas, hein? Quand il dit, là : Moi, là, vos patentes à gosses de consultations puis de commissions parlementaires, là, c'est du niaisage, il le dit avec humour, mais, au fond, qu'est-ce qu'il est en train de dire? Que la consultation, la délibération, le débat démocratique, bien, que ça lui est pénible. Et ça, c'est un mauvais message à envoyer quand on est premier ministre.

M. Bellerose (Patrick) : Il y a votre ultimatum 2020, là, qui est toujours en cours jusqu'à l'automne prochain. Qu'est-ce que le gouvernement Legault doit faire, dans la prochaine session, pour entamer le parcours nécessaire, disons, pour éviter un blocage?

Mme Massé : Bien, c'est plate parce qu'il a perdu encore une session cet automne. Nous, ça fait depuis le mois de mars dernier qu'on lui dit qu'on veut collaborer pour assurer qu'on n'arrive pas, justement, à ce barrage parlementaire et populaire.

Mais je le répète, trois conditions, trois critères : un, c'est un plan de lutte aux changements climatiques qui va nous permettre d'atteindre les cibles du GIEC, parce que c'est eux, les experts mondiaux, parce que c'est eux qui peuvent nous indiquer la voie à suivre; deuxièmement, que ce plan-là soit validé par des indépendants pour nous assurer que ce n'est pas juste de la poudre aux yeux mais bien nous permettre d'atteindre l'objectif; et, troisièmement, l'interdiction de l'exploitation et de l'exploration gazières et pétrolières. Ça fait que c'est ça, les trois conditions. Il le sait.

Et pourtant, la CAQ, je réitère, elle s'est encore traîné les pieds. Dans la dernière session, le gouvernement a pris un autre six mois de trop. Et je ne sais pas comment M. Charette va arriver à la COP25, mais c'est sûr que, pour nous, les gestes majeurs comme ceux-là, il a tardé à les faire. Mais il reste encore jusqu'au 1er octobre.

M. Bellerose (Patrick) : Merci.

La Modératrice : M. Béland.

M. Béland (Gabriel) : Bonjour. Vous accusez la CAQ d'écoblanchiment, vous dites qu'elle n'en fait pas suffisamment sur la question des changements climatiques. Et Mme Massé, vous citez votre meilleur coup comme étant la motion sur l'urgence climatique. Mais, si j'emprunte votre lecture, cette motion-là adoptée par le gouvernement, c'est peut-être le plus bel exemple d'écoblanchiment. Est-ce qu'elle n'a pas servi le gouvernement finalement? Est-ce que ce n'est pas une balle facile, une balle donnée que vous lui avez faite?

Mme Massé : Bien, écoutez, quand on adopte unanimement une motion, si on ne sent pas un poids moral, comme gouvernement ou comme opposition, d'agir dans le sens de la motion... Bien, je pense, c'est plus à M. Legault, que vous devriez poser la question, pas à moi. Moi, ce que je sais, c'est : les discussions qu'on a faites pour nous assurer que la Déclation d'urgence climatique soit adoptée, ce n'était pas juste des mots, ça veut dire des gestes. Alors, je vous invite à le questionner.

M. Bergeron (Patrice) : Bonjour à vous tous. Patrice Bergeron, de LaPresse canadienne. Dites-moi, par rapport à pareille date l'an dernier, vous diriez, en quoi votre groupe parlementaire a-t-il progressé?

Mme Massé : Bien, moi... Je peux y aller, puis tu me diras. Premièrement, on a pris beaucoup d'expérience. Si vous regardez, à pareille date, l'an passé, 80 % de notre caucus siégeait pour la première fois. Aujourd'hui, quand je repense... Et je vous en ai nommé, d'entrée de jeu, des bons coups, je dirais, qui ont été faits par l'ensemble des parlementaires, que ce soit en période de questions, que ce soit au niveau des commissions parlementaires, au niveau des mandats d'initiative, je pense, sur le terrain. Je parlais d'Alexandre, avec le SRB, je parlais de Sol avec les terres des Soeurs de la Charité, bref, des parlementaires sur le terrain, des parlementaires dans leur rôle ici, à l'Assemblée nationale, qui ont pris beaucoup d'expérience et desquels nous sommes très fiers.

M. Bergeron (Patrice) : Avez-vous quelque chose à ajouter, M. Nadeau-Dubois?

M. Nadeau-Dubois : La question de l'expérience, je pense que tout le monde le voit. On le voit que Québec solidaire, quand même, on est arrivés avec un caucus qui était à 80 % novice, qui n'avait jamais siégé à l'Assemblée nationale, et on a fait notre place ici, au Parlement, on s'est imposé dans l'ensemble des travaux parlementaires. C'est sûr que ça a pris quelques mois parce qu'il fallait apprendre le métier pour plusieurs de mes collègues. Maintenant, on est des incontournables dans l'ensemble des débats, ici, qui se déroulent à l'Assemblée nationale. Je pense qu'on n'était pas encore là, l'an dernier, parce qu'on était encore sur notre courbe d'apprentissage.

Mme Massé : Et je ferais une petite étoile à notre leader, hein, parce que ce n'est pas... lui, ça faisait juste un an qu'il siégeait. Alors, on mange nos croûtes vite.

M. Bergeron (Patrice) : Et, si vous permettez, la question serait adressée à votre collègue de Taschereau, mais...

La Modératrice : On va venir sur le côté par la suite, comme j'ai dit à votre collègue.

M. Bergeron (Patrice) : O.K. Mais donc... je vais la poser, donc, aux porte-parole. Vous avez pris part hier à une cérémonie au salon rouge. Vous y avez tous pris part, pratiquement. Est-ce que vous diriez qu'en rétrospective c'était le bon endroit pour faire une blague?

Mme Massé : Non. Bien, écoutez, je pense qu'on a déjà reconnu, là... Catherine s'est déjà excusée le lendemain, le jour même, sur la question de l'endroit. Ceci étant dit, le salon rouge est parfois aussi... il y a des commissions parlementaires, il y a des prises de parole publiques. Il n'y a pas seulement des commémorations, là. Mais là-dessus, on se le dit, là, déjà, on avait rappelé qu'on s'était trompés, que ce n'était pas un bon endroit.

M. Nadeau-Dubois : Ça a déjà été reconnu. Voilà.

La Modératrice : Est-ce qu'il y a des dernières questions en français?

M. Bossé (Olivier) : Oui. 2020; une ou deux résolutions que vous pouvez faire mieux ou plus.

Mme Massé : Je vous dirais, nous, il faut absolument continuer à faire le travail. Maintenant, on a une année d'expérience, on comprend mieux l'ensemble des rouages, et, dans ce sens-là, je pense qu'on... devenir plus performants pour 2020 serait la bonne chose. Et je dirais, peut-être, arriver à l'heure, tout le monde, aux réunions serait une bonne résolution pour 2020.

Une voix : Wo! Ça, c'était un message.

M. Nadeau-Dubois : On ne nomme pas de noms.

Mme Massé : Je ne nomme pas de nom.

Des voix : Ha, ha, ha!

M. Nadeau-Dubois : Mais ça, comme leader, je suis obligé quand même d'être d'accord avec le dernier point de Manon. Mais plus politiquement, disons, je pense que notre insistance sur les changements climatiques, il faut la conserver. Je pense que, pour imposer le sujet dans l'espace public, par contre, il faut travailler encore plus fort. On pose des questions sur l'enjeu des changements climatiques, on dépose des motions, on n'est pas toujours capables d'imposer dans les médias la question des changements climatiques. Il faut trouver des nouveaux angles, il faut être encore plus originaux, encore plus inventifs pour que cette question-là des changements climatiques, on l'inscrive dans le débat public, pas seulement dans le débat parlementaire.

On y arrive par moments. On y est arrivés avec la déclaration d'urgence climatique. Mais souvent nos gestes qu'on fait ici sur les changements climatiques ne traversent pas le mur médiatique. Et là, nous, on a un travail à faire d'originalité, d'inventivité pour vraiment faire de cet enjeu-là pas seulement un enjeu parlementaire, mais un enjeu de débat public. Puis on a devant nous un gouvernement qui refuse... bien, qui va tout faire pour étouffer le sujet et qui va tout faire pour que ça ne fasse pas de vagues, la question des changements climatiques. Ça fait que nous, il faut redoubler d'ardeur, travailler encore plus fort pour que la question des changements climatiques soit au coeur de l'agenda politique puis au coeur du débat public, puis on n'est pas toujours capables de le faire.

Mme Massé : Et d'ailleurs ça va commencer aujourd'hui parce qu'on dépose ce matin une motion qu'on souhaite bien voir le gouvernement de la CAQ appuyer non pas seulement en paroles, mais aussi en gestes. Puisque le ministre s'en va à la COP25, il a besoin de savoir si le Parlement du Québec considère qu'on doit maintenir le réchauffement de la planète en-deça du 2°. Alors, vous verrez, il y aura une motion au jeu tantôt. On s'attend à ce qu'ils appuient cette motion-là.

Mme Senay (Cathy) : Good morning. There are other governments that had invoked closure in the past. So, when we talk about three times since the CAQ took power, that now the CAQ is invoking closure for a third bill, why should citizens be worried about this?

M. Nadeau-Dubois : Citizens should be worrying about this because only 37 % of them voted for the Coalition avenir Québec. Our bizarre electoral system has the consequence that they have a strong majority in the number of seats here, but in terms of popular approval they had only 37 % of the vote. So, the vast majority of voters in Québec did not vote for the Coalition avenir Québec. So, the oppositions, in that context, are speaking in fact for the majority of the electors in Québec. So, when a Government systematically decides to shut down the opposition, they're shutting down the voices, millions of voices of people who voted for other political parties than the Coalition avenir Québec. So, yes, it is not only a Parliament gimmick, it is a democratic problem.

Mme Senay (Cathy) : You said in French that it's a declared war, the Ministers declared war to any opposition voices. Do you have the impression or are you asking concretely to Simon Jolin-Barrette, basically, to... ask the Premier to remove Simon Jolin-Barrette from his job as Government House Leader?

M. Nadeau-Dubois : Simon Jolin-Barrette receives his indications by Mr. Legault. So, changing the person in the seat beside Mr. Legault will not change the way the Government works. The solution is not to change the person who is the House Leader. The solution is that Mr. Legault sends a message to all his ministers, starting with his House Leader, that democracy has to work here and that democracy is not a thorn in the side of the Government, it is something that they have to work with. And François Legault, as a Prime Minister, has to send that message to everyone, starting with Simon Jolin-Barrette.

Mme Kline (Amanda) : Good morning. When you are talking about Bill 34, specifically, when you hear Mr. Legault say : We debated 100 hours on this, he said, last week, that this is something the majority of Quebeckers want to go through, what's your reaction when you hear things like that?

M. Nadeau-Dubois : Well, there is absolutely no data to support Mr. Legault's claim that the majority of Quebeckers are behind this bill. There is no data to support that claim. First. Secondly, that whole discourse about taking too much time in commission is symptomatic of Mr. Legault's mentality and conception of democracy. And it's a conception of democracy that is typical of Conservative Parties to see deliberation, to see debate and consultations as a waste of time. We think it's not a waste of time, it's a condition of a healthy democracy.

Mme Kline (Amanda) : Merci.

Mme Fletcher (Raquel) : Good morning. Simon Jolin-Barrette is not a very well-liked guy here, at the National Assembly.

M. Nadeau-Dubois : You should ask his colleagues.

Mme Fletcher (Raquel) : If he is... You know, he wears a lot of hats.

M. Nadeau-Dubois : Of maths?

Mme Fletcher (Raquel) : Hats. He wears a lot of hats.

M. Nadeau-Dubois : Hats, yes, yes.

Mme Fletcher (Raquel) : He is the Minister of the Government, he is, in many ways, the face of the Government on a lot of different projects. When you see him and you see the way that he acts in the National Assembly, how do you characterize that? What do you think he represents for the Government?

M. Nadeau-Dubois : I think, Mr. Jolin-Barrette should apply to himself what he wants to apply to the immigration policies in Québec. He should take a little bit less, but take care of it — «en prendre moins, mais en prendre soin». Because we have a Minister that is so in a hurry to apply his policies that he is forgetting that Parliamentary debate is not a problem, it's not an obstacle to a Government governing, it is an integral part of what a Government has to consider when writing policies. And that obsession with efficiency is not a virtue, it is a default because it implies shutting down opposition voices inside and outside the Parliament.

Mme Fletcher (Raquel) : Manon Massé, in your opening remarks, you spoke a little bit about each one of your teammates, I guess, you were saying some positive things about them. It's been a year, you have a lot of new MNAs, you've had some time to get your feet wet, I guess. And it seems like you might have learned some things. You mentioned Mme Labrie and some of the harassment that she has received in this past year. Could you speak a little bit about that, about some of the... for some of the new MNAs, particularly the women, in your caucus, it seems like it's been a challenging year for you.

Mme Massé : If I understand well the question, I'll say that in... You want to know how women in my caucus feel their one last year?

Mme Fletcher (Raquel) : Yes.

Mme Massé : If I understand well, maybe you can ask them after that, but I heard a lot about how it's good to work with this caucus because a lot of respect is inside the caucus. So it's good for us. Same thing for me and Gabriel, we try equally, you know. And I heard too that it's hard to have this new life with... because a lot of them have children, same thing for the boys, so it's hard to be, you know, on the field in our ridings, to be here, to be in «commission parlementaire». So, it's a big job. But I think they do it very... «de façon exceptionnelle».

And, you know, what Christine read in the Chamber two weeks ago... last week, it's all words that women in my caucus receive. That's all insults that women in my caucus receive. So, I think the holiday will be good for everyone of us to just have a break and remember that we are here exactly for this reason, to stop this violence against women.

Des voix : Merci beaucoup.

Mme Massé : Allons-y!

M. Nadeau-Dubois : Merci, tout le monde.

(Fin à 8 h 57)

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