(Huit heures vingt-trois minutes)
Mme Massé : Alors, bonjour, tout
le monde. L'automne tire à sa fin, je pense qu'on a hâte de retrouver nos
familles, de nous retrouver dans nos circonscriptions pour finir cette année
avec nos concitoyens, concitoyennes, nos enfants, nous amoureux, nos amoureuses.
Bref, grosse année 2020. Mais, avant de vous souhaiter un joyeux temps des
fêtes, je voulais prendre un moment pour revenir sur l'automne.
Je vous dis ce que j'ai dit à mon caucus
cette semaine, je suis particulièrement fière de l'automne qu'on a connu à Québec
solidaire. Grâce au sérieux et à la pertinence de notre travail, nous avons
fait la preuve de notre leadership.
C'est Québec solidaire qui a mené l'Assemblée
nationale à déclarer formellement l'état d'urgence climatique.
C'est Québec solidaire qui a mené le Québec
à adopter enfin la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples
autochtones, une avancée majeure dans nos relations avec les Premières Nations
et les Inuits.
C'est Québec solidaire qui a forcé le gouvernement
à faire ses angles morts en matière d'environnement, de logement, d'inégalités
économiques, de patrimoine, de démocratie.
Je veux prendre un moment pour souligner le
travail exceptionnel de chaque député cet automne.
Émilise Lessard-Therrien a braqué les
projecteurs sur le scandale de l'arsenic à Rouyn-Noranda. Face à des ministres
qui ne voulaient rien savoir, elle a refusé de lâcher le morceau et, avec la
ville de Rouyn-Noranda, elle a finalement obtenu un comité interministériel
pour prendre enfin en main le dossier. Elle a mis la CAQ dans l'eau chaude plus
d'une fois en luttant sur la question du transport collectif interrégional.
Tout le monde de Sherbrooke la connaissait
déjà, mais, cet automne, le Québec a découvert Christine Labrie. La pertinence
de ses interventions sur les commissions scolaires et les maternelles quatre
ans font la vie dure au ministre Roberge. Je veux la remercier particulièrement
de sa franchise sur l'intimidation vécue par les femmes en politique. Elle a
parlé pour nous toutes.
Vincent Marissal a passé l'automne à
défendre les 4 millions, les victimes de la fuite chez Desjardins. Vincent
est l'un des rares parlementaires à comprendre exactement l'importance de la
protection des données personnelles. Il a aussi présenté son premier projet de
loi, je crois... oui, hein?, son premier projet de loi pour instaurer un
directeur parlementaire du budget. Comme ça serait utile! Avec Vincent à
l'Assemblée, les contribuables sont bien défendus.
Alexandre Leduc a joué un rôle de premier
plan pour s'assurer que la nouvelle direction de l'UPAC soit consensuelle. Il a
forcé le ministre Boulet à admettre que la CAQ n'allait rien faire pour les
petits travailleurs, travailleuses. Dans son comté, il travaille le terrain et
il a réussi à obtenir le prolongement du SRB Pie-IX jusqu'à la rue Notre-Dame.
Ce n'est pas rien.
Les étudiants étrangers touchés par la
réforme désastreuse du PEQ ont pu compter sur un allié indéfectible, Andrés
Fontecilla. Andrés s'est imposé comme la voix des locataires au Québec, il a
tiré la sonnette d'alarme sur l'augmentation des rénovictions. À Montréal, c'est
un fléau. Et il a réussi... et il a forcé, pardon, le gouvernement du Québec à
reconnaître qu'il y avait une crise du logement au Québec. Son dévouement à la
cause des enfants fait de lui un ajout essentiel à la commission Laurent aussi.
Ruba Ghazal ne se laisse pas
impressionner, vous l'avez vu, et elle ne se laisse pas impressionner,
notamment, par l'écoblanchiment de la CAQ. On parle de consigne du verre,
depuis que je suis au Parlement, mais c'est grâce à Ruba et sa détermination si
nous avons enfin un réel espoir de voir consigner le verre au Québec. Je veux
aussi rappeler que Ruba a obtenu des gains concrets pour les chauffeurs de
taxi. Elle s'est battue jusqu'à la fin. Elle va aussi nous représenter à la
COP25, la semaine prochaine, et honnêtement, si j'étais Benoit Charette, je
ferais attention avant de vanter le bilan du Québec.
Les gens de Taschereau ont de quoi être
fiers de leur députée, Catherine Dorion. Ses propositions audacieuses sur la
protection du patrimoine, le rôle du Québec dans le monde et les GAFAM ont été
ses dossiers majeurs à l'automne dernier. Sa campagne pour la qualité de
l'information et la diversité de presse trouve écho dans le modèle coopératif
adopté par les journaux Capitales Médias. La franchise de Catherine est un vent
de fraîcheur à l'Assemblée nationale.
Et le dernier, et non le moindre, Sol
Zanetti, qui a habilement montré, toute la session, qu'en santé rien n'a changé
depuis le temps des libéraux. Hier encore, il faisait une démonstration
éloquente, mais inquiétante, de l'omerta dans le réseau de la santé. Sol
démasque avec autant d'aplomb le faux nationalisme de la CAQ. Dans Jean-Lesage,
il a mené une mobilisation pour sauver les terres des Soeurs de la Charité et
défendre le droit du Québec de protéger les citoyens face au port de Québec.
Je vais laisser mon co-porte-parole
compléter le bilan, mais, avant de lui passer la parole, je veux le remercier
pour son travail acharné. D'ailleurs, Paul Larocque a dit de Gabriel qu'il
était peut-être le plus jeune des leaders parlementaires, mais le plus mature.
Et là-dessus, je suis bien d'accord avec lui. L'automne dernier, on l'a vu
aller.
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Manon. On pourrait parler très longtemps, on pourrait parler des heures ce
matin du bilan de la session parlementaire du gouvernement de la Coalition
avenir Québec. On pourrait parler longtemps de leur absence totale de sérieux
en matière de lutte aux changements climatiques, de la désastreuse réforme du
PEQ, de leur nationalisme de façade, et ainsi de suite. Mais moi, comme leader
parlementaire, ce qui m'a le plus marqué, c'est la manière. On a l'impression
que le Parlement, les institutions démocratiques, le pouvoir législatif, que
tout ça, ça dérange la Coalition avenir Québec.
Simon Jolin-Barrette se comporte comme si
le salon bleu, c'était son salon. Il bouscule, il impose, il fonce. Et la saga
Desjardins en est l'exemple le plus spectaculaire. Après avoir refusé trois
fois les demandes des oppositions d'entendre Desjardins en commission
parlementaire, il a décrété une commission-minute expéditive, dont il a dicté
les règles et les invités. Le résultat était prévisible : un rapport sans
recommandation, sans dent.
Plus tard, cette semaine, c'est Benoit
Charette qui a eu le même manque de considération pour les parlementaires. Il a
commis un outrage au Parlement en prenant neuf mois pour déposer le rapport
stratégique du Conseil de gestion du Fonds vert, un organisme qui, ça tombe bien...
il souhaite justement abolir. À ce jour, il refuse toujours de s'excuser pour
ce manque de respect à l'égard des députés de l'Assemblée nationale du Québec.
Mercredi, c'était le ministre Lacombe, le
ministre de la Famille, qui nous a annoncé, dans une belle publicité dans un
journal local, que le projet de loi sur les commissions scolaires était déjà
adopté alors qu'on vient à peine d'en commencer l'étude détaillée.
En bon français, tout ça, ça s'appelle un
pattern. Les ministres de la CAQ n'écoutent personne, pas les oppositions, pas
les experts, pas le public, personne. Et pour que personne ne puisse, justement,
les contredire, bien, ils ont déclaré la guerre au contre-pouvoir.
Le projet de loi n° 34 va mettre la
Régie de l'énergie sur la touche. L'élimination de la démocratie scolaire va
concentrer les pouvoirs entre les mains du ministre de l'Éducation. La réforme
de la gouvernance du Fonds vert va permettre à Benoit Charette de traiter le
Fonds vert comme M. Fitzgibbon traite déjà Investissement Québec, c'est-à-dire
comme sa petite caisse personnelle.
Ça, c'est un pattern et c'est un pattern
qui devrait nous inquiéter. En démocratie, les contre-pouvoirs, ce n'est pas
des décorations. En démocratie, les contre-pouvoirs, ce n'est pas là pour faire
joli, c'est pour freiner les mauvais réflexes des politiciens, c'est pour
empêcher les abus, c'est pour garder le public informé.
Il y a un mot qui revient souvent chez les
analystes pour décrire l'automne de la CAQ. Ce mot-là qui revient beaucoup,
c'est «improvisation». Moi, je trouve que c'est donner trop de crédit à la CAQ
que de parler d'improvisation. Je pense que ce gouvernement-là a les deux mains
sur le volant, il sait très bien où il s'en va et il tourne à droite. Ce qu'on
voit comme de l'improvisation, c'est en fait de l'idéologie, une idéologie conservatrice,
et les Québécois, plus le temps va passer, vont découvrir cette idéologie-là,
et, on en est convaincus, ils vont finir par décrocher. Merci.
La Modératrice
: ...on
va passer à la période de questions. On vous demanderait, évidemment, de vous
concentrer à une question, une sous-question, puisque vous êtes nombreux. M.
Laforest.
M. Laforest (Alain) :
Messieurs, dames, bonjour. Je n'aurais peut-être pas de sous-question, ça va
dépendre de la réponse.
Mme Massé : Réservez-vous ce
droit-là.
M. Laforest (Alain) : Un bon
coup, un mauvais coup.
Mme Massé : Un bon coup. Bien,
je pense que la déclaration que l'Assemblée nationale déclare l'urgence
climatique, je pense que c'est vraiment un bon coup pour Québec solidaire. Plusieurs
citoyens à travers la planète nous envient d'avoir réussi à créer l'unanimité
ici, au Parlement, autour de l'urgence climatique.
Un mauvais coup. Je vous dirais, fort probablement,
ma grande déception, qu'on n'ait pas réussi à faire bouger le ministre Roberge
d'un iota concernant les maternelles quatre ans, malgré le fait... malgré le
travail acharné, je dirais, de nos députés et particulièrement de Christine
Labrie. Je trouve que là-dessus on aurait aimé «scorer» mieux, comme on dit.
M. Laforest (Alain) : Je vais
me réserver le droit de ma sous-question. Est-ce que tout le débat entourant
l'habillement n'a pas nui un peu à faire passer votre message?
Mme Massé : Vous savez, M.
Laforest, Québec solidaire dérange, a dérangé et va continuer de déranger. C'est
dans notre ADN de bousculer, et Catherine est une, aussi, de nos députés qui
bousculent. Mais, ceci étant dit, à travers l'année, ça ne nous a pas empêchés
de faire notre travail. Au contraire, on a continué à rappeler nos priorités,
les gens nous ont entendus. Moi, je pense qu'à la longue, là, on va se rendre
compte que Québec solidaire marche toujours dans le même sens.
Mme Crête (Mylène) :
Bonjour. Vous décrivez le gouvernement Legault comme étant un gouvernement qui
suit un pattern, qui n'a pas tendance à respecter les contre-pouvoirs. En même
temps, on peut difficilement lui reprocher d'être inactif.
M. Nadeau-Dubois : Je pense
qu'en démocratie on peut être actif et démocrate en même temps. Trois bâillons
en six mois, là, ce n'est ni de l'activité ni de l'hyperactivité, c'est un
mépris du Parlement puis des oppositions. Livrer la marchandise, respecter ses
promesses, comme aime dire François Legault, là, c'est une qualité jusqu'à tant
que ça se fasse au détriment de la démocratie. Et là ce n'est plus une qualité,
ça devient un défaut, ça devient de l'entêtement, ça devient un mépris des institutions.
Mme Crête (Mylène) :
Et vous dites que, bon, on sait où s'en va la CAQ, bon, ils tournent à droite. En
même temps, avec le projet de loi que le ministre Girard a déposé hier, bon, il
propose de réglementer les agences de crédit. La droite n'a pas tendance à
suggérer davantage de réglementation.
M. Nadeau-Dubois : En effet, c'est
ce qu'on a vu notamment dans le domaine du taxi. Ça, c'était exactement dans la
lignée d'une droite qui n'a à la bouche que les mots «libre-marché» et
«déréglementation».
Sur la question des agences de crédit, le projet
de loi, c'est un pas dans la bonne direction, il faut le reconnaître. Mais il y
a un énorme trou, dans ce projet de loi là, et c'est l'encadrement des entreprises
qui peuvent inscrire des notes négatives sur les dossiers de crédit des gens.
En ce moment, les cotes de crédit, c'est
une boîte noire. Personne ne sait vraiment comment ça marche, et les principaux
concernés, les citoyens, citoyennes, souvent, ne sont pas informés et ne
comprennent pas pourquoi certaines entreprises inscrivent des notes négatives
sur leurs dossiers. Et ça, le projet de loi est complètement silencieux sur
cette question-là. Donc, oui, c'est un pas dans la bonne direction, le projet
de loi du ministre Girard, mais il est incomplet, et il y aura beaucoup de
travail à faire en commission parlementaire pour l'améliorer.
Ceci étant dit, encore une fois, parlons
de la manière. De quelle manière le gouvernement a mené le débat sur
Desjardins? Il l'a mené de la même manière qu'il mène tous les débats, c'est-à-dire :
mépris des oppositions, refus d'un travail transpartisan, commission-minute
expéditive pour ensuite arriver avec un rapport sans recommandation et dire :
Nous, on a nos projets de loi, nos intentions, puis les autres parlementaires,
bien, ils seront spectateurs de notre action. Je pense que la manière de
procéder, dans le dossier Desjardins, c'est la même manière de procéder que
dans l'ensemble des dossiers de la part du gouvernement.
Mme Gamache (Valérie) :
Bonjour. Moi, je ne veux pas aller dans le passé, je vais aller dans l'avenir.
Comme vous l'avez dit, la manière de gérer l'Assemblée nationale, les travaux
au salon bleu... Est-ce que vous souhaitez que la prochaine session parlementaire
débute, justement, peut-être par une autre rencontre entre les leaders pour
qu'on établisse peut-être un meilleur climat à l'Assemblée nationale pour le
bénéfice des débats?
M. Nadeau-Dubois : Bien, je
pense que vous nous avez vus aller, je pense que vous m'avez vu aller aussi
comme leader parlementaire, cette session-ci, nous, on est les premiers à
souhaiter un débat qui soit respectueux puis qui soit productif, c'est-à-dire
qu'on ait des débats passionnés, voire houleux, mais que ça se fasse de manière
à ce qu'on ait des débats de fond. Ce n'est pas ça, l'automne qu'on a eu.
Une autre rencontre des leaders? Pourquoi
pas? Moi, je vais y être s'il y en a une. Par contre, ce qu'on a besoin, c'est
moins de se rencontrer que de transformer nos manières de faire. Puis ça, ce
n'est pas les rencontres qui vont le faire, c'est les partis eux-mêmes qui
peuvent évoluer. Et la balle, elle est, avant tout, dans le camp du gouvernement.
Le leader du gouvernement, là, c'est lui
qui donne le la en matière de climat ici à l'Assemblée nationale. Si le leader
du gouvernement continue à avoir la même arrogance, la même difficulté... en
fait, non, pardon, la même incapacité chronique à générer des consensus, on
aura beau, nous, les oppositions, travailler bien fort pour être de bonne
humeur, si le climat qui est donné par le leader du gouvernement, c'est un
climat d'affrontement puis de non-collaboration avec les oppositions, nos
efforts, comme oppositions, vont être vains malheureusement.
Mme Gamache (Valérie) : Et
qu'est-ce qu'on souhaite à Québec solidaire sous le sapin?
Mme Massé : Merci de poser la
question, parce que... Noël s'en venant. Je vous dirais, très sincèrement, que
j'aimerais voir, en 2020, un plan réel qui va nous permettre d'atteindre les objectifs
de diminution de gaz à effet de serre qu'on doit atteindre et l'interdiction
des hydrocarbures, tant de l'exploitation que de l'exploration. Je pense que ça
serait les deux meilleurs cadeaux. Parce que, comme ça, on ne serait pas
obligés de se rendre à notre ultimatum, le 1er octobre 2020, parce que
notre travail aura résonné, et le gouvernement de la CAQ aura compris qu'il
doit agir dans un réel sens de contrer l'urgence climatique.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour. Question pour Mme Dorion, si vous permettez.
La Modératrice
: On va
le prendre en aparté par la suite. Ça va être juste...
M. Bellerose (Patrick) :
Bien, en fait, c'est une question... C'est comme un bilan sur la session?
La Modératrice
: Oui, c'est
ça, c'est les porte-parole qui s'en occupent pour ce matin.
M. Bellerose (Patrick) : Est-ce
que Mme Dorion va être disponible par après?
M. Nadeau-Dubois : Elle sera
disponible après, ne vous inquiétez pas, oui, oui, tout le monde est disponible
après.
M. Bellerose (Patrick) :
Juste savoir, peut-être, M. Nadeau-Dubois, qu'est-ce que vous pensez du style
de gestion de François Legault, qui agit par un troisième bâillon, demain, et
qui menace de loi spéciale pour obtenir ce qu'il veut avec les médecins?
M. Nadeau-Dubois : C'est un
mode... Comment dire? C'est une manière de gouverner qui est typique des gouvernements
conservateurs. Il y a un mépris de la délibération, il y a un mépris du travail
parlementaire, parce que c'est vu comme une perte de temps, c'est vu comme un
obstacle à son action gouvernementale, alors que ça devrait être un des
ingrédients d'une bonne action gouvernementale. Et ça, ce mépris de la
délibération, le fait de voir la délibération et le débat comme une perte de
temps puis une inutilité, c'est typique de la mentalité conservatrice.
Et M. Legault ne s'en défend même pas,
hein? Quand il dit, là : Moi, là, vos patentes à gosses de consultations
puis de commissions parlementaires, là, c'est du niaisage, il le dit avec
humour, mais, au fond, qu'est-ce qu'il est en train de dire? Que la consultation,
la délibération, le débat démocratique, bien, que ça lui est pénible. Et ça, c'est
un mauvais message à envoyer quand on est premier ministre.
M. Bellerose (Patrick) : Il y
a votre ultimatum 2020, là, qui est toujours en cours jusqu'à l'automne
prochain. Qu'est-ce que le gouvernement Legault doit faire, dans la prochaine
session, pour entamer le parcours nécessaire, disons, pour éviter un blocage?
Mme Massé : Bien, c'est plate
parce qu'il a perdu encore une session cet automne. Nous, ça fait depuis le
mois de mars dernier qu'on lui dit qu'on veut collaborer pour assurer qu'on
n'arrive pas, justement, à ce barrage parlementaire et populaire.
Mais je le répète, trois conditions, trois
critères : un, c'est un plan de lutte aux changements climatiques qui va
nous permettre d'atteindre les cibles du GIEC, parce que c'est eux, les experts
mondiaux, parce que c'est eux qui peuvent nous indiquer la voie à suivre; deuxièmement,
que ce plan-là soit validé par des indépendants pour nous assurer que ce n'est
pas juste de la poudre aux yeux mais bien nous permettre d'atteindre l'objectif;
et, troisièmement, l'interdiction de l'exploitation et de l'exploration gazières
et pétrolières. Ça fait que c'est ça, les trois conditions. Il le sait.
Et pourtant, la CAQ, je réitère, elle
s'est encore traîné les pieds. Dans la dernière session, le gouvernement a pris
un autre six mois de trop. Et je ne sais pas comment M. Charette va arriver à
la COP25, mais c'est sûr que, pour nous, les gestes majeurs comme ceux-là, il a
tardé à les faire. Mais il reste encore jusqu'au 1er octobre.
M. Bellerose (Patrick) :
Merci.
La Modératrice
: M.
Béland.
M. Béland (Gabriel) :
Bonjour. Vous accusez la CAQ d'écoblanchiment, vous dites qu'elle n'en fait pas
suffisamment sur la question des changements climatiques. Et Mme Massé, vous
citez votre meilleur coup comme étant la motion sur l'urgence climatique. Mais,
si j'emprunte votre lecture, cette motion-là adoptée par le gouvernement, c'est
peut-être le plus bel exemple d'écoblanchiment. Est-ce qu'elle n'a pas servi le
gouvernement finalement? Est-ce que ce n'est pas une balle facile, une balle
donnée que vous lui avez faite?
Mme Massé : Bien, écoutez,
quand on adopte unanimement une motion, si on ne sent pas un poids moral, comme
gouvernement ou comme opposition, d'agir dans le sens de la motion... Bien, je
pense, c'est plus à M. Legault, que vous devriez poser la question, pas à moi.
Moi, ce que je sais, c'est : les discussions qu'on a faites pour nous
assurer que la Déclation d'urgence climatique soit adoptée, ce n'était pas
juste des mots, ça veut dire des gestes. Alors, je vous invite à le
questionner.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous tous. Patrice Bergeron, de LaPresse canadienne.
Dites-moi, par rapport à pareille date l'an dernier, vous diriez, en quoi votre
groupe parlementaire a-t-il progressé?
Mme Massé : Bien, moi... Je
peux y aller, puis tu me diras. Premièrement, on a pris beaucoup d'expérience.
Si vous regardez, à pareille date, l'an passé, 80 % de notre caucus
siégeait pour la première fois. Aujourd'hui, quand je repense... Et je vous en
ai nommé, d'entrée de jeu, des bons coups, je dirais, qui ont été faits par
l'ensemble des parlementaires, que ce soit en période de questions, que ce soit
au niveau des commissions parlementaires, au niveau des mandats d'initiative,
je pense, sur le terrain. Je parlais d'Alexandre, avec le SRB, je parlais de
Sol avec les terres des Soeurs de la Charité, bref, des parlementaires sur le
terrain, des parlementaires dans leur rôle ici, à l'Assemblée nationale, qui
ont pris beaucoup d'expérience et desquels nous sommes très fiers.
M. Bergeron (Patrice) :
Avez-vous quelque chose à ajouter, M. Nadeau-Dubois?
M. Nadeau-Dubois : La question
de l'expérience, je pense que tout le monde le voit. On le voit que Québec
solidaire, quand même, on est arrivés avec un caucus qui était à 80 %
novice, qui n'avait jamais siégé à l'Assemblée nationale, et on a fait notre
place ici, au Parlement, on s'est imposé dans l'ensemble des travaux parlementaires.
C'est sûr que ça a pris quelques mois parce qu'il fallait apprendre le métier
pour plusieurs de mes collègues. Maintenant, on est des incontournables dans
l'ensemble des débats, ici, qui se déroulent à l'Assemblée nationale. Je pense
qu'on n'était pas encore là, l'an dernier, parce qu'on était encore sur notre
courbe d'apprentissage.
Mme Massé : Et je ferais une
petite étoile à notre leader, hein, parce que ce n'est pas... lui, ça faisait
juste un an qu'il siégeait. Alors, on mange nos croûtes vite.
M. Bergeron (Patrice) : Et,
si vous permettez, la question serait adressée à votre collègue de Taschereau,
mais...
La Modératrice
: On va
venir sur le côté par la suite, comme j'ai dit à votre collègue.
M. Bergeron (Patrice) : O.K.
Mais donc... je vais la poser, donc, aux porte-parole. Vous avez pris part hier
à une cérémonie au salon rouge. Vous y avez tous pris part, pratiquement.
Est-ce que vous diriez qu'en rétrospective c'était le bon endroit pour faire
une blague?
Mme Massé : Non. Bien, écoutez,
je pense qu'on a déjà reconnu, là... Catherine s'est déjà excusée le lendemain,
le jour même, sur la question de l'endroit. Ceci étant dit, le salon rouge est
parfois aussi... il y a des commissions parlementaires, il y a des prises de
parole publiques. Il n'y a pas seulement des commémorations, là. Mais
là-dessus, on se le dit, là, déjà, on avait rappelé qu'on s'était trompés, que
ce n'était pas un bon endroit.
M. Nadeau-Dubois : Ça a déjà
été reconnu. Voilà.
La Modératrice
: Est-ce
qu'il y a des dernières questions en français?
M. Bossé (Olivier) : Oui.
2020; une ou deux résolutions que vous pouvez faire mieux ou plus.
Mme Massé : Je vous dirais,
nous, il faut absolument continuer à faire le travail. Maintenant, on a une
année d'expérience, on comprend mieux l'ensemble des rouages, et, dans ce
sens-là, je pense qu'on... devenir plus performants pour 2020 serait la bonne
chose. Et je dirais, peut-être, arriver à l'heure, tout le monde, aux réunions serait
une bonne résolution pour 2020.
Une voix
: Wo! Ça,
c'était un message.
M. Nadeau-Dubois : On ne nomme
pas de noms.
Mme Massé : Je ne nomme pas de
nom.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Nadeau-Dubois : Mais ça, comme
leader, je suis obligé quand même d'être d'accord avec le dernier point de
Manon. Mais plus politiquement, disons, je pense que notre insistance sur les changements
climatiques, il faut la conserver. Je pense que, pour imposer le sujet dans
l'espace public, par contre, il faut travailler encore plus fort. On pose des questions
sur l'enjeu des changements climatiques, on dépose des motions, on n'est pas toujours
capables d'imposer dans les médias la question des changements climatiques. Il
faut trouver des nouveaux angles, il faut être encore plus originaux, encore
plus inventifs pour que cette question-là des changements climatiques, on
l'inscrive dans le débat public, pas seulement dans le débat parlementaire.
On y arrive par moments. On y est arrivés
avec la déclaration d'urgence climatique. Mais souvent nos gestes qu'on fait
ici sur les changements climatiques ne traversent pas le mur médiatique. Et là,
nous, on a un travail à faire d'originalité, d'inventivité pour vraiment faire
de cet enjeu-là pas seulement un enjeu parlementaire, mais un enjeu de débat
public. Puis on a devant nous un gouvernement qui refuse... bien, qui va tout
faire pour étouffer le sujet et qui va tout faire pour que ça ne fasse pas de
vagues, la question des changements climatiques. Ça fait que nous, il faut
redoubler d'ardeur, travailler encore plus fort pour que la question des changements
climatiques soit au coeur de l'agenda politique puis au coeur du débat public,
puis on n'est pas toujours capables de le faire.
Mme Massé : Et d'ailleurs ça
va commencer aujourd'hui parce qu'on dépose ce matin une motion qu'on souhaite
bien voir le gouvernement de la CAQ appuyer non pas seulement en paroles, mais
aussi en gestes. Puisque le ministre s'en va à la COP25, il a besoin de savoir
si le Parlement du Québec considère qu'on doit maintenir le réchauffement de la
planète en-deça du 2°. Alors, vous verrez, il y aura une motion au jeu tantôt.
On s'attend à ce qu'ils appuient cette motion-là.
Mme Senay (Cathy) : Good morning. There are other governments that had invoked closure in the past. So, when we talk about three
times since the CAQ took power, that now the CAQ is invoking closure for a
third bill, why should citizens be worried about this?
M. Nadeau-Dubois : Citizens should be worrying about this because only 37 % of
them voted for the Coalition avenir Québec. Our bizarre electoral system has the consequence that they have a
strong majority in the number of seats here, but in terms of popular approval
they had only 37 % of the vote. So, the vast majority of voters in Québec did not vote for the Coalition avenir Québec. So, the
oppositions, in that context, are speaking in fact for the majority of the
electors in Québec. So, when a Government systematically decides to shut
down the opposition, they're shutting down the voices, millions of voices of
people who voted for other political parties than the Coalition
avenir Québec. So, yes, it is not only a Parliament
gimmick, it is a democratic problem.
Mme Senay (Cathy) : You said in French that it's a declared war, the Ministers declared
war to any opposition voices.
Do you have the impression or are you asking concretely to Simon Jolin-Barrette, basically, to... ask the Premier to remove
Simon Jolin-Barrette from his job as Government House Leader?
M. Nadeau-Dubois :
Simon Jolin-Barrette receives his indications by Mr.
Legault. So, changing the person in the seat beside Mr. Legault will not change
the way the Government works.
The solution is not to change the person who is the House Leader. The solution
is that Mr. Legault sends a message to all his ministers, starting with his
House Leader, that democracy has to work here and that democracy is not a thorn
in the side of the Government,
it is something that they have to work with. And François
Legault, as a Prime Minister, has to send that message
to everyone, starting with Simon Jolin-Barrette.
Mme Kline (Amanda) : Good morning. When you are talking about Bill 34, specifically,
when you hear Mr. Legault say : We debated 100 hours on this, he said,
last week, that this is something the majority of Quebeckers
want to go through, what's your reaction when you hear things like that?
M. Nadeau-Dubois :
Well, there is absolutely no data to support Mr. Legault's claim that the
majority of Quebeckers are behind this bill. There is no data to support that
claim. First. Secondly, that whole discourse about taking too much time in
commission is symptomatic of Mr. Legault's mentality and conception of
democracy. And it's a conception of democracy that is typical of Conservative
Parties to see deliberation, to see debate and consultations as a waste of
time. We think it's not a waste of time, it's a condition of a healthy
democracy.
Mme Kline (Amanda) : Merci.
Mme Fletcher (Raquel) : Good morning. Simon Jolin-Barrette is not a very well-liked guy here, at the National
Assembly.
M. Nadeau-Dubois : You should ask his colleagues.
Mme Fletcher (Raquel) : If he is... You know, he wears a lot of hats.
M. Nadeau-Dubois : Of maths?
Mme Fletcher (Raquel) : Hats. He wears a lot of hats.
M. Nadeau-Dubois : Hats, yes, yes.
Mme Fletcher (Raquel) : He is the Minister of the Government, he is, in many ways, the face of the Government on a lot of different projects. When you see him and you see the
way that he acts in the National Assembly, how do you
characterize that? What do you think he represents for the Government?
M. Nadeau-Dubois :
I think, Mr. Jolin-Barrette should apply to himself what he wants to apply to
the immigration policies in Québec. He should take a little bit less, but take
care of it — «en prendre moins, mais en prendre soin». Because we
have a Minister that is so in a hurry to apply his
policies that he is forgetting that Parliamentary debate is not a problem, it's
not an obstacle to a Government
governing, it is an integral part of what a Government has to consider when writing policies. And that obsession with
efficiency is not a virtue, it is a default because it implies shutting down opposition voices inside and outside the
Parliament.
Mme Fletcher (Raquel) : Manon Massé, in your opening remarks, you spoke a little bit about
each one of your teammates, I guess, you were saying some positive things about
them. It's been a year, you have a lot of new MNAs, you've had some time to get
your feet wet, I guess. And it seems like you might have learned some things. You
mentioned Mme Labrie and some of the harassment that she has received in this
past year. Could you speak a little bit about that, about some of the... for
some of the new MNAs, particularly the women, in your caucus, it seems like
it's been a challenging year for you.
Mme Massé : If I understand well the question, I'll say that in... You want to know how women in my caucus feel
their one last year?
Mme Fletcher (Raquel) : Yes.
Mme Massé : If I understand well, maybe you can ask them after that, but I
heard a lot about how it's good to work with this caucus because a lot of
respect is inside the caucus. So it's good for us. Same thing for me and
Gabriel, we try equally, you know. And I heard too that it's hard to have this
new life with... because a lot of them have children, same thing for the boys,
so it's hard to be, you know, on the field in our ridings, to be here, to be in
«commission parlementaire». So,
it's a big job. But I think they do it very... «de façon exceptionnelle».
And, you know, what
Christine read in the Chamber two weeks ago... last week, it's all words that
women in my caucus receive. That's all insults that women in my caucus receive.
So, I think the holiday will be good for everyone of us to just have a break
and remember that we are here exactly for this reason, to stop this violence
against women.
Des voix
:
Merci beaucoup.
Mme Massé : Allons-y!
M. Nadeau-Dubois : Merci, tout
le monde.
(Fin à 8 h 57)