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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementaire du deuxième groupe d’opposition

Version finale

Le jeudi 5 décembre 2019, 12 h 35

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Douze heures trente-quatre minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour. On souhaitait d'abord réagir à la décision qui a été rendue par le président de l'Assemblée nationale au sujet de notre requête en outrage au Parlement. On veut dire que, bien, d'abord, c'est une bonne décision de la part du président de l'Assemblée nationale du Québec. C'est une décision documentée et surtout une décision claire. Le ministre a bel et bien commis un outrage au Parlement, à première vue. Et ça vient démontrer encore une fois l'attitude de ce gouvernement-là, une attitude empressée, une attitude arrogante où on croit qu'on peut tout faire, où on croit que parce qu'on a 76 députés on a la totalité du pouvoir. Il y a un manque chronique de respect pour les oppositions et les parlementaires du côté de la Coalition avenir Québec. Et cet outrage au Parlement de la part du ministre de l'Environnement en est une nouvelle démonstration.

Alors, on est satisfaits de la décision du président. On va analyser cette décision-là. Et on se garde la possibilité de poursuivre les démarches et d'inscrire une motion en vertu de l'article 315 de notre règlement pour faire la lumière sur la situation et déclencher une enquête officielle. Donc, bref, voilà une décision qui est, pour nous, satisfaisante et qui vient souligner une erreur grave, un geste antidémocratique de la part du ministre de l'Environnement.

On souhaite également réagir au dépôt par la ministre de la Justice et des Institutions démocratiques d'un grand amendement au sujet du projet de loi sur la réforme du mode de scrutin, des amendements qui viennent encadrer un éventuel référendum sur la question.

D'abord, il faut saluer ce geste-là. C'est un geste de transparence que pose la ministre aujourd'hui en nous déposant en amont, avant même les consultations, les amendements qui viennent préciser de quoi aurait l'air un éventuel référendum sur la réforme du mode de scrutin au Québec. On souhaiterait que tous les ministres de la Coalition avenir Québec aient cette transparence et cet esprit d'ouverture en déposant d'avance comme ça les amendements.

Ce que ces amendements-là nous permettent aujourd'hui, c'est au moins de savoir à quoi on a affaire. C'est-à-dire que maintenant on sait au moins de quoi aurait l'air cet éventuel référendum sur la réforme du mode de scrutin. Par contre, sur le fond, notre position reste la même. Pour nous, ce référendum-là, il n'est pas nécessaire. C'est une démarche qui est inutile puisque le consensus québécois, il existe puis il est fort en matière de réforme du mode de scrutin.

Par contre, il y a une question qui reste en suspens, et le dépôt de ces amendements-là vient relancer cette question-là, et la question, c'est : Quelle sera la position de François Legault comme premier ministre du Québec lors d'un éventuel référendum sur la réforme du mode de scrutin? Si ce référendum-là a lieu, comment va se positionner le premier ministre? C'est la grande question que vient relancer aujourd'hui le dépôt de ces amendements-là. Comment le premier ministre va se positionner dans un éventuel référendum si on en arrive là?

La seule position responsable, au vu de sa promesse électorale de réformer le mode de scrutin, c'est de s'afficher clairement en faveur du camp du oui, en faveur d'une réforme du mode de scrutin. Déjà que le premier ministre a brisé sa promesse de réformer le mode de scrutin dans ce mandat-ci, la moindre des choses, à ce stade-ci, maintenant qu'il se cache derrière un référendum, c'est d'assumer sa position et d'annoncer dès maintenant que, s'il y a référendum, il sera dans le camp du oui et il va publiquement, ouvertement faire campagne pour la réforme du mode de scrutin. Voilà.

Mme Crête (Mylène) : Qu'est-ce que vous pensez du projet de loi qui vient d'être déposé par le ministre Girard sur les agences de crédit?

M. Nadeau-Dubois : Je n'ai pas eu le temps de le regarder encore. Mon collègue Vincent Marissal pourra commenter. Je n'ai pas, pendant la période de questions, pu lire le projet de loi.

Mme Crête (Mylène) : Vous êtes leader parlementaire. Qu'est-ce que vous pensez du fait que des députés caquistes fassent pression, dans trois commissions parlementaires — bien, celle de l'avenir des médias puis Desjardins, ça s'est avéré, là — pour avoir des rapports sans recommandations, avec seulement des observations?

M. Nadeau-Dubois : Moi, je trouve que ça ressemble à un gouvernement qui veut occuper ses députés, mais qui ne veut pas leur donner de pouvoirs. On fait travailler les députés pendant des dizaines d'heures en commission parlementaire pour creuser une situation, pour explorer un problème de société, et ensuite on leur dit : Ne tirez aucune conclusion de ce travail-là. Pourquoi fait-on des commissions parlementaires si on est pour bâillonner, en fin de course, les députés puis leur dire : Ah! ne tirez aucune conclusion du travail sérieux que vous avez fait? Les commissions parlementaires, ce n'est pas juste pour remplir les agendas des députés du gouvernement. C'est pour creuser un problème, analyser une situation et ensuite tirer des conclusions, faire des recommandations.

C'est encore plus insultant pour les députés quand on sait que ces recommandations-là ne sont pas contraignantes pour le gouvernement. Il n'y a pas de risque politique à avoir au moins quelques recommandations dans un rapport. C'est vraiment envoyer le message que, quand on accorde une commission parlementaire, quand on fait travailler les députés, bien, c'est pour les occuper parce que, sur le fond, on ne veut même pas qu'ils tirent de conclusions de leur travail.

Mme Crête (Mylène) : C'est quand même plus contraignant que des observations dans la mesure où un gouvernement doit expliquer pourquoi il ne veut pas ajouter certaines recommandations dans des projets de loi.

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est-à-dire que ça a une valeur politique, oui, mais ça n'est pas contraignant au sens fort du terme «contraignant». Le gouvernement peut prendre des recommandations, en appliquer certaines, en laisser certaines de côté. Il n'est pas obligé par des recommandations d'une commission parlementaire. Donc, pourquoi ne même pas permettre à ses propres députés puis aux députés de l'opposition de tirer des conclusions de ce qu'ils entendent, et de ce qu'ils lisent, et de ce qu'ils voient? L'impression que ça donne, c'est qu'on fait des commissions parlementaires pour occuper la majorité du gouvernement, mais qu'au fond on ne veut pas vraiment que ces gens-là tirent des conclusions de leur travail.

Mme Crête (Mylène) : Qu'est-ce que vous pensez que le citoyen retient? Il y a quand même eu au-dessus de 4 millions de Québécois, là, qui se sont fait voler leurs données chez Desjardins. Qu'est-ce que vous pensez que le citoyen qui voit ça de l'extérieur retient ce matin?

M. Nadeau-Dubois : Le message que ça envoie, c'est que le gouvernement ne prend pas au sérieux la question de la fuite de données puis du vol d'identité, qu'on ne veut pas vraiment avoir un débat de société sur cette question-là. Pourtant, c'est des millions de Québécois qui sont touchés, des gens qui se demandent si, demain matin, ils vont faire l'objet d'un vol d'identité. Et le message que le gouvernement envoie, c'est, excusez-moi l'expression, d'une part, on a botché la commission parlementaire et, d'autre part, on ne veut même pas qu'il y ait de recommandations.

Donc, ça ne correspond pas, comme démarche, au sérieux de la situation. Ça ne correspond pas au niveau d'alarmisme dans la population, un niveau d'alarmisme qui est justifié. Et moi, je l'ai dit au sortir de cette commission-là, cette minicommission ou cette commission-minute qu'a improvisée le gouvernement, elle a davantage inquiété les élus qu'ouvert la voie à des pistes de solutions parce qu'on n'a pas eu le temps de travailler. Et là on rajoute l'insulte à l'injure en disant : Il n'y aura même pas de recommandation.

M. Laforest (Alain) : Mais il y a quand même trois projets de loi, là, une politique et deux projets de loi. Vous trouvez que ce n'est pas assez?

M. Nadeau-Dubois : Bien, à ce stade-ci, il y a un projet de loi qui a été déposé sur la question des agences de crédit. Le gouvernement nous promet des projets de loi plus tard. Mais, à ce stade-ci, il n'y en a pas, d'autres projets de loi que celui qui a été déposé aujourd'hui.

M. Laforest (Alain) : Vous ne leur faites pas confiance?

M. Nadeau-Dubois : Bien, l'utilité des commissions parlementaires, là, c'est pour explorer de manière transpartisane un enjeu de société puis essayer de dégager des consensus. C'est à ça que ça sert, une commission parlementaire. Un projet de loi, c'est ce que fait un gouvernement pour aller de l'avant avec ses orientations à lui. Ce n'est pas le même exercice. Et je pense que, quand il y a un débat de société aussi grave, aussi pressant et aussi nouveau, ça mérite une commission parlementaire pour s'y pencher sérieusement. C'est ce que toutes les oppositions ont demandé à de multiples reprises. Finalement, acculé au pied du mur, le gouvernement a improvisé une commission-minute. Et là il nous dit : Ah! puis, en plus, savez-vous quoi, il n'y a même pas de recommandation.

M. Laforest (Alain) : ...doivent craindre encore? Est-ce que le risque zéro existe?

M. Nadeau-Dubois : Le risque zéro n'existe pas. Ça, c'est clair. C'est pour ça qu'il faut parler, oui, du vol de données, mais aussi du vol d'identité puisque c'est malheureusement quelque chose qui va continuer à exister. Par contre, un réel exercice sérieux, là, ici, au Parlement, aurait permis de rassurer la population puis de rassurer les élus. Moi, je suis ressorti de cette commission parlementaire plus inquiet que quand j'y suis entré parce qu'on a eu le temps à peine d'effleurer la surface du problème. On n'a pas eu le temps d'aller en profondeur. Et là, en plus, on nous dit : Il n'y aura pas de recommandation.

(Fin à 12 h 43)

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