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Conférence de presse de M. François Legault, premier ministre

Situation au Québec quant à la COVID-19

Version finale

Le dimanche 29 mars 2020, 13 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Treize heures deux minutes)

Le Modérateur : Alors, bonjour et bienvenue à cette conférence de presse du premier ministre François Legault, accompagné du directeur de la santé publique Horacio Arruda. À vous.

M. Legault : Bonjour, tout le monde. C'est au tour de Danielle McCann de prendre une journée de congé aujourd'hui. J'en ai pris une hier. Je vais en profiter avant de commencer pour dire merci à Geneviève Guilbault. Je trouve ça encourageant de voir qu'il y a de la relève forte. Une femme qui a beaucoup d'aplomb. Donc, merci, Geneviève.

J'en ai profité hier pour aller prendre une marche. J'ai même rencontré une des journalistes, mais j'ai rencontré, je dirais, une bonne centaine de Québécois, et ça m'a beaucoup donné d'énergie pour les prochains jours. Je n'ai pas vu des gens qui étaient abattus, j'ai vu des gens qui étaient souriants, confiants et, bon, qui m'ont encouragé. Puis je les remercie aujourd'hui.

Et ça va être un peu notre défi, dans les prochaines semaines, de rester confiants, d'avoir de l'espoir, de garder une attitude positive. Plus les semaines vont s'accumuler, avec la situation qui est quand même difficile de rester chacun chez soi, c'est important, là, qu'on se concentre à garder un bon moral, qu'on reste unis, très important, même si le fait qu'on prenne nos distances puis que parfois on soit seul chez soi, bien, c'est un peu paradoxal .Mais il faut être plus unis que jamais. Puis je sais que le peuple québécois est capable d'être uni puis de passer à travers cette épreuve.

Je veux aussi dire bravo aux Québécois. La grande majorité des gens que j'ai rencontrés gardent leur deux mètres. Bon, évidemment, quand il y a un couple qui couche dans le même lit, ça ne vaut pas la peine d'avoir deux mètres pour la marche, là. Mais les autres, j'ai vu que c'était respecté.

Je veux aussi dire merci aux trois chefs de l'opposition, Manon, Pierre, Pascal. Je leur parle deux fois par semaine, ils m'apportent beaucoup de bonnes suggestions. Donc, c'est vraiment agréable de travailler avec les trois chefs de l'opposition, là, puis on est ensemble, puis je les remercie pour leur collaboration.

Bon, maintenant, le bilan de la dernière journée. D'abord, bonne nouvelle, on reste à 22 décès. Donc, ça, c'est une bonne nouvelle. Quand on regarde les cas confirmés de personnes infectées, on passe à 2 840, donc c'est une augmentation de 342; 192 personnes hospitalisées, une augmentation de 28; 72 personnes aux soins intensifs, une augmentation de 15. On est rendus à 58 000 tests. On est un des endroits au monde, là, avec la Colombie-Britannique puis l'Alberta — je dis bien au monde, j'inclus les États-Unis, l'Europe — où on teste le plus, là. Donc, j'en profite... puis j'en ai rencontré une, d'ailleurs, une technicienne de laboratoire, hier. Merci, les infirmières, les techniciens et techniciennes de laboratoire. On est parmi ceux qui, toutes proportions gardées, font le plus de tests au monde. Donc, c'est très bon.

Ce qui est bon aussi, bonne nouvelle, le nombre d'hospitalisations reste limité. Tu sais, quand on vous dit qu'il y a 192 personnes hospitalisées puis qu'il y a 6 000 lits qui sont prêts à en accueillir, vous voyez, là, qu'on a une marge et on est prêts au pire. Et ce que ça veut dire, en tout cas, selon le Dr Arruda, c'est que nos mesures fonctionnent. Donc, ça, c'est encourageant.

Je veux revenir sur les mesures qu'on a annoncées hier concernant les frontières pour les régions du Nord puis de l'Est du Québec. D'abord, si vous regardez une carte du Québec, vous allez tout de suite comprendre ce qu'on essaie de faire, c'est que tout le Nord et l'Est, donc l'Abitibi, le Nord-du-Québec, Nunavik, les Terres-Cries-de-la-Baie-James, le Saguenay—Lac-Saint-Jean, la Côte-Nord, puis, à l'Est, bien, le Bas-Saint-Laurent puis la Gaspésie, sont toutes des régions où, toutes proportions gardées, on a moins de personnes infectées que dans le Sud du Québec. Donc, ce qu'on veut, c'est que ça reste comme ça. Donc, je vous promets, on va aller vous voir, dans le Nord, quand tout ça va être fini, mais, pour l'instant, c'est une bonne chose qu'il y en ait moins dans le Nord puis dans l'Est du Québec. Et donc on demande aux gens du Sud du Québec de ne pas aller dans le Nord du Québec. On s'est assurés aussi de certaines précautions avec le Nouveau-Brunswick pour que ça soit la même chose.

Bon, les deux régions où, toutes proportions gardées, donc, quand on regarde par 100 000 habitants, où il y en a le plus, de personnes infectées, ça reste Montréal et l'Estrie. On a demandé aujourd'hui aux autorités, à Montréal puis en Estrie, d'indiquer plus d'informations sur les quartiers qui sont touchés. Donc, à Montréal, il y a des quartiers, en Estrie, il y a des villes qui sont plus touchées que d'autres, donc pour éviter, justement, que les gens se promènent dans ces quartiers-là, je pense que c'est important d'informer. Puis donc, aujourd'hui, je comprends que les responsables de ces régions-là vont faire connaître, là, les quartiers qui sont plus touchés.

L'autre chose que je répète : Évidemment, là, bon, en particulier, ne pas aller dans le Nord puis dans l'Est du Québec, ne pas aller en Estrie et à Montréal, mais, je dirais, de façon générale, on ne se promène pas d'une région à l'autre. On a hier annoncé qu'on interdit maintenant la location de chalets. Donc, ceux qui ont un chalet, bien, si vous êtes à votre chalet, vous restez à votre chalet. Donc, on ne veut pas de gens qui se promènent entre les régions, en particulier, là, la fin de semaine.

Les personnes qui restent les plus vulnérables, ce sont nos aînés. Donc, on annonce aujourd'hui... Marguerite Blais, notre chère ministre des Aînés, va faire des entrevues d'ici demain ou elle va s'enregistrer, parce que je pense qu'elle va faire un vidéo parce qu'elle est confinée, elle s'est confinée elle-même. Mais ce qu'on veut faire, c'est d'ajouter beaucoup de ressources dans les CHSLD et les résidences de personnes âgées. Donc, il y a trois groupes de personnes qui rentrent et puis qui sortent des résidences : Il y a le personnel, il y a ceux qui viennent livrer la nourriture puis il y a, bien sûr, les résidents eux-mêmes. Donc, ce qu'on veut, là, c'est qu'il y ait plus de contrôle, donc qu'il y ait des gardiens, qu'il y ait des vérifications qui soient faites des symptômes à l'entrée.

Donc, je vous le dis depuis le début, là, les endroits où c'est le plus vulnérable, ce sont nos résidences de personnes âgées. Oui, il y en a un certain nombre déjà qui ont des personnes infectées. On prend les mesures. Avec le personnel additionnel qu'on ajoute, on va pouvoir s'assurer encore plus que ces mesures-là soient prises, mais bien sûr, aussi, s'assurer que toutes les personnes qui entrent soient contrôlées pour ne pas apporter le virus.

Mes remerciements du jour : les livreurs de nourriture. On a actuellement des personnes aînées à qui on demande de rester à la maison, des personnes qui sont en quarantaine, des personnes qui sont vulnérables, des personnes qui n'ont pas l'argent pour acheter la nourriture, donc, qui ont besoin de l'aide des banques alimentaires. Donc, il y a beaucoup, beaucoup, je pense, entre autres, beaucoup de jeunes, là .Ça, ça m'impressionne, et j'aime ça de voir ça. Donc, tous les livreurs de nourriture, merci beaucoup pour ce que vous faites, là, vous avez vraiment entre vos mains un service qui est essentiel.

Puis je termine en vous répétant le plan. Trois choses. On ne sort pas si ce n'est pas nécessaire. Si on sort, on reste à deux mètres des autres personnes, quitte à ce que ça vous prenne un petit peu plus de temps pour faire votre épicerie. Vous essayez d'y aller tout seul, c'est mieux que d'y aller à deux. Et, quand vous revenez de faire votre épicerie ou votre marche, vous vous lavez les mains avec du savon pendant 20 secondes, comme le bon Dr Arruda vous l'a montré. Donc, c'est comme ça qu'on va gagner la bataille de notre vie. Je compte sur vous. Merci.

Maintenant...

Le Modérateur : ...en anglais.

M. Legault : ...yes, a few words in English. Like many of you, I had a walk yesterday, I received many cheers, and it's my turn today to cheer all Quebeckers. Keeping our physical distance, we are closer than ever.

We can see that the daily increase in confirmed cases seems to be stabilizing. Public health authorities tell us our efforts are paying off, so don't give up. We must especially continue to protect the most vulnerable. So, that's why we're announcing an emergency aid for housing residencies for the elderly. It will help us better protect them and protect the staff.

As I've been saying in the last few days, everybody must follow our battle plan. That's how we'll win this battle. I count on you. Thank you.

Le Modérateur : Nous en sommes maintenant à la période de questions. Geneviève Lajoie, Le Journal de Québec.

Mme Lajoie (Geneviève) : Bonjour, messieurs. Jusqu'à maintenant, vous avez mis en place des mesures, jour après jour, de manière très graduelle. Ça a commencé par les écoles, les entreprises. J'imagine que... on doit s'imaginer aussi que ce sera pareil pour la sortie du confinement, c'est-à-dire graduel, progressif. Est-ce que, donc, on doit s'attendre à ce que ce ne sont pas toutes les entreprises qui pourront réouvrir à partir de la mi-avril?

M. Legault : Bien, effectivement, on aura un plan de réouverture qui sera graduel. Mais, quand on verra la lumière au bout du tunnel, quant à moi, le plus vite sera le mieux. Donc, moi, je veux... Puis on prend les précautions. Actuellement, Pierre Fitzgibbon, le ministre de l'Économie, là, sa job, c'est de s'assurer que, dès qu'on va être passés au travers, les entreprises soient prêtes à réouvrir. Donc, oui, et on va peut-être choisir certains secteurs, certaines régions, certaines industries, mais moi, ce que je veux, c'est qu'une fois que ça va être réglé on rouvre le plus vite possible.

Mme Lajoie (Geneviève) : Pour justement que les gens commencent à voir un peu le bout du tunnel, là, quelle donnée — je m'adresse peut-être plus à M. Arruda — va vous faire dire : O.K., là, ça y est, on est prêts à entamer notre sortie du confinement, notre sortie de cette situation-là, notre retour à la vie normale?

M. Arruda (Horacio) : C'est avant tout le portrait épidémiologique auquel on va être confronté dans les différentes régions du Québec, hein? Et je vous dirais, aussi, c'est qu'il est possible fortement que la façon de faire, avant la COVID-19 et après, va être différente. C'est-à-dire qu'on va probablement permettre à certaines entreprises plus essentielles que d'autres, qui ont repensé leurs façons de faire, hein, de travailler comme tel, soit avec le télétravail soit avec une distanciation, de reprendre pour permettre à la société de fonctionner.

Donc, il y aura à la fois une analyse, je vous dirais, de santé publique du milieu de travail. Et on a les experts en santé au travail qui regardent à la fois ce qu'on appelle l'ingénierie, l'organisation du travail comme mesures de protection pour les personnes. Donc, les entreprises qui auront démontré qu'elles se sont réorganisées, permettre le fonctionnement, mais qu'on protège en même temps leurs employés par un moins grand nombre sur place, par exemple, par des processus de travail qui sont revus, par des chaînes qui peuvent être opérées différemment, par du télétravail, bien, ça, on va pouvoir les remettre en fonction.

Et d'ailleurs cette pause, qui est le terme qu'on a employé au Québec, que le premier ministre a décidé de prendre, c'est une pause non pour s'arrêter et se reposer, mais c'est une pause, oui, pour certains, mais surtout une pause pour repenser comment on travaille comme tel. Et je suis convaincu que, dans cette adversité que nous vivons tous, nous allons transformer la façon dont on travaille, de plus en plus, pour permettre même à la fois, dans quelques années, d'obtenir une meilleure conciliation travail-famille, etc. parce que ça fait partie d'une pensée, ça nous force à vraiment repenser comment on travaille dans les différents milieux.

Le Modérateur : O.K. Question pour Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour, messieurs. Je comprends, là, vous avez dit d'entrée de jeu, M. Legault, qu'on était l'endroit où on teste le plus au monde, là, on parle de 58 000 tests jusqu'à maintenant. Mais, quand on regarde les statistiques, avec les 342 de plus qu'on a, on est rendus maintenant à... en fait, au Canada, là, il y a 5 997 personnes qui sont infectées, et nous, on a la moitié de ces infections-là. Donc, on est tristement les champions du coronavirus en ce moment, là, si on se fie aux chiffres que vous nous donnez.

Alors, vous nous avez donné une explication, une base d'explication cette semaine. Est-ce que cette base d'explication là tient toujours? Pourquoi est-ce que le Québec est aussi touché par le coronavirus? Est-ce que l'explication que vous donniez cette semaine tient toujours ou est-ce qu'il y a d'autres explications maintenant?

M. Arruda (Horacio) : Écoutez, je l'ai dit, là, c'est rarement, dans un phénomène comme tel, une seule cause. On revient sur une période antérieure où il y avait des voyages. O.K.? Puis là vous allez peut-être me dire : Bien, on voyage autant à Toronto, il y a autant de personnes qui viennent. Ça dépend où ils sont allés, quel est le profil des voyageurs, comment, au retour, les gens se sont comportés pour être capables de contenir la situation.

Puis là, là, je tiens à vous le dire, là, puis j'ai demandé à mes experts : Il est trop tôt. Je sais que c'est... puis nous, on aimerait ça, on est les premiers à vouloir comprendre. Mais ce que fait l'Ontario en termes de test, sa stratégie de test... Nous, là, on a beaucoup de gens qui sont testés qui ont entre 20 et 69 ans, là, la. Deux tiers des gens testés ont entre 20 et 69 ans. C'est des gens qui ont probablement peu de symptômes, puis etc. Puis je ne sais pas quelle est la stratégie de test qu'a employée l'Ontario. La Colombie-Britannique est antérieure à nous. Il y a des phénomènes qu'il faut être capable d'analyser, et ce n'est... Je vous le dis, là, il y a peut-être des gens qui vont vouloir faire des comparaisons, faire des calculs puis des taux, moi, je ne suis pas en mesure de vous donner une information qui permette de comparer de façon importante.

C'est sûr que la question de l'évolution de la pandémie, comment ça s'est présenté au Québec par rapport à ailleurs, il y a comment est-ce qu'on teste nos hospitalisations et nos décès, il y a la façon dont on utilise les diagnostics, il y a la façon dont on a mis les mesures en place. Donc, tout ça doit être analysé. Puis ce n'est malheureusement... c'est plate, ça, c'est dans quelque temps qu'on va être capable de vérifier. Parce que même entre ce que vous pouvez regarder, ce qui est inscrit dans le site Web du gouvernement comme étant l'ordonnance, ce qui est pratiqué sur le terrain peut être différent.

Ça fait que moi, ce qui m'importe... Si vous me permettez, là, je vais vous dire comment que je vois ça, là. C'est vrai qu'on va vouloir se comparer avec les autres, c'est clair. Puis je peux vous dire que des comparaisons... il va y en avoir, des articles publiés, pendant cinq, six ans à partir de maintenant. Ce qui m'importe, c'est qu'actuellement la situation, elle est sérieuse, hein, on a des morts, on en a 22, on en a chez des gens qui sont âgés, dans les milieux qu'on avait prévus, mais, comme attendu, elle est sous contrôle.

Et si vous me permettez, sur la base... puis là je ne veux pas rentrer dans les scénarios parce qu'il y en a des centaines avec des modèles différents, sur la base de ce qu'on a projeté, notre accélération actuellement est en deçà de ce qu'on avait projeté comme étant un scénario chez nous. On est en deçà. On n'est pas encore aplatis. Puis je veux juste que vous sachiez une chose, plus on est en deçà, plus l'aplatissement va venir tard, mais il va être... qui va faire que notre système de santé va pouvoir fonctionner.

Au jour le jour, on regarde. Et la situation, si vous faites des courbes pour Montréal, des courbes pour l'Estrie, des courbes pour Laval, pour la Côte-Nord, vous n'aurez pas la même courbe. Et c'est pour ça que maintenant on a une approche qui est localisée, régionalisée. On fait le constat central, nous prenons les décisions pour protéger les régions peu atteintes, puis Montréal, l'Estrie et les huit régions qui ont plus de cas vont agir localement. Il ne faut pas lâcher.

On n'est pas en train de dire, là : On arrête d'investiguer des cas et des contacts. Il y a encore des éclosions à contenir dans les RPA. Il y a encore des quartiers qu'il va falloir peut-être contrôler les déplacements. Il faut éviter que Montréal aille dans les Laurentides et installe un foyer au nord, ce qui n'est pas nécessaire. Il y a la banlieue autour de Montréal, les régions, il y a des régions comme la Montérégie qui sont très, très grandes. Tout ça est analysé au jour le jour, et on a des conférences, avec nos directeurs de la santé publique, quotidiennes. Il ne faut pas que vous pensiez qu'il y a seulement des points de presse qui ont lieu, là. Tous les jours on regarde les données, tous les jours on s'assoit, puis tous les jours on allume des mesures en fonction du portrait et du diagnostic qu'on fait dans la population.

M. Legault : Je veux juste... pour vous donner un exemple comme ancien président d'Air Transat. Quand on regarde les vols sur l'Europe, je me rappelle beaucoup, là, évidemment, entre le Québec puis la France, il y a beaucoup de vols parce que, bon, on a des racines, et les gens vont visiter la France. Dans le reste du Canada, c'est surtout avec le Royaume-Uni. Allez voir les chiffres entre la France puis le Royaume-Uni. C'est surprenant de voir qu'il y en a beaucoup plus, toutes proportions gardées, en France qu'au Royaume-Uni.    Mais il y a une question aussi d'évolution, tu sais? Le Royaume-Uni est rendu moins avancé que la France. Bien, je ne dis pas que c'est l'explication, mais, comme dit le Dr Arruda, il y a beaucoup d'explications. Le fait que notre congé scolaire n'était pas au même moment que l'Ontario, ça ne nous a pas aidés non plus parce qu'il y avait plus de gens qui ont voyagé pendant le congé scolaire, au pire moment, alors que l'Ontario s'en est sauvée parce que leur congé scolaire arrivait après qu'on a pas mal interdit les voyages internationaux. Donc, il faut tenir compte de tout ça.

Et inquiétez-vous pas, moi aussi, là, c'est quelque chose que j'analyse, puis je regarde, puis je pose des questions. Dr Arruda, je suis certain qu'il me trouve achalant, le matin, avec toutes mes questions. Mais on essaie de répondre à toutes ces questions-là. Mais, pour l'instant, c'est difficile d'avoir le détail, là, de l'explication.

M. Arruda (Horacio) : M. le premier ministre : achalant, mais bien fin.

M. Lacroix (Louis) : Comme deuxième question. M. Legault, vous êtes allé prendre une marche, hier, on vous a vu avec votre épouse, vous avez respecté le deux mètres de distance, là, c'était parfait. Mais il y a beaucoup de gens qui l'ont fait également, il faisait très beau, autant à Montréal qu'à Québec, et qui s'assoient sur le mobilier urbain, par exemple, qui prennent des pauses, etc. Est-ce qu'on doit nettoyer le mobilier urbain, éventuellement? Est-ce qu'il y a un risque à, justement, s'asseoir sur le mobilier urbain, à utiliser les équipements qui sont mis à la disposition des gens par la ville?

M. Legault : Moi, ce qu'on m'a expliqué, c'est que ça ne crée pas de problème, en autant que vous vous laviez les mains, vous ne touchiez pas à votre figure, là. Donc, ça, c'est important. Donc, lavez-vous les mains, changez-vous puis lavez-vous les mains. Je pense que c'est ça qui est important.

Bon, je peux imaginer aussi, je me suis promené un peu sur les trottoirs puis sur les plaines, c'est sûr que, sur les plaines, c'est plus large, c'est plus facile de garder le deux mètres. Parfois, sur le trottoir, quand un couple rencontre un autre couple, c'est plus difficile, donc, mais on prend le temps, on se met à la file indienne puis on prend le temps, il n'y a pas rien de pressé. Mais le mobilier, je ne pense pas que c'est un gros problème.

M. Arruda (Horacio) : Vous avez tout à fait raison. Il faut premièrement comprendre qu'on dit aux gens qui ont des symptômes de ne pas sortir. Ça fait que quelqu'un qui a le gros rhume, là, qui se mettrait à éternuer sur un banc public, là, je pense que... un, on lui demande d'avoir une étiquette respiratoire puis de ne pas le faire.

Habituellement, quand on s'assoit dans un banc public, on ne le lèche pas, on s'assoit avec nos fesses puis on essaie de garder nos mains, là, sans nécessairement toucher. Ça fait que, là, le pantalon, mettons qu'il y a des sécrétions qui se sont mises là, on va le changer, on va se laver. Je ne sais pas si vous comprenez, là, mais il faut vraiment savoir que c'est les mains, c'est les zones «high touch». Si je vais prendre le métro, puis que les gens n'ont pas trop de symptômes, puis qu'on a une certaine... des fois, il n'y a pas de distanciation possible, mais que je touche au... Tu sais, ça se peut qu'ils les désinfectent, là, mais que la dernière personne qui l'a touché, elle, elle est contagieuse. Ça fait que moi, je me lave les mains. C'est vraiment ça, comme tel.

Ce n'est pas non plus un virus qui va vous sauter dessus, qui va partir de la sécrétion qui est là puis vous rentrer dans la face si vous ne touchez pas. Si vous touchez au banc puis que vous vous mettez ça dans la figure... Vous comprenez? C'est pour ça que, quelque part, les objets, oui, dans les maisons, si quelqu'un est malade, les salles de bain, on essaie de contrôler ça. Mais c'est un peu cette logique-là, là, que je voulais vous exprimer par l'illustration que je vous donne.

Le Modérateur : Alain Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : M. le premier ministre, Dr Arruda, une précision et une question. Concernant le Nouveau-Brunswick, vous l'avez effleuré très rapidement, quelles sont les mesures de contrôle? Et le maire de Baie-Comeau nous a confirmé ce matin que le CIUSSS de la région de la Côte-Nord demandait l'isolement des gens de Montréal, s'ils viennent dans la région, pour 14 jours. Est-ce que c'est le cas sur la Côte-Nord? Et est-ce que c'est le cas dans les autres régions qui sont touchées actuellement?

M. Legault : Bien, on ne devrait pas être obligés de demander l'isolement parce qu'on ne devrait tout simplement pas y aller. Donc, je peux comprendre... Puis je ne veux pas qu'il commence à y avoir de la chicane entre les régions, là. Il faut que ça soit vraiment essentiel, quelqu'un qui vient donner un service essentiel. Mais quelqu'un qui vient faire une visite paroissiale à Baie-Comeau, là, ce n'est pas une bonne idée. Donc, oui, à la limite, s'isoler, mais, mieux que ça, ne pas y aller, c'est ça qui est important.

Pour ce qui est du Nouveau-Brunswick, bien, on fait juste contrôler les entrées, les sorties puis évidemment on veut les limiter à ce qui est absolument essentiel.

M. Laforest (Alain) : Concernant le personnel infirmer, qui est encore, je dirais, tendu, il y a 14 cas d'infirmières en isolement à Lévis, actuellement, dont une femme enceinte. Est-ce que c'est toujours la même consigne pour le personnel féminin qui est enceinte, actuellement, que vous donnez?

M. Arruda (Horacio) : Oui. Bien, je veux dire, c'est toujours la même consigne. Chaque cas est analysé aussi dans une perspective, vous savez... Puis je comprends l'inquiétude que les mères peuvent avoir puis les femmes enceintes par rapport à cette infection-là. Heureusement, les femmes enceintes n'ont pas un risque tellement plus élevé... Je ne dis pas... Même, la femme enceinte, son risque principal, dans ça, c'est la température qu'elle peut avoir. Quand on fait de la température, ça peut être un enjeu. Ce qui est fait, souvent, c'est qu'on la maintient dans des fonctions où elle ne sera pas exposée nécessairement à des cas. Puis c'est une gestion qui se fait avec les principes d'un avis qu'on a reçu en santé publique, de notre institut national qui était aussi attaché avec la CNESST, qui gère le retrait préventif.

Et vous comprendrez que, dans certaines situations, il faut s'assurer qu'on ait le personnel essentiel. Dans d'autres lieux, ça a été, par exemple, aux soins intensifs, là, comme tels. Mais, autant que faire se peut, on essaie de diminuer les expositions. Par contre, pour le maintien des services essentiels, ça se peut que certaines femmes enceintes, sous conditions respectées, pourraient continuer à travailler en milieux de soins. Mais ça, c'est une décision aussi qui se prend localement en fonction des capacités, puis etc.

Ce qu'on veut éviter, par exemple, c'est des infirmières qui font trois, quatre cycles de jour, là, puis qu'elles sont tellement fatiguées qu'il pourrait y avoir des erreurs, là. Mais on ne prend pas de chance, je vous dirais, avec les mesures qu'on va mettre en place, pour exposer la femme enceinte.

Le Modérateur : Merci. Maintenant, Mylène Crête, Le Devoir.

Mme Crête (Mylène) : Bonjour, M. Legault, M. Arruda. J'aimerais savoir pourquoi est-ce que vous avez lancé un appel aux écoles pour qu'elles vous remettent les masques qu'elles ont en leur possession?

M. Legault : Bien, on a demandé à tout le monde, les villes, les écoles, les entreprises, tous ceux qui ont des masques, qui ont de l'équipement médical, il faut le ramener dans le réseau médical pour être capable de bien contrôler l'évolution, parce que, partout dans le monde, c'est rationné. Donc, évidemment, jusqu'à présent, là, il n'y a pas d'inquiétudes à court terme, mais, dépendamment de la hauteur qu'on atteindra dans le «peak», on pourrait en avoir de besoin, donc on a tout rapatrié ce qu'on était capables de rapatrier.

Mme Crête (Mylène) : Et est-ce que vous savez combien de masques, comme ça, vous avez ou vous pensez récupérer?

M. Legault : Ah! je n'ai pas le nombre récupéré, mais on a le nombre, à chaque jour, qu'on a en notre possession, on regarde l'utilisation journalière, on regarde les commandes qui vont rentrer aujourd'hui, donc on suit le nombre de masques, on suit le nombre de gants, on suit le nombre de jaquettes ou de blouses. Donc, c'est suivi, là, de façon détaillée.

Mme Crête (Mylène) : ...savez pas si ça fait une grosse différence de réquisitionner ces masques-là?

M. Legault : Ce n'est pas des volumes importants.

Le Modérateur : Hugo Lavallée, Radio-Canada.

M. Lavallée (Hugo) : Oui. Bonjour, M. le premier ministre. Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, dans son point de presse ce matin, a indiqué avoir des discussions avec certaines provinces sur le rôle que pourrait jouer l'armée canadienne dans certaines villes ou dans certaines régions du pays. Est-ce que vous avez eu des discussions à ce sujet-là avec M. Trudeau? Et quel rôle vous pourriez ou pas envisager pour l'armée, notamment à la lumière des mesures qui ont été annoncées hier concernant l'isolement de certaines régions?

M. Legault : Bien, pour l'instant, on pense qu'on est capables, avec nos policiers, de garder l'isolement de certaines régions. Bon, j'ai parlé avec Dwight Ball, le premier ministre de Terre-Neuve, vendredi soir, pour que nos policiers s'arriment, là, à Fermont puis sur la frontière avec le Labrador. Mais, bon, l'Ontario, on veut faire attention parce qu'entre Gatineau puis Ottawa il y a comme une chaîne, là, pour les services médicaux, qui est importante de garder. Donc, pour l'instant, là, c'est sous contrôle, là, on ne pense pas avoir besoin de l'armée.

M. Lavallée (Hugo) : J'aimerais aussi vous entendre concernant les négociations avec les syndicats. Il y a quelques jours, on évoquait l'idée, là : un règlement rapide, global. Or, il y a plusieurs syndicats qui disent depuis hier qu'on est très loin d'un règlement global et qu'au contraire il faut absolument mettre l'accent sur la santé et la sécurité des travailleurs, essayer de s'entendre à très court terme sur ce genre de mesures là. Alors, j'aimerais vous entendre sur votre stratégie par rapport aux syndicats. Est-ce que vous avez toujours l'intention de tout régler d'un coup? Et est-ce qu'il y aurait moyen, à très court terme, de s'entendre en ce qui concerne les mesures liées à la santé et à la sécurité?

M. Legault : Bon, d'abord, à ce que je sache, du côté de la santé, on s'entend bien pour les façons de protéger le personnel. Évidemment, il faut toujours faire attention pour utiliser les équipements médicaux juste quand c'est nécessaire.

Bon, maintenant, sur la rémunération, nous, on l'a dit, là, depuis le début, même, je dirais que ça fait plusieurs mois, même avant la crise, nous, ce qu'on souhaite, c'est augmenter le salaire des préposés aux bénéficiaires. Ce n'est pas simple, hein? Habituellement, au Québec, quand on négocie des augmentations de salaire, on donne la même augmentation à tout le monde. Mais nous, on pense, là, puis c'est encore plus vrai avec l'arrivée du chèque de 2 000 $ par mois, de faire quelque chose de spécial pour les préposés aux bénéficiaires. Donc, ça fait partie des discussions avec les syndicats, puis je laisse... je vais laisser les discussions à la table.

Le Modérateur : Maintenant, Tommy Chouinard, LaPresse.

M. Chouinard (Tommy) : Bonjour. D'abord, Dr Arruda, vous avez dit que l'augmentation qu'on connaît, en ce moment, du nombre de cas, c'est en deçà des prévisions, mais que la courbe n'est pas aplatie. Là, on est à, donc, 2 840 cas. Vos prévisions étaient à combien?

M. Arruda (Horacio) : Je ne vous donnerai pas de chiffre pour une simple et bonne raison, parce qu'un chiffre, hors contexte comme ça, ça ne l'explique pas. Je vais juste vous donner en gros comment est-ce qu'on voit les choses, là.

On peut avoir une courbe — puis là vous allez me revoir faire des mouvements, là — qui va comme ça, hein? Elle est courte, elle monte, on se débarrasse du virus, puis tout le monde est malade, puis là-dedans il y en a beaucoup qui meurent, puis notre système de santé, il va être attaché. On peut faire des scénarios rien que sur la base des données qu'on prévoit avec un scénario de taux d'attaques, etc., puis là on peut avoir des courbes comme ça, on peut avoir des courbes comme ça, on peut avoir des courbes comme ça. On a des courbes qu'on regarde avec qu'est-ce qu'on met comme mesures, hein? Puis c'est très difficile de vous dire que... Puis j'ai eu une question ce matin : On a fermé des bars; en quoi les bars ont contribué à...

Écoutez, ce n'est pas de même que ça marche, là. C'est les mesures de distanciation, il y a eu combien de personnes infectées qui ont été en contact avec des personnes, puis etc., dans la communauté, dans des repas de famille. Ça fait que ça se passe...

Ça fait que là, ce que nous, on fait, là, c'est qu'à chaque fois qu'on... puis il y aura des présentations techniques plus tard, là, quant on aura stabilisé certaines affaires, chaque fois qu'on ajoute une mesure puis qu'au lieu de monter comme ça on étale comme ça... Puis plus on étale de façon importante. Il est possible que seulement au 40e jour qu'on va atteindre ce que j'appellerais un plateau, mais on l'a étirée, la courbe, comme ça.

Ce que je peux vous dire, à date, ce qu'on avait planifié, selon certaines mesures, on était comme ça puis là on est en train d'être comme ça, en dessous, en dessous de ce qu'on planifiait pour chacune des journées, là. Puis je ne vous donnerai pas le chiffre, là. Je sais que vous aimeriez ça l'avoir, mais le chiffre sans courbe, sans compréhension, ça ne se donne pas. À chaque journée... Là, maintenant, on en a moins qu'on pensait qu'on en aurait d'à partir de nos scénarios, puis on ajuste notre scénario qu'on avait planifié avec les données de la veille, puis etc.

Ça fait que, dans le fond, là, ce que je suis en train de vous dire, c'est qu'on sait qu'on va avoir des cas. Il ne faut pas vous attendre à ce qu'il n'y ait pas de gens qui vont mourir puis qu'on n'aura pas plus de cas. Mais la vitesse à laquelle qu'on est en train d'augmenter est en train de s'étaler. Puis plus on l'étale comme ça, plus le plateau, il va prendre du temps à arriver. Plus on le fait monter vite, le plateau, on va l'atteindre ou va redescendre vite. Quand c'est très accéléré, on a un pic, puis il n'y a pas vraiment de plateau. Quand on l'aplatit, hein, bien là, vous allez avoir un plateau. Puis, en l'étalant dans le temps, on a un déplacement de la courbe dans le temps puis on l'aplatit.

Je le démontre, là, pour que vous compreniez que c'est une courbe, puis quand on étire, elle dure plus longtemps. Elle est fatigante parce qu'elle dure plus longtemps, mais elle est moins forte. Ça fait que c'est ça. Puis là on a déjà les effets de ce qu'on a fait quand on a dit que ça prenait 12 jours. Mais, encore mieux, on est en train d'aplatir plus loin.

M. Legault : Je vous entendais, hier, dire : Il y a des journées où on a eu des augmentations de 24 %. Bien, aujourd'hui, 342, c'est une augmentation de 14 %. Donc, c'est encourageant, mais ça ne veut pas dire que demain, on ne reviendra pas à 24 %, ou à 30 %, ou à 40 %, là. Mais disons que les résultats d'aujourd'hui, pour moi, sont encourageants. Mais il ne faut pas conclure, on ne peut pas conclure sur la base d'une seule journée.

M. Arruda (Horacio) : Et, si vous me permettez, M. le premier ministre, c'est encore plus compliqué, M. le premier ministre, c'est qu'il y a des tests qui sont faits actuellement dont les résultats ne sont pas rentrés. Il y a la date où une personne devient positive par le test, puis il y a la date du début des symptômes. Ça fait qu'il y a des courbes, en plus, qui sont des portraits qu'on va avoir seulement plus tard, où on va dire : O.K., il a été testé là, mais il a peut-être été infecté un peu plus tard. Donc, les courbes, même, vont revenir, en rétrospective, là... on va avoir des courbes où est-ce qu'on a mesuré en temps réel puis des courbes qu'on a eu l'information par après.

Mais ce que je peux vous dire globalement, pour que la population comprenne, là : On est... Puis, quand je dis ça, là, à chaque jour, je me couche en me demandant ça va être quoi, le chiffre du lendemain. Puis actuellement les affaires font qu'on n'est pas en perte de contrôle par rapport à ce qu'on avait planifié. Et la capacité qu'on a pour répondre, autant aux soins intensifs qu'aux lits hospitalisés, on s'est déjà mis en avant pour ne pas avoir à faire ça en 24, 48 heures. On est prêts à recevoir du monde. Et au Québec il y a des gens qui sont hospitalisés aux soins intensifs qui ne le seraient pas ailleurs. Ça fait qu'on décide, comme on a une place, comme c'est plus apte à donner des soins, il y a des gens qui vont aux soins intensifs, qui pourraient être traités dans un autre genre d'unité, actuellement. Ça aussi, ça peut être différent d'une province à l'autre. Parce qu'on est en capacité augmentée.

Je sais que je suis long, mais on m'a dit que c'était correct, pour que la population comprenne, et j'en profite, de ce moment-là. Merci beaucoup.

M. Chouinard (Tommy) : Oui, tout à fait. Je pense que la population cherche à comprendre également. M. Legault, vous êtes comptable, vous aimez les chiffres, vous l'avez souvent dit. Je vais vous donner l'exemple de la Colombie-Britannique, là, qui diffuse des documents de dizaines de pages au bénéfice de la population sur les prévisions, les projections, où est-ce qu'ils en sont. Tout ça est extrêmement transparent. Au Québec, je regrette, mais on est dans le noir, là, par rapport à l'information qui est donnée au public concernant ces questions-là. Je le regrette, là, mais c'est la réalité. Bon, est-ce que...

M. Legault : Bon, j'ai...

M. Chouinard (Tommy) : J'aimerais savoir, d'une part, pourquoi cette situation-là qui perdure depuis plusieurs jours? Puis, deuxièmement, lorsqu'on dit qu'on augmente, mais de façon moins rapide, est-ce que... ou, en tout cas, en deçà des prévisions, le «peak», finalement, vous l'attendez quand?

M. Legault : D'abord, j'ai lu les documents de la Colombie-Britannique, O.K.? Et ce que je trouve dangereux, dans les documents de la Colombie-Britannique, c'est que je suis certain qu'ils ont des scénarios plus pessimistes et des scénarios plus optimistes, comme nous. Là, ils ont donné un scénario. Moi, je préfère en avoir plusieurs puis je préfère qu'on le garde pour nous parce que, si on commence à donner tous les scénarios, incluant le plus pessimiste des pessimistes, bien, on peut commencer à faire paniquer les gens.

Je pense que ce qu'il est important de dire, c'est qu'actuellement c'est sous contrôle. Puis, pour moi, le chiffre le plus important : on a 192 personnes hospitalisées puis on a 6 000 lits de disponibles. Donc il y a toute une marge, là, pour être capable de bien soigner le monde. Et c'est ça qui est important. Puis, bien, dans notre scénario, là, si vous voulez comparer à la Colombie-Britannique, bien, on serait corrects avec les 6 000 lits. Ça fait que, si jamais c'est nécessaire d'en faire plus, bien, on en fera plus. Mais là commencer à choisir un scénario, là, à moins d'être prophète puis d'avoir une boule de cristal, là, je trouve très risquée cette approche-là de donner seulement un scénario. J'aime mieux en avoir plusieurs puis j'aime mieux qu'on les garde pour nous. C'est un choix qu'on fait.

M. Arruda (Horacio) : M. le premier ministre, je m'excuse de prendre la parole, je trouve important que vous le disiez, là. Il y a plein de gens actuellement, dans leur sous-sol, des «nerds», qui regardent les données d'ailleurs puis qui font des scénarios, O.K.? Je peux vous dire, là, si on commence... si vous voulez qu'on ait une porte ouverte de discussion sur des scénarios, on en a pour cinq jours, les gens vont s'ostiner sur le modèle qu'ils ont pris, puis etc. Je suis convaincu qu'il y a des économistes ou d'autres personnes actuellement qui regardent les données publiées dans le monde puis qui font des scénarios.

Puis là, là, je peux vous dire, moi, ce qui m'importe, là, ce n'est pas les scénarios puis de dire : J'ai eu le bon scénario puis j'ai gagné un prix avec le bon scénario, là. Ce n'est pas ça qui m'importe. Ce qui m'importe, c'est que la population québécoise fasse ce qu'elle a à faire pour qu'on n'ait pas l'impact sur les soins puis que notre système de santé, mes collègues, les laboratoires qui travaillent comme des fous pour faire des tests... Les gens travaillent à 250 miles à l'heure dans les laboratoires. Vous trouvez que c'est long des fois, mais on teste les gens. Les gens préparent le système de soins pour être capables de le faire. Les gens économisent les gants pour ne pas que tout le monde se mette à paniquer, les utilise puis que, là, quand on en aura besoin pour traiter le monde... Ça fait que c'est ça qui est important.

Et je comprends ce désir d'avoir un chiffre. Moi, là, je ne jouerai pas à ça. Moi, là, je ne veux pas gagner, là, dire que moi, j'avais raison, le 14 avril, on va avoir 40 000 cas, puis ça va être exactement le bon chiffre. On n'est pas à la Loto-Québec, ici, on est dans une gestion adéquate. Puis, si vous voulez qu'on s'enfarge dans les scénarios, on va s'enfarger, mais on ne fera pas ça ici.

Le Modérateur : Une dernière question en...

M. Legault : Peut-être juste aussi... Attention sur les comparaisons avec la Colombie-Britannique. Parce que la Colombie-Britannique est proche de l'Asie, donc ils ont été infectés beaucoup plus tôt avec la Chine, aussi avec l'État de Washington. Nous, nos voyages viennent plus de l'Europe. On a été affectés plus tard. Donc, il faut être très prudent aujourd'hui de comparer les chiffres. On sait qu'en Chine ça s'est beaucoup calmé. Donc, évidemment, c'est une bonne nouvelle pour la Colombie-Britannique. Nous, c'est une autre dynamique, complètement différente.

Le Modérateur : Dernière question de... en français, donc, de Caroline Plante, de La Presse canadienne. Quelles sont les données des gens qui vont mieux, ceux qui ne sont pas aux soins intensifs, ceux qui ne sont plus hospitalisés, sans être nécessairement guéris, ceux qui sont guéris aussi, leurs profils en quelque sorte? M. Arruda.

M. Arruda (Horacio) : Bien, écoutez, on a 84 cas récupérés, mais je peux vous dire qu'on en a probablement des centaines de plus, O.K.? Parce qu'avant, pour être capable de dire qu'on avait récupéré, il fallait avoir deux tests négatifs. La très grande majorité des gens, hein, vous avez vu la quantité de tests qu'on a, là, vont avoir soit un rhume, vont être capables de rester à la maison, vont même se dire : Je ne pensais même pas que c'était le coronavirus. Il y en a qui vont le faire avec presque pas de symptômes. C'est encore ça. Le problème, c'est pour les gens en haut de 70 ans et 80 ans et plus. On a un seul cas dans la catégorie 60-69 ans. Donc, ça demeure une maladie qui, pour la majorité des gens, va être peu sévère, mais qui par contre, pour des gens qui font du diabète, qui ont des maladies chroniques ou qui sont âgés, est mortelle.

M. Legault : Peut-être juste une chose aussi pour que tout le monde comprenne, là, ce n'est pas la priorité de faire des tests pour savoir si la personne n'a plus le coronavirus. Ce n'est pas la priorité. Moi, j'aime mieux tester des gens qui ont des symptômes puis qui ont peut-être le coronavirus que de tester des gens qui n'ont plus de symptômes — bonne nouvelle — pour se faire dire qu'on est content. Je comprends, là, que c'est réconfortant de savoir qu'il y a des gens qui ne l'ont plus, mais la priorité, actuellement, c'est de tester les personnes qui ont des symptômes.

Le Modérateur : Now, we will switch to English. A question from Phil Authier, The Gazette. Question for Premier Legault and Dr. Arruda. We are getting calls from seniors in residences who are saying they are being kept in their rooms. They are not even allowed to take walks with supervision. These seniors are with no symptom. Is that the correct procedure?

M. Arruda (Horacio) : In fact, it depends what is going on in this specific place. If there is... And, I think, when it's this way, it's because there have been circulation in the residency over there. And, as we told you, those persons are at high risk, and, if they want to get out, they must be supervised. I cannot comment on this specific situation, but, I would tell you, when there is an outbreak with four people dying in that place, it's normal that people be kept in their rooms.

Le Modérateur : Another question for Dr. Arruda, from Phil Authier. Can you tell us more about what is happening in Western Montréal? What neighborhoods are being affected? How much is COVID-19 spreading there?

M. Arruda (Horacio) : It's clear that, in that region, we call it a hot spot, there is a higher rate of infection than comparing to other sectors of Montréal. But, for those things now, the Public Health Director, in relation, say, with the mayor, with all the actors and the stakeholders will have press conferences to inform the population about which hot spots is there, what are the measures they're going to put in place and recommend people who don't have to go to those places for essential services or health care issue to stay away. So, and that is going to be evolving in different regions in Québec, an it's after the press conferences here, at the provincial level, that those are going to be made in different places in Québec.

Le Modérateur :Thank you. Another question, from Global, Raquel Fletcher. The Governor of New York gives updates on amount of PPE everyday and what's needed in the future. Why won't the Québec Government give specifics?

M. Arruda (Horacio) : This is different strategies. I will tell you, people want to get protection. Imagine if I say : We will get millions of masks, tomorrow, and everybody wants to pick up the reserves... We are controlling it, not because we want to control it, because this is an issue around the world, and we want to make sure that we won't miss any garments, protection for the ones who need to treat the ones, not for people spinning it because they are afraid, they have no symptoms at all... and bring it. So, I think it's a different strategy to make sure... What is important that the people understand is that we are having a strict work done to make sure that we don't lose the control on the masks and everything, to keep them for the ones who will need them, the patients, and the health care, and the essential services people.

Le Modérateur : Another question : Are people respecting your directive to not travel between regions, Premier?

M. Legault : I think so. I hope so. And, since yesterday, we were more clear, all the regions on the North and East of Québec, we want to keep these regions that have not many cases this way. And we are telling people : Don't go to Montréal and to Estrie. And today we've asked the authorities of those two places, Montréal and Estrie, to give more information about where... the «quartiers»...

Le Modérateur : Neighbourhoods.

M. Legault : ...neighbourhoods more affected, in order to make sure that people don't go in those specific places.

Le Modérateur : One last question in English, from CTV, Matthew Gilmour. We are hearing experts talking a lot about burnout and stress among health care workers and we have seen huge jumps in the number of calls placed to mental health phone lines. How do you plan on tackling the growing mental health crisis?

M. Legault : OK. We have more than 300,000 people in Québec that had some mental health problems, in the last months, and we've called all of them. So we're trying to keep in touch with the ones that are the most vulnerable and we've added some workers. And we are very careful about health care services because we know, we expect that there will be an increase in the next weeks.

Le Modérateur : C'est tout? Yes.

M. Arruda (Horacio) : And, I think it's clear, health breaks are going to be made, we are going to have people who are retired coming back, there is a lot of people who are going to come back, and it's... We were in the beginning of the crisis, everybody was working hard, but now, we're going to try to have... make people have rest, which is necessarily for them.

Le Modérateur : Sorry, we have one last question — sorry — for CBC and, I forgot you, so I'm sorry, from Julia Page, CBC.

Mme Page (Julia) : Yes. Hello to both of you. Mister... I will just start with Dr. Arruda, just because you illustrated it so well in French earlier. You said you were encouraged when you looked at the curb of the virus in Québec, you said it was lower than you were expecting at this point. Could you maybe explain in English how you're seeing that? How the measures put in place so far, maybe, are responsible for that? And what it tells you, looking forward, what Quebecers should do to keep that curb fairly low?

M. Arruda (Horacio) : OK. First of all, the situation is serious, but under control, and what we are observing, actually, is under what we think would be happening. So it's making us thinking that what we put as measures very early, OK... even if we have been exposed with the school break thing differently from Ontario. And, I told : Comparisons are very bad.

And I don't want to be the one who is going to say : Here is the scenario, I win, it was what was supposed. What is important is not to win the scenario. What is important is to make sure that we... You remember that, we can have a pike like this, hein, and this way it's very short, everybody is going to get sick, and our health care system is going to be overwhelmed like in other countries. I don't want to chose who I'm going to keep in a respirator because I don't have enough for that. Nobody wants to do this in Québec. And I'm asking God or everyone spiritually to don't have this scenario here in Canada, in Québec particularly.

What is happening is that we are extending the curve. The curve that we projected, actually, we are under, OK? We have not still attained the plateau, meaning that we are going to come back, because we are stretching it, paf! paf! paf! from this high curve. We are trying to make it stretch, on time, to make us give an... and even if it's different from Montréal to, I would say, Côte-Nord, and the East, and North part, because we don't want that scenario goes over there because there is older people, there is isolated communities, they have more diabetes and everything.

So, in fact, even if we could have 45 scenarios, and there is people doing them everywhere in the world, the issue is : Have we taken the good decision? Are we under control? And we have actually, as the Prime Minister was saying, a big capacity, even if tomorrow there is four, five, tenfold of the cases to be treated in the hospitals, because we already had put intentions, already taken the decision to have places. And we even can have more, using hotels, some hospitals, I would say, aisles that are closed. So, in fact, we are in action.

And I want to ask... and thank all the lab people and all the ones working, preparing tests, getting different things, getting masks, for the good management we are doing. And I hope we are going to have a big party all together when things are going to be over. But actually I don't want to win the scenario, I just want to flatten the curve, making it more straight, and then, I would say, together beat this virus. And together we need that we keep those important issues.

Mme Page (Julia) : Can I have just one last question for Premier Legault?

Le Modérateur : Yes, yes.

Mme Page (Julia) : We saw a first case of COVID-19 in Nunavik. That's one of the regions of the province that had cut off travel a few days, weeks ago because they were hoping to limit the spread there because of overcrowding in homes and limited access to health care. Can you tell me what Québec can do to support the regional health board there and what kind of communications you've had?

M. Legault :Right now, the situation is under control in Nunavik and in all regions of the North and East of Québec. But we know that in some places there are more vulnerable people in percentage of the population, so that's why we took this measure. And we don't want that it spreads in Nunavik and in all regions up North and in the East of Québec. Merci, tout le monde.

Le Modérateur : Merci infiniment, bonne journée.

(Fin à 13 h 52)

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