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Conférence de presse de M. Eric Girard, ministre des Finances et M. Jean Boulet, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale

Présentation d'une mesure pour aider les travailleurs à faible revenu des services essentiels

Version finale

Le vendredi 3 avril 2020, 15 h 30

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Quinze heures trente-quatre minutes)

Le Modérateur : Alors, bonjour et bienvenue à cette conférence de presse du ministre des Finances, Eric Girard, accompagné du ministre du Travail et de l'Emploi, Jean Boulet. À vous la parole.

M. Girard (Groulx) : Alors, bonjour à tous. Je suis très heureux de vous présenter le programme d'aide aux travailleurs à faibles revenus des secteurs essentiels.

Pour débuter, j'aimerais vous rappeler les actions de notre gouvernement, et je souligne également la contribution du gouvernement fédéral, pour soutenir notre économie.

Alors, bien sûr, la priorité, c'est la santé publique. Mais j'aimerais rappeler que la banque centrale a abaissé les taux de 150 points de base, a augmenté les programmes de financement pour soutenir les institutions financières. Et ça, c'est important pour liquéfier l'économie. Il y a également eu des injections de liquidités importantes de notre gouvernement, du gouvernement fédéral, avec le report d'impôt, le report des paiements de taxes de vente, les acomptes provisionnels.

On veut aussi briser le lien entre l'économie réelle et les marchés financiers. C'est important parce que, lorsque les marchés financiers chutent, ça influence négativement l'économie réelle, et on veut briser ce lien négatif.

Bien sûr, il faut soutenir les individus et les entreprises. Ce matin, nous avons annoncé 150 millions pour les PME. Aujourd'hui, nous avons un programme pour les travailleurs. Ensuite viendront la transition, la relance et la sortie de ces programmes temporaires. Ce que nous annonçons aujourd'hui, ça vise plus de 600 000 travailleurs essentiels à faibles revenus. Ça va coûter près de 890 millions. C'est un incitatif au travail. Et, si vous permettez, je vais le mentionner en anglais.

We are here to introduce a new program to help workers near the minimum wage in essential services. This program will help near 600,000 workers and will cost approximately $890 million. The goal is to provide an incentive to essential workers by increasing their earnings above the CERB.

Alors, avec l'introduction de la Prestation canadienne d'urgence, il y a eu... Ce programme est extrêmement bénéfique, du gouvernement fédéral, mais il y avait des effets non souhaités. C'est-à-dire que des travailleurs dans les services essentiels près du salaire minimum auraient pu gagner plus en ne travaillant pas. Alors, le but du programme, c'est vraiment de les supporter, de les encourager à travailler.

En terminant, j'aimerais souligner le travail du ministère des Finances, les professionnels du ministère des Finances, de Revenu Québec, qui nous ont aidés à mettre en place ce programme. Et je passe la parole à mon collègue le ministre du Travail et de la Solidarité sociale, M. Jean Boulet.

M. Boulet : Merci. Mon collègue Eric Girard, représentants des médias, ça me fait évidemment plaisir d'être devant vous cet après-midi pour reconnaître ce que beaucoup de travailleurs dans les services essentiels font pour le bénéfice de toute la population du Québec.

Chaque Québécois doit pouvoir compter dans une période de mobilisation générale, que nous affrontons tous ensemble. C'est pourquoi notre gouvernement a mis en place ce programme incitatif pour le maintien en emploi des travailleurs essentiels, pour leur rétention. C'est une prestation exceptionnelle de 100 $ par semaine pour les salariés à faibles revenus, qu'ils soient à temps plein ou à temps partiel. Il y a une cinquantaine de métiers qui sont concernés par ces services essentiels là.

C'est une prestation qui est temporaire, qui sera rétroactive au 15 mars et qui va avoir une durée de 16 semaines. Pour y avoir droit, le travailleur doit démontrer qu'il est dans un secteur décrété comme étant essentiel, faire un salaire brut de 550 $ par semaine ou moins et enfin avoir un revenu de travail annuel estimé d'au moins 5 000 $ et un revenu total annuel de 28 600 $ ou moins.

Comme mon collègue Eric le mentionnait, c'est plus de 600 000 travailleurs au Québec dont le salaire est inférieur à 550 $ par semaine. C'est un investissement qui est majeur. Le formulaire Web sera disponible à compter du 19 mai. Le paiement sera fait soit par dépôt direct ou par chèque. Et les travailleurs vont déclarer les semaines travaillées, le salaire brut et enfin qu'ils n'ont pas touché non plus de Prestation canadienne d'urgence ou de prestation en vertu du programme d'aide temporaire pour les travailleurs.

Essentiellement, on vise à rétablir une équité et à offrir un revenu minimalement équivalent à la Prestation canadienne d'urgence. Et je tiens vraiment à souligner l'effort de tous eux et celles qui sont là pour tous les Québécois et les Québécoises : le personnel des épiceries et des dépanneurs, les agents de sécurité, les cuisiniers, les boulangers-pâtissiers, les chauffeurs-livreurs, les préposés à l'entretien ménager, les travailleurs d'organismes communautaires et tous ceux et celles qui sont sur la liste des services essentiels.

Je tiens à témoigner toute ma reconnaissance et ma gratitude à ces travailleurs qui sont au rendez-vous chaque jour pour assurer les services essentiels. Par cette mesure, nous souhaitons donner un coup de pouce à tous ceux qui se lèvent chaque matin et qui permettent de maintenir ces services essentiels. Vous faites une réelle différence dans la vie des Québécois. On vous demande de continuer et de ne pas lâcher. J'invite également les Québécois, en tant que citoyens, à faire de même et à les remercier, remercier la caissière à l'épicerie, remercier votre livreur de nourriture ou encore votre boucher. Leur contribution, elle est essentielle.

Je souhaite aussi profiter de l'occasion pour remercier les employeurs du Québec qui ont mis en place des mesures pour protéger leurs travailleurs et respecter les mesures de santé publique. J'ai témoigné de créativité, d'ingéniosité dans les façons des employeurs de respecter les consignes de la santé publique.

Et donc, à tous les travailleurs, à tous les employeurs, je dis merci beaucoup. Et on va passer au travers tout le monde ensemble. Merci encore une fois.

Le Modérateur : Alors, on va passer à la période de questions. Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour, messieurs. M. Girard, première des choses, est-ce que vous êtes capables de chiffrer jusqu'à maintenant l'effort financier que fait le gouvernement si on inclut, là, l'ensemble des programmes que vous avez annoncés, mais aussi les efforts qui doivent être faits autant en santé, l'achat de matériel, etc.? Est-ce que vous avez chiffré, jusqu'à maintenant, là, combien ça coûte? Parce qu'on avait un fonds de stabilisation qui tournait autour de 14 milliards. Est-ce qu'on est au-delà de ce montant-là? On se situe où à peu près?

M. Girard (Groulx) : C'est-à-dire qu'il y a plusieurs façons de… Puis la réponse, c'est oui, là. Lorsque vous demandez : Est-ce qu'on l'a chiffré?, la réponse, c'est oui. Et il y a plusieurs mesures qui… Lorsqu'on veut quantifier les mesures, on les mesure en fonction du PIB, alors le PIB nominal de l'économie du Québec, 460 milliards en 2019. Ce qu'on a fait à date totalise approximativement 18 milliards de dollars, et ça s'approche d'entre 4 % et 5 % du PIB. Mais toutes ces mesures-là ne sont pas des mesures fiscales, là. C'est pour ça qu'il ne faut pas nécessairement associer ça…

Et d'ailleurs on n'a pas terminé d'aider. Il viendra peut-être des aides sectorielles. Il y a d'autres mesures qu'on regarde intensément. On n'a pas fini d'aider les Québécois et les entreprises. Mais, par exemple, les mesures de liquidité, les reports d'impôt, taxes, acomptes provisionnels ne sont pas des mesures qui ont un impact sur le solde budgétaire, mais c'est des mesures qui ont le bénéfice d'aider immédiatement.

M. Lacroix (Louis) : Alors, quel sera l'impact sur le solde budgétaire, justement, du gouvernement? On comprend, là, que le budget que vous avez présenté il y a trois semaines ne tient plus la route, là.

M. Girard (Groulx) : Bien, en fait, ce que j'aimerais vous dire, c'est qu'il est beaucoup trop tôt pour quantifier précisément l'effet sur l'économie et les finances publiques, et je vais vous expliquer pourquoi. Donc, nous étions au plein emploi au mois de février. L'économie a connu une année florissante en 2019. Arrive le choc à la mi-mars, un choc très important, profond, et maintenant on est en pause. C'est-à-dire qu'on a une portion de l'économie qui est arrêtée. Et donc on a un choc, et puis c'est la durée de ce choc-là qui va permettre de quantifier l'impact économique. Et puis après il y aura un rebond, un retour vers la normale. Alors, la durée du choc et la force du rebond vont nous donner l'impact global sur l'économie. Alors, je ne veux pas tourner autour de la question, mais il serait prématuré, pendant que nous sommes en pause, de quantifier l'effet pour 12 mois.

Le Modérateur : Vincent Larin, Agence QMI.

M. Larin (Vincent) : Oui. Moi, j'aurais une question pour M. Boulet. Est-ce que vous avez espoir que les mesures mises en place aujourd'hui vont convaincre des Québécois qui ont peut-être perdu leur emploi depuis le début de la crise d'aller chercher un nouveau travail dans les services essentiels?

M. Boulet : Bien, écoutez, c'est certainement un message que je fais à tous ceux qui sont dans les services essentiels, de continuer à répondre à des besoins fondamentaux pour l'ensemble des Québécois. Évidemment, c'est un incitatif. Il n'y a rien de coercitif. Mais on leur dit merci. Ils ont toute notre gratitude. Et vous allez bénéficier d'une prestation additionnelle qui va leur donner un minimum d'équité, même qui va leur permettre d'aller au-delà de la Prestation canadienne d'urgence. Ce n'est pas de les inciter nécessairement à aller travailler ailleurs, c'est de demeurer là où ils sont, où ils rendent des services fondamentaux.

M. Larin (Vincent) : Une sous-question, peut-être. Mais vous êtes en discussion probablement avec les grands employeurs de la province en ce moment.

M. Boulet : Absolument.

M. Larin (Vincent) : Est-ce qu'on a assez de travailleurs essentiels? Est-ce qu'il n'y a pas une pénurie? On a tout le monde qu'il faut en ce moment pour garder les services essentiels fonctionnels?

M. Boulet : Bien, écoutez, dans certains secteurs, on sent une certaine fragilité. C'est sûr que la Prestation canadienne d'urgence a eu un certain effet désincitatif au travail. Les travailleurs québécois essaient de bien comprendre les programmes, voir les modalités d'application de la Prestation canadienne d'urgence. Elle s'applique, vous le savez bien, M. Larin, à ceux qui sont mis à pied, licenciés ou qui perdent un revenu en raison de la COVID-19. Nous, ce qu'on vient faire, c'est de compléter cette prestation-là en faisant le message et en incitant nos travailleurs dans les services essentiels à continuer de travailler. Et on les remercie encore une fois.

Le Modérateur : Sébastien Bovet, Radio-Canada.

M. Bovet (Sébastien) : Bonjour, messieurs. Je comprends que la mesure touche 600 000 travailleurs au Québec. C'est bien ça? Sur les 600 000 travailleurs au Québec, quel est le pourcentage qui va gagner plus que 2 000 $ par mois et quel est le pourcentage, avec la mesure que vous annoncez, là, qui va gagner moins de 2 000 $ par mois? Est-ce que vous avez cette ventilation?

M. Girard (Groulx) : Tu me permets de... Merci. En fait, si vous travaillez 35 heures, si vous travaillez à temps plein, vous allez gagner plus. C'est ça, l'idée, là, c'est de... On a regardé le salaire minimum et on l'a bonifié pour s'assurer, là, qu'il y avait un incitatif à continuer de travailler.

M. Boulet : Et simplement pour compléter, M. Bovet, ça s'applique aux salariés à temps plein et à temps partiel. Donc, dépendamment de ton nombre d'heures, si tu es en dessous de 550 $, dépendamment de ton niveau de rémunération, tu vas aller au-delà ou en dessous de la Prestation canadienne d'urgence.

M. Bovet (Sébastien) : Le 24 mars, M. Legault était assis dans votre chaise, M. Girard, et il disait : On comprend qu'il y a des gens qui vont avoir de la difficulté à payer leurs factures d'ici le 6 avril, moment où le programme fédéral d'urgence va entrer en fonction. Et il disait : On est en train de regarder du côté du gouvernement ce qu'on peut faire pour les personnes qui vont avoir besoin de liquidités avant le 6 mars, on travaille là-dessus. C'est ça qu'il disait pour ceux qui vont avoir besoin de liquidités avant le 6 avril. Là, on est rendus le 3 avril. Est-ce que vous allez avoir un programme pour les gens qui ont besoin de liquidités en ce moment, en attendant le chèque du fédéral?

M. Girard (Groulx) : Bien, en fait, c'est-à-dire qu'aujourd'hui ce qu'on fait, c'est qu'on aide les travailleurs. Alors, ceux-ci ont déjà un revenu. Il y a eu plusieurs mesures avec les reports d'impôt. Il y a eu les gestes des institutions financières. Il y a eu le programme d'urgence que mon collègue avait introduit. Et le gouvernement fédéral a mis en place une mesure qui va venir rapidement. Alors, ce que le premier ministre m'avait demandé, c'est ce que nous faisons aujourd'hui, c'est de s'assurer que les gens qui travaillent dans les services essentiels soient mieux rémunérés que ceux qui ne travaillent pas, mais bénéficieront de la Prestation canadienne d'urgence.

M. Bovet (Sébastien) : Il y a un trou noir en ce moment, là. Il n'y a personne qui ne touche de l'argent additionnel en ce moment, là.

Mme Boulet : Excusez, M. Bovet, juste pour compléter la réponse de mon collègue, comme il le mentionnait, le Programme d'aide temporaire aux travailleurs que nous avons annoncé il y a deux semaines, il est entré en vigueur. Et il y a eu près de 10 000 personnes qui en ont bénéficié à ce jour, pour à peu près une dizaine de millions. Il y a un montant de 573 $ par semaine pendant deux semaines, jusqu'à concurrence de 28 jours. Et ça, c'était pour les personnes qui étaient infectées, ou qui avaient côtoyé des personnes infectées, ou qui revenaient de l'étranger, ou qui étaient symptomatiques, soit la toux, la fièvre ou des problèmes respiratoires. On voulait inciter à l'isolement volontaire. Ça, ça a donné de très bons résultats. Ça nous a permis collectivement d'être à l'avant-plan pour le respect de pratiques sanitaires annoncées par la santé publique. Et les versements ont été effectués par la mécanique, souvenez-vous, qu'on avait mise en place avec la Croix-Rouge.

M. Bergeron (Patrice) : Si vous me permettez maintenant d'en poser une avant de refaire un autre tour de question? Juste pour clarifier, donc un travailleur à temps partiel qui gagne moins de 500 $ par semaine, est-ce qu'il va avoir accès à votre bonification?

M. Boulet : Oui, totalement. Que le salarié soit à temps plein ou à temps partiel, il va bénéficier de la bonification de 100 $ par semaine où il va gagner 550 $ ou moins.

M. Bergeron (Patrice) : Par ailleurs, on n'est pas en train de donner raison à ceux qui plaident pour qu'on ait un taux horaire à 15 $ de l'heure actuellement puisqu'on voit que ces travailleurs-là, ils n'arrivent vraisemblablement pas à boucler les fins de mois pour le travail qu'ils font, là?

M. Boulet : C'est une réponse exceptionnelle à une conjoncture qui est extraordinaire. C'est une prestation d'une durée temporaire. Et c'est une façon de notre gouvernement de remercier ces travailleurs essentiels là, de leur exprimer notre gratitude et d'assurer une équité avec la Prestation canadienne d'urgence.

Le Modérateur : On repart un tour. Alors, Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.

M. Lacroix (Louis) : Oui, mais, pour renchérir sur ce que Sébastien disait tout à l'heure, en fait, pourquoi attendre aussi longtemps avant de pouvoir verser cet argent-là? Parce que c'est un peu ça, l'esprit de M. Legault, lorsqu'il a fait la déclaration en question, c'était de s'assurer que les gens aient rapidement accès à de l'argent, alors que, là, ils vont commencer à recevoir l'argent à compter du 27 mai. C'est dans presque deux mois.

M. Girard (Groulx) : Oui. Bien, je veux vous mentionner que, d'abord, le ministère des Finances, Revenu Québec ont quand même fait preuve d'agilité, là. On a créé un nouveau programme et on va faire des dépôts directs rapidement. Et les gens qui vont recevoir ce 100 $ là travaillent présentement. Ils ont des revenus.

Mais vous avez raison. Je pense que ce vous dites est très important. Le gouvernement fédéral... Moi, j'ai eu plusieurs discussions avec mes homologues, le ministre Morneau. C'est certain que, lorsqu'on annonce des programmes, des milliards, etc., il y a un enjeu de livraison, d'accès aux liquidités. Puis c'est pour ça que les reports d'impôt, de taxes, d'acomptes provisionnels sont si importants, parce que les impôts étaient dus le 30 avril, les entreprises avaient des versements de TVQ le 31 mars. Donc, c'est de l'aide immédiate.

Et, oui, le fédéral, la Prestation canadienne d'urgence, là, c'est le soutien, au Canada, pour les individus, le plus important. Et le fait qu'ils aient travaillé avec l'Agence du revenu du Canada pour que ce soit accessible rapidement après l'inscription autour du 6 avril, bien, ça va aider, mais ce n'est pas... La livraison de l'argent, c'est un enjeu. Vous avez raison.

M. Lacroix (Louis) : Et donc ce que je comprends si j'essaie d'extrapoler un peu, c'est de dire que ces gens-là, autrement dit, ils ont déjà un revenu, donc ils ne sont pas en situation… comme dans les gens qui vont bénéficier du PCU où il n'y a pas de revenu du tout. Donc, ce que vous dites, c'est que, comme ils ont déjà un revenu, ils sont capables d'attendre dans le temps pour toucher cet argent-là?

M. Girard (Groulx) : Bien, effectivement. Mais, je veux dire, si on avait pu le verser plus rapidement, nous l'aurions fait. Aujourd'hui, je vous annonce le programme que nous avons terminé dans les dernières 48 heures. On l'annonce. Il est effectif. Et on vise à encourager les gens à rester au travail, à continuer de travailler. On sait que c'est des conditions difficiles. Hier, on a fait des gestes dans la santé, notamment le 4 $ pour les préposés aux bénéficiaires dans le secteur privé. Ces gestes-là sont importants. Il faut reconnaître la contribution de ces gens-là.

Et, lorsqu'on se parle, les ministres des Finances… Ça a été mentionné à Ottawa, le but de la Prestation canadienne d'urgence, c'est d'aider, c'est indéniable. C'est un bon programme, 2 000 $ par mois, mais il a des effets non souhaités, qui est que les gens qui sont au salaire minimum, qui travaillent, ils se disent : Bien, peut-être que je pourrais faire plus d'argent sans travailler. Alors, on vient corriger ça. Et ça a été... Je voyais hier dans le Financial Times, ils ont le même enjeu en Angleterre. C'est un enjeu qu'on aura peut-être dans d'autres provinces. On agit rapidement parce qu'on a besoin de ces travailleurs.

M. Boulet : Vous avez raison, M. Lacroix, hein, pour la Prestation canadienne d'urgence, il ne faut plus avoir aucun revenu pour en bénéficier. Il faut être, comme je le mentionnais tout à l'heure, mis à pied ou licencié en raison de la COVID-19, alors que le programme qu'on annonce aujourd'hui, c'est un incitatif pour permettre la rétention de nos travailleurs essentiels. Et c'est bénéfique autant pour les travailleurs que pour les entreprises qui font appel et qui ont un lien d'emploi avec ces travailleurs-là.

Le Modérateur : Vinvent Larin, QMI.

M. Larin (Vincent) : Oui. Je comprends que, bon, le montant du programme va être disponible à compter du 19 mai. Est-ce que vous excluez que ce soit reconduit? Est-ce qu'on doit comprendre qu'à partir du 19 mai on ne sera plus dans un contexte aussi restrictif, là, en termes de mesures?

M. Girard (Groulx) : Le programme est disponible pour 16 semaines. Alors, le premier versement serait pour six semaines et ensuite un versement les semaines consécutives.

M. Larin (Vincent) : Donc, les gens vont devoir prouver qu'ils ont travaillé pendant les six semaines d'ici au 19 mai et par la suite devront...

M. Girard (Groulx) : Bien, c'est un formulaire d'inscription. Et ensuite il y aura une vérification lors de votre rapport d'impôt 2020, c'est-à-dire en 2021.

M. Boulet : Mais ils vont devoir déclarer les semaines travaillées, le salaire brut pendant ces semaines-là, et qu'ils n'ont pas touché ni la Prestation canadienne d'urgence ni la prestation d'urgence découlant du PATT, là, le Programme d'aide temporaire aux travailleurs.

M. Larin (Vincent) : Donc, vous faites un peu appel à la bonne foi des gens aussi?

M. Boulet : Bien, ça va être une déclaration dans le rapport d'impôt, et qui peut faire l'objet d'une vérification, comme toutes les déclarations que les contribuables doivent compléter.

Le Modérateur : Sébastien Bovet, Radio-Canada.

M. Bovet (Sébastien) : Parlant d'incitatifs, est-ce que vous avez songé à faire en sorte que les heures supplémentaires ne soient pas imposables pour ces travailleurs-là qui sont appelés à faire beaucoup d'heures supplémentaires en ce moment? Et, si vous y avez songé, pourquoi vous ne l'avez pas appliqué?

M. Girard (Groulx) : En fait, on essaie de faire des mesures qui ont une application générale la plus large possible parce que, dès qu'on met des conditions, on demande des notions d'évaluation, d'analyse, et on va se trouver à retarder les paiements. Alors là, c'est simple, il y a trois critères : vous avez gagné moins que 550 $ par semaine, vous êtes dans un secteur essentiel, vous gagnerez plus de 5 000 $ en 2020, vous êtes éligible. Alors, c'est vraiment… On vise à faire des mesures d'application générale.

M. Bovet (Sébastien) : Le taux de chômage était à 4,5 %, je pense, avant la crise. Quelle est votre projection de taux de chômage pour les prochains chiffres?

M. Girard (Groulx) : Bien, disons que, là, on a une pause, hein, dans l'économie. Alors, si, par exemple, mettons qu'il y a 40 % de l'économie qui est arrêtée à 100 % pour la période de pause, c'est certain que le taux de chômage va augmenter significativement. Alors, il y a des chiffres qui ont été mentionnés pour le Canada. Ces chiffres-là sont de l'ordre, je crois, de 5 millions de chômeurs. Je crois que c'est ce que… Et donc on pourrait avoir la proportion du Québec dans ce chiffre-là, c'est-à-dire à peu près 1 million. Mais ça ne viendra pas tout de suite dans le chiffre que vous allez voir la semaine prochaine. Ça va venir en deux temps. D'abord, le chiffre d'emploi de mars, un peu comme on a vu aux États-Unis aujourd'hui, on a vu une progression, mais on n'a pas vu l'effet complet. Il y aura d'abord une hausse du taux de chômage en mars, et on devrait voir l'effet complet au mois d'avril.

Le Modérateur : Oui, allez-y.

M. Boulet : L'étude sur la population active qui va être présentée par Statistique Canada le sera le 9 avril, à moins d'indication contraire. Donc, on devrait avoir des données beaucoup plus précises le 9 avril de l'évolution de la situation depuis le début de l'urgence sanitaire.

M. Girard (Groulx) : Mais c'est au mois de mai que vous aurez le chiffre d'avril.

M. Boulet : Oui, absolument.

Le Modérateur : On passe à l'anglais.

Mme Senay (Cathy) : Yes. Good afternoon to both of you. I'm just surprised. Well, first of all, you really wanted to cover these essential workers that are receiving a salary that is less than the emergency compensation from the federal… Why is that so important that you dive in, you jump in and you cover the gap?

M. Boulet : You know, the circumstances are very extraordinary. As you know, we have to go through a sanitary emergency, and it's extremely important that we say to those essential workers that they have to keep working. It's fundamental for Quebeckers' needs. And we have to be equitable towards those workers. So it's an incentive that is equivalent to a message : Stay on, keep contributing to the Québec economy. And I think it's really crucial for our Government to say to those workers that they are essential, they work in essential services and they don't have to be incited to go out or to resign and try to benefit from the Prestation canadienne d'urgence.

Mme Senay (Cathy) : Well, my concern here is, when I look at the date, you say that the form will be available starting on May 19th and then the direct deposit will start at the end of May. That's long.

M. Girard (Groulx) : But these workers are already receiving an income. So what we're providing is an incentive to stay at work. We want to make sure that we're increasing the benefit to them versus the CERB, the emergency response benefit.

Mme Senay (Cathy) : So basically you say : OK, we know that Canadians do receive this emergency compensation which is higher than your own salary, but, hold on, you'll get extra money, but that will come maybe in June.

M. Girard (Groulx) : The federal program is a good one, $2,000 per month, OK, for those that are not working. The issue is that it created some negative externalities or incentives… is the workers that are near the minimum wage are looking at the CERB program and saying : It looks like I could be making more money without working than I am working in essential services. And your work is essential, that's why we're saying : You're working in essential services, so we're coming, we're increasing your revenue by $100 per week in order to provide an incentive for you to stay at work.

M. Boulet : You know, as a complement, I don't want to justify the delay. We've done the best, as diligently as possible. But there's an important difference between those who will benefit from the «prestation canadienne» and those who will benefit from the incentive we talk about today. Those who benefit from the canadian emergency program have to be either laid off or dismissed. So they have no revenue whatsoever and they are eligible, in those circumstances, to benefit from the canadian program. It's different. The essential workers we have identified today to benefit from our Québec program keep working either on a part-time or a full-time basis. So we incite them to keep working and to keep contributing to the Québec economy and to the Quebeckers' needs and preoccupations. But you will benefit from an additional incentive. So it's an amount of money that will be on top of their regular salary.

Mme Senay (Cathy) : And one last question about the cancellation of the Montréal Jazz Festival and the FrancoFolies. What's you understanding, Mr. Girard, about the impact of the cancellations of these festivals? And is it possible for you that you will ensure that these festivals can survive and come back next year? Like, did you think about it already, what you will be able to do?

M. Girard (Groulx) : Yes. We have a committee that is gathered every Friday, and, actually, it's by phone, I should be clear, given the extreme circumstances we're in. So we're having a conference call every week. And I can assure you that the Ministers responsible for Tourism, «la culture», have brought this subject, this important topic to the table many times. We're looking at these important festival events, how we can support them. These events are important to Montréal, to Québec City, in the regions. And they are being cancelled for public health reasons, but there will need to be economic support. We're looking at this.

Le Modérateur : One last question from Global, Raquel Fletcher. What does it mean that some employees who are now deemed essential services were not even making $2,000 a month? Is that an injustice?

M. Boulet : No, it isn't an injustice whatsoever. If you earn the minimum wage, you don't earn $550 per week. There are so many workers who don't have this earning capacity because they work on a part-time basis. And, even if you work on a full-time basis, at the minimum wage, it's not sufficient to earn that $550 on a weekly basis. So it was again fundamental for us to say to them : You can benefit now from an incentive to keep working and keep contributing to the Québec economy.

Le Modérateur : And one last additional… Is part of the reason you are announcing this salary increase is to retain people?

M. Girard (Groulx) : Yes. The purpose of this is… Again, I must say that the Canadian Emergency Response Benefit is a good program. It's providing income to people who have lost their jobs because of COVID-19. But some people who are working in essential services near the minimum wage could be in a situation, depending on the number of hours that they're working, where they're making less than those that are not working. And therefore they are, by definition, essential. And we're increasing their earnings in order to provide an incentive for them to keep contributing, and it's very important.

M. Boulet : And, at the end of the day, it's fundamentally a question of equity.

Le Modérateur : Merci infiniment. Bon week-end.

M. Girard (Groulx) : Merci.

M. Boulet : Merci, tout le monde.

(Fin à 16 h 9)

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