(Treize heures trois minutes)
M. Legault : Merci. Bonjour,
tout le monde. Je commence par le bilan de la journée. On a aujourd'hui
29 nouveaux décès, pour un total de 150. Donc, bien sûr, on ne s'y habitue
pas, puis je veux offrir mes sincères condoléances aux familles de toutes ces
personnes. On a maintenant 9 340 cas confirmés, c'est une
augmentation de 760. On a 583 personnes hospitalisées, c'est une
augmentation de 50, et on a 164 personnes aux soins intensifs, donc
aucune augmentation nette. C'est la bonne nouvelle de la journée, là, parce
que, comme vous le savez, vous allez le voir, d'ailleurs, dans les projections
qui vont être présentées tantôt par les experts, c'est ce qu'on surveille le
plus, le nombre de personnes aux soins intensifs.
Donc, malgré les décès, quand même, puis
on ne s'habitue pas aux nouveaux décès, il reste que, quand même, si on regarde
froidement la situation, les hospitalisations puis les soins intensifs,
l'augmentation se stabilise. Donc, c'est encourageant, là, qu'on est en train
d'atteindre, bientôt, le fameux sommet, mais, même si c'est encourageant, la
bataille n'est pas gagnée. Donc, si on veut être capables de retourner
progressivement à une vie normale au mois de mai, c'est important de rester
très disciplinés pendant tout le mois d'avril.
Là où c'est plus difficile aussi, puis je
pense qu'il faut le dire aux Québécois, c'est toute la situation dans les CHSLD
puis les résidences de personnes âgées. J'ai demandé qu'on ajoute du personnel,
donc des infirmières, des médecins. On a la chance d'avoir moins de personnes
que prévu dans nos hôpitaux, donc on va pouvoir prendre du personnel qui est
actuellement dans les hôpitaux, des infirmières puis des médecins, puis les
mettre dans les CHSLD, dans les résidences pour personnes âgées parce qu'il y a
beaucoup de cas, là, dans ces résidences. Puis évidemment ça reste, là, la
grande priorité de notre gouvernement, de protéger les personnes qui sont les
plus vulnérables à ce virus, donc les personnes âgées, entre autres, de
70 ans et plus.
Pour les équipements de protection
individuelle, la situation est stable, donc à peu près la même qu'hier, par
contre, j'ajouterais... Il y a une préoccupation qui s'ajoute, c'est le
matériel pour faire les tests, ce qu'on appelle le «réactif», là, pour analyser
les tests, ça prend du réactif. Actuellement, on en a pour six ou
sept jours, donc on travaille très fort. Je sais qu'il y a une formule qui
a été envoyée à Winnipeg puis que, là, on est supposés d'avoir la formule pour pouvoir
la faire nous-mêmes. Mais là ça retarde, et puis, bon, on a juste six ou sept
jours de matériel pour continuer de faire des tests.
Un mot sur les prévisions qui vont vous
être présentées, expliquées par des experts tantôt, je pense, à
3 h 30. Bon, vous allez voir, il y a des scénarios. Il y a un
scénario plus pessimiste, un scénario plus optimiste. Moi, je ne voudrais pas
alarmer les personnes avec le scénario pessimiste, là. Vous allez voir,
évidemment, quand on regarde le nombre de décès prévus, ça peut être
inquiétant.
Évidemment, les scénarios ont été faits à
partir de l'expérience qui a été vécue dans les dernières semaines dans les
pays en Europe parce que le coronavirus a commencé à se propager quelques
semaines avant dans certains pays en Europe. Donc, on se fie sur ces
projections-là pour faire des projections au Québec. Donc, évidemment, il y a
des pays où ça a été très dur, par exemple l'Espagne, l'Italie.
Donc, c'est sûr que, quand on utilise ces
scénarios-là pour faire des projections au Québec, ça peut donner des scénarios
où il y a beaucoup de décès. Mais il reste que jusqu'à présent on est beaucoup
plus proches des scénarios où les pays ont été les meilleurs. Donc, on a
actuellement... Puis là, bon, on est dans la bonne direction. On a beaucoup
moins de morts que la moyenne en Europe, toutes proportions gardées, mais il ne
faut pas relâcher nos efforts. Il ne faudrait pas que tous les efforts qu'on a
faits depuis quelques semaines soient gâchés en changeant ça pour le reste du
mois d'avril. Donc, important de respecter les consignes, important aussi de ne
pas avoir de rassemblements.
Là, je veux m'adresser à tous les
Québécois sur... On sait tous, là, qu'il y a Pâques en fin de semaine. Ça fait
partie des traditions au Québec d'aller à l'église, de recevoir sa famille,
dans la communauté juive, d'aller à la synagogue. C'est très important qu'il
n'y ait pas de rassemblements physiques. Donc, ce n'est pas le temps de
préparer des partys de famille en fin de semaine prochaine, là. Vous pouvez le
faire par vidéo, par téléphone, mais pas physiquement, là, c'est important,
cette année. Puis moi, je compte sur les leaders de toutes les communautés,
entre autres religieuses, là, pour passer le message. Il ne doit pas y avoir de
rassemblements physiques pour aucune fête religieuse. Donc, ça, c'est important
que ça soit suivi.
Je voudrais maintenant vous parler un peu,
parce qu'il semble y avoir une petite controverse, là, qui n'en est pas une,
sur le port des masques par les citoyens. Bon, comme l'a expliqué le Dr Arruda,
oui, ça peut aider d'ajouter un masque pour les citoyens, pour éviter de
propager le virus.
D'abord, il y a trois choses importantes qu'il
faut bien comprendre puis bien retenir. D'abord, quand on porte un masque, ce
n'est pas pour se protéger, c'est pour protéger les autres. Deuxièmement, quand
on voit que les stocks de masques sont serrés dans les hôpitaux, bien, il n'est
pas question, là, qu'on prenne des masques N95 ou des masques pour les
chirurgies, là, pour les citoyens. Il faut laisser ces masques-là pour le
personnel de la santé. Donc, on peut se fabriquer d'autres sortes de masques,
et puis il y a peut-être des gens qui vont en proposer, mais les masques qui
sont utilisés dans les hôpitaux, il faut les laisser dans les hôpitaux. Puis,
ce qui est peut-être le plus important puis ce que le Dr Arruda répète
continuellement, c'est qu'il ne faut surtout pas remplacer les autres consignes
par le masque. Ça s'ajoute aux autres consignes. C'est pas mal plus efficace de
rester loin des autres personnes, si on ne veut pas les contaminer, que de se
mettre un masque, là. Donc, c'est important de continuer à respecter les
consignes.
Puis évidemment, dans ses recommandations,
le Dr Arruda tient compte de la culture. Ce n'est pas dans la culture des
Québécois de porter un masque, mais ça existe dans d'autres pays. Je me
rappelle d'être allé au Japon, il y a 15, 20 ans, puis les gens, là-bas,
quand ils ont le rhume, quand ils ont la grippe, par respect pour les autres,
ils portent un masque. Ça fait partie de leur culture. Mais nous, ça peut avoir
l'air étrange, là, de commencer à voir beaucoup de monde qui se promène avec
des masques, donc on tient compte de ça aussi pour dire : Bien,
concentrez-vous surtout à vous tenir à deux mètres des autres, lavez-vous les
mains et puis surtout, si vous avez le virus ou vous pensez que vous l'avez
peut-être, le virus, bien, restez chez vous. C'est la meilleure manière pour ne
pas contaminer d'autres personnes.
Maintenant, mes remerciements du jour. Je
veux aujourd'hui remercier les 125 députés de l'Assemblée nationale avec
les employés des bureaux de circonscription. Vous ne pouvez pas vous imaginer,
là — je parle évidemment à plusieurs — le nombre de citoyens
qui vont dans les bureaux, qui appellent aux bureaux de circonscription pour
poser des questions : Est-ce que tel programme s'applique à moi?, quel
organisme pourrait m'aider? Il y a des organismes qui les appellent aussi, qui
disent : Bien, j'ai perdu des bénévoles, pouvez-vous me trouver des
bénévoles? C'est incroyable, le travail qui est fait, là, par les
125 députés, tous partis confondus. Et on se sert aussi des députés pour
remonter l'information qui vient du terrain, là. Comme vous le savez, deux fois
par semaine, le lundi et le jeudi, je parle avec les trois chefs de l'opposition,
qui arrivent avec plein de suggestions, puis on corrige, on ajuste les gestes
du gouvernement en fonction de ce qui vient du terrain par les
125 députés. Donc, je veux dire à tous les députés puis leur
personnel : Bravo pour le travail que vous faites, là, c'est très, très,
très apprécié par vos concitoyens.
Je termine avec nos trois priorités. On ne
sort pas de la maison pour le mois d'avril, à moins que ça soit nécessaire. Si
vous sortez, vous restez surtout à deux mètres des autres personnes. Puis,
quand on rentre, on se lave les mains avec du savon.
Peut-être, avant d'aller plus loin, je
voulais vous montrer un petit vidéo que j'ai reçu ce matin à mon bureau de
comté d'une petite fille de sept ans qui s'appelle Raphaëlle. Puis je vais lui
répondre.
(Présentation audiovisuelle)
Une voix (Raphaëlle)
:
M. Legault, est-ce que la fée des dents pourra quand même passer même si
on est en confinement? Merci.
M. Legault : Donc, la
petite Raphaëlle veut savoir si la fée des dents passe pareil malgré le
confinement. Donc, je veux dire à Raphaëlle puis à tous les enfants que je me
suis assuré que la fée des dents va maintenant être sur la liste des services
essentiels. Donc, ça va se poursuivre. Puis je veux rassurer aussi tous les
parents, la fée des dents est immunisée contre le coronavirus. Donc, il n'y a
pas de danger, la fée des dents va continuer à faire son travail, Raphaëlle.
Donc, merci pour ta question.
Le Modérateur
: Alors, tout
le monde étant rassuré, voulez-vous y aller avec quelques mots en anglais?
M. Legault : En anglais,
oui. Good afternoon. Our ultimate goal is to limit the number
of deaths, to save lives. Our intensive care statistics show us that we're
going in the right direction. We're making progress in our battle against the
virus, and the projections that our experts will reveal this afternoon will
show that. But I want to be very clear, this doesn't mean we can ease our
efforts. We cannot spoil all that we've accomplished together in the last few
weeks. There must be no gatherings, including for religious celebrations such
as Easter. It's more important than ever to stay focused on our three
priorities. Don't go out unless it's necessary. If you
do go out, keep your distances. And, when you come back home, wash your hands.
And, for the children
asking, I can confirm that the Tooth Fairy now is on the list of essential
services and is immune to the coronavirus. Thank you all.
Le Modérateur
: Merci, M.
le premier ministre. Alors, pour la période des questions en français, nous
allons débuter aujourd'hui avec Marie-Michèle Sioui, du journal Le Devoir.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour à vous trois. Dimanche, M. Massé
a déclaré que 60 % des décès totaux avaient eu lieu soit en CHSLD soit en
résidence privée pour aînés. Vous avez encore une fois envoyé un message à ce
sujet-là, M. Legault. Qu'est-ce qui explique qu'on n'ait pas réussi à protéger
les personnes qui vivent dans ces ressources-là? Où est la… je vais mettre des
gros guillemets, là, mais la faille? Est-ce que le virus est rentré avec le
personnel, en raison de résidents qui ne respectaient pas les consignes, en
raison de propriétaires qui ne le prenaient pas au sérieux? Où est-ce qu'on a
fait des erreurs?
M. Legault : Bien, c'est un
ensemble des raisons que vous venez de mentionner. C'est certain que
l'habitude, dans certains CHSLD privés, même publics, dans certaines résidences,
c'était d'avoir beaucoup de personnel qui allait dans plusieurs résidences,
donc, puis beaucoup de temps-partiels, et parfois aussi pas assez de personnel.
C'est pour ça qu'on a ajouté des ressources. Évidemment, d'ajouter de l'argent,
ça ne règle pas tout. Il y a des postes qui sont affichés, qui ne sont pas
comblés.
Donc, c'est pour ça, là, aujourd'hui qu'on
prend les grands moyens pour dire : On va prendre du personnel qui,
actuellement, est dans les hôpitaux, donc des infirmières puis des médecins,
puis on va les envoyer dans les résidences, d'abord pour être certains qu'on a
tout le personnel, ensuite s'assurer qu'il y ait moins de rotation du
personnel, que toutes les normes, les consignes soient respectées, entre autres
qu'on sépare comme il faut les zones chaudes des zones froides, et que les
sorties puis les entrées soient plus que jamais contrôlées, toutes les portes
d'urgence, là, qu'on puisse être capables d'éviter qu'il y ait des gens qui
entrent et sortent de ces résidences.
Donc, je ne pense pas que ça soit unique
au Québec. On voit le même genre de problème un petit peu partout dans les
autres États. C'est un peu normal, là, que ces personnes-là soient plus
vulnérables. Elles sont plus nombreuses, évidemment, que les personnes dans une
maison. Donc, il y a un plus grand risque de contagion. Mais je peux vous dire,
là, qu'on a pris les grands moyens pour tout faire pour protéger les personnes
aînées.
Puis c'est important de le dire, là, il y
a peut-être 700 résidences, là, qui ont peut-être une contamination, mais
il y en a à peu près juste 150 où c'est confirmé, là. Les autres, c'est qu'on
prend pour acquis qu'il y a peut-être un problème, là. Donc, on est en train de
bien répartir les cas, s'assurer qu'il y a une bonne direction dans chacun de
ces établissements, s'assurer que, s'ils ne trouvent pas le personnel... si
c'est même nécessaire d'envoyer des gens qui n'ont pas toutes les qualifications,
bien, c'est mieux que de manquer de personnel. Donc, il y a du travail.
On savait que, même avant la crise du
coronavirus, il y avait déjà un problème de personnel dans les CHSLD puis dans
certaines résidences privées. Bon, vous avez vu, on a augmenté le salaire des
préposés de 4 $ de l'heure, payé par le gouvernement, dans les résidences privées.
Donc, on fait des efforts, mais ce n'est pas encore assez. Il faut en faire
encore plus parce que c'est là que doit être notre priorité. Oui?
Mme McCann : Oui. Moi, je
viens de parler aux présidents-directeurs généraux de l'ensemble des établissements
du Québec, là, il y a à peu près une heure, et c'est une grande, grande
priorité. On va envoyer du renfort. On le fait déjà, on envoie du renfort. On
veut aussi qu'il y ait des infirmières en prévention des infections qui soient
sur place, parce qu'il faut organiser ces milieux-là de façon sécuritaire.
C'est ce qu'on est en train de faire également. Donc, ce que je peux vous dire,
c'est que tout le monde est à pied d'oeuvre à partir de maintenant, là, c'est déjà
commencé, pour continuer, là, de renforcer toutes nos interventions dans ces
milieux-là et de les organiser de façon sécuritaire. Puis je lance l'appel,
s'il y a des infirmières en prévention des infections qui sont à la retraite,
là, qui voudraient venir nous aider, venez nous aider. On a besoin de vous.
L'autre chose que je veux vous dire aussi,
c'est que les médecins de famille... Moi, j'ai parlé au président de la FMSQ...
de la FMOQ, pardon, hier, et il m'a dit que les médecins de famille sont prêts
à vraiment venir aider au niveau des CHSLD. Alors, il y a beaucoup de monde,
là, qui lève la main, et on va vraiment apporter du renfort nécessaire dans les
CHSLD. Puis on n'oublie pas les résidences privées, les RPA, hein, les
résidences pour personnes âgées, les ressources intermédiaires également,
donc... et les CHSLD privés. On a donné... Mme Blais a annoncé
133 millions. On va les aider à trouver le personnel. Il faut ajouter du
personnel aussi. On est en lien avec eux par le maintien à domicile et on va
renforcer nos actions pour soutenir nos partenaires.
Le Modérateur
:
Rapidement, en sous-question.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Oui. M. Legault, vous ne serez pas au breffage
technique au sujet des scénarios. Pourquoi cette absence?
M. Legault
: Bien, je
pense, c'est important que la population voie que c'est un scénario qui n'est
pas politique. C'est un scénario qui est fait par des scientifiques, par des
experts. Donc, en toute transparence, là, ce sont les experts qui vont
présenter le scénario puis répondre à vos questions.
Le Modérateur
: Merci. Maintenant,
au tour d'Alain Laforest, TVA Nouvelles.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour. Je veux revenir sur les CHSLD. Est-ce que c'est possible, Dr Arruda,
d'avoir un portrait précis? C'est toujours triste de parler de décès. Il y en a
150. Est-ce que c'est principalement des gens qui proviennent des CHSLD et des
résidences pour aînés? Les tranches d'âge aussi, là. Est-ce que ce sont des
gens de 80 ans et plus? Est-ce qu'on a des gens qui sont... C'est assez
difficile d'avoir des chiffres, là, et de pouvoir se faire une idée. S'il vous
plaît.
M. Arruda (Horacio)
:
Oui, je vais vous le dire. Bon, par rapport aux milieux, là... On parle des
décès, hein? Je ne parlerai pas de tous les cas, je parle des décès. Il y en a
26,7 % qui proviennent des domiciles, donc des gens qui étaient à leur
domicile, 44,7 % qui viennent des CHSLD, 20 % qui viennent des
résidences pour personnes âgées puis 13 % qui sont inconnus parce que
l'enquête était encore en cours par rapport aux données. On est en train de
faire l'enquête pour rejoindre les choses. Donc, on voit que la majorité, actuellement,
sont en CHSLD et à domicile, puis la RPA, qui était plus marquée au début, a
chuté à 20 %.
Bon, maintenant, du côté des âges, c'est
encore véritablement, je vous dirais... 98 % des gens ont en haut de
70 ans. Donc, juste pour donner un exemple des nombres, là, 84, à
70 ans et plus; 61, 80 ans et plus; puis 13 personnes de
90 ans et plus. Les 50-59 ans, il y a eu deux personnes, puis il y a
eu une personne, vous savez, on en a parlé, entre 30 et 39 ans. Donc, c'est
vraiment un profil encore, malheureusement... Ça ne veut pas dire que les gens
autres... qu'ils ne font pas la maladie, hein? Si vous regardez, là, les jeunes
font la maladie mais n'ont pas les complications et ne sont pas les décès.
C'est pour ça qu'on fait autant d'énergie auprès des milieux où vivent ces
personnes-là.
Puis il faut comprendre, si vous me
permettez, un milieu où vivent les gens, ce n'est pas un milieu qui est
complètement hermétique, hein? Il y a eu, au début, l'effet des voyages, qui
est allé par des gens de la famille qui sont rentrés, etc. Il y a eu aussi des
gens qui sont sortis, hein? C'est un mélange de facteurs puis c'est assez rare
que c'est complètement hermétique. À chaque saison, on a de la grippe dans les
centres d'accueil parce qu'il y a un mouvement, ce n'est pas fermé sur la
communauté, puis, à chaque saison, il y a des gastros aussi, hein? Vous voyez,
là, quelque part... Bien là, c'est pour ça qu'on est très, très restrictifs
maintenant pour justement éviter ça. Et puis la réorganisation, je vous dirais,
du personnel pour éviter que, d'un centre, ça aille à un autre, parce que ça
arrivait même dans les gastros à chaque année, ça va être repris en compte
actuellement.
M. Laforest (Alain) : Bon, on
sent actuellement, là, que le problème, c'est vraiment les résidences pour
personnes âgées, les CHSLD. À Laval, il y a 105 résidents, là, qui sont
testés positifs, qui ont des problèmes dans une résidence. Il y a eu plusieurs
décès dans une même résidence.
Est-ce qu'on a sous-estimé l'entrée du
virus dans ces résidences-là et qu'on n'a pas agi assez rapidement il y a deux
semaines?
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, est-ce qu'on a sous-estimé? On a toujours dit qu'on avait des
préoccupations pour ces clientèles-là. Les protocoles, ils sont en place. Le
problème, je pense, qui est un facteur qui est important… Puis je vais le dire
très honnêtement, on va le regarder aussi en prospective, là, regarder chacun
des éléments puis chacune des histoires. Le fait que certaines personnes soit
asymptomatiques ou très peu symptomatiques a fait que certains travailleurs de
la santé qui avaient peut-être été infectés ont pu rentrer ou quelqu'un de la
famille.
Ça fait que ça, je pense, que c'est un
facteur qui est très important, c'est cette… Puis, vous savez, cette notion-là,
de symptomatique ou asymptomatique, là, c'est quand même relativement récent.
On ne parlait pas nécessairement de ça au début février. Il y a toujours une
possibilité. Puis on ne sait pas jusqu'à quel point non plus elle est, comme on
appelle, le générateur de cas maximal parce qu'on pense que, quand t'es
symptomatique, tu as plus de virus, tu en contamines plus, mais c'est vraiment
cette histoire-là, de gens asymptomatiques ou peu symptomatiques…
Puis il a pu y avoir aussi, puis là c'est
des hypothèses, là, des travailleurs de la santé qui pensaient que c'était
comme un petit rhume, puis que ça allait passer, puis, pour ne pas manquer de
travail, pour offrir leurs services, compte tenu qu'il n'y a pas tant de
personnel que ça, ils sont allés. Mais ça, je pense qu'il faut regarder… Mais
ce qu'il faut comprendre, c'est que ce phénomène-là, il n'est pas seulement
unique au Québec, il est partout.
Bon, les protocoles sont là, les
orientations ont été données. Bon, jusqu'à quel point, sur le terrain, on est
capables de les appliquer, ça, c'est un autre enjeu. Puis c'est vrai, notamment
dans les résidences pour personnes… Il n'y a pas des infirmières dans toutes
les résidences pour personnes âgées. Il n'y a pas toujours d'infirmières en
prévention et contrôle des infections. Puis, qu'est-ce que vous voulez, quand
ça rentre dans ces milieux-là, compte tenu de la haute susceptibilité puis des
types de soins qu'on donne aux gens, de la proximité, bien, ça s'installe.
C'est comme une épidémie de gastro aussi, là. Vous savez, il y en a à chaque
année, puis de la grippe aussi, malheureusement.
Ça fait que je pense que votre question,
elle est pertinente,. On va la regarder pour mieux voir... Et je pense que,
comme à chaque fois, je veux dire, peut-être qu'on va changer notre façon de
penser les résidences pour personnes âgées dans l'avenir, peut-être qu'on va
changer le ratio de professionnels versus individus. Ça va être à voir.
Le Modérateur
: Merci.
M. Legault : Moi, je vous
dirais, M. Laforest, là, que je n'ai pas l'impression qu'on a sous-estimé
la situation dans les résidences pour personnes âgées et les CHSLD. Dès les
premières rencontres, on s'est tout de suite dit que c'était là la priorité. On
a été parmi les premiers à interdire les visites. On a été parmi les premiers à
ajouter des ressources. Puis il faut comprendre que les personnes qui sont dans
les CHSLD sont déjà malades, donc sont plus vulnérables que d'autres personnes
du même âge qui sont à la maison. Donc, il faut comprendre ça aussi, qu'on s'attendait
à avoir quand même relativement beaucoup de décès dans ces résidences-là.
Là où on a plutôt surestimé le problème,
c'est dans les hôpitaux. Actuellement, on a beaucoup moins de gens
d'hospitalisés puis dans les soins intensifs qu'on pensait, donc on prend ce
personnel-là puis on l'envoie dans les résidences de personnes âgées. Je pense
qu'on fait les bons gestes aux bons moments.
Mme McCann : Mais moi,
j'ajouterais, M. le premier ministre, que j'ai l'occasion de parler avec mes
collègues d'à travers le Canada, les autres ministres de la Santé des
provinces, et c'est le même phénomène partout. C'est le défi actuellement, ça a
été le défi depuis le début, même, alors évidemment, il faut prendre toutes les
mesures qu'on prend et qu'on a prises depuis le début, et on déplace
effectivement du personnel du secteur hospitalier vers les CHSLD actuellement.
Le Modérateur
: Merci,
je vous signale que le temps file, on va devoir, donc, accélérer.
Olivier Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Paris a
décidé d'interdire le jogging à partir de demain, de 10 heures à
19 heures. Est-ce que la santé publique du Québec recommande la même chose
pour les grandes villes, dont Montréal, peut-être même Québec?
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, je n'ose pas dire qu'est-ce qu'on va dire demain puis après-demain parce
que les choses peuvent évoluer. Je pense qu'un des principes qu'on a dit, c'est
la question de la distanciation sociale. Je veux dire que les gens joggent à
trois, quatre mètres les uns des autres, puis qu'ils ne se rassemblent pas
puis qu'ils sont dans l'air, à l'extérieur, je pense, ça peut être adéquat.
Moi, voyez-vous, là, dans la restriction des choses, faut restreindre, à mon
avis, des choses qui sont contributives à la maladie, restreindre les
rassemblements. Ce n'est pas le temps, à Pâques, de faire un jambon aux ananas
puis d'inviter sa belle-sœur, son beau-frère, même si on pense qu'ils sont
fiables, ce n'est pas le temps de faire ces éléments-là.
Ça fait que quelqu'un qui a besoin de
courir puis qui court, habituellement, si on lui prive d'aller courir, mais
qu'il court dans une perspective où il n'est pas en train de se rassembler
ailleurs, il n'est pas en train de se coller sur quelqu'un, il le fait à une
heure où il n'y a pas trop de monde... je ne sais pas si vous comprenez ce que
je veux dire, moi je pense qu'à un moment donné, faut être capable d'avoir ces
soupapes-là, sinon les gens vont virer fous.
Bon, si on avait la démonstration que ça
devient une mesure efficace puis qu'il faut le faire, on verra, mais je ne
pense pas qu'on en soit rendus ici. C'est la même chose quand le premier
ministre parle de... pas nécessairement de faire de marche, il veut éviter les
rassemblements. Mais si quelqu'un marche avec sa conjointe avec qui... ils
vivent dans la même maison, et puis qu'ils sont... bien, ils marchent, mais il
faut garder cette distance sociale là. J'ai même vu dans un vidéo — je
ne sais pas si vous avez vu ça à la télévision, là — quelqu'un qui
avait autour de lui... qui courait, comme... jogging, puis il avait mis
deux mètres de fil de chaque côté avec une suspension, là, puis, là, quand
il court, il n'y a personne qui peut s'approcher de deux mètres, bien,
c'est ingénieux, mais c'était ça, le principe. Ça démontrait c'est quoi, la
distance qu'on doit maintenir autour de nous pour ne pas être contaminé. Moi, je
pense que tant que ce principe-là est fait, puis qu'on ne se rassemble pas,
puis qu'on n'est pas malade non plus pour… Parce que, si jamais vous êtes
malade, puis si vous voulez courir de même pour aller à l'hôpital, mettez-vous
un masque pour protéger les autres, là. Mais moi, je pense que c'est ça qu'on
est rendus.
Là, pourquoi ils ont fermé, en France, le
jogging? C'est une question de densité? C'est-u parce que le monde se
rassemblait? Je ne peux pas vous le dire. Mais actuellement on a déjà dit par
contre que c'était évalué d'éviter d'aller courir dans des quartiers où il y a
de la contamination puis aller pas trop loin de chez vous. Ça peut être une
chose. Mais, en même temps, si vous ne rencontrez pas personne… Comprenez-vous?
Le virus n'est pas dans les villes, dans les airs, là, puis dans l'environnement.
Moi, je pense que c'est ça, mon explication.
Le Modérateur
: Merci. Rapidement…
M. Arruda (Horacio)
:
Puis je pense que si vous respectez ça comme principe on va être corrects.
Le Modérateur
: Merci.
En sous-question.
M. Bossé (Olivier) : M.
Legault, je suis certain que c'est venu à vous, les gens qui se sont fait bâtir
des maisons ou des condos neufs, là, il va falloir qu'ils partent parce que quelqu'un
d'autre arrive soit dans leurs logements ou leurs maisons. Qu'est-ce qu'ils
font?
M. Legault : Bien là, pour
l'instant, on souhaite qu'il n'y ait pas de déménagements pendant le mois
d'avril. On va réouvrir la construction dès que c'est possible d'être réouvert.
Donc, pour l'instant, on est prudents, mais on est très conscients du problème,
là, qu'il y a un effet de domino sur les gens qui n'auront pas leurs maisons à
temps.
Le Modérateur
: Louis
Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
M. Legault, Mme McCann, M. Arruda. Justement, ma question que je voulais poser
c'était sur la construction en particulier. Parce que vous avez parlé qu'une
fois que, bon, la courbe commencera à redescendre puis qu'on allait alléger les
mesures de confinement et permettre d'ouvrir certains secteurs… Est-ce que la
construction va être parmi les premiers secteurs à ouvrir? Vous avez déjà dit
que c'était un moteur important pour l'économie.
M. Legault : Oui. Je pense
qu'évidemment on ne peut pas parler de tout le secteur de la construction,
mais, quand les travailleurs de la construction sont capables de rester à deux
mètres des autres travailleurs, là, c'est ça qui va être beaucoup le critère,
bien, on pense que, quand on va avoir passé le sommet puis qu'on va clairement
être en descente, ça va être un des premiers endroits, là, qui va être
réouvert.
M. Lacroix (Louis) : Ma
question à M. Arruda. Vous avez dit hier… Parce qu'on était limités dans le
nombre de questions, mais je vous avais posé une question hier sur les tests
aléatoires que vous pourriez faire dans certains secteurs, par exemple. Quand
est-ce que vous comptez faire ces tests-là et dans quel contexte? Est-ce que ça
sera, par exemple, dans des secteurs qu'on appelle les «hot spots» ou est-ce
que ça sera dans des secteurs cibles, pour essayer d'avoir une meilleure idée
de la contamination? Et quand ça devrait se faire, ces tests aléatoires?
M. Arruda (Horacio)
:
Bon, votre question est bonne, puis c'est un mélange de tout ça. Parce que
l'objectif de faire ces tests-là peut être différent d'un endroit à un autre.
On pourrait en faire des aléatoires, à l'intérieur d'un établissement où on
pense qu'il y a une éclosion, pour vérifier quel est le niveau de gens atteints
ou pas, on peut en faire dans des territoires ou dans les «hot spots», on veut
vérifier, par exemple…
Prenons l'exemple dans l'île de Montréal,
essayez d'estimer quelle est la proportion de gens qui ont été infectés puis
qu'on n'a pas eu de symptômes. Est-ce qu'on est à 30 % de gens infectés?,
à 40 %?, à 60 %? C'est important parce que plus on est bas, plus il y
a des personnes qui ne sont pas infectées, plus on va avoir un risque de retour
de la courbe par après. Puis ça va se combiner pas rien qu'avec le test mais
véritablement avec ce qu'on appelle des études de séroprévalence. C'est qu'on
va prendre du sang des individus puis on va vérifier leurs anticorps, les
anticorps IgM, IgG, qui sont les plus récents ou les plus anciens, pour voir
qu'est-ce qu'il en est.
L'autre élément qu'on ne sait pas, puis la
question est bonne, puis on se le dit, on pense qu'il y aurait une immunité à
ce coronavirus-là, mais on n'est pas... ce n'est pas garanti, là, qu'elle va
reste longtemps, puis etc. Ça fait que c'est, donc, des mélanges de stratégie
comme ça. Puis c'est quand on n'a plus besoin des tests pour les autres
objectifs qu'on peut aller là-dessus. Mais je pense qu'avant même de changer
toute la stratégie de tests... puis ça va dépendre si on a des tests
24 heures aussi, des tests où... qui donnent la réponse en
15 minutes. Ça, ça va être un élément qui va être très important, ça va
donner des informations très rapides. Mais ça va être vraiment avec les études
de séroprévalence qu'on va être capables de mieux documenter la situation.
Le Modérateur
: Merci.
Prochaine question, Geneviève Lajoie, Journal de Québec, Journal de
Montréal.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Bonjour à vous trois. Je voulais vous parler de la décision du maire de
Terrebonne, qui a été appuyée d'ailleurs par les autorités de santé publique,
de bloquer l'accès des Costco, des Walmart aux gens qui n'habitent pas dans la
municipalité.
Est-ce que vous invitez d'autres
municipalités à faire pareil ou, au contraire, vous découragez les autres
municipalités à faire ça, et pourquoi?
M. Legault : Bon,
d'abord, les commerces dont on parle, entre autres, le Costco, ce que le maire
a fait, c'est qu'il a dit : Ça devrait être seulement les personnes de la
MRC qui pourraient y aller. Pourquoi? Parce qu'en fin de semaine passée il y
avait beaucoup de gens de Montréal qui sont allés à Terrebonne, au Costco.
Donc, déjà, on a dit : On ne devrait
pas avoir de déplacement d'une région comme Montréal vers une région comme
Lanaudière. Donc, ça va dans le même de ce qu'on dit. Donc, moi, je pense,
c'est une bonne idée, surtout que, bon, il y a des commerces en haut, à
Saint-Jérôme, il y en a à Montréal, donc je ne vois pas pourquoi que ça serait
absolument nécessaire d'aller à Terrebonne pour les gens qui ne viennent pas de
la MRC Des Moulins.
Le Modérateur
: ...
Mme Lajoie (Geneviève) :
Juste une précision sur, justement, les rassemblements. Il y a des couples qui
ne vivent pas ensemble, mais qui se sont rencontrés, un est allé dans la
résidence de l'autre, qui ont reçu des amendes dans les dernières heures, dans
les derniers jours. Qu'en est-il exactement? Est-ce qu'un couple, deux
personnes qui ne vivent pas ensemble peuvent se voir?
M. Arruda (Horacio)
:
C'est une bonne question... dire qu'il faudrait regarder le genre de situation,
qu'est-ce que font chacun des couples. Comme, tu sais... Je ne sais pas si vous
comprenez. Là, on entre dans... Puis là la question de la contravention, je
n'ai pas le contexte, il faudrait que je le voie. Mais le principe, c'est qu'on
dit... Puis, tu sais, j'aurais le goût de dire : Bien, restez donc dans la
même maison puis vous allez être un couple comme tel, ça serait facile.
Mais il y a toutes sortes de conditions
qui peuvent faire que les gens ne sont pas là. C'est sûr que si vous avez une
personne qui est enfermée à la maison puis qui n'est pas sortie du tout, du
tout, du tout, puis que les deux sont à peu près pareilles, puis qu'il fait
rien que se déplacer pour aller rejoindre l'autre, le risque n'est pas là.
Comprenez-vous? Mais là la question, c'est que chaque cas d'espèce devient un
cas d'espèce, puis je ne veux pas commenter sur cette histoire-là, là, comme
telle. Il y a un certain jugement qui est porté, là, par rapport à ça. Mais
c'est sûr que, si un couple... tu sais, quelqu'un est dans une zone chaude, O.K.,
mettons, là, en plein quartier chaud de Montréal, et l'autre est à
Sainte-Thérèse, dans une zone pas chaude — je dis ça parce que c'est
dans mon coin — bien, je veux dire, là, le principe de tu ne vas pas
chez l'autre, parce que tu es dans une région chaude... Comprenez-vous?
C'est là que ça devient très, très
difficile, parce que ça dépend du travail. Est-ce que c'est un travailleur
essentiel qui est allé à l'extérieur? Il y a plein de considérations. Puis moi,
je n'ai pas vu la liste de ces contraventions-là. J'ai vu que ça a été rapporté
dans les médias, il faudrait que je le voie comme tel. Mais vous comprenez le
principe? Dans le fond... parce que ce n'est pas tant la contravention qui est
intéressante, là, ce n'est pas ça du tout, c'est qu'on comprenne qu'on ne
s'expose pas l'un à l'autre.
Le Modérateur
: Merci.
Donc... Oui, M. Legault.
M. Legault
: ...s'en
tenir à un ou une conjointe.
Des voix
: ...
M. Legault
: S'en tenir
à un conjoint ou une conjointe seulement.
M. Arruda (Horacio)
:
Ah! O.K. Oui, oui. Disons que la monogamie est préférable à ce temps-ci.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Le Modérateur
: Alors,
sur ce, Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous. Question pour M. Arruda. Quelle est la valeur des pronostics
qui seront annoncés plus tard aujourd'hui?
M. Arruda (Horacio)
:
Les pronostics? Vous voulez dire, des scénarios?
M. Bergeron (Patrice) : Oui.
M. Arruda (Horacio)
: Écoutez,
je vous l'ai dit, ils ont... On a essayé, en tout cas, si vous me permettez...
le temps qui a été pris par nos experts était justement pour être capable
d'avoir le maximum d'information sur la réalité qui s'est passée au Québec,
pour être capable de la comparer à ailleurs. Ça a les limites qui vous seront
exposées par ces experts-là par rapport à leurs scénarios.
Plus on projette loin, plus le... parce
que, vous savez, là, la courbe, là, cette semaine, elle va être décisive, là.
Je ne veux pas faire la présentation à leur place, si vous me permettez. Je
veux juste vous dire que les courbes qu'on a vues, comment le Québec se
comporte, c'est encourageant. Ça, c'est une des premières choses. Même si on va
vous présenter des scénarios pessimistes, comme vous l'a dit le PM, là, les
chiffres que vous pourriez voir, je ne pense pas qu'on va se rendre là, O.K., à
moins... si on continue. Là, si tout le monde se relâche après avoir vu les
courbes puis qu'on se remet à remonter, on pourrait ravoir une augmentation en
pente, puis tout le travail qu'on va avoir fait, on va l'avoir décalé
seulement. Ça fait que ça, ça va vous être expliqué comme tel.
Puis ce qui va être le plus intéressant,
je pense, c'est de voir, au fur et à mesure, là, dans les prochaines semaines,
une semaine après une semaine, la progression. C'est ça qui va être
intéressant, parce que je vais vous dire, moi, ce qui m'intéresse, c'est, je
pense... si les courbes m'ont aidé à me rassurer, c'est grâce au travail
intense des Québécois, grâce à la compliance aux mesures qu'on a mises en place
de distanciation sociale puis etc. Je pense qu'on s'est donné beaucoup de
chances.
Le Modérateur
: En
sous-question...
M. Arruda (Horacio)
:
Comme disait le premier ministre — peut-être un peu — on a
même une capacité, à mon avis, là... qu'on est en train de se poser la
question : Est-ce qu'on ne va pas rebaisser la capacité? Mais il est
encore trop tôt. Avril va être un mois important. Votre collaboration encore,
je vous demande... Je sais que c'est long, là, mais ensemble on va y arriver.
Le Modérateur
: Merci.
Rapidement, M. Bergeron.
M. Bergeron (Patrice) :
Brièvement, et vous pouvez avoir une réponse brève. Sur une échelle d'un à 100,
quelles sont les chances que le scénario qu'on estime comme étant le plus
probable se produise?
M. Arruda (Horacio)
:
Oh, mon Dieu!
M. Bergeron (Patrice) : Donc,
ça vous permet d'être bref.
M. Arruda (Horacio)
:
Vous me demandez quelque chose. Si j'ai le bon chiffre, je voudrais acheter des
billets de 6/49.
M. Legault : Bien, je ne veux
pas...
M. Arruda (Horacio)
:
75 %. O.K.? Je dis ça, là, puis je... M. le premier ministre, peut-être
vous avez d'autres chiffres?
M. Legault : Non, non.
J'allais dire que, si j'ai bien vu, on a un scénario optimiste puis un scénario
pessimiste?
M. Arruda (Horacio)
:
Oui.
M. Legault : Donc, il n'y a
pas de scénario probable. Je ne veux pas vous décevoir, là...
Le Modérateur
:
Merci...
M. Arruda (Horacio)
:
Ce que je veux dire, c'est que par rapport à notre... ce qu'on observe jusqu'à maintenant,
je ne sais pas si vous comprenez qu'est-ce que je veux dire, on est plus
proches de l'optimisme que du pessimisme. Mais tout ça, là, puis je vais vous
le dire, si je me suis trompé, je vais dire que c'est de votre faute parce que
vous n'avez pas appliqué les mesures nécessaires.
Le Modérateur
: C'est
noté. Fanny Lévesque, LaPresse.
Mme Lévesque (Fanny) : Oui.
Bonjour. Pour les tests, au sujet de l'inventaire, là, de réactifs, donc, est-ce
qu'on s'attend à ce qu'on rationalise un peu le nombre de tests dans les jours
qui suivent? Et est-ce que c'est envisagé de tester plus régulièrement les
employés en CHSLD, par exemple?
M. Legault : Bon, d'abord,
l'ordre pour tester les gens a été modifié par le Dr Arruda, puis, oui, il est
prévu qu'il y a priorité pour ceux qui travaillent dans le réseau de la santé. Maintenant,
j'espère ne pas être obligé de réduire le nombre de tests. Donc, c'est pour ça
que nos acheteurs, là, ceux qui s'occupent des approvisionnements travaillent
très fort. On sait déjà que la formule pour faire le mélange du réactif a été
donnée à Winnipeg, si je me souviens bien. Donc, j'espère, là, qu'on va être
capables d'avoir la fameuse recette dans les prochains jours et puis de pouvoir
fabriquer nous-mêmes le réactif, là. Puis j'ai confiance, là.
Mme Lévesque (Fanny) : Une
précision sur les effectifs qui vont être transférés en CHSLD et en résidences
pour personnes âgées. Est-ce que vous avez une proportion, à peu près, quel
nombre de gens pourraient être déplacés du réseau aux CHSLD? Et j'aimerais
aussi connaître la directive : Qu'est-ce qui se passe quand une personne
est malade en CHSLD? Est-ce que ces gens-là peuvent être transférés aux soins
intensifs? Est-ce qu'elles le sont?
Mme McCann : Oui, oui, à votre
deuxième question, absolument. C'est sûr qu'une personne qui est en CHSLD puis
qui requiert des soins, si ça peut être donné en CHSLD, on va lui donner en
CHSLD. Vous savez ce que c'est, déplacer une personne âgée. Ce n'est pas
l'idéal, surtout quand ce n'est pas requis.
Alors, c'est ce qu'on fait actuellement,
mais si la personne, son état se détériore et qu'elle a besoin d'hospitalisation
ou de soins intensifs, elle va être transférée. On en a eu d'ailleurs plusieurs
qui ont été transférées en milieu hospitalier puis en soins intensifs. Alors,
tous les soins sont donnés de la façon requise.
Votre première question?
Mme Lévesque (Fanny) :C'était sur la proportion
d'effectifs.
Le Modérateur
:
Rapidement.
Mme McCann : Oui, oui. Alors,
moi, j'ai demandé un rapport là-dessus, quotidien. Alors, à ce moment-ci, je
peux vous dire qu'il y a des établissements qui l'ont déjà fait. Par exemple,
Laval, là, a transféré des employés qui venaient du secteur hospitalier puis
qui sont maintenant au CHSLD de Laval, où il y a évidemment, là, une situation
dont il faut s'occuper beaucoup. Il y en a d'autres qui l'ont fait.
Alors, moi, je veux avoir un rapport
là-dessus, quotidien, de la part des établissements. Et je pense qu'on est capables
de transférer une portion des gens qui sont dans le secteur hospitalier parce
qu'effectivement on a moins d'hospitalisations qu'on pensait. Mais je dois vous
dire quand même que c'est serré à certains endroits parce que, notamment à
Montréal, il y a beaucoup de besoins. Alors, là aussi, à Montréal, on va se
pencher là-dessus, puis je vais avoir un rapport plus précis.
Le Modérateur
: Merci.
Hugo Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Oui,
bonjour. M. le premier ministre, on vous a entendu, tout à l'heure, vous
réjouir du fait que le nombre d'hospitalisations demeurait relativement faible.
Dr Arruda aussi nous avait dit que c'était un des indicateurs les plus fiables,
là, le pourcentage d'hospitalisation.
Mais dans la mesure où, effectivement, il
y a beaucoup de gens très malades en CHSLD, est-ce que cet indicateur-là est
vraiment représentatif? Est-ce qu'on compte les gens en CHSLD comme étant
hospitalisés, lorsqu'ils ont la COVID, qu'ils sont très malades? Parce qu'on
imagine que c'est des gens qui peut-être, dans d'autres circonstances, seraient
hospitalisés.
M. Legault : Vous avez raison
qu'il faut quand même être prudent quand on regarde seulement les
hospitalisations, parce qu'il y a des cas, parfois, en CHSLD où, quand c'est
nécessaire d'être transféré à l'hôpital, c'est fait, mais parfois, ce n'est pas
nécessaire puis ce n'est pas fait. Donc, effectivement, les hospitalisations,
le chiffre est peut-être un petit peu faussé parce qu'on n'inclut pas les gens
qui sont très malades dans les CHSLD.
Le Modérateur
: En
sous-question.
M. Arruda (Horacio)
:
Oui, si vous me permettez d'ajouter un élément, il faut aussi comprendre qu'en
CHSLD des gens ont ce qu'on appelle des plans de soins, hein? Je veux dire, ma
femme pratique en CHSLD, là... c'est-à-dire que les gens, tout dépendamment de
l'état de la personne, par exemple, vont décider : Est-ce qu'ils veulent
avoir un transfert à l'hôpital? Est-ce qu'ils veulent avoir des soins
intensifs? Est-ce qu'ils veulent être intubés? Et ça, c'est dans le plan de
soins.
Indépendamment du coronavirus, là, il y a
des gens qui ont déjà exprimé à leur médecin qu'ils ne veulent pas être
transférés en milieu hospitalier, qu'ils veulent des soins de confort puis etc.
Puis une bonne proportion, puis là je n'ai pas le chiffre exact, là, mais il y
a des gens là-dedans qui vont carrément le dire, puis la famille va être
d'accord aussi. Puis, des fois, on repose même la question pour être sûr que
les gens ne changent pas d'idée. Par exemple, quelqu'un qui est en phase
terminale ou qui est en situation de démence très importante puis etc., puis la
famille a convenu que, s'il avait une pneumonie, on le traite en CHSLD, on lui
donne l'antibiotique, on lui donne une chance de s'en sortir, mais qu'il n'y a
pas nécessairement un transfert en milieu hospitalier, parce que, ces
patients-là, quand on les transfère en milieu hospitalier, si on les intube, on
n'est pas capables de les extuber, souvent, et là ça devient plus difficile
pour les gens de retirer l'intubation que de le garder.
Ça fait que je ne veux pas dire... Et ça,
c'est avant le coronavirus. Ce n'est pas une nouvelle mesure qu'on met en place
pour dire qu'on ne veut pas traiter ces gens-là. C'est des gens qui ont ce
qu'on appelle un niveau de soins puis un niveau d'intervention par rapport à
leur condition ici.
Le Modérateur
:
Rapidement.
M. Legault : C'est pour ça que
le chiffre qui est le plus fiable, ce sont les décès, parce que les cas, ça
dépend combien on a testé. Les hospitalisations, on peut en avoir une partie
dans les CHSLD, mais c'est déjà mieux que juste les cas. Mais l'idéal, la
mesure la plus juste, là, ce sont les décès.
Le Modérateur
:
M. Lavallée.
M. Lavallée (Hugo) : Puis
justement, donc, sur le même thème, celui de la fiabilité des chiffres, ça fait
deux jours de suite, là, qu'on constate que le nombre total de cas,
l'augmentation est inférieure à 10 %. Mais est-ce que c'est significatif
dans la mesure où, effectivement, il y a beaucoup de gens qui disent : On
devrait tester tous les gens en CHSLD, tous les employés du système de la
santé? Visiblement, là, on est au bord d'une rupture de tests. Donc, on n'a pas
les moyens pour faire ça. Est-ce qu'il faut se réjouir du fait que le nombre de
cas augmente relativement moins vite qu'avant ou ça ne veut pas dire
grand-chose, là, dans le contexte de tests où on est?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien oui, ça veut dire quelque chose parce que ça implique... Un, premièrement,
là, jamais, dans aucun... Puis ça dépend des capacités, c'est sûr, là, mais,
dans aucun, véritablement, pays… Là, quand on suit l'influenza chaque année, on
teste seulement une certaine proportion pour être capables de prédire la chose.
C'est les tendances qui sont importantes. Si on a une diminution des cas
hospitalisés, c'est que le virus est... Puis là les cas hospitalisés, ils sont
toujours 15 jours après l'événement, là. Ça fait que, là, on a récolté la
semaine de relâche. On a récolté des introductions communautaires,
probablement, dans certains milieux. C'est les tendances qu'il faut qu'on
regarde. Est-ce qu'on est en train... Parce que, si...
Puis on regarde le taux de positivité de
nos tests aussi. Si on a une tendance à la stabilisation des hospitalisations
puis à la stabilisation des soins intensifs puis qu'on teste beaucoup de cas ou
pas, on est capables de... Les cas sévères vont demeurer stables dans le temps.
Même les cas non testés au début, là, ils décédaient. Ça fait que, quelque
part... Puis on a des courbes où on voit, là, les interventions qu'on a faites,
quand est-ce qu'on a augmenté les tests. C'est sûr qu'à un moment donné on va
voir le nombre de tests augmenter de façon très significative, de cas, mais
c'est des cas pas sévères, comprenez-vous? Le marqueur, là, c'est comme si, là,
la température de l'eau, je la prends avec les décès puis les hospitalisations,
puis le reste, bien, c'est un estimé.
Le Modérateur
: Merci.
On doit donc passer aux questions en anglais. We'll start
today with Samuel Pouliot, from CTV News.
M. Pouliot
(Samuel) : Hi. The CHSLD in Sainte-Dorothée
had a major outbreak. The union and the staff too are saying... Well, they're
angry because they say they weren't tested early enough and they don't have
enough protective gear. Some family members even say,
like, they were sharing the same washrooms. What is being done to protect all
the people involved?
Mme McCann : It's a big operation. I've spoken actually
to the director general of that organization, and a lot of measures have been
taken. First of all, I want to say that all the protective equipment necessary
is there and should be there for the staff. So this is being done. There has
been staff that has been displaced from, for instance, the hospital or other
areas where there's no activity to the CHSLD. There are now nurses in
prevention of infections who are working on the premises and there are
physicians, additional physicians, also, who are on the premises. So there's a
lot of measures that have been taken, and the situation is being really taken
care of very seriously by the organization.
Le Modérateur
:
Second question.
M. Pouliot
(Samuel) : And there are lot of companies that
are changing their operations to make masks, visors and other PPE. We're
showing communities that are making, like, stuff like that using the 3D
printing technology and they're giving it to hospitals. How do we know if these
PPE meet the quality standards? Who is checking it?
Mme McCann :
Look, we have a big team of people at the Ministry who are looking at all this
operation, and we are in contact with Santé Canada, and we're working also with
the Ministry of the Economy and Innovation. So, in this context, all this
operation is being accelerated. So these enterprises have to be also validated,
as you're saying, and this process is being done, but in a faster way.
Le Modérateur
:
Cathy Senay, CBC News.
M. Legault : I would add something.
Le Modérateur
: Yes, Mr. Legault.
M. Legault : We have kind of a B plan and a C plan. The B plan is to have the
equipment approved by Santé Canada and the C plan, and we hope not to apply this C plan, that's where
we would some equipments that are not approved by Santé
Canada. But, so far, we think we'll be all right with
the B plan.
Le Modérateur
: Cathy Senay.
Mme Senay
(Cathy) : Around 6:00 o'clock, Premier Kenney
will present Albertans with COVID-19 projections with a televised address. And
then you had Doug Ford, in a press conference, talking about projections. As
much as you wanted Quebeckers
to have access to this information, Premier Legault, you want to keep your distance from these
projections that will be presented. What do you want Quebeckers to understand
by the fact that you're not going to be there?
M. Legault : OK. My responsibility, in the last few days, was to make sure that
these experts will have all the answers that Quebeckers will like to have to
their questions, all right? But I'm not the one dictating the answers. I think
the answers, the figures, the forecast, they have to be done by experts, not by
politicians.
Mme Senay
(Cathy) : I have the same question than Hugo,
regarding the hospitalization rates in Québec, is it an accurate assessment of how many people are seriously ill,
since we know that there are many elderly who are treated in CHSLDs and who
would, otherwise, be hospitalized? And you said it in French, so it's not an
accurate number, 100%.
M. Legault : Yes, but still, to give you a few figures, at the beginning, in
the last few weeks, we were forecasting that there would be 15% of the cases
that would be hospitalized. Right now, we are between 9% and 10%, so it's a lot
lower than expected. Yes, we don't take into consideration people that are in
CHSLDs, but still, if we take that into consideration, we're a lot lower than
expected and that's a good news.
Le Modérateur
: Thank you, so now, a few quench questions sent by email. The first
one is from Phil Authier, Montreal Gazette, it's a question for Mr. Arruda. We are seeing more and more
outbreaks in seniors' residences and CHSLDs such as in Laval. Is there any plan
to test everyone in these residences? As it has become clear, some people have
the virus but are not showing symptoms.
M. Arruda (Horacio)
: That's part of the strategy we're going to use, it's going to be
analyzed, each case by case. I think the most important thing is to apply the
procedures to protect the employees, the healthcare... and also, make sure that
we have hot spots in those places, not mixed with the light spots, but it could
be an approach, depending of the rate of contamination to test everybody,
personnel and also the residences.
Le Modérateur
: Now, second question from Mr. Authier but asked to
Mr. Legault. We are hearing any Québec farmers say they are worried they will not be able to plant their
crops because of a lack of temporary foreign workers. What is being done to
help?
M. Legault : OK. We're working very hard with the federal Government, the
minister of Agriculture, André Lamontagne, is working to make sure that we have
as many temporary workers as possible. But we're also working on a B plan where
we would give an amount to Quebeckers who would like to come and work with
«agriculteurs» this summer.
Le Modérateur
: And now a question from Raquel Fletcher, Global News. There are
outbreaks in numerous CHSLDs and private centers. How does the Minister qualify
the situation? Are family members being left to die?
Mme McCann : Oh my God! No. We're doing everything we can to protect the
elderlies, and I can assure the families of those people who are in the CHSLD
that no effort is let go. We are doing everything we can. And I spoke today
with the directors general of all the organizations in Québec, and they assured
me that they are taking all the measures necessary.
For one, we're going to
displace, and it's already started, they have started to displace staff that
is, for instance, in the hospitals where there are some activities that are not
being held at this point, because they are elective, and other areas that are
not being active, so we're displacing those people in the CHSLD. We're putting
also nurses who are prevention of infections nurses, physicians… I've spoken
with the president of the Fédération des médecins omnipraticiens, and family
doctors are going to help in the CHSLD.
So a lot of measures are
taken, and we're going to see to that situation and to protect the elderlies in
the long-term facilities.
Le Modérateur
: Very last question, from Global News. The self-care guide is being
distributed door-to-door, in French. What efforts are being made to make it
widely available to the English-speaking community? Is it being translated into
other languages?
Mme McCann : It's already translated in English, and I will look at the
possibility of a translation in other languages. So, in English, it should be
distributed just like the French version. And it's also on the site of the
Ministry, so it's accessible for everybody.
Le Modérateur
: Alright, thank you very much. C'est tout le temps que nous
avons aujourd'hui. Merci. Et on se revoit plus tard.
(Fin à 13 h 57)