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Conférence de presse de presse de M. Yvan Gendron, sous-ministre de la Santé et des Services sociaux et de M. Richard Massé, conseiller médical stratégique à la Direction de la santé publique

Le gouvernement du Québec présente la courbe de la COVID-19 au Québec

Version finale

Le mardi 7 avril 2020, 16 h 15

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Seize heures dix-huit minutes)

Le Modérateur : Donc, bienvenue à cette conférence de presse du Conseil médical stratégique. À la direction de la santé publique, Dr Richard Massé, qui est accompagné de M. Yvan Gendron, sous-ministre au ministère de la Santé et des Services sociaux.

Alors, Dr Massé, est-ce que vous voulez prendre la parole en premier?

M. Massé (Richard) : Merci beaucoup. Bien, ça nous fait plaisir de vous rencontrer pour vous présenter les différents scénarios, les modèles qui ont été élaborés. Comme vous avez vu, les modèles sont basés à partir, à la fois, des données québécoises et à partir des données qu'on a d'autres pays. On a choisi ces pays-là parce qu'ils avaient des caractéristiques importantes pour se comparer, des modèles où est-ce que les gens sont intervenus plus tardivement, parce qu'ils ont détecté l'épidémie plus tardivement — je pense à l'Italie — et c'est un facteur important, qui a modulé la transmission; d'autres pour lesquels il y a eu des interventions rapides, et ça a été un facteur très important dans le contrôle. Donc, j'imagine que vous aurez peut-être des questions en lien avec ça.

En même temps, il faut comprendre que, quand on fait des scénarios, ces scénarios-là sont une prévision de la réalité, mais ils ne sont pas la réalité. Il y a beaucoup de facteurs qui peuvent influencer l'évolution de l'épidémie au Québec, de la pandémie au niveau mondial, ut un de ces facteurs-là, c'est certainement les mesures qui ont été prises rapidement par le gouvernement du Québec pour contrôler la transmission. Et, si les gens maintiennent l'attitude qu'ils ont eue jusqu'à date... on a eu des résultats assez importants, un succès, on devrait dire, à date, et il ne faut surtout pas les relâcher.

Donc, on pourrait accepter vos questions, à moins que M. Gendron ait des commentaires supplémentaires qu'il veuille donner pour l'organisation des services.

M. Gendron (Yvan) : Bien, j'aurais quelques messages à passer, mais il est certain que moi, en fonction de mon rôle comme sous-ministre de la Santé et Services sociaux, là, bien sûr, sous le leadership de nos trois ministres, là, il était important de s'assurer qu'on puisse capter les informations nécessaires pour organiser les services. Il faut être prêts d'avance, et bien d'avance, pour ne pas être pris, là, à la dernière minute, là, à savoir comment on s'organise, comment on libère des lits, comment on s'assure qu'aux soins à domicile on soit auprès de la population, des gens qui sont vulnérables, d'être à l'affût de leurs besoins, tout le temps. Je pense aussi aux jeunes, à leur famille, aux gens qui sont dans les centres jeunesse, là.

Donc, peu importe le secteur où se retrouve notre clientèle, il fallait être prêts. L'itinérance, c'est la même chose, hein, l'itinérance, dépendance, dans les secteurs de la ville de Montréal, par exemple, ou d'autres villes, peu importe. Nous, il fallait savoir, là, qu'est-ce qui risque de se passer en fonction de l'expérience acquise des autres pays, des différents scénarios et en fonction des faits réels qui sont observés actuellement, tant au niveau du nombre de cas, du taux d'hospitalisations, du nombre de cas qui est en soins intensifs, et s'assurer quel retour, finalement... comment on s'assure d'un retour adéquat, en sécurité, pour l'ensemble de la clientèle. Donc, c'est un grand défi.

Donc, on devait planifier, être prêts, bien sûr, en tenant compte des ressources disponibles que sont, bien sûr, notre personnel, les médecins, là, parce qu'eux aussi, ils vont aussi être atteints, donc, à un différent niveau. Donc, on veut s'assurer qu'ils soient bien protégés pour bien soigner, pour être disponibles pour l'ensemble, là, des besoins des différentes clientèles, qu'elles soient vulnérables, très vulnérables ou moins vulnérables.

Donc, là-dessus, bien sûr, il y a beaucoup d'efforts qui ont été faits, tant au niveau de la planification des lits, par exemple en centre hospitalier, tant au niveau aussi de s'assurer d'avoir le bon équipement, et, là-dessus, c'est un combat, vous l'avez vu, hein, c'est un combat mondial pour l'acquisition des différents équipements, qu'ils soient masques, blouses, gants, etc., là, je n'ai pas besoin de vous les nommer.

Donc, là-dessus, en fonction des données qui ont été observées et qui nous sont données jour après jour, on s'adapte pour être bien prêts pour faire face justement à ces besoins-là de la population.

Le Modérateur : Merci à vous deux. Alors, si vous êtes prêts à prendre les questions des collègues de la Tribune de la presse, nous allons débuter avec Olivier Bossé, du journal Le Soleil.

M. Bossé (Olivier) : Bonjour. Évidemment, ces deux scénarios... En fait, si je comprends bien, c'est que ces graphiques-là appliquent les chiffres de ces deux autres pays aux chiffres du Québec... bien, au Québec. Donc, est-ce que c'est possible de savoir où on va se retrouver entre les deux?

M. Massé (Richard) : Bien, comme ça a été mentionné déjà, c'est extrêmement difficile de mettre un chiffre précis où est-ce qu'on va se retrouver. C'est pour ça qu'on a arrêté la courbe au réel, pour que vous puissiez vous-mêmes voir que, si on pense que les choses se déroulent bien par rapport à un pays qui a beaucoup de caractéristiques qui se rapprochent de nous, à ce moment-là, on va être vraiment proches du scénario optimiste. On ne sera certainement pas proches du scénario pessimiste.

Mais si vous demandez un chiffre entre les deux chiffres qu'il y a là, je ne vais pas vous mettre un chiffre précis, mais, je vais vous dire, on va être certainement proches du chiffre optimiste pour ce qui est du nombre de cas. Puis pour ce qui est du nombre de décès, parce que c'est l'autre chiffre dur, bien, vous voyez la courbe comme nous, ce n'est pas le même pays qui est comparé, mais ça montre qu'aussi on est dans une position relativement favorable. Mais il y a plein d'autres pays qu'on aurait pu comparer, en Europe, mais ces pays-là, on les a pris parce qu'ils avaient soit des performances qui étaient moins bonnes... pas parce que les pays sont moins bons, parce qu'ils ont commencé à intervenir plus tardivement.

Le diagnostic de la transmission dans des centres urbains, dans le nord de l'Italie, s'est fait tardivement, il y avait déjà plusieurs générations de transmission quand c'est arrivé. Puis là, les modèles montrent que, quand il y a un retard pour commencer à appliquer les mesures, ça donne des chiffres qui sont un scénario extrêmement difficile, pénible, difficile à vivre. Alors que la comparaison des scénarios optimistes, c'est quand les gens interviennent rapidement. Ça, c'est le premier facteur, et on est intervenus très rapidement.

Le deuxième, c'est la fonction de la compliance des gens aux mesures qui sont mises en place. Puis là, bien, je vous réfère au sondage Google qu'on a eu cette semaine, qui montre que les Québécois sont vraiment... de façon exemplaire. Il y a toujours des exceptions, mais ils sont vraiment exemplaires. Et ça, c'est un facteur extrêmement important pour être capable de voir la suite des choses. Et là-dessus ça nous met dans une situation qui n'est pas les meilleurs au monde, là, on n'est pas là-dedans, mais, je dirais, parmi les gens qui ont fait les bonnes mesures au bon moment puis qui devraient avoir moins de mauvaises conséquences que ce qu'on voit. Donc, relativement optimiste par rapport au scénario à arriver, effectivement.

Le Modérateur : En sous-question.

M. Bossé (Olivier) : Je serais curieux de savoir, M. Massé, si vous étiez, vous, du côté des favorables à dévoiler ça ou pas. C'était quoi, votre... De quel côté vous penchiez? Pourquoi surtout?

M. Massé (Richard) : Personnellement, j'étais mal à l'aise de faire une projection bien au-delà de ce qui est mis là parce qu'il y a des gens qui ont fait des projections qui sont beaucoup plus loin en avant de nous, des gens pas loin de nous, la province d'à côté. Et puis on était extrêmement mal d'aller dans une situation comme ça parce qu'il y a trop de facteurs qui peuvent intervenir, notamment si on change les mesures puis on relâche les mesures. Il va falloir reprendre la vie, reprendre l'économie. Et donc ça, c'est un facteur très important qui peut changer la transmission.

Le deuxième, il peut intervenir des médicaments. Puis il y a plusieurs recherches qui se font sur des médicaments, même ici, au Québec, plusieurs études qui sont en cours, mais avec un volet national, international, et qui peuvent changer, même à court terme, l'évolution de la pandémie.

Le troisième, il y a des recherches sur les vaccins. Ça prend plus de temps pour avoir des vaccins, mais, je m'excuse du mot anglais, c'est un «game changer». Et puis donc ça, ça pourrait être vraiment important.

Donc, une prévision qu'on pense qui est relativement bonne, relativement stable, nos scientifiques sont confortables d'avancer dans cette échelle-là, est à 30 jours. Ça fait que confortable de donner les chiffres à 30 jours? Oui. Si vous me demandez dans six mois ou dans 12 mois, moi, je n'étais pas confortable.

Le Modérateur : Très bien. Maintenant, au tour de Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.

M. Bergeron (Patrice) : Bonjour, messieurs. On regarde vos graphiques et on voit que parfois on fait mieux que le scénario optimiste, par exemple dans le nombre d'hospitalisations, dans le nombre de personnes aux soins intensifs, parfois on fait moins bien que le scénario optimiste, par exemple pour les cas positifs ou pour les décès. Comment vous expliquez ces variations-là, par exemple?

M. Massé (Richard) : En fait, on aurait pu changer de pays à chaque fois pour dire : Bien, eux, c'est les meilleurs. On va se comparer aux meilleurs puis vous donner des comparables différents à chaque fois, hein, pour dire : On se compare aux meilleurs. En fait, il y a plusieurs pays qui sont dans le groupe des meilleurs. Et puis on a pris le Portugal et on a pris l'Allemagne, parce que l'Allemagne avait, au niveau des décès, vraiment des bons résultats; le Portugal, ça été bien expliqué tantôt par M. Lafleur, il y a beaucoup de choses qui sont proches de nous au niveau du Portugal. Il y a des centres urbains importants, proximité de l'Europe, le fait qu'il y ait beaucoup de voyageurs qui viennent et qui sortent de là-bas; le fait qu'ils sont à côté de l'Espagne, qui est une zone de transmission importante; nous, on a New York, on sait que c'est un facteur important au niveau du Québec; le niveau des services de première ligne, etc. Donc, je ne veux pas aller trop dans le détail, mais il y a beaucoup de caractéristiques importantes.

Mais le facteur le plus important là-dedans : la plupart des pays ont mis des mesures de contrôle qui sont assez proches. D'aucuns ont dit : Non, on ne va pas interdire la bicyclette, d'autres : On va interdire la marche, d'autres : On va... Écoutez, ça dépend de la proximité des personnes, ça dépend de l'organisation urbaine. Je pense que les regarder individuellement, ce n'est pas une bonne chose. J'aimerais mieux qu'on les regarde collectivement. Puis, collectivement, les gens, il y en a qui, au début, ont dit : Ah! on va laisser aller. Là, je pense que vous êtes... tout le monde a bien compris que laisser aller, ce n'est pas une bonne solution, hein, tout le monde l'a compris. Ça fait que tout le monde a pris des mesures de distanciation, tout le monde a pris des mesures pour protéger les plus vulnérables. Mais il y en a qui ont eu la vision ou la capacité de le faire rapidement, efficacement, fortement. Et ça, c'est la différence.

Après ça, qu'on me dise : Est-ce qu'on aurait pu prendre tel pays, tel pays? Non, c'est la façon que les choses ont été faites. Et c'est là qu'on se compare. Quand je dis «optimiste», c'est peut-être... le mot, même, on devrait... mais un scénario des gens qui ont pu intervenir rapidement parce qu'ils ont diagnostiqué rapidement. Peut-être qu'on a été chanceux parce qu'on a eu les premiers cas un peu après les autres, hein? Et ça a été bien dit, mentionné aussi, on a 15 jours de retard par rapport au nombre de 10, qui est le début où est-ce qu'on le calcule. Voyons-la inversement : on a 15 jours d'avance pour voir venir les choses puis dire : Eh, oh! Si on ne fait rien, il va arriver un problème majeur. Et on en a profité, de ce temps-là, pour intervenir tout de suite.

Le Modérateur : Est-ce que vous avez une sous-question?

M. Bergeron (Patrice) : Oui, j'aurais une sous-question. Parce que tout à l'heure on a évoqué le sujet, dans le briefing technique, mais on a donc évalué que le pic pourrait subvenir autour du 18, 20 avril. Si on pouvait expliquer maintenant au grand public pourquoi on l'estime à peu près dans ces dates-là.

M. Massé (Richard) : Bien, encore une fois, on se fie à la dynamique de transmission du coronavirus. Au début, on sait que ce virus-là se multipliait par deux, le nombre de cas se multipliait par deux à peu près aux trois jours. On regarde la transmission au Québec et ailleurs puis, tout d'un coup, on voit que ce n'est plus trois jours, mais que ça devient quelque chose comme quatre jours, puis, actuellement, quelque chose comme six jours. Donc, on est capables de voir qu'il y a un changement dans la transmission dû, en bonne partie, pas à l'immunité encore dans la population, parce qu'il n'y en a pas assez, mais aux mesures de contrôle qui ont été mises en place.

Et, quand on fait les projections de modèles de transmission, là, à ce moment-là, on est capables de voir que ça, ça va ralentir assez la transmission si on continue d'appliquer les mesures correctement. J'insiste, c'est vraiment, vraiment, vraiment important. Dr Arruda, il dit tout le temps : aplatir la courbe, mais je pense que c'est important de saisir ça. Si on ne modifie pas les choses comme ça tout d'un coup, il va falloir rouvrir notre capacité. Là, à ce moment-là, on peut voir, faire des projections, effectivement, qu'on va arriver à une fourchette. On peut focusser sur un chiffre. Moi, je n'aime pas ça dire un chiffre parce que c'est plutôt une fourchette, puis la fourchette, tout le monde s'accorde pour dire que ça devrait être quelque chose comme entre le 15 et le 20. Le 18, c'est certainement une bonne date pour les prévisions. Quand on prévoit pour les lits, on a besoin d'avoir un chiffre, une date, donc on le fait comme ça. Mais moi, je vous dis, d'un point de vue de la Santé publique, c'est un peu plus large comme ça. On est plus prudent un peu.

M. Gendron (Yvan) : En complément, si vous permettez, en complément, c'est important de bien saisir la question qui est posée parce qu'elle est tout à fait juste, hein? Comment on prévoit? Moi, je regarde les courbes, je fonctionne en fonction de la gestion du risque. O.K.? Je ne peux pas me permettre de suivre juste une courbe. Je me dis : O.K., jusqu'où ça peut aller pour s'assurer que, dans une semaine, je puisse offrir l'ensemble des services.

Puis quand je puisse... bien, je remercie l'ensemble des gens qui travaillent dans les établissements, médecins, personnel et autres, et tous les proches aussi de tout le monde, parce que c'est grâce au comportement actuel qu'on a si peu de cas dans le milieu hospitalier. Puis nous autres, on veut soigner, bien sûr, les gens chez eux, à l'endroit, naturellement, qui est vraiment, là, opportun par rapport aux soins.

Puis là-dessus, bien, nous autres, en termes hospitaliers, bien, on s'assure d'avoir le maximum de places pour qu'on soit prêt à subir une vague, s'il y en a une. O.K.? Et comme on a peu de temps pour réagir, bien, il faut se préparer d'avance. Donc, dans la gestion de risque, moi, je regarde toujours le plus haut possible pour s'assurer, finalement, qu'on soit prêts à recevoir les gens en qualité et en sécurité.

M. Massé (Richard) : La courbe n'est pas une courbe, elle est effectivement plusieurs courbes. La transmission à Montréal, la transmission en région, vous voyez qu'il y a des nuances. On en met une pour le global mais on sait qu'il y a des variations

Le Modérateur : Merci. Maintenant, au tour d'Hugo Lavallée, Radio-Canada.

M. Lavallée (Hugo) : Oui, bonjour. J'aimerais bien comprendre la valeur ajoutée de cet exercice-là, parce que vous nous fournissez des données sur d'autres pays, l'Italie, l'Allemagne, le Portugal, qui sont par ailleurs, de toute façon, déjà disponibles sur Internet et vous refusez de faire une projection pour ce qui est de l'avenir au Québec.

Alors, en quoi est-ce que c'est révélateur, pour nous, de ce qui s'en vient, dans la mesure où vous ne voulez pas nous indiquer l'hypothèse sur laquelle, vous, vous vous fondez pour prendre les décisions qui sont annoncées par le gouvernement?

M. Massé (Richard) : Dans les faits, on vous donne la réalité. On vous donne la réalité d'où on est maintenant puis on vous donne la meilleure indication, donc, d'où est-ce qu'on pense qu'on sera jusqu'au 30 avril. On vous la donne, cette projection-là, mais on se refuse à donner un chiffre, parce que d'abord on est plus prudent que ça puis nous, on prévoit pour plus, si jamais il y avait plus, d'une part. Puis d'autre part, bien, ce n'est pas de la divination, là, donc... mais vous pouvez le voir très, très bien. Si vous regardez puis vous la faites, la courbe, vous-mêmes, vous allez voir qu'on ne se comportera pas comme l'Italie. Ça, c'est clair. Donc, je veux dire, sans vouloir vous mettre un chiffre, vous avez une projection assez bonne d'où est-ce qu'on devrait être au 30 avril.

M. Lavallée (Hugo) : Donc, vous prévoyez qu'on va atteindre le sommet, si j'ai bien compris, le 18 avril. Concrètement, pour les gens qui sont à la maison, qu'est-ce que ça signifie, là, une fois qu'on a atteint le sommet, là? On comprend que c'est à partir de ce moment-là que le nombre de cas nouveaux chaque jour diminue ou... peut-être pas zéro, là, mais est assez stable. Qu'est-ce que ça signifie à partir du moment où on atteint ce sommet-là? On relâche, dans les jours suivants, les mesures restrictives?

M. Massé (Richard) : Non. Donc, ça veut dire, d'abord, qu'il faut vérifier est-ce qu'on a les ressources, est-ce qu'on a les lits, est-ce qu'on a tout, tout ce qu'il faut pour être capable de faire face à cette situation-là. C'est la première raison pour laquelle on fait ça. Est-ce qu'on est capable de faire face à la situation? Puis là, clairement, on est capable de faire face à la situation si les choses continuent comme elles sont maintenant.

    La deuxième chose, c'est : oui, effectivement, il faut que la vie sociale, il faut que la vie économique reprennent, puis il faut le refaire progressivement. Puis les pays... on le voit, là, il y a des pays qui ont déjà annoncé qu'ils allaient recommencer progressivement, en Europe, d'avoir certaines activités. Mais pas tout d'un coup, pas comme dire : Bien là, maintenant, on laisse tout aller. Parce qu'on va avoir un retour de la courbe, puis elle va remonter. Donc, il faut ouvrir progressivement, tant du point de vue social que du point de vue économique. Puis ça prend une grande discipline, puis on ne fera plus les choses comme avant dans certains secteurs, certaines activités, il va falloir que la notion de distanciation soit présente. Il va falloir que, dans les centres de soins prolongés puis dans les résidences pour personnes âgées, on ait une prudence pendant un long moment puis qu'on soit vigilants. Mais, oui, rouvrir.

    Mais je ne veux pas vous mettre une date, non plus. Je pense que c'est une discussion qui a lieu au sein du ministère de la Santé, avec le bureau du premier ministre, mais de concertation avec beaucoup d'autres ministères. Ça touche le ministère de l'Éducation, ça touche le ministère des Transports, ça touche plein d'autres ministères. Donc, c'est une décision qui appartient au gouvernement, je crois.

    Le Modérateur: Merci. Maintenant, au tour de Tommy Chouinard, LaPresse.

     M. Chouinard (Tommy) : Bonjour. J'aimerais savoir pourquoi on ne nous présente pas, si on veut, des prévisions basées sur vraiment, là, la période d'incubation, le niveau de contact par strates d'âge, puis, bon, le comportement du coronavirus, véritablement, au Québec, puis de voir, bien, on se dirige vers quoi, de cette façon-là, plutôt de que dire : Bien, regardons comment ça s'est passé ailleurs puis appliquons... présentons-le aux gens.

    M. Massé (Richard) : Pour l'organisation des soins puis des services, ce modèle-là nous donne les réponses dont on a besoin. Vous allez avoir... Puis il y en a déjà qui ont commencé à faire de la modélisation, là, il y en a qui ont commencé, vous en avez vu puis vous allez en voir. Il y a des collègues experts en épidémiologie qui ont commencé à travailler, mais qui... ils n'ont pas fini. Et là vous allez voir tous les paramètres de transmission, avec le R0, dont vous parliez tantôt, avec les périodes d'incubation, avec le temps entre la période où est-ce que quelqu'un est exposé, le temps où il développe les symptômes, le temps où il pourrait être hospitalisé, le temps où est-ce qu'il pourrait avoir des soins intensifs. Vous allez avoir ça dans une modélisation.

    Mais la réponse, pour le pic puis l'utilisation des services, on en a déjà discuté avec les collègues, elle est à peu près la même. Donc, ça, c'est intéressant. Ils ne sont pas prêts à vous présenter ces modèles-là parce que ça tient compte de beaucoup de paramètres, mais, au niveau des résultats, ce qu'on a discuté avec eux autres, à moins qu'il y ait un gros changement d'ici à ce qu'ils soient prêts à vous le présenter, on est dans la même strate, la même courbe.

M. Gendron (Yvan) : Oui. Puis, si je me permettrais, pour répondre aussi en même temps... parce que, dans toute situation qu'on observe, dans les strates d'âge, hein, ce qui se passe, hein, évidemment, pour les personnes âgées, vulnérables, bien, il faut s'adapter. Il faut toujours avoir un plan B, là, c'est fort important, puis souvent même un plan C. Mais notre deuxième plan nous permet de nous ajuster rapidement comme tel, qu'ils soient dans des ressources de personnes âgées, qu'ils soient en CHSLD ou autres, là. Ça fait que nous autres, quand on observe ce qui se passe à travers les différents pays, bien, ça nous dit qu'il faut mettre plus d'énergie, bien sûr. On le savait d'avance, bien sûr, parce que ça se compare à l'influenza et à d'autres problèmes de pandémie ou plutôt de virus de ce type-là. Donc, on ajuste nos services en conséquence.

Le Modérateur : En sous-question, M. Chouinard.

M. Chouinard (Tommy) : Oui. En fait, quand vous dites que les modélisations, comme vous dites, ça va être présenté, ce n'est pas prêt encore, là, est-ce que je dois comprendre que tout ça va nous être présenté, puis que la population va pouvoir savoir, bien, qu'est-ce qu'il en est, là, de la propagation du coronavirus au Québec en fonction de notre réalité, si on veut?

M. Massé (Richard) : Bien, je pense qu'on vous le présente en fonction de notre réalité, où est-ce qu'on est rendus. Vous avez le réel puis vous avez des comparables pour regarder où est-ce qu'on s'en va. Vous avez déjà, je pense, une réponse importante aujourd'hui, vraiment, à des questions de fond, vraiment de fond, à peu près combien d'hospitalisations, combien de soins intensifs, à peu près... Les décès, c'est plus difficile parce qu'on est au début, vraiment. On n'est pas loin, là. Ça fait qu'on est vraiment près du début. C'est toujours difficile, mais ça vous donne déjà un estimé. Vous allez avoir des chiffres plus précis sur les modélisations puis en même temps vous allez voir l'intervalle de confiance autour de la modélisation. Quand vous allez voir les modèles, vous allez voir que les modèles ont aussi, là, comme... bien, ça peut être plus ou moins ces résultats-là. Et puis comment ils vont être présentés, ce n'est pas à moi que ça appartient, mais ça va être rendu public.

Le Modérateur : Prochaine question, Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour, messieurs. Basé sur les données que vous avez, entre autres les cas confirmés, là, on se base bien sûr, pour notre réel, sur les tests qu'on fait, quand vous regardez vos deux scénarios et le réel, est-ce que ça vous indique qu'il faille faire davantage de tests ou changer la façon de faire les tests actuellement pour avoir un portrait qui soit plus réaliste?

M. Massé (Richard) : On a déjà changé la façon qu'on offre les tests. Au début, on l'a offert aux personnes qui revenaient de voyage. Mais vous avez vu que... puis c'était, la grande majorité, des gens qui revenaient... les cas, c'étaient des gens qui revenaient de voyage. Et puis maintenant c'est moins de 20 % des gens qui nous sont signifiés comme positifs qui sont des gens qui reviennent de voyage. Donc, l'épidémiologie a rapidement changé, avec une transmission communautaire. Ça, ça a été bien annoncé, là.

Et on a aussi changé les priorités. Donc, on a augmenté la disponibilité pour le rendre accessible aux patients qui sont hospitalisés, au personnel hospitalier, à des groupes qui sont plus vulnérables dans la communauté, aux services essentiels, mais aussi pour être capables de voir, dans les régions, l'épidémiologie, pour voir comment ça se transmet puis est-ce qu'il y a des endroits qu'on doit monitorer. Parce que, comme je disais tantôt, l'épidémiologie, elle est variable dans la province. Il y a un épicentre, Montréal, la couronne, mais il y a des changements importants ailleurs, donc pour être capables de monitorer ça. On a déjà changé et on va fort probablement continuer de changer.

La disponibilité des tests, c'est un enjeu. Je vais laisser M. Gendron en parler, mais c'est un enjeu. C'est un enjeu qui va se régler dans quelques semaines, mais on va avoir besoin des tests. On a toujours dit : Il y a des stratégies populationnelles et il y a des stratégies de recherche de cas et de contacts. Là, on est obligés d'ajuster la stratégie de cas et de contacts en fonction de la réalité, mais c'est toujours important, et ça va rester important et ça va évoluer.

M. Lacroix (Louis) : La raison pour laquelle je pose cette question-là, c'est que la façon dont on teste en ce moment, c'est que, bon, on va tester les gens qui présentent des symptômes et on confirme avec le test que ces gens-là sont bel et bien atteints. Sauf que ça ne nous dit pas, ça ne nous donne pas de données sur les gens qui n'ont peut-être pas de symptômes, mais qui sont dans la population en général. Alors, est-ce qu'il n'y a pas une façon — on parle beaucoup de tests aléatoires — pour avoir un portrait réel de ce qui se passe dans la population?

M. Massé (Richard) : Deux éléments de réponse pour ça. Le premier, c'est qu'on veut maintenir le fait d'avoir des tests qui sont faits pour nous permettre de suivre la situation maintenant. La deuxième, c'est d'avoir des études sérologiques pour voir combien de gens se sont immunisés puis qu'on n'a pas de signes ou de symptômes qui sont apparus ou si peu que les gens n'ont pas consulté pour ces signes et symptômes-là. Les deux sont des choses qu'on a besoin dans les prochaines semaines puis après. Et on a déjà demandé aux collègues de l'institut de préparer déjà comment est-ce qu'on devrait faire ces études sérologiques là pas tout seul, avec des universitaires, avec des gens qui sont experts en microbiologie et infectiologie. On a besoin de ça, vous avez tout à fait raison.

Le Modérateur : Merci. Prochaine question, Mylène Crête, Le Devoir.

Mme Crête (Mylène) : Bonjour, M. Massé. Je me demandais : Pourquoi est-ce que c'est vous qui êtes là pour répondre à nos questions, cet après-midi, et non M. Horacio Arruda?

M. Massé (Richard) : Parce qu'Horacio a déjà fait une conférence de presse ce matin, donc ils m'ont demandé d'être là avec lui. Je suis son conseiller médical, donc, c'est normal, on se partage les chiffres. On travaille, je dirais, continuellement ensemble. Je pense que Dr Arruda et moi, on se complète un peu comme les doigts d'une main, honnêtement. En tout cas, j'espère que vous ne voyez pas de dissension entre le deux, là, Je pense que c'est tout simplement factuel. Ça aurait pu très bien être Dr Arruda.

Le Modérateur : En sous-question.

Mme Crête (Mylène) : Oui. Il a comparé hier les scénarios un peu à de l'astrologie, là. Il a fait référence à JoJo Savard. Or, ma compréhension, c'est que vous vous appuyez sur ce que vous nous présentez aujourd'hui pour planifier la réponse du système de santé. Donc, il me semble qu'on est loin de l'astrologie.

M. Massé (Richard) : Oui, puis je vais faire des nuances. Si vous nous demandez à nous de donner un chiffre... Vous avez vu comment je suis réticent à vous arriver avec un chiffre puis une date précise parce que je pense qu'il faut être honnête puis il faut respecter l'information avec les limites qu'elle a. Si je m'étais aventuré pour vous donner des choses qui sont trop précises, là, vous auriez dit : Mais sur quelle base? Bien, en fait, la base, c'est qu'on n'est pas complètement certains de cette chose-là. Mais on est assez certains, mais pas complètement, donc de là la notion de... On ne veut pas aller dans des choses trop précises. Ça, c'est le premier bout.

Le deuxième bout, c'est : On ne veut pas aller trop loin non plus. Comme j'ai mentionné tantôt, si vous voulez aller dans six mois ou dans un an, on n'a pas les données actuellement pour avoir cette perspective-là sans aller dans quelque chose qui pourrait ressembler à l'astrologie.

Le Modérateur : Dernière question en français, Geneviève Lajoie, Le Journal de Québec, Journal de Montréal.

Mme Lajoie (Geneviève) : Bonjour, messieurs. Sans parler nécessairement des courbes qu'on voit ici, que vous nous avez remises, quel effet le retour à la vie normale, justement, sur une courbe de propagation du virus...

M. Massé (Richard) : Il faut aller vraiment prudemment. Puis les gens qui le font, ils le font en essayant de regarder c'est quoi, les secteurs essentiels qu'on doit partir, puis c'est quoi, les conditions avec lesquelles on peut le faire. Donc, c'est non seulement dire : C'est quoi, les secteurs? On pourrait penser aux secteurs de l'éducation, des garderies, qui est un volet important. Tout le monde attend pour dire : Quand est-ce que ça va rouvrir, d'une part? Puis on pourrait penser à des secteurs névralgiques au niveau de l'économie québécoise ou des infrastructures. C'est certainement des choses qui sont très présentes.

Mais là ce qu'on est à regarder, c'est non seulement dire quand, puis là ça dépend de la progression de la transmission de l'infection au Québec, mais comment on doit le faire. C'est quoi, les conditions pour protéger les gens pour éviter que la courbe qui va avoir commencé à diminuer clairement, qu'elle ne réaugmente pas, qu'on ne se retrouve pas avec une vague qui recommence tout de suite après?

Mme Lajoie (Geneviève) : Mais justement est-ce que c'est ce que vous pensez qui risque d'arriver? Parce que, là, les prévisions, ce qu'on nous présente, c'est jusqu'au 29 avril. La semaine d'après, en tout cas, en théorie, pour le moment, la pause prend fin, et on retourne à la vie normale. Les écoles rouvrent...

M. Massé (Richard) : Bien, ce n'est pas à moi à annoncer ces choses-là. Mais je pense que la chose qui serait normale, c'est d'aller progressivement, de desserrer progressivement, et puis là, à ce moment-là, d'ajuster, parce qu'il va continuer d'y avoir la présence du coronavirus dans la population pour un long moment, mais on pense que, probablement, ça va baisser. Si on fait les choses bien puis qu'il n'y a pas de changement autres, là, il peut y avoir des mutations virales qu'on peut ne pas prévoir, là, mais cette chose-là devrait diminuer de façon significative au cours des prochaines semaines puis, après ça, prochains mois.

Là, ça fait que l'autre enjeu qu'il y a, c'est après l'automne, l'hiver prochain. Puis là on est rendus trop loin, mais vous voyez que ça aussi, c'est une chose importante. Donc, il faut doser la chose. C'est une chose progressive, c'est une chose qui est très délicate, mais il faut le refaire parce que la vie doit reprendre.

Le Modérateur : Merci. Nous allons maintenant passer aux questions en anglais. We'll start with Cathy Senay from CBC News.

Mme Senay (Cathy) : Good afternoon to both of you. What do you want citizens to understand when you explain that the peak of the pandemic should be around April 18th?

M. Massé (Richard) : It means that we think that the maximum of transmission of cases recorded... because, in fact, the transmission is going to happen before that, OK? But the peak of cases registered is going to be at... peak at that moment. And it means also that the need for services, hospital beds, intensive care services, respiratory devices, those things are going to be critical to be able to face the situation. And that's the main reason why those studies have been performed, so that we are able to plan and be sure that we have all the capacity to face the situation.

Mme Senay (Cathy) : We keep repeating that COVID-19 is an invisible enemy because we don't know for sure the number of cases that are presymptomatic or asymptomatic. You don't have more idea in these documents. What are you facing?

M. Massé (Richard) : Yes, well, those studies we don't have in Québec right now, because those would mean serological studies that are going to be performed, but they are not in place and we don't have the capacity to do it, we don't have the test, even, to do it right now, but it should come very soon. At the same time, it helps us plan what we have to do, and that's really the main thing why we are using it.

We know, from studies from other countries, that there's a large number of people that are exposed and have disease and have very minimal symptoms, if at all, and that those people immunize themselves and when we are going to make serological studies, we will know how many of those people have been immunized. And that's very important, in terms of study, because that will help us determine the recurrence and, you know, if that is going to take the case in, say, next winter or something like that, and who are the most vulnerable to that. So, we'll see that when we have those studies.

Mme Senay (Cathy) : Well, one thing that we can understand is that we're far away from Italy. Is it what you want Quebeckers to understand today?

M. Massé (Richard) : Yes, well, that's a strong message. For us, it's very important. We have been able because we have known earlier and because we have had very strong move decisions taken rapidly. We know that they have not had the chance to know and intervene rapidly, in Italy, and at the moment when they did, in fact, it was kind of too late, and this is not the case and this is why we are sure that we are not going in that way.

Le Modérateur : And now, two questions sent by e-mail from Raquel Fletcher, Global News. Your projections only go to the end of April. Why not include projections for the month of May or even farther?

M. Massé (Richard) : Well, as long as, you know, time is going to come in, those projections are going to evolve, and, week after week, we are going to provide data that will show where we are. And, if we have better information, we might even be closer to what is going to happen. So, yes, this is going to evolve rapidly, and we'll follow for that.

The farther we go on the curve, the less secure we are about the figures, so that's why we are very careful to say : That's how far we are comfortable to go. And, further than that, there's a large difference, there's a risk of being kind of far from what is going to happen. We prefer to stay close and have good projection rather than project on so long a period that you don't know exactly what is going to happen.

Le Modérateur : And one last question, for Global News. The Premier hint that we might be able to go back to our normal lives by May if we keep following the social distancing measures in April. When will we be able to relax the social distancing measures?

M. Massé (Richard) : I think social distancing measure is going to be kept on for a long period of time, but the rules for social work and social life is going to relax. You've seen that in Europe, countries have started to say : Well, yes, kindergartens and primary schools are going to open, and such, and such activities, economic activities are going to take forward. So, they don't open the kind of full bar, they just say : Well, that's what we are going to do. And that's what we're going to follow.

And so the peak is an important moment because, once we have passed that... we project that we are going to pass that between the 15th and the 20th, but whence we are going to be there, you know, we know that it's not a projection, we know that this is what we have and then we can answer what is going... what we're going to do. But we're already planning for that, we're already looking at what should be done and how it should be done.

Le Modérateur :Thank you very much. Merci, tout le monde. C'est tout le temps que nous avions. C'est ce qui met fin, donc, à ce point de presse. Je vous remercie encore une fois pour votre disponibilité et votre éclairage. Bonne fin de journée.

(Fin à 16 h 51)


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