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Point de presse de M. Pascal Bérubé, chef du troisième groupe d’opposition

Version finale

Le mercredi 13 mai 2020, 8 h 31

Salle du Conseil législatif (1.183), hôtel du Parlement

(Huit heures trente et une minutes)

M. Bérubé : Merci. Depuis le début de cette crise qui nous a fait quitter l'Assemblée nationale, j'ai évoqué d'entrée de jeu l'équipe du Québec, qu'on travaillait tous dans la même équipe pour protéger les Québécois, pour s'assurer qu'on prenne soin de notre monde. Et, tout au long de cette crise, on a collaboré avec le gouvernement du Québec, notamment avec le premier ministre, à la faveur de rencontres hebdomadaires avec les différents ministres.

Mais tout ça ne s'est pas fait sous le regard de l'oeil public. Depuis le début de cette crise, le gouvernement du Québec prend ses décisions seul. Évidemment, il est le seul détenteur du pouvoir. Il prend des décisions qui engagent notre santé publique. Il prend des décisions qui engagent nos libertés individuelles. Il prend des décisions qui engagent les fonds publics. Il n'était pas prématuré de revenir à l'Assemblée nationale pour poser des questions importantes, des questions essentielles que se pose le public, des questions quant à Montréal, quant au déconfinement, quant aux différentes stratégies de communication utilisées jusqu'à maintenant, quant à la nécessaire indépendance de la santé publique du politique.

Une statistique à retenir. Le Québec représente 23 % de la population canadienne, plus de 60 % des décès. Et le Québec est présentement la société qui, à travers son gouvernement, semble la plus pressée de déconfiner. Tout ça impose un certain nombre de questions et exige des réponses. Le gouvernement du Québec a choisi une voie téméraire à certains égards, et elle engage la santé du public. Merci.

Le Modérateur : Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles, pour commencer.

M. Lacroix (Louis) : Une voie téméraire… Vous trouvez que le gouvernement est imprudent?

M. Bérubé : J'aimerais pouvoir en juger. Qu'est-ce qui relève de la Santé publique? Qu'est-ce qui relève du politique? Je ne le sais pas. Et, jusqu'à maintenant, jamais on n'a pu savoir s'il y avait des divergences partielles ou importantes de la Santé publique quant aux décisions gouvernementales. J'en prends pour exemple une information qui nous est parvenue ce matin, où le directeur de la Santé publique de l'Ontario a publiquement indiqué des réserves importantes quant à l'action du premier ministre Ford. On n'a pas vu ça au Québec. Donc, j'imagine qu'il faut prendre la parole du premier ministre qui dit qu'en toutes circonstances toutes les mesures ont été suivies. Mais, vous comme moi, nous ne le savons pas. Ça se fait derrière des portes closes. Aujourd'hui, à l'Assemblée nationale, je vais poser les questions que bien des gens se posent sur ce qui motive certaines décisions du gouvernement.

M. Lacroix (Louis) : …pas posées avant, M. Bérubé? Vous aviez toute la liberté d'aller publiquement, même au début.

M. Bérubé : Je l'ai fait. Je l'ai fait sur vos ondes, d'ailleurs.

M. Lacroix (Louis) : Bien oui, mais on sentait que vous aviez une certaine retenue. Je comprends qu'il fallait peut-être en avoir une au départ, là. Mais là vous semblez assez sévère. Alors, vous auriez pu être sévère à ce moment-là aussi.

M. Bérubé : Bien, d'abord, ce n'est pas le style de la maison. Je l'ai fait sur vos ondes abondamment, avec Patrick Lagacé au 98,5. Je l'ai fait avec Paul Arcand. Je l'ai fait avec Paul Houde. Là, je peux faire le tour de la programmation et je l'ai fait sur d'autres tribunes également. Je dis ça depuis le début, qu'il faut être capable de distinguer la santé publique du politique. Et j'ai même posé cette question en privé et en personne au directeur de la Santé publique lors d'une rencontre qui s'est tenue à la fin du mois d'avril. Alors, ces questions-là demeurent. Une fois ceci étant dit...

Mme Lajoie (Geneviève) :

M. Bérubé : Mais il nous a répondu essentiellement que, s'il avait des réserves, il les exprimerait au premier ministre. Alors, vous comprendrez qu'on n'en saura pas davantage.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que vous croyez en l'indépendance du Dr Arruda?

M. Bérubé : Je la souhaite. Je la souhaite. Mais ce qui est le plus important, il ne faut pas dévier de ça…

M. Laforest (Alain) : Est-ce que vous y croyez, M. Bérubé?

M. Bérubé : J'aime y croire. Ce qui est important de ne pas dévier… Il y a 3 000 décès au Québec. Ça habite tout le monde, 3 000 décès, 3 000 deuils, 3 000 épreuves épouvantables pour les familles et pour leurs proches, des gens qui meurent dans des conditions atroces, seuls, loin de leurs proches, ça devrait tout le temps être ça qu'on a en tête, tout le reste… Il faut éviter de dévier de l'essentiel.

M. Chouinard (Tommy) : Mais, lorsqu'il y avait... Vous dites : Le premier ministre décide tout seul. Il vous a quand même, quoi, informés chaque semaine?

M. Bérubé : Non.

M. Chouinard (Tommy) : Les discussions que vous aviez, c'étaient des séances d'information où vous n'aviez rien à dire, de ne pas poser de questions? Vous n'aviez pas réponse à vos questions?

M. Bérubé : Non. C'est-à-dire que les séances étaient une brève introduction du premier ministre, et, à tour de rôle, les chefs s'exprimaient sur des préoccupations qu'on avait, qu'on entendait de nos concitoyens, de différents travailleurs de la santé. Puis on nous disait : Bien, on va vous faire un suivi. Et on a eu ces suivis, sur des questions très techniques. On a fait des propositions. Mais, entendons-nous bien, jamais nous n'avons obtenu d'informations privilégiées sur, par exemple, le plan de déconfinement, sur les stratégies, sur une volonté de nous inclure dans cette stratégie. Non. Le gouvernement a pris ses décisions. Il a la légitimité pour le faire. Mais aujourd'hui la différence, c'est que les questions qu'on posait en privé, elles seront posées en public. Et je pense que les gens vont découvrir que les partis de l'opposition, qui ont fait un travail exceptionnel depuis le début de cette crise, sont drôlement bien préparés pour ce matin.

Le Modérateur : Patrice Bergeron.

M. Bergeron (Patrice) : Qu'est-ce qui aurait pu être mieux fait par le gouvernement, par exemple, dans la région métropolitaine?

M. Bérubé : Bien, je vais vous dire qu'est-ce qu'il pourrait faire à partir d'aujourd'hui. J'ai vu, comme vous hier, là, avec un effet un peu spectaculaire, l'arrivée du premier ministre, de la ministre de la Santé et du directeur de la Santé publique avec des masques. Alors, je me suis dit : Ah bien, voilà un exercice de leadership, puis on va apprendre quelque chose. Alors, on nous a suggéré le masque en disant : Parfois, peut-être, si possible. Moi, je vais vous en donner une, position claire du Parti québécois, à partir de maintenant, que le port du masque soit obligatoire dans tous les services de transport en commun et dans les lieux publics à Montréal. C'est la position du Parti québécois. Alors, rien n'empêche le gouvernement du Québec de décréter ça dans les prochains jours ou les prochaines heures, et on va l'appuyer fortement. Alors, la position de leadership, c'est une position qui dit : Voici où on s'en va.

Et je vous ajouterais… Je suis un député du Bas-Saint-Laurent. Vous le savez, j'en parle souvent. Les craintes des régions, là… Si on règle la situation de Montréal, à tout le moins, si on a l'impression que c'est sous contrôle, vous allez voir les craintes diminuer partout au Québec, dans l'Est du Québec, en Mauricie, en Abitibi, dans Lanaudière. Alors, je vais inverser la perspective. Tournons les yeux vers Montréal. Donnons les moyens à la ville de Montréal d'acheter des masques. J'ai eu des échanges avec Valérie Plante là-dessus. Décaissons de l'argent pour Montréal. Faisons des tests dans les quartiers vulnérables. C'est là que ça se passe.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce qu'on devrait confiner Montréal, M. Bérubé?

M. Bérubé : Je n'ai pas les...

M. Lacroix (Louis) : Là, on a confiné toutes les régions. La seule qui n'a pas été confinée, c'est Montréal.

M. Bérubé : Bien, le problème, c'était Montréal. Les Montréalais peuvent venir chez nous à partir de lundi.

M. Lacroix (Louis) : Alors, est-ce qu'on pourrait confiner ou est-ce qu'on devrait confiner Montréal?

M. Bérubé : Ça devrait être sérieusement considéré. Mais je n'ai pas la data, je n'ai pas les chiffres. Vous comprendrez que le Dr Arruda ne m'envoie pas ça. Je n'ai pas accès à ces données-là. Donc, pour toutes les personnes des régions qui se sont fait dire qu'elles n'étaient pas ouvertes à l'arrivée des touristes montréalais, ce n'est pas ça, l'enjeu. Si on avait le sentiment que Montréal était sous contrôle et qu'on prenait des mesures énergiques, qui font preuve de leadership, comme celle que je viens de vous évoquer, puis j'en ai d'autres, là, l'achat massif de masques qu'on distribue comme dans les grandes villes du monde, bien là on vient, en une semaine, d'envoyer un message très, très fort à Montréal, où on fait appel à la responsabilité des citoyens, avec le soutien des pouvoirs publics, et on est rendus là. Alors, c'est un des messages que j'ai à livrer pour Montréal aujourd'hui pour la protection des Montréalais.

M. Lacroix (Louis) : Donc, vous dites que M. Legault manque de leadership à Montréal.

M. Bérubé : Je dis qu'il pourrait faire ça. Alors, il sera à Montréal demain. Je l'invite à annoncer ça.

Le Modérateur : Est-ce qu'il y avait d'autres questions en français?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Bien, oui, juste une petite question. Est-ce que vous estimez que le Dr Arruda est bien conseillé, M. Bérubé?

M. Bérubé : Qu'il est bien conseillé?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui.

M. Bérubé : Par qui?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Bien, par sa conseillère.

M. Bérubé : Bien, je ne le sais pas. C'était son anniversaire hier. Ça se limitait à ça, nos conversations sur Facebook, à Mme Amyot et moi. Mais je ne le sais pas. Mais je pense que sa priorité comme directeur de la Santé publique, c'est d'être un directeur de la Santé publique.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais est-ce que vous mettez en doute ça? Est-ce qu'il assume pleinement le rôle de directeur national de Santé publique?

M. Bérubé : Moi, je veux qu'il soit le meilleur directeur de la Santé publique. Je ne veux pas que ce soit le plus populaire des directeurs de la Santé publique.

M. Bélair-Cirino (Marco) : O.K., mais dites les choses clairement.

M. Bérubé : C'était pas mal clair, ça.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce qu'il est plus populaire que le meilleur?

M. Bérubé : Je réitère…

M. Lacroix (Louis) : ...à de la retenue, M. Bérubé, c'est ça?

M. Bérubé : Je veux que ce soit le meilleur directeur de la Santé publique, qui prend les meilleures décisions possible, avec le plus d'indépendance possible, pour protéger le public du Québec. Et je ne doute pas de ça. C'est le politique que je regarde. C'est comment on applique ses recommandations. Et c'est là que moi, comme élu, je m'adresse aux élus du gouvernement du Québec.

M. Lacroix (Louis) : ...de déconfinement, vous avez trouvé ça comment quand vous avez vu ça? Votre réaction, ça a été quoi?

M. Bérubé : Vous voyez, si je commence à commenter ça, je m'éloigne de l'essentiel. Il y a 3 000 morts au Québec. On est une des sociétés qui est le plus dans le trouble au monde présentement. Est-ce qu'on peut se concentrer là-dessus? Alors, moi, je vais plaider par l'exemple. Je vais me concentrer sur les gens qui sont décédés, les gens qui sont malades, les gens qui vont le devenir. C'est notre responsabilité. Pour le reste, c'est comme quand vous me demandez parfois de commenter les frasques d'un ou d'une députée, ça ne m'intéresse pas, ces affaires-là. Je ne suis pas venu en politique pour ça.

M. Lacroix (Louis) : Alors, c'est une frasque?

M. Bérubé : Je n'ai pas dit ça. Je parlais de députés.

M. Lacroix (Louis) : C'est une frasque ou ce n'est pas une frasque? Vous avez trouvé ça le fun ou pas le fun? Vous avez trouvé ça sympathique ou pas sympathique? Comment vous avez trouvé ça?

M. Bérubé : Ça ne m'a pas intéressé vraiment. Je suis concentré. C'est une responsabilité. Puis vous aussi, vous la faites bien, là.

Le Modérateur : On y va en anglais. Cathy Senay, CBC News.

Mme Senay (Cathy) : Good morning. Mr. Bérubé, you said in French that it was important for Mr. Arruda to be competent, not as much as popular. So is there a «malaise» right now…

M. Bérubé : Well, Dr. Arruda needs to be the best health director he can be to protect the people of Québec, not the most popular. It's not about popularity. It's about being the best he can be to protect the public. That's all.

Mme Senay (Cathy) : You said that there are more than 3,000 deaths in Québec.

M. Bérubé : Still counting.

Mme Senay (Cathy) : And what difference it would make to have an appearance of more independence between Québec's director of public health and Premier Legault and the rest of the Government?

M. Bérubé : OK. Let me be clear about that. I want to be sure that, if Dr. Arruda has any doubt about a situation, he could say to the Premier : You can't decide to go there, because you're still the Premier, you're still calling the shots, you're still in power, but, if you do that, it might be risky. Those kinds of conversations, we're not allowed to understand them. This is the major problem I have. How can I be sure that those kinds of situations are not happening? This is the kind of reflection I have and I'm not the only one. I'm pretty sure about that.

So, today, we learned that the public national health director of Ontario said publicly that the Ford Government was not going in the right direction. He said that publicly. And I never heard any sentence of this kind of Dr. Arruda. So I guess, every single time, the Government follows what he has to say, 100% of the time. That's a great score. But I want to be sure about that because it's about public health. It's about paying respect to those 3,000 people who died, who suffered badly, in bad situations, alone in a room, and all the other people who are sick, are frightened to death, and the other people who work in the hospitals and the CHSLDs as well… and say, like : Am I putting my life in danger? And I want to be sure that the people in charge here, in Québec, are doing the right thing because, if they don't do the right thing, I'm at risk for me and my family as well.

So I'm pretty serious about those concerns. And this is the only type of conversation I want to have with the Government, no sideshows, just the real thing, life.

Le Modérateur : Merci, tout le monde.

M. Bérubé : C'est bon? Merci.

(Fin à 8 h 44)

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