(Huit heures quarante-cinq minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour à tous. Bienvenue à ce point de presse, donc, du leader parlementaire
du gouvernement. M. Simon Jolin-Barrette, à vous la parole.
M. Jolin-Barrette : Alors,
bonjour, tout le monde. Aujourd'hui, on reprend les travaux à l'Assemblée nationale
du Québec. Il y aura deux périodes des questions, comme ça a été annoncé. Par
la suite, la semaine prochaine, on poursuit les séances de reddition de comptes
virtuelles, à deux occasions, deux fois deux heures, et on reviendra avec une
période des questions par jour à partir du mardi 26 mai et jusqu'à la fin
de la session qui est le 12 juin prochain, donc, la fin de la session
intensive.
Je souhaite remercier les collègues des
oppositions pour leur collaboration durant la suspension des travaux qu'il y a
eu à l'Assemblée nationale. Je pense qu'on a fait preuve d'innovation avec les
premières séances de reddition de comptes virtuelles. C'était la première fois
que ça se faisait. Le fait d'intégrer de la technologie, je pense que ça a bien
servi les Québécois. Ça a permis aux collègues des oppositions de poser des
questions aux ministres et également aux ministres de répondre et d'expliquer
les mesures et les actions qui étaient prises par le gouvernement. Alors, je
pense que, pour notre démocratie, ça a été positif. On s'est adaptés à la
situation et on va continuer de le faire, aussi, de moderniser notre Parlement
tout en travaillant en collaboration avec les collègues des oppositions.
Or, d'ici la fin de la session, il y a
quelques projets de loi à adopter, qu'on a négociés avec les oppositions,
notamment le projet de loi sur le Stade olympique, qui devient la société du
Parc olympique, le projet de loi n° 32 sur la justice pénale, celui
également sur le Curateur public, pour les personnes vulnérables. Également, au
niveau des crédits budgétaires, on va adopter 25 % des crédits budgétaires
dans la semaine du 25 mai pour permettre au gouvernement d'avoir les
sommes nécessaires. Également, on va voter préalablement les crédits annuels,
et il y aura la reddition de comptes annuelle sur les crédits dans la semaine
du 17 août prochain.
Alors, les travaux vont se poursuivre à
l'Assemblée jusqu'au 12 juin, et on remercie les collègues des oppositions
pour leur collaboration. Et les ministres auront l'occasion tout à l'heure de
répondre aux questions des députés d'opposition.
Le Modérateur
: Patrice
Bergeron.
M. Bergeron (Patrice) : M.
Jolin-Barrette, à comment vous évaluez la qualité de la reddition de comptes du
gouvernement aux oppositions depuis le début de cette crise?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, je pense qu'elle est très bonne. Parce que, vous savez, durant les
séances de reddition de comptes virtuelles, là, on parlait de minimum une heure
par ministre avec les oppositions. Jamais au Parlement, là, dans notre forme
actuelle de reddition de comptes qu'on avait physiquement au Parlement, les
députés d'opposition avaient la possibilité de questionner pendant une heure
complète un ministre. Même, ça s'est fait, avec la ministre de la Santé, durant
deux heures complètes. Alors, je pense qu'on est extrêmement transparents, on
est à la disposition des oppositions, et on a démontré, par la volonté du
gouvernement d'aller de l'avant avec les redditions de comptes virtuelles,
qu'on était transparents puis qu'on mettait le démocratie au cœur de la crise,
présentement, pour toujours faire preuve de transparence et rendre des comptes
à la population.
M. Laforest (Alain) : Donc,
vous rejetez l'idée avancée par certains que l'esprit critique parlementaire a
été mis de côté pendant cette crise-là?
M. Jolin-Barrette :
Effectivement, je le rejette. Vous savez, il y avait nécessité de suspendre le
Parlement, considérant la situation de crise, et il y a eu une séance de
reddition de comptes pratiquement à toutes les semaines depuis le 4 mai.
Alors, je pense que c'est très positif. Là, on revient à l'Assemblée nationale
graduellement, on fait deux périodes de questions aujourd'hui, alors je pense
que le gouvernement est très transparent. Et surtout on a réussi et on s'est
adaptés face à la réalité, aux contraintes de la COVID. Alors, on reprend
graduellement les choses.
Mais, chose certaine, le premier ministre a
toujours été... avec ses points de presse, rendait des comptes à la population.
Avec les chefs des oppositions aussi, il les contactait au moins une fois par
semaine; au début, c'était deux fois par semaine. Alors, je pense que le gouvernement
s'assure de bien informer les députés de l'opposition. En plus, il y avait des
caucus régionaux avec les députés de l'opposition, avec le ministre responsable
de chacune des régions qui renseignait les députés de chacune des régions, peu
importe la formation politique.
Et je pense, c'est ça, le message au Québec
présentement, tout le monde se serre les coudes peu importe l'affiliation politique.
On sait tous qu'on a une crise à franchir présentement, il faut travailler en
collaboration, puis il n'y a pas de place pour la partisanerie présentement.
M. Lavallée (Hugo) : Le premier
ministre a évoqué, dans un de ses points de presse, une réduction possible des
seuils d'immigration. De quelle manière ça va se faire? Est-ce que vous allez
devoir refaire des consultations? Est-ce que ça va entrer en vigueur rapidement?
Est-ce que votre réflexion a progressé à la suite de la réflexion du premier
ministre?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, vous savez, il y a deux choses au niveau de l'immigration, il y a les
cibles d'admission et les cibles de sélection. Pour pouvoir agir sur
l'admission, il faut préalablement agir sur la sélection. D'où l'importance de
resserrer certains critères au niveau de la sélection. La réforme du Programme
de l'expérience québécoise qui a eu lieu au mois de novembre dernier, qui a été
suspendue, va revenir, au cours des prochains mois, pour faire en sorte de
s'assurer qu'on sélectionne toujours les personnes immigrantes en fonction des
besoins du marché du travail. Et cet élément-là est d'autant plus important
actuellement que les taux de chômage sont élevés. Donc, il faut vraiment
s'assurer que, lorsqu'on va faire en sorte que des personnes vont choisir le
Québec, bien, elles puissent travailler et elles puissent s'intégrer à la société
québécoise. Alors, nécessairement, si on veut resserrer les règles en matière
d'immigration, resserrer au niveau de l'admission, il faut travailler tout
d'abord sur la sélection.
M. Lavallée (Hugo) : Mais sur
le seuil, le seuil lui-même, est-ce que vous avez…
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, sur le seuil lui-même, on est en train d'étudier la question. Il faut
dire aussi qu'il y a un inventaire important, à Ottawa, du nombre de travailleurs
qualifiés qui sont à Ottawa, on parle de 38 000. Le Parti libéral nous
avait laissé un inventaire important. Mais, si on veut avoir un impact durable
dans le temps, c'est sûr qu'il faut travailler sur les cibles de sélection
aussi.
Le Modérateur
: Il nous
reste une dizaine de minutes. Je veux juste vous aviser que le ministre des
Finances aussi est disponible pour prendre des questions. Donc, Geneviève
Lajoie.
Mme Lajoie (Geneviève) : Je
voudrais juste savoir comment ça fonctionne quand vous prenez des décisions,
par exemple, comme vous l'avez fait. Est-ce que c'est le gouvernement qui
propose à la Santé publique ou si c'est la Santé publique qui dit : Voyez
ce que vous pouvez faire, et après ça c'est le gouvernement qui appuie ou non
la proposition de la Santé publique? Comment ça marche?
M. Jolin-Barrette : C'est
toujours en fonction de ce que la Santé publique recommande, les décisions
gouvernementales…
Mme Lajoie (Geneviève) :
…d'abord, vous demandez quelque chose : Nous autres, on aimerait ça
déconfiner telle date, est-ce que la Santé publique est d'accord…
M. Jolin-Barrette : Je
pourrais vous dire que la ministre de la Santé serait plus apte à répondre à
cette question-là parce qu'en vertu de la Loi sur la santé publique c'est elle
qui fait les recommandations, et les relations sont entre la Direction de la
santé publique et la ministre de la Santé. Alors, je vais vous référer à elle
pour l'opérationnalisation des choses. Mais, chose certaine, nous, on se plie
aux recommandations de la Santé publique.
Mme Lajoie (Geneviève) : Dans
toute décision qui a été prise pour le déconfinement, vous, au Conseil des
ministres, vous n'avez pas nécessairement été consultés?
M. Jolin-Barrette : C'est la
Santé publique qui recommande au gouvernement les mesures à prendre et la
procédure de déconfinement. C'est fait d'une façon qui est graduelle, ordonnée,
et c'est la santé qui prime en tout temps. Mais, je peux vous dire qu'on suit
les recommandations de la Santé publique.
Le Modérateur
: Est-ce
qu'il y avait une dernière question pour M. Jolin-Barette avant de passer
au ministre des Finances?
Mme Crête (Mylène) :
Moi, je voulais savoir, est-ce qu'on peut s'attendre à une diminution du nombre
de décrets, d'arrêtés ministériels pour gérer la crise...
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, vous savez, le gouvernement prend les décrets qui sont nécessaires pour
gérer la pandémie. Alors, la Loi sur la santé publique est en vigueur
présentement, la ministre de la Santé prend les décrets qui sont nécessaires,
en fonction. Alors, pour ce qui est prospectif, dans le temps, je ne peux pas
vous dire ce qui va arriver. Vous savez, ça change au jour le jour, la
situation, mais, chose certaine, le gouvernement prend les décisions qui sont
nécessaires et qui s'imposent.
Mme Crête (Mylène) :
M. Jolin-Barette, vous êtes avocat, est-ce qu'à votre avis rendre le port
du masque obligatoire à Montréal, par exemple, dans le transport en commun,
dans les lieux publics, est-ce que ça contrevient à la charte des droits et
libertés?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, je n'émettrai pas d'opinion juridique, et le gouvernement prendra les
décisions qu'il juge appropriées en fonction du cadre législatif qui nous
gouverne. Alors, nous, on respecte le corpus législatif et les pouvoirs qui
sont attribués au gouvernement.
M. Chouinard (Tommy) : Mais,
c'est quoi, votre opinion sur le sujet, simplement votre opinion sur le sujet,
M. Jolin-Barette?
M. Jolin-Barrette : Écoutez,
je n'ai pas étudié la question légalement sur la question de savoir est-ce
qu'on peut imposer ou non. On va se fier à nos juristes et aux pouvoirs qui
sont habilités par le gouvernement.
M. Lacroix (Louis) :
...citoyen, là, vous pouvez avoir une opinion là-dessus, comme tout le monde,
là? Alain a une opinion, moi, j'ai ai une, tout le monde a une opinion. Alors,
c'est quoi? Pensez-vous qu'on devrait l'obliger?
M. Jolin-Barrette : Le
gouvernement va recommander, comme il la fait hier...
M. Lacroix (Louis) : Non, je
ne parle pas de la décision du gouvernement, je parle de vous,
M. Jolin-Barrette.
M. Jolin-Barrette :
M. Lacroix, hier, le gouvernement et le premier ministre a indiqué qu'il
recommandait aux gens le porte du masque. Pour la suite des choses, je vous
invite à suivre ce que le premier ministre va indiquer.
M. Lacroix (Louis) : Donc,
vous n'avez pas d'opinion personnelle?
M. Jolin-Barrette : Je vous
remercie à tous, ça me fait plaisir de vous retrouver.
Le Modérateur
:
Rapidement, peut-être une question en anglais.
M. Jolin-Barrette : Yes.
Le Modérateur
:
Rapidement.
Mme Senay (Cathy) : OK. The unemployment rate has really jumped in Québec. So, as the
Minister responsible for Immigration, how does that change your own plan?
M. Jolin-Barrette : Yes. First of all, the Premier says that we'll revise our admission
level. And the important thing about that is the fact that there are two
levels, the level of selection and the level of admission. And, if we want to
work on admission level, we have first to work on selection level, that is
before. Because, right now, at the federal level, we have 38,000 people who are
waiting to get their permanent… their residency, so we have to work before
that, and that includes the Programme de l'expérience québécoise, the PEQ. So
we will work on that for the next weeks — with a s.
Le
Modérateur: Merci beaucoup.
M. Jolin-Barrette : Merci.
(Fin à 8 h 54)