(Quatorze heures vingt minutes)
M. Derraji : Bon, bonjour,
tout le monde. Premièrement, comme vous tous, j'ai eu le communiqué de presse
du ministère de l'Immigration et du ministre de l'Immigration il y a quelques
heures, quelques minutes aussi. Donc, avec le ministre, on s'est habitués à
aller fouiller un peu dans les détails. Donc, je vais juste vous partager un
peu les grandes lignes de ma lecture.
Donc, aujourd'hui, nous constatons l'échec
de la CAQ en matière d'immigration économique, l'échec du premier ministre qui
a nié la pénurie de main-d'œuvre depuis 2018, l'échec de son ministre qui a
coupé dans l'immigration économique, déchiqueté des milliers de dossiers d'immigrants
prospectifs, déposé une réforme bâclée du Programme de l'expérience québécoise,
et qui revient à la charge aujourd'hui avec une réforme toujours aussi viciée.
Jamais le gouvernement n'a démontré que les
immigrants économiques sélectionnés dans le Programme de l'expérience
québécoise ne s'intégraient pas au marché du travail. Pourquoi n'a-t-il pas pu
faire cette démonstration? Parce que le Programme de l'expérience québécoise,
il vise deux clientèles : les travailleurs étrangers temporaires qui
parlent français et qui sont en emploi au Québec. Donc, ici, on parle d'un
match, arrimage de 100 % avec nos besoins. Ils sont en emploi, les
étudiants étrangers formés ici, diplômés du Québec, qui parlent français et qui
sont déjà bien intégrés. Tant d'outils pour contribuer au Québec.
Quel est l'objectif qui doit être
poursuivi en immigration? C'est atténuer la pénurie de main-d'œuvre. Est-ce
qu'on a atteint cet objectif aujourd'hui? La réponse est non. La réforme
proposée complexifie la vie des entreprises qui cherchent de la main-d'œuvre et
apporte une forme d'incertitude quant à la célérité des démarches. L'analyse du
dossier passe de 20 jours à six mois. C'est neuf fois plus long.
La réforme proposée complexifie la vie des
étudiants étrangers ainsi que des travailleurs. Je tiens juste à rappeler que
la durée d'un PVT, permis visite-travail, pour les Français, est de
24 mois en tant que travailleurs qualifiés. Le nombre de mois pour demander
le CSQ, c'est 36 mois. Ça veut dire une durée moins que la durée du PVT
qu'on offre à des résidents français pour venir s'installer au Québec. Pour
obtenir un permis fermé après le PVT, il faut un CSQ.
Un étudiant qui accomplit un programme
d'études d'une année bénéficie d'un permis de travail postdiplôme d'une année.
Puisqu'on exige une année d'expérience sur le marché du travail, l'étudiant en
question doit se trouver un travail au jour 1 de son permis de travail. Il
doit déposer son dossier au 365e jour. Et il se passe quoi avec le délai
de traitement de six mois?
Donc, en conclusion, nous sommes encore
une fois face à une réforme bâclée, brouillonne. Si la commande du premier
ministre à son ministre était d'aider à accentuer la pénurie de main-d'œuvre,
je peux leur répondre mission accomplie. En quoi c'est plus simple comme
réforme? En quoi ça donne un avantage compétitif au Québec dans la course au
talent?
Hier, le premier ministre nous a dit qu'il
a besoin de 10 000 préposés aux bénéficiaires. Aujourd'hui, son
ministre de l'Immigration fait deux choses. Il retire l'accès au PEQ aux
préposés aux bénéficiaires. J'invite les gens à aller consulter la liste des professions
c et d parce que c'est un emploi de niveau c. Et ensuite il dit : On
pourra peut-être en trouver 500 avec un programme pilote. 500 sur 10 000,
5 % de nos besoins.
Une année après avoir adopté sous bâillon
sa loi n° 9, le gouvernement nage toujours dans un manque de vision claire
et de résultat. Le gouvernement fait fausse route. Le milieu économique le
sait. Le milieu de l'enseignement supérieur le sait. Le milieu de la formation
professionnelle en région aussi. Même le ministère de l'Immigration le sait. On
comprend maintenant que, dans l'immédiat, le ministre a même tassé son
sous-ministre. Merci.
Mme Gamache (Valérie) : Quand
vous parlez des emplois c et d, donc ceux qui demandent peu de qualifications,
est-ce que le retrait, c'est une grande perte pour le programme d'immigration?
M. Derraji : Bien, si je
prends juste l'exemple du PEQ par rapport aux préposés aux bénéficiaires, en
fait, aujourd'hui, le ministre saisit l'occasion que le premier ministre lance
un appel par rapport à une problématique que nous vivons tous au niveau du
secteur de la santé. Si le ministre de l'Immigration ne ramenait pas son projet
pilote aujourd'hui de 500 personnes, il n'y a pas de solution dans ce qu'il
propose pour aller chercher des préposés aux bénéficiaires.
Et je tiens juste à rappeler que ce n'est
pas une mission facile. Même dans le passé, le Québec a déjà organisé des
missions de recrutement. Ça a été le 7 mai, en 2019, au Maroc, on voulait
chercher 200 personnes. On n'a même pas pu avoir 14 personnes. Ça, ça a été
avant la COVID. La course aux professionnels de la santé, elle est mondiale.
Tous les pays sont dans le besoin, et ils en cherchent, des préposés aux
bénéficiaires, aussi.
Mme Gamache (Valérie) : Donc, votre
compréhension, c'est que, lorsque le projet pilote se termine, il n'y a pas de
possibilité d'aller recruter des préposés aux bénéficiaires à l'extérieur?
M. Derraji : Le projet pilote
qu'on a dans la loi ne lui permet pas de dépasser un certain nombre. Donc là,
encore une fois, on revient. Ça sert à quoi, toute la bataille que ce ministre
même a menée l'année dernière pour passer sous bâillon la loi n° 9? C'est
pour faire un arrimage entre les besoins du marché du travail et les immigrants
qu'on reçoit, la catégorie économique. Mais ce qu'on peut constater et ce qu'on
constate aujourd'hui, c'est un échec. Ça ne marche pas, sa plateforme Arrima,
et il est obligé d'utiliser un projet pilote pour répondre à la demande au
niveau du réseau de la santé.
Mme Gamache (Valérie) :
L'argument de la meilleure intégration parce qu'on travaille, est-ce que ça, c'est
un argument que vous achetez? Donc, l'intégration sera meilleure pour un
immigrant parce qu'il aura passé, par exemple, trois ans dans une région?
M. Derraji : Écoutez, moi-même
j'ai eu à passer à travers tout le processus. Le message reçu aujourd'hui :
c'est très complexe, avoir de la prévisibilité, c'est très complexe, avoir sa
résidence permanente au Québec. C'est très rare de voir quelqu'un qui va
choisir le Québec pour venir s'installer, et on lui demande : Pour pouvoir
avoir tes papiers officiels pour, par la suite, entamer la deuxième étape,
bien, c'est trois ans d'expérience de travail. Sachant que les gens, bien, soit
ils entament un processus de cours, de formation académique, ça va être très
long et c'est de l'imprévisibilité.
Mme Gamache (Valérie) : C'est
ce que vous reprochez au programme.
M. Derraji : Absolument. En
fait, en aucun cas, aujourd'hui… Ce que le ministre de l'Immigration nous propose
ne va pas aider à diminuer la rareté de la main-d'œuvre. Au contraire, ça va
devenir de plus en plus complexe pour ces gens d'avoir leurs papiers et rester
au Québec.
Mme Gamache (Valérie) : Donc,
les gens n'auront juste pas envie d'appliquer?
M. Derraji : Ça va être très
difficile parce que les critères d'entrée sont très complexes.
Mme Gamache (Valérie) : Si je
vous ramène, en terminant, en novembre dernier, lorsque vous aviez autour de
vous des travailleurs et des étudiants, doivent-ils crier victoire aujourd'hui?
M. Derraji : La seule chose, c'est
que le ministre, ce qu'il a fait, il a retiré la liste pour... la fameuse liste
où il y avait énormément de problèmes. Mais je ne pense pas que personne au
Québec aujourd'hui ne doit crier victoire parce qu'il n'y a pas de victoire. Au
contraire, aujourd'hui, le ministre rend le processus pour répondre à la
pénurie de main-d'œuvre très complexe. Je me dis même : Est-ce que
l'objectif était de répondre à un problème beaucoup plus complexe avec une
solution très court terme? On dirait que j'ai en face de moi une boîte de comm
qui répond avec des lignes de comm et non pas une réponse en profondeur d'un
problème beaucoup plus complexe. On le voit maintenant au niveau de la santé,
mais on le voit aussi dans d'autres secteurs d'activité.
M. Pouliot
(Samuel) : Can you just summarize your
statement in English, why you think it's a failure?
M. Derraji :Hi.
So, today, we see the failure of the CAQ in terms of economic immigration. A
year after adopting the law, the Bill 9 by «bâillon», the Government is still
swimming in a lack of clear vision and results: the failure of his Minister who
cut economic immigration, shredded thousands of prospective immigrants' files,
tabled a botched reform of the PEQ and who comes back today with another
reform. If the objective was to make the labor shortage worse, I think, mission
accomplished by the Minister of Immigration. Merci.
Le
Modérateur
: Thank you. Merci
(Fin à
14 h 30)