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Conférence de presse de M. Pascal Bérubé, chef du troisième groupe d’opposition, M. Martin Ouellet, leader parlementaire du troisième groupe d’opposition, et Mme Véronique Hivon, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’éducation

Bilan de la session parlementaire

Version finale

Le vendredi 12 juin 2020, 9 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Neuf heures deux minutes)

M. Bérubé : Merci. Nous sommes heureux, ce matin, mes collègues et moi, de vous présenter notre bilan de la dernière session parlementaire. Évidemment, une session pas comme les autres, une session éprouvante pour les Québécois, éprouvante pour les familles des plus de 5 000 victimes, une session parlementaire où le Parti québécois a été responsable.

Et, dans la première phase de la pandémie, on doit convenir que le gouvernement a bien communiqué. D'ailleurs, il avait de nombreuses tribunes pour le faire. Donc, on a reconnu ça et on a travaillé très étroitement avec lui. Vous vous souvenez de l'expression : l'équipe du Québec. Alors, que ça soit à travers les deux conférences par semaine qu'on avait avec le premier ministre, on a fait part des échos du terrain, mais on a également fait part de plusieurs propositions en privé au premier ministre, et on a collaboré dans nos circonscriptions, mais également au plan national dans cette première phase. Et ça a été salué par le premier ministre lui-même, ça a été salué par la population du Québec.

Cette communication du gouvernement a permis rapidement, en début de pandémie, de créer de l'adhésion et la nôtre, évidemment, aux mesures de confinement. Et je pense que, pour ça, ça a été réussi au Québec. Les neuf députés du Parti québécois ont travaillé d'arrache-pied. Notre formation politique également, au plan national, on a fait d'énormes efforts de collaboration. Et le message d'unité a été bien porté. Alors, je peux dire que c'est très satisfaisant pour cette première partie.

Il y a eu une deuxième phase, et là ça a été plus difficile pour le gouvernement. On s'est aperçu d'un certain nombre de choses, et je pense qu'on n'est pas les seuls. Et les premiers qui s'en sont aperçus, c'est les fiers travailleurs et travailleuses du domaine de la santé. On s'est aperçu qu'on était très mal préparé, dans les CHSLD, avec les conséquences funestes que l'on connaît.

Les Québécois ont été déçus de la ministre responsable des Aînés parce qu'elle a passé plus de temps à défendre son bilan tantôt libéral, tantôt caquiste qu'à trouver des solutions. Jamais on n'a eu de directive claire pour interdire formellement les déplacements de personnel entre les zones chaudes et les zones froides. Et la ministre responsable des Aînés continue de donner la priorité aux maisons des aînés, plutôt qu'au maintien à domicile, ce qui est le premier choix des aînés et de leurs familles. Or, nos aînés, ils veulent avant tout vivre à la maison aussi longtemps que possible.

Et c'est maintenant qu'on... et, si vous permettez, je passe la parole à ma collègue députée de Joliette qui va compléter la troisième phase dans un domaine qu'elle connaît bien, l'éducation, et où elle excelle dans son travail.

Mme Hivon : Oui. Bonjour. Alors, c'est sûr qu'on a commencé à voir, dans la deuxième phase dont parle Pascal Bérubé, des difficultés dans le domaine de l'éducation, au-delà des CHSLD. Ça a pris des semaines avant qu'on sache ce qui était attendu du réseau, ce qui était attendu des élèves. Donc, beaucoup de confusions pendant lesquelles on a perdu un temps précieux.

Et là on est entrés dans la troisième phase du déconfinement puis on estime que vraiment, là, la dégringolade s'est empressée, s'est accélérée. Je vous dirais qu'on a retrouvé la CAQ prépandémie, la CAQ des maternelles quatre ans, du bulldozage pour le projet de loi n° 40 sur les commissions scolaires. Toujours le même pattern : beaucoup de communication, pas de planification, de l'improvisation puis des changements d'orientation. C'est ce qu'on a retrouvé, malheureusement, dans cette phase-là.

On a vu les cafouillages, vous l'avez vu comme moi, en éducation. Les parents, les enseignants, les directions d'école qui ne savaient plus où donner de la tête, des décisions précipitées, des décisions qui changeaient, une absence de directives, alors que c'est nos élèves les plus vulnérables qui en faisaient les frais. Même chose dans les services de garde éducatifs, un ministre Lacombe qui a changé de cap sur la gratuité des places, jusqu'à quand ce serait gratuit, une tension énorme entre lui et les éducatrices en milieu familial, qui se poursuit. On a vu le milieu culturel qui est tanné des demi-mesures et des belles formules de la ministre, qui veulent des actions adaptées à leur réalité. Même chose pour le milieu touristique avec l'annonce d'hier de Caroline Proulx, des belles annonces, mais qui sont reçues très tièdement parce que pas adaptées à la réalité.

Alors, avant de recéder la parole au chef, je veux juste dire que, pour la suite, pour ces dossiers-là, cruciaux, socioéconomiques, il faut de la planification. Le gouvernement doit sortir de l'improvisation. Il faut que la rentrée scolaire soit bien planifiée cette fois-ci. Il faut qu'on ne laisse personne derrière. Il faut qu'il y ait des outils technologiques. Et même chose pour nos services de garde, il faut, alors qu'on vit une pénurie d'éducatrices, une pénurie de places, que le gouvernement se ressaisisse, et qu'il valorise ses éducatrices, et fasse en sorte que notre réseau ne s'écroule pas au lendemain de la pandémie.

M. Bérubé : Puis arrive le projet de loi n° 61, celui qui va marquer de façon durable la session parlementaire du gouvernement. Vous savez, on a toujours questionné ce qui relevait du politique. Alors, si vous voulez une démonstration éloquente de décision politique qui ne relève pas de la Santé publique, c'est le projet de loi n° 61.

Le projet de loi n° 61, c'est la réponse du gouvernement à la pandémie puis à une nécessaire relance économique. On en est. Mais il se trouve que le gouvernement a perdu beaucoup de crédibilité quand les experts se sont succédé en commission parlementaire pour démolir son projet de loi : corruption, collusion, pouvoir discrétionnaire, urgence sanitaire prolongée indéfiniment. Mon collègue Martin Ouellet, à la fois comme leader parlementaire et comme porte-parole, n'a pas lâché le morceau et ne lâchera pas le morceau parce que la corruption ne doit pas être relancée par le gouvernement caquiste, même s'il ne le souhaite pas. C'est ce que le comité de suivi de la commission Charbonneau nous a dit. C'est que le Barreau du Québec a dit.

Et, vous savez quoi, j'irai plus loin. Je sais que la population est de notre côté sur cet enjeu, qu'elle nous soutient, qu'elle nous écrit, qu'elle écrit également au gouvernement, et que la relance économique... Oui, mais s'arroger des pouvoirs inédits, dans l'histoire moderne du Québec, lorsqu'on n'est pas en temps de guerre, c'est majeur. Alors, le gouvernement a cru qu'il pouvait utiliser la situation actuelle, qui est la pandémie, et sa popularité actuelle pour réaliser un certain nombre de rêves de pouvoir supplémentaire. On s'en est rendu compte.

Ainsi, le mois de juin est très difficile pour Christian Dubé. Je n'aurais pas aimé être dans ses souliers pendant la commission parlementaire avec le comité de suivi de la commission Charbonneau, qui continue de surveiller nos échanges. Mais le patron, c'est le premier ministre du Québec. Je pense que tout le monde s'en rend compte. Alors, il s'est avéré un peu impatient cette semaine, nous révélant que, finalement, bien, il avait des objectifs électoraux à remplir et qu'il devait les remplir. Puis c'est la candeur qui a parlé en Chambre. Alors, maintenant, on sait à quoi s'en tenir.

Alors, il devra répondre aux Québécois. Je pense que les Québécois ont eu confiance en lui pendant un bon moment pendant la pandémie, y compris nous, mais je crois qu'ils se sont sentis abandonnés avec le projet de loi n° 61 et ça se poursuit. Je pense que le premier ministre devra faire son mea culpa et avouer que le projet de loi n° 61, tel que réfléchi, tel que proposé par la CAQ, était une erreur de s'arroger tous les pouvoirs dans une société aussi démocratique que le Québec.

Et maintenant, j'aimerais que notre leader parlementaire puisse continuer sur d'autres thèmes qui nous sont chers.

M. Ouellet : Merci beaucoup. Donc, à mon tour de vous saluer. Pendant toute cette crise, que ce soit le confinement et la partie déconfinement, les députés du Parti québécois ont fait des propositions audacieuses et responsables. Et je veux faire un peu de rebond sur ce que ma collègue Véronique Hivon a dit tout à l'heure. Oui, il y a eu de l'improvisation. On comprend que la crise amène effectivement des décisions rapides à être prises.

Cependant, je veux juste rappeler que les députés du Parti québécois, lorsque le gouvernement du Québec a réannoncé la réouverture des services de garde, des CPE, et qu'on s'est fait appeler le week-end parce que les équipements n'étaient pas rendus, les masques, les visières n'étaient pas rendus dans nos installations, bien, c'est les députés du Parti québécois qui ont pris le téléphone, qui ont appelé leurs CISSS, qui ont appelé leurs commissions scolaires pour permettre à nos services de garde pour mettre la main sur les équipements de protection visuelle pour être capables d'ouvrir leurs services dès le lundi matin. Alors, lorsque je dis que le gouvernement a pu compter sur les partis d'opposition et notamment le Parti québécois, c'est ce genre d'exemple là qu'on veut donner au gouvernement.

Cela étant dit, on a fait des propositions audacieuses. Ma collègue Lorraine Richard a participé aux importants travaux de la commission Laurent qui, il ne faut pas l'oublier, se sont poursuivis malgré la crise de la COVID, parce que le sort de nos enfants vulnérables, c'est primordial. Sylvain Gaudreault s'assure encore, hier et aujourd'hui, que la politisation du Fonds vert proposée par le gouvernement ne passe pas comme une lettre à la poste. Sylvain Roy s'est assuré que les coupes annoncées par le gouvernement dans le secteur forestier, vitales dans plusieurs régions, dont la mienne, ne passent pas inaperçues.

Harold LeBel a rappelé sa proposition de nommer un protecteur des aînés, dont on aurait eu bien besoin pendant cette crise. Il a fait la démonstration que ce gouvernement aurait pu poser certains gestes pour améliorer la situation depuis l'automne 2018. Et je vous fais une prédiction : Harold va parler encore de climatiseurs cet été et probablement l'année prochaine.

Méganne Perry Mélançon, jamais à court d'idées pour aider nos créateurs culturels, a notamment fait une proposition audacieuse, qui a été bien reçue, des livres pour emporter en librairie. Joël Arseneau a connu un baptême de feu pour sa première session en tant que porte-parole en matière de santé. Le gouvernement n'a pas eu d'autre choix que se dire ouvert à sa proposition extrêmement importante d'étendre la protection des lanceurs d'alerte aux travailleurs des CHSLD privés et des résidences privées pour aînés.

Et, en terminant, ma collègue Véronique Hivon a conclu cette session parlementaire avec deux gains pour les Québécois : l'instauration d'un congé parental pour les députés, une mesure importante pour attirer et retenir davantage de parents et de femmes en politique, et l'étude d'un projet de loi abolissant enfin le délai de prescription pour les victimes de crime à caractère sexuel. Vous voyez, le Parti québécois a été partie prenante de l'effort de guerre pendant la crise et le Parti québécois est encore partie prenante des efforts de guerre pour la relance suite à cette crise.

Donc, on est prêts maintenant à prendre vos questions. Merci.

Le Modérateur : Très bien. Alors, on va commencer par Olivier Bossé, Le Soleil.

M. Bossé (Olivier) : Bonjour. Vous avez parlé de phases. D'après vous, le moment charnière ou le point tournant, ça a été quoi?

M. Bérubé : Herron, notamment. Lorsqu'Aaron Derfel, un de vos collègues de la Gazette, a découvert cet élément-là, j'ai l'impression que le gouvernement a été notamment fâché qu'on l'apprenne. Je me souviens des réactions du premier ministre à ce moment-là. On avait encore des conférences téléphoniques. Ça a été majeur et ça a démontré la vulnérabilité des CHSLD. Et ça a démontré qu'il y a des consignes qui n'ont pas été données, qui ne se sont pas rendues sur le terrain... ont fait en sorte de mettre à risque beaucoup d'aînés. Et ça a causé des décès, notamment le transfert des zones froides aux zones chaudes et l'inverse. Donc, il y a ça.

Il y a aussi la communication qui était hésitante à bien des égards entre la Santé publique et le politique. Et parfois ça se confondait. Puis, tantôt, Véronique a fait référence au tourisme. Ça, c'est un exemple très concret. Écoutez, à cette place, la ministre du Tourisme dit : On peut voyager partout au Québec. À deux mètres, le Dr Massé dit : Non, ce n'est pas possible, c'est à proximité. Le lendemain, le Dr Arruda dit la même chose que le Dr Massé. Je veux dire, ça... parlez-vous. Tu sais, les décisions que vous prenez, je le dis depuis le début, ont des influences majeures sur les Québécois, sur notre santé, sur nos droits et libertés et sur les fonds publics.

Alors, c'est important de questionner. Et j'ai senti et je sens de plus en plus que, lorsqu'on pose des questions importantes sur les enjeux qui relèvent de la responsabilité politique du gouvernement, ça irrite et ça donne des réactions comme vous avez vu au cours des dernières semaines.

Le Modérateur : Marie-Michèle Sioui, Le Devoir.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour. Est-ce qu'à votre avis la Santé publique a une part de responsabilité dans les écueils que vous avez identifiés?

M. Bérubé : Oui, mais comment le déterminer? C'est-à-dire que les échanges, les arbitrages ne nous sont pas connus ni de vous ni de nous. Alors, je vais ne nommer qu'un exemple.

On a parlé des masques il y a quand même plusieurs semaines, puis je me souviens des réponses qu'on s'est fait servir. Alors, une fois qu'on l'a dit, on a fait une proposition. Le gouvernement a décidé d'en disposer. Qu'est-ce qui est arrivé hier? Bien, à peu près tous les experts sur lesquels le gouvernement s'est appuyé pendant la pandémie ont dit : Bien, on vous suggère ça. Et là on n'a pas écouté.

Pour le reste, c'est très difficile de déterminer ce qui revient au politique puis ce qui revient de la Santé publique, et on a essayé de démêler ça, souvent. Mais ce qui est encore plus important, c'est le résultat. Quand on dénombre, tristement, plus de 5 000 décès au Québec, quand le Québec compte pour 23 % de la population canadienne et revendique, tristement, plus de 60 % des décès, je pense que cette statistique démontre à elle seule que le Québec n'a manifestement pas réussi, tu sais, cette étape qu'on nous disait qu'on va réussir le combat puis gagner contre le coronavirus ensemble. Mais, pour les 5 000 familles de ces personnes, ils ne l'ont pas gagnée, cette bataille-là. Alors, chaque mort était de trop. Et il faudra se préparer pour la prochaine vague, s'il y en a une. Il faut que ça soit déjà fait.

Mais moi, je suis très heureux que notre formation ait fait des propositions qui se sont avérées nécessaires, dans les circonstances, qui ont parfaitement été suivies. Puis vous ne le savez pas parce qu'on l'a dit en privé au premier ministre. Il prenait certaines bonnes idées, les appliquait, on s'en réjouissait, on travaillait tous dans la même équipe. Mais pour le reste, moi, je questionne le politique, pas la Santé publique. Moi, je suis un élu, nous sommes des élus, c'est la responsabilité des élus qu'on questionne, et c'est pour ça qu'on pose des questions importantes en Chambre, en commission parlementaire, sur toutes les tribunes comme celle-ci. Le gouvernement a certainement une responsabilité, bien sûr.

Le Modérateur : Avez-vous une autre question? Ça va?

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Ça va, merci.

Le Modérateur : Oui. Gabriel Béland, La Presse.

M. Béland (Gabriel) : Bonjour. Donc, le gouvernement, selon vous, a une responsabilité. On voit que dans les sondages, actuellement quand même, il y a un taux d'appui assez important au gouvernement, avec néanmoins le pire bilan au pays. Pensez-vous qu'à terme, qu'à un moment, le gouvernement va devoir payer un prix politique?

M. Bérubé : Bien, écoutez, le gouvernement a disposé de ressources exceptionnelles pour s'adresser aux Québécois. C'est la première fois qu'on s'assoit dans cette salle depuis le début de la pandémie, là. Et puis vous savez qu'on a l'habitude de faire nos bilans parlementaires ici. Ce n'est pas une nouveauté, là, on y était bien avant que la pandémie commence. Des moyens exceptionnels de visibilité sur les chaînes d'information continue, de publicité, de faire appel à des personnalités, de poser souvent des gestes qui s'apparentent à du spectacle politique, on en a vu bien des cas. Puis, plus ça avance, moins il est question de santé publique, plus il est question de politique et encore plus dans les dernières semaines.

Maintenant, on dirait que le gouvernement essaie de passer des messages qui ne s'adressent pas tellement aux personnes intéressées par la pandémie, mais qui s'adressent aux Québécois sur sa formation politique et pourquoi elle est si nécessaire pour la suite. Le premier ministre a déjà évoqué son deuxième mandat cette semaine. Ce n'est pas banal.

Alors, moi, le travail qu'on fait, il est pour les personnes qui souffrent, présentement, mais pour éviter que d'autres personnes souffrent. Puis les personnes qui souffrent, ce n'est pas seulement les personnes malades, c'est les travailleurs et travailleuses de la santé, des gens qui sont éprouvés, des gens qui, dans les annonces qui sont faites, économiques, ne sont pas considérés. Alors, on a porté tout ça pendant la crise. Et j'ai l'impression que ses points de presse sont de plus en plus politiques et de moins en moins de la Santé publique, j'ai le regret de le dire.

M. Gagnon (Marc-André) : Oui, à mon tour, Marc-André Gagnon, du Journal de Québec. Si je comprends bien ce que vous venez de nous dire, avec les moyens dont la Coalition avenir Québec, le parti au pouvoir, a disposé pendant la pandémie, ces moyens-là ont de quoi rendre jalouse n'importe quelle formation politique.

M. Bérubé : Bien, il est normal qu'en temps de crise la valeur refuge, d'abord, pour les Québécois, c'est le gouvernement du Québec. Ça, c'est une bonne nouvelle en soi. Alors, on se tourne vers le gouvernement du Québec. On a vécu ça avec Mégantic. On l'a vécu avec L'Isle-Verte. On l'a vécu avec le verglas. On l'a vécu avec les inondations au Saguenay. Évidemment, ça n'a rien à voir en termes d'amplitude, mais il y a un réflexe naturel de se tourner vers le Québec. Et, si le gouvernement du Québec répond présent, qu'il répond aux questions, qu'il est présent sur le terrain, il est normal que la popularité augmente de façon substantielle. D'ailleurs, c'est le cas dans à peu près toutes les provinces canadiennes. Il y a même le premier ministre de Colombie-Britannique, M. Horgan, qui est à des taux encore plus élevés que le Québec.

Ceci étant dit, on n'a pas siégé, pendant combien de semaines à l'Assemblée nationale, 10 semaines, sans débat, sans reddition de comptes. Il n'était pas prématuré de revenir. Et vous voyez que ça permet d'échanger sur les questions que se posent les Québécois.

Alors, les Québécois ont une confiance à l'égard du gouvernement du Québec présentement, mais elle n'est pas sans condition. Alors, je pense que le projet de loi n° 61 tel qu'amené est un tournant dans l'attitude de ce gouvernement face aux Québécois. Et, si vous saviez le nombre de personnes, puis je sais qu'on vous dit ça souvent, mais le nombre de personnes qui n'ont pas l'habitude de nous écrire et qui sont très mobilisées, qui nous écrivent à nous et qui écrivent aux députés de la CAQ également, n'importe quel député pourra vous dire qu'il y a là un signal, là, très puissant qui est envoyé au gouvernement. Et, si vous voulez une démonstration du fait que le gouvernement a perdu un peu le contrôle de ça, au même moment, il y a des collègues qui viennent de quitter pour un point de presse à 9 h 15, six ministres en même temps que notre point de presse. Alors, il y a vraiment là un rattrapage à faire.

Mais nous, on a des convictions très fortes qui nous animent puis on fait un travail rigoureux. Puis je veux féliciter Martin puis son équipe, une révélation pendant cette session parlementaire, Véronique, avec sa sensibilité et sa combativité... le souci de faire les choses correctement. L'idée, c'est d'être responsable, et c'est ça qui nous anime. Et, en toutes circonstances, je pense que, de toutes les oppositions, celle qui a été la plus responsable en toutes circonstances, ça a été le Parti québécois.

M. Gagnon (Marc-André) : ...juste revenir sur le projet de loi n° 61 parce que vous dites : On a l'appui des Québécois. Vous parlez de mobilisation. Mais une mobilisation importante ce matin, c'est bien celle des maires de partout au Québec, là. Et je vois, même, sur les réseaux sociaux, ils sont de plus en plus nombreux à demander aux partis d'opposition d'appuyer l'adoption de ce projet de loi là. La mairesse de Montréal écrit : «Ce projet de loi est nécessaire[...]. Il est important que les parlementaires puissent poursuivre leurs travaux au-delà de la fin de session habituelle, afin d'étudier et de bonifier» ce projet de loi là. Est-ce que vous sentez ce matin une pression de la part des municipalités? Et, en quelque sorte, je veux dire, les maires représentent aussi les Québécois.

M. Bérubé : Les maires représentent eux-mêmes dans ce cas-là, j'ai le regret de vous le dire. Il y a beaucoup plus de citoyens qui sont contre ce projet de loi qu'il y a de maires au Québec. Et d'ailleurs je me permets d'inviter les citoyens du Québec qui sont contre ce projet de loi d'écrire à leur maire. Alors, on va inverser la polarité. Je pense que c'est important qu'ils le sachent.

Alors, j'en ai reçu, des messages de maires, et je comprends que ça a été sollicité par le gouvernement du Québec. Alors : Allez-y, la FQM, allez-y, l'UMQ, indiquez Pascal Bérubé bien comme il faut dans vos affaires. J'ai tout lu ça. Mais, moi, je suis quelqu'un de courageux dans la vie, puis j'ai des convictions, puis c'est la même chose qui anime mes collègues.

Alors, les citoyens du Québec qui sont contre le projet de loi n° 61, dans bien des cas, vous avez un député de la CAQ, c'est à votre tour de leur écrire. Faites ça à partir de maintenant. Les lignes sont ouvertes.

Le Modérateur : Jonathan Bernard, Cogeco Nouvelles.

M. Bernard (Jonathan) : Si je vous ai bien compris, vous estimez que le projet de loi n° 61 permettra à la CAQ de réaliser des engagements qu'elle avait pris qu'elle n'aurait pas été en mesure de réaliser d'une autre façon. Craignez-vous le bilan que pourrait se constituer le gouvernement, la CAQ ,au sortir de son mandat?

M. Bérubé : Je vais dire un petit mot puis je vais céder la parole à Martin. Je vois bien cette pression, là, cette semaine : Si vous êtes contre le projet de loi, vous n'aurez pas votre asphalte, M. Bérubé, sur la route 132, vous n'aurez pas votre route à Joliette, la route de la mort. Tu sais, on s'est fait dire ça, là. Puis vous, à Baie-Comeau, là, votre maison des aînés, là... Savez-vous quoi? Ça ne nous a pas ébranlés parce que ces projets-là, ils peuvent se faire de toute façon. Et le gouvernement réalise que ceux qui l'ont conseillé se sont trompés. Il est fâché puis il est orgueilleux.

Alors, Martin va pouvoir vous expliquer pourquoi on aurait pu faire différemment pour arriver au même objectif. La relance économique, on est pour. Bernard Landry, après les incidents du 11 septembre 2001, il a fait un bilan... en fait, il a fait un budget de relance. Il ne s'est donné aucun nouveau pouvoir, mais il a donné beaucoup de volonté politique pour réaliser des projets. Et voici un premier ministre duquel le premier ministre actuel pourrait s'inspirer.

M. Ouellet : Il y a plusieurs projets qui n'ont pas besoin de ce projet de loi là. Je vais vous donner un exemple très concret, là. La maison des aînés, sur la Côte-Nord à Baie-Comeau, là, la ville a signé le terrain, ils peuvent commencer dès demain matin. Si le gouvernement veut lui envoyer l'argent et le nombre d'unités, l'endroit est choisi, il n'a pas besoin de faire de BAPE, il n'a pas besoin d'exproprier personne, il peut le réaliser.

Donc, le gouvernement essaie de nous mettre dans un faux dilemme en nous disant : Vous votez contre le projet de loi, vous êtes contre la relance économique. On n'est pas contre la relance économique. Et je veux peser mes mots, là, ce n'est pas un projet de loi sur la relance économique, puis vous l'avez entendu depuis plusieurs semaines, c'est un projet de relance des infrastructures. Alors, on n'est pas contre ça, mais la façon dont le gouvernement veut le faire, et il y tient, là... parce qu'on a envoyé à M. Dubé une liste de choses, là : voici les articles de loi qu'on voudrait que vous retiriez, voici les ajouts, voici les modifications. Il nous revient avec une proposition, et on lui dit : Elle est insatisfaisante. Donc, il doit retourner à la table à dessin.

Il continue de vouloir maintenir l'urgence sanitaire pendant quatre mois. Le Barreau du Québec a dit : Non, l'urgence sanitaire, c'est un pouvoir immense, avec de grandes responsabilités, qui crée inconfort. Et cet inconfort, c'est de demander, à tous les 10 jours, aux Québécois, aux Québécoises, suite à une décision du Conseil des ministres, de décréter ou de maintenir l'état d'urgence. Il ne veut pas ça. Il nous a parlé de prévisibilité.

Avez-vous entendu M. Arruda, le directeur de la santé publique, parler de prévisibilité en matière de pandémie? À chaque fois qu'il s'est assis ici, questionné par vous, la question était : Qu'est-ce qui s'en vient? Est-ce que ça, ça sera déconfiné? Quelle est la prochaine étape? Puis je ne veux pas le paraphraser, mais je vais reprendre un peu l'ensemble de ses mots : Vous savez, on regarde la situation, on évalue et, une fois qu'on a des données, on va pouvoir prendre une décision. Alors, pourquoi le gouvernement a besoin d'une urgence sanitaire décrétée pendant quatre mois pour dire qu'il a besoin de prévisibilité alors que l'évolution de la situation change de jour en jour?

Et donc, au final, on est en période de déconfinement, et ce déconfinement-là nous amène à avoir de nouvelles actions. Et la relance économique peut se faire en période de déconfinement, mais elle n'a pas besoin de se faire avec le projet de loi n° 61.

Le Modérateur : Est-ce qu'il y a d'autres questions en français? Ça va?

M. Bérubé : On a du temps, hein, tu sais, du temps à rattraper ensemble.

Le Modérateur : Alors, il nous reste donc des questions... Now in English. Question from Raquel Fletcher, Global News, question for Mme Hivon. You had some very harsh criticism of how the Government handled the COVID-19 crisis, particularly when it came to schools and daycares. Can you also speak about how Mr. Roberge handled the crisis? We see him very rarely now. What do you think of that?

Mme Hivon : We've seen, unfortunately, the same minister Roberge has we've seen for the last year, the one who is not able to plan properly the kindergartens, four-year-old kindergartens, the Bill 40 about school boards. So this is this Mr. Roberge, unfortunately, that we saw again, not able to plan correctly how to help the students, how to provide them with computers or iPads, how to organize a support system for the teenagers who are having trouble staying at home during all this time, for kids who have difficulties, you know, learning difficulties.

So, unfortunately, this is what we saw. And what we want to see now is Mr. Roberge will stop improvising and will start planning for the upcoming month of September.

Le Modérateur : Très bien, alors merci à vous trois. Ça complète pour cette conférence de presse.

M. Bérubé : Merci à vous. Merci pour votre présence.

(Fin à 9 h 28)