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Conférence de presse de Mme Manon Massé, cheffe du deuxième groupe d’opposition, et M. Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementaire du deuxième groupe d’opposition

Bilan de session de Québec solidaire

Version finale

Le vendredi 12 juin 2020, 8 h 30

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Huit heures trente et une minutes)

Mme Massé : Alors, bonjour, tout le monde. Effectivement, on est là aujourd'hui pour vous présenter notre bilan de la session. Session assez particulière, tout le monde le reconnaîtra.

Le 13 mars dernier, donc, on a fait une promesse aux Québécois et Québécoises, la promesse de travailler avec le gouvernement Legault pour aider la population à passer au travers cette période difficile. C'est ce qu'on a fait. Au début de la crise, j'ai été en communication régulière avec le premier ministre, son bureau. Nos députés ont été en communication régulière, je dirais même, parfois, quotidienne, avec les ministres de M. Legault. Bref, on était au poste.

On ne parlait pas juste au gouvernement, vous devez le savoir. On parlait aussi au personnel soignant. On parlait aux Québécoises et Québécois les plus vulnérables. On parlait aux groupes communautaires qui soutenaient ces Québécois et Québécoises là, notamment les banques alimentaires, dès le début, hein, les petits commerçants. On parlait avec les autochtones. Bref, on parlait avec beaucoup de monde parce qu'il y avait beaucoup à dire.

Québec solidaire, c'est un parti de terrain, et notre objectif, c'était d'aider M. Legault à couvrir l'ensemble des angles face à cette crise-là et surtout les angles qu'il ne voyait pas. Tout au long, on a fait plein de propositions parmi lesquelles il y en a pas mal qui ont abouti ou influencé, de façon importante, le gouvernement.

Parlons de la formation accélérée aux préposés aux bénéficiaires, parlons de l'accompagnement pédagogique estival, la prime aux travailleurs, travailleuses agricoles, le prêt pour les entreprises... le prêt de moins de 50 000 $ pour les très petites entreprises, l'interdiction d'éviction des locataires, interdire les employeurs de réclamer un billet de médecin alors que le Québec devait préserver ses médecins et ses infirmières pour combattre la COVID, permettre aux personnes sans statut de se faire traiter gratuitement au Québec pour la COVID, offrir des communications pour permettre aux gens dans différentes langues, mais aussi, en langue des signes pour rejoindre le plus de population possible, et j'en passe, parce que, dans les faits, c'est une cinquantaine de propositions qu'on a faites. Ces propositions-là avaient comme objectif de contribuer à freiner l'éclosion du virus, et je suis fière que mon parti, en cette période difficile, ait fait ces propositions.

Dans les premières semaines, M. Legault a commencé à communiquer très clairement, très clairement, compréhensible, les gens comprenaient. On pouvait le suivre. On avait l'impression, vraiment, qu'il était en contrôle. Mais, à un moment donné, tu as beau avoir les meilleures conférences de presse, en avoir une par jour, la réalité te rattrape. Puis c'est quoi, la réalité? Bien, à partir de la tragédie de Herron, vous le savez comme moi, le gouvernement a perdu le contrôle. Il n'a pas été capable de trouver le personnel en nombre suffisant. Il n'a pas été capable de fournir à ces gens-là le matériel de protection partout, dans tous les établissements de santé et incluant, bien sûr, les CHSLD. Il n'a pas été capable d'empêcher le déplacement de personnel d'un CHSLD à l'autre, d'un établissement à l'autre. Il n'a pas été capable de protéger les lanceurs d'alerte qui nous laissaient savoir que ça ne marchait pas sur le terrain.

Bref, les directives présentées en conférence de presse, ici même, ne se sont pas toujours rendues sur le terrain. Et aussi, ce que le terrain nous disait avait de la misère à traverser le mur du son dans les oreilles du premier ministre. Résultat, il y a plus de 5 000 personnes qui sont décédées. C'est plus que toutes les provinces canadiennes réunies. Il n'y a pas de quoi être fier.

Pendant que le premier ministre blâmait les employés syndiqués pour les faibles salaires et l'incapacité d'augmenter le salaire, minable d'ailleurs, des préposés aux bénéficiaires, en Colombie-Britannique, les préposés du secteur privé sont passés sous la responsabilité de l'État puis leur salaire est passé à 25 $ de l'heure en avril. La différence, c'est que la Colombie-Britannique a agi quand elle a vu le problème venir. Le Québec, lui, a attendu que le problème soit là pour réagir.

Quand M. Legault a dit : Ça va bien aller, je crois qu'il était sincère, mais force est de reconnaître que ça a mal été.

M. Nadeau-Dubois : Merci, Manon. C'est impossible de faire le bilan de la crise sanitaire sans faire le bilan des décisions politiques passées qui l'ont aggravée. Depuis longtemps, la religion politique officielle au Québec, c'est que l'État, c'est trop lourd, que les services publics, ça coûte trop cher, le public, c'est mauvais, puis le privé, c'est bon. C'est la même histoire depuis 20 ans. La gauche, c'est des idéologues, puis la droite, c'est des pragmatiques. Couper dans les services publics pour payer la dette, c'est rigoureux. Mais réinvestir pour soigner notre monde, ça, c'est irresponsable, ça, c'est vivre dans un monde de licornes.

Je me pose une question ce matin. Combien de vies est-ce qu'on aurait sauvées au Québec si Jean Chrétien n'avait pas mis la hache dans les transferts fédéraux, si Philippe Couillard n'avait pas coupé 30 % dans la santé publique, si les libéraux n'avaient pas démantibulé complètement le réseau de la santé? Combien de vies est-ce qu'on aurait sauvées si on avait payé les préposés aux bénéficiaires comme du monde avant la crise, si on avait entendu la détresse des infirmières avant la crise? Combien de vies est-ce qu'on aurait sauvées si on avait cru au public? La réponse, je ne l'ai pas. Mais ce que je sais, c'est que la petite expérience néolibérale des 15, 20 dernières années, elle a échoué. Il faut être, aujourd'hui, alors que le temps des bilans commence, assez lucide pour le reconnaître.

Dans les deux derniers mois, les gouvernements ont mis en place, à toute vitesse et dans l'urgence, des mesures que Québec solidaire réclame depuis des années. Aujourd'hui, la question, ce n'est pas de savoir si elles fonctionnent. Des salaires décents dans les services publics, un filet social plus fort, la souveraineté alimentaire, médicale et économique du Québec, ça fonctionne. La question maintenant que la première vague s'estompe, c'est : est-ce qu'on va revenir en arrière ou si on va conserver les acquis de cette crise? Est-ce qu'on va solidifier nos services publics, notre filet social et notre souveraineté?

Cette semaine, avec le projet de loi n° 61, la CAQ a donné une première réponse, et cette réponse, ça a été de ramener le Québec en arrière. Je vais être très clair. Le François Legault qui gouvernait en suivant la Santé publique a disparu le jour où il a présenté le projet de loi n° 61. Le François Legault qui gouverne maintenant, il veut gouverner seul. Il veut continuer à gouverner par décret, bien au-delà de ce qui est prescrit par la Santé publique. Sa vision de la relance économique, c'est une vision dangereuse, dangereuse pour l'environnement, dangereuse pour la démocratie, dangereuse pour les fonds publics.

Il y a trois Québécois sur quatre, selon un récent sondage, qui veulent relancer l'économie en respectant l'environnement. Les Québécois, ils veulent une relance, oui, mais ils veulent une relance verte, une relance égalitaire, une relance qui nous rend plus forts face aux crises, à la fois à la crise sanitaire qu'à la crise climatique, qui n'a pas disparu. C'est pour ça que Québec solidaire s'est battu toute la semaine pour améliorer le projet de loi n° 61. Et c'est avec la même énergie qu'on va se battre dès le retour cet automne. Le projet de relance de la CAQ, c'est un énorme retour en arrière. C'est un projet passéiste. C'est un projet qui va nous affaiblir. On ne pouvait pas le laisser passer tel quel et on est fiers de ce choix, très fiers.

Je vous le dis, à partir de maintenant, Québec solidaire est en mission. Pas question de revenir au Québec d'avant, celui qui était trop faible pour faire face à une crise. À Québec solidaire, on va lutter de toutes nos forces pour construire un modèle social qui protège notre monde puis notre environnement, pour construire un État qui est là pour protéger ses citoyens, pas pour subventionner les dirigeants de Bombardier. Cette crise nous a démontré une chose. Il faut qu'on entre dans le XXIe siècle. Il faut qu'on passe à autre chose. C'est ce que Québec solidaire s'engage à faire. Merci.

Le Modérateur : Très bien. Alors, si vous êtes prêts à prendre les questions, on va débuter, peut-être, avec Marie-Michèle Sioui, Le Devoir.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bien sûr. Est-que, selon vous, la machine, entre gros guillemets, a quelque chose à voir avec la gestion de la crise? Vous avez parlé, Mme Massé, d'une déconnexion entre la réalité du terrain puis ce que le premier ministre annonçait en conférence de presse. Qu'est-ce qui fait que le message n'arrivait pas à percoler jusqu'au terrain? Est-ce que la lourdeur de la machine gouvernementale a quelque chose à voir là-dedans?

Mme Massé : Bien, c'est sûr, et on l'a dit souvent, l'héritage des libéraux, notamment en matière de structure du réseau de la santé, c'est-à-dire centralisation, des gros mastodontes très difficiles à faire bouger, etc., n'était pas aidant pour la fluidité et l'agilité qu'exige une crise comme celle-là.

Ceci étant dit, l'omerta dans le système de santé, là, je ne vous apprends rien, là, hein, parce qu'il y en a eu, des gens, dès le début, qui nous ont dit : Vous dites, dans la conférence de presse, qu'il y a du matériel, on en a encore pour une semaine. Moi, je ne suis pas capable d'avoir accès à un masque, je ne suis pas capable d'avoir accès à une jaquette. On le savait. Alors, je pense que la grosseur de la machine, je pense que la centralisation ne nous a pas servis collectivement et surtout pas au niveau des CHSLD. Ça, c'est clair.

Le Modérateur : ...une question, s'il vous plaît, étant donné qu'on a moins de temps et qu'il y a un autre point de presse à 9 heures. Je reviendrai si j'ai le temps de donner au moins une question à chacun d'entre vous. Olivier Bossé, Le Soleil.

M. Bossé (Olivier) : Bonjour. Mme Massé, on vous a senti émue. Évidemment, 5 000, ça frappe. Vous avez dit ça après avoir énuméré les actions et les inactions, que vous considérez, du gouvernement. Quelle est la part de responsabilité du gouvernement actuel dans ces 5 000 morts là? Évidemment, pas un nombre, mais c'est quoi la part d'après vous?

Mme Massé : Bien, écoutez, je réitère : on reconnaît pleinement qu'ils se sont retrouvés à gérer un système de santé saccagé depuis 15 ans par les libéraux. Ça fait que ça, un coup que c'est dit, là, c'est reconnu.

Ceci étant dit, comment se fait-il qu'en Colombie-Britannique on a été capable... «on» étant le gouvernement de la Colombie-Britannique a été capable rapidement de reconnaître qu'il ne fallait pas déplacer les gens d'un CHSLD... d'un endroit de soin à l'autre, qu'il fallait protéger les travailleurs, travailleuses, qu'il fallait bien leur donner des bonnes conditions de travail? Tout ça, en l'espace de trois semaines, a été chose réglée. Au Québec, aujourd'hui, là, on parle de deux mois plus tard, après le cri du coeur de Mme McCann, il y a encore des gens qui se promènent d'un institut à l'autre.

Alors, tirons-en des conclusions. Et ce qui m'inquiète, je vais être honnête, je pense que ça a été ça, mon émotion, c'est que la planète annonce une deuxième vague et toutes les questions que nous avons adressées à la ministre, au premier ministre, sur leur niveau de préparation pour la deuxième vague, n'ont pas eu de réponse. Je pense que c'était ça, mon émotion.

Le Modérateur : Gabriel Béland, LaPresse.

M. Béland (Gabriel) : Oui, bonjour. On a le pire bilan, le Québec a le pire bilan au Canada. Néanmoins, on le voit dans des sondages, il y a quand même un... le gouvernement bénéficie d'un taux d'appui et de satisfaction important. Est-ce que vous pensez qu'à terme il y a un prix politique qui va être payé pour la manière dont la crise a été gérée au Québec?

Mme Massé : Bien, écoutez, c'est normal que, dans un temps de crise, la population se rassemble autour du gouvernement. C'est normal, puis je pense que les oppositions, à ce moment-là, prennent un autre rôle, et c'est ce qui s'est passé concrètement. Mais, ceci étant dit, les décisions qui ont été prises, l'absence de transparence actuellement sur le niveau de préparation par rapport à la deuxième vague... on fait juste parler d'installation de climatiseurs dans les chambres des CHSLD, puis on n'est pas capables d'avoir un plan. Ça, c'est inquiétant, et, oui, la population du Québec va se souvenir de ça.

Le Modérateur : Alain Laforest, TVA Nouvelles.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que c'est une responsabilité partagée, entre le gouvernement puis la Santé publique? Parce que le premier ministre, depuis deux semaines, se retourne souvent vers la Santé publique pour les décisions qu'il a prises.

Mme Massé : Nous, ce qu'on a vu, c'est... puis c'était même ici même, là, hein, au début — ça fait drôle de vous voir de ce côté-là — au début, c'est une Santé publique très présente dans les points de presse, et le premier ministre qui dit clairement : On suit la Santé publique, etc. Ce qu'on a vu, tranquillement, à partir notamment, là, de la situation à Herron, au CHSLD Herron, c'est tranquillement une dégringolade qui a fait que les décisions nous sont apparues beaucoup plus politiques.

Et vous dites que, depuis deux semaines, le gouvernement se retourne plus souvent vers la Santé publique. C'est clair que la Santé publique a un rôle à jouer dans toute la question du déconfinement. On le voit avec les guides qu'ils nous fournissent, bon, etc. Mais, ceci étant dit, n'oublions jamais que les décisions qui sont prises, elles, sont politiques.

M. Laforest (Alain) : ...responsabilité?

Mme Massé : Vous voulez... Que la Santé publique n'a pas de responsabilité? Écoutez, moi, je ne suis pas en mesure d'évaluer, à cette étape-ci, le travail de la Santé publique de A à Z, mais on peut-u se dire une chose, puis, là, vous allez trouver que j'ai le piton collé, mais les libéraux, là, ils ont quand même coupé les fonds de la Santé publique à hauteur de 30 %. Ça paraît, ça, quand tu as besoin d'avoir l'agilité de la fonction publique, notamment en santé publique, puis que tu as été... que tes budgets ont été atrophiés de 30 %.

M. Nadeau-Dubois : Je me permets d'ajouter : pour attribuer les responsabilités, il faut savoir qui prend les décisions, et, au début, c'était clair que c'était la Santé publique qui était aux commandes. Plus la crise a avancé, moins ça a été clair. Et aujourd'hui plus personne au Québec ne sait qui est aux commandes de la gestion de crise. Et, pour la deuxième vague, ça nous inquiète. Ce qu'on demande au gouvernement, c'est de revenir à ses bonnes habitudes des premiers jours de la gestion de crise et rassurer tout le monde que les décisions, ce n'est pas des décisions politiques, c'est des décisions de santé publique.

M. Gagnon (Marc-André) : Jonathan Bernard, Cogeco Nouvelles.

M. Bernard (Jonathan) : Bonjour à vous. Vous avez parlé du dépôt du projet de loi n° 61 comme un point tournant au niveau de la collaboration, mais je vais me faire l'avocat du diable. Est-ce que vous craignez le bilan de mandat que pourrait se constituer la CAQ s'il y avait adoption du projet de loi et qu'on y allait de l'avant avec les 200 projets qui ont été ciblés? Parce que c'est l'impression que ça peut donner.

M. Nadeau-Dubois : Quand vous parlez de bilan de mandat, qu'est-ce que vous parlez?

M. Bernard (Jonathan) : S'ils réussissent à accomplir les 200 projets qu'ils ont identifiés, ils pourraient se servir de ça lors d'une prochaine élection.

M. Nadeau-Dubois : Bien honnêtement, là, je pense qu'on est rendus ailleurs au Québec. Je ne pense pas que les gouvernements gagnent ou perdent des élections avec des bouts de route. Je pense que ce qui va faire en sorte que les Québécois vont réélire ou pas la Coalition avenir Québec, c'est bien davantage sa gestion de la crise de la pandémie plutôt que est-ce qu'ils ont mis du béton dans assez de circonscriptions au Québec.

M. Gagnon (Marc-André) : Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.

M. Bergeron (Patrice) : Bonjour à vous. Parlos encore du projet de loi n° 61. Maintenant, qu'est-ce qui reste comme marge de manoeuvre, comme espoir de continuer à avancer puis de faire éventuellement adopter ce projet de loi là? Comment vous évaluez la situation?

M. Nadeau-Dubois : Tant que la journée n'est pas terminée, il existe toujours un espoir d'entente. Nous, en fin de journée, hier, on a fait une proposition constructive au gouvernement. Mon collègue Vincent Marissal l'a dit clairement : Si le gouvernement souhaite procéder à l'adoption des articles qui font consensus dans le projet de loi, on est prêts à collaborer. Donc, les articles qui concernent les restaurateurs, les articles qui concernent les évictions des commerçants, nous, on est prêts à collaborer à l'adoption très rapide de ces articles-là.

Mais une chose est sûre, jamais, jamais Québec solidaire ne va appuyer une relance économique qui se fait au détriment de l'environnement, parce que faire ça, ce serait aller contre nos principes les plus fondamentaux.

M. Gagnon (Marc-André) : Mathieu Dion, Radio-Canada.

M. Dion (Mathieu) : Les villes sont sorties en vous demandant d'appuyer le projet de loi. Qu'est-ce que les villes n'ont pas compris que vous, vous avez compris?

M. Nadeau-Dubois : Moi, je ne veux pas... C'est une question habilement posée. Moi, je ne veux pas préjuger de l'analyse que font les maires et les mairesses de ce projet de loi là. Mais les principes de Québec solidaire, là, ne sont pas marchandables. Et la Coalition avenir Québec a beau prendre Twitter d'assaut et demander à tous les maires du Québec de tweeter, ça ne changera pas notre position fondamentale qui est une position de principe appuyée par trois Québécois sur quatre. La relance de l'économie, là, ça ne peut pas se faire en maganant l'environnement, en ouvrant la porte à la corruption puis en affaiblissant la démocratie. Ça, ce n'est pas possible.

M. Gagnon (Marc-André) : Si je peux me permettre, à mon tour, Marc-André Gagnon, du Journal de Québec. Je vais vous citer la mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui dit : «Ce projet de loi est nécessaire...» Elle écrit : «Il est important que les parlementaires puissent poursuivre leurs travaux au-delà de la fin de session habituelle, afin d'étudier et de bonifier le projet de loi n° 61 dans les prochaines semaines.» Alors, est-ce que vous êtes prêts, donc, à siéger encore pendant quelques jours?

Et le constat... parce que Mme Plante n'est pas seule, là, Régis Labeaume, le maire de Québec, aussi abonde dans le même sens, comme toutes les grandes unions municipales. Donc, je comprends que vous êtes contre le projet de loi n° 61, mais maintenant vous êtes contre la volonté même des villes. Donc, quand même, ce matin, là, est-ce que vous sentez une certaine pression de la part des municipalités? Et est-ce que vous êtes prêts à siéger encore pendant plusieurs jours, là?

M. Nadeau-Dubois : Bien, d'abord, contrairement à ce qu'a dit le président du Conseil du trésor hier soir, il n'y a personne qui bloque le projet de loi n° 61 pour s'en aller en vacances. On a été ici jusqu'à très tard hier soir, on y est toute la journée, et, s'il faut revenir samedi, dimanche, lundi, mardi, mercredi, il n'y a aucun problème. Ce n'est pas parce qu'on est paresseux qu'on retarde l'adoption du projet de loi n° 61, c'est parce que ce projet de loi là, il est dangereux pour l'environnement, il est dangereux pour la démocratie, il est dangereux pour les fonds publics. Notre proposition, elle est sur la table, on est prêts à procéder à l'adoption des articles qui font le consensus dans ce projet de loi là. Et il y a toujours, il y a toujours une entente possible si le gouvernement entend.

Le fait que des maires et des mairesses manifestent leur appui au projet de loi, on l'entend, mais on entend aussi les trois Québécois sur quatre qui ont récemment déclaré dans un sondage que, pour eux, la relance de l'économie, ça ne peut pas se faire au détriment de l'environnement. C'est nos valeurs profondes, à Québec solidaire, et on va s'y tenir.

D'ailleurs, aujourd'hui, je pense que les Québécois vont assister à une grande pièce de théâtre. Les ministres de la Coalition avenir Québec vont défiler sur toutes les tribunes, je vous le prédis, et, je vous le prédis, ils vont dire grosso modo la phrase suivante : Les oppositions sont contre la relance économique, sont contre les hôpitaux, sont contre les transports en commun puis les CHSLD. Je vous prédis que, grosso modo, cette phrase va être prononcée dans les prochaines heures.

Je pense qu'il n'y a plus personne au Québec qui croit à cette rhétorique-là. Je pense que dire ça, c'est prendre les Québécois pour des valises. Puis j'invite le gouvernement à écouter l'ensemble des chiens de garde, l'ensemble des garde-fous institutionnels qui sont venus dire que c'est un projet de loi dangereux.

Le Modérateur : Maintenant, en anglais. Phil Authier, Montreal Gazette.

M. Authier (Philip) :Good day. Do you think there's any hope whatsoever for an agreement on Bill 61?

M. Nadeau-Dubois : Until we're all here, in Québec City, there's still hope. Until the day is not over, there's still hope. An agreement is still possible, but the Government has to understand that, when he asks us to grant him extraordinary powers for an extraordinarily long period of time, he's basically asking to stop doing our role as MNAs.

We're paid by the population of Québec to check the Government, to make sure that the Government doesn't go too far and that's what we are doing. We are doing our job, we're defending the rights and freedoms of people in Québec and we are proud of that.

Le Modérateur : Cathy Senay, CBC News.

Mme Senay (Cathy) : Good morning. You just mentioned that we will see many ministers backing Bill 61. It's a fight for public opinion. Don't you have some fears to lose it?

M. Nadeau-Dubois :You know, you don't need to be JoJo Savard to predict what is going to happen in the next hours. Everyone knows that they're going to send ministers in front of the cameras to say : The Opposition wants to block the economy. It is so predictable.

But I don't think anyone in Québec seriously believes that. I think people have heard the voices of the institutional guardians that we have. So I think it's a vain attempt by the Government to turn public opinion.

Le Modérateur : Thank you. And I'll read a last question for Raquel Fletcher, Global News. Would you say the Legault Government failed when it came to ending the COVID-19 crisis and are you in favor of the compromise that Gaétan Barrette presented this morning for Bill 61?

M. Nadeau-Dubois : First of all, on the first question, I think everyone agrees that the job of M. Legault was made harder by the very, very bad heritage he received from the Liberal Party of Québec. He was at the head of a healthcare system that was completely disorganized and dysfunctional because of the decisions of the past government.

But once we have said that, he did what he did and there are some decisions that he did not put in place. When you compare Québec with British Columbia, for example, you see that in British Columbia, the Government was much quicker and much more agile in stopping healthcare workers from transferring to one facility to another. The Government should have done that here and he could have done that here. The second question was about?

M. Gagnon (Marc-André) : If you are in favour of the compromise that Mr. Barrette presented.

M. Nadeau-Dubois : Well, what Mr. Barrette presented today is basically what Mr. Marissal presented also yesterday night, which is : We agree to adopt very fast all the articles that are consensual in that very big bill. All articles related to small businesses, related to restaurants that want to have more agility, we agree with those articles and we are ready to adopt them very fast in the National Assembly.

Le Modérateur : Alors, Mme la cheffe et M. le leader de la deuxième opposition officielle, merci à vous deux, à bientôt.

(Fin à 8 h 58)

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