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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementaire du deuxième groupe d’opposition

Version finale

Le jeudi 13 août 2020, 8 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures trente-neuf minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour. Aujourd'hui s'entame la deuxième journée de notre commission parlementaire sur les applications pour lutter contre la COVID-19. Et la première journée, je vous dirais, a été marquée, de la perspective de Québec solidaire, par l'inquiétude.

Hier, on a entendu des experts, des groupes. Et, de notre côté, les inquiétudes s'accumulent en ce qui a trait aux risques associés à une éventuelle application de traçage contre la COVID-19. Plus on entend des experts, plus on entend des groupes, plus on se rend compte que les belles promesses faites par les promoteurs des applications de traçage sont purement hypothétiques, que la technologie qui est envisagée par le gouvernement est une technologie fragile, technologie qui est peu sécuritaire et qui a un potentiel discriminatoire.

On se rend compte également, plus on écoute les groupes, plus on écoute les experts dans le domaine, que notre cadre juridique, au Québec, il est absolument inapproprié à l'utilisation de technologies comme ça puis à la recommandation de technologies comme ça par le gouvernement, que nos lois, que nos règlements qui protègent la vie privée des citoyens, des citoyennes, que ces lois-là datent d'une autre époque, une époque où ces technologies-là n'existaient pas, et que, dans l'état actuel de notre cadre juridique, ce serait très risqué de généraliser l'utilisation d'une telle application.

Donc, de notre côté, les inquiétudes s'accumulent, et on va néanmoins, bien sûr, continuer de se prêter à l'exercice, aujourd'hui et demain, poursuivre notre réflexion, mais déjà la première journée nous laisse sur un sentiment d'une inquiétude grandissante.

J'aimerais dire quelques mots sur la manière dont se déroule cette consultation-là. Ça fait longtemps qu'on a compris que le gouvernement de la Coalition avenir Québec a relativement peu de respect pour le travail des parlementaires ici à l'Assemblée nationale. Mais toute la journée, hier, on a atteint un nouveau sommet, dans la mesure où il y a actuellement une commission parlementaire où il y a deux classes de députés : une classe de députés qui, parce qu'elle appartient à la Coalition avenir Québec, a entre les mains les résultats d'une consultation publique qu'on utilise, d'ailleurs, pour poser des questions aux experts qui viennent en commission parlementaire, et une deuxième classe de députés, les députés de l'opposition, qui, comme la majorité des médias et comme les citoyens, n'avons pas reçu cette consultation-là et qui sont donc obligés de déduire puis d'essayer de deviner qu'est-ce que les Québécois ont dit au gouvernement dans cette consultation publique qu'il a menée dans les dernières semaines.

Si le gouvernement veut qu'on prenne l'exercice au sérieux, si le gouvernement veut qu'on s'y prête de manière constructive, bien, il faut qu'il nous respecte dans notre travail, et ça, ça veut dire nous donner les mêmes informations qu'il a données aux députés de son parti. C'est un manque de respect pour les députés et pour la population que de tenir un exercice public comme ça, de donner des informations privilégiées seulement à une moitié des députés, ceux qui sont dans la bonne gang, et de refuser de divulguer ces informations-là pour l'autre moitié de la commission parlementaire. Toute la journée, hier, les députés de la Coalition avenir Québec ont même utilisé ces données-là en formulant leurs questions à des experts, des experts qui d'ailleurs, eux non plus, n'ont pas le sondage en question.

Donc, on a des députés de la Coalition avenir Québec qui posent des questions au sujet d'un sondage que les citoyens n'ont pas, que les députés d'opposition n'ont pas et que les experts eux-mêmes n'ont pas. C'est un problème. Et dès ce matin, dès le début de la commission parlementaire, je vais demander aux députés de la Coalition avenir Québec de divulguer ces informations-là à l'ensemble de la commission parlementaire, à l'ensemble de la population. Ces informations-là doivent être publiques, dès aujourd'hui, si le gouvernement souhaite que l'exercice de cette commission parlementaire soit crédible. On ne peut pas mener une consultation qu'on veut transparente si on garde l'information pour soi.

Deuxième sujet, avant de prendre vos questions, on souhaitait réagir, à Québec solidaire, à la campagne menée par la CORPIQ, cette grande corporation de propriétaires qui, dans les derniers jours, a mené une campagne cynique, une campagne malhonnête, laissant entendre que les propriétaires avaient le droit d'exiger un dépôt de garantie aux locataires lors de la signature d'un bail. On est en pleine crise du logement au Québec, on est encore en pleine pandémie, c'est inacceptable que la CORPIQ joue sur les mots comme ça et essaie de faire par en arrière ce qu'ils n'ont pas le droit de faire par en avant, c'est-à-dire exiger un dépôt de garantie aux locataires. On est contents de voir que la Régie du logement a mis son pied à terre, mais il faut un message plus fort.

Ce qu'on demande, ce matin, c'est, à la ministre Laforest, de rappeler à l'ordre la CORPIQ et de rappeler qu'il y a une loi au Québec et que cette loi-là interdit le fait de demander un dépôt de garantie aux locataires. C'est une mesure discriminatoire, le dépôt de garantie, c'est pour ça que c'est interdit au Québec. Et la ministre doit rappeler à l'ordre cette minorité de propriétaires délinquants qui cherchent toujours à tirer la couverte de leur bord. Et c'est ce que la CORPIQ est en train de faire avec cette campagne cynique et malhonnête qui doit se terminer maintenant. On est en pleine crise du logement, ce n'est pas le temps d'essayer de profiter des locataires vulnérables. C'est le temps de travailler en collaboration avec les locataires pour que tout le monde ait un toit au Québec. Merci.

Mme Prince (Véronique) : Je vais poser les questions en français parce que je pense que j'ai beaucoup de collègues… du travail aujourd'hui. Cathy est là pour l'anglais. J'aurais trois questions, deux sur le sujet du jour puis une sur un autre sujet. Ça va?

La Modératrice : Pas de problème.

Mme Prince (Véronique) : Premièrement, le gouvernement hier a répété... autant Éric Caire que Joëlle Boutin, ils ont répété qu'il y avait quand même trois conditions que le gouvernement exigeait pour une future application. Il me semble, de mémoire, c'était : pas de géolocalisation, pas de biométrie puis pas de stockage de données personnelles. Est-ce que, quand même, ces conditions-là sont de nature à vous rassurer dans la réflexion que le gouvernement est en train de faire?

M. Nadeau-Dubois : Si le gouvernement n'avait pas mis ces conditions-là, on serait vraiment dans un contexte tout autre, là. Ces trois conditions, ce sont des conditions minimales.

Dire, par exemple, qu'on n'utilisera pas la biométrie, ça, là, pour que les gens comprennent, ça veut dire qu'on ne mettra pas en circulation, dans une application, des informations biologiques. Ce n'est pas un compromis, c'est la moindre des choses. De dire qu'on ne mettra pas en place une technologie qui permet à l'État de savoir, en tout temps, où sont les citoyens sur le territoire, ce n'est pas un compromis, c'est la moindre des choses dans une société démocratique. Donc, ces trois conditions-là, c'est des conditions que le gouvernement met pour éviter en effet qu'on envisage des applications qui auraient littéralement un potentiel totalitaire. Donc, il faut s'en réjouir, mais ce n'est pas un grand compromis, c'est vraiment la moindre des choses.

D'ailleurs, c'est assez particulier, là. On tient une commission parlementaire de trois jours, et les questions des députés du gouvernement vont systématiquement dans la même direction, toujours, suivent toujours la même ligne de questionnement. Et on nous dit : On n'a pas pris de décision, sauf que, si on prend une décision, ça va marcher comme ça, comme ça, comme ça, puis ça ne marchera pas comme ça, comme ça, comme ça. Pour du monde qui n'a pas pris de décision, là, ils ont l'air de pas mal savoir où ils s'en vont.

Donc, je ne sais pas s'ils ont prévu une fin de semaine de réunion après la commission parlementaire, mais je trouve qu'il y a des signes qu'on a un gouvernement qui en fait a pris sa décision et qui mène un exercice de relations publiques pour laisser entendre qu'il n'a pas pris de décision. Mais toutes les questions vont dans le même sens. On a l'air en effet de s'être fait pas mal une tête sur la question, alors je me demande pourquoi on entretient ce flou sur la décision qu'on a prise, alors que beaucoup de choses pointent

dans l'autre direction.

Mme Prince (Véronique) : Bien, justement, je vais prendre la balle au bond, là. En entrevue Éric Caire hier nous disait qu'il est conscient qu'il y a quand même une urgence parce qu'il y a une deuxième vague qui pointe à l'horizon. Alors, s'il y a une décision à prendre par rapport à ce type d'application là, ça ne peut pas être une décision qui est prise dans un an, il faut qu'elle soit prise cet automne. Puis il nous disait que ce serait même une question de jours avant que la décision du gouvernement soit annoncée. Est-ce que vous trouvez que c'est trop rapide? Est-ce que vous avez l'impression que l'exercice n'est pas réellement mené?

M. Nadeau-Dubois : Bien, ça, c'est une contradiction, là. On nous dit : La décision n'est pas prise, mais on va l'annoncer dans les prochains jours. Elle va se prendre vite en maudine si elle n'est pas prise, la décision, là. On a l'impression que la décision, elle est pas mal prise et que, là, on tient un forum pour entretenir l'impression qu'on réfléchit. Moi, je ne comprends pas pourquoi M. Caire fait des entrevues devant l'Assemblée nationale, mais n'est pas assis avec nous autour de la table en commission parlementaire. Parce qu'on aimerait ça l'entendre, en tant que ministre responsable, on aurait des questions pour lui. Malheureusement, il n'est pas là. Moi, je ne comprends pas pourquoi il n'est pas avec nous, en train de réfléchir, et pourquoi il est en face de l'Assemblée nationale à donner des entrevues aux médias. Je ne comprends pas ça.

Mme Prince (Véronique) : Puis j'aurais peut-être une dernière question sur un autre sujet. Vous avez sûrement entendu parler de cet homme de 43 ans qui est en avant de l'Assemblée nationale dans une… il a une tente avec une cage. Il veut dénoncer le fait que lui est comme cloîtré dans un CHSLD au lieu de recevoir des soins à domicile puis il demande que le premier ministre et Marguerite Blais agissent tout de suite. Est-ce qu'effectivement ça ne soulève pas toute la question du manque de soins à domicile au Québec puis des gens — il a 43 ans, là — de cet âge-là qui se retrouvent dans des CHSLD?

M. Nadeau-Dubois : Je suis allé rencontrer M. Marchand, hier, on a passé presque une quinzaine de minutes ensemble. On a eu une belle discussion. Quand des gens sont rendus à poser des gestes d'éclat comme celui-là, c'est qu'ils ont essayé d'autres choses avant. C'est qu'ils ont pris la parole, ils ont envoyé des messages, ils ont eu des rencontres, ils ont pris le téléphone, ils se sont mobilisés, et là il n'y a tellement pas d'écoute, de la part des dirigeants, qu'ils en viennent à poser des gestes comme celui-là. Ça fait qu'hier je suis allé le rencontrer, je lui ai donné tout l'appui de Québec solidaire dans sa démarche. Parce qu'il a raison sur le fond. Le modèle des CHSLD, il est brisé, il faut en finir avec ce modèle de méga-institutions dans lesquelles on met à la fois des personnes âgées et des adultes en situation de handicap, des énormes institutions qui nous coûtent très cher et qui ne sont pas capables de donner la dignité aux individus qui y vivent.

Nous, à Québec solidaire, on le répète depuis des années, ce modèle-là, il faut l'abolir, il faut le remplacer par une énorme offensive en soins à domicile, c'est ce que demande M. Marchand, et par la mise sur pied de nouvelles institutions d'hébergement et de soins à échelle humaine, gérées par et pour la communauté. C'est la proposition qu'on a faite durant la pandémie, il y a quelques mois, et la mobilisation de M. Marchand, puis c'est ce que je lui ai dit hier, elle rejoint directement ces propositions-là qu'on faites à Québec solidaire. Parce qu'il faut changer de logiciel, il faut arrêter de penser que les gens qui sont en situation de handicap ou les gens aînés, c'est un poids pour la société et que, donc, on va tous les «parker» ensemble dans une énorme institution. Au lieu de concentrer tout le monde dans une énorme institution puis de leur donner des soins, il faut massivement ramener ces gens-là à la maison et amener les soins vers ces personnes-là.

La Modératrice : En anglais.

Mme Senay (Cathy) : I would like to know what difference it would have made if you would have had the results of the online consultation saying that about 75% of Quebeckers consulted that... would be fine with the COVID Alert or such an application, you know, a similar application than the federal one.

M. Nadeau-Dubois : One of the main criteria that we are discussing in the commission is the level of social acceptability of such an application. Well, one way to measure that is to know what the people that contributed to that consultation online said about it. And we have two classes of MNAs here. You have one category of MNAs that are in the good party, they have all the information they need to take a decision, and there's the other half of MNAs who are not in the good political party. And us, we don't have the same information to take that decision. So it's once again a lack of respect of the Coalition avenir Québec towards MNAs and towards the people that we represent, which is the general population. And I want to say, also, it's also a lack of respect for the media because they decided to leak small portions of that information to one news organisation and they are keeping all the MNAs, all the population and all the other medias in the dark about what is in that consultation.

Mme Senay (Cathy) : So basically, you feel today, it's the second day of three, that it's a PR exercise?

M. Nadeau-Dubois : Well, let's say that the MNAs of the Coalition avenir Québec are very coherent in the questions that they ask to the people that are in the commission. They say: Our idea is not done yet, but, if we go towards an application, it's going to work exactly like that and it's not going to work exactly like that. So, they seem pretty decided for people that claim not to have made a decision.

Mme Senay (Cathy) : But, if the second wave is coming, maybe they have to act quickly...

M. Nadeau-Dubois : There is no... and I think that can answer Mme Prince's question also, there is no urgency. There is less than 100 cases per day in Québec right now. The pandemic is under control right now. So, it is not true that we have to rush to judgment. It is not true that we have to rush to a decision that involves the privacy of millions of Quebeckers in just a few days. This is not true.

You know, before putting a vaccine out there, we are going to do some testing, we are going to do some clinical trials. Why shouldn't we have the same precautions when it comes to an application that has significant risks for the privacy of Quebeckers? We should be as serious in the way we treat this that the way we treat vaccines.

Mme Senay (Cathy) : Jonathan Marchand, you said that you met him yesterday. I went to see him too when Marguerite Blais was there. She didn't have concrete options for him. He doesn't want to go back in a CHSLD. So, what are the solutions? It seems that he's stuck there. But what are the solutions when you are in your thirties or early forties?

M. Nadeau-Dubois : In the current system, there is no solution. That's why we have to change that system. The system where we put hundreds of people in huge institutions that are unable to give to those people the dignity that they deserve, we have to change that system and we have to move towards the only system that is economically efficient and that gives dignity to the people, which is massive and public at home services. That is the solution. And that's not only Québec solidaire's opinion. A majority of European countries have gone in that direction. And it's not best for the people, it's also best for the public treasury. That model, that old and broken model of CHSLD is not only inhumane, it is very costly, it is a huge waste of public money. A huge waste of public money.

Mme Senay (Cathy) :How embarrassing is this scene of a man in a cage in front of the National Assembly for Québec?

M. Nadeau-Dubois : It is embarrassing for Québec society. It is once again a reminder of the unbelievable work that we have to do in the next years to give those people, you know, elderly people and people living with a handicap, the dignity that they deserve. You know, it's an indication of how much we have weakened our system, in the last years, with the austerity measures that we did here in Québec.

Mme Senay (Cathy) : Merci beaucoup.

La Modératrice : Merci.

(Fin à 8 h 58)

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