(Neuf heures deux minutes)
M. Arseneau : Alors, bonjour, tout
le monde. Merci de votre présence ce matin. Aujourd'hui, pour commencer, à
partir de 10 heures, on fera l'étude des crédits du ministère des Relations
internationales. Alors, mon objectif, aujourd'hui, c'est de tenter de percer
les mystères de Fatima, les secrets de Fatima, en fait.
Vous savez, depuis des semaines, on parle
de ce qui s'est passé à la Délégation du Québec à Dakar, et des coupures de
presse nous permettent de voir que des fonds publics ont été dépensés, et on ne
sait pas s'ils ont été dépensés judicieusement. Le gouvernement a fait enquête
et refuse de révéler les résultats de l'enquête, mais, entre-temps, a mis à la
porte la déléguée qu'il avait nommée il y a moins d'un an.
On se souviendra que la nomination de
Fatima Houda-Pepin a été faite, donc, il y a un an, essentiellement pour
embarrasser les libéraux, et on se demande quelle procédure, avec quelle
rigueur on avait procédé à cette nomination-là. Et on posera des questions au
gouvernement. Je pense que le gouvernement doit rendre des comptes sur la façon
dont le Québec, en fait, l'image du Québec est véhiculée à travers les
délégations à travers le monde.
Parce que, ce qui se passe à Dakar, on ne
sait pas trop de quoi il retourne, mais en même temps on se question sur le
cadre de gestion de l'ensemble des délégations du Québec de par le monde. On
sait qu'il y a également eu des nouvelles plutôt inquiétantes sur le double
emploi qu'exerçait la déléguée du Québec à Los Angeles. Alors, je pense
que c'est un dossier qui importe aux contribuables du Québec et qu'on va
creuser. Je pense que le gouvernement du Québec nous doit des réponses, doit
faire le choix de la transparence. Voilà pour ce matin.
M. Bérubé : Merci, Joël.
Alors, le Parti québécois va tenter aujourd'hui effectivement de percer les
secrets de Fatima. Alors, c'est aujourd'hui que ça va se passer. On veut savoir
pourquoi elle a été nommée à Dakar. On sait que c'est essentiellement pour
embêter les libéraux. C'est la principale raison. Alors, Joël va faire ce
travail également en transport. Puis, à la Capitale-Nationale et en transport,
on va parler du troisième lien, on va parler du pont de l'île d'Orléans.
Et on va parler de langue. Ça, c'est cet
après-midi avec Simon Jolin-Barrette. Je vais ajouter un mot français que
tout le monde peut comprendre au Québec : il va falloir que le
gouvernement arrête de tataouiner en matière de langue. Moi, je me souviens
d'avoir eu un caucus, à Valleyfield, où le premier ministre a annoncé qu'il
changeait de porte-parole et puis qu'il y avait un plan qui s'en venait. Mais
il n'y a rien qui s'en vient. Et je soupçonne le gouvernement de vouloir
instrumentaliser cet enjeu juste avant l'élection en disant : On est
nationalistes. Alors, on a des propositions à faire et on va les mettre au jeu.
Et la langue, pour nous, c'est une conviction profonde, c'est vraiment à la
base de notre engagement politique, et on souhaite mettre au jeu des
propositions cet après-midi et voir si le gouvernement est sérieux dans ce
qu'il entreprend. S'il est vraiment sérieux pour assurer la vitalité de la
langue française, sa promotion, sa protection, il va poser des gestes
importants.
J'ai déjà offert toute la collaboration du
Parti québécois, et viendra éventuellement un plan, mais on est prêt à y
travailler dès maintenant. Nous, nos propositions sont prêtes en matière de
langue. On sait que le sort du français est menacé à Montréal et en banlieue
également. C'est documenté par l'OQLF, notamment, mais on le sait depuis des
années, ça, on ne nous l'a pas appris. Et au-delà, je dirais, des commentaires
du ministre à l'effet qu'il trouve ça inacceptable, il faut poser des gestes.
Aucun parti politique n'a posé autant de gestes pour la langue française que le
Parti québécois. La Charte de la langue française, adoptée en 1977, s'est faite
contre beaucoup d'adversité. Et, si le gouvernement de la CAQ est sérieux, il
n'aura pas peur de faire face à l'adversité lui aussi et il pourra compter sur
nous sur cet enjeu comme ça a été le cas pour la laïcité. Mais la langue, c'est
encore un degré beaucoup plus élevé de notre engagement politique au Parti
québécois.
Alors aujourd'hui, bien, les études des
crédits, c'est toujours très important, mais ce que Joël Arseneau va faire en
relations internationales, c'est important pour nous aussi parce que c'est
l'image du Québec. Et ce qu'on va faire en transport, c'est important aussi
parce que c'est nos régions. Et la Capitale-Nationale, bien, nous, on a plus
d'ambition que ça soit seulement la région de Québec, on veut que ça soit la
capitale d'un État. Alors, on va parler avec beaucoup d'enthousiasme de notre Capitale-Nationale.
Puis, évidemment, la langue, c'est un dossier qui est fondamental pour le Parti
québécois.
Vous me permettrez de revenir très
brièvement sur ce qui s'est passé hier aux crédits en Affaires autochtones. On
a été nombreux, l'ensemble des partis d'opposition, l'association des Premières
Nations, Ghislain Picard, à entendre la ministre des Affaires autochtones dire
qu'elle n'avait pas besoin d'un quatrième parti deuxième opposition, en visant
cette organisation, la plus représentative des Premières Nations du Québec. Je
me pose des sérieuses questions sur la capacité de la ministre à poursuivre son
travail lorsqu'on discrédite ainsi le premier interlocuteur. Alors, je l'invite
à préciser sa pensée, mais disons qu'on a tous compris qu'on visait le
principal interlocuteur qui était Ghislain Picard.
Moi, j'ai eu l'occasion de lui parler, à
Ghislain Picard, vendredi. J'échange avec lui, je lui parle, je le respecte, de
nation à nation. Mais ce qui s'est passé hier mérite d'être analysé à nouveau
parce que ce n'est pas rien, ce que la ministre a dit. Elle a choisi de dire ça
lors de l'étude des crédits. Tout comme elle a indiqué également que,
contrairement à ce que Lynne Norton, de la nation mohawk, affirme, elle
souhaitait rencontrer Joe Norton, il n'aurait pas souhaité la rencontrer. Vous
comprendrez que c'est très délicat. M. Norton est décédé, il y aura ses
funérailles bientôt. Moi, je ne veux pas aller plus loin là-dessus. Mais,
écoutez, manifestement, il y a un problème de relation entre la ministre des
Affaires autochtones et les nations autochtones.
J'ai rappelé hier que, pour le Parti
québécois, nous, c'est la reconnaissance des nations autochtones à l'Assemblée
nationale, c'est la Paix des Braves, c'est l'élection d'un premier député
autochtone, c'est le sommet ressources et territoire, c'est l'appel d'offres
éolien avec les communautés micmaques de la Gaspésie. C'est ça, nous, les
relations avec les nations autochtones : de nation à nation. Parce que,
justement, on est indépendantistes, on sait l'importance de ces enjeux. Mais ce
que j'ai entendu hier n'est pas de nature à me rassurer sur ce que sera la
deuxième moitié du mandat de la CAQ en ce qui a trait aux relations avec nos
Premières Nations. Voilà.
Mme Gamache (Valérie) :
J'aimerais vous entendre, M. Bérubé, sur le plan que présentera le gouvernement
pour faire face à la deuxième vague, à 11 heures ce matin. Quelles sont
vos attentes, dans un premier temps? Et est-ce que vous craignez que le
gouvernement puisse peut-être, là, reconfiner à la hauteur de ce que ça été
fait au cours du printemps?
M. Bérubé : Bien, c'est sûr
qu'on ne le souhaite pas. Mais, disons, est-ce qu'on peut parler de la première
vague, de ce qui s'est passé? Il y aura une évaluation à faire tôt ou tard sur
la responsabilité politique du gouvernement, son degré de préparation, sur les
avis qu'il a reçus, est-ce qu'il les a suivis ou pas, sur le port du masque qui
a tardé, sur la possibilité qu'il a accordée au personnel du réseau de la santé
de passer d'une zone à l'autre, d'un CHSLD à l'autre. Tout ça, ça mérite
évaluation, et je ne vous cacherai pas que j'ai envie de poser ces questions à
nouveau. Parce que si on évalue la performance du gouvernement sur, disons, la
première vague, je vais l'appeler comme ça, bien, ce n'est pas un succès. Quand
j'entends le premier ministre dire : Il y a une victoire puis une défaite,
moi, je ferais attention à ce type de vocabulaire là quand il y a plus de
5 600 décès. Il y a beaucoup de questions qui se posent encore.
Ceci étant dit, on jugera de la
préparation d'un gouvernement lorsqu'on fera face à cette menace potentielle. Évidemment,
on pourra apprendre de ce qui s'est passé, mais, comment dire, nos attentes,
c'est qu'ils aient appris, notamment de ce qu'on leur a dit, de ce qui s'est
passé. Puis je ferai remarquer que les seules personnes qui ont été
sanctionnées parce qu'ils ne répondaient pas aux attentes, c'est un sous-ministre
et une ministre. Donc, écoutez, là, ça en prend beaucoup pour que le gouvernement
juge que la première personne qui méritait de perdre son poste est la ministre
de la Santé. N'y a-t-il pas un aveu d'échec qui est consacré avec ce changement
de ministre?
Mme Gamache (Valérie) : Est-ce
que les P.D.G. des CISSS, des CIUSSS doivent être imputables dans cette
deuxième vague?
M. Bérubé : Bien, évidemment,
mais ils le sont tout le temps. Puis ça, c'est de la diversion de la part du gouvernement.
Parce que, là, voyez comment ça fonctionne, là, ils accordent une entrevue
exclusive puis ils disent : Là, ils vont être imputables, là, puis ça va
être... Ils le sont toujours, imputables. Mais, ma question : Est-ce que
le gouvernement du Québec, lui, il l'est, imputable? Parce que chaque fois
qu'il y a un enjeu : Ah! je suis fâché, là, je suis en colère, j'apprends
ça. Bien, c'est votre responsabilité. Ça s'appelle la responsabilité
ministérielle. Quand le premier ministre dit qu'il apprend qu'il n'y a plus de directeurs
dans les CHSLD puis dans les hôpitaux, c'est connu depuis des années avec la loi
n° 10, la réforme Barrette. Il ne l'a pas appris, ça, ça fait partie de la
mise en scène.
Donc, je veux rappeler un certain nombre
d'éléments. La responsabilité ministérielle, les gouvernements précédents ont
été sanctionnés, d'accord? Alors, le gouvernement prend des décisions, il sera
évalué et il sera imputable. Il ne peut pas à chaque fois dire : Je suis
fâché, puis ça n'a pas de bon sens. Il a une responsabilité. La ministre de la
Santé, qu'il a choisi d'enlever, c'est lui qu'il l'a nommée. Il y a plusieurs
mesures...
Puis d'ailleurs, ah oui! il faut rappeler
ça, parce qu'on a entendu ça durant toute la première phase: C'est le
Dr Arruda qui décide, c'est la Santé publique. Ce n'est pas vrai. Ça n'a
jamais été le Dr Arruda. Puis je m'explique. Le gouvernement du Québec
prend 100 % des décisions. Croyez-vous que le premier ministre du Québec
va abandonner ses pouvoirs de premier ministre, qu'il a cherché à avoir avec
une élection, au profit du Dr Arruda? C'est faux. Alors, il reçoit des
avis, il les suit ou pas, mais c'est lui, tout le temps, qui prend des
décisions, de suivre les avis ou pas, de déconfiner, de… C'est des décisions
gouvernementales.
Alors, moi, j'en appelle à la
responsabilité du gouvernement. Puis après on peut faire une évaluation : ils
ont été bons ou moins bons, à améliorer. Mais avant, là, de parler de la
préparation pour une deuxième vague, je pense qu'il y aura une première
évaluation à faire de ce qui s'est passé d'abord.
Mme Gamache (Valérie) : Dans
les mesures qui ont bien fonctionné ailleurs, il y a justement d'empêcher le
personnel de passer d'un CHSLD, un hôpital à l'autre, à faire la rotation. Est-ce
que ça, vous vous attendez à ce que le ministre aille de l'avant avec ce genre
de mesure là?
M. Bérubé : Bien, ça aurait toujours
dû être le cas. Le gouvernement a accepté ça, alors il aurait dû nous le dire
en partant : Écoutez, on accepte que les gens passent d'un établissement à
l'autre avec ce que ça implique comme risques. Ils n'ont pas dit ça. Ça a été
découvert, notamment, par les journalistes, et puis là ils ont essayé de
dire : Bien là, on n'avait pas le choix, il manquait d'employés. C'est
juste une normalité pour protéger les gens du mieux possible.
Mais il y a plusieurs décisions où on peut
se questionner. Si on avait porté le masque beaucoup plus tôt — de
mémoire, je pense, c'est le 13 mai qu'on a proposé ça — bien,
peut-être qu'on aurait eu un impact significatif sur ce qui s'est passé à
Montréal. Ils ont attendu, ils ont dit que ce n'était pas bon, le premier
ministre y compris, pour ensuite dire que c'était bon. Alors, il y a beaucoup
de revirements. Moi, je ne suis pas d'avis que cette crise-là ne mérite pas une
analyse approfondie de la responsabilité politique.
Mme Gamache (Valérie) : Point
de vue troisième lien, pour mes collègues de Québec, vous vous attendez à quoi
dans cette étude de crédits? Vous allez demander quoi par rapport à ça?
M. Bérubé : Bien là, il y a un
élément de surprise, il y a un élément… Je reprends les phrases d'une série
bien connue. Écoutez, c'est l'étude des crédits, donc c'est l'occasion de
creuser les dossiers, bien avant le troisième lien, et de regarder les
chiffres. Or, il se trouve qu'on n'a aucun chiffre pour le troisième lien. À ma
connaissance, on n'a aucun chiffre. Alors, on regarde ce qui se passe avec le
tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, des travaux majeurs, d'une rive à l'autre,
et puis l'augmentation des coûts, alors on peut faire une règle de trois puis
s'imaginer que ça va augmenter de façon considérable.
Une voix
: …
M. Bérubé : Oui, le tunnel qui
existe. Vous savez, le premier critère pour faire du troisième lien un engagement
électoral, ce n'est pas l'utilité, ce n'est pas son côté vert, ce n'est pas la
nécessité, c'est la popularité. Ils ont regardé, ils ont dit : Est-ce
qu'on a ce critère-là? Oui, on embarque. Oui, mais là il va falloir le faire,
après : On s'arrangera. Bien là, il y a une pelletée de terre avant la
campagne : On va creuser à quelque part. Ça va coûter combien? Est-ce
qu'ils vont faire la pelletée de terre? Puis j'espère pour Éric Caire
qu'ils vont faire la pelletée de terre parce qu'il a mis son siège en jeu
là-dessus, je vous rappelle ça. Alors, c'est leur engagement. On va regarder
ça.
Puis est-ce que le gouvernement supporte
toujours l'enjeu du tramway de Québec? Parce que, quand on écoute la ministre
responsable de la Capitale-Nationale, le troisième lien, c'est comme leur
projet, mais le tramway, c'est le projet de la ville. Pourquoi ça ne serait pas
leur projet aussi, comme, quand ils annoncent une route ailleurs, c'est leur
projet, ou comme, quand ils annoncent un réseau structurant, c'est leur projet,
puis ils en font une belle inauguration? Puis l'interconnexion. Il y a ça.
Alors, Capitale-Nationale, c'est ce matin, et, bien, je serai le représentant
du Parti québécois, parce que j'y habite depuis 13 ans quand même à
Québec.
Mme Gamache (Valérie) :
M. Arsenault, vous réclamez de l'argent, un plan de sauvetage pour les Îles.
Cet été, vous n'étiez pas en mesure de chiffrer ce plan de sauvetage là. La
saison touristique se termine. Est-ce que vous avez un chiffre en tête?
M. Arseneau : Non. On va
faire le bilan en septembre. Mais ce qu'on sait déjà, c'est qu'on va devoir
avoir des mesures particulières pour une situation totalement particulière. Je
vous rappelle que le gouvernement a failli, dans sa négociation avec les
provinces voisines du Nouveau-Brunswick et de l'Île-du-Prince-Édouard, à créer
un corridor de passage sécuritaire, fluide, qui permette aux Québécois de
parcourir l'ensemble du territoire québécois.
On a lancé des grandes campagnes, on a
connu une saison touristique en Gaspésie, là, où on parlait de surtourisme. Du
côté des Îles-de-la-Madeleine, on va finir la saison avec probablement le tiers
de la fréquentation habituelle. Et ce n'est pas parce que les gens ne voulaient
pas venir, c'est parce que les gens ne pouvaient pas venir. Et pourquoi ils ne
pouvaient pas venir? Parce que le gouvernement du Québec ne s'est pas saisi de
cet enjeu-là, il n'a pas négocié, avec la province du Nouveau-Brunswick en
particulier, un corridor d'accès où on puisse par exemple aller coucher sur la
route, au Nouveau-Brunswick, dans un hôtel qui aurait pu être prédéterminé, de
façon à ce que le trajet se déroule de façon sécuritaire.
On a eu deux accidents, un accident qui a
été médiatisé, l'autre moins, alors qu'on a forcé les gens à attendre au
poste-frontière pendant trois heures pour les faire conduire de nuit. Le
premier cas, bien, ça a été un accident où on a frappé un original. Dans un
deuxième cas, c'est une jeune famille qui a fait une embardée. Ils n'ont pas
voulu en parler publiquement, ils ont été sous le choc. Personne de blessé,
heureusement. Ils ont fini par atteindre les Îles-de-la-Madeleine.
Et là l'automne s'en vient, et les
Îles-de-la-Madeleine demeurent sous la juridiction de l'Île-du-Prince-Édouard
et du Nouveau-Brunswick. Nous sommes encore confinés essentiellement, en tant
qu'individus, en tant que population québécoise, sur un territoire québécois.
Et ça, c'est inadmissible.
La semaine dernière, la ministre était de...
la vice-première ministre, pardon, Geneviève Guilbault, était de passage aux
Îles-de-la-Madeleine. Elle nous dit : On continue les pourparlers avec les
provinces atlantiques. Ça fait deux mois que ces pourparlers-là se poursuivent,
apparemment, et absolument rien n'a filtré. Au contraire, chaque fois qu'on a
pris une décision sur la bulle atlantique, chaque fois que le premier ministre
du Nouveau-Brunswick a pris position, c'était à la surprise générale du
gouvernement du Québec. Alors, on peut se questionner sur l'intensité des
pourparlers ou si même ils sont en contact.
Et, à preuve, trois jours après le passage
de la ministre Guilbault aux Îles-de-la-Madeleine, le premier ministre Higgs
parlait devant les médias, on l'a questionné sur l'évolution des pourparlers et
de la possibilité d'ouvrir la bulle atlantique au Québec et au reste du pays,
et il a dit : Il n'y a aucune discussion là-dessus. On en reparlera
éventuellement.
Alors, moi, je m'interroge sur le sérieux
du gouvernement dans ce dossier-là et je veux qu'on agisse rapidement non
seulement pour l'industrie touristique, mais pour les relations
socioéconomiques des Madelinots avec l'Atlantique, ce qui est évidemment, là,
notre territoire historique, là, de relations commerciales et intercommunautaires.
Mme Gamache (Valérie) : Un
petit détail. Quand vous dites «le tiers du tourisme», est-ce que c'est le
tiers du tourisme qui aurait pu être autorisé cette année, c'est-à-dire, là,
l'espèce de 35 000 ou si c'est par rapport aux autres saisons?
M. Arseneau : Non, non, non,
c'est par rapport aux autres saisons. Oui, tout à fait.
Le Modérateur
: M.
Gagnon.
M. Gagnon (Marc-André) : Oui.
M. Arseneau, bonjour. Plus tard, lors de l'étude des crédits des Transports,
vous allez revenir également sur le dossier des traversiers probablement.
M. Arseneau : C'est possible,
oui.
M. Gagnon (Marc-André) : Je
sais que c'est un sujet qui vous intéresse. Qu'est-ce que vous voulez savoir?
Je présume que ça intéresse votre chef aussi.
M. Arseneau : Oui. Bien, vous
parlez, j'imagine, de la traverse interrives avec la Côte-Nord, entre la
Gaspésie et la Côte-Nord. La saga du F.-A.-Gauthier, là, on n'en parle plus
beaucoup dernièrement, mais on n'a jamais eu la facture finale de l'ensemble
des travaux qui ont été réalisés. Il y a des questions qui demeurent sans
réponse aussi sur la façon dont la gestion du dossier a été faite au moment de
la construction. Il y a eu des reportages qui posaient de sérieuses questions sur
la façon dont on a mis des gens à la porte ou à la retraite, poussé des gens à
la retraite. Ce dossier-là est encore extrêmement nébuleux. On va poser les
questions au gouvernement là-dessus.
Puisqu'on va parler de traversiers, on va
aussi s'interroger sur le partenariat du gouvernement du Québec avec la
compagnie CTMA pour le transport des marchandises mais aussi pour le volet
croisières vers les Îles-de-la-Madeleine. Je vous rappelle qu'en janvier 2019
le ministre Bonnardel est arrivé aux Îles, il dit : On va mettre le
dossier sur pause, on va le réévaluer dans six mois, on repart vers l'avant, on
fait un pas un arrière pour en faire un plus grand vers l'avant. Et, depuis,
c'est silence radio, on ne sait pas où ce dossier-là se situe et s'il évoluera
un jour vers l'acquisition d'un nouveau navire. Parce que c'est de ça qu'il
s'agit. Je pense qu'ici Pascal voudrait commenter sur le F.-A.-Gauthier.
M. Bérubé : Bien, un petit
complément. D'abord, la responsabilité de la Société des traversiers du Québec,
qui ont acheté le navire Apollo à Terre-Neuve, sans aucune inspection, et qui
sera coulé au large de Godbout, sur la Côte-Nord, pour en faire un récif
artificiel. Il y a une responsabilité importante.
Puis, vous me permettrez, M. Gagnon,
de glisser brièvement pour offrir à votre collègue de Radio-Canada un
complément d'information. Votre collègue Marie-Maude Denis, d'Enquête,
avait permis à deux lanceurs d'alerte de pouvoir parler, exprimer ce qu'ils ont
vécu. Et j'attends toujours le retrait des mesures disciplinaires du dossier de
ces deux lanceurs d'alerte, et, à ma connaissance, ça n'a pas été fait. Alors, il
y avait l'ancien capitaine et il y a M. Lebrun. Donc, heureusement qu'ils
ont parlé. Et j'espère qu'on reconnaîtra leur contribution.
M. Gagnon (Marc-André) :
Et, bien, comme vous y êtes, en matière de transport dans la
Capitale-Nationale, parce que ça fait partie des sujets au menu ce matin,
qu'est-ce que vous souhaitez savoir? J'imagine les coûts pour le troisième
lien, les délais dans la livraison du pont de l'île d'Orléans. On a vu, tout
l'été, hein, il y avait des travaux, des files importantes de voitures pour
accéder à l'île.
M. Bérubé : Bon, alors,
avant de creuser pour le troisième lien, on va creuser les chiffres. Et l'étude
des crédits, c'est l'endroit tout indiqué pour faire cet exercice, c'est un
exercice d'imputabilité important. On ne connaît toujours pas le coût. Et de
tous les critères possibles pour choisir le troisième lien comme engagement
électoral, on n'a pas regardé l'utilité, on n'a pas regardé son côté vert, on
n'a pas regardé la nécessité, on n'a regardé qu'un seul critère, celui de la
popularité. On s'est dit : C'est populaire, on va de l'avant. Puis là il y
a des gens qui ont dit : Oui, mais là ça va être compliqué, on ne pourra jamais
annoncer ça dans un premier mandat. Oui, on va faire une pelletée de terre.
Bien, on va essayer, en tout cas.
Il reste deux ans au mandat du
gouvernement de la CAQ. Les engagements sont là pour le troisième lien. Moi, je
veux en savoir plus sur le coût. Et je porte à votre attention, M. Gagnon,
qu'on a déjà des indications intéressantes sur le tunnel Louis-Hippolyte-La
Fontaine. Mon collègue me faisait remarquer, à juste raison, que c'est déjà un
tunnel qui existe, qu'on va rénover. Il y a des dépassements de coûts
importants. Est-ce qu'on peut faire une règle de trois puis avoir en tête que
ça pourrait être beaucoup plus élevé que ce qu'on suppose? Parce que le
gouvernement refuse de nous donner des chiffres pour le troisième lien. Alors,
c'est important de savoir ça.
Les gens de la région de la
Capitale-Nationale, ils sont très sensibles à la saine gestion de leurs taxes
et de leurs impôts. Alors, ça va être un test ce matin. L'île d'Orléans, bien
sûr. Le tramway, qu'est-ce qui arrive avec ça, quel est le support qui est
offert par le gouvernement du Québec? Et il y a d'autres enjeux dans la
Capitale-Nationale. Donc, la ministre sera questionnée sur les enjeux qui
touchent de près les concitoyens de la Capitale-Nationale.
Et nous en sommes, à certains égards. Moi,
ça fait 13 ans que j'habite à Québec et que je m'intéresse à la vie de la
ville et de la région. Et cette région de la Capitale-Nationale, il ne faut pas
la prendre pour acquise. L'Assemblée nationale s'y trouve, mais il y a une
nécessité de s'investir dans la région et de répondre aux attentes, aux
attentes des élus municipaux puis aux attentes également des citoyens.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
M. Gagnon (Marc-André) :
Donc, vous craignez, si je comprends bien... ou, en fait, quand vous regardez
ce qui s'est produit avec le dossier du tunnel La Fontaine à Montréal,
parce que, pour vous, ce n'est pas très rassurant pour la suite des choses avec
le troisième lien, donc, qu'il est temps…
M.
Bérubé
:
Bien, à la rigueur, j'aurais envie de poser la question, une question
hypothétique : À 5 milliards près, est-ce que le gouvernement peut
nous indiquer ça va coûter combien? Je lui laisse une fourchette à
5 milliards près. Ils ne veulent pas nous le dire.
Et je réitère à la population de la
Capitale-Nationale l'engagement de la CAQ. Ils ont dit qu'ils allaient faire le
troisième lien. C'était populaire. Il y a des gens qui ont voté pour la CAQ
pour cette raison-là. Moi, je ne veux pas les décevoir, là. Ils ont mis leur
espoir dans la CAQ. Bon, je vais suivre de près l'engagement. Et ils ont dit
qu'ils allaient faire la première pelletée de terre, vous vous en souvenez,
avant la fin du mandat. Je le souhaite pour le député de La Peltrie parce
qu'il a mis son siège en jeu si ce n'était pas fait.
Alors, c'est sérieux, l'affaire, là. Je
veux savoir ça va coûter combien. Puis je ne le remets pas en question, là. C'est
l'engagement du gouvernement, ils ont droit de faire cet engagement. Mais
dites-nous au moins comment ça va coûter. Et êtes-vous capables de respecter
l'échéancier que vous vous êtes fixé? Ça ne veut pas dire que ça va être ces
questions-là, mais j'ai ça en tête.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
(Fin à 9 h 25)