(Huit heures cinquante-six minutes)
M.
Bérubé
:
Merci. Je suis heureux d'être avec ma voisine de circonscription, de Gaspé,
Méganne Perry Mélançon, pour vous parler de la journée d'aujourd'hui, fort
chargée, notamment les crédits du premier ministre, notamment la métropole, notamment
le patrimoine. Méganne va vous en parler dans quelques minutes.
Mais je veux revenir sur hier, l'étude des
crédits en matière de langue. J'ai lu ce matin que le ministre responsable de
la Langue française souhaitait ou allait assujettir les entreprises de charte
fédérale à la loi. Alors, je ne sais pas comment il va arriver à ça avec le Québec
province, mais ça n'existera pas, le gouvernement fédéral ne va pas abandonner
ça. Le premier ministre devrait le savoir parce qu'il a envoyé une lettre à
tous les chefs de partis fédéraux, lors de la campagne fédérale, une lettre
qu'on a gardée. Et M. Trudeau, c'est une fin de non-recevoir.
Alors, voici une autre démonstration que
le gouvernement fédéral n'abandonnera pas ses pouvoirs et ses prérogatives pour
faire plaisir à la Coalition avenir Québec et que... voici un coup d'épée dans
l'eau. Alors, je ne sais pas comment M. Jolin-Barrette va réussir à faire
appliquer cette règle-là à des entreprises qui relèvent du fédéral. Alors, ça,
c'est un questionnement important que j'ai puis c'est un test de réalité pour
lui.
Et on a eu l'occasion hier également de
discuter d'enjeux qui semblent être de plus en plus problématiques pour le
gouvernement. Troisième lien, ils ne s'entendent pas vraiment sur ce qui va
arriver. Et on a parlé évidemment, avec toujours un angle plus que
nationaliste, indépendantiste, des enjeux. J'ai notamment proposé hier qu'à
l'instar des quatre ports du gouvernement fédéral qui ont été cédés au
gouvernement du Québec, au cours du printemps, le port de Québec pourrait aussi
être cédé au gouvernement du Québec et au peuple québécois.
Ceci étant dit, le patrimoine, c'est un
enjeu important pour nous, à telle enseigne que je souhaite que notre collègue
puisse vous entretenir de cet enjeu-là qui nous passionne.
Mme Perry Mélançon : Merci, Pascal.
Bonjour à tous. Alors, on a eu finalement les crédits budgétaires en matière de
culture, hier, avec la ministre de la Culture, Nathalie Roy, et, bien, encore
une preuve que, finalement, la Coalition avenir Québec, qui parle de
nationalisme, bien, c'est de la poudre aux yeux. Aucune conversation n'a été
entamée avec le fédéral pour le rapatriement des pouvoirs et des budgets en
matière de culture, alors que la CAQ s'était engagée à le faire. On se cache
encore derrière le gouvernement fédéral pour tout ce qui est la taxation des
GAFAM. On a encore eu une ministre qui s'en remettait au ministre Steven
Guilbeault pour ce qui est de la taxation. Alors, aucune intention à ce
niveau-là encore.
Et, si on veut parler de patrimoine, bien
là, c'est encore excessivement décevant. Vous savez, la ministre de la Culture,
hier, elle parlait un peu comme si elle venait de se rendre compte, avec le
dépôt du rapport de la Vérificatrice générale, qu'il y avait un problème avec
la Loi sur le patrimoine culturel. C'est comme si on venait de se réveiller, au
gouvernement, alors que ça fait des années que les groupes en patrimoine en
parlent, que les municipalités disent : Vous nous avez accordé des
pouvoirs, mais aucune ressource pour pouvoir s'en charger.
Ça coûte cher préserver des bâtiments, des
bâtiments patrimoniaux. Ça fait partie de notre héritage, au Parti québécois. C'est
vraiment, vraiment d'importance capitale qu'on ait une réelle vision de ce
qu'on veut faire avec le patrimoine, comment le mettre de l'avant, comment bien
le conserver et en faire des bijoux. Parce qu'on mérite une attention vraiment
particulière sur le dossier patrimonial, au Québec, et là on assiste à des
disparitions, des démolitions.
J'ai montré la liste, hier, je demandais
encore qu'on ait un répertoire avec tous les bâtiments patrimoniaux, au Québec,
un répertoire qu'on attend. Le seul répertoire que j'ai pu montrer, hier, c'est
celui de tous les bâtiments qui ont disparu ou qui sont en voie de disparaître.
Alors, je suis restée vraiment sur mon appétit, encore hier, avec aucune
intention de réviser à court terme la Loi sur le patrimoine culturel ni de nous
présenter un répertoire qu'on attend depuis déjà longtemps. On arrive à
mi-mandat et rien n'est fait en matière de patrimoine. Alors, très décevant
encore à ce niveau-là. Donc, on va suivre ça de très, très près. Merci.
Le Modérateur
: ...
M. Laforest (Alain) : ...économique,
M. Bérubé. Le Cirque du Soleil vient de passer à des comptables américains et
canadiens. Est-ce que vous craignez pour la suite? Est-ce que vous craignez
pour le fleuron québécois?
M.
Bérubé
:
Bien, évidemment, c'était une très mauvaise décision de la Caisse de dépôt et
placement du Québec. C'est un mauvais départ pour Éric Émond, qui est un P.D.G.
que le premier ministre a choisi lui-même. Rappelez-vous qu'il a été rapporté
qu'il l'a même rencontré dans sa résidence, à Montréal, pour s'entretenir avec
lui avant de le choisir.
On a perdu énormément. Grâce à l'étude des
crédits, on a appris qu'on a perdu 75 millions US à un moment très
bien trouvé pour Guy Laliberté. Donc, c'est une perte importante. Maintenant, il
n'y a plus rien de québécois, là, dans le Cirque du Soleil, sinon des créations
des artistes du cirque. Quelle est l'intention du gouvernement du Québec pour
la suite? Est-ce qu'il va investir des centaines de millions de dollars dans le
cirque? Là, la question se pose. C'est un fiasco, ce qui s'est passé, et ce gouvernement
de comptables devrait être gêné, pour utiliser un terme que le premier ministre
utilise souvent, de ce qui s'est passé avec le Cirque du Soleil.
J'ajouterais un élément supplémentaire
quant au dossier du Cirque du Soleil. J'aimerais savoir si Guy Laliberté ou
certains de ses représentants ont fait des représentations directes auprès du gouvernement
du Québec avant la décision de la caisse. Je pose la question.
Mme Richer (Jocelyne) : Sur
le plan culturel, on parle souvent du Cirque du Soleil comme un des grands fleurons
québécois de fierté nationale et internationale. À partir d'aujourd'hui, est-ce
qu'on peut encore dire ça que le Cirque du Soleil est un fleuron québécois?
M.
Bérubé
:
Bien, on n'en a plus le contrôle. Et l'enjeu du siège social va se poser éventuellement.
Écoutez, le Cirque du Soleil, pour ceux qui se souviennent, c'est une
fantastique histoire. Un échassier, à Baie-Saint-Paul, qui un jour rencontre
René Lévesque, et le premier ministre Lévesque qui mise sur lui en
disant : Je pense que vous allez aller loin. Ils sont allés très loin, et
il faut saluer l'oeuvre du Cirque du Soleil. Mais au plan des affaires, ce
qu'est devenu le Cirque du Soleil, ce n'est plus sous le contrôle québécois. Et
l'argent durement gagné des Québécois ou durement préservé à la Caisse de dépôt
et placement, est-ce que ça va devoir servir pour la suite au Cirque du Soleil?
Il y a des questions importantes qui se posent.
Et il me semble, il me semble que,
lorsqu'il y a un tournant majeur, le nationalisme québécois, à travers les
sièges sociaux, à travers l'aide financière qu'on accorde, il faut que ça
veuille dire quelque chose. Et un des critères importants, c'est la propriété
québécoise, c'est le siège social au Québec, c'est la propriété intellectuelle
aussi des oeuvres, des différents spectacles. Alors, il y a au moins une
catégorie importante, là, qui n'est plus présente. Et le Cirque du Soleil,
quant à moi, c'est beaucoup de bons moments, mais ça se termine avec beaucoup
de questionnements quant à ce qui s'est passé à la Caisse de dépôt.
Je me souviens que la CAQ était très... en
fait, l'ADQ à l'époque, même, était très critique à l'égard de la Caisse de
dépôt quand ils faisaient des placements qui étaient difficiles. Et là, 75 millions,
j'aimerais ça entendre le premier ministre. Peut-être j'aurai l'occasion de
l'entendre, cet après-midi, peut-être serez-vous là vous-mêmes, l'entendre
là-dessus. C'est un fiasco.
M. Bergeron (Patrice) : Mais
est-ce qu'il reste de l'espoir, selon vous, M. Bérubé, ou est-ce qu'il
reste quelque chose que l'État québécois pourrait faire?
M. Bérubé : Pourquoi? Pourquoi
on ferait d'autres choses?
Journaliste
: Bien, ne
serait-ce que conserver le siège social?
M. Bergeron (Patrice) : Pour
que ça reste Québécois.
M. Bérubé : Bien là, on est
rendus à négocier le siège social, comme on l'a fait avec RONA, mais c'est une
propriété qui est étrangère. Donc, moi, je considère que, là, on a l'assurance
que... On ne peut pas être plus que minoritaires, ça, c'est sûr, maintenant,
là, dans l'actionnariat. Là, on est rendus au siège social, la propriété
intellectuelle. Ça va prendre des garanties très fortes puis ça va prendre un
débat ouvert là-dessus quant à moi.
Mme Senay
(Cathy) : Well, that's my question. In
English, Mr. Bérubé. I mean, we invested so much money, we were there from the
start, with the scene that you described, in Baie-Saint-Paul, in the early
years. What are you… I mean, like, we're talking about the $75 millions U.S. How
come we are not fighting? I remember, like, having Mr. Fitzgibbon explaining
us, back in April, that they were there to stay, that we would fight for the
Cirque du Soleil to have the headquarters in Montréal or somewhere in Québec.
How come we just let it go? How come we're just giving up?
M. Bérubé : Well, it seems to me that the only one who wins this fight is Guy
Laliberté. He's going back to his island with $75 millions U.S. He's the only
winner of this fight. And I saw, for months, Minister
Fitzgibbon fought for Flying Whales, Bombardier, Cirque du Soleil, Air Transat
and asking the less guarantee possible. I don't think he's a good negotiator.
And I don't think that
this Government is that nationalist. For weeks, we asked to the Government to
make sure he has some guarantees about the Cirque du Soleil: ownership, first
of all, then the headquarters, then the intellectual property. And it seems to
me that, if the Cirque du soleil is no longer Quebecker anymore, we have some
questions to ask. Do we want to fight for the headquarter if we have no
guarantee? Maybe one day they are going to move to Vegas. It is a possibility.
So, there are tough questions to ask before sending hundred of millions to a
new ownership of the Cirque du Soleil.
Mme Senay
(Cathy) : And regarding the protection of the
French language, you have the impression that what Simon Jolin-Barrette said
yesterday is…
M. Bérubé : He's not serious. He's not serious. I'm going to tell you what's
going to happen. And, if you saw the debate yesterday you can tell he's not
going to be a good poker player. We can read his face. Ask him: Are you going
to change Bill 101 to make it stronger? Hum, not really, maybe… He's not going
to do it. He wants an action plan just before the election and say: Hey! we're
Nationalists, by the way.
If he's serious in those
matters, French language, the vitality of French language, first of all, he's
going to change Bill 101 to make sure that the enterprises with less than 50
employees are going to be under Bill 101. He doesn't want to do that. He never
wants to do that. Prime Minister Legault doesn't to do that. They think that's
against doing business.
In 2013, when we had the
debate about Bill 14, CAQ tell us that it was administrative harassment. This
is the way they see it. Then, he said to some journalists, he said: The federal
enterprises are going to be under Bill 101. How? Magic? We're still a province,
Mr. Jolin-Barrette. I know that you're the big time nationalist in the CAQ
caucus, I know that for sure, but you choose Canada, it comes with that. So, if
you want to make sure that the French language is still a force, in Québec, we
need independence for that.
Mme Senay
(Cathy) : But he is serious...
M. Bérubé : No, he's not.
Mme Senay
(Cathy) : ...he read Camille Laurin's
biography.
M. Bérubé : Cry me a river. He's not serious. He wants you to think that he's
serious: Ah! I feel for Montréal, there are less French, it's unacceptable. But
the real courage, it's Dr. Camille Laurin, more than 40 years ago, coming here…
have to fight in front of the Liberals telling him a lot of bad things,
receiving hate from all over Québec of people who doesn't want Québec to
change, to become French for real. And the real courage was Camille Laurin. And,
if you want to be on the scale of Camille Laurin… He's going to make the only
thing that we should do first — there's lots of other things: change Bill 101.
And I suspect CAQ that
they don't want to change Bill 101 because it's not from their heritage.
It's a Parti québécois heritage, and now, we share it with all Quebeckers. Even
the Liberal Party says now that
it's a good thing, Bill 101. I'm feeling that they don't want to change
Bill 101 because they feel that they're going to improve an heritage of the Parti québécois.
But you know what? In a
conclusion, if you want serious people to talk about heritage, to talk about
identity, to talk about economic nationalism, to talk about French language,
there are serious people involved since years doing this because they feel it
deep inside. And there are people who are trying to do that because they feel
that's a good thing, in an election, to say they're nationalists. Between the
original and the wannabe, choose the original.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup... Dernière...
M. Bergeron (Patrice) : ...
M. Bérubé : La même chose en
français?
M. Bergeron (Patrice) : Non,
mais vous avez parlé tout à l'heure de M. Fitzgibbon puis de ses talents
de négociateur. Pourriez-vous me répéter ça en français, là, concernant, donc,
Air Transat puis…
M. Bérubé : Bien,
trois dossiers : Cirque du Soleil, Bombardier, Flying Whales.
Flying Whales, on réalise que c'est un mauvais investissement. Bombardier,
mauvais investissement. Cirque du Soleil, je pense, c'est le premier ministre
qui a dit que c'était une idée brillante, à un moment donné, à quelqu'un
d'entre vous, à vous tous en même temps. En matière de nationalisme économique,
là, ce n'est pas un succès à date, hein? Parce que les critères ne sont pas
clairs. Tu sais, les critères, c'est : Donnez ça à Pierre, puis il s'en
occupe.
Mais moi, j'aimerais mieux qu'il y ait des
critères : propriété québécoise, siège social, propriété intellectuelle,
fierté. Tu sais, il y a des institutions qui font plus la fierté que d'autres.
Chaque année, je pense, c'est le magazine Les Affaires, le journal Les
Affaires qui fait un classement des entreprises les plus respectées. Est-ce
que le Cirque du Soleil est toujours ce fleuron généralement admiré par les Québécois?
Il y a une évaluation à faire de ça aussi. Il y a un coût d'opportunités.
Alors, la Caisse de dépôt, c'est notre argent aussi.
J'ai tellement entendu de gens décrier,
quand que le gouvernement libéral a eu des pertes de plus de
40 milliards $ il y a quelques années, j'étais député à ce moment-là,
déjà. On peut faire le même exercice sur la caisse. Puis je rappelle que le gouvernement
a quand même des responsabilités. Le premier ministre a choisi le président de
la caisse. Il l'a accueilli dans son salon personnel. Ça a été rapporté par
Denis Lessard. Écoutez, il y a un choix d'orientation qui est fait.
Et je veux reposer cette question-là…
auquel je n'ai pas la réponse, mais elle m'apparaît importante.
Guy Laliberté, je ne le blâme pas, il a demandé, il a obtenu. Le problème,
c'est qu'on lui a donné. Mais je pose une autre question : Est-ce que
Guy Laliberté et des membres de son entourage du Cirque du Soleil ont fait
des représentations auprès du gouvernement de la CAQ, ont rencontré les
acteurs, ont plaidé leur cause avant la décision de la caisse? Je pose cette
question-là. Ça serait dommage d'apprendre que c'est le cas. Mais je ne le sais
pas et j'aimerais le savoir.
Journaliste
: Mais il y
a au moins un Québécois qui est gagnant dans cette histoire-là.
M. Bérubé : Oui, mais
paie-t-il vraiment ses impôts au Québec?
Mme Fletcher
(Raquel) : Can we hear your reaction to the
plan for the second wave yesterday, your reaction to the Government's second wave plan?
M. Bérubé : Second wave? Well, we have a good moment, this afternoon, to ask
tough questions to — it's Premier, right, it's
Premier — Premier Legault about the way he
runned the pandemic, first phase… first wave. I think we have a good evaluation
to do about what already happened. And a sign of the failure of the system and
of the Government as well is that they decided to fire the Minister of Health,
Danielle McCann. Why they decided to do that? She wanted to stay, it's
pretty obvious. You saw her when they shuffled the Government, she wanted to
stay, I'm pretty sure of that. And they decided to move her, and she is not
happy, I can tell. So, when you decide to fire a Health Minister, I don't know
what to add to that. It seems to me that they... seems they failed.
And I don't like when the
Premier said that there is a win and there is a loss. The win is that, now,
people are cautious and wearing masks. And the loss is: Oh! by the way, we lost
more than 5,000 people. I don't like this kind of…
Une voix
:
...
M. Bérubé :
...there you go, those kinds of comparisons. So, it's a big loss and it's not
over yet. So, I'm going to ask some tough questions and short questions to the
Premier this afternoon. You might be surprised about some of the questions. And
just watch me.
Le Modérateur
:
Dernière question?
Des voix
:
…
M. Bérubé : C'est bon,
tout le monde?
Des voix
: Oui.
(Fin à 9 h 14)