(Neuf heures neuf minutes)
M. Arseneau : Bonjour,
mesdames et messieurs. Alors, aujourd'hui, c'est un rendez-vous important,
c'est notre première rencontre avec le nouveau ministre de la Santé. On aura
six heures d'étude des crédits avec M. Dubé, donc, évidemment, ça
sera l'occasion non seulement de revenir sur les grandes étapes de la pandémie
qu'on a vécues, mais des décisions des derniers jours également.
On sait que le gouvernement a déposé un
plan d'action pour la deuxième vague, qui fait aussi le bilan partiel des ratés
de la première vague. Plusieurs des propositions qui ont été déposées
correspondent à celles qu'on avait faites dès les mois de mars, avril et mai.
Donc, on s'en satisfait, mais pour ce qui est des moyens, pour ce qui est des
ressources qui sont déployées sur le terrain, on a encore de nombreuses
questions à poser au ministre.
On a également appris hier que le gouvernement
souhaite un peu tourner la page sur la première vague en confiant à la
Commissaire à la santé et au bien-être le soin d'examiner la façon dont les
services ont été rendus dans le secteur de la Santé pendant la première vague.
Alors, quand le gouvernement dit que le fin mot, aujourd'hui, c'est
l'imputabilité, on voit qu'en décidant de déférer ce dossier-là à la
Commissaire à la santé et au bien-être, bien, lui-même ne se sent plus
imputable puisque la commissaire dépend, donc est sous la gouverne, du ministre
lui-même.
On aurait évidemment… et on souhaite
toujours une commission d'enquête indépendante. D'ailleurs, le premier ministre
lui-même aime beaucoup se comparer à l'Ontario. L'Ontario, qui a un bilan
beaucoup moins catastrophique que le nôtre dans les établissements
d'hébergement pour personnes âgées, a pourtant décider d'instituer une
commission d'enquête indépendante, dont le résultat, les conclusions sont
prévues pour le mois d'avril prochain, alors que, du côté du Québec, bien, on
attendra des résultats en septembre prochain, donc on reporte très, très loin
dans le temps des conclusions qui pourraient être beaucoup plus importantes…
enfin, significatives pour améliorer les choses plus rapidement.
Ce qui est dommage dans le mandat qui a
été donné à la commissaire, c'est qu'on pense qu'elle ne disposera pas des
moyens suffisants pour aller au fond des choses; notamment elle n'a pas le
pouvoir de contrainte et d'entendre des témoins. On dit que si elle le demande,
on lui accordera. On dit même que si elle recommande une commission d'enquête
indépendante, on pourrait considérer cette option-là. Or, ça nous reporte très,
très loin dans le temps, alors que ce qui est important, je pense, pour les
victimes, pour les familles des victimes, c'est d'aller au fond des choses
rapidement, de pouvoir entendre ceux qui ont été confrontés au système de santé
tel qu'il fonctionne plutôt que de voir le système de santé, là, avec la
commissaire, examiner leur propre travail et l'apprécier entre eux. C'est ce
qu'il faut craindre de la mesure qui a été annoncée par le ministre et le
gouvernement hier.
Aujourd'hui, il sera également question,
donc, d'autres sujets qui continuent de préoccuper la population au-delà de la
pandémie. L'accès aux services de santé notamment a été dans l'actualité
pendant la dernière année et demie. Le gouvernement a planché sur certains
projets de loi, celui, par exemple, qui permettrait de décloisonner la
profession des IPS. On est actuellement à l'étude des règlements, et ce qu'on
craint, c'est que les règlements viennent contraindre encore la profession,
alors que la loi visait plutôt à ouvrir la profession à des actes de
diagnostic, par exemple, augmenter, donc, le pouvoir et les responsabilités des
IPS, qui est largement inférieur à ce qu'on voit du côté des infirmières
praticiennes spécialisées ailleurs au Canada. On est encore en retard
là-dessus. Donc, on veut questionner le gouvernement et le nouveau ministre sur
sa volonté réelle de décloisonner les professions pour améliorer l'accès aux
services de santé.
Toute la question de la santé mentale est
aussi extrêmement importante, et d'autant plus dans cette situation d'urgence
sanitaire parce qu'on sait que plusieurs services... On a fait le délestage, en
fait, de services dans le système de santé et les services sociaux ont
lourdement écopé. Là, on voit une tentative du gouvernement de réduire les
listes d'attente, mais quelle est la qualité des services qui est véritablement
offerte? L'écho qu'on a du terrain, là, c'est que les gens qui ont été
déployés, par exemple, des services sociaux vers les hôpitaux ou les CHSLD,
reviennent à leur poste régulier et sont absolument débordés, ne peuvent pas
faire un travail adéquat. En fait, ils sont déjà à bout de souffle, et ça, on
le voyait encore dans certaines coupures de presse de ce matin. Les gens se
demandent sur le terrain si les mesures qui ont été annoncées vont permettre de
changer véritablement la donne pour faire face à la deuxième vague non
seulement en santé, mais également en services sociaux. Alors, on questionnera
le gouvernement là-dessus.
Pour ce qui est des promesses ou des
engagements du ministère, par exemple, en ce qui concerne la fécondation in
vitro ou le remboursement des appareils respiratoires pour l'apnée du sommeil,
on se demande où sont rendus ces dossiers.
Je conclurais en parlant d'un tout autre
sujet, mais je voulais mentionner quand même que les crédits permettent parfois
d'obtenir des résultats. Je voulais mentionner que, dans l'étude des crédits
sur les transports évidemment le transport aérien a été abordé, c'est fort
important pour les régions, et le ministre s'est quand même engagé à maintenir
un programme de réduction des tarifs aériens qui est important pour l'accès aux
services aériens en région. Il a également envisagé la possibilité de prolonger
l'aide d'urgence aux transporteurs parce que la pandémie n'est pas terminée et
on aura sans doute besoin de maintenir les services essentiels aériens dans
certaines régions. Et puis il a également parlé, là, d'un pacte de
non-concurrence avec le transporteur Air Canada. On a hâte d'en savoir
davantage.
Sur ce, je vais laisser la parole à mon
collègue, Martin Ouellet.
M. Ouellet : Merci. Bon
matin, tout le monde. Sur un autre canal de l'Assemblée nationale, si la santé
vous intéresse, mais les finances et l'économie du Québec et notamment le
Conseil du trésor vous intéressent aussi, on aura des crédits hyperintéressants
aujourd'hui, d'autant plus qu'hier on a appris plusieurs choses, notamment par
rapport à la volonté du gouvernement de mettre sur pied un nouveau projet de
loi, et ils ont annoncé la fin, la mort du projet de loi n° 61. C'est
quand même particulier considérant que le gouvernement du Québec, le premier
ministre en chef, a fait la tournée du Québec pendant tout l'été pour casser du
sucre sur les oppositions en disant que son projet de loi n° 61 était
essentiel et primordial pour relancer l'économie du Québec et qu'il en avait
besoin. Or, de retour ici, à l'Assemblée nationale, la première chose qu'on
apprend, c'est : la nouvelle présidente du Conseil du trésor décide de
mettre la hache dans le projet de loi n° 61 et nous proposer une nouvelle
mouture qu'on verra assurément dès le début de l'automne. C'est ce qu'elle nous
a confirmé hier soir.
À ce sujet, hier, on a questionné
effectivement la nouvelle présidente du Conseil du trésor pour comprendre
quelle était la réflexion derrière la sélection des différents projets parce
qu'à notre avis plusieurs projets qui étaient déjà sélectionnés dans la
première mouture du projet de loi n° 61 n'avaient pas besoin de toutes ces
dispositions-là et de tout de cet armagédon d'armes nécessaires pour aller de
l'avant plus rapidement. Et on a rapidement compris que, bien, il y a un peu de
politique qui s'est faite avec le projet de loi n° 61, notamment dans les
choix des projets.
J'ai posé la question à la SQI. Ça, la
SQI, c'est l'organisation qui s'occupe de mettre de l'avant des projets
d'infrastructure. Puis j'ai demandé au président-directeur général de la SQI :
Est-ce que vous avez soumis une liste de projets avec lesquels vous aviez
besoin de ces dispositions dans le projet de loi n° 61? Il nous a dit oui.
J'ai posé la question : Est-ce que tous les projets qui sont dans le
projet de loi n° 61 avaient besoin de ces dispositions? La réponse était
non. Et, lorsque j'ai posé la question à la présidente du Conseil du trésor, à
savoir est-ce que tous les projets ciblés, identifiés par la SQI comme étant
nécessaires à aller de l'avant avec les dispositions du projet de loi
n° 61 se sont retrouvés dans la liste, la réponse, c'est non.
Donc, politiquement, au-delà du fait que
le gouvernement veut accélérer certains projets, il faut voir une manoeuvre
politique et probablement une manoeuvre électorale d'avoir mis dans cette liste
des engagements que le gouvernement de la CAQ n'arrivera pas à livrer, pas
juste à cause de la pandémie mais à cause de l'organisation de leurs travaux,
l'organisation ou le fonctionnement du gouvernement. Et donc ce nouveau projet
de loi là qui sera présenté, pour nous, on a réussi à obtenir de la présidente
du Conseil du trésor l'opportunité de discuter de la pertinence de chacun de
ces projets-là par rapport aux dispositions qu'ils auront besoin dans le projet
de loi.
Donc, on n'avait pas fait l'arbitrage lors
du n° 61 à savoir pourquoi tel projet et l'autre projet avaient été mis à
l'intérieur et pourquoi d'autres ne s'y trouvaient pas. Mais, cette fois-ci,
pour la prochaine mouture, la présidente du Conseil du trésor devrait nous
indiquer, pour chacun des projets, quelle disposition est nécessaire, et c'est
là qu'on va comprendre pourquoi le gouvernement, au-delà du fait qu'il veut
accélérer ses projets, il lui tient à coeur d'aller plus vite dans ses
engagements électoraux.
En terminant, crédits en Économie
aujourd'hui aussi avec le ministre de l'Économie. Hier, on a appris
effectivement que le ministre a clairement identifié qu'il était intéressé
lui-même, je vous dirais, comme ministre de l'Économie, à mettre Investissement
Québec sur le banc… sur la ligne de départ pour prendre une prise de participation
dans le Cirque du Soleil. Des discussions avaient lieu avant la transaction. M. Fitzgibbon
nous a dit qu'ils étaient au courant des tractations et qu'ils regardaient d'un
bon oeil la façon dont la transaction aurait pu se développer, et que si effectivement
la Caisse de dépôt n'était pas intéressée à aller de l'avant, lui, avec Investissement
Québec, serait intéressé à aller de l'avant.
Cela étant dit, on a d'autres projets à
jaser avec le ministre de l'Économie. Il y a d'autres projets qui demandent
l'intervention de l'État ou qui demandent, du moins, que l'État s'y intéresse.
Alors, on va voir de quelle façon le ministre de l'Économie va vouloir
intervenir. Il y en a plusieurs, je ne veux pas vous les dévoiler — mais
certains sont déjà dans les médias — mais on a fait une recherche
exhaustive sur quel projet le Québec mériterait l'attention et de quelle façon
l'attention du Québec, par le ministre Fitzgibbon, va se concrétiser en le
maintien d'emploi.
M. Laforest (Alain) :
Question sur le cirque. Compte tenu des déclarations de Pierre Fitzgibbon hier,
à votre connaissance, est-ce que Charles Emond de la Caisse de dépôt et Eric
Girard des Finances ont menti devant les élus, qu'ils n'étaient pas au courant,
qu'ils ont été avertis la veille de la transaction?
M. Ouellet : Oui, lorsque
j'ai posé la question à M. Fitzgibbon, s'il y avait eu des discussions
avant la transaction, il a été très transparent, il a dit : Oui, on en a
parlé, j'ai parlé avec M. Sabia, j'ai parlé, après ça, avec M. Emond.
C'était fluide dans les discussions. Parce que M. Fitzgibbon nous
expliquait que, pour lui, c'était important de discuter avec la caisse pour
connaître sa stratégie, ses moyens d'intervention pour être certain d'être
complémentaire si la caisse y était ou tout simplement prendre la place de la
caisse si la caisse ne décidait pas d'y aller.
Est-ce que M. Fitzgibbon a été clair,
à savoir qu'il a été avisé avant ce que M. Emond a dit pour la date de la
transaction? Il n'a pas été jusque-là, mais ce qu'on sait, c'est que M. Fitzgibbon
nous a annoncé qu'il y avait une liste de 20, 25 entreprises qui regardent.
M. Laforest (Alain) : Mais
votre compréhension, ce n'est pas, lors des crédits avec Charles Emond
qu'Eric Girard n'était pas au courant et qu'il n'y a pas eu de discussion
entre Charles Emond, qui était responsable du dossier sous le joug de
Michael Sabia, il n'y a pas eu de discussion avec le gouvernement, alors
que notre impression, hier, après les déclarations de Pierre Fitzgibbon,
c'est qu'au moins il y a quelqu'un au gouvernement qui était au courant qu'il
se passait quelque chose.
M. Ouellet : Absolument.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que c'est ça que vous avez compris?
M. Ouellet : Moi, c'est ce
que j'ai compris.
M. Laforest (Alain) : Donc,
il y a quelqu'un qui n'a pas dit la vérité ou il y a quelqu'un qui… C'est ça
que j'essaie de comprendre, selon votre point de vue, là.
M. Ouellet : La véritable question…
Puis c'est ce que M. Emond nous a dit, quand on a procédé à l'annonce de
la transaction, on a avisé le gouvernement 24 heures avant. Mais est-ce qu'il
y a eu des discussions entre le gouvernement et la Caisse de dépôt sur le
Cirque du Soleil avant l'annonce de la transaction? M. Fitzgibbon a été
clair, la réponse, c'est oui. Il lui parlait constamment.
M. Laforest (Alain) : M. Girard
a dit non, lui.
M. Ouellet : Oui, pour ce qui
est de lui-même, M. Girard, mais M. Fitzgibbon a dit lui qu'il lui
parlait. Alors, est-ce que M. Girard était autour de la table lors des discussions?
Je ne sais pas, je n'étais pas là, mais M. Fitzgibbon a été clair :
Je parle régulièrement à M. Emond. On échange pour comprendre les prises
de position de la caisse, à quel endroit ils sont. Et, moi, à titre de mandarin
de l'État avec le ministre de l'Économie, est-ce que je peux être capable
d'intervenir avec Investissement Québec? C'est le genre de discussion qu'ils ont.
M. Laforest (Alain) : Ça
vous dit quoi, tout ça?
M. Ouellet : Pardon?
M. Laforest (Alain) : Ça
vous dit quoi, tout ça?
M. Ouellet : Bien, ça
veut dire que la caisse, et Investissement Québec, et le ministre de l'Économie
travaillent en étroite collaboration. Et ce que ça me dit... Puis j'ai posé la question
aussi à M. Emond, j'ai dit : Écoutez, lorsque M. Legault vous a
nommé, il a dû vous parler de son nationalisme économique, il a dû vous
identifier ses intentions, ses intérêts à travers différents projets possibles,
ça a dû teinter votre jugement, ça a dû vous amener à avoir une... pas une
pression indue, mais, sachant que le premier ministre veut ça, comme dirigeant
numéro un de la caisse, ça a dû teinter votre jugement. Tu sais, c'est ça qu'on
cherche à savoir. Est-ce que c'est la caisse indépendamment qui a pris une
décision ou c'est la caisse, avec les tractations du gouvernement ou avec les
discussions… ont compris que le gouvernement du Québec voulait que la caisse
soit présente dans le Cirque du Soleil?
M. Bergeron (Patrice) : Est-ce
que voyez d'un bon oeil le fait qu'Investissement Québec pourrait embarquer et
que le cirque pourrait revenir dans un giron québécois, considérant aussi que,
selon les décisions ou les documents judiciaires, ce serait peut-être déjà trop
tard, non, pour déposer une offre, là?
M. Ouellet : Bien, ce qu'on
a compris hier, ce que M. Fitzgibbon nous a expliqué hier, c'est qu'évidemment
ceux qui ont acheté, c'étaient des créanciers, mais ce n'est pas des opérateurs
en tant que tels. Donc, le pari qu'il faut, c'est que tôt ou tard ils auront
besoin d'opérateurs, de gens crédibles, de gens outillés, de gens compétents
dans le domaine, et qu'ils auraient probablement besoin d'aide pour aller de l'avant
pour continuer à faire progresser le cirque, qui était en bonne progression
avant cette pandémie. Ça ouvre donc la porte à un nouvel actionnariat avec un
nouveau membre, et, oui, M. Fitzgibbon nous a dit hier que ça
l'intéresserait. Je veux dire, au final, il nous a dit que, si la caisse n'y
était pas allée, il y serait allé avec Investissement Québec. Donc, hier, je
pense que M. Fitzgibbon a été très clair et très transparent. Pour lui, le
Cirque du Soleil représente un actif important que le Québec devait garder. Là,
on l'échappe. Est-ce qu'il pourrait y avoir une opportunité pour le Québec de se
repositionner? La réponse, je pense que c'est oui. Mais est-ce que le Québec
sera présent, et à quelle hauteur? Je n'ai pas encore la réponse ça.
M. Bergeron (Patrice) :
Concernant le p.l. n° 61, juste pour revenir sur
cet enjeu-là, tout à l'heure, l'opposition officielle a dit qu'elle était
ouverte à un p.l. nouvelle mouture n° 61,
mais seulement pour des projets... les seuls projets qui ont été identifiés où
il y a vraiment des problèmes d'obstacles réglementaires, d'expropriations,
pour faciliter... Parce qu'elle dit qu'il y a un très petit nombre de projets
qui pourraient être accélérés et qui devraient être accélérés.
Est-ce que vous êtes d'accord aussi avec
cette forme-là, qui pourrait être un p.l. n° 61, mais
beaucoup limité sur sa portée, seulement sur quelques projets qui doivent
débloquer parce qu'il y a trop de limitations?
M. Ouellet : Absolument.
Je ne suis pas en train de dire que je suis d'accord avec l'opposition
officielle, ce que je suis en train de dire, c'est que, pour nous, ça a
toujours été fondamental. Si on a besoin d'accélérer des projets, on veut
comprendre lesquels, pourquoi et comment. Et, si on est capables... Et c'est ce
que j'ai réussi à obtenir de la ministre LeBel hier soir, c'est que, dans la
liste des projets, ils vont nous dire : Bien, dans ce projet-là, on a
besoin de telle disposition. Et là ils vont nous convaincre de la véracité et
de la nécessité d'adopter telle et telle disposition, ce qu'ils n'ont pas fait.
Alors, nous, ce qu'on veut enlever de
cette fameuse liste, c'est les promesses électorales caquistes qu'ils ne sont
pas capables de livrer, qu'ils veulent livrer avec ce projet de loi là. Et
l'exemple qu'on a démontré hier… J'ai pris l'exemple de ma maison des aînés à
Baie-Comeau. J'ai lu à la présidente du Conseil du trésor hier que les terrains
étaient déjà en possession de la ville, que les papiers allaient être signés
avec le CISSS—Côte-Nord. Donc, je n'ai pas besoin d'un p.l. n° 61
pour l'environnement ni pour l'expropriation, alors que ma maison des aînés se
retrouve dans ce projet de loi pour bénéficier de mesures d'accélération. Donc,
on veut tasser la politique, puis on veut s'assurer que les véritables projets
qui nécessitent des moyens puissent être identifiés.
Mais il y a une place où est-ce que je
loge comme l'opposition officielle, c'est qu'on a besoin aussi de ressources
supplémentaires. Lorsqu'on a rencontré les différents syndicats du gouvernement,
ils nous ont dit : Dans le cas des expropriations, si on peut faire plus
vite, ce n'est pas une question de loi, c'est une question d'avoir des
ressources supplémentaires pour faire le travail. Et c'est ça qui fait que,
présentement, ça manque. Donc, oui, on peut aller de l'avant avec l'économie
pour accélérer certains projets si on identifie bien quels sont les projets,
quelles sont les dispositions qui sont nécessaires, qu'on met des mécanismes de
contrôle et de protection, mais si on n'a pas de ressources supplémentaires, je
pense qu'on rate la cible.
Mme Gamache (Valérie) : M.
Arseneau, concernant le miniremaniement aujourd'hui, avez-vous l'impression que
le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine sont mis de côté
carrément par le gouvernement?
M. Arseneau : Ah! Le
remaniement ministériel d'aujourd'hui, c'est un rendez-vous raté. Et, depuis
plus d'un an, on demande au gouvernement de respecter les régions pour ce
qu'elles sont... et qu'elles sont différentes, et elles ont des besoins
différents, et qu'un seul ministre n'a pas la capacité de les couvrir toutes,
et d'être à l'écoute de leurs besoins, et de livrer la marchandise. On le voit
depuis plus d'un an.
L'occasion était idéale, puisqu'on faisait
ce miniremaniement, de considérer la région de la Gaspésie et des Îles comme
une région à part, celle du Bas-Saint-Laurent, également, et toute la région,
là, de Chaudière-Appalaches. Cette décision-là nous laisse perplexes. On ne
comprend pas pourquoi le premier ministre s'obstine à mettre ensemble des
régions qui sont d'une si grande étendue, avec des besoins si différents, sous
la responsabilité d'une seule ministre, qui visiblement ne peut pas... et ce
n'est pas une question de capacité ou de compétences personnelles, c'est qu'on
lui en demande trop. Et pourtant, la logique qu'on présente aujourd'hui, c'est
de dire : Le ministre de la Santé en aura plein les bras, on va le
remplacer, le ministre de l'Économie en aura plein les bras, on va le
remplacer. La ministre Proulx en a déjà plein les bras avec les trois régions,
on devait lui donner un appui, ce qu'on évite de faire, et c'est extrêmement
malheureux.
Mme Gamache (Valérie) : Et
pourquoi, selon vous, on vous oublie comme ça? Est-ce qu'il y a une raison?
M. Arseneau : Bien, il faut
demander au premier ministre. Je ne sais pas pourquoi il s'obstine à ne pas
entendre le cri des régions. Beaucoup d'élus locaux ont appuyé notre demande, également.
Alors, moi, je ne peux pas lui prêter des intentions. Je regrette ces décisions
malheureuses qui laissent un peu la Gaspésie, l'Est du Québec, en général, en
plan.
M. Laforest (Alain) : ...vous
êtes poli. On vous abandonne?
M. Arseneau : Bien, on reste
polis, oui. On reste dans un mode constructif. On continue de proposer au gouvernement
de se mettre à l'écoute des régions, puis on en tire certaines conclusions, à
l'effet qu'il porte peu attention aux besoins de notre région. Et on pense que
les citoyens aussi vont tirer les mêmes conclusions. Cela dit, on n'a pas le
pouvoir d'influencer davantage le premier ministre que de lui demander, avec
insistance, qu'il corrige le tir, hein?
M. Laforest (Alain) : Est-ce
qu'elle fait son travail?
M. Arseneau : Elle fait son
travail au mieux, mais c'est mission impossible pour Mme Proulx de couvrir
trois régions aussi différentes avec le temps qu'elle a et les responsabilités
qu'on lui impose, tout simplement.
Mme Gamache (Valérie) : Les autres
partis d'opposition parlent d'une démarche électoraliste. Pour vous, est-ce que
c'est électoraliste, ce miniremaniement-là, qu'on s'attarde à des régions
limitrophes de Montréal?
M. Arseneau : Bien, en fait,
le calendrier électoral, il est connu. Les élections de déroulent à date fixe.
On va commencer la troisième année de mandat. Le gouvernement — je
pense que l'analyse est juste — veut s'assurer de pouvoir être à
l'écoute de certaines régions qu'il veut conserver… ou veut augmenter son score
électoral. Bon, on peut en tirer certaines conclusions pour ce qui est de l'Est
du Québec, oui.
M. Bergeron (Patrice) :
Est-ce que vous me permettez de revenir sur une partie de votre allocution?
M. Arseneau : Oui.
M. Bergeron (Patrice) : En santé,
tout à l'heure, vous avez dit que la commissaire en santé n'aura pas
l'indépendance nécessaire parce qu'elle relève du ministre. Expliquez-vous.
Vous craignez donc qu'elle ne puisse pas aller aussi loin dans ses conclusions?
Expliquez-vous.
M. Arseneau : Oui. Bien, en
fait, la raison... On compare, en fait, et on ne juge aucunement, là, les
qualités de Mme Castonguay ou ses compétences, mais le rôle qu'elle doit
exercer, c'est en soutien au gouvernement et au ministre dans l'évaluation de
la performance du système de santé. Ce qui manque cruellement, c'est des
pouvoirs de contraindre des témoins à venir se prononcer sur non seulement les
aspects administratifs et de gestion du réseau, mais également sur, par
exemple, les décisions politiques qui ont été prises ou encore sur ce que les
citoyens, eux-mêmes, ont pu vivre durant la période de la pandémie.
En réalité, ce qu'on craint, c'est que ce
soit une enquête qui se déroule entre les quatre murs d'un bureau, et donc
qu'on consulte beaucoup de documents, mais qu'on n'écoute pas les gens qui ont
vécu de près les drames qui se sont déroulés pendant toute la période de la
pandémie et qu'on ne questionne pas les hauts gestionnaires et les politiques
sur les décisions qui ont été prises en amont. Merci.
Le Modérateur
:
Merci...
Mme Fletcher (Raquel) : ...
M. Arseneau : Oh! OK, about the Cabinet shuffle?
Mme Fletcher (Raquel) : Yes.
M. Arseneau : All right. I think the Government is missing a good opportunity to reshuffle the Cabinet and separate
the regions that… following the last election. The
Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine region with the Lower St. Lawrence and the
Chaudière-Appalaches are way too different and way too wide to be under the
responsibility of just one single person. We've been
asking the Government for the past year to shuffle the Cabinet to give each
region their own minister, regional minister, as it was in the past. And we
have a problem understanding how they can say that Minister Dubé will be
too busy to take care of his own region, or Mr. Fitzgibbon will be very
busy also, so we're giving his responsibility to Mrs. Proulx. And when it
comes to Marie-Eve Proulx in all of the Eastern part of Québec, we don't seem
to pay attention, and that's very regrettable.
Mme Fletcher (Raquel) : Thank you.
M. Arseneau :
Thank you.
(Fin à 9 h 32)