(Neuf heures quarante-quatre minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour à toutes et à tous. Bienvenue à la salle Evelyn-Dumas du Parlement.
Alors, le premier ministre fera une courte allocution, après quoi il répondra
immédiatement aux questions des journalistes, 10 minutes en français, cinq
minutes en anglais. M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. Bonjour, tout
le monde. Écoutez, la situation reste inquiétante aujourd'hui quand on regarde
le nombre de cas. Le principal problème demeure la transmission dans les
maisons. Donc, difficile, effectivement, pour le gouvernement, les policiers ou
qui que ce soit de pouvoir contrôler la situation dans les maisons.
Donc, encore une fois, je demande la collaboration
de tous les Québécois. Et j'étais très content d'apprendre, il y a au moins
quelques personnes, là, qui m'ont écrit depuis hier soir, ils ont annulé les
partys de famille ou les partys d'amis qui étaient prévus en fin de semaine prochaine.
Je pense, c'est ça, la voie, là, qu'il faut prendre. Il faut mettre toutes les
chances sur notre côté pour voir une stabilisation, idéalement une réduction du
nombre de cas. Merci.
M. Lavallée (Hugo) :
...la question des partys de famille, par exemple, est-ce qu'il n'y a pas lieu
de prendre des mesures plus structurelles? Parce que ce qui vous a été reproché
depuis hier, c'est d'avoir un ton assez sombre d'une part, mais d'autre part
d'annoncer peu en termes de mesures de contrôle. Est-ce qu'il n'y a pas lieu quand
même d'en faire davantage de façon plus structurelle?
M. Legault : Bien, on
n'exclut rien à ce moment-ci, là, que ça soit les manifestations, les bars, ce
qui se passe à l'extérieur des maisons, mais il reste que notre principal défi,
c'est dans les maisons. C'est là que se passe la majeure partie de la
transmission.
Donc, on peut bien poser des gestes ailleurs
que dans les maisons, mais notre grand défi, là, c'est le défi de tous les Québécois,
ça se passe dans les maisons, dans les partys de famille ou d'amis dans les maisons.
Mme Crête
(Mylène) :Est-ce que ça ne prouve pas que
c'est inapplicable, vos consignes, que c'est difficile à faire appliquer pour
les gens qui ne les respectent pas?
M. Legault : Ah! bien, écoutez,
c'est difficile. Vous savez qu'au Québec, pour pouvoir entrer dans une maison,
ça prend un mandat. Donc, effectivement, ce n'est pas simple, mais on n'exclut
rien à ce moment-ci, là. Il y a des discussions entre la Sécurité publique et
le DPCP pour voir comment éventuellement on pourrait travailler. Mais c'est
certain que ce n'est pas simple, là, d'intervenir dans les maisons, puis évidemment
il y a beaucoup de maisons au Québec.
M. Bergeron (Patrice) :
M. Legault, les partis d'opposition demandent la publication des tableaux et
des projections, comme vous l'avez fait au printemps, parce que, là, c'est
difficile de savoir sur quoi vous appuyez les avertissements que vous lancez à
la population. Ils aimeraient ça savoir les projections possibles, et on voit
qu'ils circulent déjà d'ailleurs sur Twitter, ces tableaux-là.
M. Legault : O.K. Bien, écoutez,
moi aussi, je l'ai demandé puis je n'ai pas d'autres projections que celles
qu'on a publiées au mois de juin.
Par contre, ce que je comprends, c'est
que, quand on regarde le nombre d'hospitalisations et le nombre de décès, c'est
pas mal en ligne avec la prévision du mois de juin. Par contre, il y a vraiment
beaucoup plus de nouveaux cas que ce qu'on avait prévu au mois de juin. Puis,
en fin de semaine passée, j'ai jasé avec différents premiers ministres des
autres provinces, puis c'est la même chose qu'on voit dans les autres provinces
aussi.
M. Laforest (Alain) :
...mairesse de Longueuil, M. Legault, a diffusé une vidéo à l'effet qu'elle
n'était pas obligée de dire, là, qu'elle était contaminée. Qu'est-ce que vous
pensez de cette façon de penser?
M. Legault : Bien, je
pense que chaque Québécois qui est contaminé, qui reçoit un test positif, a une
certaine responsabilité d'informer les personnes qui ont été en contact avec
elle au cours des deux dernières semaines. Donc, je pense, c'est une question
de responsabilité personnelle.
M. Lacroix (Louis) :
...que ce serait une catastrophe si on en venait à reconfiner le Québec. Qu'est-ce
que vous pensez de ça? Sur le plan économique, là, est-ce que ce serait...
c'est une possibilité que vous envisagez ou si c'est totalement exclu?
M. Legault
: Bien, on
ne l'envisage pas, mais effectivement, là, ça a fait très mal, la fermeture des
entreprises au printemps. Donc, on ne veut pas ça cet automne, ça serait
catastrophique.
M. Chouinard (Tommy) : ...Dr
Arruda a déclaré hier qu'il y aura du orange sous peu. Est-ce qu'on s'entend
que l'orange va apparaître d'ici la fin de la semaine, selon les données que
vous avez et qui sont privilégiées aussi?
M. Legault
: Pas
nécessairement. Pas nécessairement, là. Quand je regarde les données
aujourd'hui, non. Bon, évidemment, qu'est-ce que ça sera demain,
après-demain... mais pas nécessairement.
M. Bellerose (Patrick) :
...préciser justement les conséquences de passer en zone orange? Parce qu'il y
a un tableau qui circule en ligne, on dit que c'est un document de travail qui
date un petit peu, qui affirme qu'on étendrait le port du masque aux salles de
spectacles en tout temps, aux marchés extérieurs. Pouvez-vous préciser les
conséquences?
M. Legault
: O.K. Bon,
d'abord, ce qu'il est important de dire, c'est qu'il y a une certaine marge de
manoeuvre quand on entre en zone jaune, orange, rouge. Bon, est-ce que le
problème de cette région-là, c'est surtout dans les bars? Donc, il y a des
considérations, il y a une partie de jugement qui est exercée. Donc, ça,
c'étaient des documents de travail, c'est des possibilités, mais ça ne veut pas
dire qu'automatiquement toutes ces mesures-là sont appliquées. Ça va dépendre de
chaque situation.
M. Bellerose (Patrick) : Mais
étendre le port du masque à d'autres situations, c'est quand même envisagé.
M. Legault
: Bien, à ce
moment-ci, on n'exclut rien, mais ce n'est pas envisagé à court terme.
M. Carabin (François) :
Qu'est-ce que vous envisagez, justement, pour intervenir dans ces
manifestations? Il y en a eu une hier devant le Parlement, vous l'avez
peut-être entendue. Là, il commence à y avoir des manifestations
potentiellement de plus en plus grandes. Qu'est-ce que vous allez...
M. Legault
: Bien, je
le répète, le principal problème, la propagation des cas au Québec, ça se passe
surtout dans les maisons. Donc, oui, il y en a un peu dans les bars, peut-être
qu'il y en a dans les manifestations, mais le principal problème, c'est dans
les maisons. Mais pour ce qui est des bars puis des manifestations, à ce
moment-ci, je n'exclus rien. On ne prévoit rien à court terme, mais on n'exclut
rien, là, dépendamment de l'évolution de la situation. Puis si on a des
confirmations que, dans les manifestations ou dans les bars, ça amène de la
contagion puis ça amène des problèmes...
M. Laforest (Alain) : Mais ça
ne vous dérange pas, M. le premier ministre? Ça ne vous dérange pas, ces
manifestations-là?
M. Legault
: Bien oui,
ça me dérange, absolument, là. D'abord, ça fait du bruit, j'entendais ça hier
soir. Mais, écoutez, on est dans une société de droit, ce n'est pas
nécessairement simple. Est-ce que quelqu'un qui se promène avec un drapeau des
Patriotes ou un drapeau du Québec, est-ce que c'est un antimasque
automatiquement? Est-ce qu'on veut interdire toutes les manifestations? Est-ce
que les personnes qui sont collées... est-ce que c'est des personnes qui
habitent ensemble? Si c'est le cas, ils ont le droit. Donc, ce n'est pas si
simple que ça.
M. Laforest (Alain) : Non,
mais vous avez envoyé le message hier, très clair, aux gens de respecter les
consignes. Vous dites qu'il y a un risque de deuxième vague, qu'on pourrait
arriver avec trois fois plus de cas. Et il y a une augmentation des
manifestations et des gens qui vont manifester. Il y a comme un double message,
là.
M. Legault : Bien, pas
vraiment, là. Il y a aussi toute la question de la possibilité de le faire
légalement, la possibilité aussi de mettre ça en force par les policiers. On se
souvient de ce qui s'était passé avec les manifestations étudiantes à l'époque.
Il y a aussi, parce que ce n'est pas noir ou blanc… est-ce qu'on veut faire des
martyrs, entre guillemets, de ces personnes-là? Donc, il y a des pour, il y a
des contre. Ce n'est pas blanc ou noir.
M. Lavallée (Hugo) :
...projection à jour depuis le mois de juin. Est-ce que ce n'est pas surprenant
que cet exercice-là n'a pas été fait dans le contexte où une deuxième vague
approche?
M. Legault : Bien, comme je
vous dis, je parlais avec les premiers ministres de d'autres provinces, c'est
la même chose partout. C'est que, là, ce qu'on se demande, c'est comment se
fait-il qu'il y ait une augmentation plus grande des cas, mais qu'il n'y a à
peu près pas d'augmentation des hospitalisations et des décès. Bon, évidemment,
une grosse partie de l'explication, c'est probablement parce que beaucoup de
cas sont chez les jeunes. Est-ce qu'il y a d'autres explications? Est-ce que le
virus est moins puissant? Pour l'instant, la Santé publique n'a pas ces
réponses-là.
Donc, moi aussi, là, je demande à la Santé
publique de mettre ça à jour. Mais, pour l'instant, ils n'ont pas assez
d'information pour bien comprendre où on s'en va compte tenu du fait qu'il y a
une grosse augmentation des cas, mais à peu près pas d'augmentation des
hospitalisations puis des décès. C'est la même chose en France. C'est la même
chose dans beaucoup de pays. Aux États-Unis, on voit ça aussi.
M. Bergeron (Patrice) : M.
Bérubé vous soupçonne de vouloir mettre seulement des mesures timides en place
parce que vous voulez rester populaire dans la population.
M. Legault : Bien, c'est faux.
Écoutez, là, moi, ce que je veux, c'est tout faire pour qu'il n'y ait pas de
deuxième vague. Maintenant, il faut être équilibré. Il faut compter sur la
responsabilisation des Québécois. Il faut agir pas juste pour faire un
spectacle, mais pour que ça donne des résultats. Et puis, je le répète, le
problème principal est dans les maisons. Donc, ce n'est pas simple d'aller
intervenir dans les maisons. Je n'ai pas entendu personne, là, me suggérer
concrètement comment on peut, demain matin, intervenir dans toutes les maisons,
comment on peut donner des mandats. Est-ce qu'on demande aux policiers de
rentrer sans mandat dans les maisons? Ce n'est pas simple.
M. Bossé (Olivier) : …la
semaine dernière, M. Legault?
M. Legault : Pardon?
M. Bossé (Olivier) : Pourquoi
le code de couleurs n'a pas été expliqué plus en détail dès la sortie mardi
passé? Là, on voit ça ce matin, un détail sur Twitter, puis ça sort un petit
peu à gauche, à droite.
M. Legault : Je pense que ce
qui a été annoncé la semaine dernière, c'est le document final. Ce que j'ai vu
dans les journaux ce matin, c'est des premières moutures du document qui a été
présenté la semaine dernière.
M. Carabin (François) :
J'aimerais vous entendre rapidement sur les propos du maire de Gatineau, ce
matin, qui parle encore de cette fameuse entente entre le fédéral et le
provincial sur les transferts fédéraux en logement. Ce n'est pas le premier
maire à demander que ça se termine, là, toute cette saga qui dure depuis trois
ans.
Est-ce qu'il n'est pas le temps de peut-être
mettre de l'eau dans votre vin pour avoir une entente le plus rapidement
possible? Vous avez vu la rue Notre-Dame comme moi, là.
M. Legault : Bien, j'étais
content d'entendre Maxime interpeler Justin Trudeau puis le gouvernement
fédéral. Il y a un gros problème. Quand j'ai rencontré Valérie Plante cette
semaine, elle m'a parlé de la même chose. Quand j'ai rencontré le maire de Saint-Hyacinthe,
même chose.
Donc, il y a une dizaine de villes au Québec,
là, où on est rendu autour de 1 % seulement de logements vacants. C'est un
dossier qui traîne depuis plusieurs années. Ce n'est pas parce qu'on fait nos
difficiles. Philippe Couillard, qui n'était peut-être pas le plus exigeant pour
respecter l'autonomie du Québec, n'avait pas accepté les exigences d'Ottawa.
Donc, moi, je pense que c'est un champ de compétence des provinces puis je ne
vois pas pourquoi Justin Trudeau s'obstine à vouloir contrôler puis demander
des redditions de comptes qui sont exagérées.
Le Modérateur
: Les
questions en anglais, maintenant.
M. Authier (Philip)
: How could you plan what we're doing for the pandemic
if your projections are not up to date, you don't have any up-to-date
projections? It seems kind of strange that you'd be able to plan what the
province is doing without such data up to date. Why is that not up to date?
M. Legault :
OK. I think we all have the same problem. I've spoken with Premiers of other
provinces, they have the same problem. What's happening since about a month is
that we see a very large increase in the number of new cases but about no
increase in hospitalizations and deaths.
So is this only because
we have young people infected? What is the real reason? What is the trend that
is forecast for the next months? I'm asking that also to Public Health. I think
that right now they are studying the reasons why we have those changes and I
hope to have those projections as soon as possible.
Mme Senay
(Cathy) : ... to waste some time in order to
intervene where the outbreaks, the source of the growth of cases are, that is
in homes. Do you have the impression that you might lose some time here?
M. Legault : Yes, but I'm open to suggestions. But again, I repeat that the vast
majority of new cases are coming from transmission in houses. So how do we...
You know, we need a mandate, the police need a mandate in each house in order
to force the opening of the door. How do we do that practically? So I really
need the collaboration and
solidarity of all Quebeckers.
Mme Senay
(Cathy) : But you're stuck, in a way,
Mr. Legault.
M. Legault : But we're all stuck, in a way. When you look at the number of new
cases in France, in the United States and the rest of Canada, we're all in this situation. So, there's so much we can do in public places because, right now,
the problem is at home.
Mme Fletcher
(Raquel) : You don't seem very concerned about
the anti-mask protests. Yesterday, you said that's not the main source of the
spreading of the virus. But the opposition parties, this morning, are still
calling on you to do something about them. Are you going to answer that call?
M. Legault : I heard the Parti québécois. Their proposal is not clear. Do they ask that all manifestations
be illegal? People wearing a Québec flag or a patriot flag, are they anti-mask? How do we make sure
that the people that are too close are not staying together in the same house?
If it's the case, they are allowed to do so. So, it's not that easy. I would
like, if the Parti québécois,
if they have a real suggestion, to explain me clearly what do they suggest.
But, of course, I don't like to see those manifestations.
Mme Greig
(Kelly) : This morning, you were accused of
taking a very sombre tone, yesterday, even an alarmist tone, without announcing
any new measures. You did change the colors of some regions, but that doesn't
come with any new measures. How do you respond to that?
M. Legault : Well, I'm telling the Quebeckers: First, the virus is very dangerous. There's a real risk of
deaths, there's a real risk that we need to close schools, companies. So,
please, respect the two meters, and wear a mask, and don't have parties at
home. So, it's not easy, it's very complex to see how we can enforce the
maximum of 10 or the «distanciation» in every house in Québec.
Mme Fletcher
(Raquel) : How soon will we see yellow zones
go to orange zones?
M. Legault : Not yet. Of course, I would like to know if it will be the case, but
at this point, we're still in yellow zones. So, we don't know if and when.
Mme Senay
(Cathy) : And what about Halloween? What do
you say to children now? Like, we're a month and a half away, and some of them
have their costumes ready.
M. Legault : For Halloween, of course, I know it's very important for the
children, I know that. I would like that we have Halloween. It will probably be
with special directives and other ways that we used to have, but it's too soon,
it's still... It's on October 31st. So many weeks to come before the Halloween.
Le Modérateur
:
Ceci met fin à la mêlée de presse. Merci beaucoup.
M. Legault : Merci, tout le
monde. Bonne journée.
(Fin à 10 heures)