(Huit heures vingt-trois minutes)
Mme Massé : Bonjour, tout le
monde. En juin dernier, on était un peu tombés en bas de nos chaises, quand le premier
ministre est arrivé avec son projet de loi n° 61, un projet de loi
brouillon qui donnait, somme toute, carte blanche à la CAQ. La population a rapidement
dit : Wo les moteurs! ça ne se passera pas comme ça, et on a renvoyé le gouvernement
faire ses devoirs. Puis c'est tant mieux. Pourquoi? Bien, parce qu'en juin
et... entre juin et maintenant, pardon, la ministre LeBel a effectivement
amélioré la situation en enlevant l'état d'urgence illimité qui se trouvait
dans le projet de loi n° 61, en fermant la porte à la corruption.
Mais comme le disait M. Legault, cet
été, il va falloir prendre le temps de repenser à tout ça. Mais honnêtement on
est encore loin du compte. Ça m'inquiète. Et ce qui m'inquiète, vous le savez,
c'est la question de la protection de l'environnement. Il n'y a pas grand monde
qui fait confiance à la Coalition avenir Québec pour protéger l'environnement. D'ailleurs,
ça fait deux ans qu'on entend des mots, mais on ne voit pas les gestes. On
n'est plus dans les années 70. Les Québécois ne vont pas accepter qu'on
mette nos milieux naturels en danger pour construire une autoroute de plus pour
que ça aille plus vite encore.
Entre le projet de loi n° 61 et le projet
de loi n° 66, la nouvelle mouture, la ministre LeBel devait faire la
démonstration que, cette fois-ci, la CAQ avait compris le message. Cette
démonstration n'a pas encore été faite. Et tant qu'elle ne sera pas faite,
bien, on ne sera pas d'accord avec le projet de loi n° 66. Les gens nous
ont élus pour qu'on monte la garde, les gens nous ont élus parce que Québec
solidaire n'oppose pas environnement et économie, et on va poser des questions,
faire en sorte que ce projet de loi là ne nuise pas à l'environnement, et on va
aller chercher les garanties nécessaires.
Je veux finir, concernant ce projet de loi
là, en vous parlant de consultation. Encore une fois, le gouvernement a malgré
tout, malgré nos efforts du mois de juin, écrit le projet de loi derrière des
portes closes. Il n'a pas consulté du tout les partis d'opposition pour savoir,
par exemple, quels projets devraient être prioritaires. Mais, plus encore, ils
ont refusé de rencontrer les Premières Nations, qui pourtant avaient été aussi
audibles sur la nécessité d'être consultées lorsque des projets de loi comme
celui-là, des projets de loi qui les touchent, qui touchent leurs droits
ancestraux... la nécessité que le gouvernement les consulte. Alors, les leaders
autochtones ont raison de trouver que ça n'a pas d'allure. Et je pense que le gouvernement
a une possibilité de corriger le tir en faisant en sorte que tous les chefs des
Premières Nations qui souhaitent être entendus en commission parlementaire le
soient. C'est une façon de corriger le tir.
Puis je répète, là, on n'est plus dans les
années 70, il faut travailler avec les autochtones, il faut travailler le
plus possible avec les gens touchés par les situations. Et, je vous dirais, il
faut protéger ce qui nous reste de sain dans l'environnement. Alors, ce ne sont
pas des obstacles. Je vous le dis, la relance économique va s'en trouver mieux
si on la fait main dans la main avec les Premières Nations et, bien sûr, si on
protège notre environnement.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que le discours du trône d'hier et l'adresse à la nation du premier ministre
renforcent votre conviction que le Québec doit être indépendant?
Mme Massé : Définitivement. Je
ne comprends pas que M. Legault, qui est nationaliste, a abandonné cette
idée que d'aller faire des salamalecs à Ottawa, ça va nous apporter quelque
chose. La vraie réponse, c'est l'indépendance du Québec si on veut, en fait,
que cet État-là du Canada arrête de venir jouer dans nos compétences.
M. Lavallée (Hugo) : Concernant
l'entrevue que Mme Blais a accordée à l'émission Enquête<V, elle
explique qu'elle a manifesté de l'intérêt pour qu'il y ait un comité
spécifiquement sur les CHSLD qui soit mis en place dès le début de la pandémie.
Elle dit entre autres qu'elle ne comprend pas pourquoi on a tardé à empêcher
les préposés qui avaient été à l'étranger de réintégrer leurs fonctions, malgré
que d'autres provinces l'aient fait plus rapidement. Comment vous interprétez
ces déclarations-là? Est-ce qu'elle essaie de se disculper ou est-ce que la
responsabilité venait plutôt du Dr Arruda ou du premier ministre?
Mme Massé : Bien, écoutez, ce
gouvernement-là est heureux de prendre les bons coups, quand il est content
d'avoir fait... il est heureux d'être content d'avoir fait des bons coups. Je
pense qu'il doit aussi assumer pleinement lorsque les choses ne vont pas bien.
Je vais attendre de voir l'émission Enquête dans son ensemble. On a bien
hâte de voir ça.
M. Laforest (Alain) :
Puis le rapport Herron, vous en pensez quoi, hier, Herron, Sainte-Dorothée?
Mme Massé : Bien, le
rapport... en fait, c'est la première pièce d'enquête qui tombe, si je peux
dire. Et ce qu'on découvre, malheureusement, c'est quelque chose qu'à Québec
solidaire on vous répète depuis qu'on est ici, au Parlement, c'est que le
système de santé, ce n'est pas une dépense comme une autre, nos services
publics ne sont pas une dépense comme une autre. Et, lorsqu'on voit qu'en santé
on laisse entre les mains d'entreprises privées, dont l'objectif est de faire
du profit, la santé de nos personnes les plus vulnérables, bien, pour nous à
Québec solidaire, ça ne marche pas, ça.
M. Laforest (Alain) :
Qui est imputable de ça, là?
Mme Massé : Excusez-moi,
je ne vous entends...
M. Laforest (Alain) :
Qui est imputable de ça?
Mme Massé : C'est les
gouvernements successifs et particulièrement les 15 dernières années
d'austérité répétée, budgets répétés année après année, coupures dans le milieu
de la santé, centralisation, avec la réforme du Dr Barrette. Oui, il y a
des impacts. Mais la CAQ ne peut pas s'en défaire de même, là. Elle est au
pouvoir depuis deux ans. Elle est arrivée, il y avait de l'argent dans les
coffres. Puis elle continue de penser que le privé, c'est bon en santé, puis
elle continue de penser que de ne pas investir pour améliorer les conditions de
travail des travailleuses, à la base, qui tiennent notre système de santé,
c'est une façon de diriger nos services publics. Je ne le partage pas.
M. Lacroix (Louis) :
Mme Blais écorche au passage le directeur national de la santé publique,
là, M. Arruda, en disant que lui a pris beaucoup de décisions qui ont eu
un impact, là. Alors, qu'est-ce que vous pensez de ça? Est-ce que
M. Arruda est toujours la bonne personne au bon endroit? Est-ce qu'il
devrait y avoir un questionnement sur le travail qu'a fait la Santé publique?
Qu'est-ce que vous pensez?
Mme Massé : Écoutez, on
va regarder les rapports, on va tout regarder ça. Je pense que la Santé
publique, c'est, bien sûr, M. Arruda, mais c'est l'ensemble d'une équipe. Il y
a des directeurs de santé publique dans chacune des régions au Québec. Ceci
étant dit, qui prend les décisions? C'est le gouvernement. Alors donc, je pense
que c'est par là qu'il faut regarder.
M. Larin (Vincent) : Qu'est-ce
que vous pensez, Mme Massé, du... à l'Institut de cardiologie? On apprenait ce
matin que si quelqu'un avait une éthique un peu douteuse qui...
Mme Massé : Bien, vous savez,
quand qu'on a demandé que la commission se penche... pardon, qu'on ait une commission
ici, au Parlement, qui se penche sur la question des données de la RAMQ, et
comment le gouvernement du Québec veut utiliser ça, et comment Gaétan Barrette
a créé ces instances-là, ce qu'on voulait, c'était de faire la lumière sur ces
choses-là. La CAQ a dit non. Vous savez, en pleine pandémie comme présentement,
là, quand il n'y a pas de transparence... et c'est exactement ce qui se passe
dans le refus de la CAQ d'aller vers une commission sur les données de la RAMQ,
la vente des données de la RAMQ à des entreprises privées, donc, quand il n'y a
pas de transparence, bien, ce que ça fait, ça suscite de la méfiance. Et là, en
temps de pandémie, ce n'est pas de ça qu'on a besoin.
M. Bergeron (Patrice) : Mme
Massé, sur GNL Québec, un projet que vous connaissez bien, vous savez que le
BAPE a lieu, actuellement. Le premier ministre avait toujours dit que ça
prenait non seulement, donc, l'autorisation environnementale, mais aussi
l'acceptabilité sociale. Et hier la ministre responsable des Régions, vous
l'avez vu, s'est levée en Chambre et puis a dit : Bien, tout le monde est
d'avis que ce projet de loi est bon pour l'économie des régions. Donc, l'acceptabilité
sociale, pour elle, c'est réglé. Comment vous vous situez par rapport, justement,
à la lecture qu'elle fait du terrain?
Mme Massé : Bien, écoutez, si
d'entendre les maires, les préfets, quelques acteurs sociaux, pour elle, ça
fait que tout le monde est d'accord, je pense que ce n'est pas ça qu'on entend
depuis quelques années et ce n'est pas ça qu'on commence à entendre au BAPE non
plus.
Puis il y a un enjeu qui me fascine. Je
vous rappelle qu'au printemps dernier j'avais fait un petit exercice, que
j'avais appelé Lobbyiste ou ministre?, je vous invite à retourner voir
ça, où, dans le fond, je lisais des citations puis je vous mettais au défi de
deviner si c'était un ou une ministre qui avait dit ça ou un ou une lobbyiste.
Et vous allez voir que — je pense que j'avais huit extraits — on
se rend compte que, dans le fond, les discours de nos ministres sont les
discours de lobbyistes.
Alors, ça me pose des sérieuses questions,
d'autant plus que ce gouvernement-là n'a pas voulu, un, qu'on traite le projet
dans son ensemble, c'est-à-dire, oui, l'usine de liquéfaction, mais aussi le
gazoduc, hein, parce que pas de gazoduc, pas d'usine, puis pas d'usine, pas de
gazoduc. Ça fait qu'on ne comprend pas, sinon qu'encore là il voulait mettre de
côté des possibilités que les citoyens et citoyennes voient réellement les
impacts d'un projet comme GNL Québec.
La Modératrice
: Une
dernière en français.
M. Lavallée (Hugo) : On
apprend ce matin, donc, que le ministère de la Santé envisage de demander à des
travailleurs sociaux, des psychothérapeutes de faire de la vaccination, là, cet
automne pour l'influenza, pour aussi un éventuel vaccin contre la COVID, des
gens qui n'ont aucune expérience à faire de la vaccination. Est-ce que c'est
une bonne idée?
Mme Massé : Bien, écoutez,
moi, je ne suis pas médecin. Je sais qu'il y a aussi les pharmaciens qui se
posent la question s'ils ne pourraient pas jouer un rôle. Ce que je sais, c'est
que notre système de santé a été mis à mal par le passé, et ça a comme impact qu'aujourd'hui
on est obligé de trouver des solutions un peu abracadabrantes, des fois, pour
répondre aux besoins de la population. Voilà.
La Modératrice
: On va
passer en anglais.
Mme Senay (Cathy) : Ms.
Massé, the Opposition parties... Yes...
Mme Massé :Thank you. I'm
sorry.
Mme Senay
(Cathy) : It's just for you...
Mme Massé :Thank you.
Mme Senay
(Cathy) : The Opposition parties are
criticizing Prime Minister Justin Trudeau for what he said yesterday, covering
topics that are in the competencies of the provinces. But, let's be serious. We
look at the situation in Québec,
with the second wave. Are we in a position to refuse the help of the federal?
Mme Massé : I don't know exactly what the help of the federal you mean, because
when he said that he will table some rules, you know what, we don't need rules,
we need money to do what we have to do. And, if I'm right, he didn't respond to
this demand. So, that's why, of course, at Québec
solidaire, we don't want the federal
Government to get his finger in our responsibilities.
But you know what? The money that we put... that Quebeckers put with their incomes, in Canadian budget, of course, we want it
back to be able to do what we need to do.
Mme Senay
(Cathy) : And the appeal of Justin Trudeau to
download the COVID Alert application? He said we should download the application, Canadians have to help the Canadian Government to help themselves.
So, do you have the impression that we should think twice, at the National Assembly, before rejecting this application?
Mme Massé : You mean the cell phone application? I'll try an answer, and, if it's not… let's say that Sol Zanetti will answer to you. But this application, the real
problem to this application, first of all, it's not… we don't have the
demonstration that it works. And places like Australia choose to… — it
is Australia, yes — choose to have one and get a step back because
they… it's a false feeling that you are protected with this application. Why?
Another reason, it's because it brings too much people at… to go and get
testing. We have to test people, but we have to test the good people. So, if my
answer is not understandable…
Mme Senay
(Cathy) : ...Marguerite Blais. Is it sad to
read that she's accusing Premier Legault, Arruda, that she's not taking her own
responsibilities?
Mme Massé : I
mean, you know what, I think that Mme Blais… And I will see tonight the «reportage»,
but the decision that made the «gouvernement», they have to be responsible, everyone
of them has to be responsible. But it's funny that Mr. Legault seems to not
recognize his part of responsibility, and that's bad. But, at the same time,
Mme Blais has to recognize hers too, her own responsibilities.
Mme Fletcher
(Raquel) : The Government released its
projections…
Mme Massé :
I'm sorry, I don't understand you. I'm very sorry. Thank you…
Mme Fletcher
(Raquel) : The Government released the
projections and its modelling yesterday, its anticipated number of
hospitalizations. What is your reaction to that? It looks like the risk of
being hospitalized is lower, but there are more young people being infected.
What do you take away from those projections that they presented?
Mme Massé :
I'm sorry, I didn't understand. It's because of the mask.
And, as you know, I'm a little bit deaf.
Mme Fletcher
(Raquel) :OK. The Government
released its projections, its modelling, yesterday, the number of
hospitalizations, the number of people infected. I'm just wondering what your
reaction is to that, to those statistics. It looks like there are fewer
hospitalizations, but, at the same time, there are more young people being
infected. What do you make of those numbers?
Mme Massé : I mean, the most important, it's to have the information and, after that, Québec solidaire will follow the Santé
publique. It's our position since the beginning and it will still.
La Modératrice
:
Merci beaucoup.
Mme Massé : Thank you.
(Fin à 8 h 40)