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Point de presse de Mme Dominique Anglade, cheffe de l’opposition officielle

Version finale

Le mardi 29 septembre 2020, 11 h 20

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures vingt-six minutes)

Mme Anglade : Alors, bonjour à tous. Je suis accompagnée aujourd'hui de Marwah Rizqy et de Marie Montpetit.

D'abord, vous allez me permettre de présenter mes condoléances à la jeune dame décédée en Mauricie aujourd'hui, la jeune autochtone. J'ai pris évidemment connaissance de la situation, des propos qui ont été tenus. Je suis satisfaite de savoir que le coroner va faire une enquête à ce sujet-là. Je ne peux que condamner les propos que j'ai entendus, et de manière non équivoque, les condamner... J'ai trouvé ça particulièrement choquant de voir et d'entendre ce genre de propos là tenu auprès d'une personne qui a fini par décéder.

Hier, le premier ministre a fait une mise à jour de la situation. Nous sommes donc maintenant, au Québec, sans zone verte et avec trois zones qui sont passées au rouge. Nous avons offert toute notre collaboration pour s'assurer que les mesures sanitaires étaient respectées et que les Québécois allaient être mobilisés devant les mesures sanitaires qui étaient mises de l'avant.

J'aimerais dire qu'une des raisons pour laquelle on se retrouve aussi dans cette situation, c'est parce que les messages n'ont pas été très cohérents dans les dernières semaines. Ce qu'on a pu voir, c'est beaucoup de confusion dans les messages qui avaient été lancés dans les deux dernières semaines, beaucoup de déclarations avec des rétractations, et on continue sur cette envolée-là. Je pense que ce qui va être extrêmement important de la part du gouvernement, c'est de clarifier la situation.

Aujourd'hui, on apprend... Hier, quand j'écoutais le premier ministre, j'avais cru comprendre que la décision de fermer les bars et les restaurants était une décision de la Santé publique. On comprend aujourd'hui que ce n'est pas nécessairement une décision de la Santé publique, mais une décision du politique. Ça fait plusieurs fois que l'on demande d'avoir accès à de l'information directement de la Santé publique. Et aujourd'hui je pense que, pour assurer plus de cohérence, pour assurer plus de cohésion, on a clairement besoin d'avoir une séparation entre les propos tenus par la Santé publique et les propos tenus par le politique, qu'il y ait une séparation entre les deux.

La Santé publique peut émettre ses avis. Tout le monde peut y avoir accès. Les parlementaires devraient pouvoir y avoir accès. Et le politique a la responsabilité de prendre ces informations-là et d'expliquer les raisons pour lesquelles il décide d'aller dans une direction ou dans une autre. Je pense que c'est vraiment essentiel. Alors, cette séparation des deux, de santé publique et du politique, va être, à notre avis, essentielle pour la suite des choses.

Maintenant, pour tout ce qui est en lien avec les autres problématiques, en matière de dépistage, en matière de ce qui se passe dans les écoles, etc., je vais pouvoir prendre vos questions. Voilà.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce qu'à votre avis la fermeture des bars et des restaurants est justifiée à ce moment-ci?

Mme Anglade : J'aimerais pouvoir répondre à votre question basé sur des faits de la Santé publique. Je croyais comprendre que la Santé publique, c'était une recommandation qu'elle formulait. Or, apparemment, ce n'est pas une recommandation de la Santé publique. Ce n'est pas la première fois, M. Lacroix, que l'on voit cette situation se produire. On l'a vu pas plus tard que la semaine dernière avec le sport à l'école, où la Santé publique a pris une décision, mais ce n'était pas la décision du politique.

Je pense que, pour assurer une cohérence dans les propos qui sont tenus, on a besoin de séparer les propos de la Santé publique et les propos du politique. Il devrait y avoir à ce moment-là des points de presse différents où la Santé publique présente ses perspectives, ses opinions, ses faits, et que le politique explique à la population la raison pour laquelle il choisit de nous amener dans une direction.

M. Lacroix (Louis) : …poser ma question autrement. Comme vous dites qu'il n'y a pas de décision qui appuie ça, de la Santé publique, à ce moment-là, est-ce que le côté politique est justifié d'appliquer, j'allais dire, une restriction, pour ne pas dire une sanction, là, à l'égard des bars et des restaurants sans avis de la Santé publique?

Mme Anglade : Bien, c'est à eux d'expliquer à ce moment-là pourquoi ils ne suivent pas l'avis de la Santé publique. On a passé la semaine dernière à nous dire que les éclosions venaient dans les rassemblements chez les gens, qu'il fallait même penser à envoyer la police chez les gens. On a passé combien d'heures à débattre de ces questions-là, alors que, finalement, aujourd'hui, on nous dit : On ferme les salles de cinéma, on ferme les salles de spectacles, on ferme les restaurants? On a besoin de cohérence. Ce qu'on a vu dans les dernières semaines, c'est justement ce manque de cohérence là dans les messages, et la population a de la difficulté à suivre. Pour clarifier cette situation, on a besoin de séparer les deux. Je pense que c'est la chose la plus raisonnable à faire. Aujourd'hui, nous sommes... Il n'y a pas une zone au Québec qui soit en zone verte. Je pense que la chose à faire, c'est de séparer les deux.

 M. Robitaille (Antoine) : La décision de la Santé publique, dites-vous qu'elle devrait être exécutive, un peu comme en Colombie-Britannique où c'est plus direct, ça ne transite pas par le...

Mme Anglade : Bien, pas nécessairement parce qu'il peut y avoir d'autres explications qui seraient fournies à ce moment-là par le politique. Mais la population serait tenue au courant. La semaine dernière, lorsque M. Dubé a parlé d'avoir un briefing technique, j'ai demandé à ce que les partis d'opposition puissent être parties prenantes. On nous l'a refusé. Je pense qu'il est plus que temps maintenant que la Santé publique émette ces avis, donne une perspective très claire de ce qui se passe, et que le politique, s'il décide de ne pas suivre les recommandations de la Santé publique, explique à la population pourquoi on est dans cette situation-là et pourquoi il décide de ne pas aller de l'avant.

M. Bergeron (Patrice) : Si je vous comprends bien, vous êtes en train de dire : Comme le gouvernement a mal communiqué son message, voici pourquoi les zones vertes, jaunes, on est passés au rouge. Donc, c'est l'échec du message du gouvernement, c'est l'échec du gouvernement, qui n'est plus capable de passer son message?

Mme Anglade : Je pense que la cohésion est drôlement liée avec la cohérence. Au départ, lorsqu'on est tous alignés, qu'on comprend pourquoi les décisions sont prises, c'est beaucoup plus facile de les faire respecter. À terme, si on n'est pas capables d'envoyer un message clair et que les gens ne comprennent pas pourquoi on prend les décisions, ils ont de la misère à adhérer. C'est normal. Ce n'est pas la seule raison. Et je ne veux surtout pas cautionner les récalcitrants qui décident de ne pas suivre les règles parce qu'au contraire on a une obligation à encourager la population à suivre ces règles-là.

Mais ce que je dis, c'est qu'à partir d'aujourd'hui, à partir du moment où on n'est plus en zone verte, à partir du moment où on se rend compte qu'il n'y a pas véritablement de plan... M. Legault avait dit, le 25 août : On a un plan, on est prêts. À partir du moment où on constate qu'on est déjà la pire province, à travers le pays, en deuxième vague, je pense qu'il est temps de changer la manière de faire les choses, et une de ces manières-là, c'est de séparer les décisions de la Santé publique avec le politique.

M. Carabin (François) : ...parce que, bon, le Dr Arruda, il est sous-ministre adjoint en théorie, qu'est-ce que ça voudrait dire? Est-ce qu'on le détacherait complètement du ministère de la Santé?

Mme Anglade : Ce que ça veut dire, c'est que les points de presse ne devraient pas être conjoints. Ce que ça veut dire, c'est qu'il devrait y avoir une perspective donnée par la Santé publique et une perspective donnée par le politique pour clarifier les choses.

M. Carabin (François) : Est-ce que ça ne rendrait pas la communication plus difficile?

Mme Anglade : Honnêtement, au moment où on se trouve, présentement, là, avec la situation, là, je ne suis pas sûre qu'on puisse aller... que ça puisse être beaucoup, beaucoup plus confus présentement.

Mme Richer (Jocelyne) : Mme Anglade, vous avez beaucoup reproché au gouvernement de ne pas avoir anticipé les problèmes, de ne pas avoir anticipé… d'avoir mal préparé les... À la lumière de la situation aujourd'hui, quel est votre constat?

Mme Anglade : Je maintiendrais le même constat. Je maintiendrais le même constat, Mme Richer, parce que, pendant l'été, on a parcouru les différentes régions du Québec… Le premier ministre a parcouru les différentes régions du Québec en disant qu'il fallait aller de l'avant avec le projet de loi n° 61. On n'a pas pensé à dire : Bon, il va y avoir une deuxième vague, il faut se préparer, il va falloir rester vigilant. Ce n'est pas le message qui a été lancé par le gouvernement. On est rentrés en Chambre, le projet de loi n° 61 a été balayé de l'assiette, et donc il y a un nouveau projet de loi.

Donc, je pense que... Je n'ai pas l'impression qu'on ait suffisamment anticipé la situation. Et, à partir de maintenant, on a tous une responsabilité de collaborer. Mais, pour collaborer, il faut qu'il y ait de la transparence, puis, pour qu'il y ait de la transparence, il faut qu'on ait les informations et il faut qu'on comprenne comment les décisions sont prises. Aujourd'hui, on a de la difficulté à comprendre la manière dont les décisions sont prises.

M. Bossé (Olivier) : Mme Anglade, d'après vous, est-ce que les citoyens écoutent moins parce qu'ils ne comprennent pas?

Mme Anglade : Je pense que les citoyens, ce n'est pas qu'ils écoutent moins, c'est qu'à partir du moment où ils entendent un message contraire… À un moment donné, une fois que tu as entendu trois messages différents, tu te dis : Bon, bien, finalement, ça me donne quoi d'écouter? Alors, ça... encore une fois, cohérence va avec cohésion. Si le message est clair, les citoyens le comprennent mieux, et on a besoin d'avoir plus de cohérence.

M. Lavallée (Hugo) : Mais, sur le fond, vous êtes d'accord pour resserrer le...

Mme Anglade : Sur le fond, je suis d'accord qu'il faut resserrer… Et je l'ai dit dès le départ, la situation exige qu'il y ait des mesures qui soient prises. On regarde les cas monter. Depuis deux semaines qu'on est dans une deuxième vague, on regarde les cas monter. Je pense qu'il faut qu'il y ait des mesures qui soient prises. Mais, à partir d'aujourd'hui, je pense également qu'on a un devoir de clarifier la manière dont les décisions sont prises.

M. Carabin (François) : Mme Anglade, sur la mort de Joyce Echaquan… est-ce que les propos tenus par cette infirmière font état de racisme systémique dans le réseau de la santé?

Mme Anglade : Je ne pourrais pas qualifier ça de cette manière-là parce que c'est des propos qui sont tellement inacceptables, insoutenables, en fait, comme propos, je ne serais même pas à dire que c'est directement relié à ça. Mais il clair, par contre, que le rapport Viens est sorti il y a maintenant un an, et qu'on attend toujours un suivi par rapport à ce rapport-là, et je m'attends à ce que le gouvernement arrive avec une présentation de ce qu'il va faire pour la suite des choses.

M. Bergeron (Patrice) : Une fois qu'on a identifié les responsables des propos qui ont été proférés, est-ce qu'il ne serait pas essentiel de les suspendre, de les déloger, là, de certaines fonctions administratives, qu'ils ne soient pas... qu'ils ne s'occupent pas des gens?

Mme Anglade : …auprès des personnes, ça pourrait... la situation pourrait le justifier. Mais, encore une fois, il va y avoir une enquête du coroner, puis on va laisser les gens faire leur travail. Mais je pense qu'il faut absolument condamner ces propos de manière non équivoque.

M. Larin (Vincent) : Pourquoi est-ce qu'on ne veut pas associer ça à du racisme systémique?

Mme Anglade : Bien, parce qu'on n'a pas toutes les informations, hein? Je veux dire, moi, ce que je constate, il y a des propos qui ont été tenus… totalement inacceptable, totalement déplorable comme situation. Et donc, pour moi, évidemment, il y a une question de racisme qui est soulevée par rapport à ça. Mais, si on veut parler du racisme systémique, ça, c'est une autre porte que vous ouvrez. Alors, à ce moment-là, on va en parler plus en détail.

M. Larin (Vincent) : Ce n'est pas justement la preuve, là, la concrétisation du racisme systémique?

Mme Anglade : Bien, il est clair que les propos qui ont été tenus sont des propos qui sont racistes, je veux dire, ça, oui. Et, de manière plus large, est-ce qu'il existe un enjeu de discrimination systémique, au Québec, puis de racisme systémique? Moi, j'ai déjà répondu, je ne sais pas combien de fois, absolument. Puis c'est la raison pour laquelle on a d'ailleurs dit que le gouvernement devait agir là-dessus. Et cette situation-là, quand on dit qu'elle est systémique, elle peut se retrouver à n'importe quel échelon de la société. Pour un cas très précis, qui vient de se produire, pour lequel on n'a pas toutes les informations, j'aimerais ça pouvoir avoir l'analyse. Mais est-ce que ça existe? Absolument. Je veux juste être claire là-dessus.

La Modératrice : Merci. On va passer aux questions en anglais.

Mme Greig (Kelly) : Just to pick up on the questions in French, why, in your opinion, is this not an example of systemic racism?

Mme Anglade : No, I didn't say it wasn't. What I said is I don't have all the detailed information associated with that. Does systemic racism exist in Québec? The answer is yes. Does systemic discrimination exist? The answer is yes. And that's why I believe there should be actions taken. Whether it's in health care, education, police, whatever the sector, it needs to be taken into account. In this particular example, I just want to make sure that we have all the support to say, yes, exactly that.

Mme Greig (Kelly) : Do you think an investigation is going to change anything at this point? Is that enough? Is an investigation enough?

Mme Anglade : I think an «investigation du coroner» is a way to answer the questioning, get into the details of what happened, and what was really said, what was captured, in what context. Was that done systematically? Was that done with other patients? Are people going to come out and say, like, they've heard this over and over again? I mean, all those questions that could be answered by an investigation…

Mme Fletcher (Raquel) : Someone has died. Should someone be held criminally responsible?

Mme Anglade : That's why there is going to be an investigation, to find out, and I think we need to let the investigation do its work, absolutely.

Mme Fletcher (Raquel) : On the measures for the red zone that were announced yesterday, do you think that it makes sense to close restaurants, bars, the other things that…

Mme Anglade : So, yesterday, I was under the assumption that the decision was being made by the Santé publique, by Public Health. I thought it was a recommendation by Public Health. We find out today that it's not the case, as it was not the case, the decision that was taken around education and sports last week. And it's not the first time. Last week, we also had Dr. Arruda make clearly political comments about what should be done in terms of people getting together in private houses. So I think we're getting a mixed message, and the primary reason why we're getting those mixed messages, because we don't understand what is the recommendation of Public Health and what is the political decision associated with that. We need to listen to this. We need to have those two informations separated.

Mme Greig (Kelly) : So is there a possible conflict of interests here? You mentioned Dr. Arruda was making political comments. Can you see that as a conflict?

Mme Anglade : Well, there might definitely be a conflict in the sense that we need to have the facts, and there needs to be political decisions made, and those are two separate things.

Mme Fletcher (Raquel) : I also heard Mr. Legault say : We need to do this so that we can keep our schools open, that's really important to keep our schools open, to keep our kids going to schools. There are obviously a number of parents who don't agree with that. Do you think that that also is a political statement, that he wants to be able to keep schools open, and that's a decision…

Mme Anglade : Well, it could very well be. The issue that we have today is… It's hard for us to answer because we don't have the transparency as to what is the recommendation of Public Health. If Public Health says that we should be closing schools, I mean, and then the Government decides not to, then they will have to justify and explain why. And I think that's why we need to separate those two things.

M. Authier (Philip) : On the measures themselves, do you think they are the correct ones? For example, closing libraries, but leaving the bookstores open, I mean…

Mme Anglade : So you're talking about the consistency of the measures, and what we've been seeing in the last two weeks is inconsistencies around the measures. This is yet another example that we see. And I would honestly like to be able to answer this question. The problem right now is the people… Quebeckers are questioning those decisions because they don't fully understand. They don't see the consistency. And I don't blame them because it's been proven over and over again, in the past weeks, that there is a contradiction. Sometimes we say something and then we hear something else the next day. So that's why there is a lot of confusion. And, in order to avoid that, let's separate Public Health and the political decisions.

Mme Greig (Kelly) : …kinds of examples of people who've been asking… people are saying : Well, if I'm selling my house, can I have an open house when people come in? You know, there's all these kinds of questions. But is it too big of a task to ask the Government to say in detail every single thing that is not allowed, because there is confusion about all...

Mme Anglade : Given the situation, I don't think it's too big of a task. Given a situation like this, we should have people being able to answer all those questions on a regular basis. So, if we're not able to do this today, I would strongly recommend to find a way to provide this level of detail. We need that.

La Modératrice : Merci beaucoup.

Mme Anglade : Thank you. Merci.

(Fin à 11 h 42)

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