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Point de presse de M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de transports

Version finale

Le mercredi 7 octobre 2020, 11 h 20

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures vingt et une minutes)

M. Arseneau : Bonjour. Aujourd'hui, j'ai posé une question à la ministre de la Sécurité publique pour lui demander essentiellement d'entamer des pourparlers avec le Nouveau-Brunswick pour s'assurer qu'on puisse avoir une voie de passage sécuritaire entre le Québec continental et les Îles-de-la-Madeleine.

On dénombre quatre accidents graves qui sont survenus depuis l'été, les deux derniers durant les deux dernières semaines. Et, en fin de semaine dernière, encore une fois, il y a un jeune couple qui a été victime d'un accident. Et c'est aussi le traitement qu'ils ont reçu de la part des autorités du Nouveau-Brunswick qui est absolument révoltant. Parce que, là, on les oblige à conduire de nuit.

Donc, ils sont partis de Terrebonne à 18 h 30, ils ont passé la frontière du Nouveau-Brunswick vers 11 h 30, puis, vers 4 heures du matin, malheureusement, ils ont frappé un orignal, ils l'ont évité tout juste, là, ils l'ont attrapé de côté, ce qui fait qu'ils n'ont pas été blessés sérieusement, la voiture étant une perte totale. On fait appel à la GRC qui leur dit : Bon, on prend tout ça en note et on fait sortir l'orignal de la voie, mais, en ce qui vous concerne, vous devez prendre un taxi et vous rendre en ville. La ville de Moncton est à 95 kilomètres de l'endroit, Fredericton est encore plus loin, aucun taxi ne veut se déplacer. On appelle la dépanneuse de CAA, et la GRC dit : Malheureusement, il faut que vous vous débrouilliez tout seuls, code COVID, nous ne pouvons pas vous prendre et vous ramener en ville.

Or, le traversier qu'ils doivent prendre, c'est la même journée, c'est le samedi. À midi, ils doivent être à Souris, à l'Île-du-Prince-Édouard, sinon, le traversier suivant est le mardi. Donc, on va devoir passer deux, trois jours au Nouveau-Brunswick, terre hostile, où on leur dit : Vous n'avez pas le droit de vous reposer, vous n'avez pas le droit d'aller dans les hôtels et vous n'avez même pas le droit d'embarquer dans la voiture d'un policier. Alors, ils en viennent à la conclusion, lorsque la dépanneuse arrive, de négocier avec le conducteur, qui n'a pas plus le droit que la GRC de leur offrir le transport vers la ville, et ils lui offrent un montant d'argent, essentiellement, ils le soudoient et, masques au visage, ils se font reconduire à Moncton pour louer une voiture à 8 h 30 et atteindre finalement le traversier.

C'est les conditions dans lesquelles les gens, maintenant, doivent traverser le Nouveau-Brunswick, alors qu'on a négocié au mois de juin, là, une voie de passage, un corridor de passage. À l'époque, on disait : Bien, allez à Pointe-à-la-Croix, vous pourrez dormir la nuit et ensuite vous pourrez essentiellement conduire de jour, parce qu'en se levant à 5 h 30 le soleil se lève, et puis c'est possible de se rendre au traversier à temps. Les conditions ont changé. À l'heure actuelle, si on regarde les heures d'ensoleillement, avec l'automne qui est arrivé, là, on est passé de 15 h 40 min d'ensoleillement, au Nouveau-Brunswick, à bientôt 8 h 30 min, environ, ce qui fait que l'essentiel de la conduite est de nuit. Les témoignages sont nombreux de gens qui ont évité le pire.

Moi, ce que je veux, c'est que le gouvernement, tout simplement, fasse une proposition au Nouveau-Brunswick pour déterminer des endroits où on peut loger, où on peut s'arrêter une seule nuit en toute sécurité, sans mettre à risque la santé des gens du Nouveau-Brunswick, mais surtout assurer la sécurité des voyageurs.

Et les voyageurs, ils doivent se déplacer... en fait, ce sont les Madelinots, c'est la population locale qui doit se déplacer pour des raisons de travail, pour des raisons de santé, pour les études. On n'est pas en confinement, et il y a toujours un petit volume de transport, au moins trois fois par semaine, avec le traversier. Il faut s'assurer que les conditions soient sécuritaires pour ces gens-là, et c'est au gouvernement du Québec de défendre la population des Îles-de-la-Madeleine et du Québec pour s'assurer qu'on puisse avoir un minimum de sécurité sur les routes.

Moi, je n'en reviens pas encore de penser qu'on a des campagnes de la SAAQ qui disent : La fatigue tue sur les routes, il faut se reposer, que le Nouveau-Brunswick dit que conduire fatigué, c'est essentiellement conduire avec les facultés affaiblies et qu'on oblige la population locale à conduire dans des conditions invivables comme celles-là, insoutenables. C'est insoutenable, c'est irresponsable.

Et moi, la plus grande crainte que j'ai, je vais terminer là-dessus, c'est que le prochain coup de téléphone, bien, ce soit un appel de la Sûreté du Québec pour nous annoncer que le pire est arrivé, qu'un accident mortel s'est produit. Et ça, je regrette, là, mais la responsabilité du gouvernement du Québec sera évidente si le pire survient au cours des prochaines semaines. Il faut agir rapidement.

Le Modérateur : ...questions.

M. Lacroix (Louis) : ...ça, vous, les 28 jours, le défi de 28 jours de M. Dubé?

M. Arseneau : Je pense que les chances qu'on puisse arriver à casser la vague en 28 jours sont extrêmement minces. C'est ce qu'on a pensé dès le début, dès l'annonce. C'est ce que certains experts semblent aussi dire de plus en plus. Et même le gouvernement n'écarte pas cette possibilité-là. Alors, qu'on soit dans une période de reconfinement graduel jusqu'aux fêtes, c'est tout à fait plausible.

M. Lacroix (Louis) : Donc, vous vous attendez à ça, vous?

M. Arseneau : Oui, on s'attend à ça, tout à fait, pour toutes sortes de raisons. Je pense qu'il est extrêmement optimiste de la part du gouvernement de penser qu'on puisse arriver et revenir à une situation où l'essentiel de la deuxième vague est derrière nous à l'Halloween. Ça me semble extrêmement difficile à croire.

M. Lacroix (Louis) : M. Fitzgibbon a dit tout à l'heure que, son optique à lui, le 4 milliards qui avait été mis de côté par Eric Girard comme fonds de prévoyance pour la deuxième vague allait être complètement dépassé. C'est signe que ça va durer plus longtemps que 28 jours?

M. Arseneau : Bien oui. Je pense que le gouvernement a encore une fois failli à sa tâche d'être transparent avec les Québécois. On y va avec des annonces au compte-goutte, on essaie de préparer, là, les gens psychologiquement à une annonce qui sera à chaque fois plus contraignante. Encore une fois, moi, je pense qu'il faut faire confiance aux gens, il faut être honnête, il faut leur dire la situation telle qu'elle est. Puis effectivement, si on s'attend à ce que ça dure deux mois, trois mois, bien, je pense qu'il faut le dire, puis on va s'y habituer, on va s'y conformer, on va prendre les bons moyens. Mais il faut mettre la population dans le coup. On le dit depuis des semaines, si on veut favoriser l'adhésion à des mesures sanitaires, bien, ça prend de l'information puis ça prend de la transparence.

Mme Côté-Chabot (Claudie) : Sur l'histoire dont vous parliez il y a quelques minutes à peine, là, vous, est-ce que vous avez eu des échanges avec des élus au Nouveau-Brunswick ou encore avec le gouvernement, là, concernant la possibilité de...

M. Arseneau : Écoutez, moi, j'ai formulé, par lettre, des demandes au gouvernement, au premier ministre, à quatre reprises. J'ai aussi contacté les autorités des provinces voisines à deux reprises, en cherchant par tous les moyens à les sensibiliser au fait que les Madelinots se sentent essentiellement abandonnés, et ils doivent quand même, pour toutes sortes de raisons...

Ce matin, il y avait encore une dame qui me disait : Mon fils vient de terminer ses études, il revient à la maison, le transport va être devancé un peu, puisqu'on annonce une tempête demain, donc il faut qu'il soit rendu à l'Île-du-Prince-Édouard à 5 heures du matin pour prendre le traversier à 6 heures; il dit : Je ne dormirai pas de la nuit; penses-tu qu'il pourrait quand même s'essayer et arrêter dormir au Nouveau-Brunswick? Je lui ai dit : Il peut très bien le faire, mais il encourt une amende d'au-delà de 1 000 $, s'il le fait, alors moi, je ne peux pas lui conseiller de faire un arrêt et de contrevenir aux règles du Nouveau-Brunswick.

Ce que je demande au gouvernement du Québec, c'est de négocier pour qu'on puisse identifier des endroits, des hôtels déterminés à l'avance, où on puisse se reposer et continuer la route en toute sécurité. Et ça, ces cas-là... Il y a des gens qui sont venus ici pour des traitements de santé, des personnes âgées qui aussi prennent la route de façon, je dirais, intrépide et dangereuse lorsqu'ils ne peuvent pas prendre l'avion. On leur impose un voyage, et une fatigue, et un danger qui est inadmissible, complètement.

Mme Côté-Chabot (Claudie) : Avant, ils pouvaient s'arrêter à Pointe-à-la-Croix. Là, ce n'est plus possible non plus.

M. Arseneau : Bien là, depuis trois jours, on se demande si on peut passer encore à Pointe-à-la-Croix, et il est possible de le faire parce que le décret adopté par le gouvernement du Québec dit que, si les circonstances sont sérieuses, on va laisser passer les gens. Donc, nous, on a compris que de retourner à la maison après avoir subi, par exemple, des traitements de santé, bien, c'est une demande qui est sérieuse, ce n'est pas frivole. On ne va pas là pour s'acheter un paquet de cigarettes, on traverse la région de Pointe-à-la-Croix et de Campbellton pour se rendre par la route du Nouveau-Brunswick jusqu'à la maison. Alors, jusque-là, il n'y a personne qui s'est vu interdire le passage. Mais, même en couchant la nuit à Campbellton, il faut quand même conduire pour se rendre, par exemple, à 5 heures du matin, comme c'est le cas, là, bien évidemment, il faut conduire de nuit, avec les risques que ça impose, la fatigue, essentiellement, et les animaux sur la route.

M. Lacroix (Louis) : Vous, vous faites «fly in, fly out».

M. Arseneau : Absolument, oui. Oui, on fait...

M. Lacroix (Louis) : ...chez vous et puis quand est-ce que vous prévoyez y aller?

M. Arseneau : En fait, moi, j'ai continué à faire les allers-retours par avion le jeudi ou le vendredi, le retour le lundi après-midi. Les deux dernières fois que je suis retourné, la fin de semaine dernière et la fin de semaine précédente, bien, je suis allé à la maison. J'ai essentiellement fait du télétravail.

M. Lacroix (Louis) : Vous n'êtes pas supposé parce que vous êtes en zone rouge puis vous allez en zone... C'est quoi? C'est vert, à l'île...

M. Arseneau : C'est la deuxième fois que vous me posez la question, puis elle est totalement pertinente. En fait, le gouvernement du Québec dit qu'il faut préserver le gagne-pain des Québécois puis à tout prix garder les écoles. C'est ça, le mot d'ordre qu'il a donné. Le gagne-pain de votre vis-à-vis, c'est de travailler à l'Assemblée nationale...

M. Lacroix (Louis) : Non, non, non, vous faites erreur...

M. Arseneau : ...donc moi, je suis à la maison, et je viens travailler à l'Assemblée nationale une fois par semaine, et je retourne à la maison. C'est ça, mon travail.

Mais, de façon plus sérieuse, ce que je veux vous dire, c'est que le mot d'ordre à l'effet d'éviter les contacts sociaux, pour moi, il est à observer de façon la plus stricte. Et c'est ce que j'ai fait au cours des deux dernières fins de semaine. Je reste chez moi avec ma conjointe et j'ai des travaux d'automne à faire autour de la maison. On fait du télétravail pour le poste que j'occupe et puis on revient ensuite.

Et puis, si la situation s'envenime, si on tombait, par exemple, dans une zone rouge également, bien, il faudrait peut-être reconsidérer à la fois les travaux de l'Assemblée nationale, là, parce qu'il y a plusieurs gens qui se déplacent d'une zone rouge à une zone rouge, une zone orange à une zone rouge, Québec. Donc, on a convenu qu'on continuerait jusqu'à la pause puis on va réévaluer ça au cours de la pause de la semaine prochaine, à savoir si on continue de voyager sur une base hebdomadaire, si on vient s'installer à Québec, si on reste à la maison. Mais les travaux de l'Assemblée nationale sont complémentaires à ceux qu'on fait sur le terrain, qu'on essaie de faire en toute sécurité. Merci.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 32)

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