L'utilisation du calendrier requiert que Javascript soit activé dans votre navigateur.
Pour plus de renseignements

Accueil > Actualités et salle de presse > Conférences et points de presse > Point de presse de M. Mathieu Lacombe, ministre de la Famille

Recherche avancée dans la section Actualités et salle de presse

La date de début doit précéder la date de fin.

Point de presse de M. Mathieu Lacombe, ministre de la Famille

Version finale

Le jeudi 8 octobre 2020, 13 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures une minute)

M. Lacombe : Bonjour, tout le monde. Je trouvais important d'être avec vous ici aujourd'hui pour répondre à vos questions à la suite du dépôt du rapport de la Vérificatrice générale, qui s'attarde notamment à l'enjeu des services de garde éducatifs à l'enfance.

Donc, je commence directement, droit au but. Les constats principaux dont je prends acte aujourd'hui sont évidemment les problèmes d'efficacité générale du ministère de la Famille, mais aussi l'accessibilité à des services de garde éducatifs subventionnés pour l'ensemble des familles du Québec, principalement, on le voit dans le rapport de la Vérificatrice générale, pour les enfants qui sont dans des milieux plus vulnérables.

Honnêtement, je partage les constats de la Vérificatrice générale. Depuis mon arrivée, il y a un peu moins de deux ans maintenant, j'ai sensiblement dressé les mêmes constats. Il faut dire qu'il s'agit du bilan des dernières années, et ce n'est pas de la petite politique de le dire, c'est un fait, c'est le bilan des dernières années. Ma responsabilité à moi, maintenant, comme ministre de la Famille, c'est d'amener des solutions.

J'ai déjà posé certains gestes, mais il faut aller plus loin. On va devoir prendre des décisions qui sont importantes pour répondre aux recommandations. J'aurai l'occasion de déposer un plan au cours des prochaines semaines, au cours des prochains mois. Et je peux vous dire que tout est sur la table, et que ce sont des avenues qu'on devra analyser. Que ce soit le fonctionnement du ministère de la Famille, que ce soit l'organisation du réseau, tout est sur la table pour qu'on puisse arriver à de meilleurs résultats.

Une voix :

M. Lacombe : C'est difficile de s'entendre, hein?

Mme Côté-Chabot (Claudie) : …c'est un outil qui est inefficace, là, voire peut-être même pas pertinent, là. Qu'est-ce qu'on fait avec La Place 0-5? Puis qu'est-ce que vous dites aux parents qui apprennent ça ce matin?

M. Lacombe : Je suis préoccupé déjà depuis plusieurs mois à ce sujet-là. Et, quand je dis que je partage les constats de la Vérificatrice générale, c'est qu'en janvier dernier j'ai déjà posé un geste lorsqu'il y a des cas qui m'ont été soumis pour me dire qu'il y avait des irrégularités dans le processus d'admission. Donc, j'ai demandé à une firme de se pencher sur le cas, la firme KPMG, à qui j'ai demandé d'évaluer les vulnérabilités dans tout le processus d'admission, donc du moment où le parent inscrit son enfant, en passant par le traitement par La Place 0-5, jusqu'au moment où il est sélectionné par un service de garde éducatif. Donc, j'ai demandé d'analyser l'ensemble du processus, voir où on est vulnérables, où il y a des failles, où il y a des gens qui arrivent à se faufiler, parce qu'il y a un enjeu de confiance. Et, quand je vous dis que tout est sur la table, bien, on devra se poser des questions.

Mme Côté-Chabot (Claudie) : Je comprends, là, que vous faites des études. C'est très bien. Mais elles ne sont pas obligées de passer par La Place 0-5, les garderies, en ce moment. C'est ça, la réalité, c'est qu'ils peuvent accepter quelqu'un… Est-ce que vous songez, rapidement, là, à les obliger à utiliser ce site-là?

M. Lacombe : Bien, je vais faire une nuance qui est très importante. Les services de garde éducatifs sont obligés de passer par La Place 0-5, donc par le guichet unique, pour aller chercher de la clientèle, donc aller prendre les tout-petits, là, contacter les parents des tout-petits qui souhaitent avoir une place. Ça, c'est leur obligation.

Là, ce qu'on comprend avec le rapport de la Vérificatrice générale, c'est que certains services de garde ne respectent pas cette obligation-là, et ça me préoccupe parce que le message qu'on envoie aux parents, c'est que l'outil n'est pas efficace, c'est que l'outil ne sert à rien, et qu'ils ne recevront jamais d'appel. Moi, ça me préoccupe parce qu'on souhaite avoir quelque chose d'efficace.

Mais, en même temps, le guichet unique La Place 0-5, c'est le coeur du développement du réseau. C'est là-dessus qu'on se base, entre autres, pour savoir où on doit développer des nouvelles places. Donc, faire une opération au coeur, c'est comme dans le réseau de la santé, ça demande de la préparation, c'est important, puis on veut s'assurer de poser les bons gestes. Donc, c'est ce qu'on est en train de regarder.

M. Chouinard (Tommy) : La Vérificatrice générale remarque aussi la relation de dépendance que le ministère a avec La Place 0-5, qui est géré en partie par une coopérative puis en bonne partie par une entreprise privée, dans les faits. Donc, est-ce que, là, vous êtes en train de revoir l'existence même, telle qu'on la connaît, de La Place 0-5?

M. Lacombe : On a besoin d'un guichet unique d'inscription. Ça, c'est clair, il n'y a aucune nuance là-dessus. Par contre, on doit se poser des questions. Je vais prendre connaissance du rapport plus en profondeur, mais j'ai déjà des préoccupations sur le processus d'admission, qui font en sorte que le travail est commencé. Et, à la lecture du rapport aujourd'hui, je vous dis : Tout est sur la table. On aura des décisions importantes à prendre.

M. Chouinard (Tommy) : Est-ce que la firme vous a donné des conclusions par rapport à l'examen que vous avez demandé?

M. Lacombe : Pas encore, pas encore. Donc, c'est quelque chose qu'on attend et qu'on va suivre avec intérêt parce que, peu importe la décision qu'on va prendre, c'est des informations qui vont être utiles. Donc, où sont les vulnérabilités, très, très précisément, dans le processus, ça m'intéresse. Ça m'intéresse de savoir à quel endroit il faut travailler pour que les parents reprennent confiance en ce système-là qui fait l'objet de beaucoup de critiques. Et ce n'est pas nécessairement une critique envers les gens qui travaillent à La Place 0-5 ou envers l'outil lui-même, mais l'outil fait partie d'un processus. Puis, dans le processus, on comprend qu'il y a des failles, des failles qui mènent au rapport de la VG d'aujourd'hui.

Mme Crête (Mylène) : Justement, vous parlez d'outils. Quels sont les outils dont vous disposez pour faire en sorte que les services de garde éducatifs utilisent La Place 0-5? Vous dites qu'ils ont une obligation. Donc, avez-vous un bâton à quelque part?

M. Lacombe : Bien, c'est leur obligation légale. Évidemment que, si on se rend compte qu'il y a des corporations qui ne respectent pas leurs obligations légales… C'est la même chose pour tout le monde. Tout le monde doit respecter la loi. Maintenant, ma préoccupation, c'est de faire en sorte que ça fonctionne. Ma préoccupation, ce n'est pas de montrer du doigt, là, ceux qui, peut-être, profitent des failles aujourd'hui, mais c'est de m'assurer qu'il n'y en ait plus. Donc, c'est là-dessus que je vais mettre toutes mes énergies à partir de demain.

Mme Crête (Mylène) : À part de montrer du doigt, qu'est-ce que vous pouvez faire pour faire en sorte qu'elles respectent le guichet unique?

M. Lacombe : Bien, on peut clairement faire des rappels à l'ordre. Ça, c'est sûr qu'on peut le faire. On peut leur rappeler leurs obligations légales d'avoir recours au guichet unique, sans discrimination, pour sélectionner les enfants qui vont pouvoir recevoir la place subventionnée qu'ils ont de vacante. Ensuite, moi, je pense qu'il y a une vulnérabilité à ce niveau-là. Je pense, là, qu'il y a une faille dans laquelle, visiblement, il y a beaucoup de parents qui sont tombés, qu'il va falloir régler.

Mais c'est pour ça que je vous dis : C'est une opération au coeur. C'est une opération au coeur. Donc, il faut s'assurer d'avoir les bonnes données pour le faire. Et je n'ai pas attendu le dépôt du rapport de la Vérificatrice générale. Je n'ai même pas attendu son constat pour le faire. On est déjà là-dessus depuis quelques mois. Mais la conclusion à laquelle j'en viens aujourd'hui, parce que c'est additionné à beaucoup d'autres choses, c'est que, bien, il faudra prendre des décisions importantes.

M. Chouinard (Tommy) : …versées pour des places réservées à des enfants à besoins particuliers, je ne me souviens plus du terme exact...

M. Lacombe : La mesure exceptionnelle de soutien.

M. Chouinard (Tommy) : …bon, là, il n'y a pas de reddition de comptes d'associée à ça. On ne sait pas si ça s'en va au bon endroit. Ce n'est pas la première fois qu'on parle de cet enjeu-là. Ça n'a été jamais resserré. Qu'est-ce que vous entendez faire?

M. Lacombe : Bien, c'est, honnêtement, quelque chose qui est souligné par la Vérificatrice générale et que je vais prendre au sérieux. Je vous ai parlé des constats que j'avais déjà, moi-même, faits, qui sont probablement les constats les plus importants.

Mais il y a effectivement ce sujet-là dont j'ai pris connaissance avec beaucoup d'intérêt parce que, vous savez, aider les enfants qui ont des défis particuliers dans nos CPE, nos services de garde éducatifs à l'enfance, pour moi, c'est une priorité. C'est une priorité. Quand on est arrivés, on a augmenté le budget de façon importante. On l'a plus que doublé. Bien, c'est-à-dire, on l'a augmenté de 70 %, pardon. Et j'ai une préoccupation, là, de m'assurer qu'effectivement ce soit utilisé à bon escient.

Donc, la Vérificatrice générale nous dit qu'on devrait porter attention à ça, puis vous pouvez être certain qu'on va le faire parce qu'on veut que ça se rende vraiment aux bons enfants.

M. Chouinard (Tommy) : Le constat qu'on a maintes fois fait dans les dernières années, dans une panoplie d'études, à savoir que l'objectif premier de la création des CPE, c'était d'aller chercher des enfants de milieux vulnérables, défavorisés, c'est-à-dire, pour leur donner accès à un service de garde éducatif, et on voit encore que de nombreux enfants de milieux défavorisés ne fréquentent pas les services de garde éducatifs, est-ce que vous allez faire quelque chose par rapport à ça?

M. Lacombe : C'est clair, tout à fait. Et ça, ça fait partie des constats que j'avais faits. Comme je vous dis, il y a trois grands constats que j'avais faits. Il y avait le guichet unique, là, pour bien organiser ça. Le guichet unique, on a déjà posé les gestes dont je vous ai parlé. Ensuite de ça, il y a la lenteur, si vous voulez, on pourrait y revenir, mais la lenteur avec laquelle les places se développent. On a posé des gestes. Ça, je l'ai souvent martelé, notamment ici, au salon bleu.

Mais le troisième élément, c'est effectivement de faire en sorte que les enfants dans les milieux défavorisés, dans les milieux qui sont vulnérables, puissent avoir accès aux places qui, à la base, étaient créées pour eux. Le système, là, c'était pour aider ce type d'enfant là prioritairement. Puis on le voit à Montréal, à Laval, le ministère de la Famille a failli à sa tâche. Et ça, je j'ai reconnu dès que je suis arrivé. Rappelez-vous, là, il y a plusieurs mois déjà, Le Devoir avait sorti un article suite à une publication de la Santé publique de Montréal, et, dès cet instant-là, je m'étais engagé à prioriser le développement de places subventionnées dans les secteurs où on en avait le plus besoin, selon l'indice de défavorisation, par exemple.

Donc, l'appel de projets qu'on va lancer, là, dans les toutes prochaines semaines, sur la conversion de places, bien, va principalement cibler Montréal et Laval, entre autres, dans les secteurs les plus défavorisés, parce que, lorsqu'on convertit une place non subventionnée en place subventionnée, donc, oui, on se dit… le premier réflexe, c'est que ça remet de l'argent dans le portefeuille des familles. Mais c'est plus que ça, c'est donner accès aux enfants à la mesure exceptionnelle de soutien, c'est de donner accès aux parents à l'exemption de la contribution parentale, par exemple, dans les milieux qui sont très défavorisés, pour inciter les parents à inscrire leurs enfants à la garderie même s'ils sont sur l'aide sociale, par exemple, pour que leurs enfants puissent se développer le mieux possible, quand même.

Donc, c'est déjà quelque chose qui était sur mon radar. Puis on agit, là, l'annonce est prévue dans trois semaines.

M. Chouinard (Tommy) : ...des places qui sont déjà là, l'enfant, il est déjà là, c'est le même enfant qui va y être, en garderie.

M. Lacombe : Bien, ce que la Vérificatrice générale nous dit... Et là je vous avoue que je n'ai pas eu le même briefing que vous ce matin. Je vais lire ça attentivement. Mais ce que la Vérificatrice générale nous dit, c'est qu'il faut donner accès aux enfants dans les milieux plus vulnérables à des places subventionnées, sensiblement le même constat que faisait la Santé publique à Montréal il y a quelques mois. Et, à la suite de ce constat-là, j'ai dit : On va agir. Et il y a déjà un surplus de places à Montréal. Donc, quelle est la solution? Est-ce que c'est de construire de nouveaux édifices puis d'en faire fermer, parce que c'est ce qui va arriver si on fait ça? Non. Pour moi, la solution la plus efficace puis la meilleure solution pour le développement des tout-petits, c'est de convertir ces places-là en places subventionnées pour qu'ils aient accès, entre autres, là, à toutes les mesures qu'on a pour les aider dans leur développement.

Mme Côté-Chabot (Claudie) : Peut-être une dernière question sur le ratio des éducatrices, là — je vais le féminiser parce que c'est surtout des filles — qui sont qualifiées, là, on en a parlé un peu en début de semaine, mais c'est une des préoccupations de la Vérificatrice générale, là, ce n'est pas... Les ratios ne sont pas respectés, là. On sait qu'on est en pandémie, que c'est complètement plus bas que ça, là, ce n'est pas deux sur trois, c'est une sur trois. Est-ce que c'est inquiétant? Qu'est-ce qu'on fait?

M. Lacombe : Ça me préoccupe. C'est tout l'enjeu de main-d'oeuvre qui me préoccupe. Et j'ai eu l'occasion d'en discuter souvent avec les partenaires du réseau. On a établi ensemble un plan d'action qui a été travaillé avec les partenaires du réseau en suivant leurs recommandations. Par contre, c'est sûr que la pandémie a aggravé la situation. Vous avez raison, on a pris une mesure temporaire de l'abaisser à un sur trois, le ratio, parce qu'on n'avait juste pas le choix dans le contexte de la crise sanitaire. Ça, c'est temporaire.

Et ensuite, pour revenir à un ratio de deux sur trois et, idéalement, un jour, peut-être, de trois sur trois parce qu'on souhaite toujours plus de qualité, bien, il faut recruter plus de main-d'oeuvre qualifiée. Ça, ça veut dire qu'il faut augmenter les inscriptions dans les programmes d'éducation à l'enfance. Et je vous dirais que la pandémie, ça a exacerbé le problème de main-d'oeuvre.

Donc, on est en train de mettre à jour le plan qu'on avait déjà, qui était sur les rails, pour arriver avec quelque chose, je dirais, de plus ambitieux. Donc, c'est quelque chose sur lequel on est en train de travailler actuellement avec les partenaires.

Le Modérateur : Merci beaucoup. In English, une en anglais.

M. Pouliot (Samuel) : ...what will you do next?

M. Lacombe : Je préférerais ne pas faire de déclaration en anglais, honnêtement, là-dessus parce que c'est assez précis, là, et je pense que je risquerais trop de commettre une erreur, et je ne voudrais pas vous induire en erreur. Vous savez, je veux vous donner les bonnes réponses. Merci.

(Fin à 13 h 14)


Participants


Document(s) associé(s)