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Conférence de presse de M. François Legault, premier ministre, et M. Ian Lafrenière, adjoint parlementaire de la ministre de la Sécurité publique

Annonce concernant un changement au Conseil des ministres

Version finale

Le vendredi 9 octobre 2020, 11 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Onze heures trois minutes)

Le Modérateur : Alors, bienvenue à cette conférence de presse. Vont prendre la parole le premier ministre, M. François Legault, et le nouveau ministre responsable des Affaires autochtones, M. Ian Lafrenière. À vous la parole.

M. Legault : Oui. D'abord, bonjour, tout le monde. Ce matin, j'ai procédé à un changement au Conseil des ministres. Donc, j'ai nommé le député de Vachon, Ian Lafrenière, nouveau ministre responsable des Affaires autochtones. Donc, bienvenue dans l'équipe, Ian.

Cette responsabilité-là est importante, est importante, importante pour notre gouvernement, importante pour le Québec. Et j'ai cru bon et j'ai pensé que c'était nécessaire de donner un nouvel élan à nos relations avec les 11 nations autochtones. Ian, donc, va remplacer la députée de Mirabel, Sylvie D'Amours. Sylvie s'est démenée pendant deux ans pour essayer d'établir des bonnes relations avec les nations autochtones. C'est une responsabilité qui est très exigeante. Elle a donné deux années qui ont été chargées. Elle l'a fait avec tout son coeur, puis je pense qu'on lui doit des remerciements. Donc, merci beaucoup, Sylvie, pour ces deux années.

Je veux aussi en profiter pour remercier Mme Thomas, qui était, depuis plusieurs années, la sous-ministre aux Affaires autochtones. Donc, même raison, on veut donner un nouvel élan à nos relations avec les nations autochtones puis on pense qu'une nouvelle équipe pourrait aider à relancer les discussions.

Je pense qu'Ian a toutes les qualités pour prendre ces responsabilités-là. Bon, vous le savez, Ian a été policier, il a été porte-parole des policiers. Il a eu à faire affaire avec beaucoup de communautés, incluant les communautés autochtones. Il a d'excellentes relations avec plusieurs nations autochtones. C'est un gars qui a beaucoup de leadership. Puis je pense aussi que son humanité… On l'a vu, entre autres, dans le dossier qu'il travaille actuellement, pour les filles qui sont exploitées sexuellement, comment il prend ça à coeur. Donc, moi, je suis convaincu qu'Ian va réussir à développer des bonnes relations avec les nations autochtones. Et, bon, j'ai eu une bonne conversation hier soir ou hier, en fin d'après-midi, avec Ian. Et ça fait un an que le rapport Viens a été déposé. Donc, je lui ai dit que je m'attends à voir des résultats concrets, qu'on soit capables de dire : Il y a des recommandations qui sont réglées, et donc que ça se fasse rapidement.

Peut-être parler un peu, en général, de nos relations avec les autochtones. On le sait, on partage un territoire avec les Premières Nations et les Inuits depuis longtemps. On a fait des belles choses ensemble. Oui, c'est arrivé qu'il y a eu des conflits. Mais c'est important, là, d'abord, peut-être de rebâtir un peu plus de confiance entre le gouvernement puis les nations autochtones. C'est important qu'il y ait un respect mutuel, puis j'irais même jusqu'à dire des relations, idéalement, fraternelles, avec les nations autochtones.

Et il faut que tous les Québécois comprennent que, dans l'histoire du Canada, là, il y a eu beaucoup de blessures, et moi, je comprends que les nations autochtones vivent avec ces blessures profondes. Écoutez, là, je ne veux pas tout refaire l'histoire, mais, quand même, rappelons-nous qu'on a enlevé des bébés à des nations autochtones pour les envoyer dans des pensionnats. Donc, il y a encore des relents de tout ça.

Puis évidemment, on l'a vu il y a quelques jours, ce qui est arrivé à l'hôpital de Joliette, puis ce n'est pas une exception, on l'a vu aussi… Puis on a des rapports, entre autres le rapport Viens, qui montrent que des représentants de l'État ont prononcé des paroles puis posé des gestes racistes à l'égard des autochtones. Donc, on doit, tous les Québécois, là, reconnaître cette réalité puis on doit prendre la responsabilité.

Donc, il y a beaucoup de travail à faire. Ian me connaît. Il sait que la patience, ce n'est pas ma qualité principale, mais aussi je suis un gars pragmatique. Donc, au-delà de nommer les choses, pour moi, ce qui est important, c'est des actions. Moi, je souhaite être le gouvernement qui aura posé le plus d'actions pour aider les autochtones.

Et il y a tellement de sujets sur lesquels il faut travailler. Évidemment, pour moi, un qui est très important, c'est l'éducation. Les taux de diplomation sont très bas chez les Premières Nations et les Inuits. Toute la question de la santé, puis à plus égards : la santé de base, la santé mentale, la protection de la jeunesse. Il y a beaucoup de travail à faire du côté de la santé.

Les policiers et la justice. Écoutez, il est arrivé des choses, là... puis je sais qu'Ian est allé, entre autres, à Val-d'Or, et ça n'a pas de bon sens, là. Il faut comme trouver une façon de donner plus d'autonomie aux nations autochtones, entre autres du côté des services policiers.

Évidemment, il y a tout l'aspect économique aussi. Je pense qu'on a bien réussi avec les Cris. Encore une fois, on a annoncé une grande alliance. On va travailler sur le développement des chemins de fer pour sortir le minerai de certains territoires. Ça va créer des emplois payants, puis... Bon, je l'avais dit en campagne électorale, pour moi, c'est un peu un modèle, ce que le gouvernement puis, entre autres, Bernard Landry a réussi à faire avec les Cris. Puis je regarde aujourd'hui, bon, moi qui connais, par exemple, l'aviation, Air Creebec, là, c'est une belle réussite, et puis je pense d'ailleurs que ça... On a des discussions avec eux autres, là, puis, pour nous aider à desservir toutes les régions du Québec, Air Creebec va être un joueur très important.

Évidemment, il y a toute la question du logement. Je vous donne, encore là, un exemple. Je suis allé à Chibougamau, il y a quelques mois, et dans le Nord-du-Québec, de façon générale, c'est assez incroyable, il y a des emplois disponibles à 100 000 $ par année, mais on n'arrive pas à combler les postes parce qu'il n'y a pas de maisons pour que les gens restent là, donc autant les Premières Nations que ce qu'on appelle, dans le Nord, les Jamésiens. Mais il faut, à un moment donné, être capable de construire des maisons autour des endroits où il y a des emplois de qualité puis il faut qu'il y ait une partie de ces emplois-là qui soient occupée par des membres des nations autochtones.

Donc, ce que je veux et puis ce que je demande à Ian, c'est, dans les prochains mois, de faire des gains concrets pour les hommes, les femmes, les enfants des nations autochtones.

Et je veux en profiter ce matin pour inviter les 11 chefs des 11 nations à venir rencontrer, à plusieurs reprises, le nouveau ministre. Et puis, bon, je pense qu'avec ce qui est arrivé il y a quelques jours il y a une grande priorité, qui devient peut-être la priorité des priorités, travailler ensemble à lutter contre le racisme, s'assurer qu'il n'y ait plus de problème à l'hôpital de Joliette puis avec des policiers à certains endroits. Puis je sais qu'Ian a beaucoup, beaucoup d'idées de ce côté-là.

Puis aussi travailler sur les priorités, j'en ai nommées plusieurs tantôt, mais je me suis rendu compte, quand j'ai rencontré les 11 nations à Wendake, on a fait un tour de table, qui a duré un certain temps, et les priorités ne sont pas les mêmes d'une nation à l'autre. Puis, même à l'intérieur de chaque nation… Il y a plusieurs communautés, au total, il y a 55 communautés, puis parfois les priorités ne sont pas les mêmes pour les communautés d'une même nation. Des fois, ils n'ont pas d'eau potable, des fois, c'est le logement, des fois… C'est toutes sortes de priorités.

Donc, moi, ce que je demande aux 11 nations, c'est de venir s'asseoir avec Ian, travailler, entre autres, pour lutter contre le racisme, là. Il faut l'identifier puis le faire disparaître dans les établissements de nos réseaux publics, faire des campagnes de sensibilisation auprès de la population parce qu'il y a des domaines qui ne relèvent pas de l'État. Je pense, entre autres, le logement, je sais très bien que ça arrive, des autochtones qui se font refuser un logement parce qu'ils sont autochtones. Pas de bon sens. Donc, faire une campagne de sensibilisation auprès de l'ensemble des Québécois… Donc, Ian, je ne veux pas te mettre trop de pression, mais tout le Québec compte sur toi.

Bon, maintenant, je voudrais dire quelques mots sur la situation de la pandémie. On a aujourd'hui 1 102 nouveaux cas, huit hospitalisations de plus et 21 nouveaux décès. Donc, ça continue d'être très préoccupant. Bon, seule bonne nouvelle, c'est qu'il semble y avoir une stabilisation sur le nombre de nouveaux cas. Rappelez-vous, là, il y a un mois, on était à peu près à 200 cas par jour. On a monté, en un mois, à 1 000 cas par jour. Là, la moyenne des sept derniers jours, c'est autour de 1 000. Donc, il semble y avoir… on ne s'en va pas à 2 000, là, on a l'air, pour l'instant, là, puis je n'ai pas de boule de cristal, là, d'avoir atteint, en tout cas, une certaine stabilisation. Ça veut dire que les efforts qu'on a faits depuis une semaine ou deux, bien, ça a donné des résultats. Puis, ce n'est pas compliqué, moins de contacts, moins de contagion. Mais il y a encore, à 1 100 cas, là, beaucoup trop de cas. Il faut absolument continuer puis même augmenter nos efforts.

Évidemment, en fin de semaine, fin de semaine de trois jours, fin de semaine de l'Action de grâces, je vous demande, je demande à tous les Québécois de rester chez vous, de rester à l'intérieur des bulles, là. Ça veut dire quoi? Ça veut dire avec les personnes avec qui vous habitez. C'est important de résister à la tentation. C'est tentant, mais, s'il vous plaît, prenez le téléphone, appelez votre mère, votre père, appelez vos amis. Mais c'est mathématique : si on veut réduire le nombre de cas, il faut réduire le nombre de contacts. Et on a une chance, là, en fin de semaine, parce qu'en fin de semaine, évidemment, il y en a beaucoup qui ne travaillent pas, les enfants, les plus jeunes ne vont pas à l'école, donc on peut vraiment avoir une grosse réduction du nombre de contacts pendant trois jours.

Et je termine en vous disant : Oui, je vous demande des sacrifices, mais je vous donne trois bonnes raisons pour faire des sacrifices sur les contacts. Première bonne raison, pensez aux personnes vulnérables, puis je pense entre autres aux personnes qui ont 70 ans et plus. Puis je ne veux pas les stigmatiser, mais, on le sait, les décès, ça se passe surtout chez les gens qui ont 70 ans et plus. C'est nos pères, nos mères, nos grands-parents. C'est du monde qui ont bâti le Québec. C'est à cause d'eux autres si on est là aujourd'hui. Donc, pensons à nos aînés. Ça, c'est la première bonne raison.

Deuxième bonne raison, nos enfants. Vous l'avez vu, aujourd'hui, on passe le cap des 1 000 classes fermées, on est à 1 016 classes fermées, donc, c'est une augmentation de 41 classes. Ça veut dire grosso modo, là, qu'on a à peu près 3 % des enfants qui ne vont pas à l'école. Donc, vous allez me dire, il y en a 97 % qui y vont. Mais, bon, je n'aime pas que ce chiffre-là augmente, le nombre de classes fermées. Puis c'est important, je ne le dirais jamais assez, oui, il y a de la contagion qui se fait par les enfants dans les écoles, mais il y a, de l'autre côté, une nécessité d'être formé, d'apprendre, de socialiser avec les autres enfants. Nos enfants ne peuvent pas, pendant des mois, des années, ne pas aller à l'école. Donc, faisons des sacrifices pour nos enfants. C'est la deuxième raison.

La troisième raison que je vous donne, c'est que, si vous tombez malade dans les prochains mois ou les prochaines semaines, bien, il faut qu'il y ait du monde pour vous soigner. Puis, vous la savez, là, c'est déjà très serré. Il nous manque d'infirmières. Il y a des postes de pas comblés. Ça prend un certain temps, former des infirmières. Donc, c'est sûr que, si les infirmières s'occupent des cas de COVID dans les hôpitaux, bien, elles ne pourront pas s'occuper des personnes qui sont malades, puis ça peut être vous, là. Donc, je ne parle même pas des aînés puis des enfants. Je parle de tous ceux qui vont être malades dans les prochaines semaines, les prochains mois.

Donc, trois bonnes raisons pour éviter des contacts. La seule manière qu'il y a de la contagion, c'est entre humains qu'il y a de la contagion. Donc, trois bonnes raisons : faites-le pour nos aînés, faites-le pour nos enfants puis faites-le pour tous ceux qui vont être malades dans les prochaines semaines, les prochains moins. Puis ça pourrait être vous. Donc, notre mission, en fin de semaine, aucun contact. Donc, je compte sur chacun et chacune d'entre vous et je vous souhaite, malgré tout, une bonne fin de semaine de l'Action de grâces.

Good morning, everyone. A few words about the pandemic. The situation remains very worrying, but we're seeing that our efforts of the past two weeks are starting to deliver results. We must continue and even increase our efforts. My message, before the long weekend, is loud and clear : Stay home with the people you live with, resist the temptation to see your friends and family. You can call them, but avoid contacts, stay home. The virus feeds on contacts between humans. Our mission this weekend is to avoid contacts and starve the virus. I'm counting on you all and I wish you a great Thanksgiving Day. Thank you.

Le Modérateur : On va maintenant passer à la période de questions. On va commencer avec Fanny Lévesque, de LaPresse.

Mme Lévesque (Fanny) : Bonjour, M. Lafrenière. D'abord, félicitations.

M. Lafrenière : Merci beaucoup.

Mme Lévesque (Fanny) : Un ex-policier à la tête du ministère des Affaires autochtones, est-ce que vous avez l'impression de partir déjà un peu avec une prise, alors que, pour plusieurs communautés, les services policiers font partie du problème du racisme envers les autochtones?

M. Lafrenière : C'est un bon point. Quand on parle de problématiques des Premières Nations, on parle de la justice. On peut parler de protection de la jeunesse, de la santé, oui, les relations avec les services de police. Alors, je vous dirais qu'au contraire je connais bien cette situation. Le premier ministre en a fait référence tout à l'heure, j'ai dû me déplacer, entre autres, à Wemotaci, dans mon ancienne job, pour faire un rapprochement parce qu'il y a beaucoup de méconnaissances entre les policiers du terrain et les Premières Nations. Alors, j'avais établi un contact, à ce moment-là, contact qui a été utile, par la suite, quand il est arrivé les évènements qu'on a connus à Val-d'Or, et j'ai gardé ces contacts-là tout le temps. Et je vous dirais que, pendant la commission spéciale, on s'est déplacés justement à Val-d'Or pour rencontrer les Premières Nations sur le terrain. Alors, ce que je veux mettre au profit, c'est ces contacts-là.

Et ce que je veux faire, dès que je vais terminer cette rencontre-là avec vous aujourd'hui, je vais commencer les relations, je vais contacter chacun des chefs, et ce que je veux, c'est une discussion ouverte. Vous avez entendu le premier ministre, c'est un homme avec une patience légendaire. Il m'a passé une commande très claire, il veut des résultats, alors vous comprenez que je dois livrer.

Mme Lévesque (Fanny) : Votre ancienne organisation le reconnaît. Vous, est-ce que vous êtes prêts à reconnaître qu'il existe du racisme et de la discrimination systémique envers les peuples autochtones au Québec?

M. Lafrenière : Je reconnais qu'il y a du racisme, je reconnais qu'il y a du profilage, je reconnais qu'il y a de la discrimination. Je reconnais aussi que présentement le terme de «racisme systémique» ne fait pas l'unanimité. Et honnêtement, tant qu'à mettre beaucoup d'énergie là-dessus, à se convaincre mutuellement que c'est le bon terme, moi, je pense, ce que les gens veulent, sur le terrain, c'est des actions.

Je vous ai dit, tout à l'heure, je me suis déplacé à Val-d'Or, entre autres, pour la commission spéciale, et les gens étaient très heureux de nous accueillir, mais ont dit : Vous savez, ça fait plusieurs fois que vous venez nous voir, plusieurs rapports qui ont été faits; est-ce qu'on va voir quelque chose? Et je pense que la commande du premier ministre est très claire : on veut voir des changements, on veut avoir des changements qui vont apporter une différence dans la vie des gens au quotidien. Et c'est ça, le mandat qu'on m'a donné, d'avoir des actions concrètes.

Le Modérateur : Alain Laforest, de TVA.

M. Laforest (Alain) : M. le ministre, M. le premier ministre. Je vais poursuivre sur la lancée de ma collègue, mais avec vous, M. Legault. Est-ce que c'est un pari risqué de nommer un policier à la tête des Affaires autochtones?

M. Legault : Au contraire, je pense qu'un des défis c'est de rebâtir la confiance entre les nations autochtones puis les policiers. Puis qui de mieux qu'un policier qui comprend ce problème-là pour le régler? Donc, ça fait partie des défis. Et moi, j'ai confiance puis je connais assez Ian pour savoir : un, il est conscient du problème, puis deux, il veut absolument le régler.

M. Laforest (Alain) : Concernant le passage de Mme D'Amours, au cours des deux dernières années, qu'est-ce que vous pourriez dire où elle a fait un faux bond? Puis est-ce que ça a fait en sorte que ça a fait reculer l'état d'esprit entre votre gouvernement et certaines communautés?

M. Legault : Bon. D'abord, ce n'est pas simple de négocier avec les nations autochtones. Je vous ai déjà raconté ma première rencontre avec les 11 nations, ils m'ont dit qu'il fallait que le premier ministre négocie avec les 55 communautés. Je pense, tout le monde comprend ici, là, que je ne peux pas, dans mon agenda, entreprendre une négociation avec 55 communautés. Bon, il y a des communautés, il y a des nations qui ne voulaient carrément pas négocier avec la ministre. Ils voulaient seulement négocier avec le premier ministre. Bon, même, vous l'avez vu dernièrement, le représentant, Ghislain Picard, a annulé une rencontre avec le premier ministre, alors que c'est ça qu'il demandait depuis un certain temps. Ce n'est pas simple. Regardez, notre gouvernement ne reconnaît pas qu'il y a du racisme systémique, puis il y a des nations qui disent : Bien, moi, je ne veux pas m'asseoir tant qu'on ne reconnaît pas qu'il y a du racisme systémique. Bon, donc ce qu'on doit faire, c'est de les convaincre qu'on est prêts à agir pour réduire et éventuellement éliminer ce racisme qui existe à des endroits au Québec.

Donc, ce n'était pas simple, le mandat de Sylvie D'Amours et de sa sous-ministre, d'ailleurs. Mais, bon, c'est pour ça que je dis : On repart à neuf avec une nouvelle équipe, un nouveau ministre, un nouveau sous-ministre. Et j'espère que ça va aider les relations, mais je ne suis pas prêt à lancer la pierre à Sylvie D'Amours.

Le Modérateur : Marie-Michèle Sioui, du Devoir.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour à tous les deux. Si vous pouviez juste préciser dans votre réponse qui sera le nouveau sous-ministre, j'apprécierais. Maintenant, voici ma question. Vous avez commencé l'année avec une crise qui impliquait des autochtones, le blocus ferroviaire. Il y a ensuite eu la pandémie. Vous êtes encore une fois au coeur d'une crise qui implique des autochtones. Est-ce qu'avec le recul vous vous dites que vous avez peut-être sous-estimé les enjeux qui touchent les membres des Premières Nations et les Inuits?

M. Legault : Je ne pense pas. J'ai toujours été conscient que c'est un grand défi. Je pense qu'on n'est sûrement pas le seul gouvernement à avoir eu des crises avec les autochtones dans l'histoire. Écoutez, ce n'est pas simple, pas simple, pas simple, là. On pourrait les prendre une par une, les crises, et expliquer pourquoi c'était difficile. Il y en a encore, des dossiers qui sont chauds actuellement. Ça ne sera toujours pas simple pour le gouvernement.

Prenez une autre revendication qui est d'appuyer la déclaration des Nations unies. Bien, nos juristes, au gouvernement, nous disent : Si on signait cette déclaration-là, il y aurait un risque de donner un droit de veto sur certains projets à certaines nations. Puis il y aurait un risque, selon... puis moi, je ne suis pas avocat, là, il y aurait un risque aussi qu'on puisse remettre en question l'indivisibilité du territoire québécois. Puis ça, je me souviens, quand j'étais au Parti québécois, c'était déjà un sujet puis une inquiétude qu'on avait.

Donc, les problèmes sont là depuis longtemps. Donc, ce ne sont pas des dossiers qui sont simples. Et puis c'est pour ça que, durant la dernière campagne électorale, j'avais dit : Bon, là, c'est beau, M. Landry a réussi à faire une entente à long terme avec les Cris. Mais là il en reste 10 autres, nations. Donc, est-ce qu'on capables de s'entendre avec ces 10 autres nations là, à défaut de faire une entente globale, au moins de s'entendre sur quelques sujets? Moi, c'est ce que j'espère du plus profond de mon coeur.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Le sous-ministre?

M. Legault : Le sous-ministre? Bien, il n'est pas encore adopté au Conseil des ministres, donc je veux être prudent.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : O.K. Ma sous-question, peut-être pour vous, M. le ministre. Marc Miller a annoncé hier qu'il convoquerait une réunion d'urgence avec des leaders autochtones pour parler du racisme dans les soins de santé. Est-ce que vous souhaitez participer à cette réunion-là?

M. Lafrenière : Absolument. Comme je l'ai dit tout à l'heure, premièrement, j'accepte ce mandat-là avec beaucoup d'humilité. Écoutez, ça va être un beau défi, et je ne le réglerai pas tout seul non plus. Dans mon message, ce que je veux demander à tous les partenaires, tous les députés qui sont présents ici, c'est qu'on travaille ensemble parce que c'est un enjeu qui est important. Et je pense qu'on l'a démontré dans la commission spéciale, on peut travailler ensemble. On peut travailler de façon non partisane, alors d'avoir des discussions ouvertes.

Tout à l'heure, dès que je vais contacter les chefs des Premières Nations, premièrement, je vais voir s'ils souhaitent ma présence, mais moi, je vais être disponible. Je vais être disponible pour eux parce qu'encore une fois, je vous le répète, je crois qu'il y a beaucoup de méconnaissance. Puis un de mes premiers jobs, ça va être de s'assurer que leurs besoins, leurs revendications soient bien connues, soient bien entendues au Conseil des ministres, et ça sera mon travail. Et j'ai déjà été porte-parole, alors, je pense, je vais mettre ça à contribution aussi.

Tantôt, on a parlé beaucoup de mon passé de policier. Ian Lafrenière a été policier pendant 28 ans, c'est vrai, mais pendant... depuis les deux dernières années, je suis ici, à l'Assemblée nationale. Je pense, je vous ai démontré que je suis un député pour les gens. J'ai démontré, dans la commission spéciale, que je pouvais travailler avec des gens de divers partis, puis c'est ce que j'aimerais qu'on retienne aussi. Je ne mets pas de côté mon passé, mais j'ai démontré d'autres choses aussi.

Le Modérateur : Geneviève Lajoie, Journal de Québec.

Mme Lajoie (Geneviève) : Bonjour, messieurs. Avec l'arrivée de M. Lafrenière au Conseil des ministres et le départ de Mme D'Amours, évidemment, ça nous éloigne de la parité du Conseil des ministres. Il y a certaines personnes qui vous le reprochent, là, ce matin. Je voulais savoir est-ce que c'est difficile de composer, M. Legault, un Conseil des ministres paritaire. Et est-ce que vous vous engagez à réajuster le tir dans un prochain remaniement?

M. Legault : Bon, regardez, j'ai des chiffres avec moi. On a 76 députés à la CAQ. Bon, rappelez-vous d'abord qu'on a présenté 50 % de candidats femmes, donc, sur les 125, là, 51 % même parce qu'étant donné que c'est impair. Donc, la moitié de nos candidats, candidates étaient des femmes. Le résultat, c'est que, sur les 76 députés, il y en a 39 % qui sont des femmes, 61 % qui sont des hommes. Bon, là, on se retrouve avec un conseil des ministres où il y a 15 hommes, 11 femmes. Ça, ça veut dire 42 % de femmes ou, si on m'inclut comme premier ministre, homme, ça donne 40 %. Donc, 39 % de femmes parmi les députés d'un parti au pouvoir, je pense que c'est un record, c'est une grosse amélioration.

Mais il reste du travail à faire. Il reste du travail à faire, d'abord, pour avoir une parité chez les députés et éventuellement une parité chez les ministres. Bon, j'ai essayé, j'ai commencé à 13-13; là, on est rendus 15-11, je suis encore dans la zone paritaire que beaucoup de lois dans le monde ont mise en place, 40 %-60 %, là, maximum. Mais est-ce qu'on peut en faire plus? Oui, on peut en faire plus, mais il faut quand même rappeler que le bassin de députés, là, bien, il y a 39 % de femmes puis 61 % d'hommes.

Mme Lajoie (Geneviève) : D'accord. Donc, je comprends que vous ne vous engagez pas, quand même, à réajuster le tir dans un prochain remaniement. J'aimerais savoir pourquoi est-ce que, selon vous, il n'y a pas de racisme systémique au Québec.

M. Legault : Écoutez, d'abord, je n'aime pas ce débat-là. Mais, pour moi, il n'y a pas de système, O.K., là? Je connais des médecins qui ont travaillé toute leur vie dans certains hôpitaux puis qui me disent... ils n'en ont jamais vu dans leur hôpital. Mais, de toute évidence, il y en a dans certains hôpitaux comme, mettons, l'hôpital de Joliette. Bon, le système de santé, il fonctionne. Il y a des P.D.G. de CISSS, là... est-ce qu'il y en a, peut-être, qui n'en font pas assez pour lutter contre le racisme? Est-ce qu'il y a des P.D.G. qui sont racistes? Écoutez, moi, en tout cas, s'il y a un système, là, je ne le connais pas.

Mais, pour moi, là, je sais qu'il y a du racisme puis je vais me battre. Je n'en veux pas, de racisme au Québec. Puis on va travailler très fort avec Ian, à chaque fois, puis on va demander aux 11 nations, là : Tolérance zéro; quand vous voyez du racisme, vous nous le dites, puis on va aller intervenir. Il va falloir donner de la formation à certaines personnes sur la culture des nations autochtones. Mais, pour moi, il n'y a pas de système.

Mais moi, là, je suis un gars pragmatique, donc, pour moi, ce qui est important, ce n'est pas les débats de mots, ce n'est pas de faire une guerre de mots, c'est de faire une guerre contre le racisme.

Le Modérateur : On va maintenant passer à Hugo Lavallée, Radio-Canada.

M. Lavallée (Hugo) : Oui. Bonjour, M. le premier ministre. Votre ministre Marguerite Blais a dit récemment dans une entrevue : «Le pouvoir, c'est celui que le premier ministre te donne. C'est le premier ministre qui a le pouvoir, c'est lui qui décide des orientations et de ce qu'il veut faire de son gouvernement.» Donc, vous nommez aujourd'hui un nouveau ministre. Est-ce que vous allez lui donner plus de pouvoirs, plus de ressources, plus de moyens que vous n'en aviez donné à Mme D'Amours pour avoir les résultats que vous escomptez?

M. Legault : Écoutez, moi, mon style de gestion, là, puis c'était ça dans l'entreprise privée, là, si les personnes sont capables de prendre des responsabilités, là, je vais leur en laisser. C'est moins de travail pour moi. Je vais leur en laisser tant qu'ils sont capables d'en prendre. Mais évidemment c'est mon rôle de réaligner… d'abord, de faire le suivi. Je sais que les ministres, des fois, bon, ils reçoivent des petits courriels : Qu'est-ce qui arrive avec ça, puis je te l'avais demandé il y a deux semaines, puis là, bien, ce n'est pas arrivé, là. Donc, mon rôle, c'est de suivre. Mais, à partir du moment où les ministres livrent, là, moi, c'est un grand plaisir, pour moi, de leur laisser plus de responsabilités.

M. Lavallée (Hugo) : J'aimerais aborder un autre sujet avec vous maintenant puis revenir sur la comparaison que vous avez faite un peu plus tôt cette semaine avec les États américains, Massachusetts, État de New York, État du New Jersey. Je veux être certain de bien comprendre les indicateurs que vous utilisez pour faire la comparaison parce qu'entre autres, quand on regarde les données de la Banque Nationale, l'Université John Hopkins, on voit que, si on regarde, par exemple, les derniers sept ou même les 28 derniers jours, oui, il y a une hausse dans les États que vous identifiez, mais il y a quand même une hausse supérieure au Québec. Donc, juste pour être sûr que tout le monde soit sur la même longueur d'onde, si vous nous expliquiez la fenêtre de temps que vous utilisez et les indicateurs.

M. Legault : Oui. Bien, je suis très content de la question, là, parce que j'ai eu des échanges pour tout... Moi, étant donné que je suis assez transparent puis direct, j'ai eu des échanges en privé avec Gérard Filion jusqu'à 22 h 30 hier soir parce que je n'ai pas aimé son reportage puis son article.

Bon, ce que je veux vous dire, il y a deux données qui sont importantes, le nombre de cas par million ou par 100 000 habitants puis le nombre de décès, parce qu'évidemment là, c'est la pire conséquence de la COVID, le nombre de décès par million ou par 100 000 habitants. Bon, quand on regarde les courbes de cas ou les courbes de décès, les courbes ne sont pas au même moment, O.K.? Quand on regarde les courbes des États américains, les courbes des pays en Europe, les courbes au Québec, elles n'arrivent pas au même moment. Il peut y avoir des pics qui commencent plus tôt ou qui arrivent plus tard.

Donc, ce qu'il faut, c'est de regarder le portrait global, O.K.? Puis là je vais vous donner des chiffres, O.K., puis je sais que ça va peut-être être un peu long, là, nombre de cas par 100 000 habitants, O.K. : New Jersey, 2 377; New York, 2 417; Massachusetts, 1 987; Connecticut, 1 676; Rhode Island, 2 459; District of Columbia, 2 234; Illinois, 2 473; Michigan, 1 467; Québec, 976. Donc, quand on regarde les États voisins du Québec, ils sont tous plus hauts que nous sur le nombre de cas. Ça, c'est depuis le début de la pandémie.

C'est pour ça que je vous dis, il faut prendre tout l'ensemble du portrait. Je reviens... puis c'est ça que M. Filion ne fait pas, là. Il prend une semaine au hasard puis là il dit : Bien, ça va pire au Québec. Bien oui, mais regarde les semaines avant, ça allait pire là-bas. Bon...

M. Lavallée (Hugo) : Ce qui compte, c'est la deuxième vague, là, parce que la première vague, on sait déjà que...

M. Legault : Il faut regarder l'ensemble du portrait, parce qu'il y en a qui disent que la première vague, ça a été pire au Québec qu'ailleurs. Donc, il faut regarder... puis la première vague, elle n'a pas commencé puis fini au même moment. Puis la deuxième vague, c'est la suite de la première vague. Laissez-moi terminer.

Nombre de décès par 100 000 habitants : New Jersey, 182; New York, 171, Massachusetts, 139; Connecticut, 127; Rhode Island, 106; Illinois, 72; Michigan, 72; Québec, 70. O.K.? Ça, là, c'est effectivement pour les sept mois ou huit mois de la pandémie. C'est sûr qu'on peut choisir des semaines, là, où ça va mieux puis des semaines où ça va moins bien. Ça dépend aussi... C'est sûr que, là, en fermant les restaurants, les bars, les théâtres, en disant : Vous ne pouvez même plus être 10 ou six et pas d'invités chez vous, bien, vous allez voir, les chiffres, là, ils vont être meilleurs au Québec dans les prochaines semaines, probablement, que beaucoup d'États. Mais il y en a qui ont mis ces mesures-là dans les semaines précédentes, puis là ils... Mais ce qui est important, c'est de regarder le portrait global, puis c'est ça que M. Filion n'a pas fait. Puis moi, je pense qu'il faut regarder le portrait global.

M. Lavallée (Hugo) : Mais précisément, sur la deuxième vague, donc est-ce que vous reconnaissez qu'il y a un...

M. Legault : Mais elle commence quand, la deuxième vague?

M. Lavallée (Hugo) : Bien, elle commence cet été.

M. Legault : Je pourrais vous donner d'autres chiffres sur la deuxième vague, mais là il faut comprendre que la deuxième vague ne commence pas au même moment pour tous les États, là.

Le Modérateur : Olivier Bossé, Le Soleil.

M. Bossé (Olivier) : Bonjour. M. Legault, hier, vous avez dit que vous allez vous impliquer personnellement dans le dossier autochtone. Est-ce que votre implication personnelle, c'est de changer de ministre ou vous comptez rester impliqué personnellement dans le dossier?

M. Legault : Non, ce que j'ai dit à Ian, hier, c'est : je suis prêt à assister à un certain nombre de rencontres. Évidemment, là, je ne peux pas être là dans les négociations avec les 11 nations puis les 55 communautés, mais je suis prêt à être là dans le dossier, parce que, là, il y a un travail à faire. Bon, évidemment, je vais suivre le dossier avec Ian, hein? On a comme un petit bulletin, là, il y a 142 recommandations du rapport Viens. Combien qu'on peut en... Sur combien on peut dire «check», hein? Et, bon, rappelons-nous aussi que, dans le dernier budget du printemps, on a mis de côté 200 millions, puis il n'y a pas un sou de dépensé à date, là. Je ne dis pas : Il faut absolument dépenser, là, mais, bon, il faut commencer à s'entendre, là. Donc, je vais suivre le dossier puis je vais m'impliquer au besoin.

M. Bossé (Olivier) : M. Lafrenière, est-ce qu'on peut dire, pour vous, c'est pour cette raison-là, ce qu'on voit aujourd'hui, pour laquelle vous vous êtes impliqué en politique puis vous vous êtes présenté en 2018? C'est pour avoir des responsabilités comme ça puis avoir un impact important?

M. Lafrenière : Absolument. J'ai accepté le mandat avec beaucoup d'humilité.

J'aimerais prendre juste un instant pour souligner le travail de Sylvie, ma collègue Sylvie. J'ai eu à travailler avec elle entre autres à Val-d'Or, on s'est déplacés ensemble, et j'ai vu Sylvie travailler sur le terrain. C'est une femme de coeur qui s'est bien impliquée. Alors, je veux saluer son travail.

Et moi, en acceptant ce mandat-là, comme j'ai dit tantôt, je veux le faire avec mes collègues, je ne le ferai pas tout seul. Mais je suis heureux... Je sais que ça va être un beau défi et je suis vraiment heureux de le relever aujourd'hui.

M. Lacroix (Louis) : Je vais poser une question, si vous me le permettez. M. Legault, vous avez dit, il y a quelques instants... tout à l'heure, vous avez dit qu'il y avait des représentants de l'État qui ont posé des gestes racistes et ensuite vous avez spécifié... Bon, est-ce qu'il y a des P.D.G. de CISSS qui sont racistes? Vous avez soulevé cette question-là.

Pouvez-vous être plus spécifique sur ce à quoi vous faites référence? Quand vous dites, par exemple, qu'il y a des représentants de l'État qui ont fait des gestes racistes, est-ce que vous parlez des P.D.G. en question?

M. Legault : Non, je parlais entre autres de l'infirmière puis de la préposée à Joliette, je parlais de certains policiers dont on parle dans le rapport puis qu'on a parlé à la commission Viens. Je n'ai aucune indication qu'il y a des P.D.G. de CISSS ou de CIUSSS qui sont racistes. Est-ce qu'il y en a qui ne se sont pas assez occupés de ce problème-là? Peut-être, et c'est pour ça qu'il va falloir s'assurer, là, que le travail soit fait. Et puis moi, quand j'ai rencontré les chefs attikameks, là, j'ai dit : Là, le problème à l'hôpital de Joliette, on va le régler, puis le plus vite, ça va être le mieux.

M. Lacroix (Louis) : Je vais laisser ma deuxième question à Geneviève Lajoie.

Mme Lajoie (Geneviève) : Rebonjour. Les parents de Québec viennent de recevoir un message du Service de police de la ville de Québec qui précise, et je vais vous le citer... Les policiers vont aller voir les élèves sur le bord des écoles. «Advenant le non-respect des mesures sanitaires, les policiers miseront d'abord sur la collaboration. Dans le cas contraire, le décret gouvernemental donne désormais le pouvoir aux policiers de donner un constat d'infraction.»

Est-ce que vous souhaitez que les policiers donnent des constats d'infraction aux adolescents au pourtour des écoles?

M. Legault : Non, mais ce pouvoir-là est là et puis il faut prendre ça au sérieux. Puis il faut que les élèves, là, dans les rassemblements, que ça soit dans la cour ou peu importe où dans la ville, là, qu'ils prennent ça au sérieux, puis qu'il n'y ait pas de rassemblements. Mais notre objectif, ce n'est pas de commencer à donner des tickets aux élèves dans les cours d'école.

Le Modérateur : Je vais prendre une autre question, le premier qui lèvera sa main, en français, puis après ça on passe en anglais, s'il vous plaît. Est-ce qu'il y a quelqu'un d'autre qui a une question? Alain Laforest.

M. Laforest (Alain) : M. Lafrenière, aujourd'hui, votre plus grand défi avec les communautés autochtones, c'est lequel?

M. Lafrenière : Aujourd'hui, dès qu'on a terminé cette rencontre-là, ça va être d'établir un premier lien avec tous les chefs. J'ai déjà eu plusieurs appels ce matin. Alors, pour moi, c'est important de bâtir ce lien-là, d'avoir une discussion ouverte, qu'ils comprennent que je suis disponible, que je suis là pour eux. Alors, ça va être mon premier défi.

Par la suite, là, ça va être de structurer l'équipe. On parle d'un nouvel élan. Il va falloir structurer l'équipe. Et vous me connaissez, vous savez que je suis très transparent. Alors, par la suite, je serai disponible pour vous pour parler aux médias de notre intention, de notre plan de match. Mais là, pour l'instant, je veux rencontrer les gens des Premières Nations. Je veux le faire par respect avec eux.

M. Laforest (Alain) : La réception, ça a été quoi?

M. Lafrenière : Ce que j'ai reçu ce matin? Écoutez, honnêtement, j'ai perdu le contrôle de mon téléphone quelque temps. J'ai eu beaucoup de messages. Alors, je pense, c'est un défi, un défi qui est important. Je pense, les gens... J'ai eu des messages de plusieurs personnes qui voulaient s'impliquer, qui voulaient qu'il y ait un changement. Quand je vous dis que les gens sur le terrain veulent des actions, c'est le message que j'ai entendu ce matin. Les gens veulent des actions. Ils veulent du concret. Alors, vous pourrez nous juger au concret qu'on va vous apporter.

Le Modérateur : On va maintenant passer aux questions en anglais. On va commencer avec Raquel Fletcher, de Global.

Mme Fletcher (Raquel) :Good morning. I want to be careful how I pose this first question because the Premier says he doesn't like that debate, about racism versus systemic racism, and that's not the debate that I want to start right now either. But, when we talk about systemic racism, it's because we're trying to differentiate between someone, for instance, who makes a racial slur in the workplace and a policy or a culture that exists within the system or in the institution itself. And you mentioned, Mr. Lafrenière, racial profiling, which is a part of police culture that, I imagine, you want to change. And, when you try to change something like that, when you try to change the culture of an institution, oftentimes you receive backlash. And you have comrades, you have friends in policing, in that background. So my question is : If you are really serious about changing… about getting rid of racism in our institutions, are you prepared to be hated by the people, the police officers, the friends that you have?

M. Lafrenière : I've been a police officer for 28 years, this includes 20 years plus as a person in charge of communications. Believe me, I've been involved in quite a few events where officers were not proud of me, they were not happy of what I was doing. I was a person in charge, I was an accountant, an inspector, so, sometimes, you take very hard decisions. Did it happen in the past? Absolutely. Was I involved in the... all the racial profiling teaching that we've been doing? Because, as you know, they've been in... at the Montréal police for years, teaching people how not to do some racial profiling. I've been involved in that. I'm I ready to face that reality? Absolutely. Absolutely. Because this is a very important measure. This is important for us, talking about racism, talking about racial profiling, talking about discrimination. Absolutely. It's important. And, believe me, most of the officers, they're not happy about that. They too want a change also. There's a few bad apples, here and there, we need to correct that, and I'm more than ready to face that reality.

Mme Fletcher (Raquel) : There are a number of people, in First Nations communities in Québec, who say they would have preferred to see someone who spent their life advocating for indigenous rights as opposed to someone who represented the police. What is your first step or your plan of action to convince the people in these communities that you can be trusted?

M. Lafrenière : I think they're going to judge me on my actions. And, as you know, Denis Lamothe has been quite involved in that very important topic. Denis has been working, yes, as a police officer for the SQ, but for numerous years he was involved up North. I've been involved up North myself, because, as you know, I'm also a member of the Canadian Armed Forces, I've been dealing with the Rangers, so I think we've got a lot of knowledge. But, again, this is relation, this is trust, I'm going to build that, I'm going to start that today, and people will judge me on my actions.

Le Modérateur : Spencer Van Dyk, de CBC.

Mme Van Dyk (Spencer) : Hi. My first question is for Minister Lafrenière. Could you give us some examples of concrete actions that you would like to implement to fulfill the Viens Commission recommendations?

M. Lafrenière : You're not going to like my answer because, to be honest, I'm going to keep that for myself for the moment. Why that is? Because I want to talk to First Nations first. I don't want to send my plan, my examples right now because the most important thing is to get that together, to work together on that, not to impose my view. I've got numerous examples, but I want to make sure it comes from nations. So, that's why I'm going to talk to them, this is my first priority. And that's the reason why also I won't speak to medias for a few days. But, believe me, I'll be back. But now, this is important to get the first link with the First Nations.

Mme Van Dyk (Spencer) : And for Premier Legault. Indigenous groups are saying today that, until your Government acknowledges that systemic racism exists, the problem facing indigenous communities cannot be resolved. So, what difference do you think it will make naming a new Indigenous Affairs minister until that underlying problem is addressed?

M. Legault : I'm not aware of what... Which nation are you talking about?

Mme Van Dyk (Spencer) : They're has been several comments, this morning, and reactions.

M. Legault :O.K. But can you give me one?

Mme Van Dyk (Spencer) : Yes, I can. Let me just come through here. One of the comments was from the Montreal Native Women's Shelter.

M. Legault :O.K. But you're not talking about the chief of one of the nations.

Mme Van Dyk (Spencer) : Not specifically chiefs this morning.

M. Legault : I'm optimistic that the different representatives of the different nations will accept to discuss, negotiate, fight against racism without having to change our position about systemic racism.

Mme Van Dyk (Spencer) : But the question still stands, that : Until you address systemic racism, do you think that it will make a difference to change the Minister involved in that file?

M. Legault : I think it has no relationship. When I met with the Attikamek, first, it's important, I said clearly that I have no intention of changing my position, but they were ready to meet with us. And they even invited me in Manawan. So, I'm confident that without changing our position about the fact, is there a system or not, that we will be able to fight against racism together.

Le Modérateur : Phil Authier, The Gazette.

M. Authier (Philip) : Good morning. Mr. Lafrenière, I just want to ask you. There's a degree of mistrust, fairly significant degree of mistrust, especially in the last few weeks, between the Government and the indigenous nations. What would you say would be the most important issues to be tackled? You mentioned that you don't to get into the debate about systemic racism, but what are the concrete issues that you want to tackle immediately?

M. Lafrenière : But, first of all, as I mentioned a bit earlier, I want to have an open discussion with them, a respectful dialog. And that's the reason why my first priority is going to be to call all those chiefs. I've been in contact with them for the past hours, they've been sending me messages. But now we need to build our relationship just to make sure it's open. And I think... because earlier it was mentioned about the racial profiling, how it's seen by different nations, I think we need to work together first. I think we need to talk to each other. And they will see, quite frankly, that I'm extremely reachable, they can talk to me. So, we're going to open a dialog. And now, you build trust. Because, as you mentioned, this is an important thing, we need to build trust, we need to trust each other. I also heard it won't be possible to build anything, it won't be possible to do some actions. And as I mentioned in French earlier, the Prime Minister has made that loud and clear, he needs some real action. So he asked me to do some concrete actions.

M. Authier (Philip) :Mme D'Amours, yesterday, in answering a question, in the legislature, to Greg Kelley, said that her process, her handling of this file... she said it was a slower... she moved slower, but in a different way, and that she wanted to work with the Nations, and for them, and to stop the colonialist attitude that people have.

So she had been working on that kind of dialogue for months, and we know where we're at today. How are you going to get past that?

M. Lafrenière : But, first of all, as I mentioned a bit earlier, you're going to judge me on my actions. I've been in place for a few minutes now, hour, but I think it's extremely important. And as I mentioned also earlier, this is not a one man job, this is not the job of Ian Lafrenière. This is the job of all the MNAs, because I think building a strong relationship with the First Nations is so important. I made some results, talking about the special commission. You can see that the 15 individuals working on that special commission have been working together for kids. So I think we can do the same thing with First Nations. We can work together because this is so important.

Again, give me a few hours. I'll get back to you. But I'll be on the field and I'll do some real actions, something that you're going to see.

Le Modérateur : Par souci d'équité, je vais permettre une dernière question en anglais, si vous en avez une.

M. Pouliot (Samuel) : Moi, j'en ai une.

Le Modérateur : Oh! excuse-moi, je ne t'avais pas vu. Excuse-moi. Oh! désolé, je ne t'avais pas vu.

M. Legault : Deux mètres.

M. Pouliot (Samuel) : Mr. Legault, indigenous people are still protesting... something in parc La Vérendrye. This was one of the dossiers of Mrs. D'Amours, and she was critiqued on that. What's the position of the Government? What will you do about this dossier?

M. Legault : First, there's an injunction. Second, I want to continue discussions with people of the First Nations. So we'll continue discussions. I hope that we can solve the problem together.

M. Pouliot (Samuel) : OK. And once again, you are asked to recognize systemic racism. There's a group of experts who says : When a group of citizens has been repeatedly marginalized for decades by public institutions because of their race, as the Viens Commission's report demonstrated, is it indeed systemic racism? Do you think that?

M. Legault : I don't think so. So groups are saying : Yes, there is. Some are saying : No, there's not. I'm talking about the Quebeckers in general. So, I think the last thing we need is to divide Quebeckers. Because there is something that everybody believe, it's that we need to fight against racism. We need to take actions, stop fighting about words and take actions.

Le Modérateur :Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 55)

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