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Point de presse de Mme Dominique Anglade, cheffe de l’opposition officielle, Mme Isabelle Melançon, porte-parole de l’opposition officielle en matière de tourisme, et M. Monsef Derraji, porte-parole de l’opposition officielle en matière de PME et d’innovation

Version finale

Le jeudi 22 octobre 2020, 8 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures cinq minutes)

Mme Anglade : Alors, bonjour. Bonjour à tous. Encore une fois, accompagnée de mes collègues Isabelle Melançon et Monsef Derraji. Aujourd'hui, nous avons deux points qu'on aimerait partager avec vous : le premier en lien avec le secteur de l'hôtellerie au Québec, qui sera présenté par Isabelle Melançon, et le second, on va revenir sur la demande de commission d'enquête indépendante que l'on souhaite voir ici à Québec.

Alors, je vais tout de suite céder la parole à ma collègue Isabelle Melançon et la féliciter pour sa proposition.

Mme Melançon : Merci. Bonjour. Bonjour, tout le monde. Alors, comme vous le savez, depuis le mois de mars, les hôteliers sont vraiment affligés par la pandémie. La saison estivale a été un désastre partout au Québec pour les hôteliers. Et les taux d'occupation actuellement, à Montréal et à Québec, oscillent entre 3 % et 5 %. Actuellement, même période, ils seraient à 70 %. Et pour tout le territoire du Québec, c'est moins de 10 % en taux d'occupation. Pour les hôteliers de Montréal, c'est un manque à gagner actuellement de 500 millions de dollars, et pour ceux de Québec on parle de 125 millions de dollars, et ça, c'est sans parler des banquets, du bar, du stationnement, bref, des autres revenus auxquels habituellement ils ont droit.

En hôtellerie, la vraie crise, actuellement, c'est une crise de liquidités. On manque d'argent liquide pour pouvoir, notamment, payer les taxes foncières. On apprend qu'un hôtelier sur cinq actuellement ne sera pas capable de payer ses taxes foncières, le prochain paiement qui est à venir. Alors, les frais fixes sont élevés, comme vous le savez. Et malheureusement, le 11 juin dernier, on a eu une démonstration de la ministre du Tourisme, qui est très triste, on a fait un grand plan de communication, on a annoncé 750 millions de dollars dans un plan, où la ministre a oublié de dire que 92 % de son annonce, c'étaient des prêts. Et des prêts, actuellement, ce n'est pas ce dont ont besoin les hôteliers. Ils ont besoin de liquidités, comme je vous l'expliquais il y a quelques secondes. Et les programmes qui sont des prêts, non seulement ils sont mal ficelés et pas adaptés, mais, en plus de ça, ils ne sont pas utilisés.

Donc, je vais vous donner un exemple, là. Le PADAT — avec un t — donc, c'est le programme pour la rénovation des hôtels. Il y a 248 millions de réservés pour ce programme-là. En date d'aujourd'hui, il y a eu cinq demandes, seulement, pour un programme qui est supposé venir en aide. La raison pour laquelle c'est anémique, c'est assez simple, c'est que ces programmes-là ne sont pas adaptés, les hôteliers en ont fait mention à plusieurs reprises.

Les hôteliers, donc, ils l'ont dit, ils sont endettés, les frais fixes sont élevés. Et on nous annonçait hier que 77 % des hôteliers ne pensent pas pouvoir survivre d'ici les 12 prochains mois si rien n'est fait. Ça veut dire que plus de 75 % des hôtels fermeraient si le gouvernement continue à se croiser les bras comme ils le font depuis le début de la pandémie pour les hôteliers. 44 000 emplois dépendent du secteur de l'hôtellerie.

Et je dois vous mentionner au passage que les hôtels sont de propriété québécoise, largement. Il faut défaire ce qu'on pense, là, actuellement, les grands hôteliers, 70 % des hôtels au Québec, là, appartiennent à des Québécois. Donc, il faut bouger, il faut bouger pour les familles aussi qui travaillent dans ces hôtels. Alors, n'oublions pas qu'on génère des milliards de dollars en retombées économiques, lorsqu'on parle du secteur de l'hôtellerie, et des centaines de millions de dollars en revenus pour l'État.

Les choses ne vont pas aller en s'améliorant, on le sait, là, les touristes ne seront pas de retour au Québec rapidement. Alors, c'est pourquoi aujourd'hui j'ai écouté le premier ministre du Québec, avec les collègues, on a décidé de faire une proposition au premier ministre du Québec, et voici la proposition :

«Que le gouvernement du Québec finance auprès des municipalités un congé de taxe foncière pour 2020 pour les hôteliers.»

Ça représente un peu plus de 200 millions de dollars et ça, ça peut véritablement sauver toute une industrie qui en a besoin. Alors, j'invite vraiment la ministre du Tourisme, mais aussi le premier ministre du Québec, à porter une attention particulière à cette demande qui, je le répète… Moi, j'ai écouté le milieu, je les ai rencontrés personnellement et je peux vous dire quelque chose, avec les collègues, là, on doit agir rapidement, sans quoi ce sera l'hécatombe. Merci beaucoup.

Mme Anglade : Alors, merci, Isabelle, de cette proposition puis du travail qui est fait avec les hôteliers. Je peux vous dire qu'ils sont en attente depuis… pour moi-même avoir parlé avec eux, je peux vous dire qu'ils sont drôlement en attente de solutions concrètes pour le secteur.

Écoutez, quelle est la situation aujourd'hui au Québec? Quand on regarde la situation au Québec, c'est celle-là : on s'enfonce dans le rouge. On regarde tous les secteurs, on regarde les CHSLD où il y a de nouvelles éclosions, on regarde les enjeux de santé mentale, dont j'ai moi-même parlé ici à plusieurs reprises, on regarde la pénurie des tests, la manière dont les tests se sont faits auprès du personnel soignant, on a vraiment plusieurs enjeux.

Or, si on regarde… En fait, il faut se poser la question suivante. Pour savoir où on va, encore faut-il savoir d'où on vient, encore faut-il savoir pourquoi nous en sommes rendus là aujourd'hui. Et pour répondre à cette question, pour répondre aux questions qui... D'abord, dans la première vague, on n'a toujours pas eu de réponse par rapport aux commandes de matériel, pourquoi on n'avait pas suffisamment de demandes de matériel, pourquoi nous n'avions pas suffisamment de tests de prêts, pourquoi il n'y avait de préparation qui avait été faite. Les mêmes questions se posent encore pour la deuxième vague. Et, si nous voulons avoir des réponses aujourd'hui, si nous voulons comprendre où on s'en va, on a besoin de regarder tout ce qui s'est fait par le passé. Et c'est la raison pour laquelle nous pensons qu'il faut absolument regarder une commission d'enquête indépendante.

L'option proposée par la CAQ, et je tiens à le dire, n'est pas une commission d'enquête publique. Elle n'est pas une commission d'enquête publique pour deux raisons : ce n'est pas une commission d'enquête, et elle se fait à huis clos, elle se fait à porte close, elle n'est pas publique. Ce que nous voulons, c'est une commission d'enquête publique. La proposition du Parti québécois est louable parce que... et on l'appuie vraiment, là, je tiens à le dire, on l'appuie dans la forme. Cependant, elle est trop restrictive parce qu'on ne parle simplement que de CHSLD. On sait qu'on a eu de grands enjeux dans les CHSLD et qu'il faut répondre à ça.

Néanmoins, on estime qu'il faut élargir le mandat parce que nous avons besoin d'avoir des réponses sur la manière dont les décisions sont prises, sur la préparation qui a eu lieu. Et c'est pour ça que nous souhaitons avoir une commission d'enquête publique qui va faire l'évaluation des politiques publiques face à des grandes pandémies, mais à la lumière de la crise sanitaire de la COVID-19. Et c'est le seul moyen, pour nous, encore une fois, de bien comprendre ce qui s'est passé mais aussi de pouvoir voir ce qui s'en vient et d'expliquer à la population comment les décisions sont prises au sein du gouvernement, parce qu'on n'est pas capable d'expliquer, encore une fois, pourquoi nous en sommes rendus là.

Voilà, on est prêts à répondre aux questions.

M. Laforest (Alain) : Vous avez parlé des hôteliers, mais qu'en est-il des restaurateurs? Parce que ce matin, la sortie, elle est des restaurateurs. Vous demandez un congé de taxe de 200 millions pour l'hôtellerie, mais les restaurateurs aussi agonisent, là.

Mme Anglade : Vous avez tout à fait raison de parler des restaurateurs. J'ai moi-même eu une rencontre avec plusieurs dizaines de restaurateurs, hier. Mais j'ai mon collègue ici, Monsef Derraji, qui va pouvoir répondre plus en détail.

M. Derraji : Merci pour la question. Bien, vous avez tout à fait raison. Et, rien qu'hier nous avons posé la question au ministre de l'Économie, et aujourd'hui même, sur les ondes de Paul Arcand, il a avoué que le programme d'aide ne marche pas et qu'il y a des retards. Donc, la situation, elle est très problématique pour les restaurateurs au même niveau que les hôteliers. Donc, c'est à prendre au sérieux pour venir en aide aux restaurateurs. Ce n'est pas 15 000 $ et du prêt-à-emporter qui va aider les restaurateurs à passer à travers la vague qui s'en vient, la pandémie où on est présentement. Et donc il faut les accompagner au niveau, un, passer à travers, payer les frais fixes qu'ils paient maintenant, qui sont énormes, pour pouvoir résister à la deuxième vague. Donc, la question, elle est louable, et j'invite le ministre de l'Économie à écouter les doléances.

M. Laforest (Alain) : ...concrètement, c'est quoi? Vous dites : 200 millions de congé de taxe foncière pour l'hôtellerie, mais pour les restaurateurs, au-delà du prêt, vous demandez également qu'on donne de l'argent? Concrètement, là.

M. Derraji : Ce que les restaurateurs, concrètement, nous disent aujourd'hui : ce n'est pas les prêts qui vont les aider à passer à travers la deuxième vague, ce n'est clairement pas les prêts. Jusqu'à maintenant le gouvernement a mis uniquement des prêts et des garanties de prêt, et ils ne répondent pas aux besoins des restaurateurs.

M. Lacroix (Louis) : ...les hôteliers, là, parce que, bon, vous dites… Il y a deux catégories d'hôteliers aussi, là. Il y a des grandes chaînes comme, par exemple, la chaîne Hilton, là, pour qui se qui se passe, en ce moment, ça va être une écriture comptable dans le livre, quand ça va recommencer, ils vont recommencer à faire des profits importants, etc. Est-ce qu'il faut aider les grandes chaînes d'hôtellerie comme, par exemple, Hilton et autres chaînes, là, de la même façon que les indépendants, que les propriétaires de plus petits hôtels au Québec, tout ça? Est-ce qu'il faut avoir une aide qui est mur à mur?

Mme Melançon : Actuellement, là, je vais vous donner des exemples, le Four Seasons, c'est un propriétaire québécois, c'est une…

M. Lacroix (Louis) : Mais ce n'est pas de ça que je parle. Ma question est spécifique : Est-ce qu'il faut aider les grandes chaînes hôtelières internationales, qui sont installées au Québec, de la même façon que les propriétaires québécois? C'est ça, ma question.

Mme Melançon : Bien, il y a des propriétaires québécois qui ont aussi des grandes chaînes, donc ça peut aller dans le même sens, M. Lacroix. Moi, ce que je vous dis, aujourd'hui, c'est qu'on doit y aller avec une aide en argent sonnant parce que les prêts ne suffisent pas, et 77 %, 77 % des hôteliers disent que si rien n'est fait, on va perdre tous nos hôtels… 77 % des hôtels au Québec.

Alors, ce qui est important actuellement, puis c'est le message qu'on passe au gouvernement, puis le gouvernement, là, prendra les décisions... mais on doit aider les hôteliers. Puis pour le reste, il y a le gouvernement qui doit prendre les décisions, puis c'est eux qui vont faire ces programmes-là. Moi, ce que j'invite le gouvernement à faire, c'est de ne pas perdre de vue que plus de 70 % des propriétaires d'hôtels au Québec sont propriétés québécoises.

M. Lacroix (Louis) : Puis les 30 % qui restent, est-ce qu'on les aide de la même façon? C'est ça, ma question. Elle est aussi simple que ça.

Mme Melançon : Bien, aussi simple que ça, moi... Ce qu'il faut qu'on regarde, là, c'est que si on perd des hôtels puis si on n'a plus d'offres, quand ça va reprendre, quand les touristes internationaux vont revenir, savez-vous ce qui va arriver s'il y a plus de chambres? Bien, on ne sera plus les villes à congrès, on ne sera plus… Donc, oui, ça prend de l'aide. Et qu'est-ce qu'il y aura exactement dans le programme, bien, je laisserai le soin au gouvernement. Je n'ai pas tous les chiffres, je n'ai pas avec moi tous les fonctionnaires que Caroline Proulx peut avoir. Moi, ce que je veux, c'est qu'il puisse y avoir de l'aide directe pour 70 %... minimalement, là, 70 % des hôteliers. Puis les grandes chaînes, là, s'ils ont des besoins... Parce que les 44 000 emplois, là, directs en hôtellerie, ça aussi, c'est important. C'est des milliards de dollars en retombées économiques.

M. Lacroix (Louis) : O.K. Mais, juste un… c'est : Oui, on aide tout le monde de la même façon? C'est ce que je comprends?

Mme Melançon : Oui, il faut aider tout le monde de la même façon.

M. Lacroix (Louis) : Merci.

Mme Gamache (Valérie) : Mme Anglade, concernant la situation dans les CHSLD, vous avez peut-être vu ce matin que le gouvernement était supposé envoyer des SWAT dans quatre CHSLD…

Mme Anglade : Excusez-moi, je vais juste vous demander d'approcher puis…

Mme Gamache (Valérie) : Oui. Alors, vous avez peut-être vu ce matin que le gouvernement était supposé envoyer des équipes SWAT dans quatre CHSLD pour voir comment les éclosions sont survenues, comment les protocoles ne sont pas respectés ou pas adéquats. Comment vous réagissez quand vous voyez des nouvelles comme ça ce matin?

Mme Anglade : Moi, je me pose la question : Comment on en est arrivés là? Comment on en est arrivés là? On a vécu une première vague où on a eu des éclosions dans les CHSLD. On a dit qu'on avait compris tout ce qui s'était passé. On nous a dit qu'on était vraiment sous contrôle, qu'il y avait un plan de match. Je rappelle que le premier ministre nous a dit, le 25 août dernier : Nous avons un plan, nous sommes prêts. Pas plus tard que cette semaine, la vice-première ministre nous a référés au plan qui avait été déposé, un plan complet, détaillé, qui avait été déposé par rapport à la préparation, et ce que l'on constate c'est que ce n'est pas le cas et qu'on doit maintenant déployer du monde pour aller comprendre ce qui se passe.

Donc, encore une fois, une des raisons pour laquelle on se retrouve là, c'est qu'on ne comprend pas la manière dont les décisions sont prises, on ne comprend pas… Il y a toute la question de la Santé publique, des avis de la Santé publique versus les décisions qui sont prises, mais le niveau de préparation... on a besoin de comprendre quel était le niveau de préparation. Quand on dit qu'on était préparés, qu'est-ce qui était préparé, au fond? Qu'est-ce qui était préparé? Et, je reviens à la question fondamentale, si on veut savoir… La COVID ne disparaîtra pas demain matin. Si l'on veut savoir où on va, il faut qu'on comprenne, un, ce qui s'est passé, comment les décisions sont prises, et le seul moyen de le faire, c'est d'avoir une commission d'enquête publique.

M. Laforest (Alain) : Donc, pour vous, c'est une démonstration que le gouvernement n'était pas prêt, là, que Santé publique n'était pas prête?

Mme Anglade : C'est clair que le gouvernement n'était pas prêt. C'est clair que le gouvernement n'était pas prêt. Et, s'il dit qu'il était prêt, aujourd'hui... Je veux dire, regardez les résultats. Je vous rappelle encore une fois… Je veux dire, c'est ça, la situation dans laquelle on se trouve. C'est ça, la situation dans laquelle on se trouve.

Mme Gamache (Valérie) : Malgré toutes les conférences de presse qu'on a eues, c'est comme si le gouvernement improvise encore?

Mme Anglade : Bien, une improvisation, certainement, mais aussi une incohérence dans les propos qui sont tenus puis dans l'exécution. Si on avait été prêts, si on avait été prêts, on ne se retrouverait pas dans cette situation-là. On ne se retrouverait pas dans cette situation-là. Et c'est ce refus aussi de transparence. On le demande depuis le début. Pour soutenir le gouvernement, là-dedans, on dit : Expliquez-nous comment ça va fonctionner, séparez la Santé publique des décisions politiques qui sont prises, aidez-nous à comprendre comment ces décisions-là sont prises pour qu'on puisse au moins aller les expliquer. C'est ça que les Québécois se posent comme question aujourd'hui. Si vous allez en Mauricie, les gens regardent la situation, ils veulent juste comprendre pourquoi on en est là, comment les décisions sont prises. On n'arrive pas à comprendre ça, au Québec, et, s'il y a quelqu'un qui est capable de nous l'expliquer, on serait bien heureux de l'entendre.

M. Carabin (François) : En début de semaine, M. Arruda a indiqué qu'il serait inévitable qu'il allait y avoir des cas, que les CHSLD, qu'on le veuille ou non, étaient quand même des lieux ouverts sur le monde. Je pense que c'est les termes qu'il avait utilisés. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça? Sinon, est-ce que c'est un constat d'échec, déjà?

Mme Anglade : Bien, je pense que c'est un constat d'échec quand vous regardez la situation. Rappelons-nous que les CHSLD, c'est là où ça a frappé le plus fort dans la première vague. On nous a dit qu'on a appris de cette première vague là. On nous a dit qu'on a appris, mais on n'a jamais été capable de répondre aux questions. Comment ça se fait que nous n'étions pas prêts? Comment ça se fait que l'équipement manquait? Comment ça se fait qu'il manque des tests?

Aujourd'hui, lorsque vous regardez du personnel soignant qui n'est pas capable de se faire diagnostiquer dans un temps acceptable, pourquoi on n'est pas prêts à affronter ça? Pourquoi on est dans cette situation-là, aujourd'hui, alors que le gouvernement nous a dit : On est prêts, le 25 août dernier, alors que, dans les dernières semaines, on nous a dit : On a un plan, ça va durer 28 jours, puis après ça on va être... Le 28 jours arrive la semaine prochaine. Est-ce que vous pensez qu'on est dans une situation où on peut dire qu'après 28 jours on est dans une meilleure posture? Poser la question, c'est y répondre.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce qu'il faut commencer à rouvrir l'économie? Parce que M. Legault a laissé entendre mardi qu'il regardait la possibilité de permettre une réouverture ou, en tout cas, encadrer, de ce qu'on a compris, ce n'était pas tout à fait précis, son affaire, là, sur les restaurants, les gyms. Il dit : À condition qu'on soit à deux mètres de distance. Puis il a parlé des étudiants. Est-ce qu'à votre avis la situation est suffisamment sous contrôle pour permettre une réouverture partielle de l'économie?

Mme Anglade : Je ne suis pas une spécialiste de la Santé publique, mais ce que j'aimerais entendre de la Santé publique, c'est de nous dire quels sont les scénarios qu'ils considèrent aujourd'hui qui sont possibles de faire. Dites-nous ce qui est acceptable, d'un point de vue de santé publique, et d'où proviennent les éclosions, comment on est capables de les contrer et qu'est-ce que vous recommandez par rapport à ces lieux-là.

Moi, je suis bien prête... on est prêts à considérer plein d'éléments. Le problème, présentement, c'est qu'on n'a pas ces informations de la Santé publique et que le gouvernement nous arrive et nous dit : Bien, on va prendre telle décision. Basé sur quoi? Où sont les avis? Alors, on prend plein de décisions, mais on n'a pas l'information sur la santé. Et c'est pour ça que depuis le début on demande à avoir ces informations-là de la Santé publique.

M. Lacroix (Louis) : Alors, est-ce que le gouvernement improvise, à votre avis? Est-ce qu'ils font ça...

Mme Anglade : Bien, je pense que c'est clair qu'il y a de l'improvisation, premièrement, il y a un manque flagrant de préparation également. Et, encore une fois, il y a des choses que l'on peut prévoir. Je vous donne un exemple bien spécifique. Regardez le nombre d'articles, de reportages sur la santé mentale. Regardez le nombre d'articles. Il n'y a pas un jour qui passe, au Québec, sans qu'on ne nous parle pas d'un enjeu de santé mentale, particulièrement chez nos jeunes. Il est évident qu'une chose qu'il faut faire immédiatement, c'est d'élargir le service, l'accès pour la santé mentale. C'est pour ça qu'on a fait cette proposition-là. On ne peut pas se tromper. On parle de 300 millions de dollars. On ne peut pas se tromper dans ce domaine-là. Si on n'agit pas maintenant, on va avoir... on va récupérer... on va avoir des problèmes sur le long terme. Ça, c'est un enjeu très spécifique.

M. Bergeron (Patrice) : Vous avez parlé d'un constat d'échec, mais le premier ministre, mardi, vous a mis au défi de retirer formellement votre confiance envers le Dr Arruda si vous le voulez. Est-ce que vous seriez prêts à le faire, comme ça?

Mme Anglade : Il m'a mise au défi de?

M. Bergeron (Patrice) : En Chambre, de retirer votre confiance envers le Dr Arruda, le directeur national de la santé publique.

Mme Anglade : Moi, ce que je demande depuis le début, là, je ne demande qu'à être convaincue, je ne demande qu'à être convaincue que les décisions qui sont prises se font sur une base éclairée et qu'on a les informations. Je ne peux pas répondre à la question. On fait notre…

M. Laforest (Alain) : Donc, vous ne remettez pas en question les décisions prises par la Santé publique?

Mme Anglade : Je remets en question la manière dont le gouvernement prend les décisions, je remets en question l'information qui est donnée à la population, je remets en question le fait qu'on a un premier ministre qui refuse de faire une commission d'enquête indépendante et publique. Pourquoi refuse-t-on de faire une enquête indépendante publique? En Ontario, ils le font.

M. Laforest (Alain) : ...pensez que le fait que le Dr Arruda soit assis trois fois par semaine à côté du premier ministre, ça signifie qu'il n'est pas en accord avec les décisions prises par le gouvernement?

Mme Anglade : Ça signifie qu'il y a un enjeu où on n'est pas clair, quels sont les avis de la Santé publique par rapport aux décisions qui sont prises du gouvernement. Donc, il y a un amalgame qui se fait, il y a un amalgame qui se fait, et ces décisions-là devraient être prises. Il devrait y avoir des points de presse de la Santé publique et il devrait y avoir des décisions gouvernementales qui expliquent pourquoi on s'en va dans cette direction-là. Tout à l'heure, on me posait la question à savoir si on devrait ouvrir les gyms et les restaurants. J'aimerais entendre les gens de la Santé publique me dire comment ça peut fonctionner et le gouvernement me dire : Voici la décision que l'on va prendre. Ce n'est pas ça.

La Modératrice : Deux dernières en français.

M. Robitaille (Antoine) : …on en a eu, des commissions d'enquête, dans la dernière décennie, on a eu celle sur le viaduc, on a eu la commission Charbonneau, et souvent ça s'est terminé par des espèces de déceptions. On a eu l'impression que, oui, c'était un gros truc, mais que ça ne donnait pas de résultat satisfaisant. Qu'est-ce qu'on pourrait faire, cette fois-ci, s'il y avait une commission d'enquête, pour s'assurer qu'il y ait vraiment une conclusion satisfaisante?

Mme Anglade : Je pense que c'est dans les termes puis dans la manière d'encadrer la commission. Je vais prendre un peu la question à l'inverse puis je vais vous dire... La semaine passée, on a franchi le cap de 6 000 morts au Québec. Je ne conçois pas qu'au Québec on est en train de vivre un moment aussi difficile avec autant d'impacts, qui va avoir des impacts sur les décennies à venir, et qu'on ne soit pas capables de faire la lumière sur ce qui s'est passé. Pour moi, c'est inconcevable, et c'est inconcevable que les Québécois n'aient pas réponse à ces questions-là de manière publique.

Alors, maintenant, vous me demandez quels genres de balises est-ce qu'il faudrait mettre. La première chose que je vous dirais, c'est de clairement établir le mandat. Puis c'est pour ça que tout à l'heure je vous ai dit : Je pense que la commission d'enquête, ce serait pour une évaluation des politiques publiques face aux grandes pandémies, mais à la lumière de ce que l'on vit avec la COVID-19. Parce que cette manière de fonctionner là nous permettrait aussi de prévenir les choses pour d'autres… d'éventuelles situations. Voilà.

La Modératrice : Une dernière en français.

M. Larin (Vincent) : Oui. On apprenait ce matin que l'étude commandée par le ministère des Transports sur le retrait du trambus, dans le projet de tramway à Québec, tardait à être livrée. Est-ce que vous craignez que l'addition de délais, dans tout ce dossier-là, puisse provoquer des hausses de coûts et peut-être même la mort du projet, advenant le cas où le gouvernement ne lui donne pas son appui, là, final?

Mme Anglade : Bien, écoutez, c'est sûr que tout délai amène une augmentation des coûts, donc, tu sais, ceci n'est pas une bonne nouvelle. Cela dit, encore une fois, il faut avoir une perspective de long terme, de transport collectif, puis de s'assurer que... La ville de Québec est quand même une ville qui mérite d'avoir un réseau de transport collectif qui lui permette de rivaliser avec les autres villes de sa dimension.

La Modératrice : On va passer en anglais.

M. Larin (Vincent) : Une petite précision de plus... question. On apprenait, entre autres dans le devis qui a été... dans le devis du contrat accordé à la firme, là, qui faisait ce contrat-là, Civilia, je pense, si je ne me m'abuse, que le ministère se gardait le droit de commenter les délivrables, c'est-à-dire les conclusions de l'étude. Est-ce que vous trouvez ça curieux que le ministère des Transports se garde le droit de commenter les données... ou de modifier les données d'un rapport d'une firme, qu'il a commandé, surtout dans un dossier aussi politique que le tramway de Québec?

Mme Anglade : Est-ce que je trouve ça normal qu'il se donne le droit de modifier...

M. Larin (Vincent) : Oui, exactement, je veux dire, il se donne le droit de commenter les délivrables, de demander des ajouts, des précisions ou des corrections sur le contenu de l'étude qu'il commente.

Mme Anglade : De manière publique? Ce serait de manière publique ou...

M. Larin (Vincent) : De ce que je comprends, le ministère commande une étude, reçoit l'étude et se garde le droit de commenter....

Mme Anglade : Écoutez, je ne peux pas vous dire que je vois un énorme enjeu avec ça, mais je pense qu'il faudrait que je regarde le détail par rapport à ça.

M. Larin (Vincent) : Parfait. Merci beaucoup.

Mme Anglade : Merci à vous.

Mme Senay (Cathy) : Good morning. We learned today that the Health Minister, Christian Dubé, is sending SWAT teams in four different CHSLDs, in four different regions in Québec to make sure that sanitary measures are respected because there is a fear that he's losing control in CHSLDs in COVID-19 cases. How come?

Mme Anglade : I think you're asking the right question, Cathy. I'm not sure I'm the person to answer the question. How come? How are we here having this conversation? The situation right now is clearly not under control. They said they had a plan in place, especially, especially for the CHSLDs, and we realize now that there is no clear plan and now we have to deploy additional teams to understand how the measures are being applied. It's not that there are new measures. It's not that we don't know what we have to do in the CHSLDs. So, we obviously have an issue in deployment, in the way the whole situation was prepared and we are reacting to a situation that should not have taken place in the first time.

Mme Senay (Cathy) : How long the Government can resist to refuse to have an independent public commission on CHSLDs and its management of the COVID-19 first wave and second wave?

Mme Anglade : I'm not sure what the Government is afraid of. Clearly, they are afraid of something. Clearly, they are afraid of something, otherwise they would've asked for a commission the same way it's done in Ontario, the same way it's done elsewhere. So, I think it is unacceptable for Quebeckers not to have a real picture as to what happened. And it's very hard to know where you are going if you don't know what you have gone through. And I think it's necessary... I don't know how we avoid doing a commission like this with such a pandemic.

Mme Senay (Cathy) : There is an article on CBC Web site, this morning, about the fact that CHSLDs, some CHSLDs are used as hot zones for cases from the community. So, they receive cases, COVID-19 cases patients from the community, in CHSLDs, and they have hot zones. How do you explain this decision?

Mme Anglade : Lack of preparation, lack of execution, underestimating the situation, underestimating the second wave. Like, that is why we are here. I'd like to remind you that five weeks ago they were still saying that we're not entering a second wave, that we are fine, and the reality is that we were softer than any other jurisdictions in Canada. So, this preparation has not happened the way it should have.

Now, there are proposals on the table in order to better the situation, to improve the situation in the months to come. There are proposals that we're making. The Government is not listening.

Mme Fletcher (Raquel) : I'd like to ask you some questions about what has been going on in question period.

Mme Anglade : Ms. Raquel, please... Thank you.

Mme Fletcher (Raquel) : Sorry. About what has been going on in question period. A couple weeks ago, you asked a question about cancer patients who have been... who had their appointments delayed, and that has led to maybe a more serious diagnosis. Did you ever receive a response from...

Mme Anglade : The answer was clear, the answer was: There was nobody that was... all the emergency situations were dealt with. That was the answer. And obviously, you look at the first page of the newspaper today, and it's not the case. It's not the case. So, when the Government says, when the Premier says, when Christian Dubé says: You know, we've made sure that, during the first wave, everybody was looked after, we told them the diagnosis were not happening, they are saying: Everything that was an emergency happened, it's not true. It is not true.

Mme Fletcher (Raquel) : Yesterday, Mr. Derraji got very worked up in question period, and the minister responded by saying: Oh! I'm scared, or «je suis ébranlé». What did you think of that attitude?

Mme Anglade : This is the Minister who said that he thought the recovery... that the last trimester of 2019 was going to be the same as the first trimester of 2021. I think it's a total underestimation of what we're facing. It's not... And Quebeckers know about that. Quebeckers know that we are in a very tough situation, right now, they're living it and they're realizing that the Minister of Economy... If you look at the comments that we're getting from entrepreneurs, they're disconnected from what's happening on the ground.

Mme Fletcher (Raquel) : Can we hear from Mr. Derraji...

Mme Anglade : Oh! Absolutely. Please.

Mme Fletcher (Raquel) : What was your reaction to the Minister's response to your question yesterday?

M. Derraji : Really, it's not about me. I'm asking questions coming from entrepreneurs. So, I think the Minister should answer the entrepreneurs. It's not about Monsef Derraji, it's not about the Liberal Party of Québec. I'm bringing concerns from entrepreneurs across the Province of Québec, and they told him : Listen, go the fan page of Témoignage COVID-19, and he will see a lot of examples coming from different sectors: restaurants, gyms, «cabanes à sucre», a lot. It's a real, real fact that's... I'm asking him.

M. Giroux (Stéphane) : I have a question for Mme Melançon.

Mme Anglade : Yes, go ahead, I will answer...

M. Giroux (Stéphane) : I just wanted to go over the engagement... not the engagement, the proposal... coming down to municipal taxes rather than loans?

Mme Anglade : Yes, yes, it's coming down to the elimination of the municipal taxes for 2020, which is its direct support and help to the sector. So, it's about $225 million that will not have to be paid in taxes for the whole sector.

M. Giroux (Stéphane) : Were municipalities consulted?

Mme Anglade : Were municipalities consulted? I think you just...

M. Giroux (Stéphane) : Vous pouvez répondre en français...

Mme Melançon : Bien, hier, on a entendu l'UMQ, lors du projet de loi n° 67, principalement sur l'article 135, où ils demandent... où les municipalités disent : Non, non, non, il faut pouvoir payer. Donc, eux veulent avoir l'argent, c'est certain, pour pouvoir continuer à obtenir... C'est le seul moyen pour les municipalités. Donc, eux, qu'il soit versé par le gouvernement du Québec ou qu'il soit versé directement par les hôteliers, pourvu que l'argent rentre, ils vont être...

Mme Anglade : Do you have a question?

M. Authier (Philip) : Yes. Good morning.

Mme Anglade : Mr. Authier.

M. Authier (Philip) : Just a quick question: What did you think of the tone of the language debate yesterday afternoon, in the National Assembly, PQ motions defeated by the Liberals and the CAQ itself? What did you think of that debate? And is this subject moving forward with what you saw?

Mme Anglade : I was really impressed, I have to say. And people have not seen her. I'd like people to look at the work that was done by Hélène David. And you'll say that's because she's a Liberal that I'm saying this, but it was pretty impressive, like, how she stuck to the facts and explained the situation and why this motion did not make sense. And I think we put it at the right level in terms of conversation and discussion. Very often, we can make a lot of... especially when it's a sensitive topic, we can make a lot of discourses, but, at the end of the day, the facts are the facts. And I think that's what she was really able to present yesterday.

M. Authier (Philip) : Did you think there's a lot of... Mister... in Le Devoir this morning, the director of Dawson, says there's a lot of disinformation about the project out there. Do you agree with that?

Mme Anglade : Yes. Yes. And that's why Hélène David yesterday clarified a number of elements, yesterday, stating that it was not to add additional students, it was really to provide the same level for everybody. So, I think that there was a lot of clarity that was brought forward by Hélène David.

M. Authier (Philip) : Why is the PQ going after this so aggressively?

Mme Anglade : You have to ask them. You have to ask them.

M. Authier (Philip) : But I'm asking you.

Mme Anglade :You know, French language in Québec is really a fundamental topic, there's no question about that. And we're the only place in North America with the official language being French. And do I believe that there are things that need to happen? Absolutely. But we have to focus on the right elements.

La Modératrice : Merci.

Mme Anglade : Merci beaucoup.

(Fin à 8 h 38)