(Douze heures trente-neuf minutes)
M. Marissal : Alors, évidemment,
je suis ici aujourd'hui pour réagir à la décision de la Commissaire à l'éthique
et à la déontologie, qui a étudié depuis maintenant plus d'un an certains
comportements, agissements du ministre de l'Économie, M. Pierre Fitzgibbon.
Les conclusions de la Commissaire à
l'éthique sont dures envers M. Fitzgibbon. Elle a fait une chose assez rare
dans notre système parlementaire, elle a même recommandé une réprimande envers
le ministre de l'Économie dans un des dossiers étudiés. Dans les autres dossiers
étudiés, il y a aussi eu fautes ou manquements qui ne méritent pas sanction
selon la Commissaire à l'éthique et à la déontologie.
Cela dit, elle a noté à maintes reprises
une forme de nonchalance de la part du ministre, qui n'a pas suivi les règles,
le cadre éthique, des réponses aussi soit évasives soit interprétatives, où le ministre,
plutôt que de reconnaître ses torts et ses fautes, suggérait tout simplement à
la Commissaire à l'éthique de récrire certains paragraphes qui, évidemment, le
blâmaient.
Alors, en gros, la Commissaire à l'éthique
vient de dessiner le portrait du ministre qu'on décrit depuis deux ans. M.
Fitzgibbon est sorti du monde des affaires, mais le monde des affaires n'est
pas sorti de M. Fitzgibbon. Il est arrivé ici avec la kyrielle de gens, dans le
monde des affaires, qu'il connaît. Il affiche une forme de nonchalance assumée
et même d'arrogance assumée.
Et, notamment dans le cas de la nomination
de son ami Guy LeBlanc, à Investissement Québec, qui était sous enquête,
d'ailleurs, de la part de la Commissaire à l'éthique, M. Fitzgibbon avait
répondu aux médias, et il nous l'avait dit aussi : J'arrive du monde des
affaires, je connais beaucoup de monde dans le monde des affaires,
habituez-vous, je nomme Guy LeBlanc, j'en nommerai d'autres.
Et effectivement, on a appris à connaître
M. Fitzgibbon, qui en plus ne manque jamais une occasion de nous dire à quel
point son travail de parlementaire ici l'ennuie et à quel point il préférerait,
autrement dit, ne pas avoir à répondre à nos questions.
Je pense, pour prendre une image, que M.
Fitzgibbon à bien des égards s'est comporté en cow-boy, puis là, bien, il vient
de sacrer le camp en bas de son cheval.
Il devrait minimalement reconnaître qu'il
a fauté, il devrait minimalement reconnaître qu'il n'a pas respecté les règles,
si ce n'est à la lettre, du moins l'esprit du règlement, dans plusieurs cas. Et
on lui demande donc de se reprendre, de cesser de considérer qu'il est encore
ici dans le monde des affaires comme s'il était P.D.G. d'une entreprise ou
président d'un conseil d'administration. M. Fitzgibbon a été élu, dans son cas,
par la population de Terrebonne. Il a été nommé au cabinet, il a des
responsabilités, on lui demande de les prendre.
Parce qu'en ce moment le résultat devant lequel
on se trouve c'est que M. Fitzgibbon rejoint le club très sélect des ministres
qui ont été sous enquête et qui ont fauté dans le cadre de l'éthique. Il est en
triste compagnie de Thomas Tomassi, notamment... Tony Tomassi, pardon,
ex-ministre libéral, et il est donc le seul ministre à ce jour à avoir été réellement
réprimandé ou à subir une réprimande de la part de la Commissaire
à l'éthique.
Alors, c'est sérieux. Si on
veut prendre nos institutions au sérieux, on doit prendre les chiens de garde
de l'institution au sérieux. Et c'est ce que la Commissaire à l'éthique a fait
aujourd'hui, de rappeler M. Fitzgibbon à l'ordre. Merci.
La Modératrice
:On va… une question et une sous-question par journaliste.
Mme Côté-Chabot
(Claudie) : À l'époque, Pierre Fitzgibbon avait dit : Si je nuis
au gouvernement, je vais démissionner. Est-ce que vous pensez que Pierre
Fitzgibbon nuit au gouvernement ?
M. Marissal : Il
va juger ça lui-même, et celui qui l'a nommé là, évidemment, le premier
ministre, qui vantait ses mérites, qui vantait son réseau d'affaires, devra
juger du poids qu'il fait porter au gouvernement.
Ce n'est pas un problème, en
passant, d'avoir un réseau d'affaires, là, comprenez-moi bien. Le problème,
c'est de se comporter ici comme si on était encore dans un dîner de la chambre
de commerce ou à la tête d'une entreprise. Le premier ministre devra juger à
savoir si ça pèse trop lourd, si M. Fitzgibbon ne devient pas un poids ou
une distraction. Il y a eu quand même quelques événements avec M. Fitzgibbon
depuis un moment.
Et, je rappelle, nos chiens
de garde, là, notamment la Commissaire à l'éthique dans ce cas-ci, ne sortent
pas les dents pour rien. Puis là elle vient de prendre une méchante mordée dans
le mollet du ministre, là. Ça s'appelle : Replace-toi et suis les règles
d'éthique.
Alors, ce n'est pas banal,
il ne faut certainement pas banaliser un tel rapport. Même si la réprimande
n'est pas déterminée comme tel, il reste que c'est rarissime dans notre
enceinte qu'un ministre soit blâmé à ce point par la Commissaire à l'éthique.
Mme Côté-Chabot
(Claudie) : Dans ce cas-ci, on recommande… La sanction, c'est la plus
clémente, là, qu'on peut avoir, là, mais ça doit quand même être voté aux deux
tiers de la… Qu'est-ce que ça vous donne comme… Est-ce que vous pensez vraiment
que le gouvernement va blâmer, va accepter de blâmer son ministre? Puis quel
message ça envoie, selon vous?
M. Marissal : On
fait le calcul : 76 sur 125, on imagine bien que le gouvernement et le
premier ministre n'acceptera pas un blâme qui pourtant est évident. On se doute
bien qu'ils n'iront pas dans cette direction-là. Cela dit, par respect pour l'institution, et je pense que M. Legault respecte l'institution, là, ça fait plus de, quoi, 20 ans,
25 ans qu'il est ici comme député, je pense qu'on doit remettre M. Fitzgibbon à l'ordre. Je pense que ça
doit venir du bureau du premier ministre. Il doit réaliser qu'il est ici au service de la population du Québec, non pas de son
réseau d'affaires. Merci.
Mme Fletcher
(Raquel) : So, Mr. Marissal, you're saying
that you can take the boy out of the business world, but you can't take the
business world out of the boy?
M. Marissal : That's precisely it. That's what I've been saying for two years
now. Pierre Fitzgibbon doesn't
seem to understand the role, the new role he's playing here at the National Assembly. He's been elected by the
people of Terrebonne, he must
serve these people and the people of Québec. And one of the first thing he did after being selected by Mr.
Legault and the cabinet was to give an important job to one of his closest friends, Guy LeBlanc, at Investissement Québec. When we dared to ask questions about this, he basically said: Get
used to it, guys, I'm from the business circle and I will keep that way. So,
basically, this report from Mme Mignolet is a very serious wake up call for Mr. Fitzgibbon, and I hope that he will get it.
Mme Fletcher
(Raquel) : You went further, in French, you
said he's acting like a cowboy.
M. Marissal : Yes. Yes because he doesn't give the impression... and actually I think that he doesn't care much
about this institution, you
know? When we ask questions,
the first thing that he will say is: Ah, OK, I'm back at the National Assembly. And obviously he doesn't like that that much. But it is part of
his job, and he's now representing the people of Québec,
he is managing the money of the people of Québec. And he acted like a cowboy and now
he got down of his horse. And that's basically what this report is saying: Get
back on track, sir, you are playing with ethics and we don't do that here.
Mme Fletcher
(Raquel) : We saw, you know, people like Ministers
Sylvie D'Amours and MarieChantal Chassé lose their cabinet posts.
Should Mr. Fitzgibbon lose his
as well for this?
M. Marissal : I will let the Prime Minister have this reflection. Obviously, you cannot just take this report,
and put it on a shelve, and forget it. It is unusual for the Commissaire à l'éthique to go that far. He is only the second
minister in history to be under scrutiny like this, with Tony Tomassi, and he
is actually the first minister to be blamed when he is in power. So, I guess
that Mr. Legault has a serious thinking about that to do in the next few days.
Mme Fletcher (Raquel) : Merci.
M. Marissal : Thank
you. Merci.
(Fin à 12 h 49)