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Point de presse de Mme Manon Massé, cheffe du deuxième groupe d’opposition, et M. Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementaire du deuxième groupe d’opposition

Version finale

Le mardi 3 novembre 2020, 11 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures cinq minutes)

Mme Massé : Bonjour, tout le monde. Aujourd'hui, le Québec tout entier est en deuil. Notre capitale nationale, l'une des villes les plus sécuritaires en Amérique du Nord, a vécu un cauchemar et a secoué tout le monde au Québec.

Je veux offrir, bien sûr, mes condoléances solidaires aux familles et aux proches de Suzanne Clermont et de François Duchesne, deux personnes extraordinaires qui, malheureusement, nous ont été arrachées trop tôt. Je veux souhaiter courage et bon rétablissement, et le plus rapidement possible, aux blessés de cette tragédie meurtrière.

Je serai d'ailleurs ce soir à la vigile pour François Duchesne, devant le pavillon Pierre-Lassonde du Musée national des beaux-arts, et j'invite les gens de Québec et d'autour de Québec de sortir ce soir et de venir en grand nombre lui rendre un dernier hommage.

Dimanche, le maire Labeaume nous a demandé de tenir un débat national sur la santé mentale, répondons présents. Ce débat-là, nous devons le faire, mais nous devons le faire comme il faut. C'est important de ne pas stigmatiser les personnes avec un problème de santé mentale en laissant sous-entendre que ça mène directement à la violence. C'est important. C'est pour ça qu'il faut le faire comme il faut.

Vous savez, ça fait plusieurs semaines qu'à Québec solidaire on sonne l'alarme et qu'on rappelle presque quotidiennement que le Québec vit présentement une crise de santé mentale. Alors, bien entendu, on va être au rendez-vous et on va s'assurer de tout faire pour que ce grand dialogue social se réalise. Et, pour moi, c'est vraiment très important parce que, je vous donne un exemple, si tu te casses le fému — comme vous le savez, ce qui m'est arrivé il y a quelques années — jamais tu n'accepterais d'être pris en charge deux ans plus tard, là. Ça n'a pas de bon sens. Bien, c'est exactement ce qui arrive avec les gens qui vivent avec des détresses psychologiques au Québec puis ce n'est pas acceptable.

Alors, le gouvernement ne peut plus nier, parce que ce qu'il a fait encore la semaine dernière, qu'il y a présentement une crise de santé mentale au Québec. Et, en matière de santé mentale, je l'espère du plus profond de mon coeur, il y aura eu un avant 31 octobre et un après 31 octobre 2020.

M. Nadeau-Dubois : Merci, Manon. Bonjour, tout le monde. Bien, d'abord, je veux faire miennes les condoléances qui ont été présentées par Manon aux familles des gens décédés en fin de semaine puis, bien sûr, les souhaits de prompt rétablissement également pour les blessés.

L'annonce du ministre Carmant d'hier en matière de santé mentale, ça ne doit pas être la fin du débat au Québec sur cette question-là. Au contraire, ça doit être le début. Le Québec a besoin d'un grand débat de société sur la question de la santé mentale. Ça fait trop longtemps qu'on balaie cet enjeu-là sous le tapis. Ça fait trop longtemps qu'on oublie la question de la santé mentale quand on rédige des budgets. Ça fait trop longtemps que ça passe en dessous de la liste des priorités. Il faut que cette légèreté et ce manque de sérieux avec lequel nous traitons les enjeux de santé mentale, politiquement, au Québec, prennent fin.

Aujourd'hui, Québec solidaire va poser deux gestes pour initier ce grand débat national, pour lancer cette grande conversation de société dont nous avons tant besoin. Premièrement, on va déposer une motion pour demander que le gouvernement du Québec reconnaisse officiellement l'existence d'une crise de santé mentale au Québec. Deuxièmement, j'ai fait parvenir ce matin une lettre au président de l'Assemblée nationale du Québec pour lui demander que l'Assemblée tienne aujourd'hui un débat d'urgence sur les causes et les conséquences de la tragédie des derniers jours à Québec.

L'objectif de cette motion, d'abord, c'est qu'on nomme le problème, qu'on le reconnaisse. Je pense que c'est la première étape nécessaire à toute discussion constructive sur la question de la santé mentale, commencer d'abord par s'entendre sur l'ampleur du défi qui est le nôtre. L'objectif du débat d'urgence, quant à lui, est un peu différent, c'est de répondre à l'appel du maire Labeaume et d'entamer... disons, d'envoyer un signal fort aujourd'hui à l'Assemblée nationale qu'on prend au sérieux ce qui s'est passé dans les dernières heures dans la ville de Québec et qu'on veut débuter la réflexion sur comment, à l'avenir, mieux faire, comme société, pour tenter, dans la mesure du possible, de prévenir des tragédies comme celles-là. Merci.

La Modératrice : On va prendre vos questions, une question et une sous-question.

Mme Prince (Véronique) : Hier, bien, Lionel Carmant a dit qu'il n'y en avait pas, de crise de santé mentale. Qu'est-ce que ça veut dire, pour vous, le fait que... Puis il a même dit que, d'après lui, la situation est sous contrôle parce que les listes sont en diminution.

M. Nadeau-Dubois : S'il n'y avait pas de crise, s'il n'y avait pas de situation urgente, pourquoi le ministre a-t-il annoncé 125 millions de dollars en deux semaines? L'annonce de ces investissements-là, c'est en soi une reconnaissance implicite de l'ampleur du problème. Si tout était sous contrôle, si tout allait bien, il n'y aurait pas d'annonce supplémentaire, là, et on n'aurait pas devancé d'à peu près deux semaines l'annonce qu'on a faite hier.

Donc, moi, je ne comprends pas la réticence de la CAQ et de Lionel Carmant à reconnaître une évidence comme celle-là. Tous les experts le disent, là, que la pandémie augmente les facteurs de risque. Tous les indicateurs sont au rouge sur le tableau de bord. Pourquoi est-ce qu'on joue avec les mots puis qu'on ne nomme pas la situation telle quelle est? On est face à une crise. Il faut en prendre conscience, se relever les manches collectivement puis trouver des solutions.

M. Lacroix (Louis) : Mais en même temps il n'y a rien qui indique que ce qui s'est passé en fin de semaine est une conséquence du manque de ressources en santé mentale. Si vous êtes capable de démontrer ça...

M. Nadeau-Dubois : Je pense qu'il faudrait manquer beaucoup d'humilité pour prétendre comprendre exactement ce qui a rendu possible la tragédie d'en fin de semaine. Je ne prétends pas avoir la réponse, le ministre non plus, d'ailleurs. Il faut faire bien attention aux amalgames, mais il ne faut quand même pas s'empêcher d'y réfléchir puis d'en discuter collectivement.

M. Lacroix (Louis) : Mais vous n'êtes pas capable d'établir un lien entre les deux. C'est ce que je comprends? Ce serait…

M. Nadeau-Dubois : Bien, ce serait présomptueux de faire des liens directs à ce stade-ci. L'enquête vient de commencer. Qu'est-ce que l'enquête démontrera? On a bien hâte de le voir. Est-ce que le tueur est quelqu'un qui est tombé entre les mailles du filet de notre système? C'est une hypothèse qu'on peut faire. Mais laissons les policiers faire leur travail, laissons l'enquête faire la lumière. Ça ne devrait pas nous empêcher, en parallèle, d'avoir cet énorme débat collectif qu'on aurait dû avoir il y a tellement longtemps sur la santé mentale au Québec. Là, il faut se relever les manches puis il faut répondre à l'appel du maire de Québec, qui nous invite à ce qu'on en parle sérieusement.

Mme Prince (Véronique) : Est-ce qu'on peut aussi vous poser des questions sur les élections américaines, savoir, par exemple, à partir de demain ou cette semaine, qu'est-ce que le Québec doit faire ou quelle représentation doit-on faire auprès des élus américains pour notre économie et tout ça, là? C'est quoi, nos priorités avec la nouvelle administration?

M. Nadeau-Dubois : Peut-être dire quelques mots, puis Manon pourra compléter sur d'autres aspects.

Un des principaux soulagements si Joe Biden est élu ce soir ou dans les prochains jours, ça va être sur la question de la pandémie. On a vu à quel point l'inconscience du président Trump et son refus à écouter les scientifiques sur la gestion de la COVID-19 a eu des conséquences meurtrières aux États-Unis, et ce sont nos voisins. Donc, la perte de contrôle de la pandémie aux États-Unis à cause du comportement de Donald Trump, ça nous met directement en danger. Donc, ce serait un grand soulagement d'avoir une présidence, demain matin, dans les prochains mois, qui prenne enfin au sérieux la menace que représente la COVID-19. Ça va permettre de discuter, par exemple, de la frontière canado-américaine avec au moins un interlocuteur qui soit rationnel puis qui écoute la science, là, parce que moi…

M. Lacroix (Louis) : Vous souhaitez que Joe Biden soit élu ce soir… en fait, au terme du processus électoral, disons ça comme ça?

M. Nadeau-Dubois : Oui, c'est ça. Je fais partie de l'écrasante majorité des Québécois qui a bien hâte qu'on se débarrasse de Donald Trump, un voisin qui nous a mis en danger dans les derniers mois en négligeant la menace que représente la COVID-19.

Je peux peut-être laisser Manon vous dire… disons, mettre fin au suspense, à savoir si elle préfère Trump ou Biden.

Mme Massé : Alors, roulement de tambour. Non, effectivement, je pense que, demain, l'idéal pour le Québec, ça serait de se retrouver avec un président… avec Joe Biden comme président. Puis mon collègue a parlé de la pandémie. Moi, je vais vous parler des changements climatiques. Le même scepticisme, chez M. Trump, face à la crise climatique est là par rapport à la crise sanitaire. Alors, moi, je souhaite pouvoir être en dialogue avec quelqu'un qui croit que l'être humain a, par ses actions, des impacts sur le réchauffement de la planète.

M. Larin (Vincent) : Concernant le débat sur les caricatures de Mahomet, M. Legault a clairement exprimé son opinion. À Québec solidaire, penchez-vous plus du côté de M. Macron ou de M.Trudeau?

M. Nadeau-Dubois : Bien, de notre côté, on pense que les tribunaux au Québec ont déjà bien circonscrit quelles étaient les limites juridiques à la liberté d'expression, c'est l'encouragement direct à la haine et la violence. Je pense… Nous pensons qu'on a le droit de caricaturer des religions, que ça fait partie du périmètre de la liberté d'expression.

M. Lacroix (Louis) : Donc là, de faire des caricatures de Mahomet, est-ce que c'est une incitation à la violence parce que, là, en ce moment, il y a des pays dans le monde qui pensent ça? Non?

M. Nadeau-Dubois : Non, non, non.

M. Larin (Vincent) : Au-delà des contraintes juridiques, selon vous, c'est une bonne chose, dans le débat de société, qu'on caricature le prophète?

M. Nadeau-Dubois : Je pense qu'on a le droit de faire des caricatures dans une société libre et démocratique. On a le droit aussi de less critiquer pacifiquement, ces caricatures-là. Ces débats-là ont le droit d'avoir lieu dans une société qui reconnaît la liberté d'expression.

M. Carabin (François) : …sur les élections, je ne sais pas lequel veut… Mais, du point de vue de économique, quel serait l'impact d'une victoire de Donald Trump à la présidence?

M. Nadeau-Dubois : Question un peu générale. Êtes-vous capable peut-être de me la préciser un petit peu?

M. Carabin (François) : Au point de vue économique… En fait, quel bilan faites-vous de l'impact économique de l'administration Trump sur le Québec? Et voyez-vous des avantages à une transition de…

M. Nadeau-Dubois : Bien, le caractère belliqueux de Donald Trump nous a causé quand même quelques problèmes économiques au Québec. Le dernier exemple en liste, c'est celui, bien sûr, de l'aluminium. Et, d'avoir un président avec qui on est capables de parler rationnellement des enjeux commerciaux, je pense, ça va faire du bien à l'économie québécoise.

La Modératrice : On va passer en anglais.

Mme Senay (Cathy) : …about mental health, well, we have to distinguish what happened this weekend… but, nonetheless, Lionel Carmant was here yesterday making this announcement. And, according to the figures of the Health Ministry, there are 37 people who have reported having anxiety symptoms… 37% of people having anxiety symptoms now, and this is the double… more than the double than in the first wave. So why are we not using the word «crisis» here for the Government?

M. Nadeau-Dubois : I have a lot of trouble to understand why the Coalition avenir Québec and Lionel Carmant are so afraid of recognizing a phenomenon which is already well documented. The experts all agree, there is a strong scientific consensus, on the fact that the pandemic, you know, has increased the factors that produce anxiety, that produce stress, and that can give birth to mental health problems. This is not something that is being debated right now. It is widely recognized. So the only thing I see… And, by the way, if there was no crisis, why would there be two announcements in two weeks of new money for the public health system in Québec? I mean, the proof is in the pudding.

Mme Senay (Cathy) : How important, urgent it is for the National Assembly to send a strong signal today about mental health since… because the second wave is dragging on?

M. Nadeau-Dubois : I think we have to be aware of what's going on right now. The pandemic is not going away in the next weeks and the social consequences neither. So that's means that the mental health consequences of the pandemic will be with us for a few months at least, if not a few years. So we have today, right now, to send a strong signal to everyone in Québec that the political class in Québec, whatever our parties, we are all mobilized to find solution to that crisis. We cannot continue to put that item at the bottom of the priorities' list. We have to stop thinking about mental health as a luxury. You know, having access to good mental health measures is not a privilege, it's a right, just as it's a right to be taken care off on a physical level when you hurt yourself. It should be considered on the exact same level.

Mme Fletcher (Raquel) : So you're saying that the $100 million that is going to be invested is not enough?

M. Nadeau-Dubois : Of course it's not enough for a lot of reasons. One of the reasons why it's not enough is because we have to be very aware that the money that was announced today… not today, yesterday, will not add any new resources into the public system to take care of people having mental health issues. There is the Sentinel program, which means that there will be new people on the ground to do prevention and to find who has a problem. But then, when they are inside the public system, the money that was announced yesterday will not fund any new psychologists, for example, inside the public system.

Mme Senay (Cathy) : They will give out contracts to psychologists in…

M. Nadeau-Dubois : Yesterday, the money that was announced is that we're going to use public money to take patients that are on the waiting list and to drive them towards psychologists in the private sector and the public will take the bill, but no new psychologists will be hired, with the money announced yesterday, inside the public system.

Mme Senay (Cathy) : The US presidential election… Donald Trump has to go?

M. Nadeau-Dubois : Of course, he has to go. He's a racist, he's a sexist, a xenophobic president. And, on top of that, he's a president that has put us all at risk, as Quebeckers, in denying the real danger that is the COVID-19 pandemic. So it's going to be, I think, a release for everyone in Québec to see that there is, on the other side of the border, someone that at least listens to scientists when it comes to fighting the pandemic. And the same thing can be said about climate change. The whole planet has been a victim of the climate denial of Donald Trump, and I think the whole planet will win tonight if we get rid of Donald Trump.

La Modératrice : Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 23)

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