(Dix heures trente-quatre minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bon début de journée. On va commencer le point de presse. Vont s'adresser à
vous aujourd'hui, M. Pascal Bérubé, chef parlementaire du Parti québécois,
ainsi que M. Joël Arseneau, porte-parole en matière de santé et santé
mentale. Donc, la parole est à vous, M. Bérubé.
M. Bérubé : Merci,
M. Gaudreault. Alors, cette semaine, notre chef, Paul St-Pierre Plamondon,
ne sera pas présent à l'Assemblée nationale. Il doit gérer, avec sa très jeune
famille, un déménagement. Donc, il va nous suivre à distance, et je prends la
relève avec mes collègues. Alors, cette semaine, il ne sera pas là, mais il
sera là la semaine prochaine. Je voulais vous en faire part.
Aujourd'hui, nous déposons une motion
importante concernant le drame de Québec, que nous avons suivi, plusieurs
députés, en temps réel sur Twitter, on suivait les événements, on a même vu qu'à
un moment il y avait quatre ambulances devant l'Assemblée nationale. Ça nous a
inquiétés. On évoquait quelqu'un qui se promenait dans les rues de Québec avec
une arme. Et finalement, et malheureusement, c'était vrai.
Alors, aujourd'hui, il faut trouver les
mots qui sont appropriés pour décrire ce qui s'est passé et trouver de l'espoir
à travers ça. Évidemment, dans les premières heures, les mots sont bien
dérisoires, on peut souligner le drame, on peut offrir nos sympathies, mais il
y a des réflexions qui doivent s'imposer évidemment sur la santé mentale, sur
la solitude, sur les priorités qu'on a, comme parlementaires, qu'on soit
capables de nommer les choses, juste nommer la santé mentale, ça, ça ne nous
coûte rien, mais c'est un enjeu qui est important. Je dirais même que les
députés, parfois, on hésite à nommer ces choses-là, puis on n'est pas à l'abri
d'enjeux de santé mentale, les parlementaires aussi, on vit des vies qui sont
très particulières.
Alors, à travers la motion, je vais vouloir — vous
l'avez souligné, ce qui ce qui s'est passé — offrir les sympathies,
mais aussi, à travers les discours, vous allez voir quelques pistes pour nous
orienter quant à la suite en matière de santé mentale, puis en matière de
prévention, puis de prendre soin des autres. C'est une des premières choses que
j'ai voulu dire dimanche, c'est qu'on a tous des gens dans notre entourage à
qui on ne parle pas assez, qui sont isolés, qu'on pourrait appeler, qu'on
pourrait référer à des ressources appropriées dans les circonstances. Donc, si
on faisait une grande corvée de bienveillance envers les gens près de nous qui
mériteraient et auraient besoin qu'on soit plus attentifs à eux… Alors, moi,
j'en prends l'engagement pour moi et je pense que c'est quelque chose qu'on
peut faire qui ne fera pas l'objet d'une annonce gouvernementale, mais qui serait
certainement utile.
Donc, ça, c'est la motion, puis évidemment
plusieurs de nos interventions seront teintées de ce sujet important. On a vécu
ça avec l'attentat de la mosquée, Québec est encore durement éprouvée. Une
soirée qui se voulait festive, dans une ville paisible qui est frappée par un
tel barbarisme, ça va laisser des traces. Ça va laisser des traces auprès des
victimes qui ont survécu, auprès des familles, puis auprès du Vieux-Québec, des
citoyens, puis auprès de nous aussi, ça nous a ébranlés.
Deuxième sujet que je veux aborder avec
vous, l'élection américaine, rappeler que les économies du Québec et des États-Unis
sont intimement liées. Quel que soit le résultat, je nous invite à avoir un
regard constant sur notre relation avec les États-Unis, en matière culturelle
également, oui, mais en matière économique. Nos économies sont bien intégrées,
puis moi, je me réjouis qu'à l'époque, dans les années 80, c'est des
indépendantistes qui ont plaidé pour le libre-échange, alors qu'il y a des gens
qui en doutaient. Et ce virage-là a été bénéfique pour le Québec, pour ses
échanges avec les États-Unis, notamment le Nord-Est américain.
Donc, on ne peut pas être indifférents à
ce qui va se passer ce soir et les suites, et quel que soit le résultat, le Québec
doit maintenir, à travers sa diplomatie, à travers ses délégations générales
qui sont aux États-Unis, un travail au nom de notre économie et d'un voisinage
qui est fécond. Alors, je ne veux pas personnaliser, je veux réitérer toute
l'importance que l'économie américaine soit bonne et qu'on puisse en bénéficier
et améliorer nos échanges économiques. Voilà.
M. Bergeron (Patrice) : Biden
ou Trump?
M. Bérubé : Ça, c'est
intéressant parce qu'aux élections fédérales de notre pays actuel, on ne
demande jamais la question aux chefs de parti. Alors, moi, je lance le bal. Aux
dernières élections fédérales, j'ai voté pour le Bloc québécois. Quand vous
aurez fait le tour avec Manon Massé, avec Dominique Anglade et
François Legault, que vous aurez les réponses pour la dernière élection
fédérale et pour la prochaine, là, je pense qu'on peut commencer à se projeter
sur un autre pays où on n'a pas le droit de vote. Moi, je commencerais par ça.
Des voix
: …
M. Bérubé : Mais, si vous me
dites que vous le faites, là, je vais répondre à l'autre question. C'est une
suggestion.
M. Lacroix (Louis) : Moi, c'est
Sanders, mais ça a l'air qu'il ne sera pas là.
M. Bérubé : Mais, si je
pouvais voter…
M. Lacroix (Louis) : Mais, si
vous pouviez voter, ce serait qui? En fait, vous dites qu'on ne peut pas rester
indifférents à ce qui se passe. Est-ce que le Québec est en meilleure position
avec Biden ou avec Trump, selon votre analyse?
M. Bérubé : C'est difficile à
dire, ça dépend des dossiers. Si je regarde localement, dans ma circonscription,
la surtaxe sur l'éolien nuit localement, concrètement chez nous. Si je regarde
les grands ensembles, les relations avec les États-Unis ont été parfois
tendues, parfois intéressantes sur les échanges, plus de protectionnisme avec
Trump, alors évidemment il y a tellement de paramètres. Si je pouvais voter,
comme Américain qui habite le territoire des États-Unis, que je connais bien,
bien, évidemment, je voterais pour Joe Biden. J'ai toujours, moi, eu
personnellement une plus grande attirance envers les démocrates, Kennedy,
Carter, beaucoup Clinton, dans mon cas, que j'ai beaucoup apprécié, Obama.
Je pense, vous allez avoir plus de
difficultés à trouver des parlementaires qui se disent pro-Trump, quoique j'aie
déjà entendu un parlementaire dire qu'il n'avait pas d'objection à être comparé
à Trump. Je me souviens d'avoir entendu ça. Mais non, je pense qu'on est tous
témoins des débordements de la présidence américaine. Mais moi, j'aime mieux
parler des institutions américaines avec qui il faut maintenir de bons liens
pour notre économie. On n'a pas le loisir d'intervenir, alors une vieille
formule de 1995 que je reprends à mon compte : Non-ingérence, mais non-indifférence.
Mme Prince (Véronique) : Mais
demain, là, demain ou...
Le Modérateur
: ...
M. Bérubé : Oui, Joël.
Excusez-moi.
Mme Prince (Véronique) : Est-ce
qu'on peut juste finir nos questions, puis après ça... parce que sinon vous
allez tout le temps vous interchanger, là.
Le Modérateur
:
Mme Prince.
Mme Prince (Véronique) : Je
voudrais savoir, à partir de demain ou après-demain, là, quand le résultat va
être concret, là, qu'est-ce que le Québec doit faire auprès des sénateurs,
auprès des gouverneurs, le ministère des Relations internationales? Qu'est-ce
qu'on doit faire dès demain quand le nouveau président est élu ou le président
est réélu?
M. Bérubé : Si c'est le même
président qui est réélu, évidemment, il y a un certain nombre d'enjeux où ça
achoppe. On se souvient, il y avait le cas de l'aluminium, il y a le cas des
échanges, il y a le cas de la frontière. Peut-être l'enjeu le plus prioritaire,
c'est de s'entendre sur l'ouverture de la frontière. Là, on est repoussés jusqu'à
la fin novembre, c'est l'enjeu le plus fondamental. Est-ce que c'est... M. Legault,
par exemple, demande à Justin Trudeau de garder la frontière fermée jusqu'à la
fin de l'année si j'ai bien compris. Est-ce que c'est vraiment la position
qu'on veut? Est-ce que... Le gouvernement canadien prend une position là-dessus.
Est-ce que les Américains prennent une position? À court terme, c'est
l'ouverture de la frontière. Ça ne veut pas dire qu'il faut l'ouvrir, ça veut
dire que ça prend de la prévisibilité. Il n'y a pas seulement les snowbirds qui
veulent y aller, il y a toutes sortes d'échanges économiques.
Ensuite, il y a des secteurs névralgiques,
notamment en matière d'énergie. Qu'on puisse vendre notre énergie dans le
nord-est des États-Unis, c'est un enjeu important. Ça, c'est des enjeux qui
sont connus de l'administration Trump.
Si, d'aventure, on devait changer de
président, bien, il y a toute une diplomatie à mettre en place pour intervenir
avec les nouveaux acteurs, les secrétaires d'État entre autres. Ça va prendre
un petit bout de temps avant qu'ils soient nommés. Mais les États-Unis doivent
savoir qu'on existe, doivent savoir que «there's a french part of Canada, and
they're pretty dynamic». Alors, ça, c'est nous. Et la Délégation du Québec à
New York et puis les gens qui font de la diplomatie avec Washington auront
certainement un nombre de priorités. Mais je dirais qu'à court terme c'est la frontière.
M. Carabin (François) : Craignez-vous
des débordements, à la suite de l'élection, justement, qui pourraient avoir des
impacts même ici?
M. Bérubé : Alors, vous
voyez, sur des questions aussi déchirantes qu'une consultation référendaire, on
l'a évoqué il y a quelques jours, 94 % de participation, aucun incident
majeur. Ça, c'est le Québec. On a réussi à faire des consultations pacifiques.
Quant aux États-Unis, la seule vue de panneaux qu'on appose sur les bâtiments
publics et privés, de clôtures, voire de barbelés, qu'on arrête de vendre des
armes chez Walmart pour les jours qui précèdent l'élection, évidemment, on a
peur. Ce n'est pas des scènes qu'on est habitués à voir. On n'a pas vécu ça
dans les autres élections présidentielles. Alors, je crains d'abord pour le
peuple américain. Je souhaite qu'il puisse voter sans entraves aujourd'hui
parce que ça, c'est un enjeu. Il y a des gens qui ont peur de se rendre aux
bureaux de vote. Et je souhaite que le perdant puisse accepter sereinement le
verdict pour qu'on puisse vivre sans une tension permanente liée à notre
puissant voisin américain.
M. Bossé (Olivier) : Je
comprends que vous êtes en faveur de la réouverture plus que de garder fermée
la frontière?
M. Bérubé : Non, je n'ai
pas d'opinion là-dessus. C'est que c'est toujours remis. Alors, il y a une stratégie.
Est-ce que c'est les Américains qui veulent la garder fermée? Est-ce que c'est
les Canadiens qui veulent éventuellement la réouvrir? Quand M. Legault a
demandé à Justin Trudeau de garder fermée la frontière jusqu'en décembre,
fin de l'année, moi, j'ai posé une question : Pourquoi? Est-ce qu'il
craint les cas américains qui viennent ici? J'aimerais que le premier ministre
précise sa pensée là-dessus parce que ce n'est pas rien, il interpelle le premier
ministre canadien. C'est juste que je veux comprendre ses arguments à lui.
Alors, je profite de la tribune pour le faire.
Joël nous parle de santé mentale, puis moi,
je reviendrai tantôt.
M. Arseneau : Merci
beaucoup, Pascal. Bien évidemment, comme Pascal, je veux dire que la tragédie
de la fin de semaine dernière nous a tous ébranlés et je dirais que le seul
élément positif de la fin de semaine dernière, c'est qu'on a remis les
projecteurs sur la question de la santé mentale.
Et l'annonce d'hier par le ministre
Lionel Carmant, pour nous, est un pas dans la direction en ce sens que le
ministre prend acte de l'importance de ce dossier-là, alors que pas plus tard
que jeudi dernier on avait une discussion en commission parlementaire sur un
mandat d'initiative concernant la santé mentale en temps de pandémie, et le
parti au pouvoir a rejeté l'idée d'entendre des groupes de la société civile,
des experts pour faire le point sur la situation et dégager des pistes de
solution. Vendredi dernier, on avait une interpellation sur la question de la
couverture en soins de santé mentale, et, encore là, le discours du
gouvernement était rassurant, on s'employait à nier qu'il existe un problème
majeur ou une crise.
Alors, je pense que la question de la
santé mentale, c'est plus qu'une question d'argent. Il faut développer une
vision claire et à long terme sur tout ce qui touche la santé mentale. Et on saisit
l'occasion pour demander au gouvernement de tenir une commission parlementaire
sur la question de la santé mentale suite aux coupures budgétaires des
dernières années, au sous-financement des organismes communautaires, les délais
d'attente qui peuvent être de six à 24 mois pour obtenir des rendez-vous
en santé mentale, l'exode des psychologues du système public vers le système
privé, évidemment, la question de la pandémie qui exacerbe tous les problèmes,
donc, le niveau de détresse psychologique qui est observé justement, là, suite
à toutes sortes de sondages, notamment celui de l'Ordre des psychologues du
Québec qui voit une hausse de 86 % de la détresse psychologique chez les
Québécois.
Donc, pour nous, l'important, c'est
d'identifier des solutions à long terme et prendre appui sur l'expertise des
intervenants du milieu pour améliorer les services et dégager des vraies pistes
de solution aux problèmes qui, à bien des égards, sont structurels. Donc, le
fait que les annonces d'hier soient des sommes qui sont non récurrentes,
évidemment, ça signifie qu'on repousse le problème, les problèmes de fond à
plus tard. Il existe une crise, elle est réelle, et il faut l'aborder de front.
D'ailleurs, un dernier exemple, quand le
ministre annonce 35 millions pour permettre l'achat de services de santé
mentale au secteur privé, bien, je pense que c'est un constat d'échec dont on
doit prendre acte et véritablement, là, prendre ce dossier-là au sérieux. Et je
pense que ça commence par une commission parlementaire. Les parlementaires
doivent saisir le moment pour se mettre à l'écoute de la société civile et des
experts dans ce domaine.
En derniers mots d'introduction, avant de
prendre vos questions, j'aimerais mentionner que le défi 28 jours que j'ai
lancé au gouvernement sur le plan de rétablissement ou de déconfinement du
Québec, là, bien, il court toujours. Une semaine après ce défi-là, on constate
que le gouvernement n'a toujours pas décidé de rétrograder le secteur des Îles-de-la-Madeleine
au code de couleur jaune, alors qu'on est en orange depuis plus d'un mois et qu'il
n'y a aucun cas, aucune hospitalisation, aucun décès, aucune transmission
communautaire. Alors, si ça vaut pour les Îles-de-la-Madeleine, que je
représente, je pense que le problème risque d'être encore plus grand lorsqu'on
aura amélioré le bilan au Québec.
Il faut que le gouvernement soit
conséquent. Est-ce que le code de couleur existe toujours, le code d'alerte de
couleur? Et est-ce qu'on va l'employer pour, justement, donner un peu d'espoir
aux citoyens du Québec qui ont suivi les consignes et dont le bilan régional s'est
amélioré? Voilà.
M. Bergeron (Patrice) :
M. Arseneau, tous les partis d'opposition parlent d'une crise en santé
mentale, et le ministre continue de dire : Il n'y a pas de crise en santé
mentale. Est-ce qu'il y en a une ou est-ce qu'il n'y en a pas?
M. Arseneau : Bien, je pense
que pour commencer à affronter un problème, s'y attaquer véritablement, il faut
nommer les choses, et, si on ne nomme pas le problème, si on ne peut pas
admettre qu'il existe une crise, alors qu'elle se vit sur le terrain par les
intervenants et surtout, évidemment, par les personnes atteintes de maladies
mentales, par les familles également, par les soignants ou les intervenants,
les psychologues qui quittent le milieu, le manque de personnel, la pénurie qu'on
constate... Tout ça, ce sont des signaux d'alarme qui, mis ensemble, nous
permettent de constater qu'il y a un problème majeur que nous, on qualifie de
crise. Le gouvernement peut utiliser un autre vocabulaire, mais la situation,
elle est réelle, elle est urgente aussi.
M. Bergeron (Patrice) : Est-ce
qu'une tragédie comme celle qui s'est passée ce week-end est un des symptômes,
justement, de cette crise-là?
M. Arseneau : Il faut faire
attention aux amalgames. Je pense que l'événement qui s'est produit en fin de
semaine dernière, c'est une tragédie sans nom et c'est un cas d'espèce. C'est
lié non pas directement à la crise du système de santé et des soins de santé
mentale de façon globale, mais vraisemblablement il faut pouvoir distinguer la
détresse psychologique et croissante en temps de pandémie, l'anxiété chez les
jeunes, par exemple, et les cas de maladie mentale plus lourds, la psychose ou
encore la question de la schizophrénie, la bipolarité, ceux qui nécessitent des
soins réguliers, par exemple, ceux qui sont hébergés. Il y a des gens atteints
de maladie mentale, et qui sont hébergés, et dont le suivi n'est pas
nécessairement adéquat parce qu'on manque de ressources. Est-ce qu'ils prennent
leurs médicaments, par exemple?
Tous ces facteurs-là, là... Et moi, je ne
veux pas m'improviser expert, mais il faut pouvoir entendre les gens sur le
terrain, qu'ils puissent nous diagnostiquer le problème du système
actuellement. On manque de psychologues, on l'a dit à plusieurs reprises, et
ça, c'est pour la question qui nous touche et qui peut toucher la majorité des
Québécois. Mais la question, par exemple, du manque de psychiatres, c'en est
une autre qui… c'est beaucoup plus pointu comme problème, c'est beaucoup plus
aigu aussi comme situation.
Le Modérateur
: On va
passer en anglais, s'il vous plaît.
Mme Greig (Kelly) : What's at stake for the american election for Québec?
M. Bérubé : Well, there is already like a 100 million people… already
voted, which is good. It seems to me, as a political observator, that people
are looking for change, but we can take nothing for granted. We're expecting
the United States of America to
have a quiet election and a clear result because we need to work with them
every single day. There's our number one partner, economic partner, and the
only thing we could wish is that the american economy… still strong and we can
have benefits from that. So, I'm not expecting someone to won or to lose, I
don't want to personalize, but I wish that the American people could go forward,
after this election, and we still keep those great relationships with our
neighbour.
Mme Greig (Kelly) : Looking at the candidates, I mean, there are different priorities
the two candidates have. So, how does this choice implicate or affect…
M. Bérubé : Well, we don't know that much about Biden, because he was not in
office. He was in office as vice-president for President Barack Obama, but
we know a lot of stuff about Donald Trump, somewhere good, somewhere not
good at all, it depends. But we have to depersonalize that and see how our
economy is linked to the States, especially the Northeast, and how we could
increase our relationships, especially economic. But we have a cultural
relationship as well, so we have to live together after this election. And my
wish for our fellow Americans is that they could bring back a more quiet era in
the States and I really wish that it could go well and people vote without any
obstruction.
Mme Senay (Cathy) : Do you remember, under Barack Obama, you had the Buy America Act,
so you don't know, but I guess you're crossing your fingers that with the
context of COVID-19 the USA
won't go as much into protectionism.
M. Bérubé : Yes, but there's already a big thing to fix before all that, it's
the border. We still have a closed border with the States until the end of the
year, I guess. Now, it's the end of November, but it seems that it's going to be until the end of the year. And I
hear Premier Legault say to Justin Trudeau that his job is to make sure that
the border stays closed. And I want to say to Mr. Legault: Why? Because
it's not something simple. What are their arguments? It's because of health, we
don't want any American coming here as a tourist, example? So it needs to be
clear. So, the border is closed, there is a lot of problems with that.
A lot of Quebeckers ask us when the border is going to be open. Especially,
the snowbirds, as you can think, go mostly to Florida. So, we need a clear
answer on this one : Why the Québec Government wants Justin Trudeau to
keep the border closed? Is it because he thinks that there is tension in the
States, who can come here, like Loyalists, back in the days, some Americans
decide to come here because they were… not agree with the regime, back then,
who was quite different…
Mme Senay (Cathy) : … COVID-19?
M.
Bérubé
: Yes. I don't know, but clearing the border issue could be a good
thing in the next days or a few weeks. I need the Government of Québec to be
pretty clear about how Mr. Legault can ask Justin Trudeau to keep the
border closed without saying any arguments. This is something that bugs me.
Mme Senay (Cathy) : And Mr. Arseneau, yesterday, when Lionel
Carmant made his announcement on mental health, fearing
some backlash with the tragedy in Québec City, and the
fact that we are in second wave of the pandemic, and anxiety is higher, there
was an important figure that, in September 2020, the percentage of people
reporting having symptoms of anxiety is about 37%. This is more than the double
of the rate observed in the first weeks.
M. Arseneau :
Exactly, yes. So, how can you come up with these statistics and say that there
is no crisis, that this issue is not up and foremost one of the most important
issues right now to deal with? So, there is a contradictory attitude from the
Government, you know. They announced money to put into the system, but, at the
same time, they say that there is not a huge problem to regulate, to solve.
I think, they need to be
more coherent and say : Well, there is a problem, and we are going to put
money into it for now, but we are going to open up, you know, this file and
open hearings and make sure that we can fix up the system for good for the
years to come. That needs to be looked after right away. That's what we are
asking for. You can't say, you know... you can't speak from both sides of the mouth. If they're putting money into it, it's because there's a
problem to be fixed, but the problem is way larger than what we've put money
into for the time being. Yes.
Mme Fletcher (Raquel) : Do you agree with Minister Carmant when he
says that there is nothing that can be done to prevent the kind of atrocity
that we saw on Saturday or do you feel like people who might have a tendency
towards violence fall through the cracks?
M. Arseneau :
Well, one definite thing is we can't go back in time, but I think we can always
do better. And will people always fall through the cracks? Possibly. The goal
for the Government is to fix up these cracks and make sure that there is as little,
as few cracks as possible. So, that's the message we want to ear, not that we
can't do anything, and unfortunately it's going to happen again. That would be,
in my view, a very fatalist attitude. I think, coming from the minister, you've
got to put all the energy into fixing up the system and making sure to block
the cracks so these events don't happen again. That's the goal we have to fix
ourselves as a society.
Mme Senay (Cathy) : When you're asking to the Premier and the Health Minister regarding
the Magdalen Islands, you are in orange zone, but you're sick of it…
M. Arseneau : Yes, I'm using the Magdalen Islands as an example. Remember, in
August, the Government said :
We've got a new color code for alerts, and if you don't do good, if you don't
follow the directions that we're giving, well, you're going to fall into yellow
zone, orange zone and red zone. Red zone is confinement, so behave, be good, and,
if you're good, well, you're going to have, you know, a good Fall and we're
going to break the second wave. So now, what we're seeing, is the Government said... Well, he launched a
challenge for 28 days and, well, that didn't quite work. So, he said :
Another 28 days, it's a new challenge. Well, my challenge to the Government is : I'm giving you 28 days
to make sure that you have a system to downgrade the regions that get a better
result in containing the pandemic.
And we have an example on
the Islands. We went for being a green zone to an orange zone, we had 18 cases,
and that was solved within a week or two. So, for the past month, the situation
is as good as it always was before the pandemic. So, why don't we downgrade?
Why don't we follow the system that the Government put in place? Why don't you,
the Government, say what's going to happen when the situation gets better in
Québec? Or, are we going to see the Government put more money into a marketing
firm that will design a plan for a political way of announcing that through out
a tour of Québec, we're going
to announced that we have Christmas gifts, for example,
and this region is going reopen to business, and this… not the other thing?
I think it's a health
issue and I think the Government should be coherent with their system and apply
it. We don't need to penalize some regions more or longer than need be. If the
situation gets better, well, change or downgrade the alert, and that's going to
encourage these people, and it's going to encourage the other regions to try and
do as well. And you'll see that the system works both ways, it goes up and
down. Thank you very much.
Le Modérateur
: Merci
(Fin à 11 h 1)