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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementaire du deuxième groupe d’opposition

Version finale

Le jeudi 5 novembre 2020, 8 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures)

M. Nadeau-Dubois : Merci beaucoup. Bonjour. Je veux vous parler ce matin de deux choses.

D'abord, je veux vous parler de transparence. Depuis des semaines, Québec solidaire demande que soient rendus publics les avis de la Santé publique qui justifient les mesures de confinement social qu'on vit au Québec. Et, depuis des semaines, le gouvernement de François Legault nous fait la même réponse, c'est-à-dire : On aimerait bien les rendre publics, mais on ne peut pas, il n'y en a pas, des avis écrits. Les Québécois et les Québécoises ont entendu le premier ministre dire ça à plusieurs reprises.

Eh bien, ce matin, on apprend que c'est faux. On apprend qu'il y a des avis écrits. On apprend que la direction régionale de la santé publique à Montréal a rédigé un avis écrit, que le gouvernement l'a entre ses mains depuis la fin du mois d'octobre et que ce document n'a jamais été rendu public. Donc, le prétexte utilisé par le gouvernement pour ne pas rendre publics les avis de la Santé publique, il vient de s'écrouler, ce prétexte ne tient plus.

Ce matin, donc, je veux relancer un appel à la transparence. Et, au nom de Québec solidaire, je vais demander au ministre de la Santé de rendre public ce document de la direction de la santé publique à Montréal. De toute façon, il y a de larges extraits qui sont déjà en circulation dans les médias. Il n'y a aucune raison que le gouvernement continue de cacher ce document-là, alors que c'est un document qui est pertinent pour le débat public. C'est un document qui est pertinent pour qu'on comprenne ce qui motive les décisions de confinement social du gouvernement de François Legault.

 Deuxièmement, je veux vous parler de la transmission par aérosols. Il y a deux semaines, j'ai, au nom de Québec solidaire, demandé au ministre de la Santé de garantir un masque N95 à chaque soignante qui est en contact avec un patient atteint de la COVID. La raison pour laquelle j'ai fait cette demande-là et la raison pour laquelle les soignantes elles-mêmes font cette demande-là, c'est parce que, on le sait, les masques chirurgicaux, les petits masques bleus que tout le monde connaît, ça ne protège pas ou très peu contre la transmission par aérosols. À ce moment-là, la réponse qui nous a été donnée, c'est... Ce n'est pas clair, la réponse qui nous a été donnée. On nous a dit notamment qu'il n'y avait pas de preuve établie que la transmission par aérosols existait. Eh bien, ça vient de changer. Santé Canada, hier, a reconnu officiellement l'existence d'un risque de transmission par aérosols.

Et donc, ce matin, je relance la demande que j'ai faite au gouvernement il y a deux semaines. Il faut garantir un N95 à chaque soignante qui est en contact avec un patient COVID. Pourquoi? Parce qu'il faut garantir la meilleure protection possible à ces femmes et à ces hommes qui risquent leurs vies pour nous sauver de la pandémie, parce que, s'il y a même une chance infime que la transmission par aérosols existe, on ne peut pas prendre de chances. Il faut appliquer le principe de précaution, puis le principe de précaution, ce que ça veut dire, c'est garantir des N95 aux soignantes qui nous défendent contre la pandémie.

La Modératrice : On va prendre vos questions.

M. Bossé (Olivier) : …M. Legault a menti, qu'il y a effectivement des avis puis qu'il ne veut juste pas les publier?

M. Nadeau-Dubois : Je n'ai pas envie de jouer sur les mots ce matin. Le premier ministre, parfois, a dit : La majorité des avis sont faits à l'oral. Il a utilisé plusieurs expressions. Moi, ça ne m'intéresse pas de savoir... Puis je ne veux pas prêter d'intentions au ministre. Par contre, là, le fait qu'on connaît l'existence de ce document-là, ça démontre qu'il y en a, des avis écrits. On veut les voir pas pour faire la job de la Santé publique à la place de la Santé publique, mais parce que la transparence, là, c'est la clé pour que les gens comprennent pourquoi on leur interdit de faire certaines choses plutôt que d'autres.

Et, si on se fie à ce qu'on lit dans les médias ce matin, l'avis est justement détaillé. L'avis est détaillé parce qu'il nous dit : Voici la mesure qu'on devrait prendre… pour les raisons scientifiques suivantes, voici telles mesures qu'on devrait prendre parce qu'il y a eu ou pas des éclosions dans ces milieux. C'est fascinant. C'est exactement ça que demande l'opposition depuis des semaines. Ça fait des semaines que le gouvernement nous dit : C'est plus compliqué que ça, ça ne marche pas de même. Bien, de toute évidence, c'est faux, ça marche de même. Il y a des avis qui existent. On veut les voir.

Mme Prince (Véronique) : …ce qui est proposé dans cet avis-là, est-ce qu'effectivement le gouvernement doit jeter du lest au niveau des mesures sanitaires?

M. Nadeau-Dubois : Moi, j'ai toujours fait bien attention de ne jamais me mettre à la place de la Santé publique puis de prétendre, mieux que la Santé publique, comment il faut gérer le confinement ou le déconfinement au Québec. On a posé des questions. On a demandé de la transparence. Moi, l'avis, je ne l'ai pas lu. On en a des extraits dans les médias. Je ne m'improviserai pas expert du déconfinement puis dire au gouvernement quoi faire. Par contre, si on veut susciter de l'adhésion envers les décisions qu'on prend, il faut de la transparence. Cet avis-là, il est pertinent pour le débat public. Il est pertinent pour qu'on comprenne ce qui motive le gouvernement. C'est pour ça qu'il faut le rendre public.

M. Lacroix (Louis) : Restons dans le thème de la transparence. Dans le dossier de Martin Prud'homme et du départ d'Annick Murphy, en fouillant un peu, on se rend compte que le fameux comité d'experts qui avait été mis sur pied par les emplois supérieurs, composé de Michel Bouchard, de Louis Sormany et de Luc Chamberland, ces trois personnes-là sont des proches d'Annick Murphy. Les trois personnes qui ont été chargées d'analyser le comportement de Martin Prud'homme ont travaillé avec Annick Murphy au ministère de la Justice. Dans le cas de Michel Bouchard, il a été sous-procureur général au moment où Annick Murphy était nommée DPCP. Donc, il a travaillé avec elle à ce moment-là. Il était son sous-ministre. Mme Murphy lui a même donné un contrat de 95 000 $ pour qu'il produise un rapport sur les mégaprocès. Est-ce que vous ne trouvez pas qu'il y a beaucoup de proximité entre ces gens-là puis Annick Murphy et que ça ne démontre pas une apparence… je ne dis pas qu'ils sont en conflit d'intérêts, mais, à tout le moins, une apparence de conflit d'intérêts?

M. Nadeau-Dubois : Il y a des sujets, des fois, dans l'actualité où on vient à court d'images ou de métaphores. Moi, le bordel permanent dans la gestion des corps policiers, dans la gestion de l'UPAC, le bordel perpétuel des conflits entre la SQ, d'autres corps policiers, et là, en plus, le DPCP, honnêtement, je ne sais plus quoi en dire tellement c'est exaspérant. Il y a une culture à casser, là. Il y a une culture de la guéguerre, une culture des rivalités de clans qu'il faut briser. Est-ce que j'ai, ce matin, une solution miracle à offrir? Honnêtement, non. Mais l'objectif, ce doit être d'assainir les moeurs puis les manières de travailler en haut de l'appareil politicojudiciaire au Québec. C'est exaspérant de voir tant d'apparence de choses qui ne tournent pas rond. Puis on essaie toujours d'être prudents, nous, comme élus, de ne pas prêter d'intentions, de ne pas voir des complots partout. On essaie vraiment de ne pas faire ça. Je pense, ça ne serait pas responsable de faire ça. Mais à un moment donné ça devient exaspérant, une dynamique comme celle-là.

M. Lacroix (Louis) : Quand on sait que ce rapport-là a servi à Geneviève Guilbault pour prendre sa décision et dire : On prend le dossier maintenant puis on l'envoie à la Commission de la fonction publique, qui va déterminer si on doit recommander le… est-ce que… quel poids ça donne, finalement, à ce rapport-là? Est-ce qu'on peut se fier à un rapport qui est fait par des gens qui ont côtoyé pendant des années, depuis une vingtaine d'années, Annick Murphy?

M. Nadeau-Dubois : Bien, d'abord, même avant que les informations dont vous parlez aujourd'hui ne soient révélées, il y avait déjà beaucoup de doutes puis beaucoup de flou sur le processus entourant le départ de Martin Prud'homme. Déjà, nous, ça fait, quoi, deux semaines ou trois… Le temps passe vite en pandémie. Déjà, il y a deux ou trois semaines, on disait : Ce processus-là n'est pas clair. Donc, nous on veut entendre Mme Murphy. C'est ce que j'ai dit hier. Je le redis aujourd'hui : On veut l'entendre. On a besoin d'explications sur qu'est-ce qui se passe au sommet de la pyramide, disons, policière juridique au Québec. On a besoin de savoir ce qui se passe. Ces gens-là sont payés par des fonds publics. Ils sont censés servir la justice, servir le bien commun, défendre les droits des Québécois, Québécoises. Et on a l'impression qu'en ce moment il y a beaucoup de conflits qui concernent des intérêts très différents.

M. Bergeron (Patrice) : Une petite question sur la Santé publique, juste pour revenir là-dessus. Vous avez vu, donc, qu'on recommande des assouplissements pour des zones rouges comme Montréal, mais il y a d'autres zones rouges au Québec aussi, dont le Saguenay—Lac-Saint-Jean, dont Québec. Est-ce que, par souci de cohérence, aussi, là, si on accorde des assouplissements dans certaines régions, il ne faudrait pas en accorder aussi à d'autres? Comme on voit, il y a de la contestation, notamment au Saguenay—Lac-Saint-Jean.

M. Nadeau-Dubois : Le meilleur remède pour la contestation des mesures sanitaires, c'est la transparence puis la documentation des décisions. Ça, qu'est-ce que ça veut dire? Il faut être capable de dire aux gens : Voici pourquoi on vous confine, voici pourquoi on vous déconfine. Il faut le faire avec des indicateurs objectifs, des indicateurs scientifiques. Parmi les extraits qui circulent actuellement du fameux avis de la Santé publique à Montréal, on nous dit notamment, en tout cas, si on en croit ce qui circule dans les médias, qu'il faudrait envisager de rouvrir les bibliothèques parce qu'on dit… et on justifie cette recommandation en disant : Il n'y a aucune éclosion qui est survenue dans une bibliothèque.

Ça, là, c'est exactement le genre d'indicateur que Québec solidaire demande depuis des semaines. J'étais ici, à ce podium, il y a deux semaines et je donnais cet exemple en disant : Peut-on nous expliquer pourquoi on ferme les lieux culturels s'il n'y a pas eu d'éclosion dans les milieux culturels? Et la réponse a été : Bien, voyons donc, ça ne marche pas de même, c'est plus compliqué que ça. Mais là, de toute évidence, ce n'est pas si plus compliqué que ça. C'est le raisonnement que fait la Santé publique de Montréal. Donc, ça, c'est un bon exemple. Il faut qu'on soit capables d'expliquer ce qu'on ferme et pourquoi on le ferme, ce qu'on ouvre et pourquoi on l'ouvre, avec des indicateurs objectifs et scientifiques.

M. Nadeau-Dubois : Good morning.

Mme Senay (Cathy) : …about your… of the city of Montréal… well, not the city of Montréal, but the Public Health of Montréal trying to get some restrictions lifted, how do you think it is important to give some, you know, freedom to people so they reconnect with their normal lives? Because it's harder right now, and Montréal is the center of theatre, arts. It's a lively city and now it's been slowing down for months. So how important… to say : Well, at some point, yes, we have to have a better…

M. Nadeau-Dubois : You know, as a politician, it is not my job to draw the line between what should be open and what should be closed. But I should be able, as a citizen, to understand why some things are open and some things are closed, and those decisions have to be justified by objective data. That's what I've been saying for weeks now. And, each time we've asked for that data, the answer was : Oh! you know, it's much more complicated than that. That is basically what the Government answered us. What we are learning this morning is that, obviously, this data exists, at least in Montréal, and that the regional health authorities are using that data to justify their recommendations. So the authorities of Montréal are doing exactly what Québec solidaire has been asking for weeks. So it's not that impossible at all, after all.

Mme Senay (Cathy) : I remember political parties here asking for a complete list of where the outbreaks are just to have a clear overview of…

M. Nadeau-Dubois : Yes, I specifically asked for that type of data numerous times in the last weeks. I've repeatedly said : You know, we have to know where are the outbreaks in order to justify what is closed and what is open. I've often used the comparison with British Columbia, that is publishing such a list. So, if we want to fight the contestation of the shutdown measures, we have to fight it with transparency and with scientific data. And what we're learning this morning is that this data exists. Those written recommendations exist. We have a very, very basic demand for the Government. We want to see those recommendations. We want to see those written recommendations from public health authorities.

Mme Senay (Cathy) : It's frustrating to read that those recommendations, those advisories do exist, and you couldn't be able to…

M. Nadeau-Dubois : No, it's the proof that, contrary to what has been said by the Government, the oppositions were not crazy to ask for scientific justifications of political decisions. Those justifications exist. They exist in a written form. We have to see them.

Mme Senay (Cathy) : Last question. I remember asking you in French last week… the risk of not having written documentation now, but even later on, after all this, what's the risk for the Government to not have written proof of anything that was done?

M. Nadeau-Dubois : Well, yes, that's also something that concerns me on a more long-term basis. You know, this is not the last pandemic. And what experts are telling us more and more is that the effect of human civilization on ecosystems is actually increasing the risk of specifically that type of pandemic. So, when we will have to do the… You know, when we will have to reflect on that crisis to gather some lessons for the future, we will need some documentation to reflect on. And the fact that that Government refuses to produce such documentation will prevent us from being prepared for the next crisis.

(Fin à 8 h 16)


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