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Conférence de presse de M. Martin Ouellet, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de finances, et Mme Méganne Perry Mélançon, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’économie et de relance

Version finale

Le jeudi 12 novembre 2020, 16 h 05

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Seize heures treize minutes)

Le Modérateur : Alors, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue à ce point de presse du troisième groupe d'opposition. Nous avons l'occasion d'accueillir le chef du Parti québécois, M. Paul St-Pierre-Plamondon, ainsi que les députés Martin Ouellet et Méganne Perry-Mélançon. La parole est à vous.

M. Ouellet : Merci beaucoup, tout le monde. Donc, aujourd'hui, on va donner la réplique du Parti québécois sur cette mise à jour économique. Bon, évidemment, il n'y a pas de surprise, on nous annonce un budget de 15 milliards pour la prochaine année et on nous annonce aussi deux déficits de 7 et de 8 milliards, ce qui, dans les deux prochaines années, va amener le Québec dans le rouge pour 15 milliards. Ce qu'on ne sait pas, et c'est ce qu'il n'y a pas dans la mise au point aujourd'hui et c'est ce qu'on avait dans la mise au point de 2019 et de 2018, ce sont des projections sur cinq ans. Donc, le gouvernement arrête à trois ans. Pourquoi? Bien, on se le demande. Est-ce que les Québécois et Québécoises sont dans le néant aujourd'hui? La réponse, c'est oui. Est-ce que les Québécois et Québécoises sont ambigus face à la mise à jour économique? La réponse, c'est oui. Et donc on est dans le noir.

D'autant plus que le conservatisme du ministre des Finances a changé par un opportunisme assumé, et c'est écrit noir sur blanc dans la mise à jour, pour dire : Écoutez, si on veut réussir notre plan, ça prend trois choses. Ça prend tout d'abord de l'aide fédérale récurrente. Ça prend aussi une augmentation des dépenses qui va suivre une augmentation des revenus. Donc, ça, ce que ça veut dire pour M. Mme Tout-le-monde : il va falloir qu'on s'assure que tout est à l'équilibre, et, si ce n'est pas le cas, vous savez ce qui nous attend, une hausse d'impôts ou une baisse de services. Et surtout, et c'est la troisième partie, la plus fantastique, de l'enthousiasme du ministre dans son optimisme assumé, il y a un effet de la CAQ d'être plus productifs ailleurs que dans le monde pour avoir un PIB qui va surperformer par rapport à d'autres économies.

Donc, pour nous, c'est ambigu, c'est noir, c'est le néant. Et ce que les Québécois et Québécoises auraient aimé connaître aujourd'hui, au-delà du fait que nous aurons un déficit pour les prochaines années et qu'on devra se rendre, par la loi, à l'équilibre : comment on s'y rend? Alors, je passe la parole à mon chef, Paul St-Pierre Plamondon.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Merci, Martin. Donc, vous aurez compris que l'éléphant dans la pièce, c'est que tout ce plan, cette mise à jour économique repose en fait sur l'aide du fédéral, un transfert en santé qui est demandé par les provinces dans le contexte où la CAQ a une moyenne au bâton de zéro en 18 au niveau des demandes auprès du fédéral.

Donc, quand on regarde attentivement le document et on lit entre les lignes, ce qu'on voit, c'est qu'essentiellement il y a deux scénarios, soit c'est celui de l'austérité, là, qu'on peut voir à travers des lignes comme «une croissance des dépenses en lien avec celles des revenus», ou une collaboration subite du gouvernement fédéral dans le cadre des demandes des provinces. Mais la vérité, si j'avais à miser, là, je miserais sur le premier scénario et non pas celui d'une collaboration soudaine du Canada avec les provinces.

Et on a donc la preuve que, malgré le fait que François Legault, la CAQ et d'autres partis fédéralistes nous répètent qu'il n'y a pas de problème à envoyer la moitié de nos impôts au fédéral et que ça fonctionne, la fédération canadienne, en fait, ce qu'on a aujourd'hui, c'est un plan sur trois ans parce qu'en fait on n'est pas capable de planifier parce qu'on n'a pas le contrôle sur nos propres impôts et on dépend du bon vouloir du fédéral comme toutes les autres provinces. Donc, il y a un problème réel à ne pas être indépendant, il y a de vrais problèmes concrets dans la planification d'une pandémie lorsqu'on ne contrôle pas nous-mêmes nos impôts.

J'aimerais aussi souligner sur le fait que, sur le plan environnemental, si on recule un peu puis on prend la situation d'ensemble indépendamment de la situation financière du Québec, on aura raté au cours de cette crise une occasion en or de faire un virage vert, un virage vers des industries puis une croissance économique qui a des assises environnementales fortes. C'était le cas dans les projets d'infrastructure, où on a promis du béton, où on a promis des projets des années 90, et c'est le cas encore dans cette mise à jour, où est-ce qu'on saupoudre quelques mesures, notamment on parle d'achat local, pour essayer de présenter ça comme de l'environnement. Mais, dans les faits, c'est très insuffisant par rapport au besoin, partout sur la planète, de faire face à la lutte sur les changements climatiques. Sur ce, je laisse la parole à Méganne.

Mme Perry Mélançon : Merci. Bien, c'est évident que, quand on regarde vraiment, là, le volet relance de l'économie du Québec, oui, effectivement, la relance verte, elle n'est pas au rendez-vous. On n'a pas une vision... on a vision qui est assez étroite de ce que devrait être une relance verte et juste. C'est les éléments qu'on amenait ce matin.

Alors, la CAQ ne réalise pas l'ampleur du défi qu'on a devant nous, comme société, de lutter contre la crise climatique. La crise climatique, on le voit, les États-Unis, par exemple, 2 000 milliards de dollars qu'on investit pour verdir l'économie. Ce qu'on retrouve dans la mise à jour économique présentement ne relève pas du tout ce défi-là.

Alors, deuxième point majeur, la relance concrète qu'on souhaitait, concrète pour les entrepreneurs, qu'on ait une aide directe. On ne retrouve toujours pas d'allègement de cette bureaucratie-là qui est excessivement lourde pour les entreprises. Encore une fois, on nous annonce des sommes, mais on sait que c'est sous forme de prêts et qu'on demande des garanties pour ces prêts-là. Alors, est-ce qu'on peut parler d'aide directe dans tout ce qu'on retrouve pour les aides aux entrepreneurs? On se questionne à ce sujet-là.

Et toujours rien qui n'est annoncé pour les zones orange et les zones jaunes, qui ont des pertes de revenus énormes également dans ces secteurs-là. Et, bien là moi, je suis un entrepreneur, aujourd'hui, je regarde la mise à jour économique, et je me dis qu'il n'y a absolument rien pour moi, et je retourne dans mes formulaires, puis j'espère que je pourrai avoir un léger assouplissement des mes besoins financiers.

J'ai aussi très sursauté en voyant le volet approvisionnement local dans les équipements de protection individuelle en santé. C'est un recul de la CAQ. C'est un recul parce qu'ils s'étaient engagés à protéger le Québec, à protéger ce qu'on fait chez nous, les usines qui ont répondu à ce cri du coeur du gouvernement pour rapidement produire, fabriquer des équipements de protection individuelle. Et maintenant on a un objectif ici qui est de 25 % dans l'achat qu'on va faire, là, pour stocker, finalement, là, les coffres du gouvernement. Alors, il s'était engagé, je me rappelle, le premier ministre, à même légiférer au besoin. Alors, on est vraiment très loin de ce qu'on nous avait annoncé il y a quelques mois de ça.

Et puis rapidement je pourrais parler également de relance sociale et juste. Rien pour le logement social, sauf si ce n'est de l'entente du fédéral qu'on attend depuis longtemps, et qu'aucun groupe ne sait comment ce sera distribué. Et économie sociale, un 15 millions, c'est ces gens-là qui s'occupent… c'est ces entreprises-là qui s'occupent du bien-être de la population. Alors, on aurait pu avoir plus d'ambition à ce niveau-là. Et, bien, je pense que ça démontre ce que je disais tout à l'heure, là, vraiment une vision assez étroite de ce qu'est une relance économique pour la CAQ.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : C'est vraiment choquant de voir le gouvernement ne pas s'engager à plus que 25 % d'achat québécois, alors qu'on a discuté pendant des mois et des mois d'au moins 75 %, et que le gouvernement s'était engagé à légiférer au besoin pour s'assurer que ce soient des biens, des services fabriqués au Québec, en temps de pandémie et plus tard, là, qu'on priorise. Donc, il y a vraiment quelque chose, là, il y a un manque de volonté politique, et ça, je trouve ça extrêmement déplorable.

Le Modérateur : Merci à vous trois. Nous allons maintenant passer à la période des questions des membres de la tribune de la presse. Mylène Crête, Le Devoir.

Mme Crête (Mylène) : Je voudrais savoir, est-ce que vous estimez que le gouvernement aurait dû dépenser encore davantage et particulièrement en aide directe aux PME, au lieu de se limiter à des aides pour stimuler l'économie?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Je pense qu'il y a deux problèmes majeurs en ce moment qui sont omniprésents en ce qui a trait aux PME. Le premier, c'est qu'on peut présenter des énoncés théoriques, comme aujourd'hui, puis présenter des beaux chiffres comme ça, mais, si, sur le terrain, ça ne se rend pas puis que la machine fait en sorte qu'il y a plus d'obstacles que de solutions, les PME vont périr. Elles sont en train de périr. Donc, il y a un problème sur le terrain, comme on a un problème dans les CHSLD, les hôpitaux et les écoles. C'est une chose de dire puis de parler de chiffres, c'est une chose de livrer... c'est une autre chose de livrer la marchandise.

L'autre chose qu'on voit, c'est l'absence de stratégie sur une base régionale par rapport aux PME. Je pense que la situation économique de la région de Montréal, par exemple, est différente de celle de la Gaspésie ou celle de l'Abitibi. Et on voit qu'on est beaucoup dans le mur-à-mur. Donc, il y a des ajustements dans la manière de livrer, et, oui, on pourrait aider davantage en ce moment nos PME parce que c'est le socle de l'économie québécoise, et en ce moment on ne s'en occupe pas.

Et, quand je vous dis qu'on devrait acheter à 75 %, dans notre approvisionnement, 75 % de ce contenu-là devrait être un achat de produits fabriqués au Québec pour encourager nos PME puis nos entrepreneurs, et qu'on n'a pas cette volonté politique là, et qu'on se retrouve avec seulement 25 % dans ce plan-là, moi, je regrette, là, mais c'est trahir nos entrepreneurs puis nos entreprises d'ici. Parce que le gouvernement s'était engagé à le faire, à légiférer au besoin pour arriver à ça, et là on ne sent aucune volonté politique de soutenir nos entreprises d'ici.

Mme Crête (Mylène) : Merci.

Le Modérateur : Valérie, Gamache, Radio-Canada.

Mme Gamache (Valérie) : J'aimerais ça vous entendre pour l'objectif de M. Girard, face à l'équilibre budgétaire, de ne pas vouloir, donc, peut-être ouvrir cette loi-là puis de maintenir le cap. Est-ce qu'il aurait dû peut-être à ce chapitre-là relâcher puis, justement, ouvrir les valves à ce moment-ci pour relancer l'économie?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, c'est-à-dire que la loi est claire, on a cinq ans pour résorber le déficit. Et c'est faisable, de respecter la loi. La loi n'est pas déraisonnable. C'est simplement qu'il y a une grande partie de notre budget qui est contrôlée par un gouvernement de trop sur lequel on n'a aucun contrôle. Donc, on a ici un document de... je ne sais pas combien de pages, là, mais un document très volumineux pour essentiellement nous dire que, passé trois ans, on n'a aucune idée de ce qui va arriver parce qu'on ne contrôle pas ce que le fédéral voudra bien nous donner ou pas à même nos propres impôts.

Donc, le problème n'est pas dans la loi qui prévoit qu'en cinq ans on doit revenir à l'équilibre budgétaire. Le problème, c'est qu'on ne contrôle pas nos leviers fiscaux et que ce sera Justin Trudeau et Ottawa qui décideront si, oui ou non, il y a moyen de boucler le budget. Et, si la réponse, c'est non, parce que ça a été non les 18 dernières fois, bien, malheureusement, ce que ce document-là nous dit, c'est qu'on envisage de couper dans les services à la population. C'est ça qui s'en vient.

Mme Gamache (Valérie) : Puis, à court terme, est-ce que vous avez évalué peut-être l'impact de cette mise à jour là? Vous avez beaucoup parlé des entrepreneurs, notamment dans les régions. Est-ce que vous avez une idée de l'impact que ça pourrait avoir, c'est-à-dire autant négatif, à votre avis, que positif? Mais je comprends que c'est plus négatif, votre vision des choses.

M. Ouellet : Oui, puis pas parce qu'on est l'opposition. On a fait un travail quand même assez important en regardant ce qui avait été fait par le passé dans les autres points économiques. Bon, évidemment, il y a un programme qu'on veut saluer, le programme d'accompagnement de la main-d'oeuvre. Ça a été un des premiers programmes que le Québec a mis de l'avant pour aider les entreprises. Il y a 437 millions de rajoutés. Les entrepreneurs nous en parlaient parce que c'était bon. Mais ils ont manqué de moyens entre la première et la deuxième vague, lors du déconfinement. Donc, qu'on rajoute de l'argent, c'est bien.

Mais je reviens au point de départ. Je suis une entreprise, je suis un entrepreneur, je suis un salarié, et on vient d'apprendre… 15 milliards de déficit, 7 plus 8, pour un autre 15 milliards, et on ne sait pas comment on va résorber ça. La seule façon que le gouvernement nous dit d'y arriver, c'est d'être capables d'aller chercher de l'argent au fédéral et d'être capables de croître nos revenus au même moment que nos dépenses vont croître aussi. Donc, si, aujourd'hui, là, je suis un travailleur de la santé, de l'éducation, et que je n'ai pas signé encore ma convention collective, je me pose la question. Si les revenus ne sont pas au rendez-vous, ça veut dire que les offres salariales ne seront pas au rendez-vous. Et ça, c'est une grande inquiétude, notamment dans mon désir de continuer à consommer malgré le fait que je suis en pandémie.

Mme Gamache (Valérie) : Donc, vous avez l'impression que ça va carrément freiner la consommation?

M. Ouellet : Je pense que oui parce qu'il n'y a rien de clair. Et je ne veux pas être électoraliste, mais c'est drôle qu'on va nous brosser un plan qui va nous éclaircir après 2022‑2023. À quel moment est l'élection de 2022? Je vous le donne en mille, la prochaine élection.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Pour être juste envers le gouvernement, il y a une partie d'incertitude que le gouvernement ne contrôle pas. Puis les Québécois vont parfaitement comprendre qu'en temps de pandémie on ne contrôle pas tous les scénarios. C'est correct d'avoir une part d'incertitude. Mais il ne faut pas prendre non plus les Québécois pour des gens qui ne surveillent pas leurs affaires. Si on promet un retour à l'équilibre budgétaire sur cinq ans, pourquoi le document n'a aucun graphique sur cinq ans? Tous les graphiques sont sur trois ans.

Et il y a les choses qu'on ne contrôle pas, puis ce n'est pas la faute du gouvernement, par exemple l'ampleur de la deuxième vague, les impacts économiques qu'on ne peut pas prévoir. Mais il y a des choses qu'on pourrait contrôler si on choisissait de nous-mêmes gérer nos impôts et de ne pas avoir un gouvernement de trop, ce serait de contrôler ce qui est en ce moment un débat absurde sur les transferts en santé, où essentiellement on a envoyé nos impôts à Ottawa, mais on ne sait pas si Ottawa va nous renvoyer ces sommes-là en matière de santé, ce qui cause un déficit potentiel de 6 milliards. C'est ça, la valeur, là, 6 milliards par année.

Donc, ça, c'est sous notre contrôle, et il y a vraiment un double discours de la part de la CAQ, qui se dit constamment fédéraliste, qui n'osera pas remettre en question ce système qui, vraisemblablement, en temps de pandémie, ne fonctionne pas parce que ce qu'on a ici, c'est un document qui ne peut rien prévoir sur cinq ans parce que tout dépend d'un autre palier de gouvernement puis qu'à date, ils n'ont eu aucun succès.

Mme Perry Mélançon : J'aimerais rajouter peut-être... votre question sur les impacts socioéconomiques. Finalement, là, dans toutes les régions, on dit qu'on veut aider les clientèles vulnérables puis on n'a pas d'argent pour les organismes. Dans le PSOC, par exemple, on a un 10 millions, là, d'ajouté. Même chose au point de vue économique, si on n'a pas une vision pour vraiment investir de façon massive dans la relance verte, comme je le disais, bien, c'est des occasions d'affaires qui sont ratées. On en a, des entreprises qui sont prêtes à se développer davantage, et ça, c'est dans toutes les régions du Québec, pour avoir un développement des énergies renouvelables. Il faut vraiment avoir une attention particulière pour toutes ces entreprises-là qui ont souvent un impact aussi indirect ou un impact direct sur des entreprises connexes. Alors, ça, c'est aussi de penser de façon plus globale à ce qu'on peut faire, là, pour aider les Québécois et les Québécoises, alors d'un point de vue social, mais économique également.

Le Modérateur : Hugo Pilon-Larose, La Presse.

M. Pilon-Larose (Hugo) : À la question du déficit, M. St-Pierre Plamondon, vous dites que c'est faisable de respecter la loi. Et, en fait, la solution pour la respecter, si je comprends bien, c'est de faire la souveraineté du Québec. Mais là, en ce moment, on a un gouvernement fédéraliste, et il veut respecter, lui aussi, la loi, visiblement, et retourner à l'équilibre budgétaire en cinq ans.

Comment est-ce qu'il va réussir à le faire? Est-ce que vous craignez qu'il va y avoir de l'austérité? Est-ce que vous craignez qu'on va diminuer les dépenses dans les programmes? C'est ma première question.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : C'est la bonne question. Donc, on dépend du bon vouloir de Justin Trudeau sur la question. Puis ce n'est pas le Québec puis ce n'est pas une question que d'indépendance du Québec, parce que toutes les autres provinces pensent la même chose et demandent la même chose au fédéral. On demande que nos impôts nous reviennent en santé, et, pour nous, ça veut dire 6 milliards de dollars.

Parce que nous n'avons par le contrôle sur notre propre destinée puis sur notre gestion budgétaire, on se retrouve avec un document qui ne peut rien prévoir sur cinq ans, alors que l'engagement de renouer avec l'équilibre budgétaire, il est sur cinq ans. Donc, l'enjeu, il est là, et je ne peux m'empêcher de rappeler que, si on avait un seul gouvernement en pleine possession de notre budget puis de nos décisions budgétaires et politiques, bien, on ne serait pas dans cette situation-là. Et, oui, donc, c'est directement relié avec la question de l'indépendance du Québec. Ça crève les yeux.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais, au-delà de la pédagogie souverainiste, là, moi, ce que je veux savoir, c'est : Le gouvernement, est-ce qu'il devrait réfléchir à «buster» le cinq ans?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Ah! il a déjà réfléchi à toutes sortes d'options, là. Moi, je vous envoie à la page A-25. Donc, afin d'assurer un retour à l'équilibre budgétaire responsable en cinq ans comme la loi sur l'équilibre l'exige, le gouvernement s'appuiera sur certains principes. Et, dans ces principes-là, on a une croissance des dépenses en lien avec celle des revenus, donc compatibles avec la capacité de payer des contribuables. La réponse, elle est là, là, c'est que, si le fédéral ne collabore pas avec les provinces, on va nous dire : Bien là, on va obtenir les services qu'on est capables de payer en fonction des revenus qu'on a. La porte est ouverte à des réductions de service, là. Ça, ça me semble très clair du document.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Et ma question est, et je vous la pose parce que c'est ce que Québec solidaire et le Parti libéral proposaient : Est-ce que le gouvernement devrait aller au-delà de cinq ans pour rétablir l'équilibre budgétaire, pour éviter ce scénario? Est-ce que c'est ce que vous lui demandez?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Non, parce que le coeur de cette affaire-là, ce n'est pas que cinq ans pour revenir à l'équilibre budgétaire, c'est déraisonnable. Le coeur de cette affaire-là, c'est qu'il y a 6 milliards qui nous est dû puis on ne sait pas si on va l'obtenir. Et c'est pour ça que la CAQ garde le cap. C'est qu'ils font le pari, malgré tous leurs échecs à date avec Ottawa, qu'ils vont obtenir, à travers une entente avec Ottawa, cette somme-là.

Donc, ce serait une erreur que de placer ça sur la faute de la Loi sur l'équilibre budgétaire, qui, à mon avis, est un mécanisme sain qu'on a déjà mis en place pour éviter des dérapages. Le coeur du problème, il est dans nos relations avec Ottawa parce que ce n'est pas nous qui décidons pour notre propre argent, puis il est dans d'autres mesures où la CAQ n'a pas de leadership politique, par exemple les paradis fiscaux, parce que, si on récupérait un peu plus que 1 milliard par année qui s'évade dans les paradis fiscaux, bien, on n'aurait peut-être pas ces choix budgétaires là à faire.

Donc, c'est là-dessus qu'il faut se concentrer, pas sur pelleter par en avant sur le plus grand nombre d'années possible, pas sur augmenter le fardeau des contribuables pour finalement pallier au fait qu'il y a un gouvernement de trop qui ne veut pas collaborer avec les provinces. Moi, je ne pense pas que c'est la bonne réponse. Il y a de l'argent qui nous appartient. Ce sont nos impôts. Ils doivent nous revenir. Et malheureusement on est pris avec le fédéral.

M. Ouellet : Je veux juste peut-être vous donner deux indications. Je trouve ça d'ailleurs fabuleux d'entendre Carlos Leitão nous parler de repousser l'équilibre budgétaire, alors qu'ils l'ont forcé, imposé, et que ça a donné d'énormes surplus alors que l'économie était en pleine expansion. Donc, je trouvais ça un peu drôle d'entendre ça en disant : Non, ce n'est plus le temps, alors qu'ils l'ont pressé dans un temps qui était tout à fait inapproprié.

Cela étant dit, le gouvernement indique, comme mon chef l'a dit, à la page A.25 : «Au cours des prochains mois, le gouvernement examinera la nécessité de revoir la loi.» J'aurais envie d'avoir cette discussion-là, parce que peut-être que les engagements qu'on a, selon la loi, qui nous amènent à dépenser 3 milliards en 2020‑2021... à investir, pardon, 3 milliards en 2020‑2021; en 2022‑2023, 3,4, 3,7. Est-ce qu'on peut recalibrer la loi sur le Fonds des générations en fonction d'un endettement différent? Je suis prêt à avoir la discussion, d'une part.

Parce qu'on parle d'équité générationnelle, mais, si on scrape tout présentement, et qu'on ne fait pas de transition verte comme ma collègue Méganne l'a dit, et qu'au final ce sera la crise climatique qui sera devant nous et non pas la crise de la pandémie, on ne sera pas avancés dans l'équité générationnelle, on ne sera juste plus capables d'avoir une économie fonctionnelle à cause des enjeux climatiques.

Et la deuxième chose, et c'est écrit noir sur blanc : «L'engagement gouvernemental de ne pas alourdir le fardeau fiscal..» Donc, c'est clair, là, la CAQ ne veut pas augmenter les taxes et impôts et parle de capacité de payer des contribuables. Pour moi, c'est clair, si l'argent du fédéral n'est pas là, si, dans la discussion pour rouvrir la loi sur le Fonds des générations, on ne s'entend pas, ce qui reste, c'est la baisse de services. Ça, c'est clair, net et précis pour moi. Et c'est ça qui aurait dû être écrit en disant : Vous savez, pour atteindre l'équilibre budgétaire, puis je comprends qu'on est dans une période incertaine, mais ça va être difficile. Et, pour respecter l'engagement de la CAQ de ne pas augmenter le fardeau fiscal, soyez conséquents et annoncez que, bien, quand ça ne balance pas, le choix que la CAQ fait, c'est les services qui écopent.

Le Modérateur : On va maintenant passer aux questions en anglais avec Raquel Fletcher, Global.

Mme Fletcher (Raquel) : Good afternoon. You've already mentioned it, but for our viewers in English, the Government is investing $1.8 billion over the next three years to restart the economy. You say that that is not enough, and they are leaving small and medium business owners in the lurch. Why do you say that?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Because the financial support is so complicated to get that it actually doesn't deliver, it doesn't reach the people who need it. So it's one thing come with figures and all sorts of theories, if you are not able to deliver on the ground and to help people, if the technicalities and all the paper work that needs to be done to get help hinders... makes it impossible to get the help you need, we're not better off. So, that is one thing.

And then the other thing is what kind of investments are we dealing with right now? And I think we're missing the point that, in 2020, we need to take climate change seriously, and there is a competitive advantage for Québec to develop companies that are strong in the green sector. And that is what we're seeing right now in the United States. They're going to go all the way with investments in fields that have a future in terms of environment and climate change. The CAQ is not delivering that. So those factors make the plan a bit disappointing.

Mme Perry Mélançon : You also have to think about all the companies that are in a sector that is not completely closed and they don't have any client. It is almost shut down, they are still operating, and there's no revenue. So we need some financial aid for them too. So, yes.

Le Modérateur : J'ai une question qui a été transmise par Cathy Senay, de CBC. Is the Finance Minister realistic in his plan to go back to a balanced budget in five years, and without cutting services and raising taxes? He needs an enormous increase in health transfers from Ottawa, a vaccine. Is it dangerous to be too optimistic in uncertain and exceptional times?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : The truth is the Minister has no clue whether he's going to make it within five years or not. He doesn't know. If he would know, he would have other figures than figures through three years only, when he needs to reestablish a balanced budget within five years. There are no figures in that plan over five years. And the reason for that is that he's depending on the federal Government to give him important moneys, $6 billion, and he has no control over that whatsoever. So the truth is he doesn't know if he can make it or not.

Le Modérateur : C'est ce qui met fin au point de presse. Merci beaucoup.

(Fin à 16 h 38)

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