(Seize heures treize minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour à toutes et à tous. Bienvenue à ce point de presse du troisième groupe
d'opposition. Nous avons l'occasion d'accueillir le chef du Parti québécois,
M. Paul St-Pierre-Plamondon, ainsi que les députés Martin Ouellet et
Méganne Perry-Mélançon. La parole est à vous.
M. Ouellet : Merci beaucoup,
tout le monde. Donc, aujourd'hui, on va donner la réplique du Parti québécois
sur cette mise à jour économique. Bon, évidemment, il n'y a pas de surprise,
on nous annonce un budget de 15 milliards pour la prochaine année et on
nous annonce aussi deux déficits de 7 et de 8 milliards, ce qui, dans les
deux prochaines années, va amener le Québec dans le rouge pour
15 milliards. Ce qu'on ne sait pas, et c'est ce qu'il n'y a pas dans la
mise au point aujourd'hui et c'est ce qu'on avait dans la mise au point de 2019
et de 2018, ce sont des projections sur cinq ans. Donc, le gouvernement arrête
à trois ans. Pourquoi? Bien, on se le demande. Est-ce que les Québécois et
Québécoises sont dans le néant aujourd'hui? La réponse, c'est oui. Est-ce que
les Québécois et Québécoises sont ambigus face à la mise à jour économique? La
réponse, c'est oui. Et donc on est dans le noir.
D'autant plus que le conservatisme du
ministre des Finances a changé par un opportunisme assumé, et c'est écrit noir
sur blanc dans la mise à jour, pour dire : Écoutez, si on veut réussir
notre plan, ça prend trois choses. Ça prend tout d'abord de l'aide fédérale
récurrente. Ça prend aussi une augmentation des dépenses qui va suivre une
augmentation des revenus. Donc, ça, ce que ça veut dire pour M. Mme
Tout-le-monde : il va falloir qu'on s'assure que tout est à l'équilibre,
et, si ce n'est pas le cas, vous savez ce qui nous attend, une hausse d'impôts
ou une baisse de services. Et surtout, et c'est la troisième partie, la plus
fantastique, de l'enthousiasme du ministre dans son optimisme assumé, il y a un
effet de la CAQ d'être plus productifs ailleurs que dans le monde pour avoir un
PIB qui va surperformer par rapport à d'autres économies.
Donc, pour nous, c'est ambigu, c'est noir,
c'est le néant. Et ce que les Québécois et Québécoises auraient aimé connaître
aujourd'hui, au-delà du fait que nous aurons un déficit pour les prochaines
années et qu'on devra se rendre, par la loi, à l'équilibre : comment on
s'y rend? Alors, je passe la parole à mon chef, Paul St-Pierre Plamondon.
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) : Merci, Martin. Donc, vous aurez compris que
l'éléphant dans la pièce, c'est que tout ce plan, cette mise à jour économique
repose en fait sur l'aide du fédéral, un transfert en santé qui est demandé par
les provinces dans le contexte où la CAQ a une moyenne au bâton de zéro en 18
au niveau des demandes auprès du fédéral.
Donc, quand on regarde attentivement le
document et on lit entre les lignes, ce qu'on voit, c'est qu'essentiellement il
y a deux scénarios, soit c'est celui de l'austérité, là, qu'on peut voir à
travers des lignes comme «une croissance des dépenses en lien avec celles des
revenus», ou une collaboration subite du gouvernement fédéral dans le cadre des
demandes des provinces. Mais la vérité, si j'avais à miser, là, je miserais sur
le premier scénario et non pas celui d'une collaboration soudaine du Canada
avec les provinces.
Et on a donc la preuve que, malgré le fait
que François Legault, la CAQ et d'autres partis fédéralistes nous répètent
qu'il n'y a pas de problème à envoyer la moitié de nos impôts au fédéral et que
ça fonctionne, la fédération canadienne, en fait, ce qu'on a aujourd'hui, c'est
un plan sur trois ans parce qu'en fait on n'est pas capable de planifier parce
qu'on n'a pas le contrôle sur nos propres impôts et on dépend du bon vouloir du
fédéral comme toutes les autres provinces. Donc, il y a un problème réel à ne
pas être indépendant, il y a de vrais problèmes concrets dans la planification
d'une pandémie lorsqu'on ne contrôle pas nous-mêmes nos impôts.
J'aimerais aussi souligner sur le fait
que, sur le plan environnemental, si on recule un peu puis on prend la
situation d'ensemble indépendamment de la situation financière du Québec, on
aura raté au cours de cette crise une occasion en or de faire un virage vert,
un virage vers des industries puis une croissance économique qui a des assises
environnementales fortes. C'était le cas dans les projets d'infrastructure, où
on a promis du béton, où on a promis des projets des années 90, et c'est
le cas encore dans cette mise à jour, où est-ce qu'on saupoudre quelques
mesures, notamment on parle d'achat local, pour essayer de présenter ça comme
de l'environnement. Mais, dans les faits, c'est très insuffisant par rapport au
besoin, partout sur la planète, de faire face à la lutte sur les changements
climatiques. Sur ce, je laisse la parole à Méganne.
Mme Perry Mélançon : Merci.
Bien, c'est évident que, quand on regarde vraiment, là, le volet relance de
l'économie du Québec, oui, effectivement, la relance verte, elle n'est pas au
rendez-vous. On n'a pas une vision... on a vision qui est assez étroite de ce
que devrait être une relance verte et juste. C'est les éléments qu'on amenait ce
matin.
Alors, la CAQ ne réalise pas l'ampleur du
défi qu'on a devant nous, comme société, de lutter contre la crise climatique.
La crise climatique, on le voit, les États-Unis, par exemple, 2 000 milliards
de dollars qu'on investit pour verdir l'économie. Ce qu'on retrouve dans la
mise à jour économique présentement ne relève pas du tout ce défi-là.
Alors, deuxième point majeur, la relance
concrète qu'on souhaitait, concrète pour les entrepreneurs, qu'on ait une aide
directe. On ne retrouve toujours pas d'allègement de cette bureaucratie-là qui
est excessivement lourde pour les entreprises. Encore une fois, on nous annonce
des sommes, mais on sait que c'est sous forme de prêts et qu'on demande des
garanties pour ces prêts-là. Alors, est-ce qu'on peut parler d'aide directe
dans tout ce qu'on retrouve pour les aides aux entrepreneurs? On se questionne
à ce sujet-là.
Et toujours rien qui n'est annoncé pour
les zones orange et les zones jaunes, qui ont des pertes de revenus énormes
également dans ces secteurs-là. Et, bien là moi, je suis un entrepreneur,
aujourd'hui, je regarde la mise à jour économique, et je me dis qu'il n'y a
absolument rien pour moi, et je retourne dans mes formulaires, puis j'espère
que je pourrai avoir un léger assouplissement des mes besoins financiers.
J'ai aussi très sursauté en voyant le
volet approvisionnement local dans les équipements de protection individuelle
en santé. C'est un recul de la CAQ. C'est un recul parce qu'ils s'étaient
engagés à protéger le Québec, à protéger ce qu'on fait chez nous, les usines
qui ont répondu à ce cri du coeur du gouvernement pour rapidement produire,
fabriquer des équipements de protection individuelle. Et maintenant on a un
objectif ici qui est de 25 % dans l'achat qu'on va faire, là, pour
stocker, finalement, là, les coffres du gouvernement. Alors, il s'était engagé,
je me rappelle, le premier ministre, à même légiférer au besoin. Alors, on est
vraiment très loin de ce qu'on nous avait annoncé il y a quelques mois de ça.
Et puis rapidement je pourrais parler
également de relance sociale et juste. Rien pour le logement social, sauf si ce
n'est de l'entente du fédéral qu'on attend depuis longtemps, et qu'aucun groupe
ne sait comment ce sera distribué. Et économie sociale, un 15 millions,
c'est ces gens-là qui s'occupent… c'est ces entreprises-là qui s'occupent du
bien-être de la population. Alors, on aurait pu avoir plus d'ambition à ce
niveau-là. Et, bien, je pense que ça démontre ce que je disais tout à l'heure,
là, vraiment une vision assez étroite de ce qu'est une relance économique pour
la CAQ.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est vraiment choquant de voir le gouvernement ne pas s'engager à plus que
25 % d'achat québécois, alors qu'on a discuté pendant des mois et des mois
d'au moins 75 %, et que le gouvernement s'était engagé à légiférer au
besoin pour s'assurer que ce soient des biens, des services fabriqués au
Québec, en temps de pandémie et plus tard, là, qu'on priorise. Donc, il y a
vraiment quelque chose, là, il y a un manque de volonté politique, et ça, je
trouve ça extrêmement déplorable.
Le Modérateur
: Merci à
vous trois. Nous allons maintenant passer à la période des questions des
membres de la tribune de la presse. Mylène Crête, Le Devoir.
Mme Crête (Mylène) :
Je voudrais savoir, est-ce que vous estimez que le gouvernement aurait dû
dépenser encore davantage et particulièrement en aide directe aux PME, au lieu
de se limiter à des aides pour stimuler l'économie?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je pense qu'il y a deux problèmes majeurs en ce moment qui sont omniprésents en
ce qui a trait aux PME. Le premier, c'est qu'on peut présenter des énoncés
théoriques, comme aujourd'hui, puis présenter des beaux chiffres comme ça,
mais, si, sur le terrain, ça ne se rend pas puis que la machine fait en sorte
qu'il y a plus d'obstacles que de solutions, les PME vont périr. Elles sont en
train de périr. Donc, il y a un problème sur le terrain, comme on a un problème
dans les CHSLD, les hôpitaux et les écoles. C'est une chose de dire puis de
parler de chiffres, c'est une chose de livrer... c'est une autre chose de
livrer la marchandise.
L'autre chose qu'on voit, c'est l'absence
de stratégie sur une base régionale par rapport aux PME. Je pense que la
situation économique de la région de Montréal, par exemple, est différente de
celle de la Gaspésie ou celle de l'Abitibi. Et on voit qu'on est beaucoup dans
le mur-à-mur. Donc, il y a des ajustements dans la manière de livrer, et, oui,
on pourrait aider davantage en ce moment nos PME parce que c'est le socle de
l'économie québécoise, et en ce moment on ne s'en occupe pas.
Et, quand je vous dis qu'on devrait
acheter à 75 %, dans notre approvisionnement, 75 % de ce contenu-là
devrait être un achat de produits fabriqués au Québec pour encourager nos PME
puis nos entrepreneurs, et qu'on n'a pas cette volonté politique là, et qu'on
se retrouve avec seulement 25 % dans ce plan-là, moi, je regrette, là,
mais c'est trahir nos entrepreneurs puis nos entreprises d'ici. Parce que le
gouvernement s'était engagé à le faire, à légiférer au besoin pour arriver à
ça, et là on ne sent aucune volonté politique de soutenir nos entreprises d'ici.
Mme Crête (Mylène) :
Merci.
Le Modérateur
:
Valérie, Gamache, Radio-Canada.
Mme Gamache (Valérie) : J'aimerais
ça vous entendre pour l'objectif de M. Girard, face à l'équilibre
budgétaire, de ne pas vouloir, donc, peut-être ouvrir cette loi-là puis de
maintenir le cap. Est-ce qu'il aurait dû peut-être à ce chapitre-là relâcher
puis, justement, ouvrir les valves à ce moment-ci pour relancer l'économie?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, c'est-à-dire que la loi est claire, on a cinq ans pour résorber le
déficit. Et c'est faisable, de respecter la loi. La loi n'est pas
déraisonnable. C'est simplement qu'il y a une grande partie de notre budget qui
est contrôlée par un gouvernement de trop sur lequel on n'a aucun contrôle.
Donc, on a ici un document de... je ne sais pas combien de pages, là, mais un
document très volumineux pour essentiellement nous dire que, passé trois ans,
on n'a aucune idée de ce qui va arriver parce qu'on ne contrôle pas ce que le
fédéral voudra bien nous donner ou pas à même nos propres impôts.
Donc, le problème n'est pas dans la loi
qui prévoit qu'en cinq ans on doit revenir à l'équilibre budgétaire. Le
problème, c'est qu'on ne contrôle pas nos leviers fiscaux et que ce sera Justin
Trudeau et Ottawa qui décideront si, oui ou non, il y a moyen de boucler le
budget. Et, si la réponse, c'est non, parce que ça a été non les 18 dernières
fois, bien, malheureusement, ce que ce document-là nous dit, c'est qu'on
envisage de couper dans les services à la population. C'est ça qui s'en vient.
Mme Gamache (Valérie) : Puis,
à court terme, est-ce que vous avez évalué peut-être l'impact de cette mise à
jour là? Vous avez beaucoup parlé des entrepreneurs, notamment dans les
régions. Est-ce que vous avez une idée de l'impact que ça pourrait avoir,
c'est-à-dire autant négatif, à votre avis, que positif? Mais je comprends que
c'est plus négatif, votre vision des choses.
M. Ouellet : Oui, puis pas
parce qu'on est l'opposition. On a fait un travail quand même assez important
en regardant ce qui avait été fait par le passé dans les autres points
économiques. Bon, évidemment, il y a un programme qu'on veut saluer, le
programme d'accompagnement de la main-d'oeuvre. Ça a été un des premiers
programmes que le Québec a mis de l'avant pour aider les entreprises. Il y a
437 millions de rajoutés. Les entrepreneurs nous en parlaient parce que
c'était bon. Mais ils ont manqué de moyens entre la première et la deuxième
vague, lors du déconfinement. Donc, qu'on rajoute de l'argent, c'est bien.
Mais je reviens au point de départ. Je
suis une entreprise, je suis un entrepreneur, je suis un salarié, et on vient
d'apprendre… 15 milliards de déficit, 7 plus 8, pour un autre
15 milliards, et on ne sait pas comment on va résorber ça. La seule façon
que le gouvernement nous dit d'y arriver, c'est d'être capables d'aller
chercher de l'argent au fédéral et d'être capables de croître nos revenus au
même moment que nos dépenses vont croître aussi. Donc, si, aujourd'hui, là, je
suis un travailleur de la santé, de l'éducation, et que je n'ai pas signé
encore ma convention collective, je me pose la question. Si les revenus ne sont
pas au rendez-vous, ça veut dire que les offres salariales ne seront pas au
rendez-vous. Et ça, c'est une grande inquiétude, notamment dans mon désir de
continuer à consommer malgré le fait que je suis en pandémie.
Mme Gamache (Valérie) : Donc,
vous avez l'impression que ça va carrément freiner la consommation?
M. Ouellet : Je pense que oui
parce qu'il n'y a rien de clair. Et je ne veux pas être électoraliste, mais
c'est drôle qu'on va nous brosser un plan qui va nous éclaircir après 2022‑2023.
À quel moment est l'élection de 2022? Je vous le donne en mille, la prochaine
élection.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Pour être juste envers le gouvernement, il y a une partie d'incertitude que le
gouvernement ne contrôle pas. Puis les Québécois vont parfaitement comprendre
qu'en temps de pandémie on ne contrôle pas tous les scénarios. C'est correct
d'avoir une part d'incertitude. Mais il ne faut pas prendre non plus les
Québécois pour des gens qui ne surveillent pas leurs affaires. Si on promet un
retour à l'équilibre budgétaire sur cinq ans, pourquoi le document n'a aucun
graphique sur cinq ans? Tous les graphiques sont sur trois ans.
Et il y a les choses qu'on ne contrôle
pas, puis ce n'est pas la faute du gouvernement, par exemple l'ampleur de la
deuxième vague, les impacts économiques qu'on ne peut pas prévoir. Mais il y a
des choses qu'on pourrait contrôler si on choisissait de nous-mêmes gérer nos
impôts et de ne pas avoir un gouvernement de trop, ce serait de contrôler ce
qui est en ce moment un débat absurde sur les transferts en santé, où
essentiellement on a envoyé nos impôts à Ottawa, mais on ne sait pas si Ottawa
va nous renvoyer ces sommes-là en matière de santé, ce qui cause un déficit
potentiel de 6 milliards. C'est ça, la valeur, là, 6 milliards par
année.
Donc, ça, c'est sous notre contrôle, et il
y a vraiment un double discours de la part de la CAQ, qui se dit constamment
fédéraliste, qui n'osera pas remettre en question ce système qui, vraisemblablement,
en temps de pandémie, ne fonctionne pas parce que ce qu'on a ici, c'est un
document qui ne peut rien prévoir sur cinq ans parce que tout dépend d'un autre
palier de gouvernement puis qu'à date, ils n'ont eu aucun succès.
Mme Perry Mélançon :
J'aimerais rajouter peut-être... votre question sur les impacts socioéconomiques.
Finalement, là, dans toutes les régions, on dit qu'on veut aider les clientèles
vulnérables puis on n'a pas d'argent pour les organismes. Dans le PSOC, par
exemple, on a un 10 millions, là, d'ajouté. Même chose au point de vue
économique, si on n'a pas une vision pour vraiment investir de façon massive
dans la relance verte, comme je le disais, bien, c'est des occasions d'affaires
qui sont ratées. On en a, des entreprises qui sont prêtes à se développer davantage,
et ça, c'est dans toutes les régions du Québec, pour avoir un développement des
énergies renouvelables. Il faut vraiment avoir une attention particulière pour
toutes ces entreprises-là qui ont souvent un impact aussi indirect ou un impact
direct sur des entreprises connexes. Alors, ça, c'est aussi de penser de façon
plus globale à ce qu'on peut faire, là, pour aider les Québécois et les
Québécoises, alors d'un point de vue social, mais économique également.
Le Modérateur
: Hugo
Pilon-Larose, La Presse.
M. Pilon-Larose (Hugo) : À la
question du déficit, M. St-Pierre Plamondon, vous dites que c'est faisable
de respecter la loi. Et, en fait, la solution pour la respecter, si je
comprends bien, c'est de faire la souveraineté du Québec. Mais là, en ce
moment, on a un gouvernement fédéraliste, et il veut respecter, lui aussi, la
loi, visiblement, et retourner à l'équilibre budgétaire en cinq ans.
Comment est-ce qu'il va réussir à le
faire? Est-ce que vous craignez qu'il va y avoir de l'austérité? Est-ce que
vous craignez qu'on va diminuer les dépenses dans les programmes? C'est ma
première question.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est la bonne question. Donc, on dépend du bon vouloir de Justin Trudeau sur
la question. Puis ce n'est pas le Québec puis ce n'est pas une question que
d'indépendance du Québec, parce que toutes les autres provinces pensent la même
chose et demandent la même chose au fédéral. On demande que nos impôts nous
reviennent en santé, et, pour nous, ça veut dire 6 milliards de dollars.
Parce que nous n'avons par le contrôle sur
notre propre destinée puis sur notre gestion budgétaire, on se retrouve avec un
document qui ne peut rien prévoir sur cinq ans, alors que l'engagement de
renouer avec l'équilibre budgétaire, il est sur cinq ans. Donc, l'enjeu,
il est là, et je ne peux m'empêcher de rappeler que, si on avait un seul gouvernement
en pleine possession de notre budget puis de nos décisions budgétaires et
politiques, bien, on ne serait pas dans cette situation-là. Et, oui, donc,
c'est directement relié avec la question de l'indépendance du Québec. Ça crève
les yeux.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais,
au-delà de la pédagogie souverainiste, là, moi, ce que je veux savoir, c'est :
Le gouvernement, est-ce qu'il devrait réfléchir à «buster» le cinq ans?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Ah! il a déjà réfléchi à toutes sortes d'options, là. Moi, je vous envoie à la
page A-25. Donc, afin d'assurer un retour à l'équilibre budgétaire
responsable en cinq ans comme la loi sur l'équilibre l'exige, le
gouvernement s'appuiera sur certains principes. Et, dans ces principes-là, on a
une croissance des dépenses en lien avec celle des revenus, donc compatibles
avec la capacité de payer des contribuables. La réponse, elle est là, là, c'est
que, si le fédéral ne collabore pas avec les provinces, on va nous dire :
Bien là, on va obtenir les services qu'on est capables de payer en fonction des
revenus qu'on a. La porte est ouverte à des réductions de service, là. Ça, ça
me semble très clair du document.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Et ma
question est, et je vous la pose parce que c'est ce que Québec solidaire et le
Parti libéral proposaient : Est-ce que le gouvernement devrait aller
au-delà de cinq ans pour rétablir l'équilibre budgétaire, pour éviter ce
scénario? Est-ce que c'est ce que vous lui demandez?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, parce que le coeur de cette affaire-là, ce n'est pas que cinq ans pour
revenir à l'équilibre budgétaire, c'est déraisonnable. Le coeur de cette
affaire-là, c'est qu'il y a 6 milliards qui nous est dû puis on ne sait
pas si on va l'obtenir. Et c'est pour ça que la CAQ garde le cap. C'est qu'ils
font le pari, malgré tous leurs échecs à date avec Ottawa, qu'ils vont obtenir,
à travers une entente avec Ottawa, cette somme-là.
Donc, ce serait une erreur que de placer
ça sur la faute de la Loi sur l'équilibre budgétaire, qui, à mon avis, est un
mécanisme sain qu'on a déjà mis en place pour éviter des dérapages. Le coeur du
problème, il est dans nos relations avec Ottawa parce que ce n'est pas nous qui
décidons pour notre propre argent, puis il est dans d'autres mesures où la CAQ n'a
pas de leadership politique, par exemple les paradis fiscaux, parce que, si on
récupérait un peu plus que 1 milliard par année qui s'évade dans les
paradis fiscaux, bien, on n'aurait peut-être pas ces choix budgétaires là à
faire.
Donc, c'est là-dessus qu'il faut se
concentrer, pas sur pelleter par en avant sur le plus grand nombre d'années
possible, pas sur augmenter le fardeau des contribuables pour finalement
pallier au fait qu'il y a un gouvernement de trop qui ne veut pas collaborer
avec les provinces. Moi, je ne pense pas que c'est la bonne réponse. Il y a de
l'argent qui nous appartient. Ce sont nos impôts. Ils doivent nous revenir. Et
malheureusement on est pris avec le fédéral.
M. Ouellet : Je veux juste
peut-être vous donner deux indications. Je trouve ça d'ailleurs fabuleux
d'entendre Carlos Leitão nous parler de repousser l'équilibre budgétaire,
alors qu'ils l'ont forcé, imposé, et que ça a donné d'énormes surplus alors que
l'économie était en pleine expansion. Donc, je trouvais ça un peu drôle
d'entendre ça en disant : Non, ce n'est plus le temps, alors qu'ils l'ont
pressé dans un temps qui était tout à fait inapproprié.
Cela étant dit, le gouvernement indique,
comme mon chef l'a dit, à la page A.25 : «Au cours des prochains
mois, le gouvernement examinera la nécessité de revoir la loi.» J'aurais envie
d'avoir cette discussion-là, parce que peut-être que les engagements qu'on a,
selon la loi, qui nous amènent à dépenser 3 milliards en 2020‑2021... à
investir, pardon, 3 milliards en 2020‑2021; en 2022‑2023, 3,4, 3,7. Est-ce
qu'on peut recalibrer la loi sur le Fonds des générations en fonction d'un
endettement différent? Je suis prêt à avoir la discussion, d'une part.
Parce qu'on parle d'équité
générationnelle, mais, si on scrape tout présentement, et qu'on ne fait pas de
transition verte comme ma collègue Méganne l'a dit, et qu'au final ce sera la
crise climatique qui sera devant nous et non pas la crise de la pandémie, on ne
sera pas avancés dans l'équité générationnelle, on ne sera juste plus capables
d'avoir une économie fonctionnelle à cause des enjeux climatiques.
Et la deuxième chose, et c'est écrit noir
sur blanc : «L'engagement gouvernemental de ne pas alourdir le fardeau
fiscal..» Donc, c'est clair, là, la CAQ ne veut pas augmenter les taxes et
impôts et parle de capacité de payer des contribuables. Pour moi, c'est clair,
si l'argent du fédéral n'est pas là, si, dans la discussion pour rouvrir la loi
sur le Fonds des générations, on ne s'entend pas, ce qui reste, c'est la baisse
de services. Ça, c'est clair, net et précis pour moi. Et c'est ça qui aurait dû
être écrit en disant : Vous savez, pour atteindre l'équilibre budgétaire,
puis je comprends qu'on est dans une période incertaine, mais ça va être
difficile. Et, pour respecter l'engagement de la CAQ de ne pas augmenter le
fardeau fiscal, soyez conséquents et annoncez que, bien, quand ça ne balance
pas, le choix que la CAQ fait, c'est les services qui écopent.
Le Modérateur
: On va
maintenant passer aux questions en anglais avec Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher (Raquel) :
Good afternoon. You've already mentioned it, but for our viewers in English,
the Government is investing $1.8 billion over the next three years to
restart the economy. You say that that is not enough, and they are leaving
small and medium business owners in the lurch. Why do you say that?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Because the financial support is so complicated to get that
it actually doesn't deliver, it doesn't reach the people who need it. So it's
one thing come with figures and all sorts of theories, if you are not able to
deliver on the ground and to help people, if the technicalities and all the
paper work that needs to be done to get help hinders... makes it impossible to
get the help you need, we're not better off. So, that is one thing.
And then the other thing
is what kind of investments are we dealing with right now? And I think we're
missing the point that, in 2020, we need to take climate change seriously, and
there is a competitive advantage for Québec to develop companies that are strong
in the green sector. And that is what we're seeing right now in the United States. They're going to go all the way with investments in
fields that have a future in terms of environment and climate change. The CAQ
is not delivering that. So those factors make the plan a bit disappointing.
Mme Perry Mélançon : You also have to think about all the companies that are in a sector
that is not completely closed and they don't have any client. It is almost shut
down, they are still operating, and there's no revenue. So we need some
financial aid for them too. So, yes.
Le Modérateur
:
J'ai une question qui a été transmise par Cathy Senay, de CBC. Is the Finance Minister realistic in his plan to go back to a balanced budget in five
years, and without cutting services and raising taxes? He needs an enormous
increase in health transfers from Ottawa, a vaccine. Is it dangerous to be too optimistic in uncertain and
exceptional times?
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) : The truth is the Minister has no clue whether he's going to
make it within five years or not. He doesn't know. If he would know, he would
have other figures than figures through three years only, when he needs to reestablish
a balanced budget within five years. There are no figures in that plan over
five years. And the reason for that is that he's depending on the federal Government to give him important moneys,
$6 billion, and he has no control over that whatsoever. So the truth is he
doesn't know if he can make it or not.
Le Modérateur
:
C'est ce qui met fin au point de presse. Merci beaucoup.
(Fin à 16 h 38)