(Neuf heures dix-sept minutes)
Mme
Hivon
:
Bonjour, tout le monde. Bon vendredi. Alors, écoutez, je voulais prendre le
temps ce matin de faire un petit bilan de la semaine en ce qui concerne la
situation dans les écoles du Québec.
Bien sûr, je pense qu'on est tous
conscients du message du gouvernement, depuis des mois, que la grande priorité,
c'est l'éducation et c'est de garder les écoles ouvertes. Sauf que ce qui est
totalement aberrant, c'est l'incohérence des gestes ou des non-gestes qui sont
posés quand on nous martèle ce message-là. Si, vraiment, la priorité, c'est de
garder les écoles ouvertes, comme nous, nous le souhaitons, c'est absolument
inadmissible qu'on ne se soit pas arrêtés avant cette semaine à la question de
la ventilation dans les écoles, qu'on n'ait pas non plus regardé cette
possibilité-là, qui fait de plus en plus consensus chez les experts, d'une
fréquentation par demi-classes au secondaire. Donc, je veux revenir là-dessus,
là, parce que c'est vraiment fondamental.
Nous, dès le départ, quand le gouvernement a
annoncé que les secondaires III, IV, V seraient une journée sur deux, on a
soulevé l'idée, comme on l'avait soulevée au printemps, d'avoir plutôt une
fréquentation par demi-classes. C'est la même logique, tu vas avoir le même
nombre d'élèves dans l'école au global, donc moins de circulation, mais, en
plus, moitié moins d'élèves dans la classe. Et déjà, une journée sur deux, en
ce moment, les élèves sont en virtuel, sauf que c'est une classe complète qui
est en virtuel. Si on le faisait par demi-classes, bien, on aurait un double
bénéfice : moins d'élèves dans l'école, mais moins d'élèves dans les
classes. Et c'est une possibilité, donc, qui est priorisée par l'OMS, par
l'INSPQ, on l'a vu il y a quelques semaines, et qui malheureusement a été
rejetée jusqu'à ce jour par le gouvernement.
Or, je parlais encore hier avec un
directeur d'école où ils ont implanté ça. Ils n'ont eu aucun cas dans leur
école. Donc, je ne dis pas que c'est une recette parfaitement magique. Et pour
10 000 $, dans l'école, ils ont équipé toutes les classes de caméras,
et c'est comme ça qu'ils fonctionnent, et ça a donné des résultats extrêmement
probants. Donc, une proposition qu'on ne s'explique pas qui ne soit pas retenue
et qu'on demande au gouvernement de pouvoir mettre en place selon différentes
modalités qui pourront être regardées, bien sûr, avec les syndicats.
L'autre chose, c'est toute la question du
dépistage. Alors, moi, hier, quand j'ai vu le premier ministre en venir, donc,
à dire qu'il envisageait sérieusement la possibilité de fermer les écoles,
carrément, pour une période déterminée, je me suis dit : Où en est-on avec
la question de la priorisation du dépistage? Parce qu'on le sait, les experts
de santé publique disent : C'est le nerf de la guerre aussi, le dépistage.
Et nous, on avait proposé en septembre, le 16 septembre, une motion pour
mettre en place des corridors prioritaires de services de dépistage pour le
milieu scolaire et des cliniques mobiles, donc, qui pourraient se déplacer pour
faire ça très, très rapidement. Ça a été malheureusement rejeté par le
gouvernement.
Et là, hier, je suis retournée voir, sur
le site du ministère de la Santé, les directives sur la classification dans
l'accès aux tests et la priorisation pour le dépistage, et imaginez-vous donc
que les écoles arrivent en 15e priorité et qu'elles sont moins priorisées
que ce qui se passe dans les entreprises. Alors, pour un gouvernement qui nous
dit que sa grande priorité, c'est de maintenir les écoles ouvertes, je
m'explique très mal que les directives pour l'analyse des tests et la
priorisation du dépistage ne soient pas données aux écoles avant les
entreprises.
Alors, je pense qu'il y a beaucoup de
travail encore à faire par le gouvernement avant de nous dire que la seule
solution, là, qui se tient devant lui, c'est de fermer les écoles. Parce qu'à
un moment donné il va falloir que les gestes concrets suivent les intentions
qui nous sont dites. Il va falloir aussi voir de la cohérence de la part du gouvernement.
Comment peut-on expliquer qu'encore mardi,
pendant la conférence de presse du premier ministre, il relativisait, il disait
que ça allait bien dans les écoles parce que 97 % des classes étaient
ouvertes? C'est le même discours qu'on avait, mercredi, pendant la motion sur
la ventilation dans les écoles. On nous disait encore comme argument : Ça
va bien dans les écoles, 97 % des classes sont ouvertes. Or, ça fait des
jours et des jours qu'on martèle, du côté de l'opposition, qu'il y a une augmentation
significative des cas dans les écoles. C'est une chose, de dire qu'il y a x
pourcentage de classes qui sont ouvertes, mais, quand on regarde les chiffres,
entre le 1er octobre et le 11 novembre, les cas ont plus que doublé,
les classes fermées ont également plus que doublé, et, pour ce qui est des
enseignants touchés, ça a triplé. Alors, ça aussi, il faut regarder ça parce
que ça devient des vecteurs de transmission communautaire extrêmement
puissants.
Donc, aujourd'hui, ce qu'on demande au
gouvernement, c'est que, s'il est sérieux dans sa volonté de prioriser
l'ouverture des écoles, s'il veut tout faire pour éviter la fermeture des
écoles, il est temps de mettre tous les moyens en place côté ventilation, côté
fréquentation par demi-classes et côté priorisation de dépistage.
Mme Prince (Véronique) :
Mme Hivon, j'aimerais vous entendre sur... Bon, le gouvernement évoque la
possibilité de prolonger les vacances de Noël pour, justement, que les écoles
n'ouvrent pas tout de suite, ce qui ferait en sorte que l'année scolaire se
terminerait plus tard, en juillet, probablement. Et, au moment même où cette
proposition-là a été faite, hier en conférence de presse, bien là, presque tout
de suite les syndicats ont levé la main en disant : Non, il n'en est pas question.
Qu'est-ce que vous pensez de cette réaction-là? Est-ce qu'au moins les
syndicats doivent évaluer cette possibilité-là eux aussi?
Mme
Hivon
:
Bien, je veux dire qu'il n'y a pas juste les syndicats qui ont tout de suite
dit que ce n'était pas une solution pour eux. Les directions d'école ont dit la
même chose et les comités de parents. Donc, c'est une solution qui est rejetée,
qui n'a pas été discutée avec le milieu, là, avant d'être envoyée hier puis
d'être abordée par le gouvernement.
Et je pense que le sentiment qui... en
tout cas, notre sentiment à nous aussi, au Parti québécois, c'est :
comment se fait-il qu'en 48 heures on est passés de ça va dans les écoles,
97 % des classes sont ouvertes, à, deux jours plus tard, ça ne va pas bien
dans les écoles, il va falloir fermer les écoles pendant un mois? Quand ces
moyens-là dont je vous parle aujourd'hui sont des moyens évoqués... Moi, il y a
certains de ces moyens-là que j'évoque depuis le mois de mai : les
demi-classes. La ventilation, on en entend parler depuis cet été. Le dépistage
prioritaire, on a déposé une motion en septembre pour ça.
Donc, je pense que le sentiment et ce
qu'on demande au gouvernement, c'est de mettre en place ces moyens-là qui ne
sont pas compliqués à mettre en place. C'est consternant qu'on soit rendus à la
mi-novembre et que ces moyens-là n'aient pas été étudiés.
J'entendais le ministre Roberge ce
matin dire : On va regarder la question des demi-classes. J'entendais le
ministre Dubé cette semaine dire : Je viens de mettre en place un
comité d'experts sur la ventilation, on attend les recommandations. À un moment
donné, là, on est à la mi-novembre puis on savait que ça se corserait avec
l'hiver. Donc, je pense que le message, c'est : Focussons-nous sur les
moyens et mettons-les en place avant de complètement désorganiser et de
refermer les écoles.
Le Modérateur
: On va
passer en anglais.
Mme Greig (Kelly) : What is your reaction to, yesterday, Mr. Dubé saying… kind of
casting doubts on aerosols transmission or airborne transmission, saying :
Well, we're going to wait and see, after Canada has already said this is a way
that it probably transmits?
Mme
Hivon
:
Well, it's totally astonishing. I don't have words, really. This week, we went
from surprise to surprise, from bad surprise to bad surprise. Minister Dubé
said, two days ago, answering questions : Well, we just put in place a
committee that will give us recommendations concerning aerosols and the problem
that it may cause, so we're looking at that. You're looking at that when, you
know, the experts, back in July, said it was a problem, that you know that in
schools ventilation is a huge problem? It's been a problem for years, and it's
of course more acute with this situation right now. So, it doesn't make sense.
You're wondering how come... who is just lacking in planning.
And when we hear
yesterday that they seem still not to be convinced and still are wondering if
they should act on this question, «en français», I would say : «J'en perds
mon latin, là», I just don't get it. And the problem is that they say one
thing, they say it's so important to maintain schools open, and, on the other
hand, they don't put the means to achieve that goal. And we go from : Oh!
there is nothing else we can do, we do everything that's possible, to, a day,
two days later : Oh! we might have to close schools for one month. So,
we're just trying to find some consistency, and, in the education system, what
we ask for again and again is planning.
Mme Greig (Kelly) : …yesterday, in question period, Mr. Roberge kind of put the responsibility on the school boards or
service center, because the Lester B. Pearson case came up and said :
Well, Lester B. Pearson is doing a great job by buying the ventilators, and we
need to evaluate it on a case by case basis. So, is the responsibility… should the responsibility be at the school boards, or the service center, or
with the Ministry to have a plan for everyone?
Mme
Hivon
:
Yes, I think, it's really the responsibility of the Minister and the Ministry.
And it's quite fascinating because he wanted to have all the powers, with his
Bill 40 reform, and, now that he has all the powers, he's saying : Well,
I'm waiting for the data, I don't have the data. How come he doesn't have the
data? How come, if he asked in June, he's still waiting to have the data in
November, when he said that he was asking this data for September?
And, if it's not going
well, and it was supposed go so well with this reform that, you know, he would
be able to control everything, well, first, it says a lot about his reform. But,
second, how come, if it's possible to act in a decentralized manner, that he's
not already acting for the data that he has, you know, for all the school
boards or the service center that gave him the information? You don't have to
wait, you know, for everything, you can buy ventilators or air purificators, you
can buy detectors of CO2 also.
And it does not make any
sense that, you know, you still find information that was updated just back a
few weeks ago, that, you know, «dépistage»...
Une voix
:
Testing.
Mme
Hivon
:
…that testing for schools is not prioritized and that businesses go before
schools, you know? So, we are asking them to really put forward all the means
possible.
Mme Fletcher (Raquel) : We heard the Government say for, you know, months now, basically :
We want to keep the schools open… everything to keep the schools open because
we need our kids to go to school. And then, yesterday… maybe we can close it
temporarily. Do you interpret that as an admission that schools are places of outbreaks
and that we should be concerned?
Mme
Hivon
: Of course, it's a huge place of transmission, we know that. It's
normal, it's the only place where distanciation is not mandatory, in
classrooms, OK? And we see it, and
in the Oppositions... It's like, I don't know, the Government sees the light after everybody else, after experts, after
Oppositions, after the school directors, the school staff. So, of course, it's
a problem.
You know, they put
measures, but the cases doubled, since the 28 days challenge was put in place, 1st
of October. Now, we have more than twice the number of cases and... for
students, three times for school employees. So, of course, there's something
that's not working, and this is why we're asking those solutions that we've
been putting forward for months now. How come they… It's not only that they're
not put in place, but they have not been looked at and studied.
M. Roberge said this
morning in an interview : Yes, we will start to look at this idea of half
classes. We know that it's the way to go, you know? When we went back in May,
in schools, it was half classes. Well, now, for Secondary III, IV, V, how come
they didn't decide to do that? It doesn't take more computers, everybody has to
have their computer or their iPad when they… out of two, already. So why not
for secondary schools, at least, because they have some kind of autonomy, put
that in place? This is what I just can't grasp.
M. Authier (Philip)
: They keep saying, though, that the infections in schools are not
related to ventilation. They said that Thursday again this week. It doesn't
seem logical.
Mme
Hivon
: They say that, but they don't have any data to prove it. So they
say : We're going against what all the experts say, but we cannot tell you
why we go against those experts from the WHO organisation, from INSPQ, from all
those experts in all those studies. So, if they're so sure of themselves, you
know, against all the other experts of the world, what is their data? And, when
you don't have clear proof, the principle should be to prevent, the precaution
principle.
So what would be the big
mistake in buying those ventilators? What would be the big mistake in deciding
to test, prioritize testing for cases that come from schools, instead of
prioritizing other groups, you know? Even if you spend. Do you think that in
Québec we cannot use those ventilators somewhere else, in CHSLDs, in hospitals
that are very old also? Of course, if you don't need them because, luckily, not
all schools have ventilation problems, well, you have them for other purposes.
But go ahead, act, do something.
This week, I don't know
if you followed like me, but at the beginning of the week the situation was OK
in schools because 97% of classes were open. But then, we saw that, and we knew
that a lot before, but the Government didn't seem to act on it, the cases are really going up. And the
problem is that the schools are responsible after that for communitary
contamination.
In Joliette, I can talk
about it quite clearly, we had a school that had to be closed because there
were too many cases, and it was the beginning of what we are going through in
Joliette right now. This and an elderly home, before the CHSLD, and then the
community was facing a real spread of the virus. So the question is not :
Oh! it's not too bad, you know, there's only 3% of classes that are closed. It's
that there are so many cases in schools that, after, it's the families, it's
the parents who work, who bring the virus with them. So it's a place of
eclosions, and we need to tackle that.
M. Authier (Philip)
: Do you think the problem is that we have the crisis cell,
Mr. Arruda, Mr. Legault up there and Roberge over here, and they... Like,
the Minister of Education always seems to be one step behind even what's said
in the crisis cell. So, is there a problem with the higher…
Mme
Hivon
: Clearly, there's a problem. So, I would like to know what the
detail of the problem is. But still, yesterday, can you imagine that, we just
went out of the press conference saying that we might have to close schools for
one month, and the Minister was giving an interview, saying : We're doing
everything right, and there's nothing else more we can do. How can you say
something like that, when the only solution you're having and presenting
parents and students is to close schools again, when it is the thing that
you've said for months that you want to avoid at every cost?
So, how come the Minister,
after that, is not in solution mode, saying : Of course, we're going to look at ventilation, of course,
those ideas are important, of course, half classes? Not just : Because
I've been under pressure so much from the Opposition parties, that I will say
OK. No : Because I've been looking at that for months.
I think, you know, with
Minister Roberge, there's always a problem of planning : it was
kindergartens, four-year-old kindergartens, we were not able to have a plan; then
it was reform of school boards, we learned during the night that there was new
previsions, no planning again; now, we're facing it with the schools. So of
course, there's a problem. But this week, Mr. Dubé himself doesn't seem to
understand what's going on with ventilation and the importance of aerosols in
the spreading.
Merci.
(Fin à 9 h 36)