(Treize heures vingt et une minutes)
M. Roberge : Bonjour, tout le
monde. Bien content de revenir à l'Assemblée nationale avec ce mot qu'on
déteste un peu, mais qu'on est obligés d'utiliser en ce moment, en présentiel, parce
que, bon, on est un peu tannés des visioconférences, des Zoom, des Teams, etc.
Donc, pour moi, c'est une occasion de répondre à vos questions, de répondre
aussi aux questions de l'opposition puis donc aux questions que se pose tout le
monde dans la société, les parents, les profs, les gens du réseau scolaire. Ces
périodes d'échange là, c'est des opportunités, en réalité, pour préciser des
choses.
Mais aujourd'hui c'est une journée
spéciale parce qu'on est le premier lundi de la semaine des enseignants. Donc,
je veux dire un petit mot aux enseignants. Évidemment, c'est important de leur
mentionner que, pour moi, ils sont comme au centre du premier trio de
l'éducation. Avec le Canadien qui va si bien en ce moment, c'est comme tentant
d'en parler un peu comme ça. Mais, pour vrai, il y a les enseignants, les
parents, les élèves. Ce qui amène les jeunes à réussir, c'est beaucoup ce
trio-là. Bien sûr, il y a les employés de soutien, les professionnels, les
directions d'école, tout le monde, mais, les enseignants, les parents, les
élèves, c'est beaucoup ces trois acteurs-là du trio qui font la différence, puis
évidemment les enseignants, bien, ils sont au centre. Ils font la différence
dans la vie des jeunes.
C'est la semaine des enseignants. Je veux
leur dire que je pense à eux énormément. Je pense à eux comme des anciens
collègues. Je pense à eux qui enseignent dans des conditions très difficiles en
ce moment, très difficiles à cause de la pandémie et des mesures sanitaires. Je
pense à eux aussi parce qu'ils enseignent à mes deux grandes filles en ce
moment. Donc, merci aux enseignants pour ce que vous faites. Puis je veux vous
dire que, dans le Conseil des ministres, avec moi-même, avec le premier
ministre, il n'y a pas une fois où on ne parle pas des conditions
d'enseignement puis des conditions d'apprentissage des élèves. On est
déterminés à améliorer les conditions d'enseignement et donc les conditions
d'apprentissage.
Une bonne nouvelle pour les enseignants et
pour tout le monde dans le réseau scolaire, je veux juste confirmer que la
semaine de relâche aura bel et bien lieu cette année. On respecte les conventions
collectives, mais on respecte le calendrier scolaire. Je pense qu'il y a des
gens qui s'inquiétaient de ça. Donc, je suis content, un mois d'avance, ce qui
est quand même beaucoup en temps de pandémie, d'annoncer une décision un mois
d'avance. Donc, la semaine de relâche aura bel et bien lieu. C'est une décision
qu'on a prise après avoir consulté les fédérations des comités de parents
francophones, anglophones, les syndicats, les associations de directions
d'école, les associations de cadres, les ordres professionnels, hein, les
psychologues, les orthophonistes. Et puis donc on confirme la tenue de la
semaine de relâche. C'est important de le mentionner.
C'est important de mentionner aussi que,
dans les prochaines semaines, vraiment, notre programme de tutorat va se
déployer. J'en ai eu l'assurance ce matin, que ça allait commencer assez rapidement.
Je parlais à des directions générales de centres de services ce matin, et on me
disait que, dans certains cas, ça va commencer dès cette semaine. Donc, dès
cette semaine, des enfants vont pouvoir bénéficier du service de tutorat, pas
dans tous les centres de services, ça va se déployer graduellement, mais on me
dit, là, déjà mardi, mercredi, et, d'autres, ça commence la semaine prochaine. Puis,
à chaque semaine qui passe, il y a davantage d'élèves qui vont bénéficier de
ces services-là. Quand on aide les élèves à apprendre, on aide aussi les
enseignants. Comme je vous l'ai dit, c'est un trio. Et de supporter les
enseignants, c'est bon pour les élèves. De supporter, pour les élèves, c'est
bon pour les enseignants. Donc, ça aussi, c'est une autre bonne nouvelle.
Puis je veux dire aux enseignants, juste
avant de m'arrêter, que je sais qu'il y a comme une ombre au tableau en ce
moment, là, c'est la négociation nationale. Certains trouvent que c'est long.
Je suis d'accord. Je trouve ça long, moi aussi. Je vais vous dire que j'ai eu
une conversation avec la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, il n'y a
pas très longtemps, et cette conversation-là m'a donné confiance, confiance que
ça allait bouger rapidement, confiance qu'on allait en venir à une entente rapidement.
Donc, ne vous découragez pas. On est déterminés à remplir nos engagements. Et
donc une convention sera signée, puis je suis certain qu'on va tous sortir
gagnants de ça.
M. Bergeron (Patrice) :
Concernant la semaine de relâche, M. Roberge, on n'a pas arrêté de dire
que, l'année dernière, ça avait été une des causes du désastre qu'on a eu. Et
là on dit : On va avoir une semaine de relâche, comme si de rien n'était.
Quels sont les facteurs qui font qu'on a décidé de prendre cette décision-là
sans qu'il y ait des risques qui soient associés à ça, là?
M. Roberge : Bien, vous
prenez note du fait qu'on l'annonce aujourd'hui, après que le premier ministre
a passé très clairement des messages auprès du gouvernement fédéral pour s'assurer
qu'on n'ait pas les fameux voyages à Punta Cana, Cayo Coco, etc. Donc, ça, c'est
un facteur qui est rassurant.
On a pris le temps aussi de consulter les
gens du réseau scolaire. J'ai voulu parler aux syndicats d'enseignants, aux
directions d'école, aux fédérations de comités de parents, qui auraient pu
peut-être prendre une autre tangente. Bien, il y a vraiment une unanimité, dans
le réseau scolaire, pour dire que... Surtout dans un mois. Déjà, il y a de
l'essoufflement dans le réseau scolaire, mais, dans un mois, encore un mois
d'enseignement avec des mesures sanitaires exigeantes, je pense que tout le
monde aura besoin de cette pause-là.
Mme Prince (Véronique) :
M. Roberge, vous dites que vous pensez aux enseignants, mais, de leur
côté, ils n'ont pas l'air d'avoir tout à fait le même avis parce que... Je
pense qu'aujourd'hui ils laissaient, d'ailleurs, une statue de glace, devant le
parlement, pour dire que les négociations sont gelées. Et ça arrive à un moment
où on leur demande de redoubler d'efforts en faisant de l'enseignement à
distance mais aussi de l'enseignement en classe pendant la pandémie. Est-ce que
vous n'avez pas un peu le mauvais rôle là-dedans, là, en ce moment?
M. Roberge : Bien, vous
savez, quand ça fait un peu plus d'un an qu'il y a des négociations, c'est
normal que la tension monte. Ce n'est pas quelque chose qu'on souhaite, mais
c'est dans l'ordre des choses. Ça arrive à chaque négociation. Juste avant de
conclure, il y a une espèce de paroxysme.
Donc, je comprends qu'il y a de la tension
dans les écoles. Je comprends que les enseignants soient impatients. Je suis,
moi aussi, impatient que cette convention soit signée. Puis, comme je vous le
dis, j'ai parlé avec la présidente du Conseil du trésor puis j'ai confiance que
ça va avancer.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Les
premiers bulletins seront remis cette semaine. D'abord, est-ce que finalement
la pondération de ce bulletin-là a été définie, bien, par vous et le ministère?
Dans un deuxième temps, est-ce que vous
anticipez que le taux d'échec pourrait être aussi élevé, là, que le chiffre de
30 % qui avait été avancé à l'automne?
M. Roberge : Bien, j'ai
demandé d'avoir de l'information par rapport aux résultats du premier bulletin,
ce qui n'est pas habituel, hein? Normalement, les résultats des bulletins, des
étapes, là, en milieu d'année, ne se rendent pas au bureau du ministre. On
reçoit les résultats d'examens ministériels. Mais, cette année, j'ai voulu
avoir plus d'indicateurs. J'ai passé la consigne au mois de décembre. J'aurai
les informations très bientôt. Je ne les ai pas reçues encore parce qu'on a
permis, justement, de reporter le bulletin de quelques semaines à cause de la
pause de Noël.
Donc, j'ai donné un peu plus de temps aux
enseignants. Il faut que je sois un peu patient pour que les bulletins soient
complétés. Je vais recevoir, donc, ces indications-là puis je vais vous
transmettre, en toute transparence, bien sûr, les résultats sur les taux de
réussite et les taux d'échec pour cette première étape.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Et la
pondération du premier...
M. Roberge : Bien, j'ai déjà
annoncé que la pondération allait être revue, c'est-à-dire qu'on va accorder
moins d'importance au premier bulletin, plus au dernier. C'est la façon de
faire habituelle, hein? Normalement, le bulletin de la troisième étape, le
dernier bulletin compte pour 60 %. Ça, c'est la situation normale. Là,
cette année, selon la décision qui a été prise à l'automne, on faisait 50-50.
Les experts que j'ai consultés, qui, au départ, trouvaient peut-être que
c'était une bonne idée, nous ont dit : Ah! finalement, ça met trop de
pression pour la fin d'année.
Donc, j'ai déjà annoncé qu'il y aurait une
pondération plus grande pour le dernier bulletin, mais je veux attendre d'avoir
les résultats du premier bulletin avant vraiment de trancher sur le pourcentage,
et c'est vraiment dans les prochains jours que je vais pouvoir faire tout ça.
M. Lacroix (Louis) : Les
enseignants ont passé un vote de grève, là. Comment vous trouvez qu'alors qu'on
est en pandémie, que les conditions d'enseignement, les conditions pour les
enfants sont très difficiles, etc., qu'on vote cinq jours de grève? Comment
vous trouvez ça? Est-ce que c'est une bonne décision? Comment vous trouvez cet
affront-là qu'on vous fait?
M. Roberge : Bien, moi, j'ai
confiance que l'accélération des négociations va nous permettre d'en venir à
une entente sans que les jours de grève ne soient exercés, que les mandats de
grève soient exercés. Je pense que tout le monde souhaite, au Québec, que les
jeunes aillent à l'école, bien sûr, les enseignants aussi. Puis évidemment le ministre
et le gouvernement, on souhaite en arriver à une entente avant qu'il y ait des
jours de grève, c'est sûr.
Mme Prince (Véronique) :
...sur la question de mon collègue Hugo, là, il y a des enseignants qui nous
disent que, déjà, ils sont capables de voir que le tiers de la classe, voire
même la moitié de leurs élèves va probablement doubler. En fait, dans les
faits, il faudrait les faire doubler. Qu'est-ce que vous allez faire avec ça,
là? Est-ce qu'on peut effectivement faire doubler autant de jeunes cette année?
M. Roberge : Bien, j'ai
demandé à voir les résultats des premiers bulletins pour voir les taux de
réussite, les taux d'échec. Je pense qu'il faut avoir l'information avant de
prendre une bonne décision. Mais, avant même de voir les résultats, poser un
geste très important, de dire : Écoutez, le programme de formation de
l'école québécoise qu'on enseigne à chaque année, qu'on évalue à chaque année,
un examen ministériel, bien, ce n'est pas ça qu'on fait cette année... Cette
année, il n'y a pas d'examen ministériel. Cette année, on se fie à un document,
qui a de l'élagage dedans, pour se concentrer sur des notions vraiment
essentielles, des savoirs essentiels. Donc, je pense qu'en donnant cette
latitude-là puis en élaguant un peu dans certaines compétences et certains objectifs
on va être capables d'avoir un taux de réussite très intéressant.
Mais il faut faire attention. Ça va
prendre plus qu'un an à surmonter, ce retard-là. J'en suis convaincu. Je suis
convaincu qu'il va falloir faire des mesures d'adaptation puis changer notre
façon de faire même pour la prochaine année scolaire, peut-être même les deux
prochaines années scolaires. J'en suis convaincu. Les consultations que j'ai
eues avec les associations d'enseignants, les associations de directions
d'école, les ordres professionnels, je pense, me permettent de conclure ça avec
beaucoup de certitude.
Le Modérateur
: ...une
dernière en français, s'il vous plaît.
M. Roberge : Donc, on ne va
pas faire l'école de la même manière. Moi, je pense qu'il faut être flexible.
On a fait beaucoup de choses depuis le début de l'année, puis je suis prêt à
corriger le tir encore, si c'est ce que demande vraiment le réseau, pour les
aider à aider les élèves.
M. Lacroix (Louis) : Il va
falloir baisser les standards, M. Roberge?
M. Roberge : Non. Les savoirs
essentiels, ce n'est pas de baisser les standards, c'est de se concentrer
vraiment sur les notions qui sont des préalables aux notions suivantes. Moi, je
pense que c'est une nuance très importante.
M. Larin (Vincent) : ...ce que
vous dites, M. Roberge, c'est que vous attendez d'avoir les résultats du
premier bulletin pour décider de la pondération du deuxième, c'est ça?
M. Roberge : Oui. Bien, en
fait, j'ai annoncé ça en décembre, j'ai répété en janvier, c'est encore vrai en
février. Alors, je vais recevoir, dans les prochains jours, là, des résultats
pour les examens du... pour le premier bulletin puis je vais tracer la ligne
sur la pondération du premier versus le deuxième bulletin. Parce que ce qui est
important, c'est de garder nos jeunes motivés. Moi, je veux que les jeunes qui
ont peut-être eu des difficultés, à l'automne, disent : Je reste à
l'école, je ne décroche pas, je suis capable de me reprendre, je peux réussir
cette année-là. Je pense qu'on a... Les jeunes ont besoin d'une motivation.
Mme Côté (Claudie) :
M. Roberge, la semaine dernière, les partis d'opposition ont dit qu'il
était minuit moins cinq pour vous. Ça stagne, là. C'est lent dans les
négociations. Hier, il y avait une lettre ouverte de
2 000 enseignants, qui disait que vos propos avaient été choquants.
Est-ce que vous sentez que vous avez encore la confiance du réseau ou est-ce
que vous sentez que la soupe est chaude pour vous, pour reprendre une expression?
M. Roberge : Vous savez, au Québec,
le poste de ministre de l'Éducation, c'est un poste qui a souvent une durée de
vie d'à peu près 18 mois. Ça fait plus de deux ans que je suis là.
Là-dessus, il y a eu, quoi, 13, 14 mois de négociations, 11 mois de
pandémie. Ça ne serait pas normal s'il n'y avait pas des gens qui se posent des
questions.
Maintenant, notre plan est clair. Notre
plan est clair depuis 2018. On est là pour faire beaucoup de gestes pour
améliorer la gouvernance, valoriser la profession enseignante, reconnaître
l'autonomie professionnelle, améliorer notre taux de diplomation. On va signer
cette convention collective, on va passer à travers la pandémie, puis, après
ça, on va se remettre sur les rails, puis on va améliorer la réussite des
élèves.
Mme Senay (Cathy) : …because you said that school success for this year, it's a
question mark, because there is a catch-up that will need to be done in the
next year or even two years.
M. Roberge : We will catch up. I think it's true that a lot of students had a
lot of difficulties this fall, of course. I think it was normal because a lot
of them got sick or we had to close our schools near Christmas. So, we will be
there to help the teachers helping the kids and we know that we have to put on
some long-term changes. So, next year won't be a regular year. And I'm really
open-minded to find some new solutions.
Mme Fletcher (Raquel) : …say that, right now, they're at the end of their rope. They're
exhausted, their working conditions have deteriorated since the beginning of
the pandemic, and they're still waiting for the negotiation. It's not just
because the negotiation is taking a long time, it's also because they say their
working conditions are not good. Isn't there something that you can do right
now to improve their working conditions?
M. Roberge : We did a lot since September. We added a lot of money to our
network. We hired some new specialists, new tutors. Each month, we add some new
resources to help teachers helping the kids and we will continue.
Mme Fletcher (Raquel) : …in favor of a strike. So, it seems like it's not working.
M. Roberge : I think we will be able to avoid the strike, because I think we
will come to an agreement really soon.
Mme Senay (Cathy) : The Center for Research-Action on Race Relations had a press
conference early this morning. They are fighting with… There is a child of 16 years
old, a boy with autism, a severely autistic boy, and he was expelled from his
school in November. The school is «l'école des Érables», and the service center
is «commission scolaire de la Seigneurie». So, his
mother believes that it's because he's too tall, too big. He had only nine
hours of schooling this year, and the Center for Research-Action on Race
Relations is saying : The school has the obligation to keep him until he
is 20… well, he is an adult. So, have your heard about this story? And what do
you think you can do to help this mother?
M. Roberge : I've heard about... It's really sad, I think. Our system has the
duty to never give up on a kid. We should never give up on a student, never
give up on a kid. We have a lot of ways to help the families and help the kids,
help the students. We will continue our discussion with this school service
center to find some new ways to… We don't want to let him down.
Mme Fletcher
(Raquel) : …parents are calling for more
money to LEARN, for tutoring, and not just Allô prof. …parents
are calling for more money. Why not give more money to LEARN?
M. Roberge : Well, it's important to say that, first, the money for the tutoring program is going to
the school service centers and the school boards. The school service centers
and the school boards are the ones responsible to put on this tutoring program.
We have some other partners, like Allô prof and Tel-Jeunes, and they provide
some English-speaking services. And I'm really open-minded to have a meeting
with LEARN. If we need to expand our services, if we need to move on with
LEARN, we will do so. Thank you very much.
Merci, tout le monde.
(Fin à 13 h 38)