(Neuf heures vingt minutes)
M. Lacombe : Bonjour, tout le
monde. Ça me fait plaisir de vous retrouver. J'ai l'impression que ça fait une
éternité, déjà, qu'on s'est vus. Donc, ce matin, ça me fait d'autant plus
plaisir d'être avec vous que j'ai de bonnes nouvelles à vous annoncer.
Donc, le gouvernement a pris la décision
d'équiper l'ensemble des éducatrices, dans notre réseau de services de garde
éducatifs à l'enfance, de masques à fenêtre transparente afin, bien sûr, de
favoriser le développement des tout-petits. Donc, on a donné officiellement,
dans les dernières heures, le mandat au Centre d'acquisitions gouvernementales
de procéder à l'acquisition de ces masques-là en quantité suffisante pour être
capable non seulement d'équiper les éducatrices, les éducateurs dans les CPE et
les garderies, mais aussi l'ensemble des responsables des services de garde en
milieu familial.
Donc, c'est un dossier qui me préoccupait
depuis longtemps. Vous avez, pour certains et certaines, déjà écrit sur le
sujet, donc vous savez que c'était dans l'air depuis un certain moment. Mais,
jusqu'à maintenant, les circonstances n'étaient pas réunies pour qu'on puisse
procéder à cette annonce-là. Mais ça me préoccupait au-delà des enjeux de santé
et de sécurité qui étaient soulevés et des enjeux d'approvisionnement.
Donc, dans les derniers mois, on n'est quand
même pas restés les bras croisés, là, je veux le souligner. On a offert un 50 millions
de dollars au réseau pour défrayer les coûts liés à la COVID et on leur avait notamment
dit qu'ils pouvaient faire l'acquisition de masques à fenêtre transparente,
mais c'était très ciblé, pour les enfants qui en avaient davantage besoin.
Parce que, bien évidemment, ces masques-là étaient très chers, à ce moment-là,
et il y avait aussi un enjeu d'approvisionnement, donc, pour l'ensemble du
réseau. Donc, c'était une mesure qui était davantage ciblée. Mais, ce matin,
l'annonce que je fais démontre que les circonstances ont changé et que la
volonté du gouvernement, elle est bien réelle, de pouvoir équiper le réseau de
ces masques-là.
Donc, beaucoup de gens ont contribué à ce
que ce soit possible. Je pense, bien sûr, rapidement, au ministère de la
Famille, chez nous, qui a travaillé fort là-dessus; notre réseau aussi, qui
nous rappelé à de nombreuses reprises l'importance qu'on puisse doter les
éducatrices d'un masque transparent; les pédiatres, avec qui on a eu beaucoup,
beaucoup de discussions et qui ont, bien sûr, fait valoir que, pour le
développement des tout-petits, c'était important. Puis je veux aussi faire un
clin d'oeil à ma collègue la députée de Sherbrooke, pour qui c'était un enjeu
important. Ce l'était pour moi aussi, j'y travaillais depuis longtemps. Mais
Christine s'est assurée que je me rappelle bien de l'importance de tout ça. Elle
a notamment déposé une motion, on a eu beaucoup de discussions là-dessus. Donc,
je veux lui faire un clin d'oeil ce matin en saluant sa contribution.
Donc, je remercie tout le monde pour leur
contribution puis je suis très, très fier que les éducatrices pourront compter
sur ces masques-là. Moi qui est moi-même un papa d'un jeune garçon qui
fréquente encore le CPE, je trouve que c'est rassurant de savoir que,
maintenant, les enfants pourront lire sur les lèvres de leurs éducatrices et de
leurs éducateurs.
Mme Lévesque (Fanny) :
Qu'est-ce qui a changé, justement? Vous avez... Au niveau de
l'approvisionnement, qu'est-ce qui a changé depuis les derniers mois?
M. Lacombe : Bien, les
fournisseurs, d'abord, sont très peu nombreux. Donc, il y avait un seul
fournisseur, jusqu'à tout récemment, qui était en mesure de fournir ces
masques-là qui répondaient aux critères de santé et sécurité qui nous sont
demandés par la CNESST, à un coût très élevé, avec des problèmes d'approvisionnement.
Donc, il faut comprendre que, dans notre réseau, on n'a pas besoin d'une caisse
de masques, là, on a besoin de plusieurs centaines de milliers de masques
chaque semaine. Donc, il fallait s'assurer d'avoir un approvisionnement
suffisant au moment où on ferait une annonce comme celle que je fais ce matin.
Je dirais que dans les... Et les masques
réutilisables, donc, qui auraient pu être à fenêtre transparente ne sont pas...
ne respectent pas les critères qui sont édictés par la CNESST. Donc, c'était
complexe. Mais là il y a un nouveau joueur qui est dans le portrait, un joueur québécois,
la situation a donc changé, puis on est en mesure, avec le Centre
d'acquisitions gouvernementales, le CAG, de lancer cette opération-là pour
faire l'acquisition des masques.
Mme Lévesque (Fanny) : Elles
pourraient les avoir quand, donc, les éducatrices?
M. Lacombe : Bien, le mandat
est donné au CAG, à l'heure où on se parle, au Centre d'acquisitions
gouvernementales, pour en faire l'acquisition. C'est sûr que, de leur côté, il
y a des processus à respecter. Il faut s'assurer de le faire. Et on nous parle
de quelques semaines, là, quand même. Donc, c'est sûr que ce ne sera pas demain
matin. Mais, dans les circonstances, nous, de notre côté, on a donné le mandat
au CAG.
M. Bossé (Olivier) : Ça en
prend combien puis ça coûte combien, à peu près?
M. Lacombe : Deux questions
auxquelles je ne peux pas vous donner un chiffre exact, là. Mais la finalité de
tout ça... Bien, je vais vous dire, là, très, très honnêtement. Ça en prend
combien? Ça en prend beaucoup, ça, c'est clair. Actuellement, on fournit autour
d'un million de masques par semaine à notre réseau. Ce sera moins que ça. Ce
sera moins que ça parce que les masques de procédure, actuellement, on les
fournit à l'ensemble du personnel, éducateurs ou personnel de soutien. Les
masques à fenêtre, ce sera exclusivement pour le personnel éducateur. Donc, ça
nécessitera moins de masques que ce qu'on livre actuellement, mais je vais
laisser le CAG établir, là, les quantités exactes. Et pour le coût, bien là
vous comprendrez que je ne m'avancerai pas parce que l'objectif, c'est quand
même que ça nous coûte le moins cher possible. Donc, on veut... on va laisser
le CAG négocier le prix avec les fournisseurs qui vont se manifester.
Mme Lévesque (Fanny) : Ça va
être lavable, ceux-là que vous allez prendre...
M. Lacombe : Non, ce seront
des masques qui vont être jetables, donc, tous les jours. Donc, ça va en
prendre plusieurs par jour. On parle de deux à trois masques par jour pour
chacune des éducatrices.
M. Larin (Vincent) : Qu'est-ce
qui vous inquiétait particulièrement, vous, personnellement, là, dans cet
enjeu-là des masques jetables?
M. Lacombe : Bien, c'est sûr
que, comme ministre de la Famille, quand on a des pédiatres qui nous disent :
C'est dommageable pour le développement des enfants qu'ils ne puissent pas voir
les lèvres de leurs éducatrices, mais qu'en même temps on a la santé publique
qui nous dit : C'est obligatoire de porter un masque, et qu'on a la CNESST,
de l'autre côté, qui nous dit : Et ce masque-là, ça doit être un masque de
procédure parce qu'il n'y en a aucun autre qui répond aux critères ou qu'on
peut se procurer en quantités suffisantes, c'est préoccupant. Donc, c'est sûr
que ça me préoccupait beaucoup, beaucoup, beaucoup pour les tout-petits, puis
on a travaillé fort là-dessus. Puis, aussitôt qu'il y a eu une fenêtre qui
s'est ouverte, bien, on a sauté dedans, on a défoncé la porte. Et on fait
l'annonce ce matin.
Mme Prince (Véronique) :
Concernant le développement des CPE, quel message ça envoie aux parents et aux
fonctionnaires du réseau quand vous dites que vous êtes arrivé au bout de vos
moyens pour développer les places?
M. Lacombe : D'abord, ce que
je veux dire, c'est... Je ne fais pas un constat d'impuissance ce matin. Je
fais un constat qui est honnête, en disant que, comme ministre, moi, je juge
que les outils que j'ai devant moi ne me permettent plus d'aller aussi vite que
je veux aller, ne me permettent pas d'aller aussi vite que les parents
souhaitent qu'on aille. Donc, ce que je vous dis, c'est que j'ai encore de très
bonnes idées, on peut compter sur un ministère très compétent, sur un réseau
qui est tout aussi motivé à développer et qu'ensemble on va trouver des
nouvelles façons de faire. Donc, ce n'est pas un aveu d'impuissance, c'est
plutôt un message à l'effet qu'on va se relever les manches puis qu'on va
penser, pour une fois depuis 25 ans, en dehors de la boîte afin de se
donner des outils qui vont être pas mal plus performants.
M. Bergeron (Patrice) : Le
message s'adresse à qui, M. Lacombe, quand vous dites : Bien là, il me
manque des moyens? Vous parlez au premier ministre?
M. Lacombe : Pas du tout. Ces
moyens-là sont à ma disposition. Lorsque je suis arrivé, on a fait le ménage.
On avait 11 000 places qui dormaient. Donc, première étape, on fait
le ménage. On dit aux gens : Allez-vous de l'avant ou pas? On vous donne
du financement supplémentaire — la carotte; on vous donne un délai
aussi, là, sinon, on vous enlève vos places — ça, c'est le bâton.
Après ça, là, ça fait deux ans, et moi, je vois, là, les projets et je vois
qu'il y en a qui sont beaucoup... j'en vois beaucoup qui ne sont pas assez
avancés, et moi, ça me préoccupe. Donc, ce que je dis, c'est : Ça ne
fonctionne plus. Disons-le franchement, ayons cette conversation-là, parce
qu'on doit l'avoir avec le réseau, puis donnons-nous des meilleurs outils.
Parce que les parents veulent des places, moi, comme ministre, je veux que ces
places-là se développent, et on a les moyens. Ça prendra les moyens que ça
prendra, mais on ne parle pas nécessairement d'argent, là, on parle d'outils.
M. Bergeron (Patrice) : Quand
on vous a offert le mandat, on ne vous a pas dit que l'administration publique,
c'était compliqué ou que ça pouvait être compliqué de faire atterrir des
projets?
M. Lacombe : Bien, je le
savais. J'étais journaliste, avant, puis j'ai moi-même posé beaucoup de
questions sur les dédales administratifs de certains projets. Mais ce n'est pas
un constat d'impuissance, je le répète, que je fais ce matin. C'est positif, le
message que j'envoie. C'est de dire : Je vous le dis, là, de façon
honnête. Je pourrais être un ministre qui vient vous voir en vous disant :
Écoutez, tout va bien, tout est sous contrôle, puis me sauver à la fin du
mandat avec un bilan peu reluisant. Mais là, je le dis honnêtement, ça ne
fonctionne pas. Les outils qu'on a, qui datent de 1997, ne fonctionnent pas. On
donne tout le développement du réseau à des OSBL qui sont sur le terrain, qui
ont beaucoup d'autres chats à fouetter, qui en ont plein leurs bottes,
notamment avec la COVID. On leur donne 1 million, 1,5 million
parfois, 2 millions pour développer des installations. Il y a une
multitude d'étapes, il y a des comités consultatifs à travers tout ça. Et,
pendant ce temps-là, le gouvernement est imputable des résultats, puis les
parents attendent. Ça ne fonctionne pas. Donc, il faut des nouveaux moyens.
M. Larin (Vincent) : ...M.
Lacombe, ça fait deux ans que vous êtes en fonctions. Ce n'est pas un peu long
pour vous rendre compte que...
M. Lacombe : Non. Non, ce
n'est pas long, parce que, lorsqu'on est arrivés, on a posé les bons gestes. Si
je n'avais rien fait, je comprendrais que les gens trouvent que c'est long.
Mais on a posé les bons gestes : on a augmenté le financement — la
carotte — puis on a mis un délai maximum. Ça n'existait pas,
imaginez-vous, avant. Il n'y avait pas de délai. On leur a dit : 24 mois
maximum, sinon, on reprend les places. Et, même avec ça... Et je leur ai donné
deux ans. Donc là, ça fait deux ans, là, et je vois que les projets ne sont pas
tous à la veille d'être complétés. Donc, c'est le bon moment de faire le bon
constat puis de dire : Ça nous prend des nouveaux outils.
Mme Prince (Véronique) : En
même temps, il y a un arrérage de 50 000 noms sur la liste d'attente
qui va continuer de s'agrandir parce que le temps que vous trouviez des
solutions... Et il y en a probablement, de ces solutions-là, qu'il va falloir
régler par règlement ou en projet de loi. Donc, il y a des délais avant
d'appliquer des solutions, là. Mais cette liste-là, elle va s'allonger, là.
Vous êtes au courant de ça? Allez-vous... dans votre mandat à la réduire?
M. Lacombe : Oui. Bien, je
pense qu'on va avoir réalisé beaucoup de places à la fin du mandat. Beaucoup
des places qui étaient... dont il était question dans votre reportage d'hier,
je vous le disais, aussi, vont se réaliser cette année. Mais moi, je veux que
ça aille plus vite que ça. Et, s'il y a des gens qui ont des bonnes idées, je
suis preneur. J'en ai, moi aussi, mais je ne ferai pas ça en bulldozer. On va
le faire de façon diligente avec le gros bon sens. Puis je suis persuadé qu'à
la fin du mandat on va avoir des outils pas mal plus performants puis on va
avoir un bilan aussi. Le bilan ne sera pas parfait, mais il y a ce qu'on
appelle la COVID qui nous est tombé dessus cette année. Puis rappelez-vous toujours
que les gens, là, dont c'est la responsabilité de gérer un projet de
construction de CPE, en ce moment, c'est les mêmes gens qui gèrent les
installations de CPE avec toutes les mesures sanitaires qu'on connaît. On fait
l'équation, là : ça ne fonctionne pas, visiblement. Puis c'est ce qu'on
entendait dans votre reportage d'hier aussi.
Mme Senay (Cathy) : ...in English, Mr. Lacombe. So you're basically trying to get help
or trying to find... well, make the system work. Because now the system is not
working in CPEs. So you said it's a scream of honesty, it's not a scream of :
I cannot do it. It's just that you need help to succeed. At this point, it's a
failure.
M. Lacombe : It's not the fact that we need help, it's the fact that we need a
new way of doing things. We can continue like the past 25 years and cross our
fingers hoping for a new result, but it won't happen. We need to take action,
we need to make sometimes difficult decisions, but we need to do it as a team,
all the day-care centers, the associations, the workers' associations and the Government, to make sure that, for the
future, we will be able to construct CPE, day-care centers and that we will be
able to do it fast or at least faster than we do now.
Mme Senay (Cathy) : But the problem seems to be the red tape, the bureaucracy, like,
the forms, the process...
M. Lacombe : It's a part of the problem, but it's larger, it's way larger than
that. The fact is it's the same people that are responsible for the
construction of the infrastructure and the operation every day in the CPE and the day-care centers.
So, if you look at this honestly, it doesn't work. It doesn't work. So we need
to think out of the box and we need to change the way we do the development of the networks since the 25
past years.
Mme Senay (Cathy) : And, just a second, rapidly. In the next few weeks, all subsidized
day cares will have new masks with transparent windows. Why was it so important
for you to jump on this occasion, this opportunity as soon as supplies were
there?
M. Lacombe : I'm preoccupied for a lot of months about this and I'm very happy
that today the circumstances changed so we're able to announce that every
educator will have a transparent mask to do their work, because it's important
for the development of the kids.
Mme Senay (Cathy) : Why?
M. Lacombe : Because it's important for the kids to see the lips of their
educators. You know, some
people told us that kids are beginning to draw people without… not without
lips, but without mouths. So, I'm preoccupied and so are the «pédiatres». So we
need to take action. This is what we do this morning.
Mme Fletcher (Raquel) : What is the impact of the pandemic on this particular problem of
not having enough space in day cares? Because obviously, you can't have as many
kids in day cares. Do you have any quantitative evidence of what you...
M. Lacombe : Yes. Yes, it's sure that the pandemic has for result that there's a
decrease of the «responsables de services de garde en milieu familial», the
people offering day care services at home, I mean. So, there's an important
decrease of their number, and it's difficult for, you
know, the director of a CPE or a day care to do his
best to construct a new infrastructure during the time he's working hard just to handle the pandemic in
the day care or the CPE. So, I think, yes, it has an important impact.
Mme Fletcher (Raquel) : Do you have any stats of the impact?
M. Lacombe : I do not have the stats for the construction, but we have for sure
the stats for the decrease of the «milieux familiaux». Sorry, I don't know the
word in English for…
Mme Fletcher (Raquel) : At home day cares.
M. Lacombe :
At home day cares, yes. So, we have the numbers for at home day cares, it's a
decrease of about 10 % this year. But, usually, every year, there's a
decrease, for a lot of reasons, but this year it's more important because of
the pandemic.
Mme Johnson (Maya) : Just briefly, if I may...
M. Lacombe : Yes, I'll try.
Mme Johnson (Maya) : I'd like to go back to the transparent masks. Because ça frappe
fort, l'image de... — sorry, I'm switching back to French — to imagine a child drawing a picture and not drawing mouths because
they're not seeing it.
M. Lacombe : Yes, it's so sad.
Mme Johnson (Maya) : That's what I was going to ask : As a father, how does that
make you feel?
M. Lacombe : It's sad, it's so sad. It's the result of the crisis. There are
some things that we can change. But, now that the circumstances have changed,
for the transparent masks, you can be sure that it's very, very, very important
for me to make this announcement this morning. Because we don't want kids to
draw people without mouths, we want kids to be able to have a great development
and we want their educators to be able to speak with them, especially the
babies. It's important.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup.
M. Lacombe : Merci.
(Fin à 9 h 37)