(Neuf heures une minute)
M. Nadeau-Dubois :
Merci beaucoup. Bien, d'abord, je veux vous parler ce matin de la saga des
masques, qui vient de connaître un nouveau développement, puis ça ne vous
surprendra pas que je vous en parle parce que vous savez à quel point, à Québec
solidaire, c'est une bataille qu'on mène de manière obstinée depuis des mois.
Et là on vient de connaître le dénouement de cette saga.
Pour une deuxième fois cette année,
François Legault subit une gifle juridique. C'est exactement la même histoire
que dans le cas du couvre-feu et des itinérants. Après avoir ignoré les voix
sur le terrain de manière obstinée, bien, il se fait remettre à sa place par un
juge. Je ne sais pas, ce matin, si je dois être fâché ou triste. Ça fait un an,
un an que les soignantes du Québec demandent qu'on les protège comme du monde,
avec l'appui de Québec solidaire. Il y en a 41 000 qui ont attrapé la
COVID. Combien on en aurait sauvé si le gouvernement les avait écoutées, au
lieu de les ignorer?
Le tribunal a tranché. Le gouvernement
avait tort. Maintenant, il ne lui reste plus qu'une chose à faire, présenter
ses excuses officielles aux soignantes du Québec pour avoir échoué à sa
responsabilité fondamentale de les protéger du virus.
Mme Massé : Bonjour, tout le
monde. Demain, c'est jour du budget, et je pense que ce budget aura quelque
chose d'historique parce qu'il arrive à un moment donné où la crise sanitaire,
qui a tué tellement de monde dans la dernière année, qui n'a malheureusement
pas permis aux soignantes d'être protégées, bien, on se retrouve à un budget
qui a comme objectif de relancer le Québec. Alors, le gouvernement doit faire
le choix de relancer le Québec dans une perspective de s'occuper du monde, les
N95 n'est qu'une des démonstrations, de s'occuper du monde et, bien sûr, de
relancer dans une perspective de lutte aux changements climatiques. On n'a pas
le choix.
Alors, qu'est-ce que... quelles sont nos
attentes, quels sont nos espoirs? C'est bien sûr, que cette relance verte et
féministe permette, premièrement, de développer de façon importante beaucoup
plus de transport en commun, beaucoup plus de mettre sous le giron public le
transport interurbain, parce qu'il y a encore des régions extrêmement mal
desservies. C'est des exemples où le Québec pourrait passer en mode lutte aux
changements climatiques.
Mais aussi une relance verte, parce qu'il
est grandement temps de s'occuper des femmes qui s'occupent des soins des
personnes, comme, par exemple, nos soignantes, qui s'occupent de nos enfants,
comme, par exemple, dans les écoles, les CPE. Il faut que le gouvernement
embauche massivement, qu'il dise que ces emplois-là font partie de la relance
du Québec, que ce n'est pas une dépense d'investir dans les services publics,
mais c'est bien un investissement pour le bien-être collectif.
Et, vous savez, lorsqu'on est devant des
situations comme, par exemple, les féminicides qu'on vit à répétition depuis
les premières semaines de 2021, ça ne peut pas être que des belles paroles de
dire : L'égalité des femmes, c'est important pour nous. Ça doit s'imposer
dans des gestes, les gestes budgétaires dont je viens de vous nommer. Et par
rapport à la question du féminicide, des gestes clairs que le premier ministre
doit poser, en nommant quelqu'un qui va s'en occuper à temps plein, d'ailleurs,
ma collègue Christine va déposer une motion là-dessus ce matin, va s'en occuper
à temps plein, va avoir les ressources nécessaires.
Quand le premier ministre a voulu
respecter son engagement sur le branchement de l'ensemble des foyers du Québec
à Internet, il n'a pas hésité un instant à embaucher quelqu'un, à son bureau,
qui va faire atterrir sa promesse électorale. Je pense que les femmes méritent,
bien, ce n'est même pas une question de mérite, ont le droit que leur
gouvernement s'occupe d'elles avec autant d'importance qu'il le fait pour
Internet à haute vitesse.
M. Marissal : Alors, bonjour,
merci d'être là. Manon l'a dit, c'est budget demain. Ça fait plus d'un an qu'on
se préoccupe, à juste titre, d'un plan de vaccination contre la COVID pour la population
en général. Là, c'est le temps d'avoir un plan de vaccination contre un autre
mal sournois, je parle ici de l'austérité.
Ça fait des semaines et des mois qu'on le
dit, ça fait des semaines et des mois qu'on propose des solutions au gouvernement,
qui, malheureusement, à ce jour, ne semble pas vouloir entendre, ne semble pas
vouloir sortir de son petit cadre comptable qu'il connaît, qu'il veut absolument
respecter, notamment en s'obstinant à ramener l'équilibre budgétaire en cinq
ans, ce qui nous mène systématiquement, automatiquement vers une nouvelle ronde
d'austérité.
Il n'y a pas que moi qui le dis, les
économistes se sont penchés aussi sur la question. Il nous faut de nouveaux
revenus, il nous faut un plan de vaccination contre l'austérité pour protéger
nos services publics. On l'a vu tous les jours au cours de la dernière année à
quel point ces services publics sont dans un état pitoyable. Plus de
10 000 personnes, notamment, sont mortes, plusieurs dans des CHSLD
infâmes, des endroits où on n'aurait jamais dû mettre nos personnes âgées.
Alors, il y a des solutions, on en a mises
de l'avant. Vous avez peut-être vu hier une sortie commune avec des gens qu'on
pourrait appeler des jeunes riches ou de futurs héritiers, héritières, des gens
souvent qui ont une fortune familiale, un patrimoine familial, et ces gens de
plus en plus nombreux lèvent la main en disant : Nous voulons contribuer
davantage, nous voulons faire notre part, il n'est pas normal que nous ne
soyons pas mis davantage à contribution dans cette société. Plusieurs se sont
levés, d'autres le feront, des gros noms, des gens moins connus. J'espère, sans
trop me faire d'illusions, que ça finira par résonner non seulement dans la
tête du ministre des Finances, mais de ce gouvernement, qui s'en tient pour le
moment à la recette qu'on connaît, qu'on ne veut pas revoir, c'est-à-dire la
recette qui va nous mener à des compressions, donc de l'austérité. Merci.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va prendre vos questions. Une question, une sous-question.
M. Larin (Vincent) :
Peut-être, M. Marissal, pendant que vous êtes là, qu'est-ce que vous pensez du
fait que l'argent qui est donné par le MEI comme subventions est pris en compte
dans le calcul des primes qui sont versées aux dirigeants d'Investissement
Québec, comme M. Leblanc? Vous ne pensez pas que c'est justement de nature à
les amener à prendre plus de risques?
M. Marissal : Le monde rêvé de
Pierre Fitzgibbon et de son ami Guy LeBlanc, c'est parfait. D'autres
appelleraient ça une manigance, hein, c'est parfait. Ils ont mis en place un
système avec l'argent public où il sera plus facile de donner de l'argent
public dans des prêts pardons, qui est le nouveau nom pour «subventions», et
ces gens, donnant l'argent public plus facilement, auront donc droit à leurs bonis
à la fin de l'année. Non, mais c'est parfait. C'est génial. Pour les fonds
publics puis la population qui demande un réinvestissement, ça s'appelle une
manigance, là, puis c'est grossier. Parce que je vous pose une question. Où
seront Guy LeBlanc et ses premiers VP, et ses VP dans quatre, cinq, 10 ans
au moment où on s'apercevra qu'on ne récupère pas les fameux prêts pardons?
Bien, ils seront partis avec la caisse. Je vous dis, c'est parfait.
M. Larin (Vincent) :
Selon vous, c'est délibéré, ils font ça dans le but de s'enrichir personnellement?
M. Marissal : En tout cas,
le stratagème leur permettra effectivement de s'enrichir, et dans le cas de
M. LeBlanc, à plus de 100 % de la rémunération de son prédécesseur.
M. Larin (Vincent) : ...stratagème...
M. Marissal : C'est
facile d'investir l'argent des autres, hein? C'est notre argent.
M. Larin (Vincent) : Vous
parlez de stratagème. C'est quand même grave, là, comme accusation,
M. Marissal. Puis, selon vous, c'est délibérément dans le but... Ils font
ça dans un intérêt personnel?
M. Marissal : Le
gouvernement, M. Fitzgibbon, M. Legault, ne se cachent pas pour dire
qu'ils veulent absolument hausser la rémunération de tous ces gens-là pour
avoir supposément les meilleurs. Et ils se sont donné les moyens de le faire.
Le fait est que ces gens-là vont pouvoir beaucoup plus facilement distribuer l'argent
public. D'ailleurs, M. Fitzgibbon ne s'en prive pas, là. Depuis quelque
temps, je pense qu'il s'est fait imprimer une nouvelle série de chèques, là.
Puis est bien, bien, bien pressé d'aller les distribuer, mais c'est notre
argent. Et ces gens-là ne seront plus là quand viendra le temps de régler... de
donner des comptes à la population.
Des voix
: ...
M. Lavallée (Hugo) :
Mais si ce n'est pas des subventions, les prêts pardonnables, comment on fait
pour aider les entreprises?
M. Marissal : Bien, de
un, il y a des entreprises qui n'ont pas besoin d'aide, là? Il y a des
entreprises qui n'ont même rien demandé puis qui ont eu de l'argent du
gouvernement. C'est quand même extraordinaire. Moi, je pense, et on l'a dit
souvent, que, quand on doit absolument intervenir, on doit prendre une prise de
participation. On doit avoir des retours.
Regardez ce qui se passe en ce moment avec
le projet de baseball, le stade de baseball. M. Fitzgibbon nous dit :
«C'est un projet économique. C'est un projet d'entreprise comme les autres.
Alors, je l'étudie comme les autres». Le baseball majeur, ce n'est pas une OBNL,
là. Il n'y aura pas de GoFundMe pour le baseball majeur, là. Ça va bien, le
baseball majeur, là. Ils font des profits à coup de milliards. Pourquoi diable
le gouvernement qui n'est pas capable d'investir dans les services publics puis
de régler avec sa propre fonction publique mettrait de l'argent dans une
opération baseball?
Alors, excusez-moi, mais je capote un peu,
là. J'ai l'impression que je me suis fait mettre de force dans un cinéma pour
voir un vieux mauvais film qu'on a déjà vu. Et là ce gouvernement va se faire
prendre encore une fois par les charmeurs de serpents qui vont nous dire que
Montréal ne peut pas exister sans une équipe de baseball. C'est grossier, là. C'est
cousu de fil blanc, cette histoire de baseball là. Puis M. Fitzgibbon nous
dit : «J'amène tous les entrepreneurs voir M. Legault, le premier
ministre». Il a pris M. Bronfman, M. Boivin par la main et les a
amenés au premier ministre. Bien, c'est dommage que les gens qui négocient les
conventions collectives de nos fonctionnaires n'aient pas les mêmes accès. Mais
ce n'est pas vrai que tout le monde a le même accès au premier ministre, là, c'est
faux de dire ça.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Vous avez convoqué le ministre pour le manque
de vision de son budget, qui n'est toujours pas déposé. Avez-vous eu un accès
exclusif ou vous avez des visions du futur?
M. Marissal : J'ai une petite
expérience dans le domaine et surtout plusieurs contacts privés et publics avec
le ministre, qui me laissent croire que... Disons que je ne retiens pas mon
souffle pour demain. J'ai eu des conversations avec le ministre, vous savez, je
la sors souvent, celle-là, quand je lui dis : Il y a des ressources
disponibles, il suffirait notamment d'imposer davantage les riches. Le ministre
me répond de but en blanc : Je ne peux pas faire ça, Vincent, il n'y a pas
de riches au Québec. Alors, je m'avance un peu en pensant que, demain, il n'y
aura pas de révolution fiscale au Québec.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
M. Nadeau-Dubois, concernant le jugement du juge Bouvier, est-ce que ça
ébranle votre propre confiance envers l'INSPQ et ses experts?
M. Nadeau-Dubois : D'abord, il
faut rappeler quelque chose qu'on sait depuis la semaine dernière en vertu
d'une demande d'accès à l'information qui a été rendue publique que, depuis le
mois d'avril, le ministre de la Santé a sur son bureau les avis scientifiques
indépendants des experts scientifiques en matière da santé et sécurité au
travail, l'IRSST, qui recommandaient, eux, le port du N95. Donc, le débat ici,
là, ce n'est pas entre la science ou pas la science, il y avait deux avis
scientifiques sur le bureau du ministre, et le ministre a fait un choix
politique de trancher en faveur d'un avis plutôt que l'autre et il a choisi
l'avis le moins prudent des deux. Il a enfreint le principe de précaution, c'est
un choix politique, et c'est à lui et non pas à l'INSPQ de fournir des
explications aux Québécois puis aux Québécoises sur pourquoi le Québec est un
des endroits au Canada où on a le plus mal protégé les femmes qui se battent
contre la pandémie.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Il
n'en reste pas moins, qu'est-ce que ça dit sur l'INSPQ? C'est quand même eux,
là, qui ont été amenés par le tribunal, qui se font dire : Bien, il ne
fallait pas trop se fier sur votre avis, finalement.
M. Nadeau-Dubois : Dans une
pandémie, la science bouge. Dans une pandémie, la science avance, et souvent même
à tâtons, puis c'est normal. Le rôle du...
M. Bergeron (Patrice) : ...
M. Nadeau-Dubois : J'y viens,
j'y viens. Le rôle du gouvernement, c'est de considérer l'ensemble des avis
scientifiques crédibles et de trancher politiquement. François Legault ne cesse
de se vanter du fait que, lui, il regarde ça puis il tranche. Dans le cas du
N95, il y avait deux avis scientifiques. Ce que le juge nous dit, c'est que l'avis
de l'INSPQ était moins bien avisé que celui des experts en santé et sécurité au
travail de l'IRSST. Qui a pris le choix politique de trancher en faveur de
l'option la moins prudente, plutôt que la plus prudente? C'est le ministre de
la Santé et le premier ministre. C'est eux qui sont imputables de cette
décision-là. Pas l'INSPQ, qui a fait son possible avec les informations dont il
disposait.
M. Bergeron (Patrice) : Donc,
les Québécois doivent accepter que l'INSPQ tâtonne dans ses avis, puis qu'on
reçoive ça, puis que, tout à coup...
M. Nadeau-Dubois : Bien, la
science... Partout dans le monde, la science, sur, par exemple, les modes de
transmission du virus, a évolué. Moi, ce que je constate, c'est que les
autorités québécoises ont été en retard, à plusieurs reprises, sur plusieurs de
ces évolutions scientifiques. Mais la décision politique de mal protéger les
soignantes, elle a été prise par Christian Dubé, Danielle McCann et François
Legault. C'est ces gens-là qui doivent rendre des comptes, c'est ces gens-là
qui doivent s'excuser.
Moi, je ne pense pas que l'INSPQ se lève,
un matin, en disant : On va mal protéger le monde. Je pense qu'ils ont
fait ce qu'ils pouvaient avec les informations qu'ils avaient. Mais je répète,
il y avait sur le bureau du ministre de la Santé un avis divergent, tout aussi
crédible, des experts en santé et sécurité au travail. Cet avis a été ignoré.
Ça, c'est un choix politique.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Mme
Massé, sur la question des trop nombreux féminicides qu'on a depuis le début de
l'année, puis je fais appel à votre expertise, justement, par le passé, vous
avez travaillé dans des centres pour femmes. Qu'est-ce que la société civile,
là, collectivement, peut aussi faire pour venir supporter, peu importe l'action
gouvernementale qui est prise, pour combattre les féminicides? En tout cas,
individuellement et, donc, collectivement, qu'est-ce qu'on peut faire pour
supporter le gouvernement là-dedans?
Mme Massé : Bien, je vous
dirais que, bien sûr, que tout le monde a un rôle à jouer, et particulièrement
les hommes. Je pense qu'il faut que vous vous parliez entre vous. Je pense que
vous devez apprendre à détecter la différence entre une chicane de couple et de
la violence. Et ça, là, vous savez quoi? Les groupes de femmes, ça fait des
années qu'on donne des formations là-dessus, qu'on explique, qu'on étire les
concepts, qu'on essaie d'expliquer c'est pourquoi. Et pour moi, je ne peux pas
le détacher, je ne peux pas le détacher... c'est pourquoi le gouvernement ne
peut plus s'en tenir à des paroles. C'est assez.
La façon de le faire... Des plans d'action
pour lutter contre la violence conjugale ou les violences sexuelles, ça fait au
moins 30 ans qu'il y en a, au moins 25 ans qu'il y en a. L'enjeu, c'est qu'au
gré des budgets d'austérité on coupe dans les ressources, que ce soient les
ressources pour les femmes ou pour les hommes, d'ailleurs. Au gré du
gouvernement en place, comme le dernier, on retarde le dépôt de plans d'action,
de mises en oeuvre, de stratégie. C'est pour ça que ça prend quelqu'un qui s'en
occupe à temps plein et c'est pour ça que la solution, puis je ne l'ai même pas
inventée, là, c'est le comité qui a été mis sur pied pour justement essayer de
faire en sorte que les violences faites aux femmes, on ait un impact réel, et c'est
de dire : Bien, il faut que le premier ministre prenne ça à bras le corps.
M. Carabin (François) :
Comment vous l'expliquez, vous, Mme Massé, cette vague de féminicides? On
en avait eu une, je crois, à la fin 2019 aussi. Est-ce que c'est
symptomatique d'un phénomène plus vague ou est-ce que ça se fait en vase clos
tout le temps?
Mme Massé : Oh non, ça ne
s'inscrit pas en vase clos, loin de là. C'est malheureusement une histoire qui
se répète. Là, c'est l'accélération. Tu sais, je veux dire, bon an mal an, c'est
une femme par mois qui se fait tuer par un conjoint ou un ex-conjoint depuis
des années. Là, il y a une accélération. Je suis convaincue que la pandémie
joue pour quelque chose. Le confinement ou peut-être plus, à ma connaissance du
dossier, le déconfinement. Le confinement, le conjoint violent avec toute la latitude
de pouvoir avoir le pouvoir sur sa relation avec sa conjointe. Mais là, si on
retourne travailler tranquillement, si on est rappelé... donc on sort de la
maison, on se met, comme femme victime de violence, à risque avec notre
conjoint violent. Bref, je pourrais vous en parler des heures. Mais ce que je
veux vous dire, c'est qu'inévitablement le gouvernement doit reconnaître qu'il
y a une crise présentement et que, si le Québec est cohérent, c'est féminicide
zéro.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Est-ce que les employeurs... parce que le ministre Boulet présentement, dans la
réforme des normes de santé et sécurité du travail, inscrit le principe de
violence conjugale. Est-ce que les employeurs ont un rôle à jouer... les femmes
qui retournent tranquillement pas vite sur le marché du travail, pour être
des... je ne sais pas, moi...
Mme Massé : Accompagner.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Oui,
c'est ça.
Mme Massé : Tout le monde a un
rôle à jouer, 50 % de la population du Québec est plus à risque du seul
fait qu'elle est une femme. Moi, il me semble qu'un plus un égale : «Let's
go», on bouge, hein? Et c'est un ensemble de tout. Vous parlez des employeurs,
bien sûr, ça prend une sensibilité des employeurs. Pourquoi? Parce que c'est
compliqué de se sortir de ces relations-là, ça nous met en danger, vous le
voyez, et, en plus, bien, quand il est le temps de enfin de se reprendre en
main, si on a eu la chance d'être dans une maison d'hébergement où des
féministes vont nous accompagner, des femmes vont nous accompagner à se sortir
de ça, on se retourne de bord, puis là il y a une crise du logement. Puis en
plus, bien, on s'est appauvri. Les femmes, généralement, s'appauvrissent
lorsqu'elles quittent. Lorsqu'elles quittent, elles quittent souvent avec les
enfants. Elles s'appauvrissent encore plus, puis là, ah!, il n'y a pas de
logement. Il n'y a pas de logement social. Depuis que la CAQ est là, il n'y a
pas une unité de plus de logement social prévue dans les budgets. Oui, mes
attentes sont élevées pour demain, pour protéger les femmes. Ça ne peut pas
être que des paroles. Et vous allez le voir tantôt, le gouvernement va déposer
une motion. Encore là, les voeux, les souhaits sont là. Ce que ça prend maintenant,
c'est la reconnaissance qu'il y a une crise puis des actions concrètes. Puis j'en
propose une fort simple.
M. Bergeron (Patrice) :
La cheffe de l'opposition officielle tout à l'heure a dit : «Oui, mais on
l'a dit il y a six mois qu'il y avait une crise en santé mentale». Et vous
aussi, vous avez parlé de cette crise-là en santé mentale. Le gouvernement n'a tout
simplement pas pris au sérieux ce problème-là de violence envers les femmes. Et
c'est pour ça que ça arrive. Est-ce que c'est la même conclusion que vous
tirez?
Mme Massé : Bien, j'ai
dit que la pandémie a un rôle à jouer. C'est clair. On dit depuis longtemps que
le sous-financement des services publics, dont notamment de la santé mentale,
on le dit depuis longtemps, on l'a dit durant l'automne et on continue de le
dire, c'est clair que ça a un impact. Mais honnêtement, là, moi, être
Mme Anglade, je me garderais une petite gêne. Je me garderais vraiment une
petite gêne. Les budgets d'austérité, là, des 15 dernières années, particulièrement
des années de M. Couillard, elle était, il me semble, ministre au Conseil
des ministres.
Si on veut enrayer, et c'est l'objectif de
Québec solidaire, ce n'est pas juste de faire en sorte qu'il y ait deux, trois
claques de moins qui se donnent, là, il y a des meurtres de femmes, si on veut
enrayer ça, la façon de le faire, un, c'est d'avoir, premièrement, actuellement,
là, c'est de reconnaître la crise, d'agir là-dedans, d'avoir une vision à long
terme. Et là-dessus, le Parti libéral devrait se garder une petite gêne.
M. Bergeron (Patrice) : Est-ce
que la médiatisation est un problème selon vous? Parce que pour le moment, il
n'y a pas de suicide. On sait que, nous, on a un code de ne pas rapporter. Et
là, actuellement, là, on en parle à toutes les semaines. On n'a pas le choix,
là. Regardez, là, on a... Il faut quand même aborder l'enjeu. Mais est-ce que
ça ne cause pas une réverbération qui est néfaste? Ça ne peut pas porter des
gens vers certaines solutions absolument funestes, là?
Mme Massé : Est-ce que le
fait que vous dévoilez quand il y a des meurtres qui ne sont pas des
féminicides entraîne plus de meurtres? Moi, je n'ai pas d'études qui me disent
ça. Par contre, vous avez une responsabilité pour ne pas banaliser, je pense.
Déjà on a fait un gain, là. Il était une époque où on parlait de chicanes, on
parlait de... Comment... J'en oublie le terme parce que je ne veux pas m'en
rappeler. Là, de ce temps-là, c'est drame, drame familial, drame conjugal. Ce n'est
pas un drame. Oui, c'est un drame, mais, je veux dire, c'est un meurtre.
Appelons un chat un chat. Mettons ça dans la face du monde puis disons... Bien,
rappelons, s'il faut le faire, que les meurtres, c'est criminel. Pas le droit
de faire ça dans une société.
La Modératrice
:
Dernière question.
M. Carabin (François) :
Une demande hier d'instaurer rapidement un secrétariat pour lutter contre les
violences conjugales. Qu'est-ce que la ministre de la Condition féminine ne
peut pas faire actuellement qui serait accompli par un secrétariat?
Mme Massé : La ministre
de la Condition féminine est ministre responsable d'un secrétariat. Donc, sa
job, c'est d'aller convaincre chacun de ses collègues qu'il faudrait bien qu'il
fasse quelque chose pour l'emploi, pour l'éducation, pour la santé, pour... O.K.,
pour tout. Les violences faites aux femmes, ça tue. Féminicide zéro, ça veut
dire quoi? Ça veut dire que le gouvernement prend acte de ça, reconnaît qu'il y
a une crise et dit : On prend tellement ça au sérieux qu'on va se donner
les moyens. Puis ça commence par quoi? Bien, s'assurer qu'il y a quelqu'un que
c'est sa job à temps plein, que c'est directement branché au bureau du premier
ministre. Pourquoi? Bien, parce qu'on sait comment ça marche, ces partis-là,
c'est le bureau du premier ministre qui calle la shot. Bien là, il faut qu'il
calle la shot, parce que c'est assez, les féminicides au Québec.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Une petite dernière sur Joliette, les trois
femmes ce matin qui dénoncent encore des mauvais traitements à l'hôpital. Avant
vous, le PQ a mis au jeu une proposition pour qu'il y ait un système de plainte
séparé pour les autochtones. Est-ce que vous seriez en faveur de ça? Est-ce que
c'est une bonne solution, selon vous?
Mme Massé : Bien, moi, je
pense que toute la sécurisation culturelle, là, on voit qu'on a beaucoup de
rattrapage à faire. Ça part de loin. Le racisme systémique est imprégné, et les
autochtones — parce que rappelons-nous Val-d'Or — n'ont pas
le sentiment d'être en sécurité avec le système policier, avec le système
judiciaire, avec le système de santé. C'est évident que pour reconstruire la
confiance, il faut qu'on se donne les moyens. Et moi, je suis totalement prête
à regarder ça pourrait vouloir dire quoi, un système de dénonciation, de
plainte dans lequel ils sentent, elles sentent qu'elles vont être crues, que
leurs demandes vont cheminer et aboutir à quelque chose. Moi, je suis prête à
regarder ça.
La Modératrice
: On va
passer en anglais, s'il vous plaît.
M. Giroux
(Stéphane) : Good morning, Mme Massé. To
continue with the talk that you're talking about, do you think that the CAQ Government should have known before, as it
was putting in place the measures of the pandemic... they should have known
better about the dangers of violence against women? Was this completely overlooked
in their strategy?
Mme Massé : You know what? When the Prime Minister, the Premier began to talk with us, the Opposition, the first week
of the... «la déclaration de la
crise sanitaire», the first or second thing that I told him, it's : it has
to be important that the Government put money to prevent this kind of situation. So, he knew it, I tell
him... I told him. But now, I mean, it was last year... now, we are in an
acceleration of crimes, of «meurtres»…
Une voix
: Murders.
Mme Massé : …murders, an acceleration of murders of women so, I think that the Prime
Minister, the CAQ have to recognize that we are in a
crisis, and then do what has to be done. It's put someone who her only job
would be… going to be to take care of women and to be sure that the plan to
eradicate violence against women will be applied. So, that's what he has to do.
M. Giroux (Stéphane) :Question in English
for Mr. Nadeau-Dubois. Yesterday, the Government
announced it would allow high schools to once again welcome students, secondary
III, IV and V. And today, we find out… in the English community, there's a huge
pushback from parents, teachers, who say : No, we don't want that. What's
your reaction?
M. Nadeau-Dubois :
You know, we're not against having kids back in school full-time, but in order
for this to work, the Government has to make the schools safe. And the
Government, especially Mr. Roberge, did not do all that needed to be done in
order to make the schools safe. For example, on the issue of ventilation, it is
a total scandal that, on March 23 or 24, this is not solved yet. So, I
understand the parents and the communities that worry about the safety of our
schools, because Mr. Roberge has overlooked a lot of measures that could have
made our schools safer for children.
M. Authier (Philip)
:
Can I get your reaction on the decision of the Administrative Tribunal on the
N95 masks? In French, you were saying that it… there was clearly a political
decision involved there.
M. Nadeau-Dubois :
Yes, so we now know. It's been made public last week that, since April… there
are two official scientific recommendations on the table of the Government
since last April. One of them recommended for health care workers to wear N95.
Another one recommended that the N95 would be forbidden, not only not
recommended, forbidden in our hospitals in Québec. The Government had those two
scientific recommendations, of two very credible
institutes. They made a political decision in favor of the less careful recommendation. They did not apply the
precaution principle. That is a political decision. Mme McCann, Mr. Dubé and
Mr. Legault should apologize to healthcare workers of Québec for failing their responsibility to protect them.
La Modératrice
:
Est-ce qu'il y a une autre question?
Mme Senay
(Cathy) : Yes. Your expectations for the
budget tomorrow. It should be a feminist and a green budget. Why is that so
crucial for Québec…
M. Nadeau-Dubois : This pandemic and the economic and social crisis it has provoked,
it touched everyone, but the worst impacts were lived by women. This budget has
to propose an economic recovery to heal that wound. There should be strong
measures in favor of a real equality between men and women, and we should also
remember that the next crisis — and it's not the next one, because we are already into it — is the climate crisis, and that
budget should put strong measures for an economic recovery that launches us
into the 21st century, and that means a green and fair economy.
Mme Senay (Cathy) : And regarding … N95, it took a judge decision to clear this out… in
this for more than a year now, and so does that give you… that a public
independent commission is the
only way to go to the bottom of this?
M. Nadeau-Dubois : Well, first of all, it's the second judiciary humiliation of
François Legault. The first one was with the curfew, that's the second one
since the beginning of the year, and it's the same story. People on the ground,
frontline workers were saying it. The Coalition avenir
Québec thought they knew better, they didn't listen.
Now, a judge just proved that they were wrong to do so. And your question was…
Mme Senay (Cathy) : Well, is that…
M. Nadeau-Dubois : Yes.
Mme Senay (Cathy) : That when you have a wrong decision and basically going back to
procedural mask versus the N95 mask, a judge is going… is making it clear,
right?
M. Nadeau-Dubois : It's once again a demonstration that we need a public enquiry.
People have the right to know. Health line workers who have dyed fighting that
virus deserve, in respect to their memory, that we go to the bottom of those
issues and we find the real answers to why that this government failed to protect them.
La Modératrice
:
Dernière question.
Mme Fletcher (Raquel) :
Just one last question. I would just like to ask Manon Massé
the same question as
Mr. Nadeau-Dubois about the budget and the importance of not just it being a cabinet budget, but that it's really addressing the
issue of violence against women. What kind of things would you like to see come
out of that budget tomorrow
addressing violence and homicides against women?
Mme Massé : Je vais la
reformuler en français. Tu me diras si j'ai... C'est que, dans le fond, qu'est-ce
qu'on s'attend dans le budget de... Non?
Mme Fletcher (Raquel) :
Non. Qu'est-ce que vous voulez?
Mme Massé : Qu'est-ce
qu'on veut?
Mme Fletcher
(Raquel) : Oui.
Mme Massé : When we say we want a green and a feminist budget, it's because we need that this budget will, let's say, have a perspective of employed more people to
help.
Mme Fletcher
(Raquel) : Mais concernant la violence contre les femmes.
Mme Massé : Oh! I'm
sorry. I'm sorry. It's hard when I can't see on your... For
tomorrow? Just let's say, the social housing, just an example. Social housing,
since the CAQ… avenir Québec is
at the government, they don't
bring any new unity of social housing. I mean, when you are a victim, you need
to have another place to stay. And we are in a housing crisis... housing
crisis. So, where are the women going to turn themselves to find a place if
this Government refuses to put
more units of social housing? This is an example. Other example. We know that
the plan, the plans, I can put an s because there's a lot of plans tabled in
the last two years, needs money to be able to apply what's in these plans. What
I suggest, simple, it's the Prime Minister brings someone and a cabinet around him, to be sure that the
violence against women will be a real, a real objective in the next few days.
So, this is a way to, I hope, that the feminicides will stop in Québec.
La Modératrice
:
Merci beaucoup.
(Fin à 9 h 36)