(Huit heures deux minutes)
La Modératrice
:
Bonjour. Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Alors, ce matin, Mme Méganne
Perry Mélançon, notre porte-parole en matière de condition féminine ainsi que d'économie,
qui sera suivie du chef du Parti québécois, M. Paul St-Pierre Plamondon.
Mme Perry Mélançon : Merci.
Bon matin, tout le monde. Hier, on apprenait encore le décès... le meurtre, en
fait, d'une septième femme au Québec, qui a succombé à ses blessures à LaSalle.
Comme tous les Québécois, c'est certain que j'ai encore cette boule dans la
gorge. J'ai peur à chaque fois que j'ouvre mon cellulaire pour voir s'il y a la
notification d'une nouvelle qui va rapporter encore un féminicide ou une
tentative de meurtre. On parle de sept féminicides en six semaines depuis
janvier. C'est beaucoup plus que la moyenne, qui était déjà beaucoup trop
élevée, d'un meurtre, un féminicide par mois.
Alors, je veux, au nom du Parti québécois,
adresser mes plus sincères condoléances à toutes les familles qui ont été et
qui sont en deuil. C'est vraiment un moment très triste qu'on vit au Québec. Et
on se doit de rappeler, en fait, toutes les recommandations qui sont faites par
les intervenants du milieu depuis plusieurs années, qui sont maintenant dans un
rapport, avec 190 recommandations qui viennent du milieu, qui viennent des
experts. Il faut trouver une façon de sécuriser les personnes victimes. Il y a
tout un chapitre qui en parle.
Vous savez que, dans nos attentes budgétaires,
on a fait les demandes au gouvernement déjà pour qu'il y ait un 70 millions
qui soit ajouté dans la mission des centres d'hébergement pour femmes victimes
de violence conjugale. C'est une demande du milieu pour simplement assurer une
place à toutes les femmes qui cognent à la porte. Et évidemment il faudra aussi
ajouter une création de places additionnelles.
Alors, moi, je veux que ce soit pris au
sérieux, là, par le gouvernement. Nos demandes sont laissées pour compte jusqu'à
maintenant pour ce qui est du 70 millions de dollars. Mais là à ça
s'ajoute tout le pan aussi de… Quand on parle de sécuriser les personnes
victimes, oui, il faut avoir des sous quand elles cognent à la porte pour aller
chercher de l'aide et s'isoler, se protéger, mais il faut aussi qu'on s'occupe
de cet homme-là, cet homme-là qui cherche toutes les façons possibles de
trouver le moment où est-ce que la victime, elle est vulnérable, elle est seule
puis qu'il peut encore faire un coup. C'est des hommes, on l'a vu, là,
bacaisses, de 200 livres et plus, qui viennent s'attaquer à une femme.
Donc, je suis très émotive ce matin, mais
il va falloir que ce plan-là, le comité transpartisan qui a parlé de 190
recommandations là… que toutes les recommandations soient prises dans leur
ensemble. Là, je ne ferai pas l'énumération de toutes les recommandations, puis
lesquelles sont les plus importantes. Oui, il va falloir qu'on ait quelqu'un
qui chapeaute ces recommandations-là, qui s'assure qu'elles soient mises en
place. Mais il faut aussi qu'on ait des cellules de crise partout au Québec. Il
faut qu'on ait vraiment des façons concertées de s'assurer que les hommes, par
l'évaluation des conjoints violents, notamment, quand il s'agit de l'enquête
sur la remise en liberté, bien, qu'elles soient appliquées de façon continue,
tout le temps. Et ça, bien, il va falloir que ça se fasse le plus rapidement
possible.
Alors là, on ne peut plus attendre. Et
notre message, ce matin, il s'ajoute à toutes les lois qui le disent depuis des
années. Le gouvernement doit agir et doit donner suite à ces 190
recommandations là maintenant.
Alors, je cède la parole à mon chef, Paul
St-Pierre Plamondon.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Merci, Méganne. Deux sujets. Un premier parce que l'affaire Attaran continue à
prendre beaucoup de place, et surtout parce que, dans tous les paliers de
gouvernement, finalement, on a, à l'unisson, une condamnation de l'inaction de l'Université
d'Ottawa.
Aujourd'hui, nous allons présenter une
motion qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale souligne que
les contribuables québécois financent, par le biais du programme d'aide
financière aux études, une partie des activités de l'Université d'Ottawa,
fréquentée par environ 5 500 étudiants québécois;
«Qu'elle dénonce les fréquentes attaques
haineuses, discriminatoires et francophobes dont fait régulièrement l'objet la
nation québécoise au sein du Canada et qui, trop souvent, sont tolérées et
laissées sans conséquence;
«Qu'elle condamne les institutions
canadiennes qui refusent d'intervenir pour que cessent ces agressions envers la
nation québécoise.»
Donc, c'est ce qu'on va déposer
aujourd'hui. Et on s'attend à ce que l'Assemblée nationale parle à l'unisson.
Deuxième sujet, GNL Québec. C'est une
journée importante, là, on a le dépôt du rapport sur GNL Québec, rapport du
BAPE. On a très hâte de le voir. Mais je veux rappeler qu'en une seule année,
si jamais on fait le projet GNL Québec, on va détruire tous nos efforts de
réduction des gaz à effet de serre depuis 1990. C'est absurde à ce point-là,
sur le plan environnemental, ce projet-là. Donc, on est très intéressés à lire
ce que le BAPE va avoir à écrire et à dire là-dessus. Le seul parti qui appuie
ce projet-là, c'est la CAQ. Et j'espère que, si le rapport est clair
aujourd'hui sur les conséquences environnementales et le non-sens économique de
ce projet-là, la CAQ va tout de suite fermer le dossier.
Et j'en profite pour rendre hommage à mon
collègue Sylvain Gaudreault. Je veux rappeler qu'à l'élection de 2018 il a été
le premier à dire que ça prenait un BAPE, et que sa position a été constante. Notamment,
en janvier 2019, quand on a eu l'analyse du cycle de vie, Sylvain a à
nouveau pris position. Et, localement, tout cet effort-là se traduit par le
plan de transition pour une économie verte et juste, qu'on a déposé la semaine
dernière dans le cadre de nos attentes budgétaires.
On ne dit pas, au Parti québécois, qu'on
bloque GNL Québec parce qu'on veut bloquer des projets. On dit que ce projet-là
ne donne pas de résultat sur le plan économique, coûte une fortune, donne peu
d'emplois, des emplois qui ne sont pas durables, et, au final, saccage tous nos
efforts en matière de lutte aux changements climatiques.
Donc, nous, ce qu'on dit, c'est : On
va investir massivement dans des entreprises québécoises qui ont un potentiel
de développement dans le domaine des énergies renouvelables et de la nouvelle
économie. Donc, en concret, le plan du Parti québécois générera, dans une
région comme le Saguenay—Lac-Saint-Jean, beaucoup plus d'emplois, et des emplois
durables.
Donc, c'est également une question
économique. Et je salue la ténacité, la persistance de mon collègue Sylvain. Et
on est de tout coeur, au Parti québécois, dans ce virage qui doit être pris.
Les projets dinosaures, là, du siècle dernier, il faut en sortir, puis il faut
que la CAQ ouvre les yeux. Et j'espère que le rapport du BAPE sera l'occasion
de le faire.
La Modératrice
: On va
prendre les questions, une question, une sous-question.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...le
Tribunal administratif du travail, sous la plume du juge Philippe Bouvier,
écrit que les employés de CHSLD, y compris le personnel d'entretien, devraient
pouvoir porter des masques N95 en tout temps lorsqu'il y a des cas de confirmés
ou de suspectés de COVID-19 en CHSLD. C'est un jugement qui est tombé hier.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est un jugement qui remet également en question le témoignage de l'expert de
l'INSPQ. C'est un jugement également qui semble très troublé. Le juge a été
réellement troublé d'entendre la situation dans laquelle les employés se
retrouvaient. Donc, le gouvernement ne peut absolument pas faire fi de ce
jugement-là et doit s'assurer que le niveau de protection est à la hauteur des
normes qui auraient dû s'appliquer. Et ce n'est pas ce que le gouvernement, rappelez-vous,
a communiqué à l'époque.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
...l'INSPQ, ça, justement?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je pense que l'INSPQ nous doit des explications quant à ce jugement-là, parce
que, si on a mis en jeu, comme le juge l'a conclu, la santé et la sécurité de
nos travailleurs en toute connaissance de cause, en présumant qu'un masque
chirurgical avait la même valeur de protection qu'un N95, puis que c'est ça
qu'on a communiqué aux travailleurs, mais que ce n'était pas vrai, il y a des
réponses qui vont devoir être fournies par l'INSPQ, là, ça, c'est certain.
M. Lacroix (Louis) : Comment vous
qualifiez la gestion de la question des masques depuis le début de la pandémie,
là? On sait que ça a pris une éternité avant que, dans la population, on décide
de dire : Bien oui, ça pourrait être utile. Au début, non, ce n'était pas
utile.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je vous rappelle que c'est le Parti québécois qui proposait fortement, là,
l'utilisation des masques en mai dernier, puis on s'était fait... Il y avait eu
des moqueries comme quoi ce n'était pas une bonne proposition, parce qu'au
début la position de la Santé publique, c'est que ce n'était pas... que la
science ne le recommandait pas. Finalement, on a changé, mais prenons un pas de
recul, là. Combien de fois, dans cette crise-là, on n'a pas réussi à y voir
clair sur ce qui est scientifique puis ce qui est politique? Prenez encore
aujourd'hui, là, l'exemple...
M. Lacroix (Louis) : Vous
pensez que la politique a teinté...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
On ne le sait pas. Je ne peux pas...
M. Lacroix (Louis) : Bien,
c'est ce que vous laissez entendre?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, non, ce n'est pas ça que je laisse entendre. Je laisse entendre que c'est
impossible, dans tous ces dossiers-là, de démêler la science du politique parce
que c'est un choix gouvernemental de maintenir cette confusion-là. Puis, dans des
sujets comme le masque, comme dans d'autres sujets, puis on s'en est parlé, là,
ça fait des mois qu'on parle de ce sujet-là, malheureusement, on n'a pas été
transparents sur ce qu'était la part de scientifique et la part de politique,
mais je ne suis pas capable de vous expliquer… mais l'INSPQ, elle, nous doit
des explications suivant le jugement qui est quand même très sévère.
M. Larin (Vincent) : L'INSPQ
peut se tromper?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien sûr, mais, à ce moment-là, elle nous fournira des explications en ce
sens-là, sur ce qui a changé. C'est parce que, là, on met la... on parle de la
santé et de la sécurité des travailleurs qui, eux, se fient, de bonne foi, à
des indications comme quoi le masque chirurgical fait le travail au même titre
qu'un N95. Il y a vraiment des réponses à aller chercher, ça me semble évident.
M. Larin (Vincent) : À partir
du moment où, depuis des mois, on base toutes les décisions gouvernementales
sur les recommandations de l'INSPQ, puis là on admet qu'elle peut se tromper…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Elle nous doit des explications.
M. Larin (Vincent) : Oui?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Ça dépend des explications qui nous seront fournies, mais l'INSPQ nous doit des
explications.
M. Lavallée (Hugo) : …je
comprends que vous avez fait état de l'attente, là, ces derniers jours, mais,
si vous nous résumez ça, qu'est-ce que vous… à quoi vous vous attendez demain,
précisément?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est un budget extrêmement important demain. Pourquoi? Parce qu'on est devant
une fenêtre historique où notre économie est à rebâtir et où, au Sud, nos
voisins américains sont en train d'investir 2 000 milliards de
dollars pour une transition vers une économie verte puis vers la nouvelle
économie. Et on a un gouvernement caquiste qui ne comprend pas cet enjeu-là et
qui s'entête dans des modèles économiques comme GNL Québec puis d'autres
modèles des années 90.
On ne peut pas rater le bateau ni sur le
plan environnemental ni sur le plan des inégalités sociales, parce qu'on le
voit là, il y a plusieurs symptômes des conséquences de la crise sur l'équité
sociale. Et on ne peut pas non plus continuer à faire de la créativité
comptable comme ce qui avait été fait lors de la dernière mise à jour, où
est-ce qu'on inventait 6 milliards du fédéral qui, en fait, ne viendront
pas, de ce qu'on comprend.
Donc, ça prend de la rigueur puis ça prend
de la vision. Et ce budget-là est particulièrement important dans la mesure où
il y a une fenêtre. On doit rebâtir notre économie de toute façon. Donc, tant
qu'à la rebâtir, pourquoi ne pas la rebâtir sur des assises durables et solides
plutôt que de maintenir des vieux modèles des années 80, 90, qui sont
complètement dépassés en termes de ce que la croissance économique devrait
vouloir dire? Il faut y aller vers les modèles durables et verts comme les
États-Unis le font en ce moment sous Joe Biden.
M. Lavallée (Hugo) : Concernant
le stade de baseball, hier, M. Legault a ouvert un peu la porte en disant :
Ah! ça pourrait être rentable si des joueurs viennent payer des impôts au Québec.
Croyez-vous à ça, ce modèle-là?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Normalement, là, quand le secteur privé, dans le domaine sportif, demande qu'on
paie de notre poche des installations sportives comme un stade, c'est qu'ils
ont eux-mêmes calculé qu'ils ne feraient pas beaucoup de profits comme
investisseurs s'ils le faisaient eux-mêmes. Ce que j'ai soulevé hier comme
problème, c'est qu'on nous demande des sommes importantes en fonds publics,
alors qu'il y a des dizaines de milliers de places en garderie qui sont
toujours manquantes, puis que nos systèmes publics qui sont toujours en
défaillance importante. Ça demande un réinvestissement.
Je vous parle d'un virage vert. Méganne
vient de vous parler du sous-investissement des organismes communautaires qui
protègent les femmes de violence et d'homicides. Comment pourrions-nous mettre
de l'argent dans un stade de baseball pendant que la sécurité des femmes au
Québec n'est pas assurée parce qu'on sous-finance les organismes puis pendant
qu'on n'a pas de place en garderie? Il y a quelque chose qui ne tient pas.
M. Lacroix (Louis) :
L'argument de M. Legault, c'est de dire : Si on n'investit pas, l'équipe
ne vient pas, si l'équipe ne vient pas, on n'a pas les retombées fiscales
amenées par les salaires mirobolants des joueurs de baseball, et l'investissement
doit être inférieur à ce que ça rapporte en revenu fiscal. Donc, si on se fie à
son raisonnement, normalement, il devrait y avoir plus d'argent qui va rentrer
pour payer ce que vous dites, si on suit son raisonnement.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Mais, aux dernières nouvelles, il n'y a pas 50 joueurs de baseball sur un
terrain, hein? Donc, je comprends qu'ils gagnent cher, là, mais, de dire que le
financement du stade serait compensé par les impôts qu'on prélève sur les
joueurs de baseball, ça reste à démontrer. Donc, si, vraiment, il y a un plan
d'affaires rigoureux qui démontre la rentabilité d'un investissement comme
celui-là pour le gouvernement, je suis prêt à l'étudier, mais j'en doute
sérieusement, parce que, lorsque le privé, comme ça, veut transférer au public
le problème puis nous demande un investissement, mais pas à titre
d'actionnaire, là, ce serait un autre de ces prêts pardonnables ou de ces
subventions-là, quand c'est ça qui est demandé, je regrette, là, c'est des
fonds publics qu'on ne reverra jamais. Et, de prétendre... En tout cas, je
serais très curieux qu'on arrive avec des chiffres rigoureux pour m'expliquer
que les quelques joueurs sur le terrain compensent pour les centaines de
millions de dollars qu'on va engloutir dans un stade, là. Je suis très curieux.
M. Bergeron (Patrice) : ...au
gouvernement qu'on finance de l'argent qui aurait pu aller en santé puis en
éducation, à ce moment-là, on aurait refusé toutes les subventions à Rio Tinto
Alcan, ou à Bombardier, ou à d'autres grandes entreprises, parce que, sinon, effectivement,
on pourrait mettre tout l'argent en santé puis en éducation puis ne jamais
donner une cent à une entreprise.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, vous me posez une bonne question. Bombardier, là, c'est quoi le bilan du
1 milliard quelque qu'on a englouti là-dedans? Qu'est-ce qu'il reste de
ça? Il y a un problème dans notre façon de concevoir les priorités du
gouvernement. Les gens paient leurs taxes... Hein?
M. Lacroix (Louis) : Ça,
c'étaient les libéraux, en passant.
Une voix
: …
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est ça, mais…
M. Lacroix (Louis) : Non,
mais je parle de Bombardier, c'étaient les libéraux.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Oui, oui, mais c'est un exemple qui démontre que la philosophie du gouvernement
sous la CAQ n'a pas tellement changé nécessairement. Moi, ce que je vous dis, c'est
que les gens consentent à payer des taxes et des impôts qui sont relativement
élevés, là, par rapport à d'autres endroits dans le monde, comme les
États-Unis, en échange de services.
Donc, on va commencer par assurer des
services de base comme l'hôpital, l'éducation, la garderie puis la protection
de la sécurité des femmes et des enfants. Il me semble que, dans l'ordre des
priorités d'un gouvernement, ça devrait être par-dessus la construction pour
une équipe de baseball qui viendrait jouer la moitié du temps parce que l'autre
moitié, ils sont les Rays de Tampa Bay. Qu'ils mettent ça par écrit, là, ce
plan-là, puis, si jamais il y a une démonstration rigoureuse que c'est rentable
pour le gouvernement du Québec, ça me fera plaisir de me prononcer là-dessus.
M. Bergeron (Patrice) : ...parce
que les études du ministère des Finances sur ce sujet-là soient publiées
puisque M. Legault va peut-être les brandir aussi.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Il faut à tout le moins que tous les chiffres qui sont proposés par les
promoteurs de ce projet-là soient transparents, et que l'analyse qu'on en fera,
en termes de retombées économiques, surtout les impôts, là, comme vous dites,
soit mise sur papier pour que des partis d'opposition puis d'autres experts
puissent se prononcer sur une base objective. Ça me semble la première étape.
Puis un autre point... Méganne a raison. Veux-tu prendre la parole? C'est
important.
Mme Perry Mélançon :
Bien, rapidement dire aussi que j'aimerais voir le ministre de l'Économie avoir
autant de considération puis mettre autant d'efforts et d'énergie dans la
sauvegarde de nos PME, parce que ça représente 99,8 % des entreprises au
Québec, puis, bien, lui, il se concentre sur le 0,2 %. Et on arrive avec
toutes sortes d'idées, là, pour leur prêter de l'argent, alors que c'est des
gens qui en ont déjà plein les poches, puis, bien, à côté, on a des entreprises
qui se meurent, oui, parce que le contexte COVID est difficile, mais aussi
parce que le gouvernement n'est pas au rendez-vous pour leur accorder des prêts
puis des aides gouvernementales qui ont de l'allure. Donc, moi, c'est ça qui me
fatigue aussi, de toutes les intentions du gouvernement d'aider dans des
projets qui les emballent chacun, le premier ministre, le ministre de l'Économie,
mais qu'on n'a pas le retour de la balance aussi pour nos PME. Donc, oui?
M. Larin (Vincent) : Qu'est-ce
que vous pensez du fait que ces aides d'entreprises-là soient prises en compte
dans le calcul des rendements pour les bonis des vice-présidents et des P.D.G.
d'Investissement Québec?
Mme Perry Mélançon : …
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Répétez la question, s'il vous plaît, je n'ai pas...
M. Larin (Vincent) : Concernant
les aides aux entreprises, on apprenait ce matin, dans une entrevue avec M.
LeBlanc, que l'argent qui est donné par le MCE est pris en compte dans le
calcul des bonis pour le rendement, là, des P.D.G. et vice-présidents
d'Investissement Québec. Ce n'est pas un peu questionnable?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Oui, ça soulève des questions sur quel genre de décision ça va donner. Le
problème avec les bonus, c'est toujours que ça oriente les décisions vers
l'atteinte des bonus et non pas vers l'intérêt public puis d'autres
considérations sociétales. Donc, je ne suis pas contre les bonus en général,
là, mais ça pose, ça soulève cette question-là.
L'autre élément, c'est surtout qu'on est
en train d'envoyer un signal que la rémunération de certains organismes
parapublics va se détacher complètement de la grille salariale applicable à
tous les autres organismes parapublics au nom des meilleurs résultats que ça va
permettre d'obtenir. Et ça, il y a plusieurs études qui démontrent qu'en fait
augmenter de manière astronomique la rémunération des P.D.G. d'entreprises ou des
dirigeants, augmenter les bonus n'augmente pas nécessairement de manière très
claire leur rendement obtenu.
Et moi, je pense que le comparable par
rapport à Investissement Québec en termes de rémunération, ça devrait être les
autres organismes parapublics, et on devrait garder les rémunérations dans ces
balises-là. Si on ouvre la porte à des augmentations sans cesse de la
rémunération des gens qui travaillent pour l'État, je pense qu'on est devant
des questions sociales, quelque chose de choquant, là, dans l'ordre de
priorité.
Ça parle beaucoup de comment pense le gouvernement
actuel. Quand on compare le traitement des PME avec le traitement des grandes
entreprises, quand on compare le traitement de la rémunération de certains
hauts dirigeants par rapport à la lenteur avec laquelle on règle des problèmes
comme les places en CPE, les conventions collectives du secteur public, ça en
dit long sur on a affaire à qui.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : J'aimerais poser des questions sur deux
sujets. Je vais aller vite, Cathy.
Les CPE, justement, vous étiez là ce
matin, est-ce que vous croyez les explications du ministre? Est-ce que c'est
plus compliqué maintenant de créer des places que ça l'était quand le PQ était
au pouvoir?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
La nouvelle explication, c'est quoi? Je vous écoute.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : ...plus compliqué désormais d'en créer, des
places, qu'auparavant?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je pense que, là, il faut vraiment que le ministre et le gouvernement dans son
ensemble cessent de trouver des slogans de communication, là, puis passent à
l'action. L'action, c'est investir, recruter et réagir, parce que le phénomène
de la fermeture des garderies et des places vacantes en CPE est connu depuis
des années. Et d'autres gouvernements, dont le gouvernement du Parti québécois,
ont été capables de créer des milliers de places, là. Il y a un décalage énorme
entre l'effort qui est mis, dans ce gouvernement-là, pour faire des communications
et l'effort qui est réellement mis pour faire atterrir des résultats. Là, il
n'y a plus d'excuse possible. Ça fait des années que ça traîne. On veut des
résultats, puis c'est tout ce qui compte, ce n'est pas les excuses. On va juger
ce gouvernement-là aux résultats et non pas à ses communications.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Sur Joliette, encore une fois, il y a trois
nouvelles femmes qui dénoncent, dont une qui s'est fait traiter de droguée,
d'alcoolique pendant qu'elle faisait un AVC. Qu'est-ce qu'on fait, là, avec ça?
Est-ce qu'on va les mettre dehors une après l'autre? C'est quoi, la solution?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je vous répète ce que j'ai rappelé il y a deux semaines. Il y a eu une motion
qui instaurait, reconnaissait le principe de sécurisation culturelle. Dans la
motion, c'était marqué qu'il faut modifier la loi, ce qui permettra un mécanisme
de plainte. Là, en ce moment, le mécanisme de plainte, ce sont les médias, là.
Vers qui ces bénéficiaires-là, qui ont été mal servies, mal traitées, selon les
allégations qu'on peut lire ce matin, là, doivent-elles se tourner? Elles
doivent pouvoir compter sur une loi qui imbrique le processus, le principe de
sécurisation culturelle, qui évalue que la qualité des services est au rendez-vous,
et, si ce n'est pas le cas, qui leur donne un processus pour se plaindre puis
pour qu'il y ait enquête. En ce moment, il n'y a rien. On a un gouvernement
qui, malgré le fait qu'il a voté pour la motion, refuse de changer la loi.
Donc, on n'avance pas.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : …un processus. Il y a des commissaires aux
plaintes dans chaque CISSS et CIUSSS.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Oui, sauf que, si le principe de sécurisation culturelle, qui offre des
garanties beaucoup plus élevées puis qui offre, donc, des obligations de
résultat sur des nouveaux accommodements pour s'assurer que ça n'arrive plus,
si c'est dans la loi, bien, ça va faire l'objet également d'un mécanisme pour
lequel on peut faire des suivis.
Mme Perry Mélançon : ...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est ça. Vas-y, vas-y, vas-y.
Mme Perry Mélançon : Bien, rapidement,
mais c'est vraiment un petit point, là, bien, que chaque personne autochtone
qui se présente à l'hôpital puisse être accompagnée d'un agent qui va s'assurer
qu'elle n'est pas victime de... que la personne n'est pas victime de
discrimination. Et ça, ça fait partie justement de tout le principe de
sécurisation culturelle et des mécanismes qu'on pourrait mettre en place.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Est-ce qu'on peut imaginer un processus de
plainte à part ou différent?
Mme Perry Mélançon : Pour
qu'il y ait des sanctions, qu'il y ait vraiment une application de sanction qui
est légale, qui est obligatoire, là, parce que c'est ça, c'est fait
aléatoirement présentement, les sanctions ne sont pas appliquées, puis c'est ça,
le problème.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Une fois qu'on définit objectivement le processus, les livrables et
l'obligation de résultat de l'État en matière de sécurisation culturelle, bien,
on pourra, en effet, avoir un processus spécifique, puis les critères suivant
lesquels on doit évaluer la prestation de services, la qualité des services
vont être clarifiés. Mais, tant qu'on ne met pas ça dans la loi puis que tout
ce qu'on a, c'est une motion, comme l'a dit Méganne, là, c'est très, très flou,
c'est très aléatoire, ce n'est pas suffisant.
La Modératrice
: On va
passer aux questions en anglais.
Mme Senay (Cathy) : Good morning.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Good morning.
Mme Senay (Cathy) : I don't know if you had the time to read the judge's decision on
N95 masks, but, basically, it's a very long decision explaining that zones were
not well qualified, masks, N95, should have been used way more. Does that tell
you that… how much a public commission, independent
commission on the management of the crisis...
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : You stole my... I was just about to
answer that. If we needed a clear signal, something that is crystal clear about
the fact that we need, absolutely need, a public inquiry on how that crisis was managed, here we have
it, a judgement where the judge is more than surprised by the witnesses he
heard. So, if we need another proof that it's urgent that we have that commission and that we look into the
decisions we made from on an objective standpoint in a public matter, in an
independent matter, there we have another evidence that is crystal clear.
Mme Senay (Cathy) : …the appropriate masks. This is basic.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Well, according to the expertise, we
needed, in order to protect our workers, to have the N95 masks. But that's not
what the Government
communicated at the time. And I think it's another signal that we need to look
into how the decision-making process was working or not working during that
period and how Public Health and political power arranged those decisions,
because it doesn't make sense. For the judge, at least, clearly it doesn't make
sense.
Mme Senay (Cathy) : How much this upcoming budget tomorrow is a turning point for you
to the relaunch of the economy? Why this one and not the one in 2022?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : It's a historical moment where, right
now, in the U.S., under Joe Biden, we have $2,000 billion invested for a
transition to a greener, to a new economy. We need to rebuild our economy no
matter what. We have a lot of work to make sure that our economy starts again.
Why not build it the correct and durable way? Why not do things correctly if we
have to rebuild anyway? Why not choose the new economy, a clean economy, a
green economy, while the U.S. are really committed to that objective, which
means business opportunities for Québec businesses that are supported and that are on top of their game
with regards to new energies and greener technologies?
So we need to jump into
that transition, to jump on this opportunity for all Quebeckers. I do not understand why the CAQ Government is staying with models that are typical of the 80s and the 90s,
like GNL Québec, a genuine
dinosaur project. It doesn't make any sense. We need to look at what's going on
all over the world and make sure that we're part of this.
Mme
Fletcher (Raquel) : I have a question, madame... You
were talking about the seventh murder of a woman in six weeks, I think,
something like that. What would you like to see the Government do in terms of an action plan to address this issue?
Mme Perry Mélançon : One thing, the major thing is to apply every single recommendation of the transpartisan report…
committee. It is all there. It's to secure the victims, to invest in organisms,
the lodging centers, to protect the victims, but also to have some measures
that control the violent «conjoint», the violent partner. So it is all there. I
would say it's a national priority, so we have to invest major... to do major
investments.
I will not give you all
my personal recommendations, what is the best of it. They are all very, very important, and we have to apply them right
now, right now. So the budget has to take in consideration our demand of
$70 million for the lodging centers, but also have more money to create
more places and also to control all the part of the violent partner that has to
be «surveillé», that has to be under surveillance at all times.
Mme Fletcher (Raquel) : In terms of the budget which is coming up tomorrow, what would you
like to see… in that budget?
Mme Perry Mélançon : For that part, we didn't put a number on it, but, if we compare to
the… Well, we have $70 million for the lodging centers for violented
women, and it is just the… It's a base because we need a lot more. So I don't
know how much it will cost to put in place that plan, the report, the whole of
it, but it has to be there. OK? Thank you.
La Modératrice
: Merci.
Bonne journée.
(Fin à 8 h 31)