(Huit heures vingt-deux minutes)
La Modératrice
: Bon
matin. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Prendra la parole tout
d'abord Alexandre Leduc, député d'Hochelaga-Maisonneuve, suivi de
Sol Zanetti, député de Jean-Lesage, et finalement Christine Labrie,
députée de Sherbrooke. Vous pourrez poser vos questions par la suite.
M. Leduc : Merci. Bon
matin, tout le monde. Bonne journée. Aujourd'hui, je veux réagir à la liasse
d'amendements qui a été déposée par le ministre, il y a quelques jours
maintenant, sur son gros projet de loi sur la santé, sécurité, la réforme qui
est encadrée par le projet de loi n° 59.
On a pris le temps de bien les étudier. On
demeure donc insatisfaits des différentes approches qu'il prend, des certains
amendements qu'il dépose. On est satisfaits de manière générale, mais en
particulier sur le fameux niveau de risque. Vous vous rappelez peut-être, dans sa
première mouture, le ministre, pour le volet de prévention, pour prévenir qu'il
y ait des accidents de travail, avait qualifié, là, des niveaux de risque
faible, moyen, élevé. La santé, dans le niveau de risque faible, ça avait créé
tout un scandale, avec raison, et il s'était fait complètement démolir en étude
détaillée... en audiences, pardon.
Il avait décidé de retourner à la table à
dessin et nous redépose une nouvelle mouture qui abolit tous les niveaux de
risque mais abolit tous les minimums en même temps : plus de minimums,
plus d'heures de libération pour la prévention, plus d'heures de comité de
base. Et ça sera à chaque milieu de travail de négocier à la pièce le nombre
d'heures qui serait approprié selon le milieu de travail.
Et cette deuxième proposition-là, donc, ce
nouveau lapin qu'il nous sort de son chapeau, ne convient pas du tout. C'est
encore un recul. C'est un recul pour les milieux de travail précaires, souvent
des milieux à prédominance féminine, où est-ce qu'il y a beaucoup de personnes
d'origine immigrante aussi.
Le fait d'avoir à négocier quelque chose
dans un endroit non syndiqué, on imagine que ça n'obtiendra pas des résultats
magiques tout seul. Si le propriétaire du Dollarama du coin de la rue met sur
la table une demi-heure de libération par semaine pour faire de la prévention
de santé et sécurité, quel est le véritable rapport de force d'un endroit non
syndiqué pour aller chercher plus que ça? On s'imagine que ce n'est pas facile.
En plus, en étant aussi limités dans ces
heures de libération pour faire la prévention, on imagine qu'ils vont se
concentrer surtout sur les risques physiques, sur le fait de ne pas piler sur
des fils électriques, par exemple, comme on est en train d'éviter de le faire
en ce moment parce qu'il y a de la bonne prévention. Mais tous les risques
psychosociaux, les risques psychologiques, la santé mentale, la nouvelle
obligation de prévention en matière de violence conjugale, comment ils vont
appliquer ça avec une demi-heure par semaine, les petits endroits précaires non
syndiqués? On se le demande.
Dans les endroits syndiqués, eux, qui ont,
on pourrait imaginer, qui ont un certain rapport de force, bien, le fait
d'introduire l'obligation de négocier ce nombre d'heures de libération là sur
chaque milieu de travail, qu'est-ce que ça va amener, concrètement? Ça va
amener que la prévention de la santé et sécurité va devenir un élément de négociation
comme un autre, comme les salaires, comme les fonds de pension, comme les
assurances, alors que la prévention, ça devrait être obligatoire, ça devrait
être non négociable, non monnayable.
Et, un fou dans une poche, les patrons,
qu'est-ce qu'ils vont faire? Bien, maintenant qu'ils n'ont plus de minimum,
bien, ils vont mettre sur la table des réductions du nombre d'heures de
libération puis ils vont dire : Bien, si tu veux garder ton même nombre
d'heures que tu avais avant, bien, peut-être que tu devrais baisser ta demande
de salaire, ta demande d'assurance, etc. Bon, vous comprenez le jeu qui se
passe. Et nous, on considère que c'est un énorme recul. On le dénonce, et là il
y a un sérieux, sérieux examen de conscience que le ministre doit faire.
On a commencé l'étude détaillée, là, la
semaine dernière, avec des articles un peu plus simples, mais là, si le ministre
veut que sa réforme fonctionne, si le ministre veut qu'il y ait une adhésion à
sa réforme, il faut vraiment qu'il change de cap parce que, là, ça fait deux
lapins qu'il nous sort de son chapeau. Pâques s'en vient, peut-être que le
troisième lapin qu'il va nous sortir pourrait être en chocolat, cette fois-ci,
qui soit digestible, qui soit plus agréable. Mais, pour prendre une autre
analogie, là, il a déjà deux prises, il ne peut pas se permettre une troisième.
Si on veut avoir une vraie réforme qui a l'adhésion de la population, notamment
l'adhésion des travailleurs et des travailleuses, il faut que, cette fois-ci,
la troisième soit la bonne.
Moi, je l'invite à retourner à la table à
dessin et nous amener une troisième mouture en matière de prévention pour qu'on
puisse vraiment, mais vraiment prévenir les risques de santé et sécurité au
Québec. Merci beaucoup.
M. Zanetti : Bonjour. Alors,
ce matin, moi, je vais réagir à la question des listes d'attente à la DPJ. On a
une situation qui est catastrophique et qu'on avait vu venir, pour laquelle on
avait averti le ministre il y a déjà longtemps. On lui avait dit : Il va y
avoir un problème si vous n'augmentez pas drastiquement les conditions de
travail des gens qui travaillent dans le réseau de la DPJ. Il va y avoir un
problème pourquoi? Bien, entre autres, parce qu'il va y avoir de la mobilité de
la main-d'oeuvre à l'intérieur des CISSS et des CIUSSS, étant donné que les DPJ
sont fusionnées dedans. Donc, qu'est-ce qui se passe? Là, on voit
qu'aujourd'hui il y a plus de 3 000 enfants qui attendent pour avoir soit
une évaluation ou encore un suivi, et ça, c'est catastrophique.
À l'époque, on avait demandé au ministre
Carmant : Mais qu'est-ce que vous allez faire? Augmenter les conditions de
travail? Comment allez-vous vous assurer que la main-d'oeuvre, qui travaille
dans des conditions extrêmement difficiles à la DPJ, ne quitte pas leur poste?
Il nous avait dit : On va mettre de l'argent, on va cadenasser l'argent
pour qu'il reste là, pour que les postes ne puissent pas partir de la DPJ. Mais
les gens quittent les postes pour aller ailleurs pareil. Si on n'augmente pas
les conditions de travail qui sont liées aux postes, vous avez beau cadenasser
les postes, mais les gens s'en vont. Et comment peut-on les blâmer? Ces gens-là
tiennent le réseau à bout de bras depuis si longtemps, en souffrant du fait qu'on
ne leur donne pas les moyens de faire leur travail, en étant surchargés.
Et là l'argent que M. Carmant a mis
de plus dans la DPJ, ce que nous apprend le terrain, les syndicats, c'est qu'il
a été mis principalement pour engager des gens pour les signalements, pour traiter
les signalements, pour descendre les listes, pour améliorer les chiffres, mais
qu'au niveau du traitement, au niveau des suivis, il n'y a pas d'amélioration.
C'est une intervention de façade qui a été faite. C'est pour sauver les
apparences. C'est pour améliorer les chiffres. Ce n'est pas pour améliorer le bien-être
des enfants.
Et là on a une situation critique. Il y a
des enfants qui sont en danger après un an de pandémie. On le voit parce que
les signalements augmentent avec le retour à l'école et il n'y a pas plus de
monde. Ce qu'on va faire ce matin, moi, je vais déposer une motion dans
laquelle on va demander au gouvernement d'investir drastiquement maintenant
pour améliorer tout de suite les conditions de travail des gens à la DPJ.
Tu sais, le problème est connu, O.K.? Il y
a eu la commission Laurent, mais, dès le début, tout le monde savait. Les
conditions de travail ne sont pas assez bonnes, les gens sont surchargés, ça
cause des problèmes. Et ça, c'est un problème sur lequel il pouvait déjà agir. Il
y a une négociation, en ce moment, du secteur public, et puis les gens de la
DPJ n'ont pas encore d'entente. Quel genre de signal est-ce que ça envoie? Quel
genre de signal est-ce qu'on... Est-ce qu'on peut s'étonner, après tant de mois
de négociation du secteur public puis qu'il n'y a pas d'entente, est-ce qu'on
peut s'étonner du fait que les gens quittent leur poste pour aller ailleurs? Tu
sais, c'était tellement prévisible. C'est tellement grossier comme négligence politique
qui a été faite.
Alors, on va déposer la motion aujourd'hui
pour que le gouvernement, sans attendre, augmente et améliore les conditions de
travail des gens à la DPJ et on espère sérieusement qu'ils vont l'accepter et
aller de l'avant avec ça. Merci.
Mme Labrie : Bonjour. Hier, on
a entendu la ministre Charest en conférence de presse et on a pu voir à quel
point il y a un problème, en ce moment, dans la gestion du dossier de la
violence conjugale quand elle a démontré sa méconnaissance d'où était rendu l'argent
qui avait été annoncé dans le budget de l'année dernière. Elle a laissé
entendre qu'il était arrivé presque partout, alors que, malheureusement, il n'est
pas arrivé presque partout au Québec, et on l'attend encore. Ça montre à quel
point le suivi est déficient actuellement sur ce dossier-là et à quel point on
a besoin de confier la mise en oeuvre des rapports, des recommandations, des
plans d'action à quelqu'un qui va relever du Conseil exécutif, comme le
propose, là, d'ailleurs, le rapport transpartisan.
C'est assez grave, ce qu'on constate, là,
dans les derniers jours, sur le dossier de la violence conjugale, des
féminicides parce que la CAQ fait carrément le contraire de ce qu'elle dit. Il
y a eu une motion mardi sur le financement des ressources pour les hommes qui
ont des comportements violents, qui veulent aller chercher de l'aide. Il y a
des listes d'attente énormes en ce moment. Là-dessus, juste dans ma région, par
exemple, l'organisme qui couvre le territoire de l'Estrie dit recevoir une
vingtaine d'appels par jour. La liste d'attente, c'est quatre mois. Quatre
mois, là, pour des hommes qui disent : Je pense que je dois travailler sur
moi, j'ai besoin d'aide, et qui ne réussissent pas à en avoir avant des mois,
c'est extrêmement problématique. Qu'est-ce que la CAQ a fait, malgré l'appel
lancé aux hommes pour aller chercher de l'aide? Mardi, la CAQ a voté contre un
financement supplémentaire pour les organismes qui viennent en aide aux hommes
en difficulté.
Le même jour, mardi, le premier ministre
lui-même a dit qu'il allait appliquer les 190 recommandations du rapport
transpartisan. Il l'a dit, ce sont ses mots. Le lendemain, une motion que j'ai
déposée, qui demandait de mettre en oeuvre deux de ces recommandations-là,
celles qui consistaient à instaurer un secrétariat relevant du Conseil exécutif
pour lui confier la mise en oeuvre du rapport, justement, ils ont voté contre.
C'est un désaveu majeur. Le premier ministre a trahi sa parole. Ce que ça nous
dit, c'est que ses mots ne valent rien, ses mots ne changent rien.
Et moi, en ce moment, là, je ne lui fais
plus confiance du tout et je lui demande de revenir sur l'erreur qu'il a
commise dans... les erreurs qu'il a commises dans les derniers jours en
refusant de s'engager à passer à l'action. Je lui demande de confier vraiment
le mandat à un secrétariat qui va relever du Conseil exécutif de mettre en
oeuvre les recommandations qui sont dans les rapports. À un moment donné, là,
ça va faire, de parler puis de ne rien faire. Ça va faire, de parler puis de
dire le contraire le lendemain.
Donc, moi, mon niveau de patience à cet
égard-là, il est dépassé depuis longtemps, et je n'accepterai plus de regarder
le premier ministre puis le gouvernement de la CAQ trahir sa parole jour après
jour sur ce dossier-là.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va prendre vos questions.
Mme Gamache (Valérie) : Mme
Labrie, justement, à ce propos-là, il y a eu quand même un gazouillis hier, un
peu controversé, provenant de votre parti, où on disait : «M. Legault,
vous laissez mourir des femmes.» Ça a été ensuite... Il y a votre cochef qui a
demandé à le retirer. Comment vous avez réagi quand vous avez vu ce tweet-là
apparaître?
Mme Labrie : Il a été retiré
parce que c'était une erreur. Par contre, moi, ce que je trouve important de
souligner, c'est que, là, on présente un budget, puis les fonds annoncés en
violence conjugale dans le budget de l'année dernière, il y a un peu plus d'un
an, ne sont pas rendus.
On parle d'un gouvernement qui se disait
le champion de l'efficacité. On parle d'un gouvernement qui dit que c'est
important pour lui de soutenir les victimes de violence conjugale et de lutter
contre ce fléau-là, et, plus d'un an plus tard, les organismes, en majorité,
n'ont pas reçu l'argent prévu dans le dernier budget. Il y a un problème. Il y
a un problème majeur. Puis la ministre de la Condition féminine ne sait même
pas que l'argent n'est pas rendu, en plus. Donc, moi, je trouve ça extrêmement
problématique.
Là, si c'était possible, s'il vous plaît,
l'argent était sur cinq ans, quand ils vont envoyer le chèque dans les
prochaines semaines, j'espère, peut-être qu'ils pourraient envoyer le chèque
pour les deux années en même temps parce que je ne peux pas croire qu'ils vont
aussi attendre pendant un an l'argent qui est prévu cette année.
Mme Gamache (Valérie) : Est-ce
que vous vous attendez, justement, à ce que ce soit bonifié, cette enveloppe-là
qui a été annoncée l'année passée?
Mme Labrie : Effectivement
qu'on s'attend que ce soit bonifié parce que, dès l'année dernière, on l'a
toujours dit, ces fonds-là, ils ne servaient qu'à consolider le réseau, ils ne
servaient pas à augmenter les services. Et la demande, elle est en augmentation
fulgurante. On a besoin d'investir davantage, pas juste pour consolider, mais
pour aussi offrir davantage de services, y compris davantage de places en
hébergement, mais aussi davantage de services pour les hommes qui vont chercher
de l'aide. Il faut être capable d'aller les rejoindre partout sur le territoire
du Québec. Il faut mettre en oeuvre des recommandations comme celle, par
exemple, d'instaurer une ligne de référence téléphonique 24/7 pour les
conjoints violents. C'est urgent, là. Ça ne suffira pas de se contenter de ce
qu'il y avait dans le budget de l'année dernière en violence conjugale.
Et ce qui m'inquiète beaucoup, c'est que,
dans les dernières semaines, on les a entendus se péter les bretelles avec cet
argent-là, comme quoi ils en avaient donc bien fait puis donc bien plus que les
gouvernements d'avant. Mais tout le monde sait que cet argent-là n'était même
pas suffisant pour consolider, tout le monde sait qu'on n'ajoute pas de
services avec cet argent-là et tout le monde sait qu'on a besoin d'une
augmentation de services parce qu'il y a une augmentation de la demande.
Donc, est-ce que je suis satisfaite de cet
argent-là, même si c'est plusieurs millions? Non. C'est certain que non. Tant
qu'il y aura des listes d'attente pour des gens qui demandent de l'aide, soit
pour changer leur comportement, soit pour se mettre en sécurité, je ne serai
pas satisfaite.
Mme Gamache (Valérie) : M. Leduc,
sur le p.l. n° 59, sur le niveau… vous êtes quand
même satisfait que le niveau de risque ait été aboli, que ça, le fait qu'on ait
enlevé ça, cette notion de faible, modéré, élevé… En fait, ce que j'ai de la
misère à comprendre, c'est qu'on a aussi enlevé les critères pour se qualifier
à ça. C'est-à-dire qu'on…
M. Leduc : Le nerf de la guerre,
là, dans la prévention, c'est les heures de libération pour le représentant à
la prévention pour qu'il puisse faire son travail d'inspection, vérifier et
faire sa tournée : Est-ce que tel fil est bien installé? Est-ce que tel
risque, on a bien fait l'évaluation? C'est ça, le nerf de la guerre. c'est de
l'argent, dans le fond, hein? C'est le patron qui libère de son travail
quelques heures par semaine un salarié pour faire ce travail-là. C'est comme
subventionné, en quelque sorte, par l'employeur. Puis ça…
Là, je fais un petit «crash course»
d'histoire, là, mais c'est parce qu'on a renoncé, historiquement, à poursuivre
notre employeur si on se blesse ou si on meurt au travail. Et, en renonçant à
ça… on a tout un volet de prévention qui est financé.
Tout ça pour vous dire que le risque
faible, moyen, élevé, moi, je lui ai dit, à Jean Boulet, quand je l'ai
appelé puis qu'il m'a dit : C'est beau, je vais revoir ça, les niveaux de
risque, j'ai dit : Jean… Bien, on se tutoie, bien sûr, en dehors du salon
bleu. J'ai dit : Jean, si tu fais juste ôter l'étiquette faible, moyen,
élevé, tu auras juste fait de la poudre aux yeux. Le vrai enjeu, c'est le
nombre d'heures de libération par semaine.
Le problème de faible, moyen et élevé, ce
n'était pas tellement faible, moyen et élevé, c'est… ce que ça donnait comme
heures de libération, c'était franchement ridicule. Quand je vous disais une
demi-heure par semaine, c'était entre autres ça, pour certains secteurs.
J'ai dit : Là, il a ôté les
étiquettes, bravo, mais il abolit toutes les normes. C'est comme si je vous
disais : Demain matin, j'abolis le salaire minimum puis je vais laisser
tous les milieux de travail discuter de comment ils pourraient vérifier quel
salaire serait le bon. Qu'est-ce que vous pensez qui va arriver? Dans les
secteurs où est-ce qu'il y a déjà un salaire minimum ou à peu près, bien, les
fous dans une poche, les patrons vont mettre un petit peu de pression à la
baisse. Puis, dans les secteurs où il y a déjà plus que le salaire minimum,
bien, ils vont dire : Ha, ha! Je n'ai plus de normes en dessous, bien, on
va pousser vers la baisse.
Alors, l'abolition des normes minimales, c'est
d'une absurdité sans nom dans un secteur qui ne devrait pas être négociable. Ça
ne devrait pas être quelque chose de négocié : Oui, tu veux... Tu mets les
normes. Si tu en veux plus, oui, tu le négocies. Puis il y a plein de conventions
collectives qui ont plus que ce qui est déjà prévu dans la loi, puis c'est
correct de le négocier puis, là, ça devient un enjeu. Mais qu'il y ait une base
puis que la base soit suffisamment élevée pour faire un travail de prévention
digne de ce sens... digne de ce nom.
Mme Chouinard (Valérie) :
J'aimerais entendre M. Zanetti sur le budget aujourd'hui, notamment les
listes d'épicerie des maires de Québec, de Lévis. On pense au tramway, on sait qu'il
y a déjà l'enveloppe de 3,3 milliards de dollars qui a été octroyée, peut-être
de l'argent de plus, là, pour la desserte des banlieues. Lévis, on a hâte de
voir le projet de tunnel commencer. À quoi vous vous attendez aujourd'hui?
M. Zanetti : Bien, nous, évidemment,
on s'attend à ce qu'il y ait de l'argent pour le transport en commun, c'est
sûr, pour le transport en commun dans les villes qui le souhaitent, qui ont des
projets puis qui attendent après le gouvernement pour aller de l'avant. On sait
que le financement des municipalités par l'impôt foncier, ce n'est pas
suffisant pour faire tous les investissements en infrastructure qui sont
nécessaires à l'heure de la transition écologique. C'est donc une responsabilité
du gouvernement.
En ce moment, tout ce qu'il fait, c'est de
faire ce qui avait été promis avant. Et on dirait qu'il y a eu... Il a essayé,
même, de s'en défaire dans les deux dernières années en faisant planter le
projet de tramway à Québec, entre autres.
Mais nous, on espère, évidemment, des investissements
massifs, des investissements plus grands que ça. Québec a besoin de plus que ce
qui est sur la table, c'est sûr, oui, pour la desserte des banlieues, oui, pour
du transport en commun, pour le tramway, c'est certain.
Et puis on ne serait vraiment pas déçus, par
contre, que le projet de troisième lien, les fonds qui soient alloués là soient
affectés à d'autres choses, comme, par exemple, le transport en commun, parce
que c'est un gros montant auquel on s'attend.
D'ailleurs, ça n'a jamais été dévoilé
encore. Les spéculations sont de... entre 3-4 à 6-8 milliards, environ.
J'espère qu'on va avoir des détails parce que M. Bonnardel, en début de
mandat, promettait une première pelletée de terre avant la prochaine élection.
Donc, je veux dire, normalement, si on n'a pas les chiffres aujourd'hui, c'est vraiment
un manque de transparence important ou le signal qu'ils ne sont vraiment pas
prêts, que ça va être reporté aux calendes grecques, ce qui serait une bonne
nouvelle, dans la mesure où on pourrait prendre cet argent-là pour le mettre là
où on en a vraiment besoin pour la décongestion des villes puis la fluidité de
la mobilité, c'est-à-dire dans le transport en commun.
Mme Gamache (Valérie) :
Si vous ne voyez pas, donc, dans le budget de signe clair pour le tramway, pour
vous, c'est clair, il faut que ça s'en aille directement... en fait, pour le troisième
lien, il faut que ça s'en aille directement au tramway. C'est l'équation que
vous faites?
M. Zanetti : Bien, dans
le transport en commun en général. Tu sais, je pense que l'argent qui va... que
le gouvernement doit être en train de planifier pour le troisième lien, c'est
des milliards dont on a beaucoup plus besoin en transport en commun à Québec,
dans d'autres villes aussi.
Pour le transport interrégional, nous
autres, à Québec solidaire, on propose que le transport interrégional soit une
responsabilité de l'État, qu'on arrête d'investir de façon absurde dans des
compagnies privées tout le temps qui ont besoin d'argent puis qui finissent par
pas desservir la Gaspésie comme il faut, par pas desservir toutes les régions
du Québec.
Alors, des idées d'investissement en
transport en commun, là, interrégional puis à l'intérieur des villes, il n'en
manque vraiment pas. Puis, si le gouvernement nous disait : L'argent qui
était supposé aller dans le troisième lien va aller là, évidemment que ce serait
une bonne nouvelle pour la planète, pour pour tous les gens qui, au Québec, ont
besoin de transport.
La Modératrice
: On va
prendre une dernière question.
Mme Chouinard (Valérie) :
La semaine dernière, votre collègue, Mme Dorion, disait, elle : Si le
projet du troisième lien était 100 % projet de transport structurant, on
est pour. Vous en êtes où, vous?
M. Zanetti : Bien, ce
serait le moins pire des scénarios. Évidemment, à partir du moment où on
déciderait de faire un troisième lien de transport en commun exclusif, il
faudrait qu'on évalue quel est le meilleur rapport coût-bénéfice. Tu sais,
est-ce que le meilleur rapport coût-bénéfice, c'est de creuser en dessous du
fleuve Saint-Laurent ou le meilleur rapport coût-bénéfice, c'est de faire un
tramway qui passe par les ponts, mais qui va partout à Lévis puis qui se rend
même jusqu'au cégep de Lévis-Lauzon? Là, il faut l'évaluer.
L'important, c'est que le lien entre
Québec, Lévis doit être de transport en commun. Sinon, qu'est-ce qu'on fait? On
va juste amener plus de voitures au centre-ville de Québec, augmenter la
congestion. Puis, selon les derniers tracés qu'on a vus, là, la congestion de
milliers de voitures supplémentaire, savez-vous où est-ce qu'elle arriverait?
Elle arriverait près du Stade Canac à Québec. Alors, c'est comme si les gens de
Lévis vont couper la file de tout le monde qui part des banlieues de Québec
pour aller, en auto, au centre-ville. Le matin, là, les gens de Saint-Émile
puis les gens, là, qui prennent la Laurentienne, là, ils ne trouveront pas ça
drôle, arriver puis finalement, là, passer 45 minutes de plus dans le
trafic parce qu'il y a 5 000 ou 6 000 Lévisiens qui passent
devant eux autres parce qu'ils débouchent du troisième lien juste au Stade
Canac. Tu sais, c'est ça, l'enjeu, là.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
Mme Chouinard (Valérie) :
...juste, si c'est possible, une réaction par rapport au rapport du BAPE sur le
projet GNL, particulièrement? Je ne sais pas si c'est...
Une voix
: Qui qui se
sent à l'aise?
M. Leduc : Oui?
Mme Chouinard (Valérie) :
Juste une réaction sur ce qui est arrivé au cours des dernières heures.
M. Leduc : Bien, comme ma
collègue... l'a dit hier, c'était un mauvais. C'est un projet du
XIXe siècle. Il serait temps, là, que le ministre mette le dernier clou
dans le cercueil de ce projet-là pour que ça aille aux poubelles, là, puis
qu'on passe à autre chose.
La Modératrice
:
Génial. Merci beaucoup.
M. Leduc : Merci.
(Fin à 8 h 42)