(Huit heures cinquante-quatre minutes)
Mme Massé : Bonjour, tout le
monde. Ce matin, je demande à M. François Legault, premier ministre du
Québec, de retirer M. Fitzgibbon de son Conseil des ministres. La saga
éthique de M. Fitzgibbon a assez duré. Ce ministre fait encore une fois
l'objet d'un manque d'éthique flagrant, et qui plus est, ne semble pas se
rappeler de discussions qu'il a eues avec la Commissaire à
l'éthique.
Le premier ministre me... nous disait hier
qu'il ne pouvait pas faire ça, M. Fitzgibbon était un atout. Un atout?
Mais qu'est-ce qu'il ne veut pas voir, le premier ministre du Québec, hein? Quel
aveuglement... qu'est-ce qui fait que les déboires de M. Fitzgibbon avec
la Commissaire à l'éthique, avec le code d'éthique, les
réprimandes, le blâme de la Commissaire à l'éthique... M. Fitzgibbon
nous a dit : White Star n'a pas de liens commerciaux avec le gouvernement
du Québec. La Commissaire à l'éthique nous dit :
Bien, non, il le savait depuis 2018, depuis décembre 2018. Bon, et j'en passe :
l'embauche de M. Leblanc, les circonstances, la politique de rémunération
à Investissement Québec. Bref, de grandes questions se posent, mais l'attitude
éthique ou non éthique, plutôt, de M. Fitzgibbon, est vraiment la question
fondamentale.
Et, ceci étant dit, si le premier ministre
ne veut pas encore aujourd'hui exclure M. Fitzgibbon de son Conseil des
ministres, bien, ça veut dire qu'il le cautionne, ça veut dire qu'il est
d'accord avec ses agissements, avec ses manquements. Puis ça, bien, ça pose un
problème. Actuellement, là, il me semble que toutes les énergies du premier
ministre devraient être mises à combattre la pandémie dans laquelle nous
sommes, pas à gérer des problèmes éthiques de son ministre puis à être obligé
de répondre de ça. C'est du temps inutilement perdu.
Alors, c'est pourquoi je ne demande pas à
M. Fitzgibbon de se retirer. Ça, ça fait des semaines qu'on lui demande. Je
demande au premier ministre qu'il retire M. Fitzgibbon de son Conseil des
ministres le temps qu'il aille faire le ménage dans ses affaires. Je pense que
c'est la moindre des choses que les Québécois et Québécoises s'attendent
puisque les priorités, actuellement, du gouvernement doivent absolument être de
gérer la pandémie et non pas de s'occuper de l'éthique de son ministre de
l'Économie.
M. Nadeau-Dubois : Merci, Manon.
Bonjour. Je vais aborder deux sujets avec vous ce matin : d'abord, réagir
aux annonces d'hier, puis ensuite vous parlez de ventilation, un sujet dont je
vous parle depuis le mois de novembre.
D'abord, ce matin, j'ai envie de vraiment
vous livrer le fond de ma pensée. Hier soir, les bras me sont tombés. Mardi,
mardi, mardi, le premier ministre, du haut de toute l'autorité morale qu'il a
accumulée depuis un an de crise historique, a dit aux Québécois et Québécoises
que ce n'était pas nécessaire d'ajouter des mesures. Depuis des semaines, il
dit aux Québécois, Québécoises que ça va bien, que le Québec résiste aux
variants puis que la troisième vague, on en est protégés. 28 heures plus tard,
28 heures plus tard, retournement spectaculaire et complet, il annonce des
mesures de confinement parmi les plus sévères en un an.
Ce qui m'inquiète le plus dans les
annonces d'hier, ce n'est pas les enjeux de communication politique de François
Legault, c'est l'effet que ça va avoir sur l'adhésion des Québécois et des
Québécoises aux mesures de la Santé publique. Comment les gens sont censés
suivre? Comment les gens sont censés comprendre? Comment les gens sont censés
adhérer aux mesures si le discours virevolte comme une feuille au vent? C'est
très grave. C'est très grave, ce qui s'est passé hier soir. Hier, ce que les
Québécois puis les Québécoises ont vu, ce n'est pas un gouvernement en
contrôle, c'est un gouvernement en retard.
On a appris ce matin… sur un autre sujet,
on a appris ce matin, dans un article publié du côté de Radio-Canada, on a
appris que Jean-François Roberge avait menti, qu'il avait menti aux parents, qu'il
avait menti aux familles, qu'il avait menti au public puis aux parlementaires
en disant que son fameux protocole de test de qualité de l'air était
approuvé par la Santé publique. Il me l'a dit personnellement, il l'a déclaré
au salon bleu. Ce matin, on apprend que c'est faux. Non seulement que c'est
faux, on apprend que la Santé publique était en désaccord avec sa méthodologie
broche à foin. Le chat sort du sac, donc. Ça vient confirmer les craintes de
tout ce qui se fait d'experts scientifiques au Québec. Ça confirme les craintes
des profs. Ça confirme les craintes de Québec solidaire.
Ce que Jean-François Roberge a fait, c'est
très grave. Il a instrumentalisé la Santé publique pour couvrir sa propre
négligence dans le dossier de la qualité de l'air dans les écoles. C'est une
erreur grave. Mais la bonne nouvelle, c'est qu'il peut corriger cette
erreur-là.
Ce matin, Québec solidaire va déposer une
motion pour exiger, comme on l'a fait en novembre dernier, que toutes les
classes du Québec soient dotées de détecteurs de CO2 pour qu'enfin
on mette fin au stérile débat de méthodologie et qu'on mesure dans chaque
classe du Québec si l'air que nos enfants respirent, il est dangereux ou pas. C'est
ma collègue Christine Labrie qui va déposer cette motion-là. Et, si François
Legault cherche une manière de corriger le dérapage de Jean-François Roberge,
il a une chose à faire, voter pour notre motion.
La Modératrice
:
...question, sous-question.
Mme Prince (Véronique) :
Est-ce que vous allez jusqu'à demander, vous aussi, la démission de
Jean-François Roberge? Le Parti libéral l'a demandée.
M. Nadeau-Dubois :
Jean-François Roberge, là, il peut démissionner s'il veut, il peut garder sa
job, il peut prendre la fin de semaine pour y penser ou une année sabbatique, moi,
ça ne me dérange pas. Ce que je veux, c'est que l'air que nos enfants respirent
ne leur donne pas la COVID. C'est tout ce qui compte ce matin.
M. Carabin (François) :
Sur les annonces d'hier, M. Nadeau-Dubois, qu'est-ce que vous anticipez
pour Montréal? Bon, les tendances ne sont pas aussi exponentielles à Montréal,
la Montérégie, à Laval. Reste qu'il y a eu des hausses importantes hier. Donc,
qu'est-ce que vous anticipez pour les prochains jours? Puis est-ce que le gouvernement
devrait prendre une décision d'ici la fin de la semaine, par exemple?
M. Nadeau-Dubois : Les
oppositions ne disposent pas des données de la Santé publique. C'est la raison
pour laquelle, depuis des mois, quand on nous demande qu'est-ce que le gouvernement
devrait ouvrir ou fermer, j'ai toujours fait preuve d'une grande prudence en
disant : Je n'ai pas ces données-là, je ne suis pas en mesure de jouer au
quart-arrière du lundi matin... ou du dimanche matin pour dire ce que le gouvernement
devrait ou aurait dû faire.
Ce que je sais, c'est que la situation est
très grave. Puis ce que je sais, c'est qu'en répétant pendant des semaines aux Québécois
et aux Québécoises que le Québec résistait aux variants et à la troisième vague
François Legault a créé un faux sentiment de sécurité. Il n'a pas le droit aujourd'hui
de s'étonner que les choses se détériorent.
La Modératrice
: Est-ce
qu'il y a d'autres questions en français?
M. Bergeron (Patrice) :
Sur M. Fitzgibbon. Vous avez entendu le premier ministre hier dire, grosso
modo, qu'il ne savait pas que M. Fitzgibbon avait des investissements, ou il
ne s'en rappelait pas, ou il ne le savait pas. Est-ce que cet aveu-là est
suffisant pour dire qu'on ne peut pas lui reprocher d'avoir rencontré quelqu'un
que son ministre… avec qui son ministre avait des liens financiers?
Mme Massé : Bien,
écoutez, je peux bien… oui, à ce moment-là, mais il me semble que, là, il le
sait depuis déjà quelques jours. Et, plus que ça, M. Fitzgibbon, lui,
sait. À tout le moins, la Commissaire à l'éthique nous dit
qu'il le sait depuis décembre 2018. Ça fait que, si M. Fitzgibbon le sait
puis il ne l'a pas dit, en plus, à son premier ministre, qu'il l'a peut-être
mis dans l'eau chaude une couple de temps avant, bien là, je me pose la
question : Jusqu'à quand M. Legault va protéger M. Fitzgibbon?
Parce que c'est de ça qu'on parle, là.
Aïe! ce n'est pas rien, là. L'Assemblée nationale a voté un blâme. Il est
encore ministre. Il a dit qu'il n'y avait pas de liens commerciaux entre
White Star et l'État du Québec. Il y a des liens commerciaux. C'est pour
ça. Moi, j'ai fini de m'adresser, de demander, d'implorer la bonne volonté de
M. Fitzgibbon de se retirer. Je dis au premier ministre : De garder à
côté de vous, tant qu'il n'aura pas fait son ménage, ce gars-là à côté de vous,
c'est votre crédibilité qui est en jeu, M. le premier ministre. C'est ça que je
dis.
M. Carabin (François) :
Est-ce que n'importe quel autre ministre de la CAQ aurait bénéficié du même
traitement, selon vous?
Mme Massé : Vous soulevez
une bonne question. Hier, j'étais avec les travailleurs, travailleuses des
services publics ici, devant le parlement, et certaines d'entre elles sont
arrivées à une forme de conclusion que je trouve intéressante. C'est de dire :
Pourquoi, nous, là, quand il est temps de nous donner des bonnes conditions de
travail, alors que nous, là, on s'occupe des aînés, des enfants, dans des
mauvaises conditions, pourquoi nous, on ne mérite pas d'avoir une politique de
rémunération variable comme Investissement Québec? Ça fait que les gens, là,
sur le terrain, là, ils voient bien qu'il y a quelque chose qui ne marche pas dans
cette affaire-là. Ils voient bien qu'il y a quelque chose qui ne marche pas. Ça
fait qu'il y a ça.
Puis l'autre élément que je ne peux pas
m'empêcher… Tu sais, encore là, il y a eu des femmes qui ont été tassées, dans
ce Conseil des ministres là, qui... à ma connaissance, ce n'était pas un enjeu
profond d'éthique, là, hein? Ça fait que oui, la question se pose.
Puis quand M. Legault dit que
M. Fitzgibbon est un atout, ça nous parle de quoi? On apprend, là, Investissement
Québec, on n'est pas capable... c'est de l'argent public, c'est notre argent, c'est
l'argent qui pourrait payer nos travailleuses qui risquent leur vie à tous les
jours en santé, on n'est pas capable d'avoir les données sur où c'est qu'Investissement
Québec met cet argent-là. Il y a de quoi choquer le monde, non?
M. Bossé (Olivier) :
M. Nadeau-Dubois, vous parliez de... vous craignez pour l'adhésion de la
population. Tu sais, on peut dire : Il aurait dû, il aurait dû. Mais à
partir d'aujourd'hui, on fait quoi?
M. Nadeau-Dubois : À partir d'aujourd'hui,
j'invite, comme je l'ai fait à chaque fois que je me suis présenté devant ce
podium en un an, j'invite les Québécois, les Québécoises, malgré le coup de
massue d'hier, à respecter les consignes sanitaires, à donner toute l'énergie
qu'il leur reste, malgré les incohérences du gouvernement, pour espérer qu'on
en finisse de cette pandémie-là.
Les gens sont épuisés. Les gens sont
tannés. L'effet yoyo, là, ce n'est pas juste un problème de coms, ça épuise les
gens. Les gens sont épuisés par la valse des confinements et des
reconfinements. Et ce que j'ai à dire aux Québécois et aux Québécoises ce
matin, c'est : Je comprends que vous êtes tannés, mais, malgré les erreurs
du gouvernement, il ne faut pas lâcher, il faut appliquer les mesures sans
tirer l'élastique, sans prendre de chance, sans penser que nous, l'exception
qu'on va faire, elle va être correcte. Il ne faut pas tomber là-dedans, il faut
continuer, il faut respecter l'ensemble des mesures.
La Modératrice
: Dernière
question en français.
M. Larin (Vincent) :
...M. Fitzigibbon, j'aurais juste aimé savoir, il nous a dit hier, donc,
que White Star n'était pas lié au gouvernement, il n'y avait pas de lien
financier. Ça se trouve que c'est faux. Il a dit que M. Legault savait
pour les liens entre lui et le P.D.G. de White Star au moment de le présenter.
M. Legault a dit que ce n'était pas vrai. Je veux dire, ça fait plusieurs
fois que M. Fitzgibbon dit des choses qui sont contredites pas longtemps
après. Est-ce que c'est des mensonges délibérés de sa part? Vous considérez que
c'est des mensonges?
Mme Massé : Écoutez, vous y
demanderez à lui, là.
M. Larin (Vincent) : ...
Mme Massé : Oui, bien, c'est
parce que moi, je ne suis pas dans sa tête. Mais il y a une chose qui est sûre,
pour moi, là... et c'est pourquoi que je prends le focus et je le mets sur le premier
ministre, de dire : Écoutez, M. le premier ministre, cet homme en qui vous
mettez votre confiance depuis deux ans, bien, regardez depuis... bien, depuis
deux ans et demi presque, regardez sa feuille de route. Et sa feuille de route
est composée d'un bras de fer avec la Commissaire à l'éthique,
qui est notre repère à tout le monde, là. Vous aussi, les journalistes, vous
avez un code d'éthique, de déontologie. Bien, nous aussi. La première chose
qu'on fait, quand on est élu comme député, l'Assemblée nationale nous présente
nos responsabilités, puis il y a le code d'éthique dedans. Bien, pourquoi ils
veulent changer le code d'éthique pour faire en sorte d'accueillir plus de
monde?
Je vous rappelle une chose importante, M.
Fitzgibbon, là, le fonds de White Star, là, dans lequel lui a des parts, là, il
est dans un paradis fiscal. Oui, ce n'est pas illégal. Ah! c'est vrai,
là-dessus, vous nous avez entendu souvent dire : Ce n'est pas illégal. Mais
on peut-u reconnaître qu'alors qu'il y a des femmes qui s'attendent à ce que
l'État québécois leur assure des bonnes conditions de travail, pas juste à peu
près, parce qu'il faut les garder à l'emploi, parce qu'il faut en attirer des
nouvelles, on a un manque... de pénurie, il y a des gens qui n'ont aucun
problème moral à mettre de l'argent, à investir de l'argent dans les paradis
fiscaux? Moi, ça me pose des problèmes, mais je les pose à M. le premier ministre.
M. Larin (Vincent) : Sur les
propos qu'il vient de dire publiquement qui sont contredits, comment vous voyez
ça?
Mme Massé : Bien, je trouve ça
profondément insultant. Je trouve ça profondément insultant. Quand on apprend
que la Commissaire à l'éthique nous dit : Non, non, depuis décembre 2018,
il sait qu'il a des liens commerciaux, on s'en est parlé, là, lui puis moi — bien,
je ne sais pas si c'est elle, là, mais je veux dire, le département — je
me dis : Ces mensonges-là, en bout de ligne, là, ça finit à s'additionner
puis, quand ça s'additionne, bien, ça finit à mettre de la crédibilité en
cause. Et moi, mon focus, je le mets sur le premier ministre parce qu'il le
sait aussi maintenant.
La Modératrice
: On va
devoir passer en anglais.
Mme Senay
(Cathy) : Mr. Nadeau-Dubois, the 28-hours
volte-face, stop chrono, there's a problem for you?
M. Nadeau-Dubois : No, I think, Quebeckers... How do we say
that? Quebeckers are tired of this pandemic and they are tired by this
inconsistency, chronic inconsistency in the governmental message. How are they supposed to follow, how are they supposed to adhere to
the measures of Public Health if the public discourse is changing like a leaf
in the wind, you know? How is it possible than, in 28 hours, we passed from :
It's O.K., to : We have to
close down three whole regions? How is this possible?
Mme Senay (Cathy) : What's next regarding this, for you, now
that it's done, three cities are in pause and four regions are in red zones?
What's next for you?
M. Nadeau-Dubois :
Last night, our collective effort to fight the pandemic suffered a severe blow,
and the responsibility of that lies into the hands of François Legault and his
Government. That being said, what can we do as citizens? Only one thing, there
is only one thing we can do. Whatever the mistakes of the Government, whatever
the mistakes of François Legault, we have to continue to respect the measures,
we have to continue to do our individual part to fight that pandemic. It's the
only reaction we can have and it's the best reaction we can have, to show that
Government that, even when they do mistakes, as a people we're stronger than
that and we're able to fight the virus together.
La Modératrice
:
Une dernière question.
M. Nadeau-Dubois :
Only if you want it.
M. Authier
(Philip)
: No, I do.
M. Nadeau-Dubois :
I was not imploring for a question.
M. Authier
(Philip)
: I thought Cathy had another one.
Mme Senay
(Cathy) : Well, I had but I'll leave you…
M. Authier
(Philip)
: Oh! OK. Dominique Anglade has called for the
resignation of Mr. Roberge over this ventilation thing and, you know, that
Public Health did not tell them. What's is your answer to that?
M. Nadeau-Dubois :
Mr. Roberge lied, he lied to the teachers, he lied to the parents, he lied
to the MNAs, saying that his protocol was approved by the Public Health
authorities. It was not true.
Now, does he have to
resign? You know, he can resign, he can stay, he can take the weekend to think
about it or even take a sabbatical year. Honestly, the only thing that matters
to me is that the children in our classrooms are safe and that the air they're
breathing does not give them COVID-19. It's the only thing that matters to me
this morning.
M. Authier
(Philip)
: But do you worry about his managing of the Ministry,
now, with…
M. Nadeau-Dubois :
What Mr. Roberge did is deeply disturbing. He instrumentalized
Public Health experts to justify his own negligence. That's a big mistake.
La Modératrice
:
Merci beaucoup.
(Fin à 9 h 15)