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Point de presse de Mme Dominique Anglade, cheffe de l’opposition officielle, et Mme Marie Montpetit, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé

Version finale

Le jeudi 1 avril 2021, 8 h 20

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures vingt-huit minutes)

Mme Anglade : Bonjour, tout le monde. Alors, effectivement, je suis accompagnée de Marie Montpetit ce matin.

La gestion de la pandémie par le premier ministre et son gouvernement a pris un tournant hier avec son annonce de reconfinement. Si les circonstances imposent de prendre des actions musclées pour endiguer le virus, rien n'excuse la gestion chaotique est les messages contradictoires que le gouvernement envoie dans la population et dans l'espace public. L'avion ne peut plus se construire en plein vol, et, en direct, aujourd'hui, on n'a ni pilote ni équipage. Les Québécois ne comprennent plus où le gouvernement s'en va.

Depuis notre retour à l'Assemblée nationale, on se questionne sur le niveau de préparation du premier ministre pour affronter la troisième vague de la même manière qu'on le faisait par rapport à la deuxième vague. Les voix s'accumulaient pour dire au premier ministre qu'on ne pourrait pas échapper à une troisième vague et questionnaient les mesures de déconfinement pendant que le nombre de variants et de cas augmentait.

Pour le premier ministre et le directeur de la Santé publique, tout était sous contrôle. Aucune raison de serrer la vis malgré les avis divergents. Nous avons fait confiance au gouvernement. Hier soir, c'est une volte-face, du discours plein d'espoir, nous sommes passés au pire des scénarios. Comment en sommes-nous arrivés là? Nous sommes à la troisième vague, et les Québécois n'ont pas l'information dont dispose le gouvernement et veulent savoir où le gouvernement s'en va. Le gouvernement doit mettre fin à cette ambiance d'improvisation qui n'a franchement plus sa place après un an de cette crise.

Dans son point de presse hier, le premier ministre était à réduire et à traiter le Collège des médecins de vulgaires gérants d'estrade. C'était assez sidérant. Hier, le premier ministre se comportait comme s'il était le seul à vraiment comprendre ce qui se passe et à posséder la vérité. Parce que le premier ministre a accès à des informations qu'il est le seul à avoir, il semblait dire à tous ceux qui ont émis des réserves, qui ont posé des questions, qu'ils étaient, en fait, impertinents et qu'ils ne peuvent pas comprendre, entre guillemets. Le premier ministre donnait l'impression d'un sentiment de supériorité et de condescendance qui était vraiment inopportun dans les circonstances. Du bon père de famille, le premier ministre est devenu paternaliste.

Nous allons quitter pour une semaine de circonscription. Et je crois que le temps, pour M. Legault, est venu de prendre un véritable pas de recul et de réévaluer la gestion de la pandémie. Le gouvernement ne semblait pas comprendre pourquoi l'adhésion de la population est en train de s'éroder. Je vais lui soumettre quelques hypothèses, peut-être le manque de transparence, le manque de cohérence, certainement les messages qui ont été contradictoires.

Si le gouvernement continue sur cette voie, il risque de perdre son lien de confiance avec la population. C'est véritablement un test de crédibilité important pour le premier ministre aujourd'hui. Et, en ce moment, le gouvernement donne l'impression d'être véritablement dépassé par les évènements. Je l'ai dit cette semaine, quand le gouvernement prend des mesures, on n'est pas certains à 100 % qu'elles vont être efficaces, mais personne ne demande ça. Les Québécois, ce qu'ils veulent avoir, c'est le véritable portrait de la situation, l'heure juste. C'est ça qu'ils veulent avoir.

Et, pour ce faire, le gouvernement n'a qu'à répondre avec ouverture et transparence à trois questions essentielles. La première : Où en est la crise? La seconde : Comment est-ce qu'elle va évoluer, avec quels scénarios, scénario pessimiste, scénario optimiste? Et que va faire le gouvernement concrètement? Il doit le faire, et de manière transparente. Il doit le faire avec de la cohérence, mais surtout il doit le faire aussi avec de la sympathie.

Le gouvernement est en train de jouer au yoyo avec le moral de la population. Hier soir, si vous vous êtes promenés un peu avant le couvre-feu, vous pouviez voir des restaurateurs qui étaient littéralement en larmes, parce que justement on n'a pas préparé la population aux annonces et on a véritablement joué avec leur moral en ne faisant pas cette préparation. Si le gouvernement se demandait encore si une enquête publique était nécessaire, je crois que l'annonce d'hier ne fait que le confirmer.

D'autre part, j'aimerais quand même faire un commentaire par rapport à ce qui se passe avec M. Jean-François Roberge. Radio-Canada nous a appris que le ministre a menti quant aux avis publics concernant les tests de CO2 dans les écoles. Je crois que le ministre vient réellement de signer sa lettre de démission et qu'il doit quitter ses fonctions, point.

Mme Côté (Claudie) : Mme Anglade, les experts le disaient quand même depuis plusieurs jours, voire semaines, là, que la situation était inquiétante. Est-ce que le gouvernement a eu une pensée magique ou il a tout simplement fait fi des recommandations? Est-ce qu'ils savaient et n'ont rien fait ou ils pensaient vraiment être capables de s'en sortir, selon vous?

Mme Anglade : Ça, c'est une réponse que vous devez leur poser. Par contre, ce que je vais vous dire, c'est qu'ils avaient l'obligation de préparer la population. On ne peut pas dire : On est en train de résister à la troisième vague…

Mme Côté (Claudie) :

Mme Anglade : Ce que je dis, c'est qu'ils n'ont préparé aucunement la population aux différents cas de figure. La responsabilité du gouvernement, là, c'est de dire la vérité à la population, c'est de nous dire : Il y a peut-être des risques de fermeture, voilà comment vous devez vous y préparer, il y a des variants, on est préoccupés, on n'est pas rendus à refaire un confinement, mais on est préoccupés. Il y a différents scénarios sur la table, et il doit amener la population à comprendre ce qui se passe.

Aujourd'hui, là, le problème, c'est qu'il y a des gens, là, ceux qui sont à Québec — nous, on est à Québec aujourd'hui, là — ils ont été sonnés. Ils ont été sonnés parce qu'on vient de… On leur a dit : Ah! 24 juin, à la fête nationale, tout le monde sera vacciné, puis, finalement, on est en train de résister, puis, finalement, ça va bien, on n'a pas besoin de réagir, tout est sous contrôle. Puis, du jour au lendemain, on envoie le message : Ah! attention, là, c'est vraiment la panique à bord, on est obligés de tout arrêter. C'est ça, le problème. Quand on parle de gérer des scénarios, ça veut dire amener la population à comprendre où on en est dans la crise, c'est quoi, les différentes options pour que les gens puissent se faire une tête puis décider comment ils veulent appréhender ça.

Mme Prince (Véronique) : Je voudrais revenir sur... En fait, vous demandez la démission du ministre Roberge. Le fait qu'il n'ait pas eu l'aval de la Santé publique pour la méthode de collecte, là, de la qualité de l'air, là, en fait, pour vous, c'est la goutte qui fait déborder le vase. C'est ça qu'on comprend?

Mme Anglade : Mais ce n'est pas qu'il n'ait pas eu l'aval, c'est qu'il nous ait dit qu'il l'ait eu. Là, on parle de quelqu'un qui n'a pas dit la vérité, qui a menti. C'est de ça dont on parle, là. Alors, quand on dit qu'on a besoin d'avoir les avis de la Santé publique, qu'ils soient rendus publics, c'est ce genre de chose là dont on parle, parce qu'il y a des décisions… C'est facile de dire : Ah! nous avons consulté la Santé publique, et tout est beau. Mais qu'est-ce qu'on constate aujourd'hui? On constate que non seulement il n'avait pas l'aval de la Santé publique, mais qu'il a dit des faussetés, il n'a pas dit la vérité, il a menti. C'est inacceptable.

M. Lacroix (Louis) : Qu'est-ce que M. Legault aurait dû faire hier, à votre avis, plutôt que de... parce que là, vous dites que c'est un peu de l'improvisation, puis qu'on n'a pas préparé les gens, qu'on joue au yoyo avec les gens. Qu'est-ce qu'il aurait dû annoncer, hier, M. Legault, à votre avis?

Mme Anglade : Je pense qu'en fait la question, c'est : Qu'est-ce qu'il aurait dû annoncer la semaine dernière? Je pense que ce qu'il aurait dû faire, c'est de dire : Voici les différents cas de figure puis voici où, peut-être, on va devoir s'en aller. Mettons-le en date d'aujourd'hui, M. Lacroix. Qu'est-ce que le gouvernement devrait faire aujourd'hui? Le gouvernement a mis des zones sur pause, a retourné des zones en rouge. C'est quoi, la suite logique? Qu'est-ce qui va se passer dans les prochaines semaines? Comment va évoluer la situation? Est-ce qu'on a un cas de figure positif, optimiste, où on sait que nos écoles vont rester ouvertes? Est-ce qu'on a un cas de figure où ça va être beaucoup plus dramatique? Mais qu'il le présente à la population, qu'il nous explique où en sont ses réflexions, les Québécois sont capables de comprendre.

Le problème, c'est qu'aujourd'hui, là, la population, elle ne comprend pas. On lui dit une chose et son contraire. Alors, c'est difficile, pour des parents, là, aujourd'hui, de se dire : Bien, je croyais que ça allait bien, je croyais qu'on allait tous être vaccinés le 24 juin, puis finalement on vient de fermer les écoles. C'est difficile pour un restaurateur qui a acheté 500 $ de crabe, là, ici, là, à Québec, puis on lui dit : Ah bien, finalement, tout ça, tu le mets aux vidanges, puis, rassure-toi, l'État va être là. Il faut qu'on puisse comprendre où s'en va le gouvernement, et là personne ne le sait.

Mme Prince (Véronique) : Il a donné une date, le 12 avril. De donner des dates comme ça, est-ce que c'est correct de le faire? Puis est-ce que, tout de suite, on devrait nous préparer que ça va peut-être être plus long que le 12 avril?

Mme Anglade : Absolument. Puis, donner des dates, on va attendre le 12 avril, puis, au 12 avril, on annonce quelque chose, ce n'est pas ça, préparer la population, parce qu'on a vu ce que ça a donné la dernière fois, de 28 jours en 28 jours, ça n'a pas donné les résultats escomptés, c'est de nous dire qu'est-ce qui va se passer dans les prochaines semaines : Voici les différents scénarios, voici ce qui pourrait se produire, et on va vous mettre à jour au fur et à mesure. Mais là, présentement, on fait comme si de rien n'était, puis, après ça, on annonce une mesure.

M. Lacroix (Louis) : Donc, la date du 12 avril, vous n'y croyez pas?

Mme Anglade : Écoutez, ce n'est même pas une question de croire ou pas. C'est une date qui a été prise, j'imagine… Je ne sais pas sur quelle base elle est prise, cette date-là. Puis on a vu ce que ça a donné, les dates, précédemment, on l'a vu. Dites-nous quels sont… comment la crise va se passer selon vos différents scénarios.

Puis les scénarios, j'aimerais vous dire, là, ce n'est pas d'aller voir les scénarios de l'INSPQ qui sont disponibles, là. Ce n'est pas ça qu'on demande au gouvernement. Il n'y a personne qui est dans son salon puis qui dit : Ah! je vais aller voir comment ça va se passer, la crise, je m'en vais sur le site de l'INSPQ pour voir les scénarios, personne qui ne se dit ça. Les gens, là, ce qu'ils veulent entendre, c'est leur premier ministre qui dit : Voilà comment… les différentes alternatives pour les écoles, les restaurateurs. Ne pensez pas que les gens dans les autres zones aujourd'hui ne se posent pas des questions par rapport à leurs propres zones. C'est sûr qu'ils se posent la question, c'est sûr.

M. Bergeron (Patrice) : …que le Québec résiste?

Mme Anglade : Pardon?

M. Bergeron (Patrice) : Fallait-il dire : Le Québec résiste, comme l'a dit le premier ministre?

Mme Anglade : Bien non, je ne pense pas. Je pense… Pardon?

M. Bergeron (Patrice) : Vous n'auriez pas dit ça non plus, là?

Mme Anglade : Bien, je veux dire, je ne pense pas que le Québec… On n'est pas une île. S'il y a une chose que la crise nous a montrée, c'est qu'on n'est pas une île. Le variant va rentrer ici comme il est rentré ailleurs. C'est la troisième vague que l'on connaît. Alors, de dire ça, ça envoie un message de confort à la population, comme quoi nous, au Québec, on va être capables de passer à travers mieux qu'ailleurs. Je rappelle qu'on a le pire bilan au pays.

M. Bergeron (Patrice) : Mais, vous rappelez-vous, le directeur de la Santé publique, la semaine dernière, quand il a envoyé ce message-là, il était assis à côté de lui, donc il cautionnait ce qu'il entendait. Et, encore hier, le directeur de la Santé publique nationale est assis à côté du premier ministre, il cautionne tout ce qu'il entend. Donc, la Santé publique avalise tout ce qui s'est passé dans les deux dernières semaines?

Mme Anglade : D'où l'importance d'avoir une enquête publique indépendante.

M. Lacroix (Louis) : Il faut se poser des questions aussi sur la… Pour faire suite à ce que dit Patrice, est-ce qu'il faut aussi se poser des questions sur la façon dont la Santé publique conseille le gouvernement? Parce que la Santé publique est là à chaque fois. M. Legault dit : Bien, nous autres, on se fie à ce que nous dit le Dr Arruda. Est-ce qu'il faut se poser des questions sur la façon dont les renseignements sont transmis par la Santé publique?

Mme Anglade : Mais, bien sûr, mais ces renseignements-là, on ne les connaît même pas, M. Lacroix. C'est ça aussi, l'enjeu depuis... Mais on revient toujours à la même question. On revient toujours à la même question. Vous pouvez questionner la Santé publique, mais on a un premier ministre qui prend les décisions. C'est lui qui prend les décisions. C'est lui qui sait comment il prend ses décisions. Alors, les renseignements qui sont communiqués au premier ministre par la Santé publique, moi, je ne les connais pas. Je vois très peu d'avis publics, et on n'a pas cette information-là, d'où l'enjeu de transparence, d'où l'enjeu de confiance aussi.

M. Lacroix (Louis) : ...l'aspect politique de votre sortie ce matin, parce que c'est la première fois depuis longtemps qu'on vous entend être aussi vindicative à l'égard de M. Legault et de son administration de la pandémie, est-ce qu'il n'y a pas un danger d'accroître, comment dire, la désaffiliation de la population à l'égard des annonces du gouvernement en faisant une sortie comme celle-là?

Mme Anglade : Je ne crois pas du tout, en fait. Je crois que jamais vous n'allez m'entendre dire que je ne veux pas qu'on respecte les règles sanitaires. Au contraire, on va renforcer le message autant comme autant par rapport à toutes les règles sanitaires. Par contre, ce que je dis, c'est que je comprends le fait qu'il y ait des gens qui soient surpris aujourd'hui, après qu'il y ait eu des messages... Parce que c'est le premier ministre lui-même hier qui a parlé du problème d'adhésion de la population. Pourquoi vous pensez qu'il y a un problème d'adhésion? Je soumets un certain nombre d'hypothèses par rapport à ça. La première, c'est dans les communications. On a été positifs, positifs, positifs, puis, d'un coup, on est négatifs.

M. Lacroix (Louis) : Vous croyez que votre sortie d'aujourd'hui va aider à l'adhésion aux mesures?

Mme Anglade : Moi, ce que j'espère, c'est que la sortie d'aujourd'hui va nous permettre d'avoir une visibilité sur ce qui s'en vient. C'est ça qui est important. Ce qui est important présentement, c'est que les gens comprennent, comprennent comment les décisions sont prises puis comprennent ce qui s'en vient, ce n'est pas... La sortie d'aujourd'hui, là, a pour but de faire en sorte que les gens... que le gouvernement, au premier chef, là, se dise : O.K., là, on a des enjeux en termes de communication dans les messages contradictoires qu'on a lancés. Il faudrait peut-être prendre le pas de recul nécessaire pendant la semaine de relâche puis revoir la manière dont on fonctionne pour nous assurer que tout le monde suivent bien les communications qu'on est en train d'envoyer.

M. Carabin (François) : ...là-dessus, Mme Anglade, pourquoi cette sortie aujourd'hui? Est-ce que l'annonce d'hier est la goutte qui fait déborder le vase ou bien il y a quelque chose qui vous a piquée hier, là, dans l'annonce du gouvernement?

Mme Anglade : Bien, écoutez, dans l'annonce du gouvernement hier... On vient d'apprendre d'un coup, alors qu'il y a plusieurs... Il y avait plusieurs signes avant-coureurs. J'étais ici, devant vous, la semaine dernière. J'étais ici, devant vous, et je vous ai dit : Ce qu'on aimerait entendre de la part du gouvernement, c'est qu'est-ce qui va se passer par rapport à la troisième vague, quels sont les différents scénarios. On a besoin d'informer la population. Je suis venue devant vous pour vous poser ces questions-là. On n'a jamais eu de réponse. On nous a dit : Ça va bien, tout est sous contrôle, on résiste à la troisième vague, on est prêts, il n'y a pas d'enjeu. C'est ça qu'on nous a dit, là.

Hier, on nous annonce que, finalement, on a de grands enjeux, puis il y a des variants partout, et qu'on est obligés de mettre des zones en pause et de retourner des zones orange dans des zones rouges. On a encore plusieurs semaines devant nous, là. Ce que je demande au gouvernement, c'est de nous dire les cas de figure, qu'ils soient positifs, qu'ils soient négatifs. On a besoin que la population comprenne pour qu'on puisse avoir cette adhésion-là.

M. Lacroix (Louis) : La raison pourquoi cette question-là… c'est que vous dites, d'une part : Jamais vous n'allez m'entendre dire à la population de ne pas respecter les mesures sanitaires. Mais en même temps le message que vous envoyez aujourd'hui, c'est de dire que le gouvernement fait n'importe quoi, que c'est de l'improvisation pure et simple, puis on ne sait pas où on s'en va, puis que les mesures qu'on prend, on ne sait pas trop pourquoi on les prend. Moi, là, si je suis dans la population puis, déjà, j'ai un petit scepticisme sur les mesures, le message que vous envoyez, c'est de dire : Bien, écoutez, même la cheffe de l'opposition dit que ça n'a pas de bon sens, ce qu'ils font, alors moi, je…

Mme Anglade : Alors, ce n'est pas seulement…

M. Lacroix (Louis) : Quel message que ça envoie?

Mme Anglade : Dans ce que je dis, M. Lacroix, jamais que je ne suis en train de remettre en cause… Je ne vous ai absolument pas dit, par exemple, qu'il ne fallait pas suivre les règles. La décision a été prise hier…

M. Lacroix (Louis) : Vous dites : Toutes les décisions qu'ils ont prises depuis quelque temps, c'est n'importe quoi.

Mme Anglade : Je dis que les décisions qu'ils ont prises, ils n'ont pas préparé la population… ils n'ont pas préparé la population aux décisions qu'ils ont prises, et que la responsabilité du gouvernement, c'est de préparer la population, ce n'est pas… Hier… une décision, parce qu'ils voient des chiffres puis ils disent : On n'a pas le choix, il faut qu'on réagisse, puis il faut qu'on soit fermes, puis il faut qu'on prenne les décisions. Ça, je le conçois. Je le conçois très bien, qu'ils soient obligés de prendre ces décisions-là.

Mais comment se fait-il que ce soit hier et pas il y a une semaine où on n'a pas commencé à dire : On voit des signes qui sont peu encourageants, on voit la sortie du Collège des médecins, on voit la sortie de l'Ordre des infirmières, on voit la sortie des experts, peut-être qu'on devrait commencer à dire : Attention, on va recommencer aussi à envoyer un message à la population que tout n'est pas rose et que ce n'est pas vrai que tout le monde, on va… tout va être réglé le 24 juin? Je pense que c'est dans les communications… L'adhésion est l'enjeu, mais les communications font en sorte que la population adhère ou n'adhère pas également.

Mme Côté (Claudie) : …avec le secteur public, bon, jamais deux sans trois, visiblement, ça ne fait pas du tout l'affaire des syndicats, ce qui a été déposé hier. Il y a même des journées de grève qui ont été annoncées. La CSQ, le 14 avril… Ça augure mal, là, pour les négos.

Mme Anglade : Écoutez, comme je l'ai dit par le passé, nous, on veut que ça se règle le plus rapidement possible en prenant en considération qu'on sait qu'il y a des enjeux importants, des pénuries de main-d'oeuvre. Il faut qu'on soit capables de régler un certain nombre de choses à l'intérieur de ces négociations-là. Mais on souhaite que, de part et d'autre, on puisse régler la situation le plus rapidement possible.

Mme Côté (Claudie) : …au maximum de sa capacité de payer avec la dernière offre?

Mme Anglade : Ils sont en négociation présentement. Donc, c'est au gouvernement à répondre à ces questions-là.

M. Carabin (François) : Je veux juste revenir rapidement, Mme Anglade, sur la décision d'hier. M. Legault a tenté de calmer le jeu pour Montréal. Qu'est-ce que vous anticipez, vous, pour la grande région métropolitaine?

Mme Anglade : Bien, c'est un exemple patent puis ça répond peut-être à la question de M. Lacroix, d'ailleurs, en même temps. C'est sûr que les gens vont se poser la question : Qu'est-ce qui va se passer pour Montréal, qu'est-ce qui va se passer pour les autres régions qui ne sont pas encore touchées, qu'est-ce qui va se passer à Laval, en Montérégie, en Estrie? Les gens vont se poser cette question-là.

Ce qu'on demande au gouvernement, c'est de nous dire, dans les prochaines semaines, comment il voit les choses évoluer, quels pourraient être les scénarios, que les gens se préparent mentalement à savoir ce qui pourrait arriver, pas que, du jour au lendemain, on nous dise une chose… Le fait qu'on nous dise une chose du jour au lendemain, quand on est au début de la crise, en 2020, puis qu'on n'a pas le choix, puis que le virus a frappé, ça se comprend. Ça fait un an qu'on est dans cette crise-là. Ça fait un an qu'on sait et qu'on regarde ce qui se passe en Europe puis qu'on sait que, tranquillement, ça s'en vient chez nous. On est capables de faire un travail en amont pour préparer les gens.

La Modératrice : On va passer en anglais.

Mme Senay (Cathy) : Ms. Anglade, I understand, from what you're saying… is that, for you, the «volte-face» yesterday, 28 hours after the previous press conference, this is…

Mme Anglade : Well, so, first of all, there is the decision that was made, and there is how the decision was made. The point that we're looking at right now is you need to make sure that people understand where you're headed. Communications are going in different directions. We feel that some days the Premier is very positive and optimistic, he says, you know, everything is under control, and then, all of the sudden, no, it's a catastrophe, we need to shut down. So what we're saying is he needs to prepare the population to manage the different scenarios. We've been saying this all along. You need to tell us where you're headed. You need to tell us what are the different scenarios and you need to prepare the population. That's his responsibility.

Mme Senay (Cathy) : And you feel that, yesterday, that was too sudden, it sends like a weird message to the population?

Mme Anglade : Well, the day before, he came out and he said: Nothing is happening. One day after, we're shutting down in three cities in particular and then we're moving zones, orange zones into red zones. So, yes, it is sudden. Like, if you talk to anybody, like, again, go to a restaurant here, in Québec City, you have people, like, crying because they didn't see it coming. So that's why I was saying that playing with the yo-yo with the morale of the people in Québec, that's what the Government is doing right now, and they need to think about the way they communicate with the population.

Mme Senay (Cathy) : …Easter coming, the long weekend should be like…

Mme Anglade : Absolutely, absolutely, we should be looking at what's coming. The other regions are asking themselves the same question today. If you are in Lac-Saint-Jean today, if you are in Abitibi today, if you are in Montréal today, you're asking yourselves the question: What's next? We're asking the Government to tell us what's next.

Mme Fletcher (Raquel) : That actually leads right into my question, because M. Dubé said something very interesting yesterday, he said : These cases, they are very contagious, and it can change like that. So, if this is the way… for Québec, Gatineau and Lévis, that means next week… in Montréal or another city. Are you concerned about that?

Mme Anglade : I'm just saying that, because it is the way it is, they should be preparing the population for the different scenarios that could come up. If it's going to change in three days, let's make sure that everybody is ready to hear what's coming and what is the plan. What is the plan? You can't be overly optimistic and then, all of a sudden, shutting everything down. So you have to be able to tell people : These are the different scenarios for schools, these are the different scenarios for companies, and commerce, and businesses, and we're going to be following the situation, we understand that we don't have all the answers, but, at least, we can tell you that this is the range of things that could happen right now and we're managing it closely. That's what I'm expecting from the Government.

Mme Fletcher (Raquel) : Are you concerned that they won't… and instead they will announce other changes…

Mme Anglade : I'm concerned that they won't do this because they haven't done this in the past. I'm asking them to do this.

Mme Fletcher (Raquel) : …step down?

Mme Anglade : Yes. We said that Minister Roberge should step down. Why? Because, obviously, he lied. He told us that he had the support of the Public Health officials, and it wasn't true. It wasn't true. And this ties back to the necessity of having an independent public inquiry. We need to understand how those decisions are made.

M. Authier (Philip) : Are you shocked that the Public Health never said that… Does that shock you?

Mme Anglade : You mean, regarding Mr. Roberge?

M. Authier (Philip) : Yes.

Mme Anglade : It is shocking. It is absolutely shocking. Not only he said that he had the approval of Public Health, but it's mind-boggling that somebody would do this. It's almost like they're using Public Health in order to support their decisions when they know it's not true. He knew it wasn't true when he said that. He knew that. I mean, I can't say it any other way.

Mme Senay (Cathy) : I mean, it's a lie, for you, that cannot go… like, that has to stop. That is a clear signal that the Education Minister is not at the right place at the right time.

Mme Anglade : Absolutely. We've been saying that there were a number of issues. It's not like it was a perfect ride in the last year in terms of education, but this tops it all off. This tops it all off. He says that he has the support of public… and you have Public Health saying : Well, we never said that, we never gave our approval. What is it if it's not lying?

M. Authier (Philip) : So he should step down?

Mme Anglade : He should step down.

La Modératrice : Merci beaucoup.

Mme Anglade : Merci beaucoup, tout le monde. Bonne journée.

(Fin à 8 h 51)

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