(Huit heures vingt-huit minutes)
Mme Anglade : Bonjour, tout
le monde. Alors, effectivement, je suis accompagnée de Marie Montpetit ce
matin.
La gestion de la pandémie par le premier
ministre et son gouvernement a pris un tournant hier avec son annonce de
reconfinement. Si les circonstances imposent de prendre des actions musclées
pour endiguer le virus, rien n'excuse la gestion chaotique est les messages
contradictoires que le gouvernement envoie dans la population et dans l'espace
public. L'avion ne peut plus se construire en plein vol, et, en direct, aujourd'hui,
on n'a ni pilote ni équipage. Les Québécois ne comprennent plus où le gouvernement
s'en va.
Depuis notre retour à l'Assemblée
nationale, on se questionne sur le niveau de préparation du premier ministre
pour affronter la troisième vague de la même manière qu'on le faisait par
rapport à la deuxième vague. Les voix s'accumulaient pour dire au premier ministre
qu'on ne pourrait pas échapper à une troisième vague et questionnaient les
mesures de déconfinement pendant que le nombre de variants et de cas
augmentait.
Pour le premier ministre et le directeur
de la Santé publique, tout était sous contrôle. Aucune raison de serrer la
vis malgré les avis divergents. Nous avons fait confiance au gouvernement. Hier
soir, c'est une volte-face, du discours plein d'espoir, nous sommes passés au
pire des scénarios. Comment en sommes-nous arrivés là? Nous sommes à la troisième
vague, et les Québécois n'ont pas l'information dont dispose le gouvernement et
veulent savoir où le gouvernement s'en va. Le gouvernement doit mettre fin à
cette ambiance d'improvisation qui n'a franchement plus sa place après un an de
cette crise.
Dans son point de presse hier, le premier
ministre était à réduire et à traiter le Collège des médecins de vulgaires
gérants d'estrade. C'était assez sidérant. Hier, le premier ministre se
comportait comme s'il était le seul à vraiment comprendre ce qui se passe et à
posséder la vérité. Parce que le premier ministre a accès à des informations qu'il
est le seul à avoir, il semblait dire à tous ceux qui ont émis des réserves,
qui ont posé des questions, qu'ils étaient, en fait, impertinents et qu'ils ne
peuvent pas comprendre, entre guillemets. Le premier ministre donnait
l'impression d'un sentiment de supériorité et de condescendance qui était
vraiment inopportun dans les circonstances. Du bon père de famille, le premier
ministre est devenu paternaliste.
Nous allons quitter pour une semaine de
circonscription. Et je crois que le temps, pour M. Legault, est venu de
prendre un véritable pas de recul et de réévaluer la gestion de la pandémie. Le
gouvernement ne semblait pas comprendre pourquoi l'adhésion de la population
est en train de s'éroder. Je vais lui soumettre quelques hypothèses, peut-être
le manque de transparence, le manque de cohérence, certainement les messages
qui ont été contradictoires.
Si le gouvernement continue sur cette voie,
il risque de perdre son lien de confiance avec la population. C'est
véritablement un test de crédibilité important pour le premier ministre aujourd'hui.
Et, en ce moment, le gouvernement donne l'impression d'être véritablement
dépassé par les évènements. Je l'ai dit cette semaine, quand le gouvernement
prend des mesures, on n'est pas certains à 100 % qu'elles vont être
efficaces, mais personne ne demande ça. Les Québécois, ce qu'ils veulent avoir,
c'est le véritable portrait de la situation, l'heure juste. C'est ça qu'ils
veulent avoir.
Et, pour ce faire, le gouvernement n'a
qu'à répondre avec ouverture et transparence à trois questions essentielles. La
première : Où en est la crise? La seconde : Comment est-ce qu'elle va
évoluer, avec quels scénarios, scénario pessimiste, scénario optimiste? Et que
va faire le gouvernement concrètement? Il doit le faire, et de manière
transparente. Il doit le faire avec de la cohérence, mais surtout il doit le
faire aussi avec de la sympathie.
Le gouvernement est en train de jouer au
yoyo avec le moral de la population. Hier soir, si vous vous êtes promenés un
peu avant le couvre-feu, vous pouviez voir des restaurateurs qui étaient
littéralement en larmes, parce que justement on n'a pas préparé la population
aux annonces et on a véritablement joué avec leur moral en ne faisant pas cette
préparation. Si le gouvernement se demandait encore si une enquête publique
était nécessaire, je crois que l'annonce d'hier ne fait que le confirmer.
D'autre part, j'aimerais quand même faire
un commentaire par rapport à ce qui se passe avec M. Jean-François Roberge.
Radio-Canada nous a appris que le ministre a menti quant aux avis publics
concernant les tests de CO2 dans les écoles. Je crois que le
ministre vient réellement de signer sa lettre de démission et qu'il doit
quitter ses fonctions, point.
Mme Côté (Claudie) :
Mme Anglade, les experts le disaient quand même depuis plusieurs jours,
voire semaines, là, que la situation était inquiétante. Est-ce que le
gouvernement a eu une pensée magique ou il a tout simplement fait fi des
recommandations? Est-ce qu'ils savaient et n'ont rien fait ou ils pensaient
vraiment être capables de s'en sortir, selon vous?
Mme Anglade : Ça, c'est
une réponse que vous devez leur poser. Par contre, ce que je vais vous dire,
c'est qu'ils avaient l'obligation de préparer la population. On ne peut pas
dire : On est en train de résister à la troisième vague…
Mme Côté (Claudie) : …
Mme Anglade : Ce que je
dis, c'est qu'ils n'ont préparé aucunement la population aux différents cas de
figure. La responsabilité du gouvernement, là, c'est de dire la vérité à la
population, c'est de nous dire : Il y a peut-être des risques de
fermeture, voilà comment vous devez vous y préparer, il y a des variants, on
est préoccupés, on n'est pas rendus à refaire un confinement, mais on est
préoccupés. Il y a différents scénarios sur la table, et il doit amener la population
à comprendre ce qui se passe.
Aujourd'hui, là, le problème, c'est qu'il
y a des gens, là, ceux qui sont à Québec — nous, on est à Québec aujourd'hui,
là — ils ont été sonnés. Ils ont été sonnés parce qu'on vient de… On
leur a dit : Ah! 24 juin, à la fête nationale, tout le monde sera
vacciné, puis, finalement, on est en train de résister, puis, finalement, ça va
bien, on n'a pas besoin de réagir, tout est sous contrôle. Puis, du jour au
lendemain, on envoie le message : Ah! attention, là, c'est vraiment la
panique à bord, on est obligés de tout arrêter. C'est ça, le problème. Quand on
parle de gérer des scénarios, ça veut dire amener la population à comprendre où
on en est dans la crise, c'est quoi, les différentes options pour que les gens
puissent se faire une tête puis décider comment ils veulent appréhender ça.
Mme Prince (Véronique) : Je
voudrais revenir sur... En fait, vous demandez la démission du ministre
Roberge. Le fait qu'il n'ait pas eu l'aval de la Santé publique pour la méthode
de collecte, là, de la qualité de l'air, là, en fait, pour vous, c'est la
goutte qui fait déborder le vase. C'est ça qu'on comprend?
Mme Anglade : Mais ce n'est
pas qu'il n'ait pas eu l'aval, c'est qu'il nous ait dit qu'il l'ait eu. Là, on
parle de quelqu'un qui n'a pas dit la vérité, qui a menti. C'est de ça dont on
parle, là. Alors, quand on dit qu'on a besoin d'avoir les avis de la Santé
publique, qu'ils soient rendus publics, c'est ce genre de chose là dont on
parle, parce qu'il y a des décisions… C'est facile de dire : Ah! nous
avons consulté la Santé publique, et tout est beau. Mais qu'est-ce qu'on
constate aujourd'hui? On constate que non seulement il n'avait pas l'aval de la
Santé publique, mais qu'il a dit des faussetés, il n'a pas dit la vérité, il a
menti. C'est inacceptable.
M. Lacroix (Louis) : Qu'est-ce
que M. Legault aurait dû faire hier, à votre avis, plutôt que de... parce
que là, vous dites que c'est un peu de l'improvisation, puis qu'on n'a pas
préparé les gens, qu'on joue au yoyo avec les gens. Qu'est-ce qu'il aurait dû
annoncer, hier, M. Legault, à votre avis?
Mme Anglade : Je pense qu'en
fait la question, c'est : Qu'est-ce qu'il aurait dû annoncer la semaine dernière?
Je pense que ce qu'il aurait dû faire, c'est de dire : Voici les
différents cas de figure puis voici où, peut-être, on va devoir s'en aller.
Mettons-le en date d'aujourd'hui, M. Lacroix. Qu'est-ce que le gouvernement
devrait faire aujourd'hui? Le gouvernement a mis des zones sur pause, a
retourné des zones en rouge. C'est quoi, la suite logique? Qu'est-ce qui va se
passer dans les prochaines semaines? Comment va évoluer la situation? Est-ce
qu'on a un cas de figure positif, optimiste, où on sait que nos écoles vont
rester ouvertes? Est-ce qu'on a un cas de figure où ça va être beaucoup plus
dramatique? Mais qu'il le présente à la population, qu'il nous explique où en
sont ses réflexions, les Québécois sont capables de comprendre.
Le problème, c'est qu'aujourd'hui, là, la
population, elle ne comprend pas. On lui dit une chose et son contraire. Alors,
c'est difficile, pour des parents, là, aujourd'hui, de se dire : Bien, je
croyais que ça allait bien, je croyais qu'on allait tous être vaccinés le
24 juin, puis finalement on vient de fermer les écoles. C'est difficile
pour un restaurateur qui a acheté 500 $ de crabe, là, ici, là, à Québec,
puis on lui dit : Ah bien, finalement, tout ça, tu le mets aux vidanges, puis,
rassure-toi, l'État va être là. Il faut qu'on puisse comprendre où s'en va le
gouvernement, et là personne ne le sait.
Mme Prince (Véronique) : Il a
donné une date, le 12 avril. De donner des dates comme ça, est-ce que c'est
correct de le faire? Puis est-ce que, tout de suite, on devrait nous préparer
que ça va peut-être être plus long que le 12 avril?
Mme Anglade : Absolument. Puis,
donner des dates, on va attendre le 12 avril, puis, au 12 avril, on
annonce quelque chose, ce n'est pas ça, préparer la population, parce qu'on a
vu ce que ça a donné la dernière fois, de 28 jours en 28 jours, ça n'a
pas donné les résultats escomptés, c'est de nous dire qu'est-ce qui va se
passer dans les prochaines semaines : Voici les différents scénarios,
voici ce qui pourrait se produire, et on va vous mettre à jour au fur et à
mesure. Mais là, présentement, on fait comme si de rien n'était, puis, après
ça, on annonce une mesure.
M. Lacroix (Louis) : Donc, la
date du 12 avril, vous n'y croyez pas?
Mme Anglade : Écoutez, ce n'est
même pas une question de croire ou pas. C'est une date qui a été prise, j'imagine…
Je ne sais pas sur quelle base elle est prise, cette date-là. Puis on a vu ce
que ça a donné, les dates, précédemment, on l'a vu. Dites-nous quels sont…
comment la crise va se passer selon vos différents scénarios.
Puis les scénarios, j'aimerais vous dire,
là, ce n'est pas d'aller voir les scénarios de l'INSPQ qui sont disponibles,
là. Ce n'est pas ça qu'on demande au gouvernement. Il n'y a personne qui est
dans son salon puis qui dit : Ah! je vais aller voir comment ça va se
passer, la crise, je m'en vais sur le site de l'INSPQ pour voir les scénarios,
personne qui ne se dit ça. Les gens, là, ce qu'ils veulent entendre, c'est leur
premier ministre qui dit : Voilà comment… les différentes alternatives
pour les écoles, les restaurateurs. Ne pensez pas que les gens dans les autres
zones aujourd'hui ne se posent pas des questions par rapport à leurs propres
zones. C'est sûr qu'ils se posent la question, c'est sûr.
M. Bergeron (Patrice) : …que
le Québec résiste?
Mme Anglade : Pardon?
M. Bergeron (Patrice) :
Fallait-il dire : Le Québec résiste, comme l'a dit le premier ministre?
Mme Anglade : Bien non, je ne
pense pas. Je pense… Pardon?
M. Bergeron (Patrice) : Vous
n'auriez pas dit ça non plus, là?
Mme Anglade : Bien, je veux
dire, je ne pense pas que le Québec… On n'est pas une île. S'il y a une chose
que la crise nous a montrée, c'est qu'on n'est pas une île. Le variant va
rentrer ici comme il est rentré ailleurs. C'est la troisième vague que l'on
connaît. Alors, de dire ça, ça envoie un message de confort à la population,
comme quoi nous, au Québec, on va être capables de passer à travers mieux qu'ailleurs.
Je rappelle qu'on a le pire bilan au pays.
M. Bergeron (Patrice) : Mais,
vous rappelez-vous, le directeur de la Santé publique, la semaine dernière,
quand il a envoyé ce message-là, il était assis à côté de lui, donc il
cautionnait ce qu'il entendait. Et, encore hier, le directeur de la Santé
publique nationale est assis à côté du premier ministre, il cautionne tout ce
qu'il entend. Donc, la Santé publique avalise tout ce qui s'est passé dans les
deux dernières semaines?
Mme Anglade : D'où l'importance
d'avoir une enquête publique indépendante.
M. Lacroix (Louis) : Il faut
se poser des questions aussi sur la… Pour faire suite à ce que dit Patrice,
est-ce qu'il faut aussi se poser des questions sur la façon dont la Santé
publique conseille le gouvernement? Parce que la Santé publique est là à chaque
fois. M. Legault dit : Bien, nous autres, on se fie à ce que nous dit
le Dr Arruda. Est-ce qu'il faut se poser des questions sur la façon dont les
renseignements sont transmis par la Santé publique?
Mme Anglade : Mais, bien sûr,
mais ces renseignements-là, on ne les connaît même pas, M. Lacroix. C'est ça
aussi, l'enjeu depuis... Mais on revient toujours à la même question. On
revient toujours à la même question. Vous pouvez questionner la Santé publique,
mais on a un premier ministre qui prend les décisions. C'est lui qui prend les
décisions. C'est lui qui sait comment il prend ses décisions. Alors, les
renseignements qui sont communiqués au premier ministre par la Santé publique,
moi, je ne les connais pas. Je vois très peu d'avis publics, et on n'a pas
cette information-là, d'où l'enjeu de transparence, d'où l'enjeu de confiance
aussi.
M. Lacroix (Louis) :
...l'aspect politique de votre sortie ce matin, parce que c'est la première
fois depuis longtemps qu'on vous entend être aussi vindicative à l'égard de
M. Legault et de son administration de la pandémie, est-ce qu'il n'y a pas
un danger d'accroître, comment dire, la désaffiliation de la population à
l'égard des annonces du gouvernement en faisant une sortie comme celle-là?
Mme Anglade : Je ne crois
pas du tout, en fait. Je crois que jamais vous n'allez m'entendre dire que je
ne veux pas qu'on respecte les règles sanitaires. Au contraire, on va renforcer
le message autant comme autant par rapport à toutes les règles sanitaires. Par
contre, ce que je dis, c'est que je comprends le fait qu'il y ait des gens qui
soient surpris aujourd'hui, après qu'il y ait eu des messages... Parce que c'est
le premier ministre lui-même hier qui a parlé du problème d'adhésion de la population.
Pourquoi vous pensez qu'il y a un problème d'adhésion? Je soumets un certain
nombre d'hypothèses par rapport à ça. La première, c'est dans les
communications. On a été positifs, positifs, positifs, puis, d'un coup, on est
négatifs.
M. Lacroix (Louis) : Vous
croyez que votre sortie d'aujourd'hui va aider à l'adhésion aux mesures?
Mme Anglade : Moi, ce que
j'espère, c'est que la sortie d'aujourd'hui va nous permettre d'avoir une
visibilité sur ce qui s'en vient. C'est ça qui est important. Ce qui est important
présentement, c'est que les gens comprennent, comprennent comment les décisions
sont prises puis comprennent ce qui s'en vient, ce n'est pas... La sortie d'aujourd'hui,
là, a pour but de faire en sorte que les gens... que le gouvernement, au
premier chef, là, se dise : O.K., là, on a des enjeux en termes de communication
dans les messages contradictoires qu'on a lancés. Il faudrait peut-être prendre
le pas de recul nécessaire pendant la semaine de relâche puis revoir la manière
dont on fonctionne pour nous assurer que tout le monde suivent bien les
communications qu'on est en train d'envoyer.
M. Carabin (François) :
...là-dessus, Mme Anglade, pourquoi cette sortie aujourd'hui? Est-ce que
l'annonce d'hier est la goutte qui fait déborder le vase ou bien il y a quelque
chose qui vous a piquée hier, là, dans l'annonce du gouvernement?
Mme Anglade : Bien, écoutez,
dans l'annonce du gouvernement hier... On vient d'apprendre d'un coup, alors qu'il
y a plusieurs... Il y avait plusieurs signes avant-coureurs. J'étais ici,
devant vous, la semaine dernière. J'étais ici, devant vous, et je vous ai dit :
Ce qu'on aimerait entendre de la part du gouvernement, c'est qu'est-ce qui va
se passer par rapport à la troisième vague, quels sont les différents
scénarios. On a besoin d'informer la population. Je suis venue devant vous pour
vous poser ces questions-là. On n'a jamais eu de réponse. On nous a dit :
Ça va bien, tout est sous contrôle, on résiste à la troisième vague, on est
prêts, il n'y a pas d'enjeu. C'est ça qu'on nous a dit, là.
Hier, on nous annonce que, finalement, on
a de grands enjeux, puis il y a des variants partout, et qu'on est obligés de
mettre des zones en pause et de retourner des zones orange dans des zones
rouges. On a encore plusieurs semaines devant nous, là. Ce que je demande au
gouvernement, c'est de nous dire les cas de figure, qu'ils soient positifs,
qu'ils soient négatifs. On a besoin que la population comprenne pour qu'on
puisse avoir cette adhésion-là.
M. Lacroix (Louis) : La
raison pourquoi cette question-là… c'est que vous dites, d'une part : Jamais
vous n'allez m'entendre dire à la population de ne pas respecter les mesures
sanitaires. Mais en même temps le message que vous envoyez aujourd'hui, c'est
de dire que le gouvernement fait n'importe quoi, que c'est de l'improvisation
pure et simple, puis on ne sait pas où on s'en va, puis que les mesures qu'on
prend, on ne sait pas trop pourquoi on les prend. Moi, là, si je suis dans la
population puis, déjà, j'ai un petit scepticisme sur les mesures, le message
que vous envoyez, c'est de dire : Bien, écoutez, même la cheffe de
l'opposition dit que ça n'a pas de bon sens, ce qu'ils font, alors moi, je…
Mme Anglade : Alors, ce n'est
pas seulement…
M. Lacroix (Louis) : Quel
message que ça envoie?
Mme Anglade : Dans ce que je
dis, M. Lacroix, jamais que je ne suis en train de remettre en cause… Je ne
vous ai absolument pas dit, par exemple, qu'il ne fallait pas suivre les
règles. La décision a été prise hier…
M. Lacroix (Louis) : Vous
dites : Toutes les décisions qu'ils ont prises depuis quelque temps, c'est
n'importe quoi.
Mme Anglade : Je dis que les
décisions qu'ils ont prises, ils n'ont pas préparé la population… ils n'ont pas
préparé la population aux décisions qu'ils ont prises, et que la responsabilité
du gouvernement, c'est de préparer la population, ce n'est pas… Hier… une
décision, parce qu'ils voient des chiffres puis ils disent : On n'a pas le
choix, il faut qu'on réagisse, puis il faut qu'on soit fermes, puis il faut
qu'on prenne les décisions. Ça, je le conçois. Je le conçois très bien, qu'ils
soient obligés de prendre ces décisions-là.
Mais comment se fait-il que ce soit hier
et pas il y a une semaine où on n'a pas commencé à dire : On voit des
signes qui sont peu encourageants, on voit la sortie du Collège des médecins,
on voit la sortie de l'Ordre des infirmières, on voit la sortie des experts,
peut-être qu'on devrait commencer à dire : Attention, on va recommencer
aussi à envoyer un message à la population que tout n'est pas rose et que ce
n'est pas vrai que tout le monde, on va… tout va être réglé le 24 juin? Je
pense que c'est dans les communications… L'adhésion est l'enjeu, mais les
communications font en sorte que la population adhère ou n'adhère pas
également.
Mme Côté (Claudie) : …avec le
secteur public, bon, jamais deux sans trois, visiblement, ça ne fait pas du
tout l'affaire des syndicats, ce qui a été déposé hier. Il y a même des
journées de grève qui ont été annoncées. La CSQ, le 14 avril… Ça augure mal,
là, pour les négos.
Mme Anglade : Écoutez, comme
je l'ai dit par le passé, nous, on veut que ça se règle le plus rapidement
possible en prenant en considération qu'on sait qu'il y a des enjeux
importants, des pénuries de main-d'oeuvre. Il faut qu'on soit capables de
régler un certain nombre de choses à l'intérieur de ces négociations-là. Mais
on souhaite que, de part et d'autre, on puisse régler la situation le plus
rapidement possible.
Mme Côté (Claudie) : …au
maximum de sa capacité de payer avec la dernière offre?
Mme Anglade : Ils sont en
négociation présentement. Donc, c'est au gouvernement à répondre à ces
questions-là.
M. Carabin (François) : Je
veux juste revenir rapidement, Mme Anglade, sur la décision d'hier. M. Legault
a tenté de calmer le jeu pour Montréal. Qu'est-ce que vous anticipez, vous,
pour la grande région métropolitaine?
Mme Anglade : Bien, c'est un
exemple patent puis ça répond peut-être à la question de M. Lacroix,
d'ailleurs, en même temps. C'est sûr que les gens vont se poser la question :
Qu'est-ce qui va se passer pour Montréal, qu'est-ce qui va se passer pour les
autres régions qui ne sont pas encore touchées, qu'est-ce qui va se passer à
Laval, en Montérégie, en Estrie? Les gens vont se poser cette question-là.
Ce qu'on demande au gouvernement, c'est de
nous dire, dans les prochaines semaines, comment il voit les choses évoluer,
quels pourraient être les scénarios, que les gens se préparent mentalement à
savoir ce qui pourrait arriver, pas que, du jour au lendemain, on nous dise une
chose… Le fait qu'on nous dise une chose du jour au lendemain, quand on est au
début de la crise, en 2020, puis qu'on n'a pas le choix, puis que le virus a
frappé, ça se comprend. Ça fait un an qu'on est dans cette crise-là. Ça fait un
an qu'on sait et qu'on regarde ce qui se passe en Europe puis qu'on sait que,
tranquillement, ça s'en vient chez nous. On est capables de faire un travail en
amont pour préparer les gens.
La Modératrice
: On va
passer en anglais.
Mme Senay
(Cathy) : Ms. Anglade, I understand, from
what you're saying… is that, for you, the «volte-face» yesterday, 28 hours
after the previous press conference, this is…
Mme Anglade :
Well, so, first of all, there is the decision that was made, and there is how
the decision was made. The point that we're looking at right now is you need to
make sure that people understand where you're headed. Communications are going
in different directions. We feel that some days the Premier is very positive
and optimistic, he says, you know, everything is under control, and then, all
of the sudden, no, it's a catastrophe, we need to shut down. So what we're
saying is he needs to prepare the population to manage the different scenarios.
We've been saying this all along. You need to tell us where you're headed. You
need to tell us what are the different scenarios and you need to prepare the
population. That's his responsibility.
Mme Senay (Cathy) : And you feel that, yesterday, that was too sudden, it sends like a
weird message to the population?
Mme Anglade :
Well, the day before, he came out and he said: Nothing is happening. One day
after, we're shutting down in three cities in particular and then we're moving
zones, orange zones into red zones. So, yes, it is sudden. Like, if you talk to
anybody, like, again, go to a restaurant here, in Québec City, you have
people, like, crying because they didn't see it coming. So that's why I was
saying that playing with the yo-yo with the morale of the people in Québec,
that's what the Government is doing right now, and they need to think about the
way they communicate with the population.
Mme Senay
(Cathy) : …Easter coming, the long weekend
should be like…
Mme Anglade :
Absolutely, absolutely, we should be looking at what's coming. The other
regions are asking themselves the same question today. If you are in Lac-Saint-Jean
today, if you are in Abitibi today, if you are in Montréal today, you're asking
yourselves the question: What's next? We're asking the Government to tell us
what's next.
Mme Fletcher
(Raquel) : That actually leads right into my
question, because M. Dubé said something very
interesting yesterday, he said : These cases, they are very contagious,
and it can change like that. So, if this is the way… for Québec, Gatineau and Lévis, that means next
week… in Montréal or another
city. Are you concerned about that?
Mme Anglade : I'm just saying that, because it is the way it is, they should be
preparing the population for the different scenarios that could come up. If
it's going to change in three
days, let's make sure that everybody is ready to hear what's coming and what is
the plan. What is the plan? You can't be overly optimistic and then, all of a
sudden, shutting everything down. So you have to be able to tell people :
These are the different scenarios for schools, these are the different
scenarios for companies, and commerce, and businesses, and we're going to be following the situation, we
understand that we don't have all the answers, but, at least, we can tell you
that this is the range of things that could happen right now and we're managing
it closely. That's what I'm expecting from the Government.
Mme Fletcher (Raquel) : Are you concerned that they won't… and instead they will announce
other changes…
Mme Anglade : I'm concerned that they won't do this because they haven't done
this in the past. I'm asking them to do this.
Mme
Fletcher (Raquel) : …step down?
Mme Anglade : Yes. We said that Minister Roberge should step down. Why? Because,
obviously, he lied. He told us that he had the support of the Public Health
officials, and it wasn't true. It wasn't true. And this ties back to the
necessity of having an independent public inquiry. We need to understand how
those decisions are made.
M. Authier (Philip)
: Are you shocked that the Public Health never said that… Does that
shock you?
Mme Anglade : You mean, regarding Mr. Roberge?
M. Authier (Philip)
: Yes.
Mme Anglade : It is shocking. It is absolutely shocking. Not only he said that he
had the approval of Public Health, but it's mind-boggling that somebody would
do this. It's almost like they're using Public Health in order to support their
decisions when they know it's not true. He knew it wasn't true when he said
that. He knew that. I mean, I can't say it any other way.
Mme Senay (Cathy) : I mean, it's a lie, for you, that cannot go… like, that has to
stop. That is a clear signal that the Education Minister is not at the right
place at the right time.
Mme Anglade : Absolutely. We've been saying that there were a number of issues. It's
not like it was a perfect ride in the last year in terms of education, but this
tops it all off. This tops it all off. He says that he has the support of public…
and you have Public Health saying : Well, we never said that, we never
gave our approval. What is it if it's not lying?
M. Authier (Philip)
: So he should step down?
Mme Anglade : He should step down.
La Modératrice
:
Merci beaucoup.
Mme Anglade : Merci beaucoup, tout
le monde. Bonne journée.
(Fin à 8 h 51)