(Onze heures dix-huit minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
Content de vous retrouver ce matin. On a eu des bonnes nouvelles en matière de
vaccination aujourd'hui. La campagne de vaccination entre dans une nouvelle
phase et c'est une raison de se réjouir.
Progressivement, au Québec, la campagne de
vaccination va devoir rejoindre de plus en plus les Québécois et les
Québécoises qui travaillent, qui sont sur le marché du travail. C'est une bonne
nouvelle, mais c'est aussi un énorme défi. Il va falloir vacciner le plus de
gens possible dans le moins de temps possible, il va falloir tout faire pour
éviter de perdre des doses et il va falloir que les gens prennent le premier
rendez-vous qui est disponible.
C'est quelque chose que le ministre de la
Santé a raison de répéter presque à chaque conférence de presse. Quand on vous
donne un rendez-vous, bien, prenez le premier qui est disponible, le plus tôt
possible, pour que la campagne de vaccination soit la plus efficace possible.
La solution pour atteindre cet objectif-là
ambitieux, bien, c'est de faire tomber toutes les barrières à l'accès au
vaccin. Il faut s'assurer que tous les Québécois, toutes les Québécoises qui
travaillent dans une petite entreprise, qui travaillent pour le gouvernement ou
pour une multinationale, aient le même accès au vaccin. Il faut permettre aux
travailleurs et aux travailleuses d'aller se faire vacciner sur leur temps de
travail, comme on leur permet d'aller voter le jour des élections sur leur
temps de travail. C'est ce que demande Québec solidaire au gouvernement du
Québec, de décréter une pause vaccin pour tous les travailleurs, toutes les travailleuses.
Le principe est simple, se faire
vacciner, c'est comme aller voter, c'est un devoir citoyen. Mais le
gouvernement doit demander aux employeurs de faire leur part et de libérer les
travailleurs, travailleuses quelques heures, le temps d'aller se faire
vacciner. C'est une solution simple, pragmatique, efficace, pour s'assurer que
cette prochaine phase de la campagne de vaccination soit un succès.
Heureusement, il y a des employeurs qui ont déjà commencé à le faire. Chez
Bureau en Gros, par exemple ou à la Banque de Montréal, même chez Starbucks,
les employeurs ont décidé de donner quelques heures de congé payé à leurs
employés pour aller se faire vacciner.
Malheureusement, le plus gros employeur du
Québec, lui, est pas mal moins exemplaire. Dans les derniers jours, on a reçu,
à Québec solidaire, beaucoup de messages de travailleurs et de travailleuses
dans le secteur public qui nous disent que les directives des gestionnaires,
c'est de ne pas aller se faire vacciner sur le temps de travail, et s'ils
veulent le faire, bien, ça va leur coûter un congé de maladie. J'ai même mis la
main sur un message qui est envoyé à tous les employés, tous les employés du
ministère de la Santé et des Services sociaux, où on peut lire, en toutes
lettres : «La vaccination devra avoir lieu sur le temps personnel. Le cas
échéant, il est possible de demander un congé conformément aux conditions de
travail, notamment, un congé pour maladie.
Autrement dit, en termes de flexibilité pour
la vaccination, le gouvernement du Québec est un moins bon employeur que
Starbucks. C'est aussi simple que ça. L'État du Québec, c'est le premier
employeur au Québec. S'il y a un employeur qui doit être exemplaire, qui doit
montrer l'exemple à tous les autres, c'est bien le gouvernement du Québec.
Alors, ce qu'on demande aujourd'hui à
Christian Dubé et à François Legault, c'est eux les patrons du secteur public
québécois, bien, de s'assurer que les travailleurs, travailleuses du secteur
public puissent aller se faire vacciner sur leur temps de travail.
Et pourquoi s'arrêter en si bon chemin? Pourquoi
on n'a pas promulgué une pause vaccin de quelques heures payées pour tous les
travailleurs et toutes les travailleuses du Québec? Je pense que c'est une
condition essentielle à la réussite de la vaccination. Puis la réussite de la
campagne de vaccination, c'est une condition essentielle à la fin de la
pandémie.
Mme Massé : Bonjour. Vous
avez, comme moi, entendu parler dans les derniers jours du cas ignoble des
évincés du 3485 Papineau. 90 logements qui, du jour au lendemain, se font
dire : Il vous reste trois mois pour vous trouver une autre place. Bien,
c'est dans ma circonscription. Alors, vendredi, je suis allée à leur rencontre,
j'ai jasé avec ces gens-là, j'ai jasé avec Francine, Francine, une aînée qui
vit là depuis quelques années, qui a à peine son chèque de pension pour vivre,
qui vit dans l'angoisse depuis qu'elle a reçu la lettre du propriétaire, qui
attend depuis quelques années d'avoir une place en HLM, mais elle n'a pas de
place en HLM. Cette femme-là, elle était en petits morceaux.
J'ai parlé avec Ludevine qui va accoucher
dans les prochains jours, quasiment, les prochaines semaines. Elle était super
contente : Yé, je vais accoucher au mois de mai, je vais pouvoir rester...
j'ai mon logement — parce qu'elles avaient renouvelé — j'ai
la tête tranquille. Ludevine se voit dans la position d'être obligée, dans le
dernier mois de grossesse, de faire la ligne. Vous les avez vues comme moi, les
lignes, là, d'attente pour se trouver un logement à Montréal. Bien, Ludevine,
je peux vous dire qu'elle capote, elle aussi.
J'ai entendu Renée. Renée, une femme plus
âgée que ça fait quelques décennies qui vit au Manoir LaFontaine. Cette
femme-là dit : Si moi, je ne fais pas cette bataille-là, mes
petits-enfants vont être quoi, obligés de payer 75 % de leur revenu pour
se loger à Montréal? Ces gens-là sont outrés, outrés de la façon dont c'est
fait, outrés de la possibilité même que des propriétaires, des promoteurs
puissent les mettre de telle façon à la porte en pleine crise de logement.
Bien, ces gens-là, là, ne représentent
qu'une pointe de l'iceberg. Ça fait des mois que mon collègue, voire des années
peut-être, mais des mois, sûr, que mon collègue Fontecilla vous parle de la
crise du logement qui s'en vient, qui point à l'horizon. On est dedans, on est
dedans en pleine pandémie, et le gouvernement laisse faire des promoteurs
prédateurs comme ceux-là mettre 90 logements dehors, en pleine crise du
logement.
Moi, je me demande ce que M. Legault
pense. Sa ministre de l'Habitation
dit : Non, non, il n'y a pas de crise du
logement. Mais lui, là, qu'est-ce qu'il attend pour bouger dans ce dossier-là?
Qu'est-ce qu'il attend pour dire à sa ministre : Fais quelque chose, ça ne
va pas bien. Nos concitoyens se retrouvent dans des situations de logement inacceptables,
intolérables, et ça, partout au Québec.
Alors, j'espère que M. Legault va
reconnaître cette crise-là et va agir parce que, moi, les concitoyens que j'ai
rencontrés vendredi, là, ils ne vont pas s'arrêter là. Ils ne vont pas accepter
d'être traités de cette façon-là, et je sais qu'ils ne sont pas seuls au Québec
qui vivent cette situation-là.
M. Fontecilla : Donc, bonjour
mesdames, messieurs. Manon a parlé de la crise du logement qui affecte tout
particulièrement les locataires : rénovictions, augmentations abusives de
loyer, reprises abusives. Cela ne s'arrête pas là, il y a une surchauffe
immobilière au Québec, là, qui fait que les prix des maisons ont augmenté de
façon faramineuse. Cela suscite une alarme publique, là, et j'avais demandé une
commission parlementaire pour qu'elle adopte un mandat d'initiative, là, sur la
question de la surchauffe immobilière. La commission se réunit ce matin et,
malheureusement, le vote n'a pas eu lieu sur cette... sur le mandat
d'initiative voté.
La semaine dernière, jusqu'à la semaine
dernière, j'étais pessimiste, voyant les déclarations de la ministre de
l'Habitation qui refuse de reconnaître la crise du logement, la surchauffe dans
l'immobilier. Le fait qu'il n'y ait pas eu de vote aujourd'hui me donne une
lueur d'espoir. Est-ce que c'est pour gagner du temps? Est-ce parce qu'ils sont
en train de considérer la chose, ce qui serait une très bonne nouvelle? En tout
cas, quant à moi, c'est la preuve que le gouvernement hésite sur cette
question-là. Il cherche des solutions, et je l'espère, parce que la population
s'attend à des solutions, là. Mais on n'a plus de temps à perdre.
Les parlementaires, le gouvernement
doivent siéger en commission parlementaire pour étudier différentes mesures en
vue d'apaiser le marché immobilier en surchauffe, là. Nous avons mis quelques
propositions de l'avant, il peut y en avoir d'autres : interdire la vente
sans garantie légale, rendre publiques les différentes offres d'achat pour une
propriété, rendre les inspections obligatoires. Il peut y en avoir d'autres.
Nous sommes prêts à la discussion. Ce n'est pas une solution magique qui va
régler ce problème, c'est un ensemble, un cocktail de mesures et le
gouvernement doit être ouvert à discuter des différentes propositions. Nous, à
Québec solidaire, on est prêt à négocier sous le mandat d'initiative d'une
commission parlementaire. J'attends un geste de la part du gouvernement, là,
pour avancer et étudier cette question-là qui préoccupe grandement l'ensemble
de la population du Québec. Non seulement les locataires, mais aussi les gens
de la classe moyenne qui veulent accéder à la propriété et pour qui,
maintenant, c'est carrément impossible. Merci.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va prendre d'autres questions. Une question, une sous-question.
Mme Prince (Véronique) : Moi,
j'aimerais vous entendre sur le fait que des informations ne sont pas toutes
données dans un point de presse du gouvernement. Par exemple, la semaine
dernière, on a appris que le port du masque à l'extérieur c'était dans un
communiqué, les déplacements vers les régions jaunes aussi.
M. Nadeau-Dubois : Bien, dans
un de ses derniers points de presse, François Legault a préféré justifier son
approche, plutôt que prendre ce temps précieux pour expliquer les nouvelles
directives. Il a choisi de nous expliquer, en long et en large, que c'était lui
le patron, plutôt que de prendre le temps d'expliquer aux Québécois et aux
Québécoises, par exemple, quelles étaient les nouvelles recommandations pour le
port du masque à l'extérieur. Ce sont des choix politiques que fait le premier
ministre. Moi, je pense que son temps serait mieux utilisé, en pleine crise
sanitaire, à faire de la pédagogie sur les mesures sanitaires, plutôt que
défendre sa… son style de leadership ou de gestion de crise.
Mme Prince (Véronique) :
Est-ce que c'est un risque pour l'adhésion des Québécois d'apprendre, par
après, qu'à l'extérieur, quand ils sont assis, ils sont obligés de mettre un
masque? Quand ils sont debout, il faut qu'ils en portent un?
M. Nadeau-Dubois : Ça fait des
mois, à Québec solidaire, qu'on le dit : La clarté, la transparence et la
cohérence, c'est les trois ingrédients pour que la mayonnaise de l'adhésion aux
mesures sanitaires pogne. Il y a un manque de transparence depuis longtemps. Il
y a, de plus en plus, de manque de cohérence et, là, il y a, en plus, un manque
de clarté sur la question du masque à l'extérieur. Je m'inquiète, comme
beaucoup de gens, de l'effritement de l'adhésion à cause de la stratégie de
communication du gouvernement.
M. Bergeron (Patrice) :
Est-ce que les manifs, en fin de semaine, sont un signe de cet effritement-là?
M. Nadeau-Dubois : Les manifs
d'en fin de semaine sont un symptôme de certaines choses, mais j'attendrais
avant de faire un lien direct avec les choix de communication du gouvernement.
Moi, ce que j'ai vu dans les derniers jours à Montréal, c'est des éléments
troubles de l'extrême-droite venir alimenter l'insatisfaction puis chercher le
trouble. Donc, moi, ce qui m'inquiète, c'est, de manière générale, de voir au
Québec l'effritement de l'adhésion, de voir que les gens, de plus en plus, ont
de la difficulté à suivre le gouvernement, à comprendre où est-ce qu'il s'en
va. Les retournements spectaculaires des dernières semaines y sont pour quelque
chose. Moi, c'est ça qui m'inquiète surtout. Je pense que les quelques
événements qu'on a vus dans les rues de Montréal sont moins inquiétants que la
perte d'adhésion généralisée à travers le Québec.
M. Laforest (Alain) : C'est
un remake de 2012, là — excusez l'anglicisme — pour les
casseurs? Je parle des casseurs.
M. Nadeau-Dubois : Je ne pense
pas, non.
M. Laforest (Alain) : Bien,
ceux qui cassent les vitres sont contre les mesures, ou c'est parce qu'ils
veulent juste mettre le trouble, comme c'est le cas pour les... canadiens ou
peut-être bien contre la politique de confinement?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je ne
connais... je n'ai aucune information sur qui étaient ces gens-là, je ne sais
pas ce qui les anime. Ce que je sais, c'est que c'est légitime dans une
démocratie, c'est même sain de poser des questions, de remettre en question
certaines décisions du gouvernement. Il faut le faire de manière démocratique,
de manière pacifique, puis le vandalisme, ce n'est pas la bonne manière
d'animer un débat démocratique qui est pourtant légitime, celui de savoir, par
exemple, si le couvre-feu est la meilleure mesure pour freiner la pandémie.
M. Bergeron (Patrice) : Vous
dites «symptôme de certaines choses». Certaines choses comme quoi?
M. Nadeau-Dubois : Bien, je
pense qu'il y a une fatigue générale dans certaines parties de la population, il
y a une fatigue de la pandémie, il y a une détresse même dans une partie de la population
québécoise après un an de pandémie. Mais même une détresse extrême ne justifie
pas ce qu'on a vu dans les derniers jours à Montréal.
M. Laforest (Alain) :
Réintégrer Denis Tardif dans le caucus, c'est une bonne idée, alors que la Sûreté
du Québec a envoyé son dossier au Directeur des poursuites criminelles et
pénales?
Mme Massé : Réintégrer? Je
n'ai pas entendu, M. Laforest.
M. Laforest (Alain) :
Réintégrer Denis Tardif. Est-ce que c'est une bonne idée de le réintégrer dans
le caucus actuellement?
Mme Massé : Écoutez, pour moi,
ça, ça relève de la responsabilité de M. Legault de prendre ce genre de
décision, c'est lui qui a la responsabilité de savoir qui il garde dans son
caucus et qui il ne garde pas, lui et son équipe, j'imagine, j'espère. Ceci
étant dit, moi, c'est sûr que je ne peux pas m'empêcher une forme de réflexion
de : Qu'en est-il pour M. Fitzgibbon, qui, clairement, a des troubles avec
la Commissaire à l'éthique ici même au Parlement, qui siège encore? Voilà. C'est
tout ça que ça me soulève plus comme question.
M. Bergeron (Patrice) : Bien,
Denis Tardif, quand même, bon, il reconnaît qu'il a fait une erreur de jugement
en pleine pandémie. Quel message ça envoie à la population, ça? Là, vous le
réintégrez comme si de rien n'était, alors que là on est dans une troisième
vague, là, qui part en peur, là.
Mme Massé : Bien, écoutez,
encore là, je vous dis, c'est à M. Legault de gérer son affaire. Ceci étant
dit, monsieur… Pardon?
M. Laforest (Alain) : Le
député qui aurait fait ça, est-ce qu'il aurait été bienvenu à Québec solidaire?
Mme Massé : Bien, écoutez, je
veux dire, moi, là, ma compréhension, là, c'est que M. Tardif a dit : j'ai
commis une erreur. Ce qui me tanne, c'est que M. Fitzgibbon continue
d'être là puis, lui, il dit : bien non, on va changer le code d'éthique.
Ça, ça m'énerve! Ça, c'est énervant! Ça, il me semble que, démocratiquement, on
devrait se poser de sérieuses questions.
M. Laforest (Alain) : Il va y
avoir une grève demain, rapidement, là, des enseignants puis les centres de
services ne veulent pas donner, entre autres, des services aux parents. Vous en
pensez quoi de tout ça… pour 1 h 30 min?
Mme Massé : Qui ne veulent pas
donner de services aux parents?
M. Laforest (Alain) :
Services de garde, services de transport scolaire. Parce qu'il va y avoir une
grève et que l'école va commencer à 9 heures au lieu de commencer à
9 h 30, au lieu de commencer à 8 heures.
Mme Massé : Vous savez, la
grève, là, c'est un outil démocratique que la société québécoise démocratique
s'est donné pour être capable de créer un rapport de force entre le
gouvernement, qui, lui, peut adopter des décrets qui vous enlèvent même votre
droit d'avoir des vacances, et les travailleurs, travailleuses sur le terrain
qui, eux autres, rushent comme des malades. Puis qui essaient d'être reconnus
puis d'avoir des bonnes conditions de travail. Alors, moi, je ne vais pas
critiquer des travailleurs, travailleuses qui essaient depuis des mois et,
voire même, dans certains cas, des années, d'envoyer un signal au gouvernement
du Québec qu'il doit reconnaître que ces travailleurs et travailleuses… Et
qu'il soit des centres… au niveau des centres de… Voyons, les anciennes commissions
scolaires, là. Ça ne me revient pas…
M. Laforest (Alain) : Centre
de services.
Mme Massé : Centres de
services, merci. J'avais l'abréviation, mais pas le vocable complet. Donc, que
ce soit au niveau des centres de services, que ce soit au niveau de l'ensemble
des services offerts dans les services publics.
Mme Crête (Mylène) :
Sur les cliniques privées, qu'est-ce que vous pensez de la marge de 15 %
qu'elles se sont négociées avec le gouvernement pour faire baisser les listes d'attentes
en chirurgie?
Mme Massé :
Écoutez, je trouve ça assez odieux que les cliniques privées… en fait,
non. Je vais le dire autrement, que le gouvernement, alors qu'on lui dit depuis
des mois : la façon d'impliquer les cliniques privées dans le processus de
se mettre ensemble pour lutter contre la pandémie, c'est de les réquisitionner
et de les mettre au pas. Et, non pas, et là on apprend, de négocier de gré à
gré des contrats avec une marge bénéficiaire encore plus grande. Je trouve ça
odieux. Pendant ce temps, là, les employés de la fonction publique se font dire
qu'ils sont demandant pour avoir des bonnes conditions de travail. Ça fait que
je trouve ça un peu odieux.
Mme Crête (Mylène) :elles disent que le contrat est plus court, donc il y a un
risque accru, et donc ça justifie une rémunération supplémentaire. Qu'est-ce
que vous en pensez?
Mme Massé : Bien, écoutez, je
vais laisser Gabriel compléter, mais, spontanément, ce qu'il me vient,
c'est : tout le système de la privatisation des bouts des services en
santé est fait sur la base qu'il y a des industries... des entreprises, pardon,
qui vont faire du profit. Ça fait que, moi, profiter de la crise pandémique,
là, je trouve ça un peu terrible. Mais puisque c'est le dossier de Gabriel, je
vais le laisser aller.
M. Nadeau-Dubois : Ça fait
depuis le mois de janvier que Québec solidaire propose au gouvernement de
réquisitionner les cliniques privées et de les compenser au coûtant. Il n'y a
personne qui devrait faire de profit avec une pandémie, personne, surtout pas
des entreprises dans le domaine de la santé. Donc, si les coûts augmentent, pas
de problème, qu'on les réquisitionne puis qu'on les rembourse exactement sur
les dépenses qu'elles ont engagées pour soulager le secteur public. Mais il n'y
a aucune raison d'accorder une marge de profit à des entreprises privées en
pleine pandémie. Les travailleurs, travailleuses dans le secteur public, ils
ont-u fait du profit pendant la pandémie? Non. Il y en a qui sont morts, il y
en a qui ont attrapé la COVID puis les autres n'ont pas eu de vacances pendant
un an.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Concernant la pornographie juvénile... je ne sais pas lequel... Mme Massé,
bien, on apprenait ce matin, donc, que des dizaines de milliers d'images de
pornographie juvénile sont détectées chaque année sur des serveurs
informatiques qui sont hébergés au Québec. Qu'est-ce que le gouvernement
provincial doit faire pour contrer ce phénomène-là? Est-ce qu'il doit par
exemple demander des obligations proactives aux entreprises qui hébergent les
serveurs pour faire le ménage avant qu'on leur signale des cas?
Mme Massé : Écoutez, dans les
pistes de solution puis le pointu de l'affaire, je vous référerais à mon
collègue Alexandre Leduc, je suis certaine qu'il aurait beaucoup de choses à
dire là-dessus, d'autant plus que le phénomène dont je vous parlais est connu
depuis longtemps, et, notamment, le groupe qui s'est penché sur l'exploitation
juvénile a mis ça en lumière aussi.
L'ensemble des détails, je ne le sais pas,
mais il y a une chose qui m'apparaît évidente, c'est : Comment se fait-il
qu'on peut humainement accepter qu'il y a des entreprises qui savent et qui se
déresponsabilisent de ça? Ce sont des enfants. Ce sont des juvéniles. Alors,
pour moi, il faut qu'on se donne tous les moyens, mais quels sont ces
moyens-là? Je vais laisser Alexandre y répondre.
M. Bossé (Olivier) : Si quelqu'un
veut aller manifester ce soir sans casser de vitre, en portant le masque, à
distanciation de deux mètres, mais après 8 heures, parce que le
couvre-feu, il trouve que ça n'a pas de bon sens. Qu'est-ce que vous lui dites?
À Québec ou à Montréal, que ça va avoir lieu.
Mme Massé : En fait, nous, on
est très, très clair, hein? Les consignes sanitaires… quand la Santé publique
nous dit qu'il faut faire quelque chose, bien, nous, on dit, oui, faisons-le.
Il ne faut pas mélanger les choses. Ce qu'on dit, par contre, c'est : La
réflexion entourant le couvre-feu, les questions que ça peut soulever, le
débat, même, que ça soulève, ça, on peut le faire. On peut le faire ensemble.
On doit… Puis, à entendre les gens qui sont dans la rue actuellement, je pense
qu'il y a un intérêt de faire ça, ce débat-là. Mais, honnêtement, là, les
consignes de la Santé publique, là, pour nous, c'est non négociable. Faut
suivre ça.
M. Larin (Vincent) : Oui,
j'avais juste une question concernant Louis-Charles Thouin. Je ne sais pas si
vous avez vu l'histoire du bureau d'enquête de ce matin? M. Fitzgibbon,
Mme Proulx qui ont donné des sommes discrétionnaires à l'ami de
M. Thouin. Est-ce que les ministres ont fait une erreur? Est-ce que les
sommes devraient être rendues?
M. Nadeau-Dubois : Ce que je
constate, c'est qu'à travers toute sa carrière politique, du municipal jusqu'à
l'Assemblée nationale, M. Thouin semble rivaliser d'originalité pour faire
des passes sur la palette à ses amis. Jusqu'à aller demander l'aumône au budget
discrétionnaire de ses collègues ministres à la CAQ. Si, ça, ça ne démontre pas
une faiblesse de jugement, si l'accumulation de tout ça ne démontre pas une
faiblesse de jugement, bien je ne sais pas ce que ça démontre.
M. Larin (Vincent) : Si vous
voyez un conflit d'intérêts, en autres, pour M. Thouin?
M. Nadeau-Dubois : Bien, ce
qu'on constate, là, c'est que le même ami qui l'a mis dans le trouble, au
niveau municipal, continue de le mettre dans le trouble, parce que monsieur…
puis, ce n'est pas son ami qui le met dans le trouble, c'est M. Thouin qui
se met dans le trouble en continuant à rivaliser d'originalité pour l'aider
dans ses projets d'affaires. Si cette conduite-là ne change pas à travers les
années, je veux dire, c'est clairement un manque de jugement, là. Je ne vois
pas ce qui manque pour que M. Legault conclue, la seule chose raisonnable,
que ce député-là n'a pas le sens éthique nécessaire pour siéger dans son
caucus.
M. Larin (Vincent) : Est-ce
que vous demandez l'exclusion…?
M. Nadeau-Dubois : Mais, je ne
vous… Si l'accumulation de tout ça ne fait pas la démonstration d'un manque de
sens éthique flagrant, mais je ne sais pas ce que ça va prendre. Puis, la balle
est dans le camp de François Legault. C'est à lui de nous dire s'il juge que
des individus sur lesquels pèsent autant d'allégations et sur lesquels pèsent
autant d'apparences de conflit d'intérêts, à lui de nous dire s'il trouve que
des individus comme ça ont la place autour de sa table.
La Modératrice
: Une
dernière question? Merci.
(Fin à 11 h 42)