L'utilisation du calendrier requiert que Javascript soit activé dans votre navigateur.
Pour plus de renseignements

Accueil > Actualités et salle de presse > Conférences et points de presse > Point de presse de M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de transports

Recherche avancée dans la section Actualités et salle de presse

La date de début doit précéder la date de fin.

Point de presse de M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de transports

Version finale

Le mercredi 14 avril 2021, 11 h 19

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures vingt minutes)

La Modératrice : Bien, bonjour. Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Aujourd'hui, M. Joël Arseneau, notre porte-parole en matière de transport. La parole est à vous.

M. Arseneau : Merci beaucoup, Laura. Merci. Bienvenue à tous. Je veux parler de transport aérien aujourd'hui parce qu'il y a un angle mort dans l'entente qu'a conclue le gouvernement fédéral avec Air Canada, une entente, je le rappelle, de 5,9 milliards de dollars, un investissement important du gouvernement fédéral dans le transport aérien, qui était attendu, soit, mais qui laisse en plan les régions du Québec. En fait, non seulement le gouvernement fédéral impose-t-il à Air Canada de rembourser les consommateurs qui avaient acheté des billets, et il fait bien de les rembourser maintenant avec l'argent fédéral, mais il imposait également à Air Canada de rétablir des liaisons aériennes qu'il avait abandonnées au cours de la dernière année.

Or, ce qu'on apprend aujourd'hui, là, en essayant de creuser un peu le dossier qui n'a pas été expliqué de façon très, très claire et transparente de la part du fédéral, c'est que les liaisons du Québec qui ont été abandonnées, qu'on pense, par exemple, à l'aéroport de Baie-Comeau, qu'on pense à Val-d'Or, à Mont-Joli, à Gaspé, aux Îles-de-la-Madeleine, même Wabush et Fermont, or, toutes ces destinations régionales là, bien, Air Canada n'a aucune intention de les desservir. Pour ce qui est des Îles-de-la-Madeleine, on va continuer d'y aller l'été, là, lorsqu'il y a un peu de volume touristique, pour faire concurrence aux transporteurs régionaux québécois, sinon on va continuer d'abandonner les régions.

Alors, la question qui se pose et que je pose aujourd'hui, d'une part, c'est : Quelle sera la part des investissements fédéraux qui va aller aux régions du Québec pour soutenir le transporteur ou le transport aérien régional si Air Canada décide de ne pas nous desservir? L'autre question qui est encore plus fondamentale, c'est : Quel est le rôle du gouvernement du Québec et où est son ministre des Transports, M. Bonnardel, qui n'a toujours pas soufflé un mot sur son plan de match pour le transport aérien régional depuis la fin des travaux du groupe d'intervention qu'il avait constitué en juillet dernier? En fait, c'est un groupe transpartisan composé d'élus, mais surtout de représentants régionaux qui ont travaillé à déposer des mémoires, des propositions de solution pour un nouveau modèle pour le transport aérien régional et qui, depuis novembre dernier, sont sans nouvelles du ministre.

Alors, on demande au gouvernement, et plus précisément au ministre des Transports, de sortir de son silence assourdissant et nous dire, d'une part, ce qu'il a fait pour convaincre le fédéral de soutenir le transport aérien régional au Québec et on lui demande aussi son plan de match, quelle est sa vision pour un nouveau modèle de desserte aérienne régionale, qu'il a souvent qualifié de crucial, comme nous. Alors, maintenant, il est temps de passer à l'action. Nous ne souhaitons pas nécessairement qu'Air Canada revienne desservir les régions, mais, s'il n'est pas là, comment est-ce que les régions seront desservies, avec quel soutien des deux paliers de gouvernement? Quel est le plan de match? Essentiellement, c'est ce qu'on demande aujourd'hui. Il est plus que temps d'agir. Le transport aérien régional, il est capital pour plusieurs de nos régions, plusieurs des destinations.

On a aussi un programme d'urgence qui avait été mis en place pour la durée de la pandémie, lequel programme venait à échéance le 31 mars dernier. On n'a pas su s'il allait être renouvelé et avec quel type d'enveloppe budgétaire. Il y avait aussi ce nouveau modèle qu'on devait mettre en place, qui devait s'accompagner de subventions aux transporteurs. On ne sait pas non plus si le gouvernement va aller de l'avant avec un programme, avec une solution pour un nouveau modèle.

Alors, là-dessus, je suis prêt à prendre vos questions.

Mme Gamache (Valérie) : M. Arseneau, concernant justement le départ d'Air Canada, il y a quand même des modèles qui, en tout cas, semblaient vouloir se mettre en place… même dès l'été dernier. Je pense entre autres à l'initiative dans la région de Mont-Joli. Qu'est-ce que vous connaissez de l'état de l'organisation de ces initiatives-là?

M. Arseneau : Bien, vous faites sans doute référence à la proposition de la régie interrégionale de transport aérien de Mont-Joli, qui souhaitait mettre en place une régie, justement, qui aurait pu aller, hein, par voie d'appels d'offres pour desservir différentes régions du Québec. C'était l'un des modèles qui étaient proposés. L'Union des municipalités du Québec avait également proposé un type de modèle s'apparentant à celui-là aussi pour définir certaines liaisons importantes et aller, par voie d'appels d'offres, chercher un transporteur avec qui on pourrait convenir d'une fréquence, de types d'appareils, également de tarifs, bien entendu, là, pour s'assurer que le service soit à la fois fiable, mais aussi abordable.

Également, la Fédération québécoise des municipalités qui avait proposé une solution qui impliquait la mutualisation des dépenses, là, des transporteurs dans la promotion, dans la vente de billets, et essayer, justement, d'amoindrir les coûts de chaque transporteur en les faisant travailler ensemble, au sein d'une organisation à définir, pour pouvoir, justement, avoir un système qui soit plus rentable et qui puisse assurer un service adéquat et à coûts abordables pour la population.

Tous ces modèles-là ont été regardés et discutés dans le cadre des travaux du groupe d'intervention sur le transport aérien, mais, en bout de ligne, l'expert-conseil du gouvernement, Jacques Roy, des Hautes Études commerciales, les a un peu mis de côté en disant qu'il fallait les approfondir et que, pour l'heure, il valait mieux aller de l'avant avec un programme de subventions gouvernementales qu'on pourrait décrire de la façon suivante : c'est, une fois que des transporteurs ont été reconnus comme étant suffisamment solides et intéressés à desservir un certain nombre d'aéroports décrits comme étant des aéroports clés pour un réseau supérieur de transport aérien régional, bien, qu'on les subventionne pour s'assurer qu'ils ne puissent pas encourir de déficits dans leurs services réguliers. En d'autres mots, c'est un genre de subvention d'équilibre qui pourrait être donnée pour s'assurer que, si on n'a pas vendu le nombre de sièges nécessaires, qu'on n'encoure pas un déficit pour ensuite fermer nos portes et puis se retrouver sans services.

Donc, c'était là-dessus qu'on semblait vouloir aller en novembre dernier. Il fallait attendre la conclusion du rapport, son dépôt et la présentation d'un programme gouvernemental. Et depuis, bien, c'est silence radio. On n'a pas entendu parler le ministre de ce dossier-là depuis novembre dernier. Le rapport n'a pas été publié, et aucun programme n'a été annoncé. Et, en regardant le budget du gouvernement du Québec d'il y a quelques semaines, on ne voit pas non plus de sommes très, très

importantes consenties au transport aérien : un 10 millions de dollars, si je me souviens bien, pour soutenir les aéroports, qui ont évidemment perdu beaucoup de revenus avec la baisse du trafic aérien, et puis peut-être un 10 millions également, là, pour les transporteurs, mais ça ne constitue pas, là, à mon sens, du moins, les sommes conséquentes pour développer un nouveau modèle de desserte.

Alors, on est actuellement, là, dans le noir, puis c'est la raison pour laquelle on appelle le ministre Bonnardel à faire part de sa réaction d'abord à l'intervention fédérale, de voir s'il est en négociation pour que le fédéral s'intéresse également aux régions du Québec, qui sont abandonnées par voie de conséquence de la signature d'une entente du fédéral avec Air Canada, puis de voir quel est son propre plan de match, là, qui était sur le point d'être déposé avant les fêtes et qui ne l'a toujours pas été.

Le Québec a un rôle fondamental à jouer à l'heure actuelle pour s'assurer que les régions ne soient pas abandonnées et que le vide créé par Air Canada puisse être une opportunité de bâtir un nouveau modèle, de nouvelles dessertes plutôt qu'à l'inverse, créer une espèce de confusion où on pourrait avoir, justement, un service qui est pour un temps concurrentiel puis qu'on se retrouve avec un nouveau système, là, où un transporteur monopolistique va faire la loi.

Vous savez, il y a de nouveaux transporteurs qui sont intéressés. On sait que Pascan est déjà là depuis un certain temps, a élargi sa desserte, mais là il va faire face à une concurrence, celle de PAL Airlines, qui est une compagnie albertaine dont le siège social est dans les Maritimes. Alors, quel genre de services ça va donner en bout de ligne si c'est un peu la loi de la jungle, là, dans les transports régionaux aériens? Ça, c'est la question qu'on peut se poser. Parce que, pendant un temps, la concurrence, elle fait baisser les prix, elle donne des résultats à court terme, mais ce qu'on a vu, d'expérience, c'est qu'à moyen et long terme on finit par avoir un nouveau service qui est dominant et qui écarte la concurrence au détriment, évidemment, de la fiabilité du service et des coûts, qui invariablement remontent et sont difficiles à accepter pour la clientèle.

Mme Gamache (Valérie) : Puis, comme il y a des joueurs actuellement en place, pour vous, c'est une occasion à saisir, pour le ministre des Transports, d'établir, justement, rapidement ce nouveau système-là?

M. Arseneau : Bien, je vous rappellerais que le ministre Bonnardel, en juillet dernier, lorsqu'il a réuni pour une première fois les différents acteurs du transport aérien régional, même si on était en pandémie, y voyait une occasion, une opportunité de redéfinir le modèle québécois de transport aérien régional. Et l'une des premières pistes d'action qu'il s'était donnée, c'est de négocier avec Air Canada la possibilité d'un pacte de non-concurrence pour s'assurer qu'Air Canada ne revienne pas, à court ou moyen terme, dans les platebandes des transporteurs québécois régionaux pour qu'on puisse véritablement donner la chance à un nouveau modèle de se mettre en place, aux compagnies aériennes, si vous me passez l'expression, de prendre leur envol dans une nouvelle desserte des régions du Québec.

Et là, quand on a reposé la question au cours de l'automne, le ministre nous a répondu : Bien, finalement, ça n'a pas abouti, cette négociation-là ou cette demande auprès d'Air Canada, qui a bien d'autres problèmes à régler et qui, vraisemblablement, ne reviendra pas à court terme, donc on continue de travailler sur un nouveau modèle. Aujourd'hui, avec l'entente du fédéral, bien, on voit qu'Air Canada, de son propre chef, décide d'abandonner les régions du Québec. Mais, en même temps, on semble comprendre qu'ils vont pouvoir... du côté d'Air Canada, on va pouvoir signer une entente interlignes pour s'approvisionner, en termes de passagers, là, pour les dessertes nationales et internationales. Alors, ça, on sait qu'il y a des négociations qui sont en cours avec des transporteurs régionaux.

Mais on peut se poser la question suivante : Est-ce qu'Air Canada va déterminer quel sera le transporteur qui va être son correspondant pour aller jusque dans les régions du Québec? Est-ce que c'est Air Canada qui va continuer de contrôler le transport aérien régional, alors qu'il s'en est retiré, ou est-ce que ce ne serait pas plutôt le rôle du gouvernement du Québec, notamment, de s'assurer qu'il y ait de la place pour tout le monde et, notamment, que tous les transporteurs régionaux qui le souhaitent puissent avoir des ententes avec Air Canada pour s'assurer que, si on part de l'aéroport de Havre-aux-Maisons ou de Baie-Comeau, qu'on puisse, dans un même vol, avoir une correspondance avec Air Canada sur un vol international, éventuellement? Mais ça, il ne faut pas donner de privilèges à un transporteur qui, comme dans le passé, s'appelait Air Canada Jazz, faisait la desserte pour Air Canada, mais de façon monopolistique ou quasi monopolistique dans les régions.

Donc, il y a beaucoup de travail à faire encore pour clarifier l'entente qui a été convenue entre le fédéral et Air Canada, quelles sont les conditions auxquelles Air Canada a décidé de se soumettre et quel sera le pouvoir d'Air Canada ou non d'intervenir pour encore dicter les règles du marché régional. Et ça, ça peut être inquiétant, si Air Canada continue de jouer, mais faire par en arrière ce qu'il ne fera plus, là, de façon frontale. Et ça… il y a une certaine inquiétude qui ne peut être calmée que par une intervention résolue et déterminée du ministre des Transports du Québec, qui s'est déjà engagé à développer un nouveau modèle avec les différents partenaires pour le transport aérien régional.

Mme Gamache (Valérie) : Merci beaucoup.

M. Arseneau : Merci beaucoup de votre attention.

La Modératrice : Merci. Bonne journée.

(Fin à 11 h 33)

Participants


Document(s) associé(s)