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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Le mardi 31 mai 2011, 11 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures trente minutes)

M. Khadir: Bonjour à tous et à toutes. Lorsque Lucien Bouchard est arrivé à la tête du gouvernement québécois, en 1996, lorsqu'André Caillé est arrivé à la tête d'Hydro-Québec dans la même année, voici ce que le Québec, après un an et demi de consultations très larges de tous les secteurs, y compris le secteur privé, avait produit de mieux pour l'avenir énergétique du Québec. Ça s'appelle: Pour un Québec efficace: Rapport de la Table de concertation du débat public sur l'énergie, signé: gouvernement du Québec. C'était ça, la stratégie retenue par le consensus social, politique, économique de l'époque.

À l'époque, on disait: Il faut que le Québec se tourne vers l'efficacité énergétique, il fallait que le Québec diminue ses dépenses en énergie, d'abord, isole ses maisons, développe les filières énergétiques vertes et développe, de manière cohérente, sous contrôle public, la filière gazière et pétrolière. La filière gazière et pétrolière était, à ce moment-là... Je vous ai distribué un article de Jacques Gélinas, paru en janvier 2011, intitulé Lucien Bouchard, fossoyeur de la Société québécoise d'initiatives pétrolières. C'est une société qui a été créée par le père Johnson, donc le gouvernement national... gouvernement de l'Union nationale, Maîtres chez nous, n'est-ce pas, inspirée des formidables avancées concrétisées déjà par la nationalisation de l'hydroélectricité. C'était l'idée de se réapproprier les ressources naturelles, ce que M. Bouchard, malheureusement, ne comprend pas. Une nation, un peuple qui se respecte cherche, par tous les moyens, quand il en a l'opportunité, quand il a le rapport de force nécessaire, à se réapproprier le plus possible, sous le contrôle collectif, les ressources naturelles et, surtout, les ressources énergétiques.
Donc, la SOQUIP avait été... C'est une société d'initiatives pour faire de l'investigation, de l'exploration, de la prospection, et c'est ce que cette société a fait pendant 30 ans, de 1965, d'accord... excusez-moi, non, c'est en 1969, je m'excuse, 1969... donc, de 1969 à 1997, quand Lucien Bouchard et André Caillé ont pratiquement neutralisé et réduit... en fait, ont mis à l'écart la SOQUIP, pendant 30 ans, la SOQUIP avait mené beaucoup, beaucoup de travail, d'investissements dans le domaine pétrolier et dans le domaine gazier, avec une énorme quantité de savoirs qui, plus tard, a été gratuitement mise à la disposition des compagnies privées de prospection pétrolière et gazière. En fait, ce qui s'est passé, et je tiens à le lire pour vous, c'est que déjà, dès 1986, la SOQUIP avait accentué le travail. M. Bouchard en a fait mention, était même allé chercher des partenariats dans l'Ouest pour se doter d'expertise pour développer la filière... et gazière. Et, en partenariat avec la Caisse de dépôt, par exemple, au milieu des quatre-vingt, après avoir pris le contrôle de Soligaz, qui était composé de Gaz Métropolitain, Alberta Natural Gas et du Groupe SNC, dans le but de réaliser l'acquisition complète de Gaz Métropolitain, on a acquis la société Noverco à la tête de laquelle se trouvait justement André Caillé.
La SOQUIP est devenue ainsi, dans les années quatre-vingt-dix, une entreprise qui contrôle la distribution et la commercialisation du gaz naturel au Québec.
Mais voici qu'à partir de 1996 tout va changer. Cette année-là, André Caillé passé de P.D.G. de Noverco à P.D.G. d'Hydro-Québec, Lucien Bouchard devient ministre... premier ministre du Québec, suivant une nouvelle stratégie concoctée entre André Caillé et Lucien Bouchard, l'avenir énergétique du Québec, plutôt que de passer à travers le travail fait par le gouvernement, hein? Imaginez, s'il y a 15 ans, on avait pris le virage environnemental, le virage durable, que nous proposait cette stratégie identifiée par le gouvernement, combien on aurait de l'avance. La Chine nous envierait, même la Norvège aujourd'hui nous envierait, au lieu d'accuser le retard aujourd'hui englué dans l'exploitation des hydrocarbures.
Alors, suivant cette nouvelle stratégie...

Journaliste: ...

M. Khadir: Excusez-moi, c'est important, parce qu'on nous a dit qu'on ne faisait pas les débats de fond. Puis je pense que le Québec mérite aujourd'hui, quand un ancien premier ministre est venu parler des hydrocarbures, qu'on connaisse le fond du dossier. Quand il vient réclamer compensation pour les droits éventuellement d'exploration... c'est ça qu'il est venu réclame. Sans vergogne, sans se gêner, il est venu devant l'Assemblée demander que soient compensées les entreprises qui ont des droits d'exploration au cas où de manière définitive, à cause du moratoire, on ne fait pas d'exploration et d'exploitation dans le golfe du Saint-Laurent.

M. Ouellet (Martin): Vous dites quoi là-dessus?

M. Khadir: Mais je dis qu'il n'a aucun droit de faire ça, parce que, nous, nous avons remis entre les mains de l'entreprise privée... Lorsque lui et André Caillé ont forcé la SOQUIP à tout brader et à tout remettre au privé, on a remis au privé le fruit de 30 ans d'investissement public dans l'information sur notre sous-sol. Donc, ils nous doivent quelque chose. On a vendu à 0,10 $ l'hectare cette information et ces droits d'exploration.

M. Ouellet (Martin): ...Bouchard a vendu le Québec, c'est ça?

M. Khadir: Il a une vision coloniale du développement du Québec, une vision d'un autre siècle qui pense que le développement doit passer par l'investissement étranger. Et c'est cette vision-là qui a bradé le Québec, qui a bradé le Québec sous le gouvernement Bouchard, qui a bradé le Québec sous le gouvernement Landry puis qu'aujourd'hui brade le Québec sous le gouvernement Charest. Merci de votre attention.

M. Robitaille (Antoine): Dans cette commission parlementaire, plus tôt dans une autre intervention, on reviendra peut-être à M. Bouchard après, vous avez dit: Est-ce que c'est parce que le ministère a peur de faire baisser les actions des compagnies qui ont des droits d'exploitation, donc leur permettre de suspendre les permis? Puis après ça vous avez dit: Est-ce c'est parce qu'il y a des députés, vous pensez, des ministres dans le gouvernement qui ont des intérêts? Mais à qui vous pensiez quand vous avez dit ça?

M. Khadir: Je ne pense à personne en particulier. C'est parce qu'on voit à quel point, malheureusement, dans les sociétés occidentales, il y a des liens entrecroisés entre des gouvernements, des députés, des ministres et le milieu privé... ou des détenteurs de charges publiques. On voit un Henri-Paul Rousseau à la tête de la Caisse de dépôt. Il donne sa démission aujourd'hui. Quelques mois plus tard, on le trouve à la tête de la société Power Corporation, la rivale de la Caisse de dépôt. Alors, quand on voit ce genre de décision qui, de toute évidence, va contre l'intérêt public, le public se pose ce genre de question: Qui sont ces gens? On sait qu'il y a plusieurs personnes très proches du cabinet de M. Charest, tout au cours de ces années, qui étaient des gens qui étaient à Gaz Métropolitain, qui sont proches de l'industrie pétrolière et gazière, qui ont... qui sont proches de l'Association gazière et pétrolière du Québec.
Alors, on est en droit de se demander: Est-ce que ça va plus loin? Est-ce que, par exemple, un député, je le dis en tout respect pour lui, M. Bernard, que je vois depuis deux ans et demi à la commission justement des ressources naturelles, député de Rouyn-Noranda, qui est toujours là en train de défendre l'industrie minière... Or, c'est un ingénieur minier, que j'ai rencontré pour la première fois dans l'aéroport de Rouyn alors qu'il revenait, avec Xstrata, d'une visite guidée organisée par Xstrata dans ses installations dans le Nord-du-Québec. Bien, on est en train de se... C'est quoi, cette proximité-là? Pourquoi des députés s'autorisent... autorisent des entreprises privées multinationales à les utiliser comme ça?

Mme Richer (Jocelyne): Le fait que cette position-là soit défendue par un ancien premier ministre du Québec, ça vous trouble? Ça vous dérange? Ça vous scandalise?

M. Khadir: C'est excessivement troublant pour le peuple québécois. Le peuple québécois a une affection particulière pour M. Bouchard en raison de son destin personnel, les malheurs qui lui sont arrivés, en raison du rôle particulier qu'il a joué alentour du référendum de 1995.
Plusieurs l'ont décrit... je ne sais pas s'il y a quelques-uns d'entre vous dans la salle qui étaient parmi ceux-là, plusieurs commentateurs politiques l'ont décrit comme le père de la nation. On ne s'attend pas à ce que le père d'une nation... Hein, les pères d'une nation, c'est qui? Par exemple, c'est Mahatma Gandhi, c'est Mossadegh, en Iran, qui a nationalisé le pétrole, c'est Salvador Allende. On ne s'attend pas, de la part d'un père de nation, qui a été premier ministre d'un Québec, qu'il se mette au service d'une industrie pétrolière et gazière contrôlée... je pense, tout proche de 90 %, par des intérêts étrangers pour déposséder le sous-sol, c'est-à-dire donc dans un secteur d'activité central à la notion de l'indépendance et de la souveraineté, hein? La maîtrise des richesses naturelles, allez voir n'importe quelle école de pensée indépendantiste ou souverainiste, c'est au centre, au coeur de tout projet d'émancipation nationale.
Et là voir qu'un premier ministre, de surcroît, indépendantiste utilise son aura, le respect qu'on lui doit pour venir le mettre au service des patrons qui veulent déposséder le Québec de ses ressources naturelles, c'est très, très dérangeant. Je voudrais...

Une voix: ...

M. Khadir: Non. Bien, c'est parce que, dans le cas de M. Bouchard, ce n'est pas une traîtrise, c'est sa pensée. C'est une vision coloniale du développement économique. Il l'a dit en Chambre: Aïe, c'est des investissements étrangers, c'est comme ça qu'on va se développer. Je n'ai pas eu le temps de lui dire: Mais, écoutez, la Norvège se développe, des peuples fiers, comme l'Équateur, la Bolivie, aujourd'hui, beaucoup plus faibles que nous se développent, s'approprient les richesses naturelles. Puis il n'y a pas de... Il n'y a aucune crise, là. Ils sont plus riches qu'avant. Parce que la collectivité, comme on l'a fait dans les années soixante avec l'hydroélectricité... Ce n'est tellement pas une traîtrise dans son cas, et c'est ça qui est malheureux, c'est conforme à sa pensée, toujours. C'est un avocat de patrons, hein? On se rappelle, avant la commission... avant la commission Cliche, où il a oeuvré à côté de son ami Brian Mulroney, qu'est-ce que faisait... avant la Régie de l'assurance maladie du Québec, là, le régime d'assurance maladie du Québec? M. Bouchard était avocat de ces hôpitaux privés qui étaient à défaut de paiement, en fait. Donc, il était l'avocat des huissiers qui l'envoyaient pour faire payer les pauvres gens qui n'étaient pas en mesure de payer pour les frais occasionnés par leur hospitalisation.
Donc, c'est un avocat de patrons, et c'est comme ça qu'il a agi depuis toujours, donc il est conforme à ça, sauf que je pense qu'il devrait maintenant avoir une petite gêne. Il a été premier ministre du Québec, il devrait cesser d'être tout le temps au service des gens, surtout dans un dossier aussi sensible que les ressources naturelles. On ne parle pas du métro de Montréal, là.

Journaliste: ...

M. Khadir: Bien oui! Regardez, la Norvège fait de... ou autorise l'investissement privé.

M. Robitaille (Antoine): ...

M. Khadir: Bien, que ce soit étranger, que ce soit québécois, privé... Peu importe en fait que le privé soit étranger ou local, si c'est une petite minorité qui s'approprie les richesses... de toute façon, vous savez que les grands intérêts privés ne connaissent pas de nation, hein? C'est les premiers à aller mettre leur argent à l'abri de l'impôt des nations qui pourtant leur demandent de contribuer, hein, à l'enrichissement collectif.
Donc, que ce soit privé, que ce soit québécois ou autre, tout intérêt privé, comme logique, c'est des intérêts privés qui priment, qui prédominent, donc ce n'est pas sur ces fibres-là que M. Charest... M. Charest; quel lapsus! Que M. Bouchard... Ce n'est pas sur cette considération-là qu'il devrait baser son jugement. Il n'a pas le... je pense, moralement le droit d'être au service d'intérêts étrangers à la collectivité. Il a été premier ministre du Québec, de la nation québécoise. C'est un indépendantiste. Il devrait être en réserve de la république.

M. Journet (Paul): ...conséquence négative à ce que le Québec envoie comme message aux investisseurs étrangers, qu'on peut suspendre leur...

M. Khadir: Il y avait des conséquences...

M. Journet (Paul): ...aucune conséquence?

M. Khadir: Oui, bien sûr, il faut les assumer.

M. Journet (Paul): Ce sont lesquelles?

M. Khadir: Il faut les assumer collectivement.

M. Journet (Paul): ...

M. Khadir: Il y a des conséquences... C'est même des... les mêmes conséquences négatives que lorsqu'on a voulu nationaliser l'hydroélectricité. Moi, je ne vous parle pas de nationaliser tout ça, je vous dis juste qu'il faut s'assurer qu'une part prépondérante, majoritaire de l'activité de ces profits revienne aux Québécois.
Alors, le même argument a été avancé à chaque fois qu'on a voulu faire quelque chose dans l'intérêt de la collectivité. La nationalisation de l'électricité, vous ne serez pas capables, ils ne vont pas vous l'acheter, ils ne vont pas vous donner l'argent, les crédits nécessaires, vous n'aurez pas l'expertise, ils vont vous boycotter, c'était la même chose. Et partout on sert la même affaire. Les hydrocarbures au Venezuela, en Bolivie, en Équateur, c'est le même argument. Mais, une fois qu'on le fait, on assume quelques soubresauts, qu'on se tient debout, habituellement, à long terme, même à moyen terme, la nation y gagne. Et j'aurais espéré, j'aurais souhaité... c'est... La jeune, là, qui m'avait envoyé un courriel avec le poème de Gatien Lapointe, c'était dans cet esprit-là, de dire : C'est des pas fidèles à l'intérêt public qu'on se serait attendu d'entendre pour quelqu'un qui est amoureux de son pays, amoureux du fleuve, amoureux de sa terre.

M. Boivin (Simon): Est-ce que, quand vous revenez avec la question de la SOQUIP puis l'époque où M. Bouchard, vous dites, a mis la clé dans la porte, a bradé ça au privé, est-ce que vous laissez entendre qu'en somme, quand il a pris cette décision-là, il l'a faite, se disant que peut-être il aurait lui-même sa part du gâteau un peu plus tard?

M. Khadir: Je ne sais pas, je ne sais pas, mais c'est ce qui arrive. C'est comme une culture politique très prévalente depuis une vingtaine... 20, 25 ans, qui s'est répandue, c'est qu'il y a des portes tournantes, il y a des retours d'ascenseur, des parachutes dorés qui sont offerts. Il n'y a même pas besoin d'y avoir ce genre de considération au préalable, c'est une idéologie corrosive du tout au privé, et les politiciens savent très bien que, s'ils rendent les services appropriés, ils seront convenablement remerciés et rétribués.

M. Ouellet (Martin): Est-ce qu'on peut... Bien, je ne sais pas s'il y a encore des questions sur le sujet, mais sur les...

Une voix: ...

M. Ouellet (Martin): Non, mais les nanocéphales royaux, là...

M. Khadir: ...on en reviendra. There are questions about this issue, before.

Journaliste: ...

M. Khadir: I'm sorry?

Mme Bryan-Baynes (Elysia): Are you accusing Mr. Bouchard of selling out Québec?

M. Khadir: Well, I'm not accusing him of selling out... Mr. Bouchard has always been a lawyer for the big boss, the big enterprise, the private interests. He is a conservative and he has said it over and over again. I remember when he was head of Parti québécois, he refused to call himself «social-démocrate». So, he is consistent... what he has always been. But the problem is, as a previous Prime Minister, especially as a Prime Minister of a sovereignist, independentist party like Parti québécois at the head of Québec Government, he should have some reservations, especially on an issue touching the natural resources. It's at the center of the considerations for any nationalist government, any sovereignist, independentist project that a nation has to appropriate collectively: its soil, its land, the use of its natural resources, and here he is, you know, using his credentials and his prestige and putting it at the service of multinational corporations from Alberta, from the United States, from I don't know where to spoliate our resources, and that's unacceptable, for me.

M. Nagata (Kai): Can I ask you to clarify the comments about the parasites?

M. Khadir: I will come back on that.

Des voix: ...

Mme Bryan-Baynes (Elysia): ... the fact that the permits will be continued, is that, in its sense, a form of compensation?

M. Khadir: It's a big compensation, in my humble opinion, but, you know, that's not a big deal. He is asking even compensation on the amount that would represent now the value of the exploration permits. Remind you, the exploration permits were sold by the Natural Resources Ministry ten cents «hectare»... how do you say «hectare» in English?

Une voix: ...

M. Khadir: ...any hectare, which is well below the $3 000 on average in United States or even $5 000 to $10 000 in British Columbia. So this industry, who has obtained such a low price, and I'm not talking about the, you know, the public society that gave all the information to them at the late nineties, are pretending that they have interests at stake, and we should protect their interests before thinking of the protection of the Saint Lawrence River.

Mme Bryan-Baynes (Elysia): ...on the committee.

M. Khadir: No. I wasn't harsh. I was... I never mentioned any bad words, any... comment dit-on «disgracieux»?, any... I just told him that we find it deplorable that, as a sovereignist Prime Minister, he is at the service of private multinational foreign companies.

M. Ouellet (Martin): M. Khadir, sur justement le parasitisme royal, vous les avez... vous les avez traités de parasites... un peu un «freak show», vous avez parlé d'un «freak show», à un moment donné: On va les pavaner pour attirer...

M. Khadir: Non. Je vais vous expliquer. D'abord, ce couple... ce couple de jeunes mariés, je les invite même à venir, j'offre mes services à leur faire le tour du Plateau, s'ils le veulent, comme individus. Bien oui, parce qu'il y a beaucoup...

Une voix : ...

M. Khadir: Bien oui. Regardez... Non, non, on va aller tout ce qu'ils veulent. S'ils veulent aller voir, acheter des souliers même à la boutique Le Marcheur, je les accompagnerai, je n'ai pas de problème, c'est leur choix. L'idée, c'est que ça, c'est des individus. Alors, on n'a pas payé pour ça. Les contribuables n'ont pas à payer pour ça. Est-ce que vous voulez que vos taxes soient utilisées pour un couple royal? Au Québec, comme indépendantiste d'abord, je ne suis pas pour la monarchie. Ça fait 300 ans que les pays développés, que le monde occidental, la civilisation occidentale soit a complètement mis au rancart la monarchie ou a essayé de la garder le plus possible, disons, à l'écart ou dans un petit coin. Ce que je trouve, comme système parasitaire, c'est qu'on continue malheureusement à financer ça, que publiquement on dépense beaucoup à maintenir des institutions qui sont vieillottes, qui sont anciennes, qui ne servent plus à rien. Ça, c'est un système parasitaire, et c'est dommage que ce jeune couple là soit les porteurs de ça, alors qu'on aimerait les voir plutôt comme un jeune couple, bon, de touristes intéressés, ouverts sur le monde, qui viennent voir le beau Québec.

M. Ouellet (Martin): Mais, M. Khadir, on vous a entendu ce matin quand même faire une leçon de morale à M. Bouchard, faire une sortie contre la famille royale.

M. Khadir: Leçon de morale? Il faut qu'on ait des positions claires

M. Ouellet (Martin): Non, mais, attendez, attendez, je vais... Oui, je vais finir ma question.

M. Khadir: Moi, je ne suis pas là pour entretenir le consensus mou.

M. Ouellet (Martin): Je conviens. Mais jusqu'où vous pouvez aller justement dans l'inconvenance, l'impolitesse comme ça? Est-ce que ça peut...

M. Khadir: Excusez-moi?

M. Ouellet (Martin): Ça ne risque pas de nuire à votre crédibilité? À chaque fois que comme... bon, dans le journal aujourd'hui, vous les traitez de parasites et de «freak show». En quelque part, est-ce que vous n'allez pas loin un peu?

M. Khadir: C'est sûr qu'il faut se méfier des titres. C'est sûr que c'est très...

M. Laforest (Alain): ...

M. Khadir: Non, ce n'est pas des mal-cités.

M. Laforest (Alain): Est-ce que vous faites partie du club des mal cités?

M. Khadir: On m'a cité, sans doute, mais c'est parce que, moi, de manière ouverte, sans entretenir un langage de bois, lorsqu'un journaliste m'appelle, j'apporte une nuance, je décris dans quel contexte j'utilise tel et tel terme. C'est sûr qu'il n'y a pas de place pour les nuances à la première page...

Une voix : ...

M. Khadir: ...excusez-moi... dans la première... Parce que, regardez, l'argument a été amené... Quand j'ai dit que ce n'est pas acceptable au... siècle, on m'a dit: Non, non, mais ces dépenses-là, ce n'est pas grave parce que ça a des retombées économiques. En fait, le ministère ou je ne sais plus qui aurait dit que c'est un bon attrait touristique pour le Québec ou pour la ville de Québec. Mais, si c'est un attrait touristique, j'aimerais au moins que les principaux intéressés, le prince et la princesse, le sachent, qu'on les emmène ici un peu comme, je ne sais pas moi, comme on fait des tournées de cirque, hein? Est-ce qu'ils savent qu'on les emmène ici pour un attrait touristique ou est-ce que c'est par respect pour la noblesse royale? Il faut distinguer. Alors, moi, je veux bien, mais, si...

Journaliste : ...

M. Khadir: Excusez-moi. Si c'est pour l'attrait touristique, bien, qu'on le dise, alors c'est un investissement du ministère du Tourisme. On emmène... comme on emmènerait Paul McCartney ou le Cirque du Soleil ou n'importe quel...

Journaliste: ...

M. Khadir: Ou une femme... Bien, à l'époque, c'était ça. On m'a dit... Bien, parce que ça fait penser un peu à ça, puis je pense c'est injurieux pour ce jeune couple de mariés de penser qu'ils viennent ici comme attrait touristique.

M. Robitaille (Antoine): ...des représentants étrangers. Demain, par exemple, il va y avoir une représentante de la Bavière ici. Est-ce qu'il faudrait demander aux parlementaires de payer son petit-déjeuner ou...

M. Khadir: Oui. Ça, c'est un autre argument qui peut être défendable, je pense. Si c'est... ils ont des fonctions officielles de la part, mettons, du gouvernement britannique, puis on peut leur poser des questions, par exemple, sur les relations entre la Grande-Bretagne et le Canada, questions constitutionnelles, politique étrangère, enjeux de société, moi, je ne vois pas de problème. Mais est-ce qu'on va pouvoir parler de ça avec les deux princes... le prince et la princesse? Si c'est juste parler de la pluie et du beau temps puis du paysage, ce n'est plus une visite d'État. Quand il y a un ancien dignitaire d'État qui vient, il porte une charge publique, il a été élu, il a été... bon, et on peut discuter des enjeux politiques. Là où je pense que c'est légitime que le public dépense pour ça... Mais si c'est juste pour venir manger ensemble, parader, des photos puis regarder le paysage, je ne pense pas qu'on puisse invoquer cet argument.

M. Laforest (Alain): ...a dit que vos propos étaient littéralement indignes pour un chef de parti, de dire que c'étaient des parasites.

M. Khadir: Je comprends qu'il y a des points de vue différents, que mes amis ne comprennent pas, parce qu'on vient vraiment de familles politiques différentes.
Il y a des choses qui vont durablement changer, je pense, politiquement, avec le temps. Quand on présentera notre argument... et M. Deltell comprendra qu'il y a une dignité, que nous devons avoir comme nation, et la dignité est perçue différemment. Pour moi, une nation digne du XXIe siècle n'a pas besoin de monarque, n'a pas besoin de gens qui ont des privilèges de droits de sang. C'est un système parasitaire qu'on hérite des anciens temps. Ce système-là, là, où des monarques abusaient de manière parasitaire de la société, c'est révolu dans beaucoup d'endroits, et, je pense, il y a juste quelques... moins d'une dizaine de pays qui ont des monarchies.

Journaliste: Sur l'amphithéâtre, maintenant...

M. Nagata (Kai): ...jump to another subject, if we could just bounce back in English, to the «parasite» comment. Could you put that in context?

M. Khadir: What I mentioned is that the monarchy, which was banished in a lot of countries in Europe, for example, since the last three centuries, has been considered by people who think one vote... one man, one vote... who think every man, every woman in front of the law is equal by... by birth, that we cannot accept that some people, that we call princes or princesses, or monarchs, or queens, benefit of privileges only because of a birthright. This is a parasitic system which we unfortunately trail with us since ancient times. In modern times, as a republican, I cannot accept...

Journaliste: You're a republican?

M. Khadir: ...I cannot accept, OK, I cannot accept that we spend public money, money of taxpayers to just maintain these privileges for people who have not been elected, for people who have not special competences to represent our societies. I welcome them as individuals, and I offer them the visit of my riding, Le Plateau -Mont-Royal, in Montréal, as individuals, and I don't...

M. Nagata (Kai): Are you welcoming them as individuals, or are you going to be part of the crowd...

M. Khadir: Of course.

M. Nagata (Kai): Are you going to be part of the crowd, protesting?

M. Khadir: No, no. As individuals, yes. The fact that our Government is bringing them as representatives of a monarchy, I'm protesting... But, as individuals, they are more than welcome.

M. Nagata (Kai): Are you going to walk the talk or are your going to go on the streets?

M. Khadir: I don't know if it is appropriate with my time. It depends. If I'm here, I will. If not, I won't.

M. Laforest (Alain): Winnipeg va avoir une équipe de hockey. On n'est pas en train de perdre notre temps au Québec actuellement?

M. Robitaille (Antoine): ...

M. Khadir: Je n'ai pas compris, là, je m'excuse.

M. Robitaille (Antoine): «Pendant qu'on se chicane, il y a des gens qui travaillent fort ailleurs. Au moment où Winnipeg reçoit son club, on devrait être en blitz avec la Ligne nationale, mais ici on va être en commission parlementaire.»

M. Khadir: Est-ce que M. Labeaume avait une offre de l'assemblée... de la Ligue nationale pour dire ça? La question... Il faut le poser à M. Labeaume. S'il veut qu'on accorde un certain crédit à ce qu'il affirme, bien, qu'il nous présente l'offre de la Ligue nationale de hockey, là. Il y avait-u une offre qu'on a ratée, qu'on n'a pas sue?

M. Laforest (Alain): Sans amphithéâtre, il n'y a pas d'équipe de la Ligue nationale.

M. Khadir: Ah, mais, l'amphithéâtre, on le paie. Il n'a pas besoin d'une entente privée avec Quebecor ou une entente aussi désavantageuse pour la ville de Québec pour avoir son amphithéâtre. Le gouvernement du Québec s'est engagé. Lui, il a été capable d'aller chercher son 187 millions, il y a des citoyens du Québec qui se cotisent. L'amphithéâtre, on l'a. Tout ce qu'on lui demande, c'est qu'il travaille aussi fort qu'il le fait pour essayer de nous enfoncer ça dans la gorge... qu'il travaille plutôt à obtenir, de manière transparente, par un appel d'offres public, en mettant vraiment les gens en concurrence, suivant la loi, parce qu'il doit obéir à la même loi que tout le monde, pour avoir le meilleur... possible pour la ville de Québec.

M. Laforest (Alain): ...en train de manquer le bateau?

M. Khadir: Non, pas du tout. Je pense qu'il... M. Labeaume est un habile négociateur. Là, il a besoin d'aller vite à cause de son tempérament puis ses manières d'agir, mais je pense que, quand il va réaliser que ce projet de loi ne passera pas, il va faire les calculs puis il saura qu'il a énormément d'avantages. On a une ville amoureuse du hockey... une province, en fait, qui est prête à le soutenir. On a un amphithéâtre entièrement financé par le public, on a un dollar à parité, il a des conditions absolument formidables pour aller chercher une équipe de hockey de la Ligue nationale.

M. Laforest (Alain): Et actuellement vous croyez que le fait qu'on annonce Winnipeg, ça ne fait pas en sorte que ça va écarter Québec...

M. Khadir: Bien non, ça prouve juste que, justement, il y a des opportunités, qu'il y a des équipes qui vont être transférées. Ça, c'est un premier exemple, puis il y en aura d'autres. Merci.

(Fin à 11 h 56)

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