(Dix heures une minute)
La Modératrice
: Alors,
bonjour et bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. S'adressera à
vous aujourd'hui M. Joël Arseneau, porte-parole en matière de santé et de
transports. Il sera suivi du chef du Parti québécois, M. Paul 10 Plamondon.
M. Arseneau, c'est à vous.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Bonjour, bon début de semaine à tous.
Aujourd'hui, c'est la semaine des soins
infirmiers. On voudrait, d'entrée de jeu, saluer nos anges gardiens, leur
signifier à quel point on est fiers du travail qu'elles ont effectué au cours
de la dernière année, souligner également qu'on les appuie dans leur quête pour
une plus grande valorisation de la profession, des meilleures conditions de
travail, salariales notamment, et également demander au gouvernement de reconnaître
à son tour que la profession est extrêmement importante, particulièrement en
période de pandémie, mais pour la suite également, et, à court terme, de
réviser l'arrêté 007, qui privera, vraisemblablement encore pendant un
temps, les infirmières du droit de prendre des vacances. Je pense que le
gouvernement doit lancer un signal fort en appui aux infirmières du Québec et
saisir… Cette semaine serait une bonne occasion pour le faire.
Maintenant, j'aimerais aussi parler de
transport. Les révélations dont a eu vent hier concernant le sort de la ligne
bleue sont accablantes pour le gouvernement et le ministère des Transports, qui,
essentiellement, est à l'origine des délais et de l'explosion des coûts de
construction de la ligne bleue. La gouvernance, avec ses 14 comités différents,
qui donnent l'impression que ce dossier-là est géré de façon absolument
kafkaïenne, c'est troublant et c'est la responsabilité de la CAQ.
Le bureau de projet a été mis en place en
2018, peu avant l'accession au pouvoir du gouvernement actuel. Visiblement, le
gouvernement de la CAQ a dormi au gaz, tout en utilisant, là, une approche deux
poids, deux mesures, en laissant les choses traîner du côté de la ligne bleue,
tout en développant ou en applaudissements... en applaudissant plutôt le développement
du REM de l'Est par la CDPQ Infra sans aucune contrainte. Et ce que ça révèle,
c'est le manque de vision du gouvernement en ce qui concerne le développement
d'un transport structurant à Montréal, et particulièrement dans le secteur de
l'est de Montréal, qui est encore la région... la grande négligée en matière de
transport en commun dans la région de Montréal et au Québec.
Alors, ce qu'on souhaite, évidemment, c'est
que le gouvernement se ressaisisse et qu'il évite de charcuter le projet de la
ligne bleue. Il faut réviser, bien sûr, la gouvernance, mais donner les moyens
à la STM, notamment, de pouvoir accomplir ce projet dans les délais les plus
courts, avec les budgets les plus raisonnables possible. Mais de priver encore
une fois les citoyens de l'est de Montréal d'un projet dans sa pleine dimension
serait une grave erreur, surtout concernant le fait que c'est le ministère des
Transports en particulier qui est à la source des problèmes qu'on vit présentement.
Sur ce, je vous laisse avec Paul St-Pierre
Plamondon, notre chef.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Merci, Joël. Un mot sur les places en garderie manquantes. Donc, je veux
souligner à quel point le temps passe, et on accorde toujours très peu de
considération au travail des éducatrices, à leurs conditions de travail, pour
régler une crise qui est réelle. Évidemment, ce qui retient l'attention ce
matin, c'est qu'il y a 5 000 familles dont les données ont été détournées.
Et là il vient un débat, à savoir est-ce que c'est 87 000 enfants qui
attendent une place ou si c'est 51 000.
Évidemment, on va demander, dans un
premier temps, au gouvernement de ventiler ce chiffre de 87 000 pour qu'on
comprenne exactement comment on peut avoir une si grande différence entre les
deux chiffres. Mais je vous dirai que, même s'il y avait une justification pour
chacune des tranches d'inscriptions qui ne correspondent pas à 51 000, ça
ne change absolument rien. Le sujet, c'est qu'il y au moins 51 000 enfants
qui n'ont pas de place, et le gouvernement dort depuis trois ans maintenant
devant une situation que le Parti québécois avait annoncée, jour pour jour, il
y a un an. On avait dit : On s'en va dans un mur, et ça va être terrible.
Et ça a été très difficile. Pour les familles, ça crée de la détresse
psychologique. Pour les enfants, également, ça crée une détresse psychologique.
Et, sur le plan de l'économie, bien, on est moins productifs, donc l'État aussi
recueille moins d'impôts.
Donc, ça n'a aucun sens. Et non seulement,
donc, on demande au gouvernement de ventiler puis de nous donner l'heure juste
sur le nombre d'enfants qui sont toujours sans place en garderie, mais on veut
surtout que le gouvernement agisse avec les propositions qu'on a déjà faites, à
savoir du rattrapage salarial, des meilleures conditions de travail, des
incitatifs à ouvrir des places, des bourses, de la formation, toutes ces
mesures-là pour revaloriser le rôle d'éducatrice, et ainsi obtenir de réels
résultats pour les familles qui n'ont pas de place.
Un mot également sur le fait que le ministre
de l'Éducation est encore une fois, ce matin, dans l'embarras pour la question
de la ventilation dans les classes. Je ne compte plus le nombre de fois où on a
parlé de ça, mais là je pense qu'il faut nommer les choses. Le ministre Roberge
a menti aux Québécois. Ça me semble limpide. Il a dit qu'il avait l'aval de la
Santé publique pour des mesures que le Parti québécois a questionnées dès le
départ, et il s'est donc caché derrière la Santé publique.
Et là ce qu'on apprend, c'est qu'il
n'avait pas l'aval de la Santé publique. Non seulement il les a consultés à la
dernière minute, mais il n'a jamais attendu d'avoir les commentaires de la
Santé publique pour mettre de l'avant sa politique, avec l'impact qu'on doit se
demander quelle place réellement occupe la science dans ce gouvernement-là lorsque
le gouvernement envoie à la Santé publique, à la dernière minute, des
politiques puis ne tiendra même pas compte de l'opinion de la Santé publique.
Et le pire, et je termine là-dessus, c'est
que le ministre refuse toujours d'apporter les correctifs nécessaires dans le
processus, dans les normes. Donc, on est toujours en contravention de ce que la
Santé publique apporterait comme mesures en matière de ventilation. Et je
trouve ça très, très troublant de constater que, vraisemblablement, on un
ministre qui a menti à la population en se servant de la Santé publique comme
excuse, comme paravent. Je trouve ça grave.
Là-dessus, je vais prendre vos questions.
La Modératrice
: Une
question et une sous-question.
M. Chouinard (Tommy) : …que
les données soient en apparence si peu sécurisées?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Évidemment, le ministre va devoir répondre de ce bris-là, parce que la
population est en droit de s'attendre à ce que ses données soient sécurisées.
Donc, on va devoir obtenir des explications sur comment ça a eu lieu. Donc, ça,
c'est au gouvernement d'en effet corriger cette situation-là.
M. Laforest (Alain) : Actuellement,
le ministre Caire se dirige totalement et uniquement vers l'infonuagique. Il
veut transférer l'ensemble des données du Québec. Là, il y a eu la faille dans
les garderies, mais il y a également eu la faille pour les régimes de retraite des
enseignants.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
On le voit au privé aussi.
M. Laforest (Alain) : On a
des exemples.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
On le voit au privé également, exactement, dans quel cas le gouvernement, avant
de dilapider des fonds publics… Parce que, plus souvent, les projets
informatiques riment avec beaucoup de difficultés, puis, de refaire le travail,
c'est très coûteux. Le gouvernement doit être capable de nous expliquer comment
il va offrir aux Québécois des garanties, parce que, clairement, il y a
plusieurs exemples de défaillances de protection des données personnelles, et
c'est un sujet très sérieux. Donc, le gouvernement doit arriver avec des
garanties et des explications convaincantes. Et là, malheureusement, on voit
que ça ne fonctionne pas.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
qu'on devrait mettre un frein?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, c'est-à-dire qu'on devrait mettre un frein si on n'est pas capables
d'offrir aux Québécois des garanties strictes quant à la protection de leurs
données. Puis, en ce moment, le gouvernement nous doit des explications sur
pourquoi ça a eu lieu à nouveau et comment le gouvernement compte faire
différemment, dans un contexte où il compte investir beaucoup, beaucoup
d'argent pour cette informatisation-là des données.
M. Lacroix (Louis) : Selon ce
qu'on peut comprendre de l'article de notre savant confrère, le gouvernement a
été capable d'arriver puis de dire : Bon, bien, O.K., on limite à
5 000 la perte de données. Donc, il y a des mécanismes, semble-t-il,
pour protéger, mais il ne semble pas y avoir de mécanismes suffisants pour
empêcher les pirates informatiques d'entrer dans les systèmes. Ça, c'est
inquiétant, non?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Exact, oui, la garantie ne doit pas être sur le fait qu'on peut endiguer en
partie les vols de données, là. Ça, ce n'est pas une garantie. La garantie doit
être sur le fait de garantir aux Québécois que des malfaiteurs ne peuvent pas
entrer dans le système gouvernemental et voler nos données. Si c'est le cas, il
faut changer d'approche. Et là moi, j'attends des explications de la part du
gouvernement.
M. Chouinard (Tommy) : Est-ce
qu'il y a un lien entre le piratage… En fait, il dit que, derrière ce piratage,
il y a des motivations politiques.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Qu'elles soient politiques ou pas, un piratage est un piratage, et le
gouvernement aura failli à protéger nos données. Donc, ensuite, les motifs du
pirate sont beaucoup moins importants que la garantie que doit nous fournir le
gouvernement, à savoir que nos données sont sécures. Et ça, on a besoin de
cette explication-là, on a besoin de cette garantie-là.
M. Chouinard (Tommy) : …vous
aviez eu vent de ça?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, pas au préalable, là. Je l'ai appris dans le cadre du reportage.
M. Larin (Vincent) : …le fait
qu'il n'y avait pas de Québécois dans l'alignement du Canadien hier soir, est-ce
que c'est une question de régie interne, selon vous, ou ça démontre un problème
plus profond?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, c'est un problème dans la mesure où des formations sportives, comme le
CF Montréal ou comme les Alouettes, semblent avoir une implantation, un
système de développement de joueurs, localement, beaucoup plus convaincant,
beaucoup mieux organisé que l'institution, dans notre histoire, qu'est le CH.
Et moi, je pense que ça provoque un certain nombre de remises en question.
Premièrement, quelle est l'implication du
Canadien de Montréal dans le développement de joueurs québécois pour qu'ils
aboutissent au sein de notre formation? Parce qu'on sait… Il y a des
discussions… Par exemple, en matière de football, de soccer, en Europe, les
joueurs qui jouent pour leur formation locale donnent plus, sont plus engagés, et
ça engage également les partisans. Donc, qu'est-ce que le Canadien de Montréal
pourrait faire ou ne fait pas en ce moment pour développer localement des
joueurs?
Ça soulève également la qualité ou le
système de développement de joueurs de hockey au Québec. La ligue junior majeur
du Québec est-elle un système de développement de joueurs adéquat? Est-ce qu'on
s'est adapté? Lorsqu'on regarde le succès de la Finlande, de la Suède, d'autres
petites nations, qui développent des joueurs de talent, moi, ça me crève un peu
le coeur, parce que j'ai grandi en admiration des gardiens de but québécois. On
sait que les quatre meilleurs gardiens de but, en termes de victoires, ce sont
des Québécois, et on voit aujourd'hui quelle est la relève de cette époque-là.
On n'en voit pas.
Donc, il y a des questions à se poser sur
l'état du hockey au Québec, le lien aussi avec l'éducation, le lien avec les
conditions dans lesquelles on place nos jeunes. Je pense que c'est le temps
peut-être de réfléchir à ça. Ça a été une discussion, mais je n'ai pas vu
beaucoup de changements à ce niveau-là. Donc, ayons la discussion, parce que
moi, j'aimerais mieux avoir un certain nombre de Québécois jouer pour le CH.
M. Lacroix (Louis) : Il y en
a, là, des bons joueurs québécois…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Ils sont juste ailleurs.
M. Lacroix (Louis) : …qui
jouent dans d'autres équipes de la Ligue nationale. Là, en ce moment, il n'y en
a aucun dans l'alignement du Canadien. Trevor Timmins ne recrute pas des
joueurs francophones, alors que le Canadien, à son origine, a été créé
justement pour favoriser le fait que… tu sais, de faire jouer des joueurs
locaux. Est-ce que le Canadien, en tant qu'organisation, manque le bateau
actuellement? Et est-ce qu'il remplit son rôle, le rôle que devrait jouer une
équipe de hockey professionnelle, la seule au Québec?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, c'est pour ça que je vous parle de développement, parce qu'évidemment on
vous répondra que le Canadien de Montréal prend toujours le meilleur joueur
disponible, indépendamment de son origine, sa langue parlée. Ça, ça sera la
réponse classique, qui se comprend. Mais ça n'empêche pas que, pendant ce
temps-là, on voit d'autres clubs à Montréal investir dans le développement de
jeunes localement pour les faire aboutir dans le grand club, ce qu'on ne voit
pas de la part du Canadien de Montréal.
Et je pense également qu'il y a des
questions à se poser sur la qualité de l'organisation du hockey chez les jeunes
au Québec, parce qu'on voit qu'on produisait naturellement des joueurs
dominants, il y a quelques décennies, et on les voit moins, là. Donc, la place
des Québécois dans la Ligue nationale de hockey a quand même connu un certain
déclin, et ça, ça devrait nous remettre en question sur les conditions dans
lesquelles on place nos jeunes qui veulent jouer au hockey, le rôle de leurs
études là dedans, le rôle du soutien, de développement du talent de pointe.
Je pense que ces questions-là
appartiennent au CH, parce que le CH fait partie de notre histoire, est une
institution importante pour les Québécois. La preuve, c'est que le point de
presse de ce matin porte sur notre club de hockey, là. Ce n'est pas ordinaire.
Donc, il doit y avoir un ancrage puis une valorisation du Québec à travers le
CH.
M. Lacroix (Louis) : Je comprends
qu'on est peut-être loin de la politique, mais, à quelque part, ça les rejoint,
là, hier, là, les Maple Leafs jouaient, eux autres, dans leur alignement, ils
avaient 10 joueurs qui étaient originaires de l'Ontario. Ça fait qu'eux autres
ils ont l'air à avoir compris quelque chose, mais les Canadiens, eux autres, ne
sont pas foutus de mettre des joueurs Québécois dans leur équipe. Est-ce que
cette organisation-là manque de sensibilité à l'égard du Québec?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Moi, je pense que cette organisation-là doit s'ancrer davantage dans le Québec
en développant des joueurs Québécois dans le but de les amener dans le grand
club, un peu comme on voit dans d'autres sports. J'ai déjà commenté également
sur la place de la musique francophone lors des parties. Mais il y a un ancrage
qui doit faire l'objet d'une réflexion, parce que ça fait partie de notre
histoire. Mais, surtout, c'est que des joueurs performants qui jouent pour leur
club local performent mieux puis créent plus de liens avec les parties.
M. Larin (Vincent) : Sur le
dernier sondage Léger qui est sorti, le Parti québécois est troisième derrière Québec
solidaire. C'est la première fois que ça arrive. Est-ce que vous pensez que
vous êtes toujours en mesure de créer la surprise à la prochaine élection? En
général, si vous voulez commenter là-dessus…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, c'est un sondage qui a lieu en temps de pandémie, et c'est difficile
d'évaluer la valeur de ces sondages-là lorsque, vraisemblablement, le sujet de
discussion, de préoccupation, pour les gens, c'est de se sortir de la pandémie.
Il y a bel et bien un effet de ralliement autour du gouvernement, un
environnement qui est particulier sur le plan médiatique. On voit que tous les
partis d'opposition font en deçà de leur score lors des dernières élections. On
fluctue à la hausse, à la baisse, mais, généralement, tous les partis
d'opposition sont en dessous de leur résultat de 2018.
Dans le cas du Parti québécois, on est un
parti qui porte un projet de société fondamental, qui existe depuis au moins
les Patriotes. On est en politique pour nos convictions, et ces convictions-là,
pour l'instant, ont peu d'espace, parce que le sujet, c'est se sortir de la
pandémie. Donc, moi, je suis en politique parce que je pense qu'on doit devenir
un pays. Quel est l'espace à court terme? Comme je l'avais promis, en
chefferie, de me promener au Québec, de parler du projet de société, qui, je
pense, va nous amener ailleurs… Il n'y a pas d'espace à court terme puis il n'y
a pas d'espace en général pour les partis d'opposition partout en Occident.
Mme Prince (Véronique) : Vous
pensez que les sondages sont biaisés par le fait qu'on est en train de
traverser une crise, mais, quand on va se sortir de la crise, dans le fond…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
La pandémie a une influence sur les sondages. Et moi, je suis en politique pour
des convictions. Je veux voir l'indépendance du Québec. Je veux qu'elle se
réalise. Je trouve que c'est nécessaire. Je veux protéger le français. Je veux
lutter contre les changements climatiques, protéger l'environnement. J'ai des
convictions, puis mes collègues ont des convictions. Puis mes collègues
pourraient faire autre chose en ce moment, mais ils sont là par conviction, et
ces convictions-là…
Une voix
: …
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je veux juste terminer. Ces convictions-là ne changeront pas, peu importent les
sondages. Et il y a des signaux aussi qui nous encouragent. Notre financement
est excellent. On est nez à nez avec la CAQ, qui, pourtant, a 10 fois plus
de députés. On voit, en Écosse, le sujet des indépendances existe toujours, est
toujours pertinent.
Puis je vous dirai… Tu sais, c'est sûr que
ce n'est pas le chiffre que je voudrais en date d'aujourd'hui. Mais ça me
faisait également penser quand, à la course à la chefferie, j'avais tout lâché,
j'avais quitté mon emploi, puis il y a un sondage Léger qui m'avait placé à 5 %.
J'étais tout seul avec ma femme, qui était enceinte jusqu'aux oreilles, à
Gaspé, dans un motel, puis la question, c'est : Est-ce que je lâche? Puis
j'ai décidé de poursuivre mes convictions, de ne pas lâcher le morceau, parce
que je croyais en ce que je faisais. Puis finalement j'ai fini à 56 %, puis
ça ne donne aucune garantie pour la prochaine fois.
Tout ce que vous dis, c'est qu'on est en
politique pour nos convictions, que la question de l'indépendance, elle est
fondamentale, et que c'est normal, en temps de pandémie, que des gens dont les
besoins primaires ne sont pas remplis, dont la santé est en péril… C'est normal
qu'il n'y ait pas d'espace pour d'autres discussions. Ça ne veut pas dire qu'en
2022 il n'y aura pas d'écoute pour le projet de société qu'on a à mettre de
l'avant puis pour les valeurs qu'on défend.
M. Lacroix (Louis) : …M.
St-Pierre Plamondon, vous êtes à 6 %, à égalité avec Éric Duhaime,
15 % dans le vote francophone. Le Parti québécois n'a jamais connu un
plancher aussi bas que ça. Est-ce que ce n'est pas un peu décourageant, en bout
de ligne, de dire : Bien, j'ai fait une campagne, j'ai voulu remonter le
parti, puis non seulement il n'a pas remonté, mais il continue à baisser.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
On va le savoir quand on va être sortis de la pandémie, parce que, pour tous
les partis d'opposition en ce moment, les chiffres ne sont pas encourageants. Et
on sait que la pandémie crée un environnement politique complètement différent.
Votre réalité, également, est différente par rapport à votre capacité de
questionner le gouvernement. C'est normal que les gens, en ce moment, répondent
aux sondages en fonction de leur désir de sortir de la pandémie. On va avoir
l'heure juste puis on va pouvoir peut-être avoir des réflexions plus précises
lorsqu'on ne sera plus en pandémie. On regardera comment les chiffres bougent.
Mais moi, je vous dis, dans tous les cas,
mes collègues, moi, on est en politique parce qu'on a des convictions, et les
chiffres ne changeront pas notre volonté de voir le Québec devenir un pays puis
notre volonté de protéger le français, protéger l'environnement, protéger notre
monde. On est en politique pour d'autres choses que les fluctuations de
sondages qui, vraisemblablement, ont un lien avec la pandémie. Ça, c'est
indéniable. Donc, on aura cette discussion-là lorsqu'on sera sortis de la
pandémie puis qu'on pourra avoir une idée un peu plus juste d'où se situe
chaque joueur.
Et, comme je vous dis, moi, j'ai déjà
connu ça, être très, très bas dans les sondages puis remonter de 5 % à
56 %, puis c'est mon objectif par rapport au Parti québécois, parce que je
suis convaincu que cette formation politique là non seulement a des gens très
intelligents puis pertinents au niveau politique, mais porte un projet plus
grand que nous, qui est nécessaire. Ça crève les yeux, durant la crise, à quel
point il y a un gouvernement de trop, puis on devrait être indépendants. Mais
ce n'est pas le bon moment, la crise, pour parler de projet d'avenir, de projet
de société. Il y aura un moment pour ça. Il faut sortir de la crise, et on
verra à ce moment-là où on se situe.
M. Laforest (Alain) : Parlant
de la pandémie, le maire de Rimouski a demandé de casser le Bas-Saint-Laurent
en deux, là. À Rivière-du-Loup, ça flambe énormément, dans sa région, ça ne
flambe pas. Il se retrouve sous des mesures. Est-ce qu'on devrait encore plus
régionaliser au niveau des mesures? Je ne sais pas si vous ou M. Arseneau
pouvez répondre.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Veux-tu le prendre?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
on a toujours été pour une approche qui correspondait à la réalité du
territoire. Alors, moi, je pense que cette proposition-là, elle se tient pourvu
qu'on puisse s'assurer justement qu'il n'y ait pas d'interconnexion trop grande
pour qu'une région en contamine une autre. Mais, de pouvoir avoir une approche
qui est davantage ciblée sur le territoire, qui soit relativement bien définie,
je pense que c'était le voeu du gouvernement en déposant, d'ailleurs, sa
grille, là, si on veut, là, le code de couleurs. On avait dit qu'il y avait des
régions, mais qu'on pouvait aller en sous-régions, et jusque… et on l'a déjà
fait par MRC. Donc, moi, je pense, cette proposition-là, elle se tient. Je
laisse les autorités de santé publique valider si c'est applicable. C'est
surtout…
M. Carabin (François) : La
campagne de vaccination suit son cours, M. Arseneau, mais ce qu'on
remarque, c'est qu'à Montréal le taux de vaccination est pas mal bas, là, dans
les pires régions du Québec. Est-ce que le message ne passe pas à Montréal?
Puis comment vous pensez que le gouvernement devrait intervenir?
M. Arseneau : Bien, il y a le gouvernement
puis il y a la santé publique de la région de Montréal qui, je pense, sont tout
à fait au fait de cette réalité-là et qui doivent encore déployer des moyens,
et qui peuvent le faire, d'aller rejoindre les gens là où ils sont, des
cliniques de vaccination mobiles, par exemple. Dans certains quartiers, on a
déjà utilisé les camions crieurs. Je pense qu'on doit faire de la vaccination
non seulement dans les entreprises, mais on doit le faire aussi dans les
écoles. On avait proposé que ce soit fait, d'ailleurs, pour les écoles, non
seulement pour les jeunes, mais aussi pour le personnel enseignant. Il existe
encore des mesures pour, justement, peut-être, traverser un certain mur, là,
soit de résistance ou d'indifférence, qui peut être lié aussi, dans certains
cas, là, à l'origine ethnoculturelle dans certains secteurs, question de langue
également. Donc, moi, je fais confiance à la Santé publique de Montréal pour
trouver les moyens… Pardon?
M. Carabin (François) :
Est-ce qu'il y a matière à s'inquiéter, selon vous?
M. Arseneau : Bien, matière à
s'inquiéter, il y a surtout matière à agir. Donc, moi, je ne suis pas inquiet,
mais je pense qu'il faut mettre les bouchées doubles pour que Montréal puisse
suivre la cadence du reste du Québec.
M. Bergeron (Patrice) : Sur
la ligne bleue, M. Arseneau, vous avez dit tout à l'heure que ça prend une
réforme de la gouvernance. Qu'est-ce que vous voulez dire par ça?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
on voit déjà que le gouvernement a tendance à négliger le fait qu'il y a l'ARTM
qui a un rôle de concertation, puis qu'ils ne sont pas nécessairement dans le
coup des projets qui sont développés par le REM, par exemple. On voit que la
STM n'a pas eu tous les moyens pour agir, notamment pour agir comme maître
d'oeuvre de l'expropriation, puis de pouvoir, en fait, avoir les moyens des
ambitions que le gouvernement lui confie pour la réalisation de la ligne bleue.
Les 14 comités qui existent, qui se
marchent un peu sur les pieds les uns les autres, et les avis qui semblent
contradictoires, donc il y a un ménage à faire là-dedans. Et je pense que le gouvernement
a négligé trop longtemps, là, cet aspect-là pour pouvoir faire avancer le
dossier. Je sais que le gouvernement a une attention particulière sur les budgets,
puis il va falloir les restreindre, mais je pense que les budgets vont être
respectés si la structure est efficace et si la gouvernance l'est aussi.
M. Bergeron (Patrice) : Quand
vous regardez les sondages, là, est-ce que vous avez peur de ne pas être réélu
l'année prochaine?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
moi, j'ai été élu avec des sondages défavorables, avec une très faible marge. Et
je suis convaincu que le travail qu'on fait sur le terrain et ici, à l'Assemblée
nationale, est remarqué par les électeurs. Puis, comme l'a dit mon chef, il y a
une période à l'heure actuelle où tous les feux, le feu de tous les projecteurs,
sont braqués sur le gouvernement. Alors, lorsqu'on va sortir de la crise, je
pense qu'on pourra faire campagne, faire valoir ce qu'on a fait, faire valoir
nos résultats, et surtout notre projet de société. Moi, je garde entièrement
confiance en mon chef et en notre formation, oui.
M. Carabin (François) : …une
ligne bleue à quatre stations, Mme Rouleau a parlé... parce que le projet, c'est
cinq stations, mais, ce matin, Mme Rouleau parlait d'une possibilité de réduire
ça à quatre stations.
M. Arseneau : Bien, moi, je
trouve que c'est une mauvaise approche. On ne va pas commencer à charcuter un
projet dont on parle depuis 40 ans parce qu'on a tardé à faire les expropriations
puis que le ministère des Transports a les deux pieds dans le ciment. Alors,
s'il faut faire porter le poids sur les usagers de l'est, qui ont bien besoin
d'un transport structurant, le poids de l'indécision ou du laxisme du gouvernement,
ce serait quand même le comble.
Alors, moi, je pense que c'est une très
mauvaise solution de commencer à modifier le projet, à en faire un plus petit développement,
alors que ce sont des projets qui doivent durer pour les 100 prochaines années.
On n'a pas hésité, là, quand il est question du REM, de leur donner les clés du
transport structurant pour les 200 prochaines années sans condition, sans questionnement,
sans débat public. Il y a un problème de transparence grave de ce côté-là, mais
on y reviendra.
Mais, pour la ligne bleue, là, on va se
contenter de quelques stations puis de faire semblant qu'on fait un vrai projet?
Ce serait quand même honteux. Moi, je pense que le gouvernement doit se
ressaisir là-dedans puis aller au fond des choses, restructurer la gouvernance,
mettre les fonds nécessaires pour développer ce projet-là dont on a besoin. On
peut-u, une fois pour toutes, là, finir un projet qu'on a commencé? Mais il
faut, pour cela, y porter une attention, une très grande attention, et ce qui
n'a pas été fait au cours de la dernière année et demie, les deux dernières
années.
La Modératrice
: On va
passer en anglais.
Mme Senay (Cathy) : Good
morning. Mr. St-Pierre Plamondon, the Minister of Family
said this morning that the hacker, basically, acted on Saturday night, and the
cooperative didn't find out about that data breach… on Monday at noon, and it's
LaPresse, Tommy Chouinard, who told them what happened, and now the SQ and
the RCMP are investigating. What is this?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : It tells you that our data is not
secure at the very moment where the Government is investing to move our data in environments that are at risk for such breaches. So we need explanations from
the Government, but we need, as
well, guarantees, because, if they're moving our data in environments where we know they will be
breached, it's not acceptable. Our data should be secured, and the Government needs to give us very strict
guarantees that it will be secure, and that's not the case right now.
Mme Senay (Cathy) : The Federation of Chambers of Commerce in Québec is asking for a digital vaccine proof, not necessarily digital, but
a vaccine proof, to be used as soon as possible to accelerate big events and
reopening of businesses. I mean, as of Thursday, people will be able to have
access to the digital proof of their first dose. Don't you think the Government should have put in place
guidelines to use this digital proof first and then give access to people to
their digital proof, vaccine proof? Is there, like, a danger here to go too far?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : There is a danger because it is a
dangerous precedent. And what we say for several weeks
now is there should be ethicians, specialists and medical expertise on the
topic of… First, do we need that absolutely? Because it is an infringement on
individual health data, do we need it? And, if we do need it, what do we have
in place to think about the consequences in the long term of such a system
where the Government knows about your health data? And it's a matter of being
professional about it, being serious about it. And we haven't got any positive
response, but there is a risk. And my stance, for three weeks now, is: before
we talk about passports, «passeport vaccinal»...
Mme Senay (Cathy) : …
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : …before we talk about any vaccine passport or vaccine proof,
we should encourage people to get their shot, to get vaccinated, because what
we see in California or other places in the U.S. and other places in Europe… You
might not need it at all, because, if we follow what the polls say, that four out of five Quebeckers are willing to take the vaccine, I don't think we will need a
passport. Maybe we will need it to travel abroad, and, that, we'll see how
countries govern themselves. But, before we rush into having a vaccine
passport, we should, first of all, succeed with the operation of getting our
population vaccinated, and see the proportion we get, and we might just not
need it. So, first, have experts start thinking about it seriously, second,
wait before we conclude that we absolutely need that.
M. Grillo (Matthew) : …talk about having proof is scaring people off from getting the
vaccine or creating some sort of doubt in people's minds as to whether or not
they should get the vaccine?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : It might create fears, but it's not
fear about the vaccine itself. That's why I think it's the wrong discussion
right now. We should have experts… The Government should have the
responsibility to get specialists in ethics and in health, public health, work
on that right now. That's the responsibility of the Government.
But the public message,
the topic, right now, should be… It's not about proof of your vaccination. It's
about getting vaccinated for your own interest, for your own protection. We've
seen it in certain countries such as Israel, they were very quick on the
vaccination, but those who didn't get the shot were in the middle of a very,
very strong wave. So we need to protect everyone. We need to encourage people
to get the vaccine. And then we can have a conversation based on genuine data,
genuine facts, as to whether we need any proof of vaccine or not. But to rush
into that conversation while we're at not even 50% of the population who has
the vaccine right now, it's really… in French, we say «mettre la charrue devant
les boeufs». It's really the wrong sequence, as far as I'm concerned.
M. Grillo (Matthew) : Going back to the data leak, the day care data leak, do you think
this just happens too often with information that has a connection to the
Government?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : It's a genuine problem, both with the
Government and private companies. And that's why, before the Government is
going to invest several millions into moving our data into totally… cloud
platforms, we need serious guarantees that our data is protected. And it's not
enough to say : Well, we took 48 hours and we were successful in
having only a part of our people with the data breach. We need a guarantee that
it's zero breach, because it's our personal data, and it shouldn't be available
for pirates, for thieves. So we need explanations and serious guarantees by the
Government as to our personal data.
M. Authier (Philip)
: Your arrival as PQ Leader does not seem to have pushed the party up
in the polls. You're now behind Québec solidaire. Do you have a comment on that?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : I think the pandemic is pushing all
opposition parties below their score in 2018. And the Parti
québécois is about a society project, the project of independence, and that project will be
discussed, will be put forward, and our values will be put forward, but when
the pandemic is over, because, right now, it's normal, the people are insecure
about their own health, about their own needs, basic needs, and that's the
topic right now. So it has an effect on polls. But there will be a time where
we will put forward why we are in politics. I'm
surrounded with very intelligent and competent people who are in politics
because they have convictions, because they believe in our project, and that's
what we will put forward. And we will have a better idea of where we stand
towards 2022, after… when the pandemic is over and when this very specific
environment is over.
M. Authier (Philip)
:
On the data leak, is it worse… because there's been… and it's just worse
because it touches the children and also politicians?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : In what sense?
M. Authier (Philip)
:
In what sense? The information…
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Yes, but, well, if it can put a light
on the fact that data breach is a serious problem. The fact that politicians
were targeted or children are targeted will make us aware that our Government cannot fool around with our
personal data, cannot continue investing in cloud data without getting us very
formal and strict guarantees that our data is protected. If it can contribute
into a conversation where we will get guarantees, we will get serious
explanations as to what happened… I think it's a very serious topic. It's a
very, very important topic for the future. So I'm looking forward to hear what
the Minister has to say.
M. Verville
(Jean-Vincent) : …
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Once again, it's troubling, and we ask the Government to do something concrete to take the principle of «sécurisation
culturelle», of cultural security for First Nations within our health system
and to put it in the law, to make it clear in the law that there are recourses,
there are mechanisms to protect people who, obviously, were treated in a very
troubling and unfair manner. We've been asking that for several months. Once
again, nothing has moved. So we don't want communications. We want results. And that result is to change the law to make sure
that the principle of cultural security is enacted and is effective because of
a recourse.
M. Verville
(Jean-Vincent) : …
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : You would think that we take a hard
stance on what we refuse as a society, what we don't want anymore, and that the
Government acts swiftly,
quickly, with a lot of… with a very clear signal that we do not accept that, and
that's not what we have right now. That's why I'm coming back with the very important notion of changing the law and
giving recourses to make sure that there are tools, there is leverage, ways so
that we ensure that it does not happen again.
La Modératrice
:
Merci beaucoup. Bonne journée.
(Fin à 10 h 37)