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Point de presse de M. David Birnbaum, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé mentale

Version finale

Le vendredi 28 mai 2021, 9 h 40

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures trente-neuf minutes)

M. Birnbaum : Bonjour, messieurs, mesdames. Écoutez, j'ai l'opportunité, ce matin, d'interpeler le ministre délégué à la Santé et des Services sociaux, Lionel Carmant, sur la question de la santé mentale.

La crise de santé mentale. Écoutez, ça fait des mois qu'on l'identifie ainsi et que le ministre et son gouvernement n'acceptent pas cette description. Ça ne vient pas de nous. Ça vient des experts sur le terrain, ça vient des témoignages des parents, des enfants qui souffrent, des aînés en perte d'autonomie accélérée due à la pandémie. Ça vient des statistiques.

Depuis le début de la pandémie, on avait une liste d'attente, pour les services en santé mentale, aux alentours de 16 000 personnes. Malgré les gestes modestes, je dirais, du ministre et de son gouvernement, peut-être suite au fait qu'il n'identifie pas une crise, cette liste est maintenant rendue à 20 000 personnes. Comme je dis, ces 20 000 personnes, c'est des adolescents en crise d'anxiété, c'est des adultes qui auraient perdu le travail, peut-être, ou qui sont en confinement, qui sont devant la dépression majeure. Et, comme je dis, c'est une cible, entre autres, d'aînés autonomes qui voient leur autonomie compromise davantage par les réalités de la pandémie.

Chaque indicateur, que ce soit de la toxicomanie, des pensées suicidaires, de la violence conjugale nous démontre que nous sommes devant une crise. La crise sanitaire, bon, n'est pas finie, mais il y a des vaccinations qui risquent de pallier à la souffrance. Il n'y a pas de vaccination contre la dépression. Il n'y a pas de vaccination pour un adolescent qui, maintenant, est en voie de décrochage parce qu'il n'était pas accompagné autour de cette période, oui, de crise.

Donc, j'ai déjà eu, à l'Assemblée nationale, l'opportunité, à plusieurs reprises, plus qu'une douzaine, de questionner le ministre délégué ainsi que le ministre de la Santé sur cette crise, sur les enjeux sur le terrain, sur le financement nécessaire. Et, si j'ai une interpellation à faire ce matin, ça va être au nom de ces parents, de ces gens qui souffrent, qui ont des questions sur les listes d'attente, comment ça se fait qu'ils augmentent, ils grandissent au lieu de réduire, sur les services sur le terrain, sur le manque d'accompagnement pour les regroupements communautaires d'entrée qui font un travail héroïque et ils se disent délestés par le gouvernement.

Alors, au nom de tous ces gens-là, j'aurai des questions, ce matin, à poser surtout sur quatre volets. Le fameux 100 millions de dollars que le ministre délégué a annoncés. Y a-t-il des résultats mesurables? Y a-t-il un impact — de toute évidence, non — sur les listes d'attentes? Je vais le questionner justement sur les regroupements communautaires. Il y en a pour la prévention du suicide, d'autres qui accompagnent des gens en dépression, d'autres qui sont sur le terrain pour aider les gens avec des problèmes de consommation. Tous ces groupes-là me disent, lors de mes plusieurs rencontres, que l'argent ne se rend pas, qu'ils ne se sentent pas accompagnés, que les programmes qui sortent ne s'arriment pas avec les nôtres... les siens, qu'ils ont des difficultés à embaucher et retenir du monde, donc de la grande difficulté à accompagner du monde vulnérable durant cette crise. Alors, je vais avoir des questions là-dessus.

Le ministre souvent, en réponse à mes questions, parle d'une continuité du service, un changement de culture. C'est intéressant, un petit peu obscur, comme réponse, pour la mère qui s'en fait pour son enfant qui est en crise d'anxiété. Il nous parle souvent de son plan de cinq ans qui s'en vient à l'automne. Bon, oui, les délais à cause de la pandémie. Mais nous sommes en crise, alors c'est où, les voies? Il constate lui-même deux choses dont j'aurais plusieurs questions, que, oui, ses propres cibles, en termes de réduction des listes d'attente, ne seront pas rejointes. On est à cinq fois de sa cible, en termes de personnes en détresse qui attendent l'aide. Lui-même il constate. Deuxièmement, lui-même il constate que, oui, les dépenses de son gouvernement, en tout ce qui a trait à la santé mentale, ne sont probablement pas à la taille.

Écoutez, ce n'est pas moi qui est autour du Conseil des ministres pour convaincre le premier ministre Legault que, oui, il y a une crise, et lors des crises, comme une crise sanitaire, on confie des ressources, on ait des plans concrets. C'est le ministre délégué qui est là. Alors, j'admets que je commence, au nom de ces gens en détresse, à m'impatienter un petit peu. C'est où, les réponses sur ces questions?

Finalement, finalement et très important, le ministre, chaque fois que je note que nous avons proposé une stratégie structurante, réaliste et, oui, ambitieuse, c'est-à-dire l'accès universel et gratuit à la psychothérapie... Oui, il y a des gens qui ont besoin d'autres interventions moins ambitieuses, mais c'est sûr que, parmi ces 20 000 personnes sur les listes d'attente, il y en a qui ont besoin d'interventions, et maintenant, et l'intervention pas à deux vitesses, avec une attente de six à 24 mois au public ou au privé, s'ils ont l'argent pour aller au privé où les listes d'attente sont trop longues aussi.

Donc, pour cette population-là, qui est un nombre important, ils ont besoin de l'aide, et de façon structurée et réaliste, et c'est pourquoi nous avons notre proposition qui continue de recevoir un manque d'enthousiasme, pour dire le moins, du ministre et de son premier ministre François Legault. Donc, nous sommes devant une crise, alors les questions s'imposent et je compte les poser aujourd'hui, et regarder le suivi.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que le déconfinement qui s'enclenche dès aujourd'hui va faire baisser la pression sur les problèmes de santé mentale, selon vous, ou c'est suffisamment profond que ça va demeurer très longtemps?

M. Birnbaum : Je trouve la question très pertinente. Ce n'est pas moi, mais les experts qui nous préviennent que les impacts de cette pandémie, premièrement, sur une population vulnérable, qui aurait déjà des difficultés de santé mentale, ces problèmes sont sûrement aggravés par la pandémie, et ce n'est pas le déconfinement tout seul qui va régler ces cas-là. Chacun de ces cas aurait besoin de l'aide quand même.

Si je pense aux enfants, aux jeunes, et, une autre fois, c'est des psychologues au sein du réseau des écoles qui le disent, un enfant qui aurait souffert sur le plan social au moment très crucial de sa vie, durant cette pandémie, woups! soudainement, là, la vie retourne à la normale. Peut-être c'est un enfant déjà vulnérable qui a de la difficulté sur le plan social. Où va être l'accompagnement, qui n'a pas été bonifié durant la pandémie, pour lui, pendant qu'il fait, avec nous, la transition, oui, oui, souhaitée de voir une fin de pandémie, mais comment il va être accompagné durant cette transition qui risque d'être très difficile?

Même chose, je peux citer même ma propre famille, et c'est une cible qui me préoccupe beaucoup, les aînés autonomes, qui ont mangé une dure claque, durant cette pandémie-là, en étant confinés, des fois, se sont exprimés ainsi à moi : ils se sentent infantilisés par les contraintes, par les consignes. Là, ils vont sortir de cette isolation, mais il y aura-t-il des séquelles, des conséquences qui exigent une réponse structurante et claire qui n'est pas, de toute évidence, offerte par le ministre actuel?

M. Bergeron (Patrice) : Le ministre a accepté un programme, donc, après avoir été mis au courant de problèmes de santé mentale dans la population. Mais est-ce qu'il n'aurait pas été possible de faire ça... d'être beaucoup plus prévoyant, c'est-à-dire, depuis le début de la pandémie? Est-ce que vous pensez que le gouvernement a échoué en fait de prévention de cette crise de santé mentale là?

M. Birnbaum : Mais, écoutez, il faut dire que le mot «prévention», qui est un mot assez clé quand on parle du bien-être mental, la santé mentale, je ne l'entends pas souvent, dans un premier temps.

Dans un deuxième temps, j'aurai des questions là-dessus, le même manque de rigueur de... bon, de façon de ce gouvernement de s'adresser aux autres crises : la crise du logement, la crise de pénurie de main-d'oeuvre, la crise sanitaire. C'est où, la rigueur, le suivi? La question est bien placée. Est-ce qu'on sait combien de gens sont traités, qui ont été sur la liste d'attente? Comment, est-ce que leur nom est ajouté à la liste d'attente? Comment c'est enlevé? Est-ce que c'est suite à une intervention sérieuse? L'argent qui a été octroyé, un modeste montant pour aider les jeunes aux écoles, c'est quoi, la suite, c'est quoi, le suivi? Y a-t-il la moindre évidence que ça fonctionne? Alors, on a des questions là-dessus.

Il y a un programme formidable, si je peux me permettre un autre exemple : le programme Sentinelle, les éclaireurs, basés sur un programme phare qui a sauvé du monde à Mégantic. L'accompagnement, le suivi des gens identifiés par des équipes multidisciplinaires, on parle de faire descendre ça dans les régions. Les regroupements communautaires, qui ont de l'expertise, me disent : Ils ne m'ont pas parlé de ça. L'argent, et on le constate de nouveau ce matin, l'argent n'est pas au rendez-vous. On essaie d'être partenaires et d'accompagner notre monde, mais les outils ne sont pas là, ils ne sont pas mesurés, après, il n'y a pas de suivi. Alors, si on ne peut pas bien identifier le problème, comment on va le régler?

M. Bergeron (Patrice) : Cette semaine, vous avez présenté une motion concernant les attaques et les insultes qui visent la communauté juive, dont vous êtes issu. Pourquoi vous avez jugé bon de présenter cette motion-là? Est-ce que vous avez vous-même témoin ou des gens autour de vous ont été témoins de ce genre d'acte là? Et pourquoi vous trouvez que c'est important de faire ça?

M. Birnbaum : Oui, justement, et je peux vous dire que la communauté a été très soulagée de voir qu'il y a une validation du fait que, premièrement, ils font partie intégrante, évidemment, de notre Québec et de voir que ma préoccupation, leur préoccupation, a été partagée par les parlementaires de chaque formation.

Il y a un débat toujours difficile sur le Moyen-Orient, on en convient. De manifester selon nos points de vue là-dessus est tout à fait légitime, mais d'entendre qu'une jeune femme dans ma communauté, qui s'affiche comme… a reçu des textos terriblement misogynes, menaçants, que des gens dans la communauté ont vu deux personnes passer, créer des comparaisons assez difficiles à entendre, d'entendre des menaces dans la communauté où on vit, oui, c'est à signaler et je suis fier de mes co-parlementaires qui l'ont signalé comme il faut.

Comme je dis, il y a une façon d'agir sur les débats difficiles et il y a une autre façon, qui est premièrement illégale et pour lequel il y a zéro tolérance au Québec, c'est l'antisémitisme et le racisme.

M. Bergeron (Patrice) : Est-ce qu'il y a plus d'antisémitisme maintenant qu'il y en avait avant le dernier conflit, là, qui vient de survenir?

M. Birnbaum : Oui. Écoutez, c'est toujours malheureux, je suis un ancien directeur-général du Congrès juif canadien, région du Québec, de voir ce type de haine qui est tellement résistant, qui perdure depuis 4 000 ans et qui est toujours présent. C'est un problème au Québec, comme partout au Canada, comme partout au monde, et, chaque fois qu'il y a un conflit au Moyen-Orient, il y a des retombées. Alors, il y a en avait cette fois-ci qui étaient inacceptables, et l'Assemblée nationale s'est prononcée là-dessus.

M. Lavallée (Hugo) : Concernant le déconfinement, de façon plus générale, avez-vous des craintes particulières au-delà de la santé mentale? On voit qu'il y a des assouplissements dès aujourd'hui. Pensez-vous que les Québécois vont faire les choses dans l'ordre, vu qu'il y a un risque, peut-être, d'être trop enthousiaste? Comment vous voyez ça?

M. Birnbaum : Oui, c'est une question importante parce que, de façon légitime, pour tout ce qui a trait à la crise sanitaire, on peut, de façon systématique, j'espère, et très rigoureuse, se calmer un petit peu, réduire les mesures contraignantes. La crise de santé mentale qui l'accompagne est tout un autre ordre. Les gens qui souffrent des difficultés ont besoin d'être soignés maintenant.

D'être sur une liste d'attente pour des services psychologiques, durant la pandémie, pour six mois ou 24 mois, est inacceptable. C'est une souffrance impossible. D'être sur cette liste d'attente, une fois que la pandémie soit finie, est aussi sérieux. Alors, les réponses aux questions que je pose aujourd'hui sont dans un contexte d'une pandémie qui ralentit, mais un contexte de crise qui perdurera si les programmes, l'argent, la rigueur n'est pas au rendez-vous.

M. Lavallée (Hugo) : Mais c'était une question plus générale. Je vous demandais par rapport à toutes les mesures d'assouplissement, les terrasses, la fin du couvre-feu, est-ce que vous craignez que le virus revienne, là, si les gens sont trop enthousiastes?

M. Birnbaum : Oui. Il faut dire que les Québécois, de tout âge sont impatients. Je crois que nous étions assez disciplinés, et on peut en être fiers. Par contre, tous les experts nous rappellent que les risques ne sont pas absents. Et de parler d'une quatrième vague n'est pas sans fondement possible. Donc, c'est la vigilance qui s'impose. Je compte sur nos concitoyens et concitoyennes de se comporter responsablement. Et je compte sur le gouvernement de la CAQ d'être très clair, transparent dans ses consignes, dans ses conseils et dans ses suivis.

M. Lavallée (Hugo) : Est-ce que vous estimez que c'était justifié, là, que le premier ministre publie des publicités aujourd'hui dans les journaux pour féliciter les Québécois, dire qu'on a mieux traversé la troisième vague que d'autres juridictions? Est-ce que c'est justifié, là, de se payer ces publicités-là?

M. Birnbaum : Oui. Comme nous avons souligné durant la session parlementaire, des sessions parlementaires cette semaine, écoutez, il y a une ligne à tracer. Est-ce qu'un gouvernement a, légitimement, à communiquer avec ses concitoyens et concitoyennes? C'est sûr. Mais, de se permettre, comme le premier ministre a tendance de faire dans ses communications, dans ses sondages, de poser les questions de l'ordre, pour être poli, pas mal partisans, là, les questions peuvent se poser.

M. Lavallée (Hugo) : …dans les journaux ce matin, le message?

M. Birnbaum : Bon, écoutez, je crois que, comme je dis, nous avons de quoi être fiers, au Québec. Je pense à une chose dont on ne parle pas souvent, la façon rigoureuse, créative et formidable que nos communautés des Premières Nations et inuit ont répondu pour se protéger durant cette pandémie...

M. Laforest (Alain) : Donc, le premier ministre a bien fait de dire merci aux Québécois, ce matin?

M. Birnbaum : Bien, écoutez, oui. Je me permets ma mise en garde en même temps, mais oui.

Le Modérateur : O.K. On va passer aux questions en anglais, maintenant.

M. Verville (Jean-Vincent) : I'll come back on the mental issue...

M. Birnbaum : …you understand that the National Assembly's awaiting…

M. Verville (Jean-Vincent) : …released a poll this morning that found that just over 20 % of Francophones in Québec believe the province should we able to amend the Constitution. What does this number indicates to you?

M. Birnbaum : Yes. Well, listen, we're in front of a CAQ-proposed law on language, and they've got a lot of explaining to do. We have a lot of questions with respect to whether they offer inclusive, and smart, and productive ways to promote the French language, a job that we all have to share. Do they do it in a spirit of collaboration with and protection for the English-speaking community? We've got a lot of questions. We put together our own plan. I'm not going to defend the CAQ'S law. We'll have plenty of chances to offer our suggestions, our criticisms of it in parliamentary commission. We put together our own plan, which I'm very proud to defend, which finds that balance.

M. Verville (Jean-Vincent) : If you had to summarize what you just said this morning...

M. Birnbaum : Yes, thank you. Yes. I have the opportunity this morning to question the Minister in a two-hour «interpellation» on the crisis in mental health. We have a lot of questions. I've posed them in question period, more than a dozen during this session, but we have more.

We want to know where the money is to meet this problem. We want to know that those in distress, which include a majority of self-declared young people who say they've suffered during this pandemic... There are people suffering from major depression. On every indicator, substance abuse, conjugal violence... every indicator has gone up. We have a crisis in mental health. The Minister Carmant, repeatedly, has said that crisis doesn't exist. It's time for some answers. We have a very structured proposal for universal access to psychotherapy; the Minister has said no.

Furthermore, I want to know... The Minister himself said that he doesn't think that his Government's expenses are up to the challenges on mental health. Well, he sits around the Cabinet table. Why isn't his Premier spending more? I don't sit there to get... to ask that question directly, but I'll ask it today.

Des voix :Thank you.

Le Modérateur :Thank you very much. Merci beaucoup, mesdames, messieurs.

M. Birnbaum : Merci. Thank you.

(Fin à 9 h 59)

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