(Neuf heures quarante-quatre minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour à toutes et à tous. La vice-première ministre Geneviève Guilbault
répondra sans tarder aux questions des membres de la Tribune de la presse.
M. Gagnon (Marc-André) : Mme
Guilbault, vous avez sûrement vu le sondage Léger ce matin dans les pages du
journal, là, qui démontre que l'ampleur de la facture du troisième lien semble
effrayer. Est-ce que vous n'avez pas ne serait-ce qu'une petite crainte qu'il y
ait des dépassements de coûts comme ceux qu'on observe, par exemple, avec les
maisons des aînés?
Mme Guilbault :
Oui, j'ai vu le sondage en question, mais, tu sais, comme toujours, les
sondages, vous savez... premièrement, on ne les commande pas, puis, bon, il
faut relativiser. Mais je vais revenir toujours sur le fond, le projet de
tunnel Québec-Lévis, premièrement, est un engagement-phare de la CAQ, un
engagement qui, comme tous les autres, on est en train de réaliser en l'ayant
proposé au sein d'un grand, grand, grand projet de mobilité durable, qui touche
à la fois la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches. Les gens de Québec,
les gens de la Rive-Sud sont derrière ce projet-là.
Vous avez peut-être vu dans vos pages, là, il y a
une lettre ouverte avec une très longue liste de signataires, autour de 165 ou
167 gens d'affaires de Québec, de Chaudière-Appalaches. Il y a un large appui
dans la population derrière ce projet-là. Puis pas seulement le troisième lien,
probablement, l'ensemble de ce qu'on a présenté. Donc, nous, on est fiers de ce
projet-là.
M. Gagnon (Marc-André) : Mais je
reviens sur ma question, là, les dépassements de coûts...
Le Modérateur
: O.K., un
instant, on va laisser...
M. Gagnon (Marc-André) :
...les dépassements de coûts des maisons des aînés, c'est important. On voit
que la facture du REM explose aussi. C'est difficile, aujourd'hui, pour vous,
de dire : Ah! ça ne coûtera pas plus que 10 milliards.
Mme Guilbault :
C'est un projet qui n'est pas encore commencé comme tel, tu sais, il va y avoir
des appels d'offres, et tout ça, puis on va éventuellement ouvrir des
enveloppes, puis tout ça, mais pour l'instant, vous le savez, les coûts qui ont
été évalués, c'est à 6 millions, on est dans les coûts de construction.
M. Gagnon (Marc-André) :
6 milliards.
Mme Guilbault :
6 milliards, oui, pardon. 6 millions, je pense qu'on ne serait pas en
train d'en parler ce matin. Mais donc, c'est ça. Alors, tu sais, c'est des grands
projets au Québec. Puis vous me parlez des maisons des aînés. Les maisons des
aînés, là, qu'on puisse... qu'on puisse s'opposer à un projet qui va
l'hébergement... Parce que l'hébergement, le maintien à domicile, c'est le
premier choix, mais ça prend aussi de l'hébergement pour nos personnes
vieillissantes en perte d'autonomie qui ont des troubles cognitifs, etc. On a
vu ce qui s'est passé dans nos CHSLD durant la première vague de la pandémie.
Qu'on puisse, ce matin, s'opposer à la construction de maisons des aînés qui de
notre projet de société...
M. Laforest (Alain) :
…Mme Guilbault, là, le premier ministre a déchiré sa chemise à de
nombreuses reprises pour les dépassements de coûts. Là, on a des dépassements
de coûts d'un... ça va coûter 1 million par propriété.
Mme Guilbault :
Bien, premièrement, il faut replacer les choses, là, en perspective. À la
dernière campagne électorale, on parlait de 30 projets, on parlait de
1 milliard. Et là, maintenant, on est à 46 projets, donc on a plus de
maisons. Des maisons, aussi, des fois, plus… de taille plus petite, parce qu'on
veut vraiment, tu sais, ça s'inscrit, là aussi, dans une philosophie complète,
là, on veut des endroits qui vont être bien enracinés dans les communautés,
donc il faut acheter les terrains en conséquence…
M. Laforest (Alain) : Mais
les coûts, ça se défend pour vous, là?
Mme Guilbault :
On veut quelque chose, mais il faut... si vous me laissez terminer, le projet a
évolué aussi à la lumière de la pandémie. Il a fallu ajouter de l'argent parce
qu'il a fallu repenser notre modèle à la lumière de ce qui s'est produit,
prévoir des installations pour tout ce qui est la fameuse PCI, là, la
protection… prévention et contrôle des infections. On a vu que c'était une
grosse, grosse, grosse lacune dans nos établissements d'hébergement actuels.
Faire en sorte aussi que nos employés puissent travailler dans des contextes
plus agréables, plus sécuritaires, puissent se changer, puissent se laver les
mains. Que les endroits soient climatisés, soient convenablement aménagés pour
qu'on ne se retrouve pas avec les mêmes problèmes qu'on a eus, entre autres,
dans la première vague, beaucoup, dans nos CHSLD. Tout le monde a été attristé
puis choqué par ce qu'on a vu dans nos CHSLD dans la première vague.
M. Gagnon (Marc-André) :
1 million par place, est-ce que vous trouvez ça cher?
Mme Guilbault :
Il y a eu une évolution du projet, comme je l'ai dit. Il ne faut pas non plus
négliger l'aspect de la surchauffe qu'il y a en ce moment, là. On sait qu'en ce
moment il y a une surchauffe dans l'immobilier, dans les chantiers, dans les
matériaux, donc c'est sûr que ça va affecter des projets pas seulement ici,
mais dans le monde entier, là. Il faut vivre avec les conséquences de la
pandémie.
M. Bergeron (Patrice) : …s'il
y a une surchauffe, est-ce que c'est sage de continuer à ce rythme-là, ou ça ne
serait pas mieux de retarder, ou on le fera, ça coûtera ce que ça coûtera?
Mme Guilbault :
Pour nous, la dignité de nos aînés doit être une priorité. Ça l'était déjà en
campagne électorale. Ça l'était déjà campagne électorale. Les maisons des
aînées, je l'ai dit, notre projet initial, c'était 30 projets, 2 600 places.
Finalement, on va en faire plus. Et ce qu'on a observé dans la pandémie
conforte notre idée selon laquelle on ne peut pas continuer de… je vais faire
attention à mon choix de mots, là, mais de condamner nos parents puis nos
grands-parents à vivre parfois, parce que ce n'est pas le cas de tous les
CHSLD, quand même, là, il ne faut pas tous les mettre dans le même panier,
mais, dans certains cas, les condamner à terminer leur vie dans des endroits où
aucun d'entre nous ce matin aurait le goût d'aller terminer ses jours.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Vous
avez été élus en octobre 2018, dans un vent de changement, et vous vous
apprêtez à faire aujourd'hui exactement ce que le Parti libéral a fait par
rapport au Commissaire à l'éthique, c'est-à-dire voter
contre un rapport. Est-ce que vous minez la crédibilité des institutions en
procédant de la sorte?
Mme Guilbault :
Je vais répondre en deux parties. Quand on dit qu'on fait exactement comme le Parti
libéral, il faut faire attention parce que les précédentes questions portaient justement
sur des investissements dans des projets de société, qui tranchent nettement
sur l'austérité libérale qui a fait souffrir beaucoup de monde à leur époque.
Donc, ça, c'est la première chose.
Et la deuxième chose. Sur le rapport, effectivement,
on va voter contre, mais on a bien expliqué pourquoi on allait voter contre.
Premièrement, le député de Terrebonne a démissionné de ses fonctions à
l'Exécutif. Alors, je pense que, là, il y a un geste quand même très, très
lourd de conséquences qui a été posé pour donner suite au rapport de la commissaire.
Donc, ça, c'est fait. Et le vote contre, c'est sur le fond. Quand on regarde le
rapport, la page 24, je pense, là, en tout cas, et on voit les options
qu'elle offre, il y a, pour nous, une contradiction entre le fait de dire :
S'il veut redevenir ministre, il faut qu'il puisse vendre ses options, mais,
s'il veut rester député en attendant de peut-être redevenir ministre, bien, il
faut qu'il les place dans une fiducie. Donc, cette contradiction-là fait en
sorte qu'on va voter contre. Mais l'esprit du rapport est entièrement respecté,
du rapport de la commissaire, par le fait que le député de Terrebonne a
démissionné.
Mme Gamache (Valérie) : Mais
voter sur le fond, là, c'est voter contre le code d'éthique, là, carrément.
C'est ce que vous dites : On vote sur le fond, on vote contre cet
article-là.
Mme Guilbault :
On vote sur le fait qu'il nous apparaît qu'il y a une contradiction dans les
recommandations ou les propositions de la commissaire. Mais, sur le code
d'éthique, par contre, ça, ça fait longtemps qu'on en parle. On l'a dit nous.
La commissaire elle-même... J'ai ici un
rapport de la commissaire, là, regardez, un rapport sur la mise en œuvre du
Code d'éthique et de déontologie des membres de l'Assemblée nationale, de la Commissaire
à l'éthique et à la déontologie, qui elle-même disait qu'«ailleurs au Canada,
dans plusieurs provinces, il est possible pour un ministre de détenir des
intérêts dans une entreprise privée qui participe à un marché avec le
gouvernement.» Et elle recommande, c'est elle qui l'écrit, là, «que le code
soit modifié de manière à accorder la discrétion au commissaire d'autoriser un
marché entre une entreprise privée dans laquelle un membre du Conseil exécutif
détient un intérêt et le gouvernement», bon, etc.
Alors donc, déjà à l'époque, avant même
que le député de Terrebonne siège, elle estimait qu'il serait bon de revoir cet
article 46. Et là, aujourd'hui, bien, on se heurte à la fermeture complète des
trois autres partis d'opposition qui, bizarrement, ce rapport-là de la
commissaire ne les intéresse pas. Mais les autres, il faudrait en tenir compte.
Ça aurait été intéressant qu'ils acceptent d'entreprendre une démarche
constructive, transpartisane pour pouvoir faire évoluer la déontologie.
M. Laforest (Alain) : Mme
Anglade a dit ce matin que plus jamais le Parti libéral va voter contre un
rapport de la commissaire.
Mme Guilbault :
Bien, c'est facile de dire ça après coup. Dommage qu'elle n'intente pas ses
regrets à d'autres décisions.
M. Gagnon (Marc-André) :
Quand vous voyez que M. Fitzgibbon a soupé, notamment, avec son mandataire,
qu'il semblait, là, visiblement entretenir un lien de proximité avec lui, vous
ne trouvez pas ça un peu gênant, alors que vous vous apprêtez à voter contre le
rapport?
Mme Guilbault :
Oui, bien, ce mandataire-là a été avalisé par la Commissaire à l'éthique. Donc,
je veux juste être très, très claire là-dessus, ça avait été dûment… tu sais,
il y avait eu des échanges, et tout ça, et la Commissaire à l'éthique avait
approuvé le choix du mandataire.
M. Bossé (Olivier) : Le retard
d'un an du tramway, qui va être annoncé aujourd'hui, est-ce que ce n'est pas
justement causé par les discussions de votre gouvernement de refaire le tracé?
Mme Guilbault :
Les discussions de notre gouvernement étaient nécessaires pour pouvoir arriver
avec une version largement bonifiée du projet, du moins de la version qui avait
été présentée en juin dernier par la ville de Québec... en juin, c'est ça. Ça
fait un an, en fait. Et c'est ce qui nous a permis d'accoucher du réseau de
voie express et d'améliorer très certainement la desserte des banlieues de…
bien, de la ville de Québec, mais donc d'améliorer la desserte dans la capitale
nationale. Et c'est ce qui fait la beauté de notre projet global d'ailleurs, tu
sais, c'est vraiment à quatre éléments.
M. Bossé (Olivier) : ...que
ce soit retardé.
Mme Guilbault :
Bien là, il y aura un point de presse de la ville cet après-midi, donc pour le
moment…
M. Bossé (Olivier) :
...retard. Vous mettez de l'argent quand même là-dedans, madame… vous mettez
quand même pas mal d'argent.
Mme Guilbault :
…je vais m'en tenir à dire qu'on va attendre de voir ce que la ville nous
annonce.
Mme Gamache (Valérie) : Bien,
c'est parce qu'un an de retard... Le vérificateur de la ville de Québec estime que
c'est 100 millions de dollars par année. Est-ce que, donc, ce
100 millions de dollars là, puisque, visiblement, c'est les discussions du
gouvernement qui ont retardé, bien, est-ce que c'est le gouvernement qui va
entièrement assumer ça? Est-ce que vous assumez que ça va coûter plus cher à
partir de maintenant?
Mme Guilbault :
Les mois qui ont été consacrés à la bonification du projet étaient nécessaires
pour mieux répondre aux besoins de l'entièreté de la population de la capitale nationale,
et c'est le résultat qu'on a vu il y a deux ou trois semaines, quand on vous a
présenté notre réseau express de la capitale. On ne pouvait pas avoir un projet
où on avait simplement une ligne de tramway qui coûtait beaucoup plus cher qu'à
l'origine, qui ne se rendait... moins loin, qui se rendait moins loin à l'est
que ce qu'on a finalement présenté, et qui avait coupé les trambus, puis qu'il
n'y avait pas grand-chose au nord puis dans le reste des banlieues. Donc là, on
arrive avec quelque chose qui est à la satisfaction accrue de toutes les
banlieues de la ville.
Le Modérateur
: En
anglais, s'il vous plaît. En anglais, on n'a...
M. Gagnon (Marc-André) : Mais
non, mais un an de retard, ça veut dire des dépassements de coûts quand même,
là.
Le Modérateur
: On n'a
plus de temps.
M. Gagnon (Marc-André) : Tu
sais, donc, on arrête ça où, là? Le coût du tramway a déjà doublé. On arrête ça
où?
Mme Guilbault :
Bien, quand vous me dites un an de retard, c'est dans... c'est parce que moi,
j'attends... Je veux dire, la ville va faire une annonce cet après-midi. Je ne
veux pas, à ce moment-ci, présumer de ce qu'elle va annoncer, par respect pour
la ville. On va les laisser, ça demeure le projet de la ville, le projet de
tramway.
Mme Senay
(Cathy) : ...in 2017, you presented yourself
as the candidate of integrity in Louis-Hébert. How will you explain to your
constituents that you're voting against the Ethics Commissioner's report today?
Mme Guilbault :
Two things. The first one, we fully respect the spirit of her report in the
decision that the MNA for Terrebonne made to leave his functions in the
Government as a minister. So he's no longer a minister, he is an MNA for
Terrebonne. And so, we do respect what the commissioner... commissioner, yes,
respected... recommended. So, this is the first part.
The second part, the
reason why we will be voting against her report is because we see a
contradiction in the fact that she proposes, on one side, to sell his actions
to be able to become a minister again and, on the other side, that he would
have to put his actions in a fiducial...
Une voix :
Loan trust.
Mme Guilbault :
...loan trust, to remain an MNA. So, this is a contradiction, because he has to
be able to act on hisactions, if he wants to sell them. So this is a
contradiction for us.
M. Authier (Philip)
:
Why do we have an ethics commissioner if nobody follows what the person
recommends? Why bother having an ethics commissioner if nobody listens to her?
Mme Guilbault : We do listen to her. The MNA for Terrebonne is no longer a minister, because we respect what she asked for. She
said that he shouldn't be longer a minister, as long as he doesn't sell his
actions. So this is what him and the Prime Minister decided
commonly that he would no longer be a minister until he sells his actions.
M. Authier (Philip)
:
But the Opposition says your concept of ethics is quite elastic.
Mme Guilbault :
It is not because when we got the report, which was yesterday, he was tabled
yesterday, the… no, two days ago, sorry, on Wednesday, and so the same day
the MNA for Terrebonne decided to no longer occupy his functions as a minister.
So it was an immediate reaction and response to what the Commissioner
recommended to do.
Le Modérateur
:
30 secondes.
Mme Fletcher (Raquel) : The Premier has said on a number of occasions… and he has even
apologized for the lack of staff in CHSLDs, and he said : If the Government
had increased those salaries before, we could have avoided this horrible
tragedy that we saw during the first wave. Isn't it more important, for your
Government, to increase those salaries, to recruit more people to work in
CHSLDs, than to build whole new buildings, giving you even said, with the
rising cost of construction… Wouldn't it be better to invest in people, in
employees?
Mme Guilbault :
We have to do both. And you raise an important issue, the lack of staff and the
conditions in which the staff was working. This is why there was so much
missing people in our CHSLDs. So we did this express program so we had… we now
have about 8,000 more «préposés en CHSLD» who are working, because we came
up with a formation in three months so that we would be able to have more
people to help our seniors. So this is the first part. The second part, the
salary was bonified. And so we answer what you just brought up. But we also
have to have better places for our seniors to end their lives. This is not acceptable,
what we saw in the first wave of the pandemic : people in «insalubres», I
don't know, «vétustes», vetust…
Mme
Fletcher (Raquel) : Runned down?
Mme Guilbault :
...runned down seniors' home, lack of staff, as I said, people who didn't get
food, who didn't get treatments, who didn't get their sheets changed in their
beds, no air conditioning. So this is not acceptable that we treat our seniors
like that, and I think no one in this… here, with me, would like to end his
life in a place like that.
Journaliste
:
…
Le Modérateur
:
Merci... Non, il est 9 h 59, je vous invite à courir vers le salon
bleu. Merci.
(Fin de la séance à 10 heures)