(Huit heures quarante-six minutes)
Mme Anglade : Alors, bonjour.
Bonjour à tous. On entame la dernière journée de la première semaine de la
rentrée. Et un constat qu'on peut établir, d'entrée de jeu, c'est que le gouvernement
perd le contrôle. On a un gouvernement qui perd le contrôle dans les CPE. On a
vu les mandats de grève qui se multiplient et la liste d'attente qui s'allonge.
On a vu une perte de contrôle également dans nos écoles, où non seulement il y
a eu des problèmes de pénurie, mais également le déploiement des tests rapides
qui s'est fait de manière chaotique et, en plus, le déploiement des capteurs de
CO2. On voit également une perte de contrôle dans le réseau de la
santé, où les infirmières sont à bout de souffle, où les cas de détresse se
multiplient. Puis on a même, maintenant, des enfants qui sont obligés de
parcourir 600 kilomètres pour obtenir des soins pédiatriques. Finalement,
on constate qu'on n'a pas de capitaine à bord.
J'aimerais maintenant prendre vos questions.
Mme Porter (Isabelle) : Il y a
le Parti québécois qui propose, entre autres solutions pour régler la pénurie
d'infirmières, de permettre aux infirmières non vaccinées de travailler malgré
tout. Comment vous réagissez à cette proposition-là?
Mme Anglade : Moi, je vous
dirais la chose suivante, c'est que lorsque vous regardez les lits qui sont
pris aujourd'hui à Québec, il y avait une démonstration qui était éloquente, 80 lits
qui sont pris par des gens qui sont majoritairement non vaccinés, qui empêchent
1 200 chirurgies. Je pense que la seule voie que nous ayons, c'est la
voie de la vaccination.
Mme Prince (Véronique) :
Est-ce que vous pensez que ça va être encore plus dur pour le gouvernement de
gérer la crise du système de santé que la crise de la pandémie?
Mme Anglade : Ce que je
constate, aujourd'hui, c'est qu'il y a une perte de contrôle réelle, on n'a pas
l'impression qu'il y a un capitaine à bord. La perte de contrôle, on la voit
dans le système de santé, mais ce n'est pas uniquement dans le système de santé,
on la voit en éducation, on la voit dans les CPE. Et on a besoin d'avoir des
plans de match du gouvernement qu'on n'a pas.
Mme Prince (Véronique) : Est-ce
que c'est une crise pire qui nous guette, pire que celle qu'on vient de
connaître avec la pandémie?
Mme Anglade : Bien, c'est
certain que les signaux qui sont envoyés présentement sont inquiétants, sont
très inquiétants, je vous dirais. Alors, est-ce que ça va être pire? On ne se
le souhaite pas, hein, on ne se souhaite pas que ce soit une pire situation,
parce qu'on a vécu 18 mois qui étaient difficiles. Cela dit, on voit
vraiment des signes inquiétants à tous les niveaux.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Le
15 octobre, Mme Anglade, il y a 20 000 travailleurs de la
santé qui vont être vraisemblablement suspendus sans solde. Si on laisse ça
arriver, ce n'est pas finalement une prophétie autoréalisatrice de dire qu'on
est dans une perte de contrôle?
Mme Anglade : Bien,
aujourd'hui, encore une fois, l'enjeu, là, il y a des chirurgies qui n'ont pas
lieu, il y a des personnes qui occupent les lits parce qu'ils ne sont pas
vaccinés.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...la
question, c'est : Le 15 octobre, on fait quoi avec les 20 000 personnes?
Mme Anglade : Moi, je pense
que les gens, les Québécois sont raisonnables, les Québécois vont être
raisonnables, puis il y a des gens qui vont aller se faire vacciner. C'est la
seule bonne chose à faire.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais,
même s'ils se font vacciner, ils ne seront pas doublement vaccinés le
15 octobre. Il y a 20 000 personnes, puis au 15 octobre, on
est foutus, là, ils ne seront pas doublement vaccinés. Qu'est-ce que le premier
ministre va faire?
Mme Anglade : Bien, le premier
ministre a envoyé son message, depuis longtemps qu'on dit qu'il faut que ces personnes-là
soient vaccinées, il faut qu'elles soient vaccinées puis qu'elles puissent
rentrer au travail. C'est tout.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Est-ce que c'est vous qui avez demandé à André Fortin de déposer une motion sur
les champs de compétence du Québec?
Mme Anglade : Non. Vous savez
que, lorsque nous avons écrit notre lettre ouverte, on avait déjà réservé la
motion.
M. Robitaille (Antoine) : On
n'a pas l'impression, quand on regarde les gens du caucus agir avec votre
lettre et votre pétition, qu'ils appuient vraiment, ce n'est pas partagé sur
les réseaux. Dans votre virage nationaliste, est-ce que le reste de votre clan
vous suit?
Mme Anglade : Non seulement le
caucus, mais également de nombreux militants. Si on regarde les lettres que nous
recevons, si on regarde le partage de ce qui se fait, au contraire, moi, je
pense que les gens justement adhèrent à ça. Et, quand on parle de notre
formation politique, les gens souhaitaient un virage également. Donc, ce n'est
pas uniquement le caucus, c'est le caucus, c'est nos militants, c'est les gens
que je rencontre dans les tournées que l'ont fait. Et tout ça, je pense que
c'est très bien accueilli, au contraire.
M. Robitaille (Antoine) :
Est-ce que vous vous attendez à ce que chacun des membres du caucus partage
votre pétition et votre lettre?
Mme Anglade : Bien,
honnêtement, je ne regarde pas tout le détail de ce qui est partagé, je
m'attends à ce que tout le monde partage de manière générale ce que l'on fait.
Mais les discussions, elles ont lieu au caucus, on a ces débats-là au caucus,
on a ces échanges-là, et on est très alignés sur les positions que l'on prend
et, encore une fois, très alignés sur toutes les consultations qu'on a eues
avec l'ensemble de nos militants sur le territoire. Donc, je pense qu'au
contraire il y a un très bon alignement.
M. Laforest (Alain) :
Qu'est-ce qu'on fait avec les agences de santé, Mme Anglade? Qu'est-ce
qu'on fait avec les agences de placement?
Mme Anglade : C'est vraiment
un enjeu... c'est vraiment extrêmement problématique, ce qui se fait
présentement. Il faut être capable d'attirer les infirmières et les faire
rester.
M. Laforest (Alain) : Non,
mais ce n'est pas ça que je vous demande. Qu'est-ce qu'on fait avec ça? On les
ferme? On les oblige à réintégrer le réseau?
Mme Anglade : On veut que les
infirmières reviennent le plus rapidement possible dans le réseau public. La
solution pour ça, c'est d'avoir des conditions de travail qui répondent aux besoins
des infirmières. C'est ça, la solution, par rapport à ça.
M. Lacroix (Louis) : Non,
mais vous êtes d'accord avec ce que propose M. Legault de ramener les
infirmières qui sont en agence dans le secteur public en leur donnant les mêmes
conditions de travail, le même salaire, puis en rehaussant le salaire de toutes
les autres infirmières au niveau des agences de placement. Est-ce que vous êtes
d'accord avec ça?
Mme Anglade : Présentement,
pour réattirer les infirmières, c'est ce qu'il faut faire, mais on n'a pas vu
les gestes posés par le gouvernement Legault par rapport à ça. Et aujourd'hui
ce que le gouvernement Legault dit, c'est qu'il va peut-être rehausser les
salaires. On a vu ce que ça a donné avec les PAB. Il faut des conditions de
travail qui permettent aux infirmières de travailler correctement.
Mme Lajoie (Geneviève) : Au
salon bleu, on voit, là, en cette rentrée parlementaire, que M. Legault
semble avoir identifié son principal rival. Il l'a traité de «woke» hier. Est-ce
que vous avez l'impression que vous vous faites couper l'herbe sous le pied par
Gabriel Nadeau-Dubois puis les solidaires?
Mme Anglade : Moi, je vous
dirais qu'en 2022, là, l'élection va avoir lieu dans un an, en 2022, là, il y
aura deux alternatives. Il y aura une alternative qui est une alternative qui
est d'un temps… d'un autre siècle, une alternative paternaliste avec la CAQ,
qui dit aux gens quoi penser, comment penser, et une alternative qui va être
moderne et qui va être renouvelée, qui va s'inspirer du progrès, où on va
parler non seulement d'enjeux climatiques, mais d'économie et de social
également. Ça va être l'alternative que nous allons représenter.
Mme Lajoie (Geneviève) : Donc,
Québec solidaire n'est pas du tout une alternative, selon vous?
Mme Anglade : Pour nous, il y
aura deux alternatives, ce sera la CAQ et le Parti libéral du Québec. Il y aura
deux alternatives.
M. Larin (Vincent) : Vous
n'avez pas nommé l'alternative indépendantiste... je pense.
Mme Anglade : Comme je vous
dis, aux prochaines élections, il y aura deux alternatives. Il y aura un parti
qui est dépassé, un parti qui a une approche paternaliste, et un parti qui va
représenter le progrès, le véritable progrès avec une combinaison de l'économie,
le social et l'environnemental, ce sera le Parti libéral du Québec.
Mme Prince (Véronique) : Est-ce
que vous trouvez que votre parti se définit bien? Est-ce que votre parti est
bien défini?
Mme Anglade : Je pense que le
parti se définit bien, oui, et je pense que c'est un virage qu'on est en train
d'opérer. Donc, évidemment, il y a toutes sortes d'éléments qui viennent avec
un virage. Mais je pense qu'il se définit bien dans une approche où on est...
de la compassion, près des gens, près du monde, mais également très responsable
par rapport aux enjeux de modernité puis de progrès. Et la preuve de ça, c'est
les propositions qu'on a commencé à faire, que ce soit en matière de santé
mentale, que ce soit en matière de garderies, des propositions sociales, mais
qui vont être combinées à une économie moderne.
Le Modérateur
:
Dernière question en français.
Mme Plante (Caroline) : Vous
dites qu'il y a une perte de contrôle en éducation. Est-ce qu'un changement de
ministre s'impose en éducation?
Mme Anglade : Ça, on l'a
mentionné à plusieurs reprises, la nécessité de changement au niveau du
ministère, mais c'est plus que ça : c'est les CPE, c'est les écoles, c'est
le système de santé. Ce n'est pas une perte de contrôle seulement qui est dans
un certain domaine, c'est une perte de contrôle à plusieurs niveaux. Alors, c'est
beaucoup plus large que ça, on a besoin d'un capitaine à bord, ça, ça doit être
le premier ministre.
Mme Plante (Caroline) : …dans
les écoles aujourd'hui, on voit qu'il y a des élèves qui sont laissés à ne rien
faire dans leur classe parce qu'il n'y a pas d'enseignant, il n'y a pas de
suppléant. Est-ce que c'est acceptable pour vous?
Mme Anglade : Ce n'est pas du
tout acceptable, la situation que l'on vit dans nos écoles, et puis avec les
changements… Je veux dire, vous parlez à une mère qui a eu une enfant l'année
passée où elle a eu six professeurs différents. Je veux dire, on a de
véritables enjeux, et c'est pour ça qu'on parle de perte de contrôle.
Le Modérateur
: …
Mme Senay (Cathy) : What did you think yesterday about this fight between Gabriel Nadeau-Dubois and Mr. Legault…
Mr. Duplessis and woke? You were not there. You were totally absent on
this fight. So, what do you think about this?
Mme Anglade : Well, I think we have to stay above like… We have to unite people
versus dividing people. And I think it is really important for us not to
personalize the debate about what's going on in the «salon bleu». That's what I
think.
Mme Senay (Cathy) : Well, the fact is that Mr. Legault play on the card that André Fortin helped Mr. Trudeau for the
debate. He is basically telling you : You have no control on your party.
So, what do you say that now… We're just like a year from the election
campaign.
Mme Anglade : Well, I think we have plenty control over the party. I think the
positions that we have are very clear and very well presented, in fact. I think
the shift that we're operating is getting clearer every day with the proposals
that we bring forward. So, again, I think, in 2022, we're going to have two
options on the table : a government that is old, a government that is
paternalistic, that tells people what to do, what to think, versus a modern
approach, a progressive approach, and that's going to be the Liberal Party of
Québec.
Mme Fletcher (Raquel) : And using the term «woke», which is… from the English language,
from, you know... Was it dog whistling?
Mme Anglade :
Was it…
Mme Fletcher (Raquel) : Dog whistling.
M. Authier (Philip)
:
Dog whistle.
Mme Fletcher (Raquel) : Dog whistling.
M. Authier (Philip)
:
Dog whistle politics.
Mme Anglade :
I'm not sure I understand the term.
M. Authier (Philip)
:
It means you try to league people.
Mme Fletcher (Raquel) : «Woke» is a term that is used in French to...
Mme Anglade :
Yes, but the dog whistling part…
Mme Fletcher (Raquel) : So, it's like a term that triggers people to think… You use one
term to…
Mme Anglade :
Oh! to define people, you mean.
Mme Fletcher (Raquel) : …yes, to define people to «woke» will indicate : Oh! he must
be…
Mme Anglade : This way.
Mme Fletcher (Raquel) : This way. He must… yes, he must be against the freedom of speech.
Mme Anglade : Yes, and I think, again, that you need to be careful not to
personalize the debate. We are in the first week of the National Assembly. I think it's a…
Mr. Legault doesn't like to be asked questions. Mr. Legault want
people to think… he wants people to think the same way he does. That's not our
approach. And I think the way he does it, he personalizes the debate.
M. Authier (Philip)
: I looked it up. Dog whistle politics is the use of coded or
suggestive language in political messaging to garner support from a particular
group without provoking opposition. So, as I said, it's kind of like a…
Mme Anglade : But, again, I think we need to elevate the debate. I think that's
what we need to do. Rather than doing this, I think we need to elevate the
debate.
M. Authier (Philip)
: Why do you think he used the term in that context, Mr. Legault,
yesterday? Why was he…
Mme Anglade : Why do I think he used the term? You would need to ask him. You
would need to ask the question to Mr. Legault. But again, at the National Assembly, we are here to, again,
elevate the debate. And I know that Mr. Legault doesn't like people that
doesn't think the same way he does. But it's the reality, and we don't have to
personalize the debate, again.
Le Modérateur
:
Dernière question, s'il vous plaît.
Mme Senay
(Cathy) : …can be influenced by what
Mr. Legault did yesterday?
Mme Anglade : Every citizen can be influenced by what politicians are doing on a
daily basis. On a daily basis, people can be influenced, but that's why we also
have, as politicians, the responsibility to have the right level of debate.
Le Modérateur
:
Merci. C'est tout le temps que nous avions.
Mme Anglade : Merci beaucoup.
(Fin à 8 h 58)