(Treize heures deux minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour et bienvenue à cette conférence de presse du premier ministre, François
Legault, accompagné de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, et du ministre
de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé. À vous la parole.
M. Legault : Oui, bonjour, tout
le monde. Ce qu'on vous annonce aujourd'hui, ce n'est rien de moins qu'une
petite révolution dans la gestion du réseau de la santé. Depuis plusieurs années,
depuis plusieurs gouvernements, on a un réseau qui est presque dysfonctionnel,
puis un des problèmes importants, c'est le fait qu'on ait 40 % des
infirmières dans le réseau qui sont à temps partiel. On peut imaginer, là, ceux
qui ont déjà géré une entreprise, une organisation, il n'y a aucune
organisation qui pourrait être gérée de façon efficace avec 40 % de ses
employés importants qui sont à temps partiel. Donc, le problème commence là.
Mais le problème amène deux autres problèmes
chroniques. À travers les années, depuis plusieurs années, plusieurs
gouvernements, le temps supplémentaire obligatoire a explosé, puis on a aussi
vu exploser le recours aux agences de placement privées. Donc, ça a amené ces
deux problèmes. Et, bon, quand on est arrivés il y a trois ans, d'abord, on
savait qu'il fallait changer les conventions collectives. Les conventions
collectives se terminaient le 31 mars 2020. Donc, on avait ça en tête. Ce qu'on
a fait en attendant la négociation de la convention collective, c'est
d'afficher beaucoup de postes temps plein pour les infirmières. Mais
malheureusement il y en a plusieurs, de ces postes-là qui n'ont pas été
comblés.
Donc, on a eu ensuite la pandémie, bon,
puis évidemment chaque mois qui a passé, ça a amené plus de difficultés. Ce
n'est pas seulement au Québec, là. Je parle régulièrement avec mes homologues,
les premiers ministres des autres provinces, puis, partout, on manque
d'infirmières, essentiellement pour deux raisons. Première raison, bien, on
demande aux infirmières, en plus de s'occuper des patients réguliers, de
s'occuper des patients COVID. Mais aussi malheureusement il y a des
infirmières, à cause de ça, qui se sont retrouvées épuisées puis qu'avec raison
elles ont choisi de quitter le réseau. Donc, ça a aggravé le problème des
infirmières qui restent.
Donc, je reviens sur les conventions
collectives parce que tout commence là. Le problème puis le défi qu'on a, c'est
de réorganiser le travail pour être capable d'offrir une conciliation
famille-travail, une prévisibilité aux infirmières dans leurs horaires, en fait
être capable de leur donner une vie de famille, une vie personnelle
raisonnable, si je peux dire, et surtout, surtout arrêter de leur demander de
faire du temps supplémentaire obligatoire.
Donc, pour ça, il fallait négocier les
conventions collectives. Ce n'était pas simple, le mandat qu'on s'est donné
pour négocier les conventions collectives. D'abord, vous vous rappellerez qu'on
s'est donné... certains groupes où on a donné des augmentations de salaire plus
importantes. Je pense aux enseignants. Je pense aux préposés aux bénéficiaires.
Je pense aux infirmières qui travaillent de soir, de nuit, de fin de semaine.
Ça ne s'était jamais fait de donner 6 % à un groupe puis 18 % à un
autre groupe, là. Ça ne s'était jamais fait. Puis je veux en profiter pour le
faire devant elle, là. Sonia LeBel, la présidente du Conseil du trésor, a fait
un travail extraordinaire, puis elle est arrivée à signer puis à modifier ces
conventions collectives là avec l'accord de la FIQ puis des syndicats
d'infirmières. C'est extraordinaire.
Par contre, avant que ça soit mis en
application, ça va prendre un certain nombre de mois, O.K., beaucoup de
bureaucratie. Il faut que ça descende localement. Donc, le défi qu'on a devant
nous, c'est qu'est-ce qu'on fait en attendant que ces conventions collectives
là soient appliquées, parce que, je le répète, la clé, c'est d'abord la
réorganisation du travail, puis ça passe par les nouvelles conventions
collectives.
Mais là on a besoin d'une passerelle pour
être capables de se rendre jusque-là, pour accélérer l'application des
conventions collectives. Donc, ce qu'on a essayé de faire, avec Christian, avec
Sonia, c'est de penser en dehors de la boîte, un peu comme on l'a fait pour
embaucher 8 500 préposés aux bénéficiaires dans les CHSLD l'année passée
puis un peu comme on l'a fait dernièrement avec la vaccination, là, donc, être
capables de penser en dehors de la boîte, je dirais même en dehors de la bureaucratie
puis des anciennes façons de faire.
Donc, je le répète, le plus important,
c'est la réorganisation du travail. Mais, pour se rendre jusque-là, on annonce
aujourd'hui des incitatifs financiers importants pour avoir plus d'infirmières
à temps plein qui vont nous permettre justement d'offrir des horaires qui sont
prévisibles, qui sont raisonnables. Puis je veux aussi vous préciser que, quand
je dis «infirmières», ça inclut les infirmières auxiliaires, ça inclut les
inhalothérapeutes puis ça inclut les perfusionnistes.
Donc, le premier principe qu'on s'est
donné pour donner des bonis, c'est de dire : Il faudrait que les
infirmières qui sont restées dans le réseau ne soient pas pénalisées, au
contraire qu'elles soient avantagées. Donc, c'est les personnes qui travaillent
à temps plein dans le réseau, là, à qui j'annonce qu'on va leur donner un boni
de 15 000 $, donc, par infirmière, celles qui travaillent à temps
plein. Deuxième groupe, les infirmières qui sont dans le réseau actuellement,
qui acceptent de passer à temps plein, vont recevoir aussi un boni de
15 000 $. Troisième groupe, les infirmières qui ont quitté, donc, soit
qui ont quitté pour être chez elles, à la retraite, soit qui ont quitté pour
aller souvent dans le secteur privé, donc les infirmières qui ont quitté, qui
acceptent de revenir à temps plein, vont avoir un bonus de 12 000 $.
Il y a une quatrième catégorie qui est
dans cinq régions. Il y a cinq régions où il y a des problèmes particuliers,
bon, l'Outaouais, bien sûr, parce qu'il y a la compétition d'Ottawa puis de l'Ontario,
l'Abitibi-Témiscamingue, dont on a beaucoup parlé, la Côte-Nord, le Nord-du-Québec
puis la Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, donc des régions qui sont plus
éloignées, où il y a encore plus de problèmes. Donc, dans ces régions-là, on va
offrir un boni aux infirmières qui sont déjà à temps plein, qui sont restées,
de 18 000 $, puis les infirmières qui acceptent de revenir à temps
plein dans ces cinq régions vont avoir un boni de 15 000 $.
Bon, en plus de ces incitatifs financiers,
Christian, avec les P.D.G. de CISSS et de CIUSSS, va s'assurer qu'à l'avenir
les meilleurs horaires de travail vont d'abord être offerts aux infirmières du
réseau public, donc, avant les infirmières qui passent par les agences privées.
Ensuite, on va embaucher des agents
administratifs. Il y a beaucoup d'infirmières qui nous ont dit : Je passe
30 % de mon temps à remplir de la paperasse. Donc, on aimerait mieux, nous
autres, qu'ils passent ce temps-là à soigner des patients. Donc, on va
embaucher des agents administratifs. Ça va libérer du temps d'infirmières.
Il y a aussi des moyens qui vont être mis
en place qui vont donner plus des résultats à moyen terme. Le ministre de
l'Emploi, Jean Boulet, travaille sur du recrutement à l'extérieur du Québec
puis il travaille aussi sur une accélération de la formation des infirmières
auxiliaires.
Donc, je conclus en vous disant que toutes
ces mesures vont nous permettre de réduire de façon très importante… on
aimerait ça que ça soit complet, là, mais on va être réalistes, dans un premier
temps, de réduire de façon très importante nos deux problèmes chroniques,
c'est-à-dire réduire le temps supplémentaire obligatoire puis réduire
l'utilisation des agences de placement privées. Puis, pour ça, bien, vous le
voyez, on a des moyens costauds. Ça représente un coût d'environ
1 milliard de dollars pour le gouvernement du Québec. C'est beaucoup
d'argent, mais on pense que la situation le justifie.
Maintenant, dernière chose que je veux
préciser, on a très bien compris que l'essentiel pour les infirmières, ce n'est
pas l'argent, c'est la qualité de vie, c'est d'être capable d'arrêter d'avoir
du temps supplémentaire obligatoire, d'avoir de la prévisibilité. Puis notre
objectif dans tout ce qu'on propose aujourd'hui, c'est d'avoir une meilleure…
de dire : Il faut que le réseau public de la santé soit la meilleure place
pour les infirmières pour travailler, pas les agences privées, pas ailleurs,
là, le réseau public, qu'on soit capables d'offrir les meilleures conditions.
Pour ça, on a besoin, à court terme, de mettre des incitatifs pour avoir plus
de gens à temps plein.
Donc, je lance un message, en terminant, à
toutes les infirmières qui ne sont pas à temps plein actuellement dans le
réseau : On a besoin de vous autres, les Québécois ont besoin de vous
autres. Puis je lance aussi un message aux syndicats, gestionnaires, ordres
professionnels : Tout le monde, là, il faut se mettre en mode solution.
C'est un gros changement qu'on propose, mais, devant une situation
exceptionnelle, il faut prendre des moyens exceptionnels. Puis je termine en
disant : Les infirmières, là, ont pris soin de nous autres depuis
longtemps, il est temps aujourd'hui qu'à notre tour on prenne soin de nos
infirmières.
Sur ce, je passe la parole à la présidente
du Conseil du trésor, Sonia LeBel.
Mme LeBel : Bien, merci, M. le
premier ministre. Bonjour, tout le monde. Je suis très contente d'être ici,
parce que cette révolution dont le premier ministre vient de vous parler, quant
à moi, elle débute par cette convention qu'on a négociée avec principalement la
FIQ et les autres syndicats également. Et c'est la base, là… C'est la base du
plan d'action et c'est la base de la solution pour avoir justement ces
meilleures conditions de travail là.
Je suis intimement convaincue que ça va
secouer les colonnes du temple, puis c'était l'idée de la convention. On veut
changer concrètement la face du réseau et déployer, naturellement, plus de
services pour les Québécois. Mais toute cette culture de gestion là qui s'est
instaurée au fil des années, convention après convention, où on en est venus à
une espèce de problème chronique de façons de gérer les horaires et le temps de
vie des infirmières, c'est à ça que la convention veut répondre et va répondre.
Et on a bien entendu les revendications
des infirmières. On était à l'écoute aux tables de négociation. Et, on l'a dit,
mais on ne le répétera pas assez, ce qu'elles veulent, c'est une meilleure
qualité de vie, et c'est aux conditions d'exercice qu'on s'est attaqué avec
cette convention-là, et c'est les objectifs qui ont guidé toutes les mesures
qui se retrouvent dans la convention. C'est vraiment un changement de culture
qu'on veut instaurer dans le réseau, un nouveau modèle de gestion.
Et, bon, je vous donne quelques exemples,
là, de ce qui se retrouve comme mesures, mais l'objectif poursuivi a toujours été
de changer… ce que j'appelle, moi, de renverser la roue, là, mais de changer la
façon dont le réseau de la santé est géré.
Donc, on a un réinvestissement dans les conditions
de travail qualifié d'historique, là, par plusieurs intervenants. On a déjà, au
niveau des échelles salariales, fait beaucoup dans la structure des échelles.
On parle des échelons, des rangements. Je vous passe les détails, mais on a un
réinvestissement massif au niveau des salaires.
On a toute la notion de stabilisation des
équipes grâce à l'ajout d'effectifs. C'est ce qu'on appelle notamment les
ratios. Donc, on a des mesures pour obtenir des meilleures équipes de soins,
donc, pour que les infirmières soient aussi épaulées et aient le temps de faire
leur travail correctement, ce qui est à l'avantage de nos infirmières et
l'avantage des patients, naturellement.
L'ajout de congés et de réduction du temps
supplémentaire pour favoriser la meilleure conciliation famille-travail… On l'a
dit, on veut réduire ce temps supplémentaire, là, obligatoire à sa plus simple
expression, et c'est dans la convention, et il y a des mesures pour atteindre
ces objectifs-là.
On a mis des bonifications de primes, là,
dans des secteurs qui étaient très difficiles d'avoir du recrutement. Je parle
de nuit, de jour, de fin de semaine. Donc, les chiffres qui ne sont pas des
périodes de travail intéressantes ou plus difficiles à combler, il y a des
primes qui sont importantes.
Mais, on l'a bien dit, hein, cette
convention-là, elle est là pour régler la structure, pour régler la normale… si
on veut, le quotidien. Et là la pandémie est venue exacerber la crise et est
venue ajouter une pression supplémentaire. Donc, le temps où toutes ces
mesures-là, ce changement de culture là doit s'implanter… En temps normal, on
aurait probablement eu l'espace nécessaire pour lui permettre de vivre, de
prendre racine, à cette convention-là. Mais force est de constater que les
vagues successives qu'on vient de vivre, qu'on vit encore d'ailleurs,
particulièrement la troisième et la quatrième vague, qui ont épuisé notre
personnel de santé, ont aggravé la situation, et je pense que ça a amplifié ce
qui existait déjà dans le réseau.
Au point où on en est, à la situation
d'aujourd'hui, je pense qu'il est nécessaire, donc, pour atteindre plus
rapidement les objectifs… Et tous les outils... Le coffre à outils qu'on a mis
en place avec la convention, pour pouvoir l'activer et l'utiliser à son
maximum, bien, il faut qu'on agisse rapidement, et, pour ça, ça prend quoi? Ça
prend un apport d'effectifs massif. Il y a des manques à combler.
Et là on a entendu… Je le réitère, on l'a
fait avec les infirmières. Moi, j'ai parlé avec la FIQ, avec Nancy Bédard, à
quelques reprises dans les derniers jours, à travers moi personnellement, à
travers mes équipes, pour qu'on… pour s'assurer... pas bien comprendre parce
qu'on la comprenait bien, mais s'assurer qu'on la comprenait bien puis qu'on
était à la même place que les infirmières sur le terrain, sans compter les
nombreuses infirmières avec qui j'ai eu l'occasion de parler. Et ça revient
constamment, là, c'est la qualité de vie, la prévisibilité. C'est souvent la
raison pour laquelle elles vont dans les agences, d'ailleurs, c'est pour le
contrôle de leurs horaires, en premier lieu, donc… et qu'on s'attaque de façon
significative et non équivoque au temps supplémentaire obligatoire.
Donc, c'est ça que le plan qu'on annonce aujourd'hui
prévoit. Le ministre de la Santé va vous le détailler dans quelques minutes.
Mais la convention est la pierre, le socle de cette annonce-là aujourd'hui, parce
que c'est elle qui est la solution et c'est elle qu'on veut faire vivre plus rapidement.
Donc, ça comporte des mesures, on l'a dit, pour améliorer l'organisation du
travail. Donc, on va avoir des mesures qui vont retenir les infirmières en
place et qui ont donné des services à temps plein malgré la situation. Il y a
des mesures pour inciter les gens à revenir. Je vais laisser mon collègue…
Et ça, ce plan-là, je le répète, parce que
c'est important… et on l'a négociée, cette convention-là, avec les syndicats,
avec la FIQ. C'est une passerelle, ce qu'on annonce aujourd'hui, vers la
convention. On peut dire un accélérateur. Donc, c'est pour nous permettre que
cette convention-là, qui aurait pris, en temps normal, si on exclut la pandémie
et les vagues successives, quelque temps, comme c'est normal pour des
changements de culture et de paradigmes, à s'implanter dans le réseau… bien, ce
qu'on veut lui donner, c'est... j'allais dire du gaz, mais c'est ça, dans le
fond, c'est une façon de pouvoir arriver et atterrir plus rapidement dans ses
effets pour que les gens le ressentent plus rapidement.
Donc, on veut vraiment démontrer tout
notre soutien aux personnes du réseau. On l'a mentionné, ce sont les quatre
catégories, hein : infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes
et perfusionnistes cliniques. On dit infirmières, mais il ne faut juste pas
oublier que c'est ces quatre groupes-là qu'on cible. Et on veut vous dire que,
pendant les négociations et maintenant, on vous entend. On sait de quoi vous
avez besoin et on veut vous aider à atteindre ces objectifs-là.
Et je pense que, maintenant, mon collègue
ministre de la Santé va pouvoir vous dire exactement comment on va créer cette
passerelle-là.
M. Dubé : Alors, bonjour, tout
le monde. Puis, tout d'abord, j'aimerais non seulement remercier le premier
ministre pour son support dans la mise en place de ce projet-là, mais aussi mes
collègues au Trésor, Mme LeBel et notre ministre des Finances, Eric
Girard, parce qu'on a eu quelques bonnes soirées au cours des dernières
semaines, puis je tiens à les remercier, tous les trois et leurs équipes, là,
pour être capables de livrer la marchandise tel que convenu.
Je n'irai pas dans le détail des points
parce qu'on l'a déjà pas mal couvert, mais peut-être quelques éléments que je
voudrais attirer l'attention… parce que, quand on parle d'un modèle de gestion,
vu que ça reste très pratique, là, c'est une gestion qui est beaucoup plus
décentralisée puis qui permet, entre autres... Puis je pense que les gens vont
le voir au cours des prochaines semaines, ça va être sur le terrain qu'on va
voir que les demandes qu'on a reçues des infirmières, qu'on a reçues des
syndicats, mais qu'on a reçues aussi des ordres professionnels… Je pense au
rapport, entre autres, de l'office des infirmiers et infirmières du Québec, qui
a été publié la semaine dernière. C'est avec toutes ces discussions-là qu'on
pense aujourd'hui que le modèle de gestion qu'on met en place répond aux points
que le premier ministre a dit, comment on peut adresser des réductions importantes
à court terme du temps supplémentaire obligatoire, du recours aux agences
privées.
Les horaires… je vais en dire quelques
mots, ce qu'on appelle les horaires autogérés au niveau du réseau, ça, c'était
une demande qui était excessivement importante, entre autres, de la FIQ. La diminution
des tâches administratives, je vais en dire quelques mots, parce que, dans le
rapport de l'OIIQ, là, d'il y a une dizaine de jours, il y avait vraiment une
bonne définition de l'importance de valoriser mieux le travail des infirmières.
Puis on parle souvent de travail... avant on disait de travail-famille, mais de
travail-vie personnelle. C'est tout ça ensemble, toutes ces mesures-là qui vont
nous permettre de donner, je pense... de rendre nos travailleurs de la santé…
dans un environnement de travail qui, je pense, va faire une grande, grande
différence au cours des prochains mois.
Bon, maintenant, sur la question... Je
vais traiter de trois, quatre points. Je vais essayer d'y aller rapidement. Le
premier, c'est sur l'augmentation du personnel à temps plein. Le premier
ministre l'a dit tout à l'heure, on a en ce moment 60 % de notre personnel
qui est à temps plein. Ce n'est pas assez. Et les mesures — j'allais
dire Me LeBel — que la présidente du Conseil du trésor a mises en
place… Notre objectif, puis c'est le résultat qu'on veut atteindre à très court
terme, c'est de monter à 75 %. Donc, on veut qu'on ait au moins 75 %
le plus rapidement possible, parce qu'à ce moment-là c'est un peu comme Sonia
disait tout à l'heure, c'est ça qui nous permet de stabiliser nos horaires.
Mais, en même temps, lorsque le même personnel passe de 60 % à 75 %,
ça nous donne du personnel supplémentaire, et c'est de ça qu'on a besoin.
Bon, sur le TSO, le premier ministre l'a
dit, c'est très clair, on va trouver la façon d'ajuster comment on va le faire
de façon réaliste, mais on va vraiment favoriser d'avoir des personnes qui nous
viennent de l'extérieur, parce que, quand on a des personnes qui nous viennent
de l'extérieur, plus les personnes qui tombent à temps plein, bien, c'est
évident qu'on est capables très rapidement d'avoir un impact sur le TSO. Donc,
le temps supplémentaire obligatoire va se réduire par l'ajout de personnel à
court terme, mais aussi de passages à temps plein.
Bon, sur les horaires autogérés, bien,
pour moi, et ça, j'en ai parlé, je vais vous dire, depuis des semaines avec nos
P.D.G., c'est un changement de culture. C'est un changement de culture encore
plus où on a besoin maintenant d'agir. On a vu qu'est-ce que c'est d'avoir les
fameux... les arrêtés 007, où on pouvait bouger le personnel, parce qu'on
n'avait pas le choix. Rappelez-vous, il y avait des questions de protection et
de contrôle des infections. C'était difficile, les conditions qu'on avait et
qu'on a encore dans certains cas. Mais, en même temps, on le sait, que plus on
contrôle la pandémie, plus on est capables de revenir à un nouvel environnement.
Donc, je le dis, pour nous, on veut donner plus d'autonomie au personnel dans
leur gestion locale, et ça, je pense que ça va nous permettre de mieux gérer le
nouveau personnel aussi qui va être en place.
Bon, sur les agences, je pense que le premier
ministre a été très clair, ça veut dire que ça va rendre les horaires beaucoup
plus attrayants pour le personnel public, parce que ce qu'on veut à terme… Puis
il faut quand même respecter les contrats qu'on a en cours, le besoin, qui est
un peu plus grand dans les régions, d'utiliser le personnel d'agences, mais
notre objectif, c'est vraiment de réduire à sa plus simple expression
l'utilisation des agences. Mais on va le faire correctement dans un échéancier
qu'on va établir ensemble.
Maintenant, sur les ressources administratives,
puis ça, je pense que je voudrais prendre juste une petite minute là-dessus,
lorsqu'on a fait… lorsque le premier ministre avait annoncé l'engagement qu'on
cherchait 10 000 PAB, on avait l'avantage à ce moment-là de pouvoir
le faire beaucoup plus rapidement parce que la formation pouvait être beaucoup
plus rapide. Dans le cas des infirmières, on le sait, ça prend trois ans. Puis,
en plus, s'il y a le D.E.C.-bac dans ça, on peut aller jusqu'à cinq ans.
Ce qu'on a décidé de faire, et que je
pense qu'on va avoir, des premières réactions que je reçois, là, avec qui on a
discuté, c'est que le personnel administratif peut être engagé… premièrement,
peut être formé beaucoup plus rapidement, du personnel administratif, surtout
lorsque… Vous connaissez ma vision d'utiliser beaucoup plus l'informatique puis
des nouveaux outils. Donc, ce qu'on va faire, c'est qu'au cours des prochains
mois, là, on va former plus de 3 000 personnes,
3 000 personnes qui vont venir aider les infirmières. Puis, quand je
dis les infirmières, là, c'est, de façon beaucoup plus générale, le personnel
clinique, tout le professionnel clinique, là, qu'on va vouloir supporter avec
3 000 personnes administratives qu'on va former cet automne et qui
vont être disponibles à partir du printemps 2022.
Et ça, moi, je pense que, pour les
infirmières, c'est quelque chose de majeur. C'est ça qu'on a vu, qui était
demandé par tout le monde depuis longtemps, parce que le grand objectif si on
veut valoriser leur profession… Ces gens-là, ils sont allés au cégep, ils sont
allés à l'université, pas pour remplir des feuilles de papier, mais pour servir
des patients, et c'est ça qu'on va leur offrir, puis on peut le faire beaucoup
plus rapidement. Donc, pour nos 75 000 infirmières qui sont dans le
réseau, on leur donne, à court terme, un support administratif qui va leur
permettre de, justement, mettre… de se consacrer aux patients.
Maintenant, deux choses que je dirais
avant de passer rapidement sur les montants forfaitaires. Deux choses. La
première, c'est que je sais qu'on fait des changements majeurs, qu'on annonce aujourd'hui.
Puis ce que je m'attends, puis j'en ai parlé à quelques représentants
syndicaux, j'en ai parlé beaucoup avec les P.D.G... Je vous le dis, là, il y a
des bouts là-dedans qui vont être difficiles. On fait vraiment une transformation,
un mode de gestion, une culture de gestion qui va être complètement différente
de ce qu'on a connu jusqu'à maintenant. On n'a pas le choix. Mais maintenant je
m'attends que, quand ça va être difficile au niveau des P.G.D., au niveau des
syndicats, qu'on va s'asseoir ensemble.
Puis, moi, l'engagement que j'ai pris,
quand j'ai reparlé encore une dernière fois, hier après-midi, c'est que je vais
y mettre mon temps personnel à moi. Je l'ai fait dans les dossiers lorsqu'on a
préparé la deuxième vague. Je l'ai fait quand on a préparé la vaccination. Je
l'ai fait en mettant des «squads» techniques, des gens comme Daniel Paré, qui
s'occupaient de faire le suivi, qui mettaient des représentants de la vaccination
dans chacun des CISSS et des CIUSSS. On va faire la même chose. On va avoir des
équipes qui vont être dédiées à suivre ce qu'on appelle le TSO, le temps supplémentaire
obligatoire, qui vont suivre la réduction de l'utilisation des agences, qui
vont s'assurer de tout ce qu'on a dit tout à l'heure, de la gestion des
horaires. Donc, je vais m'assurer personnellement qu'on va le suivre, comment ça
va atterrir.
Deuxièmement… puis d'ailleurs je parlais
hier à la Commissaire à la santé, Mme Castonguay, Mme Castonguay a commencé à
faire des analyses... je vais l'appeler des sondages, mais de satisfaction de
nos employés. Elle a commencé à faire ça. Moi, ce que je veux faire maintenant,
c'est de me servir, entre autres, de l'institut CIRANO, qui est un institut
indépendant, et pour être capable de mesurer l'amélioration, je vais l'appeler
de l'indice du bonheur de nos employés. Alors, on a déjà commencé, c'est déjà
mis en place. Puis, au fur et à mesure que notre changement de culture puis
notre modèle de gestion va voir… bien, on va s'assurer que les objectifs, dont
on vous parle aujourd'hui, vont être en place.
Quelques mots sur les montants
forfaitaires, je pense, c'est important. On le dit, les syndicats, les employés,
ce qu'ils nous disaient : Donnez-nous un environnement de travail qui est
important. Le premier ministre l'a bien dit, Sonia l'a bien dit, mais il faut
aller rapidement aller chercher 4 300 infirmières. Alors, pour aller
chercher ces infirmières-là dans la première année, pendant qu'on replace notre
modèle, bien, c'est évident qu'il fallait donner des incitatifs.
Principalement, puis je donne l'exemple, puis je l'ai dit quelques fois, on se
bat contre l'Ontario, en ce moment, qui sont venus chercher des gens en Abitibi
puis en Outaouais, puis qui donnent des primes de 10 000 $. Alors, on
avait déjà une base qu'il fallait travailler. Alors, je pense que c'est
important de voir ça.
Ces forfaitaires-là, le premier ministre
en a parlé, mais je vous dirais que le principe, le principe, elles sont
principalement pour les gens qui vont travailler à temps plein. Et ça, c'est
important parce que, pour ceux qui sont dans le réseau en ce moment, c'est pour
des personnes qui vont revenir à temps plein. Puis on pourra, en temps et lieu,
vous donner les définitions, parce qu'il y a eu justement des changements dans
la convention qui été mise en place, et on pourra donner plus de détails. Juste
pour vous donner une idée, là, on va travailler encore dans les prochains jours
à mettre en place cette fameuse directive-là, parce que ça prend encore
quelques jours tout attacher ça, les détails de ça, mais ça va se faire là,
dans la prochaine semaine.
Les incitatifs de rétention et
d'attraction, donc, autant pour ceux qu'on veut retenir que ceux qu'on veut
aller chercher, vont s'appliquer dès maintenant. Les gens qui vont appliquer et
qui vont s'engager, pour la prochaine année, à être à temps plein, comme on l'a
expliqué, bien, ça va être en vigueur pour une période de 12 mois. Donc,
un incitatif à la signature et un incitatif très important à la fin de cet
engagement-là de 12 mois.
Et, je dirais, pour ceux qui vont répondre
à la demande du premier ministre, à l'appel, puis je pense qu'on va avoir, je
suis certain, un succès avec ça, parce que les gens veulent ce changement-là,
bien, on fera un peu comme on a fait avec Je contribue. On va mettre
l'information disponible sur le site Web de Québec.ca. On va lister les
différents CISSS et CIUSSS pour que les gens puissent les contacter
directement, parce que l'embauche va se faire dans les endroits où les gens
veulent aller travailler. Mais, nous, quand même, au ministère, on va suivre
les demandes pour être certains qu'il n'y ait pas personne qui tombe entre les
craques. On a appris de Je contribue au début puis on va s'assurer qu'on suit
ça.
Je termine en disant que, malheureusement,
la pandémie a montré les vulnérabilités de notre modèle de gestion actuel.
Donc, on doit adopter une nouvelle culture qui s'inspire de nos succès jusqu'à
maintenant, que ça soit la deuxième vague, la campagne de vaccination, et où
les employés… On l'a vu, les employés étaient heureux de travailler dans un
environ qu'ils aimaient. On l'a vu, les patients étaient heureux. Ils étaient
au centre de cette expérience-là. Et ce qu'on veut, avec tout ça, c'est
redonner aux Québécois et à leurs employés un système de santé dont ils sont
fiers. Merci beaucoup.
Le Modérateur
: Bon,
nous en sommes maintenant à la période de questions. Nous commençons avec
Marie-Michèle Sioui, Le Devoir.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Oui, bonjour à tous les trois. Combien ça va
coûter, tout ça, puis pendant combien de temps ça va être en vigueur?
M. Dubé : Bien, écoutez, ce que
je vous dirais, là, je pense, le premier ministre en a donné un ordre de
grandeur pour bien comprendre, on parle… Seulement pour les mesures
incitatives, là, on est à peu près à 900 millions, puis ça, c'est si on
réalise nos objectifs, là. Et, pour ce qu'on appelle des mesures externes, c'est-à-dire
d'aller attirer les personnes de l'externe, c'est à peu près 50 millions.
Alors, si vous prenez 900 millions plus 50, 950 millions. On a réussi
à rester à l'intérieur du milliard. Il y a d'autres montants qui viennent
s'ajouter à ça, mais qui étaient prévus à la convention collective, mais qui
ont déjà été... Mais les montants additionnels qui ont rapport aux primes dont
on parle, c'est à peu près 1 milliard.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Puis j'imagine que vous l'avez calculé pour
arriver à ces chiffres-là. Combien d'infirmières parties ou retraitées vous
espérez ramener dans le réseau avec vos mesures?
M. Dubé : Bon, alors l'objectif...
Je vous donne un exemple, là, notre objectif, c'est d'aller chercher à peu près
4 300 personnes. Puis je vous dirais que ce 4 300 là est une
combinaison de gens qu'on va aller chercher de l'externe, mais aussi de gens
qui vont accepter de passer à plus de temps plein, hein, parce qu'en ce moment,
je l'ai dit, on en a 60 % qui sont à temps plein. Alors, lorsqu'on calcule
ce qu'on appelle des équivalents temps complet, là, je ne rentrerai pas dans le
détail de ça, mais ça nous... Mais, idéalement, idéalement, si on était
capables d'aller chercher totalement les gens à l'externe, je serais plutôt
aussi heureux.
Puis je disais même à notre ministre des
Finances, il m'a regardé un peu de travers quand on a dit ça : Moi,
j'aimerais ça que le programme nous coûte même un petit peu plus cher, parce
que plus il va nous coûter cher, s'il coûtait 1,1 milliard ou... c'est
parce qu'on va aller chercher plus de monde, puis plus on va avoir de monde qui
va être venu dans notre réseau, plus on va stabiliser tout le monde, moins on
va recourir aux agences puis moins on va recourir au temps supplémentaire.
Alors donc... Mais je vous donne l'ordre de grandeur. On serait excessivement
heureux si on passait de 60 % à 75 % à temps plein puis si on allait
chercher à l'externe à peu près 4 000 personnes dans un horizon à très
court terme.
Le Modérateur
: Alain
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : Bonjour
à vous trois. Là, vous parlez de 4 300 personnes que vous voulez aller
chercher. Le 15 octobre, votre vaccination obligatoire entre en vigueur, vous
en perdez combien?
M. Dubé : Bien, premièrement,
j'espère…
M. Laforest (Alain) : Vous
êtes rendus à combien, là, de potentiel...
M. Dubé : En ce moment…
M. Laforest (Alain) : Je
parle de personnel soignant, là. Vous avez déjà avancé le chiffre, il y a deux
semaines, de 10 000.
M. Dubé : Oui, de 10 000.
On est rendus à peu près à 7 500. Alors, en date, là, du 23 septembre,
aujourd'hui, là, c'est un petit peu moins que 8 000, je pense, c'est
7 700 pour être exact.
M. Laforest (Alain) : Il y a
un équivalent qui ne fonctionnera pas, là. Ça vous demande 11 000
personnes à aller chercher.
M. Dubé : Oui, bien,
premièrement, ce n'est pas fini. Et, deuxièmement, comme on a dit, on a demandé
à nos P.D.G. de trouver des façons de pallier à ça si ces personnes-là
n'étaient pas vaccinées. Je peux vous dire qu'on va trouver des gens... Je veux
juste vous donner un exemple, M. Laforest. Il y a à peu près 8 000
infirmières qui ont pris leur retraite à l'intérieur des cinq dernières années.
On a été capables, dans Je contribue, d'aller chercher à peu près ça, là,
8 000 infirmières qui sont venues nous aider dans Je contribue. Alors, ces
gens-là sont doublement vaccinés, ils peuvent revenir. On leur dit que c'est à
compter d'aujourd'hui qu'ils peuvent revenir. Il faut que… c'est évident que,
pour avoir droit aux primes, les gens doivent être vaccinés, doublement
vaccinés, c'est comme évident.
Alors donc, moi, je pense qu'on est loin
d'avoir lancé la serviette. On demande aux gens de continuer à se faire vacciner
dans le réseau. Puis chaque jour qui passe, ces gens-là peuvent aller chercher
une première dose. Alors, moi, j'ai été très, très, très direct, on va trouver
des solutions pour les gens qui ne seront pas vaccinés. C'est tout.
M. Laforest (Alain) : …oui,
allez-y, M. Legault.
M. Legault : …aussi une petite
réponse, là. Les 3 000 agents administratifs. C'est certain que, si on dit :
Les infirmières feront 30 % de leur temps à de la paperasse, si on
embauche 3 000 agents administratifs pour faire cette paperasse ou, en
tout cas, une partie de la paperasse, bien, ça dégage aussi du temps
d'infirmières supplémentaire.
M. Laforest (Alain) :
…l'école Saint-Henri, où c'en est rendu, là, avec le dossier de l'enseignante?
Avez-vous du nouveau?
M. Legault : On n'a pas eu
d'autres informations. Si les informations étaient vraies, bien, il va y avoir
des recours, là. C'est inacceptable, ce qui a été raconté. Mais on n'a pas
encore les informations, là, vérifiées.
Le Modérateur
:
Jocelyne Richer, La Presse canadienne.
Mme Richer (Jocelyne) : Oui.
Bonjour à tous les trois. J'aimerais savoir. La crise, elle est importante, là,
présentement, là, on n'a jamais vu ça, les salles d'urgence qui ferment, les
salles d'opération. Si ça ne fonctionne pas, si les infirmières ne répondent
pas à l'appel, c'est quoi, le plan B?
M. Dubé : Bien, écoutez, je
l'ai dit depuis le début, là, c'est une crise sans précédent. Puis vous avez
raison. D'avoir réussi à passer à travers cette crise-là avec un délestage qui
est beaucoup moins grave qu'ailleurs, même s'il est très important, hein, on a réussi
à passer à travers en faisant du délestage, en gardant nos écoles ouvertes...
Vous savez tout ça. Moi, j'ai l'impression, j'ai l'impression que, si on donne
un environnement de qualité à nos gens — c'est ça qu'ils nous
demandent, là — on va être capables d'aller chercher les gens.
Bon, maintenant, on l'a vu, on n'aime pas
ça le faire, quand on n'a pas le personnel, on doit réorganiser nos services.
Ce n'est pas l'idéal. J'aime mieux être transparent envers la population puis
de dire : Maintenant, j'ai une entente très claire avec les P.D.G.. Quand
on voit les coups venir à l'avance, il faut se le dire, puis on avertit la… Ce
n'est pas facile d'être transparent puis de dire les vraies choses... pas aimé
ça, la réorganisation des services qu'on a en Abitibi ou qu'on a en Outaouais.
Mais c'est toujours ça, la solution, c'est de réorganiser nos services en
fonction du personnel qu'on a.
Et c'est pour ça que, maintenant,
j'apprécie le support que j'ai de la part du premier ministre et de nos
deux ministres financiers… c'est de dire :
Écoutez, pour mettre 1 milliard sur la table, là, pour aller chercher le
personnel, ça vous donne la gravité de la situation. Mais une chance qu'on a
cette nouvelle convention là, et c'est ça qu'on attendait avec beaucoup d'espoir.
Puis, moi, je pense qu'avec cette convention-là ça va faire une différence. Maintenant,
c'est de la faire atterrir au p.c., comme on dit.
Mme Richer (Jocelyne) : Mais,
quand vous dites «réorganisation de services», est-ce que je comprends bien que
ça veut dire que, si les infirmières manquent à l'appel, ne reviennent pas, ça
veut dire plus de délestage, plus de reports d'opérations, plus de bris de
services, etc.? Il faut s'attendre à ça.
M. Dubé : Mais il n'y a pas de
magie. Soyons clairs, il n'y a pas de magie. Moi, ce que je dis, c'est qu'à
date on s'en est tirés pas si pire. Je n'aime pas ça, là. On n'aime pas ça,
faire de la réorganisation de services, mais c'est pour ça qu'on arrive
aujourd'hui avec la situation où on est, avec une convention, maintenant, qui
est très bien définie. Parce que ça a été long convenir, là… Mme LeBel a fait
beaucoup de travail avec son équipe. Mais là on a ça, au moins, là. C'est
récent, cette entente-là qu'on a.
Alors, moi, je pense que maintenant que
les idées sont claires sur la table, dans quels paramètres… Puis je pense
qu'encore une fois on a vu que le réseau de santé peut être agile. On l'a vu
avec la vaccination, on l'a vu qu'on pouvait sortir de la boîte. Moi, je suis
très confiant qu'on va aller chercher les personnes, parce qu'ils ont le goût
de travailler. Les gens sont fiers. Vous l'avez vu dans la vaccination, là, les
gens étaient contents d'être là. On a un défi. Cette pandémie-là est atroce,
mais, en même temps, jusqu'à maintenant, on a bien réussi.
Le Modérateur
: Éric
Martel, Journal Métro.
M. Martel (Éric) : Oui,
bonjour. Mais, avec ce plan-là, est-ce que vous pouvez vous engager à ce qu'il
n'y ait plus de bris de services dans le réseau de santé d'ici les prochains
mois?
M. Dubé : Bien, écoutez, moi,
je vous parle de réorganisation de services, parce que je ne veux pas jouer sur
les mots, mais je vais le faire jusqu'à tant que je sois bien compris. Pour
moi, un bris de services, puis je l'ai dit, c'est quand on n'a pas prévu puis
qu'on arrive à quelque part, puis, à un moment donné, woups! ça ferme parce
qu'il y a trois infirmières qui, malheureusement, sont tannées, sont à bout. Ça,
ce n'est pas de la gestion. La gestion, c'est de dire : J'ai un enjeu qui
s'en vient, j'ai du personnel, mais je ne veux pas avoir… je ne veux pas être
pris devant un fait accompli.
Alors, on le sait, là, je l'ai demandé à
mes P.D.G., particulièrement dans les cinq régions dont on parle, je n'en veux
plus, de surprises jusqu'à tant qu'on ait maintenant les… qu'on mette en place
les solutions. Et c'est pour ça que je parle de réorganisation. Je comprends
que la personne de Senneterre n'est pas contente parce qu'elle dit :
J'avais accès à tel service avant, puis là il faut que j'aille un peu plus
loin. Mais, entre aller un petit peu plus loin puis être bien servi par du
personnel qui est vacciné, par du personnel qui est dans un environnement
sécuritaire, bien, moi, c'est ça que je dis, qu'en attendant c'est comme ça
qu'il faut s'organiser, jusqu'à tant qu'on ait ce nouveau modèle de gestion là
qui tienne compte de ces principes-là qu'on vient de discuter.
M. Martel (Éric) : Votre plan
est effectif dès maintenant, mais la vaccination, elle va devenir obligatoire
le 15 octobre. Êtes-vous prêt à pallier au départ du personnel dès cette
date-là? Ça vient quand même vite.
M. Dubé : J'ai répondu tout à
l'heure. On a toutes sortes d'actions qui sont en train d'être mises en place
pour les P.D.G., que... s'il y a des personnes qui sont non adéquatement
vaccinées, on va prendre des mesures.
Le Modérateur
: Fanny
Lévesque, LaPresse.
Mme Lévesque (Fanny) : Oui.
Bonjour à vous trois. C'est sûr qu'aujourd'hui il y a des gens qui vous
écoutent, hein, des infirmières qui sont parties, puis qui pensent à la prime,
puis qui trouvent ça attrayant. Quel engagement vous prenez aujourd'hui envers
ces personnes-là qui vont quitter, par exemple, une agence pour retourner au
privé? À quel moment elles peuvent s'attendre, par exemple, à ne plus avoir à
faire de temps supplémentaire obligatoire?
M. Dubé : Bien, écoutez, le
plus rapidement possible. Le plus rapidement possible qu'on va avoir ces
4 000 personnes là, déjà, ça va faire une grande différence. Je vous
dirais que l'engagement qu'on prend — puis j'apprécie votre question — c'est :
plus vite ils vont revenir, plus l'environnement va être extraordinaire. Puis
on l'a vu avec les PAB. Les PAB, lorsqu'on a mis 10 000 personnes, les
gens disaient : Mon Dieu que c'est beaucoup! Mais ça a permis d'avoir un environnement
de travail, dans les CHSLD... je ne vous dirais pas qui était parfait, mais qui
était 100 % meilleur.
C'est la même chose ici. On dit :
Regardez, venez. Puis c'est quand même, vous l'avez dit, des primes qui sont
très attractives. Puis en plus, ce qu'ils vont savoir, c'est que les gens, ils
ne seront pas tout seuls. C'est que tous les gens qui vont être là vont avoir,
je dirais, un environnement de travail qui est meilleur puis avec une stabilité
des heures, de la meilleure planification.
Moi, je pense que c'est simple. C'est
peut-être trop simple, ce qu'on dit. Mais ça se prouver assez rapidement qu'on
va avoir amélioré l'environnement de travail. Et je le dis, puis je le répète,
j'ai dit aux P.D.G. : Je veux que vous me trouviez des solutions; vous
m'en avez trouvé, là, depuis un an, là, qu'on vit la pandémie, là, bien, j'en
veux pour ça aussi. Puis on va les suivre de très proche.
Mme Lévesque (Fanny) : Mais,
dans le fond, vous leur demandez un peu de vous faire confiance puis
d'embarquer dans ce mouvement-là.
M. Dubé : Bien, écoutez, je
fais confiance, la réponse, c'est oui. Mais notre gouvernement met
1 milliard dollars sur la table pour qu'ils restent puis pour qu'ils
reviennent. Ça fait que je pense qu'on met un «commitment» assez fort.
Mme Lévesque (Fanny) : Et
juste rapidement, j'aimerais vous entendre sur justement le TSO, là. Il y a le
tribunal administratif, en Montérégie-Est, qui ordonne, finalement, aux
infirmières à l'Hôpital Pierre-Boucher qui refusent de faire du TSO, de le
faire. C'est quoi, votre réaction par rapport à ça? Et quel signal ça envoie,
alors qu'aujourd'hui vous tentez de les convaincre de rester?
M. Dubé : Bien, écoutez, il
faut faire une ligne, là. C'est pour ça que je vous ai dit, là : Ce n'est
pas dans six mois que c'est applicable, ce qu'on met là, là, c'est aujourd'hui.
Si les gens veulent appliquer aujourd'hui, là, ils peuvent appliquer. Alors, on
va mettre les postes disponibles dans les prochains jours, alors prenez
quelques jours pour y penser, là. Puis j'ai dit, là, on va mettre le site Web,
on va faire le lien.
Mais moi, là, ce qui est en train d'être
discuté, les mesures, le 007, tout ça, là, je veux mettre ça derrière nous le
plus rapidement possible pour que les gens puissent appliquer sur des postes
puis qu'on ait... que ça soit au Suroît ou... On les connaît tous par coeur,
les endroits qui sont difficiles. Vous les connaissez, vous aussi, très bien.
Alors, c'est ça que je vous dis, c'est maintenant que ça va faire une
différence.
Le Modérateur
: Louis
Lacroix, Cogeco...
M. Legault
: ...revenir
sur la convention collective. Parce que c'est très important, ce qu'il y a dans
la convention collective, là, il y a beaucoup de mesures. Mais prenons juste
les mesures pour augmenter les primes le soir, la nuit puis la fin de semaine.
Souvent, le temps supplémentaire, c'est
des quarts de travail qui sont moins attractifs, si on peut dire. Donc, en
mettant des primes... Puis ce n'est pas simple à négocier, hein, parce que les
syndicats sont habitués : quand on a une prime, on la donne à tout le
monde. Là, on dit : Pour avoir droit à la prime, c'est le soir, la nuit,
la fin de semaine. Donc, il y a des gens qui sont dans des conditions
familiales, ou autres, où ils peuvent se permettre de travailler le soir, la
nuit, la fin de semaine, qui aiment aussi la prime qui vient avec. Donc, ça, ça
va aider aussi, en plus des gens à temps plein qui vont s'ajouter. Puis je
donne cette mesure-là, là, mais il y en a plein, dans la convention collective.
Mais la convention collective, actuellement, elle n'est pas appliquée encore.
Le Modérateur
: Louis
Lacroix, Cogeco.
M. Lacroix (Louis) : M. le
premier ministre, Mme LeBel, M. Dubé. Là, je comprends qu'il y a beaucoup... il
y a énormément d'argents, là, qui sont donnés en incitatifs, en bonis. Mais les
bonis, là, c'est... généralement, quand tu reçois un boni, il ne revient pas
l'année prochaine, là. Alors, qu'est-ce qui vous assure, un, que les gens vont
continuer à rester dans le réseau une fois que les bonis vont être passés? Et
êtes-vous prêts à rajouter le même genre de mesures pour garder les infirmières
à long terme? Si jamais, là, vous voyez que, l'année prochaine, elles se disent :
Bon, bien, là, c'est bien beau, on l'a eue, notre prime, maintenant, on s'en
va, là, tu sais? Pour ne pas se retrouver dans la même situation d'année en
année.
M. Legault: Bien,
moi, je dirais d'abord deux choses. Ce qu'il est important de dire, là, c'est :
grosso modo un tiers de la prime maintenant, deux tiers de la prime le 31
octobre 2022. O.K.? Donc, il y a un incitatif à rester jusqu'au 31 octobre
2022. Deuxièmement, c'est comme l'oeuf puis la poule, plus on a de gens à temps
plein, plus la qualité des conditions de travail est bonne. Donc, nous, on est
convaincus qu'une fois qu'on va avoir notre monde puis bien appliqué la convention
collective, qu'on n'aura plus besoin de ces primes-là. Donc, c'est ce qu'on
vise, là. Puis on est convaincus que ça va bien se passer.
M. Lacroix (Louis) : Parce
que là, là, je comprends que vous dites que vous misez sur le fait que, bon,
le...
(Interruption)
M. Lacroix (Louis) : Ça
arrive des fois. Une fois de temps en temps, ce n'est pas bien grave. Ça m'a
fait perdre le fil de mon idée, je vais essayer de la retrouver. C'est que, là,
c'est comme si on attirait les infirmières avec un gros incitatif dans l'espoir
que les nouvelles conditions de travail vont faire en sorte qu'elles vont
rester. Mais là ça va être toute une drop de salaire, là, l'année suivante. Il
va y avoir 12 000 $, 15 000 $ de moins l'année suivante,
là.
M. Legault : …M. Lacroix, là,
puis les infirmières nous le répètent sans cesse, c'est que le problème, ce
n'est pas l'argent, c'est la qualité de vie, la conciliation famille-travail,
le temps supplémentaire obligatoire. C'est ça, là, elles n'en peuvent plus, les
infirmières, de faire du temps supplémentaire obligatoire. Donc, si on gagne
notre pari, puis je pense… je suis convaincu qu'on va le gagner, qu'il y en a
assez qui reviennent à temps plein, bien, il n'y en aura presque plus, de temps
supplémentaire obligatoire. Donc, la qualité de vie, c'est ça qui est
recherché, c'est ça qui est demandé par les infirmières, bien, va être là.
M. Lacroix (Louis) : Mais
est-ce que le Québec aurait les moyens d'offrir de façon continue ces
augmentations de salaire que vous leur donnez de façon…
M. Legault : J'aurais le goût
de vous parler de Justin Trudeau, là, mais je ne vous parlerai pas de Justin
Trudeau. Le fédéral finance 22 % des dépenses de santé dans les provinces.
On demande d'augmenter ça à 35 %. Ça représenterait 6 milliards par
année qu'on demande au gouvernement fédéral juste pour le Québec.
M. Lacroix (Louis) : Si
c'était le cas, si on avait ces transferts-là, on aurait les moyens.
M. Legault : Oui, mais on ne
pense pas que c'est nécessaire. Les primes, les bonis qu'on parle, là, pour
ramener du monde à temps plein, on ne pense pas que c'est nécessaire pour plus
qu'un an.
Mme LeBel : …parce que ça va
nous amener vers la nouvelle négociation de la prochaine convention collective.
C'est très important, ce que le premier ministre a dit. Oui, il y a toujours,
au coeur des négociations, des augmentations de salaire, du rattrapage, des
majorations de primes. Et on en a fait un pas extrêmement important au coeur de
la convention. Et on parlait des primes, tantôt, de soir, de nuit, de fin de
semaine, c'est du 12 %, du 18 %, du 10 %, là, qu'on ajoute, et
ça, c'est du récurrent qui s'ajoute sur le salaire pour la durée de la
convention. On est dans la structure.
Mais ce qui est important de dire, c'est
que les infirmières, quand elles nous parlent, c'était récurrent dans les
discussions. Et les axes de la convention, c'est stabiliser les équipes de
travail, les ratios, la flexibilité dans les horaires, la réduction du temps
supplémentaire obligatoire, arrêter d'avoir recours aux agences de placement.
Et c'est ça qui était le discours des infirmières. Et le pari qu'on fait par
cet accélérateur-là qu'on pense nécessaire compte tenu de la pandémie, c'est
qu'on va y arriver plus rapidement à ces conditions gagnantes là et on va avoir
atteint les objectifs qui étaient demandés par les infirmières. Donc, je pense
qu'on répond à la question.
Le Modérateur
: Hugo
Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Oui,
bonjour à tous. Donc, votre plan mise vraiment sur le fait que les travailleurs
de la santé soient à temps plein. Est-ce que ce n'est pas un pari risqué? Parce
qu'il y a beaucoup d'infirmières, par exemple des retraitées, qui aimeraient
revenir, mais qui n'ont peut-être pas la santé ou le temps pour travailler à
temps plein. Le fait qu'il y ait des gens qui se dirigent vers les agences,
c'est précisément, des fois, pour avoir plus de flexibilité, pas avoir un
emploi à temps plein. Le fait qu'il y a des gens qui se dirigent vers les
agences, c'est précisément, des fois, pour avoir plus de flexibilité, ne pas
avoir un emploi à temps plein. Comment on va faire pour attirer ces gens-là si
on ne leur donne pas de primes?
M. Dubé : Bien, écoutez,
premièrement, on s'attend bien que ça ne sera pas tout le monde qui va être à
temps plein, là. On a dit qu'en ce moment on a 60 % des gens qui sont à
temps plein qui sont déjà à l'emploi, et on veut que ça, ça passe à 75 %,
puis on a des mesures spécifiques qui étaient dans la convention pour ça. Mais
il va rester, quand même, dans ceux qui sont là, dans ceux qui sont là,
25 % des gens qui peuvent rester à temps partiel. Donc, on n'élimine pas
la capacité de venir travailler… de continuer à travailler dans le réseau pour
ceux qui sont à temps partiel.
Puis, deuxièmement, puis c'est ça qu'on va
expliquer dans les directives, parce qu'aujourd'hui, là, je trouve qu'on vous
donne déjà beaucoup de détails, mais… des 4 000 personnes qu'on
pourrait aller chercher à l'externe, ces gens-là qui sont soit des retraités ou
qui travaillent déjà à temps partiel dans des… on est prêts à les prendre aussi
à temps partiel. On a cette flexibilité-là. Ce qu'on veut, c'est d'avoir cette
combinaison-là, mais un ratio plus grand de personnes à temps plein. On ne veut
pas éliminer les personnes à temps partiel, mais on veut avoir… Pour le
personnel, en ce moment, notre objectif, c'est 75 %. Tant mieux si c'est
un petit peu plus. Ça donne plus de stabilité. Mais on va continuer à utiliser
des gens à temps partiel, parce qu'on sait qu'il y a des… Quand on entend
parler de conciliation travail-famille, bien, il y en a pour qui le temps
partiel, ça fait partie de ça.
M. Lavallée (Hugo) : Mais
donc ces gens-là n'auront pas de primes?
M. Legault : Il y a un effet
aussi pervers, c'est qu'actuellement il y a des personnes qui sont à temps
partiel, qui travaillent, disons, 20 heures par semaine, puis, parce qu'ils
reçoivent du temps double, ils font plus d'argent que des personnes qui sont à
temps plein, 37,5 heures. Donc, c'est ça aussi qu'il faut arrêter, là.
M. Lavallée (Hugo) : Vous
avez fait une brève allusion tout à l'heure aux projets à long terme, parce
qu'effectivement il y a beaucoup de personnes qui vont prendre leur retraite
ces prochaines années. Dans le cas des préposés, vous avez vraiment procédé à
un recrutement massif. Ce serait quoi, l'équivalent qu'on pourrait faire pour
les infirmières à plus long terme? Là, je comprends qu'on ne peut pas accélérer
une formation de trois ans puis la condenser en six mois, mais, le plan,
est-ce que ça pourrait être éventuellement de quand même raccourcir cette
formation-là, d'offrir de payer les gens pendant leur formation comme on l'a
fait avec les préposés? Est-ce qu'il y a un horizon, un plan pour le
recrutement, de façon plus long terme?
M. Legault : Oui, bien, je
vais… Effectivement, là, il y a cinq types d'emploi, là : les infirmières,
les enseignants, les éducatrices, les personnes qui travaillent en santé
mentale puis les personnes qui travaillent à la DPJ. Donc, entre autres,
là-dedans, il y a des psychologues, des enseignants. On sait que c'est quatre
ans d'université. Les infirmières, bon, ça peut être trois ans de cégep ou cinq
ans, parce qu'éventuellement il va falloir mettre le bac. Donc, effectivement,
là, ce qu'on regarde avec Jean Boulet, il y a une mise à jour qui s'en
vient à l'automne, c'est comment on peut, à moyen terme, mettre des incitatifs.
Ça peut être des bonis aux personnes qui s'inscrivent puis ça peut être un boni
pour chacune des trois années du bac, par exemple. Mais ça s'est déjà fait au Québec.
Ça se fait à beaucoup d'endroits dans le monde. Je pense qu'on se rend compte
que, dans ces cinq types d'emploi là, il va falloir aussi mettre des
incitatifs, à moyen terme, pour attirer plus de personnes.
Parce que ces gens-là, là, ça ne se
remplace pas par des robots. Tu sais, on parle beaucoup de robots, là, dans les
entreprises privées, mais les soins aux personnes, ça prend du vrai monde, et
il va falloir, comme, convaincre plus de gens de se diriger dans ces
secteurs-là.
Le Modérateur
: Charles
Lecavalier, Journal de Québec.
M. Lecavalier (Charles) :
Bonjour à vous trois. Écoutez, j'ai juste deux questions. Ça fait que ma
première question, c'est plus pour éclaircir sur le milliard. Je comprends bien
qu'il y a 900 000 millions que c'est des bonis, bon, disons, non
reconductibles, là, sur une année, mais est-ce que… Bon, vous allez chercher de
nouvelles infirmières qui vont venir travailler pour le public. Ça, vous
l'espérez. Ça, c'est des dépenses récurrentes. Même chose pour les
3 000 personnes du personnel administratif. Quel impact budgétaire ça
va avoir, ça, sur le… Parce que ça, on s'entend que ça, c'est permanent. Ça,
c'est des gens que vous embauchez et qui vont rester.
Mme LeBel : Bien, dans la
convention collective, déjà, on avait prévu, là, par l'ajout de nouveaux postes
et par… Parce que, dans la convention collective, il y avait aussi l'objectif
de faire passer plus de personnes à temps plein. Là, on accélère par…
l'accélérateur par les primes, pour pouvoir amener les gens. Mais il y a, dans
la convention collective, déjà… ces postes-là sont déjà prévus. On avait
1 500 nouveaux postes puis 3 500 qui découlent de ce qu'on
appelle, nous, le rehaussement, c'est-à-dire le passage d'un temps plein… d'un
temps partiel à temps plein. Donc, c'est déjà prévu par la convention. Ce que
les primes font, c'est qu'on veut les ramener plus rapidement dans le réseau.
M. Lecavalier (Charles) :
Mais ça inclut le 3 000 personnes administratives, les conventions?
Mme LeBel : Non, ça, c'est des
choses qu'on en train de regarder, mais on va les mettre, s'il faut les mettre,
parce que c'est nécessaire, puis ça dégage les infirmières de travail clérical.
M. Lecavalier (Charles) : Ça
fait que ce n'est pas budgété, là, les 3 000.
Mme LeBel : Pas dans la
convention.
M. Legault : Là, on va
déposer, cet automne, une mise à jour économique avec des prévisions sur un
certain nombre d'années. Bon, évidemment, ce qu'Eric Girard puis son équipe
font, c'est de calculer combien on va sauver en temps supplémentaire, combien
aussi n'a pas été dépensé, dans le budget, pour les postes qui ne sont pas
comblés, qu'on cherche à combler depuis trois ans, là. Quand je disais, tantôt,
que, quand on est arrivés, on a annoncé beaucoup de postes, mais ils n'ont pas
été comblés. Ça fait qu'on n'est pas arrivés à dépenser l'argent qu'on avait
mis dans le budget. Ça fait que ça, cet argent-là est disponible.
M. Lecavalier (Charles) :
…juste rapidement sur le TSO. Est-ce que vous avez des objectifs précis,
clairs, là, tu sais : Dans un an, ça a-tu marché ou pas? Est-ce que vous
avez, par exemple, un nombre d'heures total de TSO en ce moment? Puis c'est
quoi, votre objectif, là, dans un an, dans deux ans?
M. Dubé : Bien, moi, ce que je
veux faire, c'est la façon dont on travaille, là, je vais m'asseoir... maintenant
qu'on a mis les grands principes, là, je vais m'asseoir avec les P.D.G., j'ai
déjà commencé hier après-midi, puis là, on dit : C'est ça, là, c'est ça,
la commande. On connaît très bien le nombre d'heures supplémentaires. On
connaît moins le TSO, hein, parce qu'il y avait toutes sortes d'informations
sur le TSO en détail. Il était moins connu de façon coordonnée ou centralisée.
Appelez ça comme vous voulez.
Ça fait que, là, maintenant qu'on sait que
c'est ça, l'objectif, puis qu'on a… moi, je vais leur demander un plan puis je
vais leur dire : Écoutez, ça va être quoi… comment vous allez réduire ça?
Parce qu'il y a des régions que ça va être plus facile que d'autres. On
s'entend, là, il y a des régions que ça va être plus difficile.
Alors, moi, je vous dirais, quand j'aurai
ce plan-là, puis on va se revoir, hein, dans la prochaine année, là, je pense
qu'à un moment donné je vais vous dire : Bien là, le plan exact, là, pour
réduction du TSO, c'est tant. Le temps… La réduction pour les… Un peu comme
j'ai fait avec… Lorsqu'on regardait le PCI puis on regardait la main-d'oeuvre
indépendante, on vous a communiqué cette information-là. Moi, je pense qu'il
est un peu trop tôt. Mais l'engagement, il est clair, ça va baisser pas mal
vite.
Le Modérateur
: Olivier
Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Bonjour.
Juste pour comprendre la mécanique des bonis, là, donc une retraitée qui
revient au travail maintenant, elle empoche 4 000 $,
5 000 $, 6 000 $. À Noël ou au printemps, elle peut dire :
Moi, je débarque. C'est juste qu'elle n'a pas le reste, mais elle garde cet
argent-là. Est-ce que c'est à peu près ça?
M. Dubé : …qu'on devrait
raisonner comme ça, mais je vous donne l'exemple... Jusqu'à maintenant, là, de
tous ceux qui sont venus nous aider au niveau… comme des PAB, tout ça, on n'a
jamais eu vraiment de grands enjeux, à ceux qui ont dû partir. On entend toujours
une ou deux histoires, mais je vous dirais que… Moi, je pense que… En tout cas,
on l'a vu avec la vaccination, là, je vous le dis, on a 20 000 personnes
qui sont revenues nous aider, là. On n'a jamais eu d'enjeu. On n'a jamais eu
d'enjeu.
Ça fait que moi, je pense qu'une
infirmière qui est à la retraite, qui est dans… par exemple, qui revient puis
qui est dans une région, là, ciblée, là, imaginez-vous, là, elle reçoit
5 000 $ au moment où elle s'engage pour un an puis elle dit :
J'ai 12 mois à travailler puis je vais recevoir un autre 10 000 $.
Puis ça, c'est en plus de son plein salaire. Puis là, en plus, on est en train
de regarder avec le ministre des Finances comment on va s'assurer qu'il n'y a
pas la double fiscalité sur sa retraite. Ça fait qu'imaginez-vous, là, ça
commence à être intéressant, parce que notre principe…
Puis c'est pour ça que je vous dis qu'on
est en train de finir d'attacher ça, puis, quand la directive va sortir, ça va
tout être clair. Mais, ce que le premier ministre faisait remarquer, une
infirmière qui est à la retraite, qui va travailler dans le privé, il n'y a personne
qui lui enlève sa pension. Pourquoi, quand elle revient chez nous, il faudrait
qu'elle diminue sa pension parce qu'elle vient travailler dans le public?
Alors, nous, on a regardé nos gens de Justice puis des gens du Revenu puis on a
dit : Comment on va faire ça? C'est tellement une grosse différence. Ça
fait que je leur dis, aux infirmières, là : Il n'y en aura pas, de double
fiscalité, il n'y aura pas de pénalité. Il faut trouver le moyen. C'est pour ça
que je vous dis : Donnez-nous quelques semaines pour qu'on l'attache, mais
c'est ça qu'est l'objectif.
M. Bossé (Olivier) : On pense
ou on parle beaucoup des hôpitaux. C'est surtout dans les hôpitaux qu'on a
besoin de ces gens-là, mais est-ce qu'on…
M. Dubé : Mais dans les CHSLD aussi.
M. Bossé (Olivier) :
...CHSLD, groupes de médecine familiale, on parle de tout, là.
M. Dubé : En fait, là, on
parle, comme l'a dit le premier ministre, tout ce que nous, on appelle la
catégorie 1, O.K.? Catégorie 1, là, c'est infirmières, infirmières auxiliaires,
ergothérapeutes... inhalothérapeutes, pardon, excusez-moi,
et — qu'est-ce que j'ai — des perfusionnistes...
Une voix
: ...
M. Dubé : Oui. Alors, il nous
reste des choses à régler, je vais vous dire. Ça, pour moi, ce n'est pas encore
défini. Parce qu'on est en train de regarder, je vous donne l'exemple, dans les
RPA. Les RPA, il y a des infirmières, mais elles sont payées par le privé.
Bien, on est en train de regarder qu'est-ce que ça veut dire. Alors, c'est pour
ça, là, je suis... Là, on parle du réseau public, pour le moment, nos CHSLD,
nos CHSLD conventionnés. On en a une quarantaine. Mais on est en train... C'est
pour ça que je dis : Là, les gens vont penser, là, avec l'annonce
d'aujourd'hui, là. Mais, d'ici quelques jours, on va arriver avec une directive
très claire.
Le Modérateur
: Nous en
sommes maintenant à la période de questions en anglais. Nous
commençons avec Cathy Senay, CBC.
Mme Senay (Cathy) : Good afternoon to all of you. You have two important verbs here :
attract, retain. And you're gambling a lot. I have an impression that you're so
sure about the success of this $ 1 billion golden bridge program. Why
are you so sure that you will be able to attract nurses and retain them in the
public health sector?
M. Dubé :
First, because what Mrs. LeBel has done in the collective agreement. She has
negociated what the personnel was asking. First. Because we did not invent
things that they wanted, we negociated what they wanted. We said : What do
you need? We need more stability, you want to remove the obligation on
overtime, and all those things that you know. So, we did it in the convention.
Now, I think the clear
point is, for me, to make this land. I want to touch the ground. Because,
usually, those collective agreements, it takes months to be applied because
they're being, after that, discussed, managed locally. We don't have the time
for that.
So, we're not inventing
what we will implement. We will implement what has been negociated in the
collective agreement. So, I wouldn't say that we are taking a gambling. The
thing that we're taking is we're having… because we can, the Government can, we
have the financial resources to accelerate this implementation.
And one of the things...
Because we have been successful in the vaccination, people said : We are
willing to come back to help you if the conditions are good. And I think they've seen, during the vaccination, that retired people, in the
right environment, for the right time during the day, not at night, not on
weekend, they're willing to come back.
So, I don't think we're
taking a gambling, because that is what they want. But it's up to us to offer
it very quickly. And that is the reason that we have put this amount of money.
M. Legault : It's very important, what Christian just said. Remember, a year and a half ago, the
unions, the nurses' unions, many people thought that we would never sign with
them, that we would never agree, sign an agreement. Why? Because they wanted so
much that we end the mandatory overtime and that we end the use of private
agencies. And they finally, with Sonia, signed the agreement. So, unions also
thought that it's a good solution for their problem. So, I think that we're
both in the boat.
Mme Senay (Cathy) : But if you look at the math, if you take the bonus and then you
leave after a year, because you're there, and, finally, nurses didn't come
back, so it's still really, really hard to work, and you're leaving... So what
are you telling to nurses today? Because it depends about them coming back.
M. Legault : Yes, but unions and us, we both think that they will accept to come
back and... I don't see any other examples, in companies or organizations,
where you have 40% of your employees that are part time. Why is that? Because
there are some kind of incentives that were put together, through the year,
where you make more money being part time with overtime paid twice. So, we have
to change that because we end up with a situation where the quality of life for the full-time nurses is not
acceptable anymore.
Le Modérateur
:
Matt Grillo, CTV.
M. Grillo
(Matthew) : Good afternoon. I'm just wondering :
What is your message to nurses who might be listening to this plan, who are
focused on quality of life and work schedules and maybe aren't that worried
about the money that they're making, who may be skeptical of this plan, who, you know, might have their doubts that, once
they go back, their quality of life may not actually be improved? What would you say to them?
M. Legault : Again, they have to believe the solution that is presented by their
own unions and by the Government. So, we cannot, both of us, be wrong. I think that we negotiated
that with Sonia and we came to the conclusion that that's the way to go. So, I
think that it should give confidence to nurses that are listening right now.
M. Dubé : …I'll add one thing. I had the chance, in the last year, to see the
negative of the current model, but I've seen also the positive of the way the
new models are being implemented. When I go to the CUSM, when I go to the CHUM,
when I go to Sainte-Justine, which are using maybe more decentralized
approachs, they're using the 12-hour shift, then… I'm not saying this is the
solution, but they're seeing modern way of managing people that attract those
people. You see, there is no TSO, in those institutions, they don't have
problem with that. So, I think we need to go back and say : Those are best
practices.
I'll give you an example,
in the… I think, the Globe and Mail, this week : four of our hospitals are
part of the best hospitals managed in the world. Sainte-Justine is one of them,
CHUM is one of them, CHUQ, in Québec, is one of them. So, I mean, we don't need to go that far to look at
the best practices. We just need to implement them everywhere, and that's exactly
what we'll do in the next year.
M. Grillo (Matthew) : Mr. Legault, I also want to get you on Bill 105 and to get your
comments on what was tabled today with regards to the protests. You mentioned
your patience was running thin, yesterday. I'm just wondering : Why wait
until now to do it, to table something like this? Because we've seen the
protests, and it's clear these groups were not going anywhere, they were going
to continue doing it. So, I'm just wondering : Why now?
M. Legault : First, it's never easy to say : You cannot manifest, you
cannot go on the street. It's not something that you can do everyday. So, you
have to be careful. We want to make sure that people will not win trying to say
that the law is unacceptable, that we cannot enforce it. Second, we wanted to
make sure that we don't use that only for schools, but also for kindergatens,
for hospitals. So, we wanted to do it correctly. And I think that, also, we
need to have the support of all the other parties. And I think that it's the
right time.
Le Modérateur
: On a deux questions de notre collègue de Global News… qui remplace
Raquel Fletcher : How will one-time bonus solve retention problems after
the first year?
M. Legault : You want to go?
M. Dubé : Sure. Well, I think... if I understand the question correctly, I
think that gives us... the fact that we pay one-third of the incentive at the
beginning and two-thirds at the end, I think that would allow the time for
those people, first, that have stayed, and especially for the ones that we
attract to come back... that will leave them the time to see that this new
environment is the right environment for them. That's the decision. Because we
know that the measures that have been designed in the collective agreement is
exactly what they have been asking for. So, it's for us to say : Come and
see, you can touch and you can feel that we really have implemented what you
were asking for. That's the thing that we'll do the next year.
Le Modérateur
: As a follow-up : What are you doing to attract and retain
orderlies?
M. Dubé : Orderly, you mean like…
Le Modérateur
:
Les préposé aux bénéficiaires.
M. Dubé :OK. Well, I think
we have done a lot for the «préposés aux bénéficiaires». I think that, as the Premier has said, we have done many
measures. I think we have been able to retain a lot of them. And I think we
will continue also to make sure that their number don't go below a certain
line. So, we'll continue to train to get new ones. Because, again, when we have
the right amount of staff, the environment is good. So, I think, for us, we
will continue to do training to make sure that we have people, when they
retire, to replace them.
M. Legault : And maybe to give you two figures : we finally hired 9,400 and
we still have, now, 8,500 that are still working. So, it's better than
expected.
Le Modérateur
: Une
petite dernière d'un média local, pour vous, M. Dubé. C'est un média de
l'Abitibi, MédiAT, qui demande, à propos de la question de l'enjeu de
Senneterre... Vous en avez parlé tout à l'heure, mais apparemment que les gens là-bas
ne décolèrent pas à la suite de l'annonce de la fermeture partielle des
services de santé. Des élus locaux et des centaines de citoyens ont dénoncé
haut et fort la situation. La population demande carrément de revenir sur cette
décision. Avez-vous l'intention de vous pencher sur ces réalités locales
particulières de ce dossier?
M. Dubé : Bien, je pense que
la première chose qui va arriver avec Senneterre... Regardez l'importance des
mesures, des incitatifs qu'on met pour des régions comme Senneterre : on
met 18 000 $ sur la table pour aller chercher du personnel. C'est la
mesure la plus généreuse de tout le programme qu'on met, parce qu'on veut aller
chercher du personnel.
Mais, en attendant, je le répète, les gens
doivent comprendre... je sais que ce n'est pas facile, mais doivent comprendre
qu'on veut offrir un service sécuritaire. Puis, quand les employés soit d'un
hôpital ou d'une urgence disent : Moi, mon environnement n'est pas
sécuritaire, je ne peux pas rentrer travailler sans soit prendre un risque pour
moi ou pour les patients, je pense qu'on n'a pas le choix d'offrir de la
réorganisation de services. Mais c'est pour ça qu'on agit avec le programme
qu'on a mis sur la table.
Le Modérateur
: Merci
infiniment, madame et messieurs. Bonne fin de journée.
(Fin à 14 h 12)