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Conférence de presse de M. Robert Perreault, ministre des Relations avec les citoyens et de l'Immigration

Sa démission comme ministre et comme député

Version finale

Le jeudi 28 septembre 2000, 10 h 59

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Dix heures cinquante-neuf minutes)

M. Perreault: Alors, aujourd'hui, j'annonce ma décision de quitter la politique, donc, de quitter mes fonctions de membre du Conseil des ministres et de député de Mercier à l'Assemblée nationale. Ma décision de quitter la politique est un choix personnel, je choisis de le faire maintenant en toute sérénité, convaincu que d'autres lieux et d'autres façons de servir le Québec se présenteront à nouveau.

C'est une décision que je mûris depuis déjà pas mal longtemps. J'ai eu l'occasion de la communiquer au premier ministre M. Lucien Bouchard le 23 juin dernier, mais nous avons à ce moment-là convenu de donner un peu de temps à toute cette réflexion, à cette décision. J'ai donc, à sa demande, laissé passer un peu le temps des vacances, mais, à mon retour de vacances, ma décision était toujours la même. Et, donc, je l'ai confirmée au premier ministre.

On a convenu, à ce moment-là, de faire en sorte que je procède à compléter les travaux des commissions parlementaires à la fois sur les niveaux d'immigration, le plan d'immigration 2001-2003 et sur le projet de loi d'accès à l'égalité en emploi. Bon, j'ai donc entendu les intervenants, été chercher les consensus des députations des deux côtés de l'Assemblée nationale, c'est chose faite, et donc, maintenant envisagé quitter.

De fait, je voudrais vous dire que, à 53 ans, après 18 années consacrées à plein temps à la chose publique, j'ai jugé le moment venu de passer à une autre étape. Certains choisissent de quitter la vie politique plus tôt, d'autres plus tard, je choisis encore une fois de le faire maintenant, c'est un choix éminemment personnel.

Je voudrais, vous le comprendrez, d'abord profiter de cette occasion pour remercier le premier ministre du Québec, M. Bouchard, de m'avoir fait confiance à trois reprises en me nommant successivement ministre de la Sécurité publique, ministre de la Métropole, ministre des Relations avec les citoyens et de l'Immigration. Je veux également profiter de l'occasion pour saluer mes collègues de l'Assemblée nationale et du Conseil des ministres.

Je voudrais aussi souligner, parce que des fois on oublie de le dire, à quel point ce travail qui est exigeant est impossible sans l'appui et la collaboration d'une fonction publique pour laquelle j'ai beaucoup de respect et d'estime, et je pense entre autres aux sous-ministres avec lesquels j'ai travaillé et à leurs équipes: M. Gagné, d'abord, qui est maintenant directeur à la Sécurité publique, M. Therrien à la Métropole, et Mme Brodeur à l'Immigration.

Puis, évidemment, on ne fait pas une job de même sans qu'il y ait bien des gens qui, dans le quotidien, nous appuient et nous secondent au niveau de l'équipe du ministre, au niveau du cabinet, je pense entre autres à mon directeur de cabinet, M. Rioux, et à l'équipe qui était avec lui.

Je veux saluer aussi les militants de Mercier qui m'ont appuyé dans ces démarches et vous comprendrez que mes derniers mots aillent pour les électeurs du comté de Mercier et du comté montréalais du Plateau Mont-Royal. Les citoyens et citoyennes du Plateau Mont-Royal m'ont fait confiance, dans le fond, à cinq reprises consécutives, d'abord comme conseiller municipal à Montréal, ensuite comme député de Mercier à l'Assemblée nationale et, la dernière fois, avec la plus forte majorité jamais obtenue par un député du Parti québécois dans un comté montréalais. Vous comprendrez donc que je veuille les remercier et leur témoigner à la fois de mon affection et de mon estime. Ils symbolisent à mes yeux ce que le Québec a de meilleur, à mon avis, un Québec moderne, dynamique, fier de sa culture et de son identité, mais également un Québec ouvert sur le monde et la diversité. Et je dois dire que, si les représenter a toujours été un défi pas toujours facile, ça a toujours été un défi extrêmement stimulant. Et je veux donc les remercier de m'avoir fait confiance à cinq reprises.

Pour la suite des choses, je quitterai le 6 octobre prochain mes fonctions. J'assisterai donc au caucus ministériel mardi prochain et au Conseil des ministres. Je n'ai pas encore pris de décision finale sur la suite des choses. Il y a certaines hypothèses, mais dans le genre de métier qu'on fait, il est rare qu'on explore tout ça tant que les décisions finales ne sont pas arrêtées et que, surtout, elles ne sont pas annoncées. Donc, je reste profondément convaincu des options qui sont les miennes et qui sont à la base de mon engagement en politique. Je crois toujours, comme le disait le premier ministre hier, qu'il est urgent que le Québec accède à la souveraineté. J'y militerai dorénavant dans un autre cadre, dans un autre contexte, comme citoyen québécois à travers d'autres responsabilités. Je demeure solidaire de mon gouvernement et de mon parti et j'entends bien continuer en quelque sorte ce qui a été commencé au plan militant, mais au plan professionnel. À 53 ans, je considère que j'ai le goût d'entreprendre autre chose et que le moment, l'opportunité était venue de le faire. Voilà! Est-ce qu'il y a des questions?

M. Grant (John): Jean Thivierge.

M. Thivierge (Jean): M. Perreault, si vous permettez, quand on quitte à ce moment-ci, on est à mi-mandat. J'imagine que les motifs personnels dont vous parlez, quand on change comme ça, est-ce qu'on peut assimiler ça à une certaine déception? On n'aime plus exactement ce qu'on fait. On veut faire autre chose. Est-ce qu'il y a un moment de déception qui a été déclencheur dans cette décision?

M. Perreault: La vie politique est faite de hauts et de bas. C'est une vie exigeante. Moi, je vous dirais qu'à un moment donné on tire une ligne, on tire un bilan et lorsqu'on souhaite, à un moment donné se renouveler, souhaite en quelque sorte, jouer différemment un rôle à l'égard de l'avenir de la société québécoise, bien, à un moment donné, on peut prendre ce genre de décision. Je sais, ce n'est jamais le temps de quitter la politique. Ce n'est jamais le temps. On peut toujours dire: on peut attendre la fin d'un mandat – j'aurais 56 ans, peut-être même 57 ans – mais ce n'est jamais le temps. Il y a toujours quelque chose à faire; ce n'est jamais terminé.

J'ai procédé, dans ma carrière, dans ce que j'ai fait, en tout cas, à des réformes importantes. Dans le cas de l'action que je mène actuellement au ministère, il y a des étapes très importantes qui ont été franchies en termes de réforme du ministère, de réforme de la francisation, de réorganisation, de réorientation du ministère, mais ce n'est jamais fini. On est à la veille d'entreprendre une nouvelle vague d'opérations. Alors, quand est-ce que vous tirez la ligne? À un moment donné, ça devient un choix éminemment personnel. Je dois vous dire que ça fait quand même, dans mon cas, plusieurs mois que je réfléchis à cette question. De fait, pratiquement depuis le début de l'année dernière, et que c'est probablement, bien sûr, la décision la plus difficile que j'ai eu à prendre dans ma vie parce que, encore une fois, ce n'est jamais terminé. On a toujours le sentiment qu'on peut encore jouer un rôle utile et continuer à jouer. Puis c'est vrai aussi, mais en même temps, il vient un moment où on a tout simplement, pour toutes sortes de raisons personnelles, le goût de dire... Je passais l'autrefois dans mon comté, et je remarquais une sonnette toujours pas réparée. J'ai sonné à cette porte pour la première fois en 1982; j'ai resonné en 1986, j'ai resonné en 1990, j'ai sonné en 1994, j'ai sonné en 1998, je l'ai fait à l'occasion de trois référendums, je l'ai fait à l'occasion d'élections partielles, je l'ai fait à l'occasion d'élections du Bloc, à un moment donné, au-delà de tous les débats publics qui agitent notre société, qui ne sont jamais terminés, vient le temps où on trace une ligne personnelle.

M. Thivierge (Jean): Une vie difficile, la vie politique puis une vie... Est-ce que c'était devenu un poids pour vous de continuer cette vie-là?

M. Perreault: C'est une vie difficile, c'est une vie exigeante, pas toujours valorisée, particulièrement exigeante dans le contexte où le Québec n'a pas encore pris ses décisions, donc particulièrement difficile de faire de la politique au Québec dans ce contexte-là. Je répète que je partage totalement l'avis du premier ministre qui l'a exprimé hier là-dessus. Il est temps qu'on se décide. Mais, au-delà de ça, je vous dirais que c'est aussi une vie qui a ses bons moments, je veux dire, on n'est pas des martyrs, là, dans ce job-là. C'est une vie qui est stimulante. Mais elle l'est sans cesse parce que c'est un carrefour extraordinaire de ce qui est la société québécoise. Et, de ce point de vue là, encore une fois, ce n'est jamais fini. Il vient un temps où vous faites un choix qui est très, très personnel et je le fais... Je le fais maintenant, convaincu qu'à ce moment-ci le gouvernement est bien en selle, donc, dans le cas de mon ministère, l'essentiel des réformes a été enclenché, il y en aurait d'autres à faire, bien sûr, il y en aura toujours d'autres à faire, mais que c'est un moment qui est propice.

M. Grant (John): Paul Larocque.

M. Larocque (Paul): M. Perreault, j'allais vous demander pourquoi maintenant? Il y a des gens, lorsque la nouvelle s'est ébruitée ce matin, qui se disaient: Ça ne se peut presque pas maintenant. Les raisons personnelles, est-ce qu'il y a d'autres choses qui se cachent derrière ce que vous nous dites?

M. Perreault: Bien, pourquoi devrait-il se cacher quelque chose? Vous savez, la vie publique, c'est un engagement. C'est un engagement qui est très exigeant. C'est un engagement qui se fait à travers des débats d'idées. Les enjeux sont complexes. Et on est au coeur de ça. Moi, je suis content, relativement satisfait – d'autres pourront porter un jugement plus définitif – en tout cas, je suis au moins plutôt satisfait de, je dirais, l'énergie que j'ai mise et la conviction que j'ai mise à faire ce que j'ai fait dans le passé à la ville de Montréal sur le plan, par exemple, de la démocratisation municipale, on en reparle à nouveau là, ce qui a été aboli on veut le rétablir; les bureaux Accès Montréal, tout ça; à la Société de transport, la Communauté urbaine; dans les ministères dont j'ai eu responsabilité.

Mais ce n'est pas parce que c'est intéressant, ce n'est pas parce qu'il y a des débats, ce n'est pas parce que des fois vous gagnez, parce que des fois votre point de vue est moins retenu que, nécessairement, vous concluez sur votre expérience politique. Dans ma décision, et c'est en ce sens-là que je dis que c'est une décision personnelle, il y a bien sûr l'addition de toutes ces luttes et de tous ces combats qui peuvent à un moment donné entrer en ligne de compte, mais il y a aussi une chose aussi élémentaire qu'on peut, dans sa vie, après 18 ans... Surtout au rythme que ça implique au plan de l'exercice quotidien de ce métier, parce que, quand on est des politiciens, ça devient un métier, je pense qu'on a le droit comme n'importe quel autre citoyen, citoyenne, à un moment donné, de tirer une ligne et de dire: Bien, moi, honnêtement, j'ai le goût d'entreprendre autre chose. Je pense que je peux encore être utile différemment ailleurs, il y aura d'autres occasions de servir le Québec, et qu'un contexte différent pourra être à nouveau une occasion de renouvellement puis une occasion stimulante à nouveau. Et vous tirez une ligne, et c'est ce que j'ai fait.

M. Grant (John): Martin Pelchat.

M. Pelchat (Martin): Il y aura probablement une nouvelle grande ville à Montréal, M. Perreault, et sûrement des gens qui penseront à vous pour vous présenter à la mairie. Est-ce que vous leur dites non d'emblée à ces gens-là?

M. Perreault: Oui, je leur dis non d'emblée. Écoutez, quand je vous dis, ça fait 18 ans que je pratique ce métier, j'aurais pu vous faire attendre 20 ans, 21, 22. J'aurais été rendu à 57 ans. Bon. J'aurais pu attendre, c'est bien sûr. Et, dans ce sens-là, c'est une décision difficile. On se pense souvent un petit peu indispensable, puis, en même temps – et c'est le bout le plus dur de quitter la politique – c'est que ce n'est jamais fini. Et quand vous croyez à ce que vous faites, vous avez extrêmement de difficulté à imaginer que vous n'êtes plus au coeur de l'action, comme s'il n'y a pas du temps après le temps, une vie après la vie et d'autres lieux pour les citoyens d'action.

Mais c'est un métier aussi, c'est-à-dire qu'on le fait à plein temps. Alors, moi, pour ce qui est du métier de politicien, je vous le dis, après quatre fois, là, maintenant cinq fois, donc 18 ans et demi, presque 19 ans, je pense que j'ai fait le tour, puis ce n'est pas mauvais qu'il y ait d'autre monde puis qu'il y ait du nouveau monde. Ça n'empêchera pas le citoyen Perreault de participer à des débats publics puis d'être dans le coup, mais pas comme politicien.

M. Grant (John): François Cardinal.

M. Cardinal (François): M. Perreault, on connaît vos positions, je dirais, arrêtées sur la question de la langue, en matière constitutionnelle. Est-ce que vous trouvez que le gouvernement est trop passif, est trop discret en ces matières-là? Et si oui, est-ce que ça a influencé en quelque sorte votre décision?

M. Perreault: Bien, si vous connaissez mes positions en matière de langue, j'aurais tendance à vous demander de les décrire, mais, plus simplement, je vous dirais que je suis rentré en politique avec des convictions, je quitte la politique absolument pas désabusé ni amer. C'est un exercice difficile, exigeant. Il l'est quand on est politicien, à mon avis il devrait l'être pour tous les citoyens. Donc, je ne le quitte absolument pas amer ni désabusé, et j'ai conservé toutes mes convictions. Plus que jamais, je crois à la souveraineté du Québec. S'il y a une chose dont je suis convaincu après mon passage, 18 ans de la vie publique dans toutes sortes d'institutions au Québec, c'est de cette nécessité et de cette urgence. Et j'aurai l'occasion, différemment, probablement, j'imagine, comme n'importe quel citoyen québécois, et compte tenu des expériences que j'ai acquises, de pouvoir continuer à promouvoir ces idées-là. Alors, dans mon esprit, il n'y a rien de changé là-dessus.

M. Cardinal (François): Une sous-question. On apprenait ce matin l'existence du rassemblement pour l'indépendance du Québec, qui rassemble certains souverainistes...

M. Perreault: J'ai toujours ma carte de membre du Parti québécois.

M. Cardinal (François): ...oui, mais est-ce que c'est quelque chose... par exemple, c'est un mouvement, justement, non politique, est-ce que c'est comme ça que vous pourriez être dans le coup, comme vous dites?

M. Perreault: Non, je ne pense pas à ça pour l'instant, je vais d'abord prendre un peu de temps d'arrêt, là. Dans le métier qu'on fait, quand on commence à se trouver une job avant d'avoir annoncé la décision, ça finit par se savoir, puis là, n'importe quoi se dit n'importe comment. Ça fait partie des contraintes de notre profession, de notre métier ou de notre engagement, il faut attendre que la décision soit communiquée. Il y a quelques scénarios qui sont devant moi. Je vais sûrement me donner un temps d'arrêt un peu, et on verra pour la suite. On verra à ce que seront les opportunités en termes d'engagement, mais, non, je vais demeurer membre du Parti québécois.

M. Grant (John): Michel David.

M. David (Michel): M. Perreault, vous avez dit que vous croyez plus que jamais à la nécessité de la souveraineté, qu'il est temps de se décider, et tout. Si vous aviez pensé qu'il y aurait un référendum, d'ici la fin du présent mandat, est-ce que vous seriez resté?

M. Perreault: Comment dire ça? Ce n'est pas les ministres qui décident quand se tient ce genre d'exercice, c'est une décision qui relève du premier ministre. Ce que je sais, c'est qu'il y a une échéance très claire qui est la fin de ce mandat, qui est dans deux ans, et qui peut même s'étirer sur trois ans. C'est bien évident que si le premier ministre, si nous étions dans une démarche où il y a un référendum d'annoncé dans trois mois, je participerais à ça. Je dois vous dire, d'ailleurs, que dans ma vie politique le moment le plus exaltant, ça a été quand, dans Mercier, dans le Plateau Mont-Royal, lors du dernier référendum, on a mené l'une des campagnes référendaires, à mon avis, les plus extraordinaires qui se soient menées au Québec avec l'appui des artistes du coin, du milieu. Tout ça, ça a été un des moments les plus stimulants de ma carrière politique. Mais vous avez raison de dire qu'au moment où on se parle le premier ministre n'a pas convoqué un tel référendum encore. C'est clair que s'il avait été convoqué, je ne serais pas parti à ce moment-ci. Quand sera-t-il convoqué? Je n'en ai aucune idée et je n'ai pas la réponse à cette question.

M. David (Michel): Je comprends qu'on sait tous qu'il n'y a pas de référendum d'annoncé, mais un politicien qui a autant d'expérience que vous, qui assiste à des réunions auxquelles, nous, on n'a pas accès, vous avez quand même une opinion sur l'imminence du référendum.

M. Perreault: J'ai l'impression que vous en avez eu des bouts, mais...

M. David (Michel): Non. Mais vous ne pouvez quand même pas ne pas avoir d'opinion sur la possibilité qu'il y en ait un à court terme ou pas.

M. Perreault: Moi, je vous répète ce que le premier ministre disait hier. Je crois très sincèrement qu'après 40 ans de débats, il est dans l'intérêt des Québécoises et des Québécois que cette question soit réglée et qu'elle soit réglée dans le sens de la souveraineté du Québec, et le plus rapidement possible. C'est ma conviction la plus certaine.

M. David (Michel): ...vous poser la question simplement. Pensez-vous qu'il va y avoir un référendum d'ici la fin du présent mandat?

M. Perreault: Je vais vous répondre très honnêtement. Je ne le sais pas. Je ne sais pas. Et je pense qu'une telle décision, le premier ministre la prendra quand il considérera encore une fois que les conditions pour le gagner seront réunies et s'il ne l'a pas encore convoqué, j'imagine que c'est parce qu'il considère que le moment n'est pas encore venu.

M. Grant (John): Robert McKenzie.

M. McKenzie (Robert): Je vais poser la même question, M. Perreault. Mais il y a beaucoup de gens qui vont tirer la conclusion que voilà un ministre qui part et qu'il n'y a pas de référendum à l'horizon.

M. Perreault: Oui, bien vous tirerez les conclusions que vous... Un des problèmes, quand on fait de la politique, c'est qu'on prend nos décisions puis c'est les autres qui tirent les conclusions. Écoutez, Je vous réponds le plus honnêtement que je peux vous répondre, puis je n'ai pas l'habitude d'avoir une langue de bois, puis en politique, une affaire que j'ai faite, je n'ai jamais dit le contraire de la vérité. Il m'est arrivé de ne pas vous dire toute la vérité, mais jamais le contraire de la réalité.

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Perreault: Dans le cas présent, je n'en ai aucune idée parce que, honnêtement, il n'y a pas de décision. Le premier ministre n'a annoncé aucune décision. Il a bien contexté que la prochaine fois doit être la bonne. Ma conviction, c'est qu'il doit y en avoir une autre, puis il faut qu'elle soit la bonne, la prochaine. Ça, c'est ma conviction profonde. Pour le reste, est-ce qu'on peut accepter la chose simple que les femmes et les hommes politiques ne sont pas nécessairement non plus en quelque sorte prisonniers d'un certain nombre de choix qu'ils ont faits en s'engageant dans la vie publique? Et j'ai fait un choix, je l'ai assumé. Pendant 18 ans, j'ai pratiqué avec toute l'énergie dont j'étais capable ce métier en essayant de rendre service. Je n'ai probablement pas toujours pris les bonnes décisions, mais j'ai fait ce que j'ai pu. Vient un moment où on a droit, nous aussi, à faire des choix personnels et ce n'est donc pas uniquement toujours une grille d'analyse politique dans toutes les décisions.

M. McKenzie (Robert): Oui, mais si vous, ministre, n'avez aucune idée de l'horizon qu'on peut envisager pour un référendum, ça veut dire que les autres ministres ne le savent pas non plus. Qui le sait?

M. Perreault: Bien, vous savez comment ça fonctionne. Le gouvernement, là-dessus, sur ces questions, a été au clair. M. Bouchard a toujours dit: Le prochain référendum se tiendra lorsque la conviction du gouvernement sera qu'il est gagnable. Il lui appartiendra d'évaluer ça et d'en fixer la date. Moi, pour l'instant, je prends mes décisions sur la base de mes choix personnels.

M. McKenzie (Robert): Est-ce que M. Bouchard a répondu à votre lettre?

M. Perreault: J'imagine qu'il sera amené à faire un certain nombre de commentaires. Si vous remarquez la lettre, on avait convenu, lui et moi, au mois de juin dernier, qu'on se donnait un peu de temps. Je l'ai revu à mon retour de vacances. Je l'ai revu à d'autres reprises et on a convenu du 6 octobre. J'imagine qu'il aura l'occasion si vous lui posez la question...

M. McKenzie (Robert): M. Bouchard est un homme très poli, vous lui avez écrit, est-ce qu'il a répondu par écrit?

M. Perreault: Oui, mais si vous remarquez bien ce que je lui ai écrit, je lui ai annoncé que je rendrais publique cette décision aujourd'hui. Alors, j'imagine donc que s'il a l'intention de réagir... Mais je peux vous dire que notre rencontre a été très cordiale et très sereine.

M. Grant (John): Une dernière en français.

M. Larocque (Paul): Le meilleur moment depuis que vous êtes à Québec et le plus difficile, ça a été quoi?

M. Perreault: Je vous dirais ce que j'ai dit tantôt, qu'il y a eu des étapes importantes, puis quand on prend une décision de même, on retourne un peu en arrière, toute l'opération sur la démocratisation de la vie municipale à Montréal, la création des bureaux Accès Montréal, tout le débat autour du transport public alors que ça s'effondrait, j'ai vu que ça revient, la relance du plan de transport à Montréal. Mais, je vous dirais qu'à Québec, pour moi, le geste que j'aurai posé, et je l'avais indiqué, qui, pour moi, aura été le plus signifiant pour le présent et pour l'avenir du Québec, c'est le projet de loi n° 143 sur les programmes d'accès à l'égalité en emploi, et c'est les gestes qui ont été posés en amont de cette loi-là.

Là, maintenant, il y a un consensus de l'Assemblée nationale, bon, il y a quelques débats sur est-ce qu'on inclut telle catégorie ou pas, mais il y a un consensus des deux partis. Pour moi, c'est le geste pour le Québec le plus signifiant, le plus porteur non seulement symboliquement, mais dans la mesure où la réalité va pouvoir incarner ce projet de loi.

Le plus difficile, c'est clair, comment dire, je vous dirais que la défaite référendaire a été pour moi un moment extrêmement difficile à la fois à cause de l'énergie qu'on y a mis et à la fois à cause de ma conviction que les Québécois, en quelque sorte, passaient à côté d'une occasion extraordinaire de débloquer cette société.

M. Grant (John): Dernière en français, Gérard Roy.

M. Roy (Gérard): Vous dites, M. Perreault, que vous examinez des hypothèses sans nous dire exactement... Est-ce que vous pensez à l'administration, l'enseignement? Dans quel domaine?

M. Perreault: Bien, je peux vous dire tout de suite que j'ai refusé toute proposition de M. Chrétien pour joindre les libéraux à Ottawa.

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Perreault: De fait, il ne m'en a pas fait, pour être plus précis. Non, je ne pense pas à l'enseignement. Écoutez, c'est prématuré pour moi de spéculer publiquement sur deux, trois scénarios, on verra, on verra. De toute façon, je vais sûrement me donner quelques semaines avant de conclure.

M. Grant (John): En anglais. Elizabeth.

Mme Thompson (Elizabeth): M. Perreault, as you know one of the problems that the PQ has had over it's years in office is a difficulty finding good representation in Montréal. There's not a big basin of people for M. Bouchard to pull from to have ministers from Montréal and he's about to loose one of the few ministers that he's got. Are you concerned at all that weight of Montréal within the cabinet could decline as a result of your resignation?

M. Perreault: Well, as you know, there's now a very important reform that is on the responsibility of Mme Harel and it will concern Montréal at a very high level. On another hand we used to say: Le roi est mort, vive le roi! There will be someone else who will replace me in Mercier and I'm sure there will be plenty of very good, very interesting people, both men et women, who will be interested. So, I'm quite confident that at the end of the process it won't be me, but there will be someone that could be of great help for the Montrealers. But, you're right, in this Cabinet, I tried many times to – and I think I succeeded – to explain the particular situation, for example, of the tax payers of Montréal.

You remember that we have put forward that special fund of 131 millions, 57 millions dollars a year, to give a break to the tax payers of Montréal, in the Société Marie-Victorin. It was the first time that the Québec Government was recognizing the fact that Montréal had some metropolitan responsibilities. So, may be, that was the beginning of the actual process of reforming the whole area. But, I'm sure that there will be someone else.

Mme Thompson (Elizabeth): If I could ask just one brief other question. M. Perreault, as you know, at the Convention and the last few months, M. Bouchard has been promising «les militants» that he is going to have a new drive for sovereignty, a new push for sovereignty. You said yourself, yesterday, he said: It is time that we go for sovereignty. You are a convinced sovereignist, why are you jumping ship now, just as your premier is promising that there is going to be a new push for sovereignty?

M. Perreault: Well, as I said before, it has something to do with the fact that its 18 years now that I'm doing this job, because I'm doing it not only as a «militant», but I'm doing it as a professional of politics. So, I think it's a long term and it's time for me to have a new way to understand my professional life. But, as I said also, I will stay a Québec citizen, I will stay a Montréal citizen, and I'm quite sure that I will be able, differently, to play a role.

Mme Thompson (Elizabeth): But it sounds like you're not too confident that there is a referendum around the corner?

M. Perreault: As I said in French, it will be up to Mr Bouchard to decide when it's the good time, but, as we said, the good time will be the one that we will be sure that we will win it. So, it will be up to him to fix that time.

M. Grant (John): Carl Langelier.

M. Langelier (Carl): I just want to follow here, you looked disappointed in French when you said...

M. Perreault: Did I?

M. Langelier (Carl): ...it's time to move but things are not moving ahead regarding the sovereignty issue. It grabbed my mind, things are not moving ahead. I don't want you to tell me that this is the main reason why you're leaving today but is it one of the reasons why your leaving today?

M. Perreault: Non. You see, it's always in your mind when you are in politics and when you have such a goal; part of the difficulties to take a decision like mine because you didn't realize yet what is your ideal and you have many other goals, for example, in my specific fields. But it's never finished. For sure, I mean, I came in that job with the hope that, by 1995, we will succeed about referendum. But, on a another hand, I mean, it's a democratic process and it will take the time that Quebecker would decide that it will take. That's part of the difficulties of the decision. It's a very hard decision because it's like you have never finished by many ways. So the question is that: Do you stay in this specific job as far as it will never be finished, 25 years, 22, maybe two, three years, five? I don't know. And it's the same thing for all the other goals. And sometimes, you have to look at that on a different way because there's also your personal life. And, when you look at it, you can distinguish what is the political goal, the reason why you are in politics generally speaking, and what is your personal life. And I think that you have some ways, sometimes, to reconciliate both of them. And I'm doing it now. For sure, it would be easier for me, for example, if we were already an independent country. For sure, it would be easier. But...

M. Langelier (Carl): So you don't see an end to the sovereignty process?

M. Perreault: I hope not. I will work for not.

M. McKenzie (Robert): Are you saying it could be five years?

M. Perreault: Well, I mean, I don't know. Who knows? It's not why I hope. Personally, I hope that it will happen as soon as possible. And I will continue to work for that, differently. But don't speculate about the date, I don't know the date.

M. McKenzie (Robert): But you just said two, three, five years maybe. You're referring to...

M. Perreault: It won't be in a month from now because that hasn't been called yet. It may be in six months from now, a year, two years, three years, four years. I mean, I don't have this answer to this question.

M. Grant (John): Rick Kalb.

M. Kalb (Richard): Mr. Perreault, you're minister right now for Relations with citizens. You talked about how proud you are of the equality bill. Can Québec ever achieve sovereignty without truly reconciling it's francophone population and it's anglophone population? There is still a great deal of bitterness and hatred between the two communities and quite often a lot of it emanates from the Chamber or the chair leader. Can you ever achieve sovereignty without some some true reconciliation?

M. Perreault: I will say it in another way. I think that we have to live here in Québec with the reconcialiation of the different of our history. But for sure, on the specific question of independence of Québec, I can understand that it's pretty hard for the English community to understand the point of view of the majority here. I can understand that. We will have to live together anyway. So, that's why, for example, I worked for more anglophones in the public function so that the anglophones do recognize themselves in the Québec government. I remember that I met many young people from the English community when we put forward this program and I asked them: Why don't you apply? There are jobs for you. Why don't you apply? Because they are not applying and I think it's because they don't enough recognize themselves in the Québec Government, in the Québec community and I hope that those questions are very difficult in very counties, I mean it's not only the Québec problem. But I think that, generally speaking, we have a very mostly democratic society. That's my understanding of the situation. There is no organized racism between the different communities but for sure there is there a different way of understanding the future of Québec and it's not easy, I can understand that.

M. Kalb (Richard): Is there not a need in the Government to change it's attitude towards the English speaking community, particularly your Government, to try to reach out to include them because you professed your statement by saying: I can understand how difficult it is to accept. Why not change your attitude and make yourself speak in a different way?

M. Perreault: Well, I think that we...

M. Kalb (Richard): Obviously, you have some kind of a barrier in your own head when you start out that way?

M. Perreault: I think that we put forward some programs and some measures to make more bridges between the English community but I did understand too that it's not unanimous inside the English community the way that they should react with the Québec question. M. Richard, for example, doesn't say exactly the same thing than Mr. Galganov for example.

M. Kalb (Richard): But it's not unanimous nor is even majority of the «francophone» population. Why should the two of them be treated differently in your discourse?

M. Perreault: Well, I think that we treat the English community as every Québec citizens and we do recognize that they have also historical rights for their language and, well, for all the other questions, I try and I think that the Québec Government is willing to make them more places in the Québec institutions. But, it's not an easy process. Il may take some times.

M. Grant (John): Anne Leclair

Mme Leclair (Anne): M. Perreault, you referred to personal reasons. Are you referring to health reasons?

M. Perreault: No. As I said before, I think I am in good health. My children, I hope – touch some wood – are now quite old and fortunately, they were very willing when I did that job but now they are 25, 23. So when I say personal reason, I said «choix personnel», it's a personal choice. That's different. It's a way to understand my life at this point of my life and the future of it. So...

M. Séguin (Rhéal): Money was a part of your decision, a very paying job?

M. Perreault: Well, I'm not a rich man, it's not politic who made me rich but I have a very frugal life. So, no, money for me is not... I need like anyone money to live but it was not so bad paid.

M. Grant (John): Elizabeth Thompson.

Mme Thompson (Elizabeth): M. Perreault, how do you view... what is your vision of...

M. Perreault: And limousine, I hate limousine so. I don't understand people who are always writing, you do that sometimes, we are there for limousine. That's the thing that I hate more than my job. Not the people who drive them, because he is dear, but the limousines.

Mme Thompson (Elizabeth): I'm tempted to as why, but I will waste my question. M. Perreault, what is your vision of what your future is going to be like starting from now? Do you see yourself as an executive? Are you going to help change the world through charitable works?

M. Perreault: Well, exactly what I will do as a job, I don't know. But what I'm sure that I will keep my conviction I will work for them and I think that I will always be interested in the public process, because I will stay a citizen of this Country, a Montrealer, so, I'm not leaving politics, I'm leaving public life. I mean, I'm not leaving public life, I'm leaving politic as a full time job, but I will stay a citizen involved, I hope, but I don't know yet, I don't know what I will do exactly.

Mme Thompson (Elizabeth): ...what kind of domain is at this moment the most interesting to you? Some people go to private industry, other people go to a parapublic type of thing, some people take off bicycling around the world.

M. Perreault: We'll see, it's too soon.

Mme Grossman (Cheryl): Are you saying no to ever reentering politics ever again?

M. Perreault: I think that I've done my best, 18 years, I think that what I have to learn about the job – we're talking about the job, not about public field – of being in politics, I think that I have been in so many different situations that I've made what you can say «le tour du chapeau». I believe in renewal both for the people who are there, for me for example and the other politicians and the life of someone and generally speaking in renewal of politic. So, I don't think that I will... Well, we never can say what can't happen, but at this time it's not in my intention at all.

Une voix: Merci bien.

M. Perreault: Merci!

(Fin à 11 h 38)

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