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Conférence de presse de M. François Legault, premier ministre

Version finale

Le mercredi 27 octobre 2021, 9 h 45

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Neuf heures quarante-huit minutes)

Le Modérateur : Alors, bonjour et bienvenue à cette mêlée de presse du premier ministre du Québec, M. François Legault. Il commencera avec une déclaration d'ouverture. Nous avons très exactement 10 minutes. À vous la parole, M. le premier ministre.

M. Legault : Oui, bonjour, tout le monde. Bien, je voudrais rapidement revenir sur la situation des médecins de famille. Je vous explique rapidement la situation, qui est problématique depuis plusieurs années.

J'ai été ministre de la Santé en 2002. À l'époque, j'avais été le premier à lancer l'ouverture des groupes de médecine familiale. Ça avait été préparé par Rémy Trudel avant moi. Mais l'idée, c'était que tous les médecins de famille, sauf exception dans certaines régions éloignées, se regroupent en GMF, soit dans des CLSC publics soit dans des cliniques privées, puis, avec des collègues et des infirmières, prennent en charge, en moyenne, au moins 1 000 patients, et, quand on dit prendre en charge, c'est sept jours sur sept, incluant les soirs de semaine.

La majorité des médecins de famille au Québec font un excellent travail, ont accepté de se regrouper en GMF, de prendre en charge à peu près 1 000 patients. Quand je dis à peu près, c'est qu'il faut tenir compte du fait… Est-ce que ce sont des patients qui sont en perte d'autonomie? Est-ce que ce sont des jeunes? Est-ce qu'ils font beaucoup d'heures à l'hôpital? Est-ce qu'ils font moins d'heures à l'hôpital? Donc, c'est modulé en fonction de ça.

Mais il y a une minorité, quelques milliers de médecins de famille, qui ne prennent pas en charge suffisamment de patients. Il y en a même qui n'en prennent pas du tout. Il y en a même qui ont refusé d'être en GMF. Tous les gouvernements qui se sont succédé depuis 2002, incluant le gouvernement libéral avec Gaétan Barrette, ont essayé, via le syndicat, donc la FMOQ, de convaincre le syndicat que ses membres prennent tous en charge un certain nombre de patients, mais ça a été sans succès. Il y a encore beaucoup de médecins, une minorité, mais des milliers de médecins, sur les 10 000, qui ne prennent pas en charge suffisamment de patients.

Puis je vous donne un exemple que je vis, là. Par exemple, moi, je suis député dans Lanaudière. Quand je rencontre la présidente du CISSS de Lanaudière, imaginez-vous, la présidente du CISSS de Lanaudière est responsable de la santé des citoyens de Lanaudière, mais n'a aucune information sur ce que font les médecins de famille de Lanaudière. Donc, elle ne sait pas combien ils prennent de patients en charge. Elle ne sait pas combien d'heures ils font dans les hôpitaux de Lanaudière. Donc, comment voulez-vous responsabiliser la présidente du CISSS de Lanaudière si elle n'est pas courant, quand même, d'un groupe important dans son équipe, les médecins de famille?

Dans le passé, tous les gouvernements, là, en particulier les gouvernements du Parti libéral puis du Parti québécois, ont cédé au lobby très puissant de la FMOQ, donc le syndicat des médecins de famille. Ce qu'on a fait avec Christian Dubé, c'est qu'on a demandé à la RAMQ de nous donner des informations, donc, sur le travail qui est fait par les 10 000 médecins de famille. Bon, il faut comprendre, là, l'information qui nous est donnée, c'est avec chaque numéro de médecin, mais évidemment avec le numéro de médecin on peut aller voir c'est qui, le médecin.

Ce qu'on souhaiterait, parce qu'on souhaite décentraliser le réseau, c'est donner ces informations-là aux P.D.G. des CISSS des différentes régions pour qu'ils puissent rencontrer les médecins de famille qui prennent moins de patients, puis peut-être qu'ils ont des bonnes raisons, peut-être que c'est parce qu'ils font plus d'hôpital. Bon, il peut y avoir des exceptions. On parle ce matin d'une médecin de famille qui a un enfant handicapé. Donc, je pense qu'il faut faire preuve de compassion. Il peut y avoir des exceptions.

Mais ce n'est pas normal qu'avec 10 000 patients... 10 000 médecins de famille au Québec, donc, toutes proportions... plus qu'en Ontario, pour 8,6 millions d'habitants, ça fait que, si vous faites un petit calcul, c'est un peu moins de 1 000 patients par médecin. Il y a des médecins de famille qui en prennent 1 500, 2 000 patients en charge. Donc, il faut changer cette culture-là, il faut que les médecins acceptent de prendre en charge, avec des collègues, avec des infirmières, sept jours sur sept, des patients, un nombre suffisant de patients.

Donc, c'est ça qu'on travaille. Ce n'est pas facile. Puis, comme je l'ai dit, bien, ma patience a atteint sa limite. Je pense que les Québécois sont en droit, avec 10 000 médecins de famille, qu'il y ait beaucoup plus de Québécois qui soient pris en charge.

Puis, quand on dit «pris en charge», il faut... Évidemment, ce n'est pas tout d'avoir un médecin de famille. Il y a une norme qui a été fixée. Quand quelqu'un est malade, bien, il devrait, à l'intérieur de 36 heures, être capable de voir son médecin de famille.

Le Modérateur : Il nous reste cinq minutes, collègues.

M. Larin (Vincent) : Est-ce que vous n'avez pas peur, M. Legault, de pousser des médecins très vieux à la retraite en les obligeant à travailler plus? Parce qu'il y en a le quart qui ont plus de 60 ans.

M. Legault : Oui. Non, bien, écoutez, encore là, il peut peut-être y avoir des accommodements. Il peut peut-être y avoir des exceptions pour des médecins plus âgés qu'on veut garder. Mais il reste que le problème n'est pas seulement avec les médecins âgés. Les médecins, beaucoup à Montréal, entre autres, ne prennent pas en charge beaucoup de patients, aiment mieux faire du sans rendez-vous ou trois jours de clinique, et, bien, ça ne fonctionne pas. Il y a des Québécois qui ne sont pas pris en charge, puis on se retrouve dans nos urgences de nos hôpitaux avec 50 % des patients qui ont des problèmes mineurs, P4 ou P5, qui auraient dû être traités en première ligne.

M. Lacroix (Louis) : M. Legault, d'avoir ces renseignements-là nominatifs sur des médecins et de les transmettre, ces renseignements-là, à une autre instance, est-ce que c'est légal?

M. Legault : C'est ce qu'on est en train de regarder. Puis c'est pour ça que Christian Dubé travaille sur…

M. Lacroix (Louis) :

M. Legault : Bien, ce n'est pas sûr qu'on peut les transmettre aux P.D.G. des CISSS, et on voudrait les transmettre aux P.D.G. des CISSS parce que ce n'est pas le ministre de la Santé qui va commencer à appeler les milliers de médecins qui ne prennent pas beaucoup en charge de patients. Et, si c'est nécessaire de déposer un projet de loi pour que ces données soient disponibles pour les P.D.G. des CISSS et des CIUSSS, bien, on va le faire.

M. Laforest (Alain) : La date limite, c'est quand, M. Legault?

Mme Richer (Jocelyne) : …de ramener la loi n° 20, avec les pénalités… de 30 % des médecins qui ne se conformeront pas à votre demande. Est-ce que c'est ça, le plan de match?

M. Legault : Bon, Gaétan Barrette, ce qu'il a fait, c'est qu'il a fait confiance au syndicat de la FMOQ. Il a dit à la FMOQ : Je vous donne deux ans, si vous ne livrez pas — puis ils n'ont pas livré — bien, il va y avoir des pénalités de 30 %. Mais moi, je ne voudrais pas pénaliser l'ensemble des médecins de famille, parce qu'il y a une majorité qui fait un bon travail puis qui prend en charge les patients. Donc, il faut être capable de le faire médecin par médecin. M. Barrette, le Dr Barrette a choisi de le faire avec la FMOQ pour l'ensemble des médecins. Ça n'a pas fonctionné. Il faut vraiment y aller à la pièce.

Mme Richer (Jocelyne) : C'est quoi, votre plan de match?

M. Legault : Bien, on n'exclut pas de déposer un projet de loi qui va aller dans le même sens, mais qui va aller pour chaque médecin.

Mme Richer (Jocelyne) : Et les pénalités, ça serait quoi?

M. Legault : Bien, on est en train de regarder ça.

M. Laforest (Alain) : La date limite, c'est quand, M. Legault… votre patience a atteint ses limites, là.

M. Legault : Bien, écoutez, le plus vite possible, mais je…

M. Laforest (Alain) : Ce n'est rien, ça, le plus vite possible. C'est un mois, c'est deux mois, c'est Noël?

M. Legault : Non, mais je souhaite… Écoutez, là, je pense qu'actuellement, là, les médecins de famille commencent à réaliser — vous voyez les réactions sur Twitter — qu'on est en train d'identifier plus précisément le problème. Je ne le sais pas, est-ce que Gaétan Barrette avait regardé les médecins un par un ou s'il s'est juste fié à la FMOQ? Ça, je ne le sais pas. Bon, mais là on commence à les identifier. Il y a une forte réaction chez les médecins de famille. C'est pour ça que je veux rassurer la majorité des médecins de famille. Il n'y a pas de problème avec la majorité des médecins de famille, mais il y a une minorité où il y a un problème. J'aimerais mieux une entente négociée. Mais, si c'est nécessaire, on va faire un projet de loi.

Mme Gamache (Valérie) : Mais est-ce qu'une chasse aux sorcières, M. Legault, c'est la façon de ramener les… de faire travailler les médecins? Est-ce que d'entamer une chasse aux sorcières comme ça, c'est vraiment la façon, la menace qui va les ramener, qui va faire qu'on va prendre des patients?

M. Legault : Bien, écoutez, Gaétan Barrette a essayé pendant quatre ans. Nous, on a essayé pendant trois ans en jasant avec le syndicat, la FMOQ, puis on n'est pas arrivés à une solution. Donc, je pense qu'à un moment donné on a le droit… Les Québécois ont le droit puis ils s'attendent à ce que tous les médecins de famille, sauf exception, prennent en charge un certain nombre de patients, puis ce n'est pas le cas actuellement.

M. Larin (Vincent) : M. Legault, il y a des jeunes médecins qui témoignent qu'ils vont délaisser la médecine familiale parce qu'ils voient que le climat qui n'est pas sain. Est-ce que vous n'avez pas peur justement de limiter la relève à cause de ça?

M. Legault : Écoutez, je vais vous donner deux exemples. Puis c'est toujours difficile de comparer, là, mais quelqu'un qui veut être enseignant au primaire, est-ce que cette personne-là peut dire : Moi, je voudrais être enseignant au primaire, mais je voudrais enseigner juste deux jours par semaine? Je vous donne un autre exemple : les pompiers. Est-ce que quelqu'un pourrait être pompier puis dire : Moi, je veux juste éteindre des feux deux jours par semaine, la fin de semaine, je ne veux pas travailler? Tu sais, c'est qu'il y a des gens qui sont malades le soir, la fin de semaine. Il faut que les gens qui choisissent cette profession-là comprennent qu'il y a des gens qui sont malades sept jours sur sept.

Le Modérateur : On passe à l'anglais.

Mme Senay (Cathy) : Mr. Legault, the list that you have of family doctors…

M. Legault :Sorry?

Mme Senay (Cathy) : The list that you have of family doctors, is it your exit strategy to say to Quebeckers : I'm not going to fulfill this promise, I'm sorry?

M. Legault : That's not what I want. I want to fulfill this promise like all the other ones. But, right now, it's not easy to negotiate with the union, the FMOQ, but I will resist. It's a very strong lobby, and the PQ Government, the Liberal Government, they didn't resist to this strong lobby. I will resist.

M. Authier (Philip) : We know this doctors' lobby is very powerful, and, as you've just mentioned, many, many other governments have failed. You are saying today you are ready to go to war with them?

M. Legault : What I say is that I would prefer to have a solution that we both agree on. I think that GPs, family doctors, they have to understand that Quebeckers need to be taken in charge. And, right now, there's a minority… And I can tell you that I'm receiving messages from some GPs, doing the job correctly, that are unhappy about this minority of family doctors not taking in charge patients.

So I think that it's about time we solve this problem. Dr Barrette wasn't able, for four years, to solve the problem. We tried, for the first three years, to negotiate. We weren't successful. Of course, there was the pandemic that didn't help. But it's about time we find a solution, which is very important for all the health care system, because, if you don't have a strong first line, it's all the system that has a problem. It's clear in all the reports, including the Clair Report. You have to work on the first line first.

Le Modérateur : C'est ce qui met fin à cette mêlée de presse. Merci.

M. Legault : Merci, tout le monde.

(Fin à 10 heures)

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