(Quinze heures dix minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour et bienvenue au point de presse de la cheffe de l'opposition
officielle, Mme Dominique Anglade, qui est accompagnée par le leader de notre
formation politique, M. André Fortin. Mme Anglade, à vous la parole.
Mme Anglade : Oui. Alors,
merci, et je me joins donc… je suis avec, aujourd'hui, mon leader, André
Fortin.
Depuis le mois de mars 2020, on est régis
par l'urgence sanitaire, au Québec, ce qui permet au gouvernement d'avoir plein
de pouvoirs, en fait, tous les pouvoirs, des pouvoirs extraordinaires parce
qu'on était dans une période extraordinaire. Aujourd'hui, ce que l'on constate,
c'est qu'il peut y avoir 20 000 personnes à se réunir au Centre Bell, on
peut constater qu'on n'a pas besoin du passeport vaccinal pour jouer… à faire
des jeux extérieurs, par nos jeunes. On constate que le port du masque,
également, n'est plus nécessaire dans nos écoles secondaires.
Le premier ministre lui-même a fait un
discours inaugural où il nous a dit : Bien, la crise est derrière nous, maintenant,
on doit penser à regarder à l'avant. Mais ce qu'on constate, par contre, c'est
qu'on est encore régis par les mêmes règles. Ça veut dire qu'on a des… chaque
semaine, le gouvernement adopte des décrets qui font en sorte qu'on n'est pas
capable d'être en retour en démocratie, de poser les questions et d'avoir une
véritable reddition de compte. Ce que ça amène, ça, ça amène des abus de
pouvoir.
Des abus de pouvoir, on peut en donner un
certain nombre d'exemples. Lorsque le premier ministre dit qu'il va chercher le
nom de personnes ou de médecins, et qu'il a accès à ces informations-là, et
qu'il pourrait les utiliser, c'est ça que l'on peut qualifier d'abus de
pouvoir. Lorsqu'on constate qu'on n'est pas capable de tenir des informations
par rapport à des dépenses qui sont astronomiques, au niveau des
communications, ça aussi, c'est un problème. Et on considère que le gouvernement
devrait assurer une reddition de compte.
Au bout du compte, là, si on est capable
d'avoir un karaoké, au Québec, si les gens peuvent danser, si les gens peuvent
aller au Centre Bell, il n'est pas normal qu'à l'Assemblée nationale on n'ait
pas un véritable retour à la démocratie. On demande donc au gouvernement de
revoir ça et de lever l'urgence sanitaire telle qu'elle a été faite depuis le
début de la pandémie.
Vous allez me permettre de passer la parole
à mon collègue, André Fortin.
M. Fortin :
Merci. Aujourd'hui, à la période des questions, le gouvernement nous a dit :
Bien, on va lever l'état d'urgence sanitaire lorsqu'on aura adopté le projet de
loi mammouth du ministre de la Santé, qui, essentiellement, va nous permettre
de pérenniser certaines actions qu'on a besoin de continuer à prendre. Il y a
d'autres avenues que celle-là.
Le projet de loi que le ministre nous
propose, là, c'est un projet de loi qui va prendre un certain temps à étudier,
qui inclut l'informatisation du réseau de la santé, qui inclut un chantier
majeur. Nous, ce qu'on propose au gouvernement, c'est d'aller de l'avant tout
de suite, de déposer rapidement un projet de loi pour qu'on puisse adopter ces
mesures-là que le gouvernement doit maintenir en place.
Mais est-ce qu'on a besoin de l'entièreté
des 167 décrets qui ont été déposés par le gouvernement? Pour nous, à ce
moment-ci, avec la levée de plusieurs restrictions, il nous apparaît qu'il y a
quelques éléments qu'on peut garder, que le gouvernement et nous, on peut
discuter ici, en Chambre, qu'on peut adopter. Par exemple, là, la vaccination
obligatoire des travailleurs de la santé, les passeports vaccinaux, le port du
masque, ça, c'est des éléments qui sont consensuels. Tout le monde est d'accord
là-dessus.
Mais pour le reste... Alors, adoptons ça,
et, pour le reste, je pense qu'honnêtement, lorsqu'on a, comme la cheffe le
disait, le karaoké, lorsqu'on a la danse, lorsqu'on a
20 000 personnes au Centre Bell, lorsqu'on a une levée de plusieurs,
mais plusieurs restrictions, au Québec, il est temps d'avoir une démocratie qui
retrouve un état beaucoup plus normal.
Mme Richer (Jocelyne) : Quel
est l'intérêt du gouvernement de prolonger indûment, selon vous, l'état
d'urgence sanitaire? Est-ce que c'est d'éliminer les contre-pouvoirs? Est-ce
que c'est de bâillonner l'opposition? Ou c'est autre chose?
Mme Anglade : Il est très
clair, pour moi, que le gouvernement a décidé de continuer cet état d'urgence
pas à des fins qui sont… qui servent directement l'intérêt d'un parti. C'est de
la partisanerie, aujourd'hui, ce que l'on observe. Pourquoi? Parce qu'il n'y a
aucune autre raison qui justifierait la situation actuelle. On n'en voit pas
d'autres. Lorsque vous n'êtes pas capable de répondre à des questions par
rapport aux communications, aux dépenses gouvernementales, lorsqu'il n'y a pas
de reddition de comptes, pourquoi le maintenir?
Alors, on a vu des exemples concrets,
lorsque le gouvernement a décidé de prendre… le premier ministre a décidé de
prendre des noms puis de dire : On va prendre ces noms-là puis on va
pouvoir aller imposer des choses dans le secteur de la santé. Ce n'est pas
normal qu'on se retrouve dans cette situation-là. Encore une fois, ce n'est pas
normal qu'on soit 20 000 personnes dans le Centre Bell puis
qu'encore une fois qu'on soit dans le décret d'urgence, aujourd'hui, partout au
Québec.
M. Bovet (Sébastien) : Est-ce
que, selon vous, la quatrième vague est terminée?
Mme Anglade : Est-ce que la
quatrième vague est terminée? C'est une question que j'adresserais à la Santé
publique. Par contre, ce que je peux dire, c'est qu'aujourd'hui regardez ce qui
se passe, hein? Regardez ce qui se passe dans nos écoles : nos écoles sont
ouvertes. Regardez ce qui se passe dans… nos enseignants : nos universités
sont ouvertes. Regardez ce que l'on encourage à faire : on encourage les
gens à retourner au travail. Et, si vous lisez la loi de décret sanitaire, vous
constatez que toutes les raisons pour lesquelles on est supposé avoir un état
d'urgence, bien, ça ne tient plus la route. Ça ne tient plus la route. Alors,
on peut poser la question : Pourquoi le gouvernement fait ça? Parce que le
gouvernement n'aime pas les contre-pouvoirs, n'aime pas répondre aux questions
puis n'aime pas avoir à justifier des dépenses qui, sans doute, ne sont pas
justifiables.
M. Wood (Ian) : Do you mind just going over your main points in English, if that's
OK?
Mme Anglade :
Certainly. So, what we've seen, since March 2020, we've been in a
situation where we've been in a sanitary crisis, and the Government has been
managing the system with what we call a «décret», so, emergency situation which
allows them, really, not to have to answer questions and to give them a lot of
power without having to answer a number of questions. We believe that the
state, right now, of emergency should be lifted in order for the democracy to
be able to operate again and in order for the Government to really answer
questions around the situation. Right now, the Government can do whatever they
please, whatever they believe in, without having to answer questions, and this
has got to stop. You want to add something…
M. Fortin :
Yes. Today, for the first time, the Government linked the state of emergency to
the bill that the Minister of Health will propose, which is a mammoth bill
which includes... «informatisation» of the health care network. So, it's a bill
that will take some time in studying. And he says : When I adopt this,
when I... I will include in this bill the powers that I need to have for the
feasible future.
We agree that there are
some things that will stay for a while : wearing the mask, the vaccine
passport, and things like that. But at this time, today, there is no reason to
keep on with the state of emergency. So, we're ready to adopt the bill, this is
what we do, here, we adopt bills, we're ready to do it quickly so that we can
have these measures, but so that the Government can stop governing by a decree
and have unlimited powers in what it does in a number of different areas.
Une voix
:
Thank you.
Une voix
: Merci
beaucoup.
Mme Anglade : Merci, merci,
tout le monde.
(Fin à 15 h 18)